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Préambule / État des lieux de la filière nautique D’après les estimations de la Fédération des Industries Nautiques, l’industrie française occupe environ 10% du marché mondial de la plaisance qui représente plusieurs milliers d’entreprises. Elle rivalise avec celle de quatre grands pays : Etats-Unis, Italie, Grande-Bretagne et Allemagne.  La filière nautique regroupe neuf métiers différents selon la Fédération des industries nau- tiques : Les constructeurs La grande plaisance Les motoristes Les équipementiers Le Négoce et la maintenance Les prestataires de service La location maritime et fluviale Les sports de glisse La pleine nature  La filière nautique en Aquitaine et en gironde : La filière nautique implique environ 415 entreprises en Aquitaine, représentant 2400 salariés et 8,5% du chiffre d’affaires national. Le chiffre d’affaires régional est d’environ 315 M€ (dont 65% réalisé à l’export). En Gironde, la filière regroupe 230 entreprises représentant 1570 salariés.1 La filière nautique sur la CUB Sur la CUB, le secteur est atomisé : 70 entreprises (TPE) y sont présentes. CNB (Construc- tion Navale de Bordeaux) est l’unique grosse entreprise du territoire (450 salariés en CDI ainsi qu’une centaine d’intérimaires). Aujourd’hui, cette entreprise en plein développement, produit 50 bateaux par an (super yachts, semi customs, catamarans). Le CNB envisage de porter sa production annuelle dans un premier temps à 80 bateaux par an et à 145 à plus long terme. L’impact sur l’effectif de l’entreprise serait de plus de 200 emplois créés dans la première phase pour atteindre un effectif total de 900 personnes à l’issue d’un programme d’investissements qui devrait avoisiner 20 millions d’euros notamment pour la remise en état de la forme de ra- doub présente sur le site. LE REFIT : UN SECTEUR EN EXPANSION AU SEIN DE LA FILIèRE NAUTIQUE

Dossier de Presse - Refit

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Préambule / État des lieux de la filière nautique

D’après les estimations de la Fédération des Industries Nautiques, l’industrie française occupe environ 10% du marché mondial de la plaisance qui représente plusieurs milliers d’entreprises. Elle rivalise avec celle de quatre grands pays : Etats-Unis, Italie, Grande-Bretagne et Allemagne. La filière nautique regroupe neuf métiers différents selon la Fédération des industries nau-tiques : • Les constructeurs • La grande plaisance • Les motoristes • Les équipementiers • Le Négoce et la maintenance • Les prestataires de service • La location maritime et fluviale • Les sports de glisse • La pleine nature 

La filière nautique en Aquitaine et en gironde : La filière nautique implique environ 415 entreprises en Aquitaine, représentant 2400 salariés et 8,5% du chiffre d’affaires national. Le chiffre d’affaires régional est d’environ 315 M€ (dont 65% réalisé à l’export). En Gironde, la filière regroupe 230 entreprises représentant 1570 salariés.1

La filière nautique sur la CUB Sur la CUB, le secteur est atomisé : 70 entreprises (TPE) y sont présentes. CNB (Construc-tion Navale de Bordeaux) est l’unique grosse entreprise du territoire (450 salariés en CDI ainsi qu’une centaine d’intérimaires). Aujourd’hui, cette entreprise en plein développement, produit 50 bateaux par an (super yachts, semi customs, catamarans). Le CNB envisage de porter sa production annuelle dans un premier temps à 80 bateaux par an et à 145 à plus long terme. L’impact sur l’effectif de l’entreprise serait de plus de 200 emplois créés dans la première phase pour atteindre un effectif total de 900 personnes à l’issue d’un programme d’investissements qui devrait avoisiner 20 millions d’euros notamment pour la remise en état de la forme de ra-doub présente sur le site.

Le refit : Un seCteUr en exPAnsion AU sein de LA fiLière nAUtiqUe

1. Le refit, beaucoup d’atermoiements et peu de décisions

En 2006-2007, avec la destruction du pont du Pertuis, commence à naître parmi les observa-teurs attentifs du site des Bassins à flot, un questionnement sur la volonté du Port mais surtout de la Ville de conserver et de développer une vocation idnustrielle sur ce territoire. En 2010, une étude d’opportunité réalisée par le groupement de bureaux d’études SYNESIS/EARTHCASE pour le compte du GPMB a identifié des potentialités notables de développement autour de la maintenance de yachts sur Bordeaux.Sur le plan technique, elle préconise un positionnement sur le segment des yachts supérieurs à 70 mètres, compte tenu en particulier des trois formes de radoub disponibles, celle de Bassens et les deux des bassins à flot.2011, à l’initiative de la Communauté urbaine, deux visites ont été organisées sur le site de Viar-regio en Italie... Chacune des parties prenantes (des représentants des promoteurs, du port et des collectivités y participent et constatent la cohabitation possible entre activités et habitat. Conduite par Jean Pierre Turon, cette délégation comprendra notamment des représentants de la Ville de Bordeaux.

Fin 2011, le GPMB publie un appel à manifestation d’intérêt pour développer la maintenance de Grand Yacht sur les Bassins à flots

Avril 2012 création du Cluster Bordeaux Superyacht Refit.

2013 Etat des lieux, diagnostic et livraison d’un calendrier jusqu’à la première commande.

Depuis un an, Vincent Feltesse s’est inscrit dans une logique de rencontre et d’écoute avec les différentes parties prenantes de la filière nautique. Impulsée par une première rencontre avec les membres du cluster tels que Thierry Lausseur ou encore Michèle Catherineau en novembre 2012.

Ces derniers mois, cette dynamique d’échange s’est accélérée par une prise de contact avec des acteurs phares tels que Luis Coelho dirigeant de l’entreprise ARMI ; Dieter Gust PDG de CNB et Paul Rampini directeur industriel de CNB. Jean-Paul Sandraz et Christophe Masson, res-pectivement Président du conseil de surveillance et Directeur de GPMB.

Parallèlement, Vincent Feltesse a rencontré les représentants des promoteurs immobiliers enga-gés sur les Bassins à Flots.

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A la suite de cette rencontre, il a été convenu avec les représentants du port de lancer une étude d’impact sur la réalité des nuisances générées par l’activité refit.

Lors du sommet économique et social au mois de juin 2013, Un atelier exclusivement consa-cré au nautisme s’est tenu avec l’ensemble des parties prenantes.

En outre, Vincent Feltesse a visité en août 2013 les sites de Monaco Marine à la Ciotat et rencontré Eric Robert-Peillard ancien président de Couach et actuel directeur de Monaco Marine, ainsi que Georges Capurro, ancien directeur de la SEMIDEP. Eric Robert-Peillard a passé à son tour une journée à Bordeaux pour visiter les site des formes de radoub.

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2. Le refit, une activité en expansion

On appelle refit l’activité qui consiste à entretenir, réparer et transformer les bateaux. Le refit se distingue des deux autres activités majeures de la filière nautique : la construction et le démantèlement.

L’activité de refit fait l’objet d’une demande croissante

L’explosion de la construction des yachts, représentant tout autant de demande d’activité refit future

Après une période faste entre 2000 et 2008, l’activité de construction de yachts a ralenti avec la crise, mais le parc continue de croître : le nombre et la taille des yachts augmentent. L’activité pèse 24 milliards d’euros dans le monde. Actuellement, il existe environ 5 500 yachts de plus de 25 m, un peu plus de 200 bateaux de plus 60 m et la tendance ne fait que s’accélé-rer : 400 sont en cours de construction avec une moyenne de 47 mètres. Rien qu’en 2012, 136 unités ont été commandées et 181 yachts de plus de 30 mètres ont été livrés. Et si la part des 30-40 est stable, celle de classe supérieure, jusqu’à 50 mètres de longueur, représente deux tiers des nouvelles commandes.

Développement du marché de l’occasion, stimulant l’activité refit 81 yachts d’occasion ont été vendus en 2009, contre 57 en 2008. En France, les achats de bateaux d’occasion ont augmenté de 8 % en 2011.  Les études spécialisées prévoient que le nombre de yachts de plus de 50m passera à 7500 dans les 10 prochaines années.

(Peu de formes de maintenance et de refit sont capables de les accueillir et c’est là tout l’inté-rêt que présentent les infrastructures du port de Bordeaux. Sources des informations : Riviéra Yachting Network)

Une pénurie de l’offre d’activité refit

Un nombre de chantiers réduits et concentrés géographiquement Il existe 140 chantiers de réparation et de maintenance à travers le monde2. Mais 46 % de l’ac-tivité se concentre en Méditerranée où certains chantiers sont saturés. Ainsi, de plus en plus de yachts de plus de 60 m partent en Europe du Nord faute de place. Le port de La Ciotat, par exemple, est occupé à 95 %. Quant à l’offre atlantique, elle est peu développée, même si un pôle refit bordelais entrerait clairement en concurrence avec celui de La Rochelle.

Il existe peu d’équipements permettant une activité refit pour les navires de grande tailleLes outils de mise à sec des navires de grande taille sont peu nombreux : 90 % des chantiers de refit interviennent sur les unités de 50 m, mais seulement 49 % sur les unités supérieures à 90 m. Seuls 28 % des chantiers sont équipés pour des travaux de peinture sur les plus de 90 mètres.

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Le refit : une activité rentable et pourvoyeuse d’emplois

A titre d’exemple, l’activité des trois pôles refit de la région PACA génère un chiffre d’affaires de 250M € et concerne 2000 salariés (chantier et sous-traitants). Le chantier naval ITM de Mar-seille dédié aux yachts représente 400 emplois permanents. De même, Monaco Marine assure la maintenance de plus de 3300 yachts par an allant de 8m à plus de 80m. Ce sont entre 180 et 250 bateaux de plus de 25m qui sont traités chaque année rien que sur leur site de la Ciotat.Les opérations annuelles effectuées sur un yacht représentent 3 à 4 % de sa valeur (sachant qu’un 80m coûte en moyenne 50M €). Les plus grosses opérations peuvent se compter en mil-lion, voire en dizaine de millions d’euros : il n’y a pas de crise pour les bateaux de plus de 50m. Le refit de grands yachts est un monde où le critère du prix n’est pas la valeur première recher-chée par les clients. Par contre, la qualité doit être irréprochable et la tenue des délais impéra-tive. Cela nécessite un très bon réseau de sous-traitants, une très forte réactivité et un grand professionnalisme. Environ un milliard d’euros circule chaque année en maintenance de yachts sur le bassin médi-terranéen. Les voiliers ne représentent que de 10 à 15% du total, la majorité concerne des mo-teurs. Leur durée de vie s’étale entre 25 et 35ans, mais il y a encore peu de vision sur ce cycle de vie. Les équipages de ces bateaux restent souvent à minima un mois sur place pour une visite de maintenance et cela peut aller jusqu’à 6 mois. Le capitaine et son équipage sont les vrais interlocuteurs des opérateurs de refit, au même titre voire plus que les propriétaires. Ils dépensent beaucoup sur place pour se divertir, un comme des « touristes VIP de long terme ».

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I. Les Bassins à flot : un héritage portuaire et industriel revendiqué par ses habitants Le quartier des Bassins à flot est empreint d’un héritage maritime. Dans l’après-guerre, ce quartier de Bordeaux se caractérisait par une intense activité portuaire et industrielle. Si cette caractéristique du quartier est aujourd’hui amoindrie, il n’en demeure pas moins qu’elle est un élément essentiel de l’imaginaire collectif. Ceci est confirmé par les témoignages recueillis lors du projet Bacalan vu par les bacalanais de Didier Periz : «Toutes ces usines sonnaient... Alors, pas forcément toutes ensembles. Mais à midi à la sortie des ouvriers, on disait que la rue Achard à midi c’était la rue bleue, parce que tous les ouvriers sortaient »

« En 1946, il y avait plus de 2000 dockers sur le port de Bordeaux. Parce que le trafic du port le méritait ! Il travaillait. C’est un port ! C’est une ville portuaire ! Il y avait beaucoup plus de travail avec le port qu’avec les entreprises ! » Aujourd’hui, les anciens bacalanais déplorent la perte d’une histoire maritime dont le seul té-moignage ne s’incarnerait plus dans le paysage que par la base sous-marine. En décembre der-nier, ils ont été plus de 500 à faire passer une pétition au maire de Bordeaux et au Président de la CUB en faveur du maintien d’une activité industrielle sur leur quartier.La mobilisation des habitants est d’autant plus justifiée que le projet immobilier actuellement en construction sur le quartier des Bassins à Flot menace les activités industrielles restantes sur le quartier.

La situation de perte des activités industrielles sur les bassins à flot déplorée par les habitants s’inscrit dans une dynamique plus large propre à la ville de Bordeaux dans son ensemble. En effet, les activités industrielles de la ville représentent un pourcentage faible de la valeur ajoutée en comparaison avec d’autres grandes villes. Ainsi, le secteur industriel représente à Bordeaux 17,3% de la valeur ajoutée, contre 20% à Nantes, 29,9% à Toulouse et 35,9% à Lyon3.

L’éco-système des BassIns à fLot : un hérItage IndustrIeL remIs en questIon par Le projet ImmoBILIer

2. des activités économiques auxquelles on ne donne suffi-samment de moyens pour prospérer et qui se voient mena-cées par les projets immobiliersLa situation de petites et moyennes entreprises situées sur le quartier des Bassins à flot depuis plusieurs décennies est remise en question non seulement par les projets des promoteurs im-mobiliers, mais aussi du fait de la redéfinition de la vocation des hangars, de l’envasement des bassins et du blocage des écluses sur lesquels le Port doit longuement intervenir dans les mois qui viennent. L’évolution des normes rend également de plus en plus difficile le maintien d’une activité industrielle en ville, et la cohabitation sereine entre des logements et des activités pro-ductives.

des entreprises de grandes envergures ont quitté le quartier des bassins à flot

La société Catherineau, présente depuis plus de deux siècles sur Bacalan, a déménagé l’an der-nier sur l’aéroparc au Haillan sur un tout nouveau site réaménagé. A l’origine spécialisée dans l’aménagement de cabines de navires, trop à l’étroit pour envisager une extension de ses locaux d’activités sur Bordeaux en l’absence de volonté de la Ville de l’y aider, elle s’est entièrement réorientée au Haillan vers le secteur aéronautique mais voit d’un bon œil le redéploiement d’une activité de maintenance nautique dans laquelle son savoir-faire pourrait trouver de nombreux débouchés.

Lesieur a transféré petit à petit tous les pans de son activité vers la rive droite, confirmant les difficultés rencontrées par un grand groupe industriel pour maintenir une activité sur un quar-tier à vocation d’habitation.Les magasins d’accastillage, les ateliers de réparation ou de location de deux-roues de la rue Lucien Faure vont devoir déménager.

L’éco-système des BassIns à fLot : un hérItage IndustrIeL remIs en questIon par Le projet ImmoBILIer

L’éco-système des BassIns à fLot : un hérItage IndustrIeL remIs en questIon par Le projet ImmoBILIer

Les entreprises restantes dans des situations parfois très difficiles

ARMI (19 salariés), entreprise de chaudronnerie spécialisée dans la réparation marine, n’em-ploie aujourd’hui qu’une vingtaine d’ouvriers spécialisés. Elle a pu en compter le double il y a encore quinze ans, à l’époque où les installations portuaires étaient en état et permettaient une activité nautique importante, ce qui n’est plus vraiment le cas. Alors que les projets immo-biliers développés à proximité immédiate de son hangar menacent son maintien sur la plaque portuaire, son dirigeant pense au contraire que les installations de Bacalan disposent d’un vrai atout en terme d’attractivité : le fait d’être placées quasiment en cœur de ville et d’offrir aux équipages la proximité et la disponibilité d’une multitude de services que très peu de sites sont en capacité d’offrir.Le Compas Marin (19 salariés), société de maintenance et de réparation marine, a vu ses comptes gravement menacés depuis l’été 2013 par le blocage des écluses et l’envasement des bassins qui lui ont empêché de faire rentrer ses commandes ou de faire sortir les bateaux remis à neuf pour que leurs propriétaires puissent les utiliser en croisière ou en régate. Suite au protocole consenti par la CUB, elle doit se réimplanter rive droite dans les prochaines se-maines.CNB, le fleuron des voiliers du groupe Bénéteau, malgré de belles perspectives de croissance, déplore le manque d’entretien des quais par le GPMB, lequel augmente par contre ses rede-vances. Le développement de l’entreprise pourrait se voir empêché si les nouvelles habitations du projet Brazza venaient à jouxter ses hangars.Enfin, le Chantier Nicolas situé rive-droite, en face de la caserne Niel, déplore la manière selon laquelle le développement urbain se fait au détriment des petites PME locales. En l’occurrence ici, il s’agit des conflits d’usages d’un ponton entre le projet Darwin et les activités du Chantier Nicolas. Cette petite société de 4 personnes est spécialisée dans la restauration de bateaux classiques à moteur de l’entre-deux-guerres avec des clients du monde entier. La société res-taure 4 bateaux/an (entre 1 500 et 3 000 heures pour un bateau).

des difficultés qui ne coïncident pas avec la situation économique du secteur

Les difficultés rencontrées par les entreprises ne correspondent en rien à la situation écono-mique – plutôt dynamique – du secteur nautique. L’activité de plaisance (maintenance/répara-tion, accastillage), est passée selon le dirigeant du Compas marin de 35 à 100 emplois sur site ces dernières années. Beaucoup de clients étrangers ou extérieurs à Bordeaux (Anglais princi-palement, mais aussi Hollandais, Italiens, Allemands) apprécient le site, la proximité de la ville, le savoir-faire disponible pour venir y faire leurs achats ou réparer leur bateau.

En 2010, une étude d’opportunité réalisée par le groupement de bureaux d’études SYNESIS/EARTHCASE pour le compte du GPMB a identifié des potentialités notables de développement autour de la maintenance de yachts sur Bordeaux.Sur le plan technique, elle préconise un positionnement sur le segment des yachts supérieurs à 70 mètres, compte tenu en particulier des trois formes de radoub disponibles, celle de Bassens et les deux des bassins à flot.

Une forme de radoub est un bassin qui permet l’accueil de navires et leur mise à sec pour leur entretien, leur carénage, leur construction, voire parfois leur démantèlement.

Sur le plan du marketing urbain, accueillir un yacht supérieur à 70m en hivernage ou en arrêt technique sur une période de plusieurs mois consiste à accueillir une véritable PME constituée parfois d’une à plusieurs dizaines de salariés, membres d’équipage, parfois accompagnés de leur famille. Au delà de l’attrait de Bordeaux, le projet urbain en cours de réalisation est alors un véritable atout de nature à fidéliser les équipages en offrant à proximité immédiate une véri-table vie urbaine avec tous les agréments. Sur le plan économique, cette étude a également dégagé un potentiel de développement économique et la création de nouveaux emplois. 

1. Bordeaux présente des atouts en termes d’équipements et d’activités économiques

Bordeaux dispose d’une infrastructure adaptée, avec 3 équipements majeurs permettant de satisfaire tous les segments du marché :• la forme de Bassens (240 m de long), permettant le refit des mégayachts.• les 2 formes des Bassins à Flot (120 et 150 m)• le slipway (cale équipée d’un rail pour haler à sec ou mettre à l’eau) du Grand Port Maritime de Bordeaux (site de Bacalan) (4 x 60 m).

De plus, l’environnement économique est propice, avec la présence d’entreprises majeures de la filière nautique (CNB, COUACH…) un tissu de sous-traitance dédiée à la grande plaisance, et plus généralement la présence d’industrie high-tech (aéronautique et spatiale) favorisant un tis-su de sous-traitance et de main d’œuvre qualifiées. Il est à noter cependant que les entreprises adhérentes au cluster, qui représentent les différents corps de métiers pouvant intervenir sur un yacht, n’ont jamais encore travaillé dans le yachting et le monde du luxe, à l’exception de Cathe-rineau. Une formation, une acculturation seront donc nécessaires et une réflexion est en cours sur ce sujet avec Aquitaine Enfin, il y a eu des demandes de refit à Bordeaux au cours des 5 dernières années, ce qui confirme l’intérêt du site pour les propriétaires et gestionnaires de yachts : demande de refit du yacht Octopus (127 m) en 2008, finalement réalisé à Saint-Nazaire pour 30 M € ; du yacht Tatoosh (100 m) en 2010, finalement réalisé à Barcelone…

RenoueR avec l’industRie nautique à BoRdeaux : atouts économiques et uRBains

pouR implanteR une activité de Refit

2. Bordeaux : une ville attractive présentant une situation géographique favorable

Bordeaux : une alternative à mi-chemin entre les ports méditerranéens saturés et le grand nord

Dans un contexte de saturation des ports méditerranéens, Bordeaux peut devenir, du fait de sa situation géographique, une alternative moins éloignée (donc potentiellement moins onéreuse) que les ports du Nord de l’Europe vers lesquels la demande avait tendance à se tourner. La destination de Bordeaux ne pourra être rentable que pour les yachts de 50m et plus. En général, seuls ceux qui ont été construits dans les chantiers navals d’Europe du Nord (Hollande -Oceanco- et Allemagne -Lürssen- essentiellement) remontent périodiquement pour assurer leur maintenance. L’objectif pourrait être, en accord avec les opérateurs et ces constructeurs, de les convaincre de s’arrêter plus au Sud à Bordeaux pour effectuer les mêmes opérations, tout en profitant d’une ville aux nombreux attraits.

l’attractivité de Bordeaux et sa région

L’image et l’environnement urbain de Bordeaux constituent également un atout. La tradition portuaire, la renommée internationale, l’attractivité d’une ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, les équipements et l’environnement périurbain sont autant de paramètres jouant en faveur de la ville de Bordeaux, pour des équipages amenés à y séjourner plusieurs mois. Bordeaux possède sans doutes des atouts très précieux : attrait et proximité d’un centre-ville rénové, nombreux hôtels, châteaux, potentiel touristique fort lié à la présence de l’océan.Les arguments ne manquent donc pas en faveur de la constitution d’une offre bordelaise de refit. En revanche, il semble bien que celle-ci ne sera attractive qu’à se concentrer sur les très

RenoueR avec l’industRie nautique à BoRdeaux : atouts économiques et uRBains

pouR implanteR une activité de Refit

1. Le faux problème de la cohabitation entre activités et habitations

Le « péché » originel du PAE des Bassins à flot a été d’ignorer la présence sur les Bassins à flots d’une activité de nature industrielle et de considérer a priori qu’une telle activité n’avait pas sa place et devrait disparaître, au mépris de société existante comme Armi.Ainsi Les activités de production (artisanat du BTP, mécanique, menuiserie, industrie lourde,...), la logistique, voire certains services (réparation automobile, blanchisseries,...) sont des activités génératrices de nuisances (bruit, poussière, livraisons), aux contraintes immobilières fortes (vo-lumes peu compatibles avec les trames constructives des bâtiments résidentiels ou tertiaires), et surtout peu solvables (impossibilité d’acquitter les loyers ou les charges foncières pratiquées dans les zones mixtes du PLU). Lorsqu’elles sont «mises en concurrence» dans le cadre de pro-jets mixtes, ces activités sont systématiquement évincées, et sans cesse repoussées au plus loin de l’agglomération dense.

Le projet des Bassins à flots en est l’exemple. Près de la moitié de la surface plancher des acti-vités relevant de la programmation « activités diverses » (dont l’industrie nautique) a fait l’objet d’une délivrance de permis de construire. Pour l’essentiel, il s’agit d’hôtellerie et de résidences de services, fiscalement assimilées à de l’hôtellerie mais qui génèrent de nouveaux habitants. C’est la démonstration d’un véritable recul de l’activité productive sur le quartier (90 000 m² de shon avant le PAE, 81 000 m² dans le PAE mais déjà 39 000 m² consommés par de l’économie présentielle.

En complément des 7 000m² dédiés à la filière nautique (commerce spécialisé, locaux d’activi-tés...), seuls 900m² de locaux d’activités sont prévus le long de la rue Lucien Faure.

Pourtant, ce type d’activités est à la fois pourvoyeur d’emplois (et notamment d’emplois peu qualifiés) et de services à la population et aux entreprises. Elles représentent le socle du tissu économique local, principalement composé de PME-PMI dont la notion de proximité avec leur zone de chalandise est souvent un critère important de leur niveau d’activités. Il y a donc un réel enjeu pour la CUB à mobiliser du foncier accessible pour maintenir ces activités proches de la ville dense, soutenir leur croissance et la création d’emplois.Pour cela, un engagement du Port sur ses fonciers mobilisables pour implanter des activités productives doit être le corollaire du programme validé par la Cub le long de la rue Lucien Faure, dans des conditions répondant aux besoins des entreprises. Le secteur de l’arrière base sous-marine représente le seul espace disponible pour implanter ce type de locaux d’activités sur ce périmètre Projet.

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Focus sur d’autres communes confrontées à ce type de cohabitation 

Néanmoins, plusieurs exemples vont à l’encontre de ce postulat,démontrant une réelle compatibilité entre industries et logements du moment qu’il existe une volonté politique forte et un projet urbain élaboré et ambitieux.

Ainsi, la ville de Pantin a réussi à faire cohabiter une cimenterie – activité industrielle nettement moins agréable visuellement que la rénovation de bateaux – avec des îlots d’habitations et ce en maintenant un espace de promenade. Cet espace a été conçu de façon à faire cohabiter au mieux les activités économiques et la vie quotidienne des habitants, en repensant l’espace urbain afin de l’adapter à la diversité des activités.

D’autres projet urbains d’envergure, comme la rénovation du quartier de L’Union à Lille montre qu’on peut nourrir d’ambitieux programmes de logements liés à une forte présence économique : le projet piloté par Reichen, sur 80ha, prévoit la construction de 1 400 logements neufs et le quartier doit accueillir à terme 6 000 salariés et 3 500 habitants.De la même manière, la réhabilitation des friches industrielles à Nantes sur les 330 hectares de l’île a conduit à la construction d’un grand nombre de logements, tout en maintenant des ac-tivités industrielles. Alstom a ainsi gardé un atelier de construction sur l’île et depuis un an, 40 sociétés créatives s’y sont installées.

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2. Le projet d’activité refit est conditionné par une forte volonté politique et une stratégie économique ambitieuse

un projet modeste à l’échelle du pae en terme de foncier Le PAE s’étend sur une surface de 160 Ha couverte pour l’essentiel d’opérations de logements (dont de la défiscalisation). Le cluster souhaite pouvoir utiliser 4,6 Ha soit 2,8 % pour développer de l’emploi productif dont le quartier aura aussi besoin pour faire vivre les commerces de pied d’immeuble. La shon totale du projet de PAE est de 700 818 m². Le cluster a fait état d’un besoin de construction très limités à 3 000 m² (bâtiment pour les équipages, bâtiments techniques et stockage) soit 0,4 % de la surface du programme de PAE pour cette activité.

un plan d’investissement d’environ 15 m€

Dans leur état actuel,les équipements ne correspondent pas aux critères du marché refit. Si la forme de Bassens est globalement opérationnelle et ne nécessite que des travaux mineurs (il faudrait sans doute la couvrir), les deux formes des Bassins à flot et le slipway de Bacalan, pour être remis en état, doivent en revanche faire l’objet d’interventions. La première estimation serait de 15 M€ et 40% pourrait relever des fonds FEDER. Ce plan nécessite d’être complété et c’est le sens du courrier récent de Vincent Feltesse aux dirigeants du port.« Ces projets sont coûteux mais il y a un effet levier de la dépense publique : un euro de financement conduit en moyenne à six euros venant des investisseurs privés, entreprises ou promoteurs immobiliers », explique Laurent Théry, ancien directeur de la société mixte d’aménagement de Nantes. La stratégie doit être cohérente et comprendre une dimension économique, souvent tertiaire autant qu’urbanistique4. L’impératif d’obtention d’un premier contrat symbolique

Il faut parvenir à faire venir un bateau emblématique, afin d’enclencher une dynamique vertueuse. En effet, la réputation, le bouche-à-oreille et le comportement moutonnier sont très importants dans le monde du refit. C’est ce à quoi est parvenu La Rochelle en répondant à une demande emblématique pour pouvoir lancer Atlantic Refit Center.

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3. demain brazza-nord : mêmes préjugés, mêmes conséquences

La question de la présence, du maintien et du développement de la filière nautisme est également posée rive-droite sur le quartier de Brazza. La présence du fleuron CNB est l’opportunité de développer une polarité nautisme dans un projet urbain qui prend là-encore une tournure très économie présentielle. Dans le cadre des ateliers Brazza-nord qu’elle pilote, la Ville de Bordeaux joue un rôle ambivalent quant à sa volonté de favoriser le développement de CNB sur ce site. CNB a exprimé lors d’un comité de pilotage de l’opération Brazza-Nord sa volonté qu’une zone de transition soit prévue le long de la rue Banlin, sur le site de l’ex-Soferti. CNB ne souhaite pas que se développe en visibilité immédiate de son site des opérations incompatibles avec son activité qui peut génèrer quelques nuisances (olfactives, sonores et visuelles). CNB a, par ailleurs, demandé à ce qu’un foncier puisse être conservé sur ce même site dans la perspective d’un développement futur de son activité. A ce titre, il semble intéressant de profiter de cette position pour développer un projet de parc d’activités à vocation nautique sur une emprise d’environ 4 Ha. Ce projet, outre la création d’une zone de transition douce économie/habitat, permettrait d’accueillir des entreprises de la filière nautisme, qu’il s’agisse de sous-traitants de CNB, qu’il s’agisse d’activités à relocaliser (bassins à flot) ou qu’il s’agisse de prospects (Refit).  

Au final, il s’agit ici de prendre comme contre-modèle la gestion du PAE des bassins à flot où les urbanistes n’ont jamais pris au sérieux la réalité du projet de Refit qui doit maintenant se construire et s’accommoder de tous les « coups partis ».

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