Dossier documentaire 20 exemplaires

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  • 8/7/2019 Dossier documentaire 20 exemplaires

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    Dossier documentaire

    Sance n9 5 avril 2011Sexe, race, classe : pouvoirs. Quest-ce que lintersectionnalit ?

    Doc.1. Lanalyse de Colette Guillaumin (Sexe, race et pratique du pouvoir, 1992)

    Le discours de la Nature voudrait rendre sensible comment le fait dtre traite matriellement comme une

    chose fait que vous tes aussi dans le domaine mental considre comme une chose. De plus, une vue trsutilitariste (une vue qui considre en vous loutil) est associe lappropriation : un objet est toujours sa placeet ce quoi il sert, il y servira toujours. Cest sa nature . Cette sorte de finalit accompagne les relations depouvoir des socits humaines. Elle peut tre encore perfectionne, comme elle lest aujourdhui avec lessciences, cest--dire lide de nature ne se rduit plus une simple finalit sur la place des objets, mais elleprtend en outre que chacun dentre eux comme lensemble du groupe est organis intrieurementpour faire cequil fait, pour tre l o il est. Cest encore sa nature , mais elle est devenue idologiquement pluscontraignante encore. Ce naturalisme-l peut sappeler racisme, il peut sappeler sexisme, il revient toujours dire que la Nature, cette nouvelle venue qui a pris la place des Dieux, fixe les rgles sociales et va jusquorganiser les programmes gntiques spciaux pour ceux qui sont socialement domins. [] Corollairement,les socialement dominants se considrent comme dominant la Nature elle-mme, ce qui nest videmment pas

    leurs yeux le cas des domins qui, justement, ne sont que les lments pr-programms de cette Nature.

    Doc.2.Les races humaines selon Linn (Systema naturae, 1735)

    LAfricain est dcrit comme Noir,indolent, de murs dissolues ; cheveuxnoirs crpus ; peau huileuse ; nez simien ;lvres grosses ; les femmes ont le repli dela pudeur, des mamelles pendantes ;vagabond, paresseux, ngligent ; senduitde graisse ; est rgi par larbitraire. Parcontre lhomme de race blanche est : Blanc, sanguin, ardent, cheveux blonds,abondants ; yeux bleus ; lger, fin,ingnieux ; porte des vtements troits ; estrgi par les lois ...

    Doc.3. Les sciences et la construction

    des identits sexues Une revue critique (Delphine GARDEY, Les sciences et la construction des identitssexues. Une revue critique , in Annales Histoire Sciences Sociales, n3, mai-juin 2006, p.649-673)

    Le travail de Cynthia Kraus [porte] sur la biologie contemporaine et les critres de dfinition quelle met en uvre propos de la diffrenciation sexue. Son enqute porte sur la biologie des annes 1950-1990 et sur la faon dont cettediscipline fabrique ordinairement le classement des individus suivant leur sexe, insistant sur les modalits declassement des individus suivant diffrents niveaux dindicateurs du sexe ainsi que sur les hypothses qui ont tprogressivement introduites pour penser les liens entre eux. La biologie contemporaine, forte dune succession de niveauxdobservation ou de localisation du sexe, est amene oprer le classement des populations en fonction du sexegonadique, gnique, phnotypique ou chromosomique. [] Cela met en vidence la complexit encore mal lucide deces mcanismes et invite questionner les vidences prexistantes au travail scientifique : peut-on trouver unfondement naturel la bicatgorisation par sexe ? Peut-on conclure lexistence de groupes humains biologiquement etclairement spars ? Consciente de la difficult qui consiste prouver la pertinence de la distinction mle/femelle, C.Kraus admet provisoirement cette distinction et examine comment les biologistes la fabriquent au niveau de chaque sous-

    catgorie de sexe distingue. Il apparat ainsi que le sexe hormonal ne dfinit pas de sauts qualitatifs mais desvariations quantitatives chez des individus dont le dveloppement sexuel est jug normal . Le sexe gonadique nestpas davantage exclusivement femelle ou mle ; il peut tre mixte ou intersexuel plusieurs niveaux. Il en va de mme ence qui concerne le sexe chromosomique : les termes mle et femelle ne sappliquent pas deux mais plusieursobjets. Enfin, lultime espoir de fonder la bicatgorisation par sexe dans une dichotomie naturelle svanouit avec la

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    mise en vidence de recouvrements entres les mles et les femelles au niveau du sexe gnique, le commuteur dominantde la premire diffrenciation sexuelle . lire C. Kraus, il apparat ainsi que les donnes sur lesquelles travaillent les biologistes et quils contribuent produirefinalement comme faits sont complexes et parfois contradictoires. Pourtant, le cadre thorique binaire du dimorphismesexuel nest pas remis en cause par les chercheurs. Elle oppose ce statu quo en matire de conceptualisation du sexe aux recherches sur la race . Au cours des annes 1970, les chercheurs en gntique des populations ont men sur lanotion de race un travail de rvaluation critique qui les a conduits affirmer, par exemple, que les diffrences entredeux individus de race diffrente ntaient qualitativement pas plus importantes que toute autre distinction entre deuxindividus quelle que soit leur race , ce qui les a amens rejeter la pertinence biologique de la catgorie race .

    C. Kraus pointe le fait que laxe homme/ femme ne peut tre assimil une simple diffrence entre deux individualits,pas plus quil nest envisageable de concevoir un classement des tres (du point de vue du sexe) qui ne soit dichotomique.La matrice htrosexuelle des conceptualisations biologiques du sexe , qui contiennent dj et toujours une affirmationsur le genre, ne semble pas tolrer la diversit ni le continuum.

    Doc.4. Coupe anatomique dun sexe fminin (Vsale, XVIe sicle)

    Doc.5. Michelet,De lAmour, 1858.

    Eleve par sa beaut, sa posie, sa vive intuition, sa divination, elle nest pasmoins tenue par la nature dans le servage de faiblesse et de souffrance. Elleprend lessor chaque mois, et chaque mois la nature lavertit par la douleur et

    par une crise pnible et la remet aux mains de lamour. [] De sorte quenralit, 15 ou 20 jours sur 28 (on peut dire presque toujours) la femme nestpas seulement une malade mais une blesse. Elle subit incessammentlternelle blessure damour .

    Doc.6. Le principe de lintersectionnalit.