Dossier Hachette ire c3

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Guide pdagogiqueALIETTE DE BUFFIRESPROFESSEUR DES COLES

CHRISTOPHE SASSEPROFESSEUR DHISTOIRE ET GOGRAPHIE

A V A N T- P R O P O SLes neuf squences proposes dans ce guide correspondent aux neuf chapitres qui composent les Dossiers Hachette sur la Prhistoire. Chaque chapitre regroupe : une double page traitant un thme laide de sources archologiques et iconographiques, de repres chronologiques et de cartes ; une double page Sur les traces de approfondissant le thme prcdemment abord ; une double page Que reste-t-il de permettant llve de reprer des traces du pass lhistoire reste, comme lcrivait Marc Bloch, une connaissance par traces et de comprendre le prsent de la socit laune du pass. Les neuf squences du guide se rfrant aux doubles pages du dossier ont une composition identique : un rappel des Instructions officielles, ce qui permet dinscrire la squence dans une problmatique du programme dhistoire ; des objectifs qui portent la fois sur les connaissances factuelles transmettre aux lves, mais aussi sur des comptences de savoir-faire quil appartient lenseignant de fixer et dvaluer selon une progression ; lorganisation de la squence prsente sous forme dactivits en classe. Toutes les activits (lecture, description, comparaison, mise en relation, confrontation) se fondent sur les documents slectionns dans le dossier et sur les questions qui sy rapportent. Le guide fournit aussi des indications de correction. Les documents, quelle que soit leur nature, ne sont pas destins simplement illustrer le programme pour rendre le pass plus prsent ou les territoires plus concrets. Souvent, le texte ou limage, dont on tire une ou deux informations en classe, sont utiliss comme des preuves a posteriori qui valident la parole de lenseignant, parfois tendent se substituer elle. Ces pratiques pdagogiques, peu scientifiques, ne sont pas conformes lpistmologie de lhistoire : les documents doivent tre tudis en eux-mmes. Les textes seront lus par les lves, les images dcrites et expliques avec soin. Ainsi, les documents entrent dans la mmoire des lves et contribuent leur donner une culture commune par la reconnaissance de traces que les gnrations prcdentes ont dj distingues au point den faire des rfrences ; des notions (Pour construire le rsum) sont proposes lenseignant pour faire crire le rsum de la leon. Les lves retrouvent ces notions de lcole lmentaire lenseignement suprieur, leur intelligibilit relevant de degrs de comprhension et dexpression diffrents ; enfin, une bibliographie (non exhaustive) est fournie lenseignant. Toutes les trois squences, une double page la manire de permet aux lves de : dcouvrir et vivre des situations de la Prhistoire ; pratiquer des activits interdisciplinaires. Les auteurs

ISBN : 978-2-01-117367-6 Hachette Livre, 2007, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15. Tous droits de traduction, de reproduction et dadaptation rservs pour tous pays.Le Code de la proprit intellectuelle nautorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, dune part, que les copies ou reproductions strictement rserves lusage priv du copiste et non destines une utilisation collective , et, dautre part, que les analyses et les courtes citations dans un but dexemple ou dillustration, toute reprsentation ou reproduction intgrale ou partielle, faite sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite . Cette reprsentation ou reproduction, par quelque procd que ce soit, sans autorisation de lditeur ou du Centre franais de lexploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code pnal.

SOMMAIRE GNRAL1. Le reprage dans le temps4

6. Les premiers villages

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2. Ltude du pass

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tre un artiste la manire de un homme prhistorique

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3. Les premiers tres humains

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7. Lagriculture

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Fouiller la manire de un archologue

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8. Les menhirs et les dolmens

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4. Les progrs de lhumanit

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9. Les dbuts de lHistoire

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5. Lart prhistorique

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Btir la manire de un homme prhistorique

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Photofiches pour les lves

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LE REPRAGE DANS LE TEMPSPages 6 9 du dossier

Rfrence aux Instructions officiellesLe temps est un lment constitutif de lhistoire. Cette leon a pour objectif de faire prendre conscience de la complexit du temps historique, des faons de le diviser et de le manipuler pour en faire un support et un objet de la recherche historique.

Comptences Savoir se situer dans le temps. Connatre les diffrentes mesures du temps. Prendre conscience de la diversit des systmes de comptage du temps.

PhotoficheVoir la photofiche p. 46.

COM MENT SE SITUER DANS LE TEMPS ?Le contexte historiqueL histoire est la connaissance du pass. Pourtant, ds que lon y rflchit un peu, on constate que les choses ne sont pas aussi simples. tymologiquement, le mot grec histori est synonyme d enqute , plus proche, par consquent, de la sociologie ou du journalisme que de la recherche historique proprement dite. Celui que lon considre comme le premier historien, Hrodote (484-425 av. J.-C.), justifie son travail en affirmant son souci de prserver de loubli ce quont fait les hommes, clbrer les grandes et merveilleuses actions des Grecs et des Barbares et, en particulier, dvelopper les motifs qui les portrent se faire la guerre . cette double fin de lutter contre loubli et de dispenser la gloire, Hrodote crit neuf livres, les quatre premiers traitant des Grecs et des Barbares dans la mesure o ils se trouvent concerns par limprialisme perse, les cinq autres racontant les guerres Mdiques. Hrodote y fait une place dcisive sa propre exprience, aux tmoignages des individus ayant vcu les faits raconts et aux souvenirs de leurs enfants et petits-enfants : Jai dit jusquici ce que jai vu, ce que jai su par moi-mme, ou ce que jai appris par mes recherches. Je vais maintenant parler de ce pays selon ce que men ont dit les gyptiens ; jajouterai aussi mon rcit quelque chose que jai vu par moi-mme. L ancrage dans le prsent est encore plus prononc chez un autre historien grec, Thucydide (470395 av. J.-C.), qui est lui-mme lun des acteurs de lvnement quil raconte dans Histoire de la guerre du Ploponnse. Thucydide y expose sa mthode. Le postulat est la remise en cause de ce qui est admis. Cet art de douter commence par la critique des sources crites et orales. En rcusant les potes qui amplifient les vnements , Thucydide va plus loin quHrodote, pourtant prudent 1. B. Croce, Thorie et histoire de lhistoriographie, Droz, 1968 (1re d. 1915).

lgard des rcits piques. Mprisant les logographes, qui mettent laccent davantage sur le charme de lhistoire que sur lexactitude des faits, Thucydide sinterdit tout prjug pour ne retenir que ce quil a lui-mme vu ou tabli en confrontant des tmoignages partisans ou incomplets. Ce qui revient ne garder que les rcits les plus proches des faits.

Pour aller plus loinPour viter les anachronismes, il faut prciser que lhistoire antique est fonde sur deux postulats qui ont t rejets depuis par lhistoriographie moderne : lhistoire antique repose sur une conception de la vrit qui reste dpendante du tmoignage direct. La recherche de tmoins oculaires directs dfinit donc le champ dinvestigation de lhistorien. Lorsquil ny a plus de tmoins, il ny a plus dhistoire possible. Cest parce que lhistorien et le monde quil tudie appartiennent la mme temporalit que lon peut dire que toute histoire digne de ce nom est histoire contemporaine 1 ; labsence de rupture entre pass et prsent se retrouve dans la conception cyclique du temps qui domine lAntiquit grco-romaine. tant donn que le pass peut se reproduire dans lavenir, lhistorien cherche dans le prsent des exemples qui sont proposs comme modles ses contemporains. Cest pourquoi plus lhistorien est proche des vnements et des acteurs quil voque, plus il est proche de la vrit.

Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : document 1 p. 6Le prsent est le point de dpart de toute la dmarche historique. Sur le modle grec, lancrage dans le prsent est le point de dpart en classe. Faire observer le document 1 p. 6 et faire rpondre aux questions 1, 2, 3 et 4. L lve apprend se situer dans le temps, le parcourir mentalement,

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manipuler ses particularits (simultanit, antriorit, postriorit) en relation avec la gnalogie (fictive) de la famille de Julien Martin : naissance de lenfant, naissance de ses parents, de ses grands-parents et de ses arriregrands-parents. Toutes les personnes de cet arbre gnalogique sont plus ges que Julien (question 1) et toutes sont apparentes : Patrice Martin est le pre de Julien ; la mre de Patrice Martin est donc la grand-mre paternelle de Julien (question 2). Les grands-mres de Julien sont vivantes quand il nat en 1999 (question 3) ; la grandmre maternelle de Julien a vcu 58 ans (question 4). Le professeur pourra demander aux lves de complter un arbre gnalogique avec les vnements familiaux suivants rassembls aprs enqute auprs des adultes : naissance du grand-pre paternel ; naissance de la grand-mre maternelle ; naissance du pre ; naissance de la mre ; naissance des frres et surs

fondation de Rome, par exemple, est postrieure la cration des Jeux olympiques (question 9) et antrieure la naissance de Jsus (question 10). partir de l, lhistoire nest plus considre seulement comme un rservoir dexemples difiants. Cest une ralit objective que lon peut connatre. Le mot histoire dsigne alors un processus inscrit dans la ralit elle-mme le pass irrmdiablement rvolu et la connaissance de ce pass.

COM MENT SE SITUER PAR RAPPO RT AU PASS ?Le contexte historiqueLe triomphe de la conception linaire du temps dbouche sur les premires tentatives de priodisation de lhistoire. Ds 1775, lhistorien allemand Bsch distingue les poques ancienne, moyenne et moderne . Au sein de cette dernire, il isole une priode plus nouvelle encore qui recouvrirait lpoque de la dernire gnration en date de ce sicle . Pourtant, lide quil nexiste pas de sparation franche entre le pass et le prsent simpose au dbut du XXe sicle. Les analyses les plus pertinentes sont celles de la sociologie durkheimienne. Quoi quil fasse, lhistorien est toujours dpendant de son poque car il crit toujours au prsent. Cest seulement quand il prend conscience de cette vrit quil peut esprer matriser son rapport lhistoire en laborant un questionnement partir duquel il pourra interroger les sources. Dans cette perspective, le temps nest plus une contrainte devant laquelle lhistorien devrait sincliner, mais une simple variable. Par consquent, un historien peut construire les temporalits dont il a besoin en fonction des objectifs quil poursuit dans sa recherche. Il est donc tout fait possible de partir du prsent et de remonter dans le pass pour clairer la gense dun phnomne. L historien Marc Bloch cofondateur avec Lucien Febvre des Annales dhistoire conomique et sociale en 1929 en donne un exemple dans ses travaux. Dans Les Caractres originaux de lhistoire rurale franaise (1re d. 1931), il dcrit la diversit des formes de proprits (openfields du Bassin parisien, bocages de louest) dans la France des annes 1930 et lclaire par une enqute rgressive qui le fait remonter jusquau XIe sicle. Pour Marc Bloch, ltude du prsent concerne aussi lhistoire : pour lui, lignorance du pass ne permet pas de comprendre le prsent, et inversement. Dans Apologie pour lhistoire ou Mtier dhistorien (1re d. 1949), Bloch conteste lide que lhistoire serait la science du pass , soulignant quentre pass et prsent, il ny a pas de rupture radicale : Dans linfini de la dure, le prsent est toujours pass. On retrouve cette mme conception de la temporalit dans La Mditerrane et le monde mditerranen lpoque de Philippe II, de lhistorien Fernand Braudel2. Le personnage central nest pas Philippe II, mais la Mditerrane. Braudel simprgne des leons de la gographie humaine : le Tableau de la

Activit 2 : documents 2, 3 et 4 p. 7La recherche historique sincline devant lcoulement du temps. Les Lumires rompent le schma temporel antique. Aprs 1750, la certitude que le futur ne peut tre que la rptition du pass disparat au profit dune conception linaire de la temporalit. L histoire moderne, dite vnementielle , considre que le temps est une ralit qui simpose lhistorien, qui doit ncessairement suivre le fil du temps . Do limportance attache la chronologie et lorigine des vnements tudis. Il suffit en quelque sorte de se laisser porter par la succession chronologique des faits observs lun aprs lautre tels quils soffrent nous, pour voir la chane des vnements se reconstituer automatiquement. Faire lire le document 2 p. 7 et faire rpondre aux questions 5 et 6. L lve connat dj les composantes du temps : jour, semaine, mois, anne, sicle, millnaire. Il sait que son existence est contemporaine du dbut du XXIe sicle (question 5) ; ses ascendants directs (son pre et sa mre) sont donc ns au XXe sicle (question 6). Faire observer le document 3 p. 7 et faire rpondre aux questions 7 et 8. Le professeur rappelle quun calendrier est un tableau sur lequel le temps est divis en annes, en mois, en semaines et en jours. La page du calendrier reproduite slectionne le mois de septembre de lanne 2007 (question 7). En plus des divisions traditionnelles du temps, ce calendrier offre un autre type de repre : les ftes des saints catholiques ; par exemple, saint Matthieu est ft le 21 septembre (question 8). Faire observer le document 4 p. 7 et faire rpondre aux questions 9 et 10. Le point de dpart des calendriers est un vnement fondateur, diffrent selon les poques et les civilisations : les premiers Jeux olympiques ( 776) pour le calendrier grec ; la fondation lgendaire de Rome ( 753) pour le calendrier romain ; lanne de naissance de Jsus pour le calendrier chrtien. Si on confronte les trois calendriers, on peut restituer dans sa globalit la chane des vnements et retrouver, par l, les particularits du temps : la

2. F. Braudel, La Mditerrane et le monde mditerranen lpoque de Philippe II, extrait de la prface, Armand Colin, 2e d. 1966 revue et augmente, 2 vol. Le livre, achev en 1946, a t publi en 1949.

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gographie de la France (1re d. 1903) de Paul Vidal de La Blache, les thses rgionales de Blanchard, Sion ou Demangeon, qui rendent compte de la formation des paysages en considrant les volutions historiques. Braudel sinspire aussi de lexprience de Febvre, qui a engag le dialogue entre la gographie et lhistoire dans La Terre et lvolution humaine (1922). En rflchissant la dialectique de lespace et du temps, Braudel en vient concevoir la pluralit des dures : La premire met en cause une histoire quasi immobile, celle de lhomme dans ses rapports avec le milieu qui lentoure ; une histoire lente couler et se transformer, faite bien souvent de retours incessants, de cycles sans fin recommencs. [] Au-dessus de cette histoire immobile, une histoire lentement rythme, on dirait volontiers, si lexpression navait t dtourne de son sens plein, une histoire sociale, celle des groupes et des groupements. [] Troisime partie enfin, celle de lhistoire traditionnelle, si lon veut de lhistoire la dimension non de lhomme mais de lindividu, lhistoire vnementielle []. Dans ses crits sur lhistoire (1re d. 1969), il prcise : Lhistoire traditionnelle attentive au temps bref, lindividu, lvnement, nous a depuis longtemps habitus son rcit prcipit, dramatique, de souffle court. La nouvelle histoire conomique et sociale met au premier plan de sa recherche loscillation cyclique et elle mise sur sa dure : elle sest prise au mirage, la ralit aussi des montes et descentes cycliques des prix. Il y a ainsi, aujourdhui, ct du rcit (ou du rcitatif traditionnel), un rcitatif de la conjoncture qui met en cause le pass par larges tranches : dizaines, vingtaines ou cinquantaines dannes. Bien audel de ce second rcitatif se situe une histoire de souffle plus soutenu encore, dampleur sculaire cette fois : lhistoire de longue, mme de trs longue dure.

nent la gnration H (question 1) ; leurs arrire-grandsparents appartiennent la gnration F (question 2). Il utilisera aussi la biographie de personnages historiques : par exemple, le gnral de Gaulle (1890-1970) a vcu entre les gnrations D et G (question 3) ; le temps long, celui de la tendance sculaire, et au-del : faire observer la chronologie B du document 2 p. 8 et faire rpondre aux questions 5 et 6. Le professeur prsentera la succession des grandes priodes depuis lAntiquit. Dans la chane, il est facile de situer un vnement par rapport un autre : par exemple, 1016 annes sparent la fin de lEmpire romain dOccident et la dcouverte de lAmrique (question 5) ; 23 annes sparent les premiers Jeux olympiques et la fondation lgendaire de Rome (question 6).

Activit 2 : documents 3 et 4 p. 9Vrifier lacquisition de la comptence savoir se situer dans le temps . Faire observer le document 3 p. 9 et faire rpondre aux questions 7 et 8 (travail en autonomie). Les squoias de Californie, sur la cte Ouest des tats-Unis dAmrique (question 7), commencent pousser avant la fondation de Rome (question 8). Faire observer le document 4 p. 9 et faire rpondre la question 9 (travail en autonomie). Charlemagne est couronn empereur (en lan 800) avant la production de ce cadran solaire (vers 1250).

POUR CO NSTRUIRE LE RSUMSolliciter les lves pour quils trouvent les mots-cls de la leon. Par exemple, temps, pass, prsent, divisions du temps, calendrier, chronologie, dure. Mettre en commun les rponses et crire ensemble le rsum de cette squence.

Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : documents 1 et 2 p. 8L histoire est une dialectique de la dure. Faire travailler les lves sur la pluralit des dures : le temps court, celui de lhistoire vnementielle : faire observer la chronologie A du document 2 p. 8 et faire rpondre la question 4. Le professeur sappuie sur les faits de la vie quotidienne de llve : Jules nat en 2000 et entre en CE2 en 2008 (question 4) ; le temps moyen, celui de la conjoncture, du cycle, qui propose notre choix une dizaine dannes, un quart de sicle et, lextrme limite, le demi-sicle. Faire observer le document 1 p. 8 et faire rpondre aux questions 1, 2 et 3. Le professeur voquera la succession des gnrations partir de la filiation des lves. Leurs parents appartien-

BIBLIOGRAPHIE M. Bloch, Apologie pour lhistoire ou Mtier dhistorien, Cahiers des annales , Armand Colin, 1re d. 1949. Ph. Aris, Le Temps de lhistoire, Seuil, 1986 (1re d. 1954). F. Braudel, crits sur lhistoire, Flammarion, 1re d. 1969. P. Veyne, Comment on crit lhistoire, Seuil, 1re d. 1971. G. Noiriel, Quest-ce que lhistoire contemporaine ?, coll. Carr-Histoire , Hachette, 1998.

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LTUDE DU PASSPages 10 13 du dossier

Rfrence aux Instructions officiellesLa connaissance du pass est possible parce que certaines traces quil a laisses sont arrives jusqu nous. Cest grce ces traces que nous gardons le contact avec ceux qui nous ont prcds. Mais, en raison de lcoulement du temps, nous ne pouvons plus comprendre spontanment les actions, les murs, les ides des hommes du pass. Seuls les historiens, qui ont acquis une formation spcialise, savent interprter ces traces dpoques rvolues et leur redonner leur intelligibilit.

Comptences Connatre et utiliser les diffrentes traces de lhistoire. Utiliser et analyser les documents propres la mthode historique. Distinguer les grandes priodes historiques.

PhotoficheVoir la photofiche p. 48.

COM MENT CO N N AT-O N LE PASS ?Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : documents 3 et 4 p. 11 Lhistoire nest que la mise en uvre de documents. 1 Les premiers historiens professionnels , comme Leopold von Ranke (1795-1886), considr comme le pre fondateur de lhistoriographie moderne, ont conscience que lhistoire scrit au prsent. Et cest justement parce quils sont convaincus que les historiens sont toujours dpendants de leur temps quils estiment devoir prendre leurs distances avec le prsent en seffaant le plus possible devant les documents. Les postulats de Ranke senchanent de la manire suivante : 1. il incombe lhistorien non de juger le pass ni ddifier ses contemporains mais simplement de rendre compte de ce qui sest rellement pass ; 2. il ny a aucune interdpendance entre lhistorien et le fait historique ; 3. lhistoire existe en soi ; 4. la construction du savoir est conforme un schma mcaniste : lhistorien enregistre le fait historique de manire passive, comme le miroir reflte limage dun objet ; 5. la tche de lhistorien consiste rassembler un nombre suffisant de faits reposant sur des documents srs : partir de ces faits, le rcit historique sorganise de lui-mme et se laisse interprter. Toute problmatique est inutile, voire dangereuse, car elle introduit la subjectivit. Les historiens franais Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos, appliquant scrupuleusement le programme de Ranke, font leur tour progresser lhistoriographie. De

fait, leur pistmologie exprime exactement le point de vue de lcole mthodique , qui domine la production franaise entre 1880 et 1930 : Parmi les penses et les actes des hommes, il en est trs peu qui laissent des traces visibles, et ces traces, lorsquil sen produit, sont rarement durables ; il suffit dun accident pour les effacer. Or toute pense ou tout acte qui na pas laiss de traces, directes ou indirectes, ou dont les traces visibles ont disparu, est perdu pour lhistoire. Toutefois, les deux historiens prcisent que les traces laisses par les penses et les actes dautrefois sont des documents crits, des tmoignages volontaires (chartes, dcrets, dits, correspondances, manuscrits divers). Faire observer le document 3 p. 11 et faire rpondre aux questions 6, 7, 8 et 9. Avant linvention de limprimerie, les documents crits sont des manuscrits (question 6), trs souvent rdigs en latin (question 7). Cette enluminure est trs bien conserve malgr les six sicles qui nous sparent de sa production (question 8) : partie texte et partie dessins (question 9). Faire observer le document 4 p. 11 et faire rpondre aux questions 10 et 11. Il sagit de la reproduction de lordre de mobilisation gnrale de 1914 (question 10) ; la date est porte dans le coin droit du document : dimanche 2 aot (question 11). Les documents non crits sites archologiques, par exemple et les tmoignages involontaires comme les romans dcrivant les conditions de vie des ouvriers au XIXe sicle sont carts. Cette conception trs troite du document limite le champ historique : La quantit de documents qui existent, sinon des documents connus, est donne ; le temps, en dpit de toutes les prcautions qui sont prises de nos jours, la diminue sans cesse ; elle naugmentera jamais Les progrs de la science historique sont limits par l mme. 2

1. C.-V Langlois et C. Seignobos, Introduction aux tudes historiques, Hachette, 1re d. 1898. . 2. Op. cit.

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Activit 2 : documents 1 et 2 p. 10 Un mot, pour tout dire, domine et illumine nos tudes : comprendre. 3 Au cours des annes 1930, le groupe des Annales dhistoire conomique et sociale adresse lcole mthodique quatre reproches : 1. il ny pas de fait historique en soi quil suffirait dextraire des documents et de raccorder dautres faits pour constituer un rcit historique ; lhistorien doit procder en chafaudant des hypothses, quil soumet ensuite vrification et quil corrige en consquence : cest lhistoire-problmes , construction dun analyste et non plus dun narrateur ; 2. lhistoire mthodique met laccent sur lvnement, le fait singulier survenant dans un temps court, tandis quil est intressant dapprhender les socits au travers des faits ordinaires, rpts, se droulant sur un temps long ; 3. lhistoire mthodique privilgie les faits politiques, diplomatiques et militaires, et nglige tort les faits conomiques, sociaux et culturels ; 4. lhistoire mthodique ne prte attention quaux seuls documents crits, aux tmoignages volontaires, alors que les documents non crits et les tmoignages involontaires renseignent galement sur les socits. Autant que du dpouillement des chroniques ou des chartes, notre connaissance des invasions germaniques dpend de larchologie funraire et de ltude des noms de lieux Sur les croyances et les sensibilits mortes, les images peintes ou sculptes, la disposition et le mobilier des tombes ont au moins autant nous dire que beaucoup dcrits Pour comprendre les socits daujourdhui, croira-t-on quil suffise de se plonger dans la lecture des dbats parlementaires et des pices de chancellerie ? Ne faut-il pas encore savoir interprter un bilan de banque : texte pour le profane plus hermtique que beaucoup de hiroglyphes ? Lhistorien dune poque o la machine est reine, acceptera-t-on quil ignore comment sont constitues ou se sont modifies les machines ? 4 Marc Bloch, en proposant lextension de la documentation aux sources non crites, anticipe le dveloppement, aprs 1945, des fouilles archologiques. Concernant lAntiquit grco-romaine, il est vrai que les documents crits sont rares, quils sont connus, classs, traduits et comments. Toutes les productions des auteurs grecs Hrodote, Thucydide, Plutarque et latins Cicron, Jules Csar, Tite-Live sont compiles dans la collection Bud, premire collection franaise dauteurs antiques dont le premier volume parat en 1920. Cependant, lpoque des Annales, la connaissance du monde grec et romain commence tre approfondie et renouvele par les fouilles. Un exemple : grce la mise au jour Ostie et Pompi de forums, de temples, de thtres, de thermes, de marchs, de maisons, de rues et de places, Jrme Carcopino nous livre en 1938 une Vie quotidienne Rome. Faire observer le document 1 p. 10 et faire rpondre aux questions 1, 2 et 3. Un autre exemple : la diffusion de la citoyennet dans lEmpire est la consquence de la romanisation, qui ne sexerce vraiment que

dans les villes. Du point de vue de larchitecture, les villes dItalie et des provinces de lEmpire essaient dimiter Rome : partout, les mmes monuments expriment les mmes fonctions qu Rome. La fonction civique sexprime dans la curie, salle en forme de temple, lieu sacr o se runit le Snat local. Le forum est lendroit o les hommes se rassemblent pour parler. La fonction religieuse sexprime travers les temples. De nombreux autels permettent dhonorer les dieux et de leur offrir les sacrifices dont ils sont friands ; les ncropoles participent aussi au culte, celui des morts, ainsi placs sous la protection des dieux. La fonction commerciale se traduit par la construction de basiliques et de marchs, par la diffusion de boutiques dartisans et de commerants. Enfin, la fonction des loisirs a laiss le plus de vestiges, comme les arnes dArles reconverties aujourdhui dans les spectacles tauromachiques (question 2). Les loisirs sont insparables de la romanisation : thermes, thtres, cirques, amphithtres. Chaque jour, on va aux thermes pour se baigner et profiter des agrments qui accompagnent cette occupation : conversation, sport, bibliothque, restaurant. Le thtre propose des spectacles proches de ce que nous connaissons dans le music-hall. Le cirque est un champ de courses. La forme ovodale des arnes dArles rvle quelles sont les restes dun amphithtre (question 1). Dans cet amphithtre, on va voir couler le sang : homme contre homme, homme contre bte, bte contre bte (question 3). Concernant ltude de la chrtient latine, Bloch ne sen tient pas seulement aux cartulaires, aux actes de chancellerie et aux vies de saints ; il sintresse aussi aux trsors enfouis, ce qui le conduit esquisser une histoire montaire de lEurope. Faire observer le document 2 p. 10 et faire rpondre aux questions 4 et 5. De mme, lvolution de larchitecture religieuse montre un changement de la religiosit europenne. Pour lglise du haut Moyen ge, la vie est un plerinage et le clerc a pour but dacheminer le lac vers la Jrusalem cleste laquelle il ne parviendra quaprs sa mort. La dynamique est ascendante. Cest pourquoi les glises romanes sont si robustes : elles sont un refuge pour les fidles. Au contraire, la perspective des temps gothiques est descendante : on construit ici-bas le royaume de Dieu. Les sermons et les hymnes voquent la Jrusalem cleste, avec ses portes faites chacune dune perle, ses joyaux, ses rues paves dor et de verre transparent. En cho, les murs de la cathdrale gothique comme Chartres sont faits de vitraux brillant comme des pierres prcieuses ; les piliers, les nervures et les votins tincellent dor. La cathdrale est souvent lunique difice de pierre des kilomtres la ronde : seule construction imposante de toute une rgion, ses tours guident de loin les plerins. Chaque dimanche, tous les habitants de la localit sy runissent pour les offices (questions 4 et 5). Le contraste entre la haute cathdrale dcore de peintures et de sculptures et les humbles habitations voisines devait avoir quelque chose dcrasant. Rien dtonnant si toute la communaut urbaine tire orgueil de sa construction.

3. M. Bloch, Apologie pour lhistoire ou Mtier dhistorien, Armand Colin, 1re d. 1949. 4. Op. cit.

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COM MENT LHISTO RIEN ET LARCHOLOGUE TRAVAILLENT-ILS ?Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : documents 1 et 2 p. 12Faire miel de toutes choses. Dans le sillage des Annales, la nouvelle histoire , courant historiographique initi par Jacques Le Goff et Pierre Nora en 1978, fait preuve dune grande ingniosit pour inventer, rinventer ou recycler des sources jusque-l dormantes ou considres comme dfinitivement taries. Elle se fonde sur une multiplicit de documents : crits de toutes sortes, documents figurs, produits des fouilles archologiques, documents oraux Une statistique, une courbe des prix, une photographie, un film ou, pour un pass plus lointain, du pollen fossile, un outil, un ex-voto sont, pour lhistoire nouvelle, des documents de premier ordre. 5 Ces quelques lignes citent ple-mle des traces brutes du pass (pollen, outil, ex-voto) et des matriaux labors par lhistorien (statistique, courbe des prix). Il y a plusieurs cas dinvention de nouveaux documents. Par exemple, la dcouverte stricto sensu, o lon voit se rencontrer sur le terrain la technique de la photographie arienne, un systme de lecture des traces dans le sol (en fonction des variations de teintes de ce dernier et de la croissance diffrentielle des vgtaux), une question pose par lhistorien et, parfois, un hasard. Ainsi la scheresse de 1976 sest-elle traduite par un accroissement extraordinaire des connaissances sur le pass du sol franais. Aprs quelques semaines daridit, des variations dhumidit du sol sont apparues, rvlant aux archologues lexistence de centaines de sites nolithiques, oppidums celtiques et tablissements gallo-romains. Rien quen Vende, 117 sites nouveaux ont t reprs, dont 15 camps nolithiques dlimits par une ou plusieurs enceintes circulaires et 25 tablissements gallo-romains. Faire observer les documents 1 et 2 p. 12 et faire rpondre aux questions 1, 2 et 3. La stratigraphie tude des couches successives partir du niveau de dpart permet de remonter de plus en plus loin dans le temps et dtablir une datation approximative du gisement, que lon atteint aprs avoir dgag les couches suprieures du terrain. Le carroyage permet dinventorier les objets dposs : le terrain est divis en carrs de 70 cm 1 m de ct matrialiss par de la ficelle et reprs par des lettres et des numros (question 1). Chaque carr reoit un numro dinventaire et un carnet de fouilles. On dessine le plan, on prend des photos et des dessins de chaque objet en place aprs avoir pos des mires ou des baguettes de diffrentes longueurs divises en rectangles blancs et rouges ou noirs pour donner lchelle. Le dcapage permet de prlever les objets dposs avec prcaution pour protger leur envi-

ronnement immdiat et ne perdre aucune information. Cest pourquoi on emploie des outils petits et adapts, tels que les truelles, les poinons, les instruments de dentiste, les pinceaux... Une fois les objets retirs, on tamise le carr pour rcuprer les trs petits lments prsents dans le sol (question 2). Les sols dhabitats nous renseignent sur les structures familiales, les modes alimentaires, les techniques de chasse Une fois sorti du champ de fouilles, lobjet passe au laboratoire o il est dat, dcrit, reconstitu et analys (question 3).

Activit 2 : document 3 p. 13Le brviaire de lhistoriographie moderne. Au dbut du XXe sicle, la conception linaire du temps permet llaboration dune dfinition hermneutique de lhistoire et justifie du mme coup la cration dune nouvelle fonction universitaire occupe par des historiens professionnels spcialiss dans linterprtation du pass. Pour lcole mthodique, la tche prioritaire de lhistorien est de dresser linventaire des documents crits disponibles. Poursuivant lentreprise amorce par les rudits du XIXe sicle, les tenants de lcole mthodique semploient protger les documents contre les oublis, les pertes, les incendies et autres destructions ; et les conserver dans des dpts, tels que le British Museum de Londres et les bibliothques nationales de Paris, Bruxelles, Florence ou Saint-Ptersbourg 6. Les mmes historiens sont proccups de classer les fonds darchives : Lheuristique serait aise si seulement de bons inventaires descriptifs de tous les dpts de documents avaient t composs [] et si des rpertoires gnraux (avec des tables alphabtiques, systmatiques, etc.) en avaient t faits ; enfin, sil tait possible de consulter quelque part la collection complte de tous ces inventaires et de leur index. 7 Faire observer le document 3 p. 13 et faire rpondre aux questions 4 et 5. Les volonts de Langlois et de Seignobos sont ralises, du moins en France. Des spcialistes, souvent sortis de lcole des chartes, confectionnent le catalogue des Archives nationales, celui de la Bibliothque nationale, et les fichiers des Archives dpartementales. Dans le mme temps, la Socit de lHistoire de France conduit un norme travail de publication, en transformant des sources manuscrites en ouvrages imprims (question 4). On doit justifier dun travail de recherche pour tre admis dans un centre darchives. La consultation des ouvrages oblige observer des rgles strictes ; plus les documents sont anciens, plus il faut les protger : gants, lumire tamise (question 5) Aprs avoir sauv le document crit, lhistoriographie moderne le soumet une srie doprations analytiques. Le premier traitement est la critique externe : on doit dabord retrouver la source (lieu de conservation), puis examiner sil sagit dun original, dune copie ou dun faux la palographie permet de constater lauthenticit du document et, enfin, marquer des points de repre (lauteur, le lieu). Lanalyse du texte doit conduire

5. J. le Goff, Dictionnaire de la nouvelle histoire, Retz, 1978. 6. C.-V Langlois et C. Seignobos, Introduction aux tudes historiques, Hachette, 1re d. 1898. . 7. Op. cit.

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la confection dune fiche sur une feuille dtache, mobile, avec mention de la provenance []. La mobilit des fiches permet de les classer volont en une foule de combinaisons diverses. 8 Le systme des fiches aboutit la pratique des rfrences infrapaginales par lesquelles chaque lecteur dun livre dhistoire peut retourner au document et contrler la vracit des citations. Le second traitement est la critique interne : il sagit de reprendre la fiche et de la complter en rsumant les donnes essentielles inscrites dans le document. Pour cela, il faut effectuer : 1. lanalyse de contenu du document et la critique positive dinterprtation pour sassurer de ce que lauteur a voulu dire ; 2. lanalyse des conditions dans lesquelles le document est produit et la critique ngative ncessaire pour contrler les dires de lauteur. 9 Enfin, la voie est ouverte aux oprations synthtiques. La premire tape consiste confronter plusieurs documents pour tablir un fait singulier. La deuxime consiste regrouper les faits isols dans des cadres gnraux : on rassemble les faits concernant les conditions naturelles (la gographie, le climat), les productions matrielles (lagriculture, lindustrie, le commerce), les groupes sociaux (les familles, les professions, les classes), les institutions (le gouvernement, lAdministration, la justice). La troisime tape utilise le raisonnement, soit par dduction, soit par analogie, pour lier les faits entre eux et pour combler les lacunes des sources. La quatrime tape oblige slectionner dans la masse documentaire : Une histoire o aucun fait ne serait sacrifi devrait contenir tous les actes, toutes les penses, toutes les aventures de tous les hommes toutes les poques. Ce serait une connaissance complte que personne narriverait connatre, non faute de matriaux, mais faute de temps. 10 La dernire tape consiste gnraliser.

Activit 3 : document 4 p. 13Les sources orales sont des matriaux bruts de lhistoire contemporaine. Faire lire le document 4 p. 13 et faire rpondre la question 6. Sur lutilisation des sources orales par les historiens, se reporter au chapitre prcdent, partie Comment se situer dans le temps . Les sources orales compltent la somme des documents la disposition de la recherche historique. L archologue parle essentiellement de cultures parce quil travaille surtout partir de sources matrielles. L historien, linverse, tudie les civilisations car il a la possibilit, grce aux sources crites, denvisager les socits quil aborde dune manire plus globale (question 6).

POUR CO NSTRUIRE LE RSUMSolliciter les lves pour quils trouvent les mots-cls de la leon. Par exemple, documents, sources, archologie, archives. Mettre en commun les rponses et crire ensemble le rsum de cette squence.

BIBLIOGRAPHIE M. Bloch, Apologie pour lhistoire ou Mtier dhistorien, Cahiers des annales , Armand Colin, 1re d. 1949. P. Aris, Le Temps de lhistoire, Seuil, 1986 (1re d. 1954). F. Braudel, crits sur lhistoire, Flammarion, 1re d. 1969. P. Veyne, Comment on crit lhistoire, Seuil, 1re d. 1971. G. Noiriel, Quest-ce que lhistoire contemporaine ?, coll. Carr-Histoire , Hachette, 1998.

8. Op. cit. 9. Op. cit. 10. Op. cit.

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LES PREMIERS TRES H U M AINSPages 14 19 du dossier

Rfrence aux Instructions officiellesLa notion de temps est essentielle toute tude prhistorique. La Prhistoire dbute avec lmergence du genre humain (Homo) qui, daprs les connaissances actuelles, remonte 2,5 millions dannes. Elle se termine avec linvention de lcriture, il y a 5 000 ans. Mais lchelle de temps utilise par les prhistoriens nest pas celle de la vie quotidienne, ni mme celle du sicle. La Prhistoire parle en millnaires, en centaines de millnaires et en millions dannes. Les lves approcheront la Prhistoire par les traces quelle a laisses, la manire dont ces traces ont t dcouvertes et exploites, et les lieux o elles sont conserves.

Comptences Distinguer les grandes priodes prhistoriques. Connatre les plus importants spcimens dhominids, surtout ceux du genre humain.

PhotoficheVoir la photofiche p. 50.

Q UI SO NT LES PREMIERS TRES H UMAINS ?Le contexte historiqueJusqu LOrigine des espces au moyen de la slection naturelle (1859) de Charles Darwin, les gnalogies religieuses ou philosophiques de lhomme moderne (Homo sapiens) dominent parce quelles flattent la conviction que lhomme est dune essence diffrente et bien suprieure celle du monde animal. La somme de Darwin apporte la preuve de la cration permanente des espces par un processus de slection naturelle. Bien quil ignore lexistence du gnotype patrimoine gntique dpendant des gnes hrits des parents , Darwin explique la perptuelle cration de nouvelles espces par la transmission des mutations qui avantagent les descendants. La difficult est de dfinir une nouvelle espce dont le gnotype est compos de caractres spcifiques au genre auquel elle appartient (genre Homo, par exemple), de caractres primitifs conservs de ses anctres mais destins disparatre, et de caractres acquis grce lvolution. Pour y parvenir, deux mthodes prvalent : la plus ancienne classe les formes vivantes en fonction des similitudes physiques (par exemple : embranchement Vertbrs classe Mammifres ordre Primates genre Homo espce Sapiens). Les primates apparaissent la fin de lre secondaire, il y a environ 70 millions dannes. Mais il faut attendre la dernire partie de lre tertiaire pour que des individus marchent debout : ce sont les hominids. Le rameau des bipdes et celui des quadrupdes se seraient spars il y a 7-8 millions dannes ; la mthode la plus rcente est le cladisme, qui cherche tablir les parents gntiques. Le dveloppement de la biologie molculaire a permis de retrouver lhistoire des espces enregistre dans leurs gnes et dtablir de vrita-

bles arbres gnalogiques o se lisent les embranchements et les lignes qui les produisent.

Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : documents 1, 3 et 5 pp. 14-15Les australopithques, premier ge dor des hominids. Faire observer le document 1 p. 14 et faire rpondre aux questions 1 et 2. Tout commence en 1924 avec la dcouverte de lenfant de Taung en Afrique du Sud par lanatomiste australien Raymond Dart, qui, hsitant en faire un homme, le baptise Australopithecus africanus, littralement le singe de lAfrique australe . Plusieurs expditions internationales se lancent aussitt sur la piste des origines de lhomme moderne en Afrique (question 1). Plus de 3 000 fossiles daustralopithques sont mis au jour dans le triangle des Afars (du nom dun peuple nomade thiopien) et le bassin de lOmo en thiopie, sur les rives du lac Turkana au Kenya, dans les gorges dOlduvai en Tanzanie (question 2). Faire observer le document 5 p. 15 et faire rpondre la question 6. Le gisement le plus riche en fossiles est le triangle des Afars qui a fourni les restes incomplets de 65 individus dats de 3,9 2,9 millions dannes. Tous ces fossiles sont anatomiquement identiques : Australopithecus afarensis figure pendant deux dcennies comme lanctre des Homo sapiens. Les mdias popularisent la femelle Lucy, dont 52 os, soit 40 % du squelette complet, sont exhums le 30 novembre 1974 (question 6). Faire observer le document 3 p. 15 et faire rpondre la question 4. Dautres dcouvertes tout aussi tonnantes se font plus au sud. En 1976, Laetoli (Tanzanie), les restes dune quarantaine dindividus sont dgags, rappelant ceux de lAfar. Mais la dcouverte la plus sensationnelle est celle dune piste de pas fossiliss. L quipe de la prhistorienne anglaise Mary Leakey tombe sur un vaste champ de 800 m2 travers dempreintes de toutes sortes danimaux : hipparions, gazelles, pintades et hominids.

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Des primates bipdes ont laiss leurs empreintes dans la cendre volcanique. Il y a deux pistes, longues dune trentaine de mtres, dont lune est trace par deux individus marchant cte cte Les empreintes sont dates de 3,6 millions dannes (question 4). Toutes ces dcouvertes localisent donc lhominisation lest de la Rift Valley, profonde entaille qui coupe lAfrique du nord au sud dans sa partie orientale. Ce foss a entam son ouverture au nord en formant le triangle des Afars et se prolonge vers le sud jusquau lac Malawi. Le paloanthropologue franais Yves Coppens1 propose un nouveau scnario des origines qui intgre tous ces fossiles : lEast Side Story. Il y a environ 7 millions dannes, la ligne des grands singes africains sest spare de celle des futurs australopithques et hommes. Cette sparation ou dichotomie est provoque par la formation de la Rift Valley, qui cre une barrire la fois gographique et climatique. Les prcipitations venant du golfe de Guine, louest, venant buter sur les contreforts du Rift narrosent plus la partie orientale de lAfrique. Les primates, isols dans les savanes de lEst, sadaptent la bipdie et deviennent les hominids. Au contraire, ceux rests lOuest gardent leurs adaptations la fort tropicale. Cette thorie qui a beaucoup sduit est branle par la dcouverte dun petit bout de mandibule daustralopithque au Tchad en 1995.

2001 et mars 2002 (question 3). Tous ces restes reprsentent au maximum neuf spcimens : Les lments retrouvs sur le crne invitent galement penser que Touma tait bipde, sans doute pas comme nous, mais il marchait sur ses deux pieds. [] Les lments de la tte osseuse et des dents permettent denvisager une taille de 105 120 cm, soit une taille proche du chimpanz commun. Mais Touma ne ressemble ni un chimpanz ni un gorille. 3 Brunet fait aussi lhypothse que le dernier anctre commun aux hommes et aux grands singes devait tre bipde ! Il prend contre-pied le schma de lhominisation qui postule lacquisition de la bipdie quand nos anctres se retrouvent dans les savanes de lAfrique de lEst En attendant, tous ces fossiles confirment que nos origines sont bien en Afrique, bien quon ne sache plus si cest lest ou louest de la Rift Valley.

SUR LES TRACES DES PREMIERS HOM MESDistinguer les Homo sapiens des grands singes africains ne pose aucun problme : les diffrences physiques entre les lignes respectives nont cess de saffirmer depuis leur sparation. Mais quand on remonte dans larbre de lvolution, comment distinguer ceux qui prfigurent incontestablement le genre humain (Homo ergaster, Homo erectus) des autres hominids de type australopithque, par exemple ? Sur quels caractres se fonder pour dire quun fossile appartient au genre Homo ou un autre genre dhominids ? Pour rpondre cette question, il faut postuler quun genre doit runir toutes les espces issues dun mme anctre commun et partageant une mme adaptation. Dans ce cas, le genre Homo se compose despces de grande taille corporelle et doues dune bipdie permanente. Leur cerveau est gros et leur adaptation repose sur lusage doutils.

Activit 2 : documents 2 et 4 p. 15Il y avait Lucy. Il y a aujourdhui Abel et Touma2. Dat de 3 3,5 millions dannes par le paloanthropologue franais Michel Brunet, ce fossile est baptis Australopithecus bahrelghazali et surnomm Abel en hommage au gologue Abel Brillanceau. Cette dcouverte repousse de 2 500 km vers louest laire de rpartition des australopithques. Puis voici quarrive du Kenya laustralopithque du lac, Australopithecus anamensis, g de 4 millions dannes. En 1997, lAfrique du Sud livre son tour un superbe squelette dAustralopithecus africanus datant de la mme priode. En 1999, cest en thiopie que lon trouve Australopithecus gahri. Ainsi, en quelques annes seulement, Lucy se retrouve au milieu dune diversit insouponne de spcimens dhominids. On comprend alors quil nexiste pas une ligne unique danctres de lhomme mais une multitude despces ancestrales dont le succs volutif repose sur lacquisition de la bipdie, la dextrit manuelle et le gros cerveau. Enfin, avec Touma, lEast Side Story est nouveau chamboule. Faire confronter les documents 2 et 4 et faire rpondre la question 5. Le crne complet du Sahelanthropus tchadensis est dat de 7 millions dannes, soit deux fois plus vieux que Lucy et quatre fois plus vieux que cet australopithque robuste Zinjanthropus boisei dcouvert par Mary Leakey Olduvai en 1959 (question 5) ! Faire observer le document 2 p. 15 et faire rpondre la question 3. Le crne complet, deux fragments mandibulaires et quelques dents sont dcouverts au Tchad, entre juillet

Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : document 1 p. 16Lucy nappartient pas au genre Homo. Faire observer le document 1 p. 16 et faire rpondre la question 1. 1. Le squelette de Lucy permet destimer de faon prcise sa stature : 1,06 m. Cest petit compar une femme actuelle la taille dune enfant de 7 ans , mais cest dj grand si on se rfre lensemble des singes (question 1). La taille des mles est nettement plus imposante, puisque les os fossiles des membres donnent des estimations entre 1,30 et 1,40 m. partir de lensemble des fossiles tudis, on considre que la taille des Australopithecus afarensis femelles varie de 1,05 1,20 m et celle des mles de 1,25 1,45 m. Cette grande diffrence de taille corporelle entre les mles et les femelles appele dimorphisme sexuel

1. Y. Coppens, Le Singe, lAfrique et lHomme, Fayard, 1983. 2. Touma signifie espoir de vie en langue gorane et dsigne les enfants ns juste avant la saison sche (leurs chances de survie sont plus limites). 3. M. Brunet, DAbel Touma. Nomade, chercheur dos, Odile Jacob, 2004.

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est plus accentue chez les Australopithecus afarensis que chez les Homo sapiens et chez les chimpanzs actuels. Les femelles psent entre 20 et 35 kg, et les mles entre 35 et 50 kg. En conclusion, les Australopithecus afarensis possdent peu prs la mme masse corporelle que les chimpanzs mais ont une stature plus grande, de lordre dune dizaine de centimtres. 2. La grande face dAustralopithecus afarensis cache une bote crnienne de taille modeste : le volume du cerveau, estim entre 350 et 400 cm3, reste tout fait comparable celui dun chimpanz. La face est prognathe, cest--dire que les mchoires son projetes vers lavant, plus que chez lhomme mais moins que chez les chimpanzs. La denture est plus humaine que simiesque. 3. Le trou occipital o la premire vertbre cervicale sarticule avec la base du cerveau se situe sous le crne et souvre vers le bas (chez les singes, il se localise plus en arrire et souvre galement vers larrire). Cest l un marqueur li la bipdie. Le pelvis et linclinaison du fmur indiquent aussi une position verticale des membres infrieurs, mais une dmarche encore chaloupe cause du bassin trs large et de labsence de taille. chaque pas, cest lensemble du buste qui pivote pour rattraper un quilibre instable. Lucy nest pas capable de courir debout comme nous le faisons. Si elle doit dguerpir rapidement vers un arbre protecteur, elle le fait quatre pattes, comme les chimpanzs.

(question 2). Enfin, son adaptation repose sur lusage doutils taills ; ce sont des galets amnags appels choppers et chopping tools ; Homo habilis conserve des bras longs et des jambes courtes, comme les australopithques. Mais le col du fmur comme son articulation dans le bassin sont plus robustes, ce qui signifie quil marche dj plus et mieux que les australopithques. Le pied est court, robuste et marqu par une vote plantaire, comme chez les hommes, mais il conserve une articulation de la cheville plus lche. La main comme le pied conservent ainsi des aptitudes au grimper dans les arbres. La bipdie nest donc pas permanente.

Activit 3 : document 3 p. 16Homo erectus appartient indiscutablement au genre Homo. Dans lvolution, Homo erectus se place entre Homo habilis et Homo sapiens. peine arriv sur la scne de lvolution en Afrique il y a environ 1,8 million dannes, Homo erectus sen va explorer le reste de lAncien Monde. Ce chasseur aux longues jambes, au buste allong, aux paules larges et avec un grand cerveau est le premier hominid sortir dAfrique. Mais les routes migratoires et la dure des dplacements demeurent nigmatiques. En Afrique, les fossiles les plus anciens proviennent du lac Turkana (Kenya) ; par exemple, le crne ER 3 733 de Koobi-Fora est dat de 1,8 million dannes. En Asie, on retrouve ses traces Dmanisi, en Gorgie, avec une mandibule date de 1,6 million dannes. On le rencontre plus loin encore Longgupo, dans le sud de la Chine, avec un fragment de mandibule dat de 1,8 million dannes. L enfant de Modjokerto Java est dat de 1,7 million dannes. Les fossiles chinois de Zhoukoudian auraient 500 000 ans ; la mandibule et le crne de Lantian appartiennent un dpt dat de 530 000 ans ; les restes de Gongwangling auraient le mme ge ; les dents de Yuanmou auraient 500 000 ans ; le crne dHexian aurait 200 000 ans. Tous ces lments saccordent avec une expansion trs ancienne dHomo erectus en Asie. Les arrives seraient plus tardives en Europe : les fossiles les plus anciens et incontestables se trouvent au nord de lEspagne, Gran Dolina, dans les monts Atapuerca ; ils sont dats de 800 000 ans. Et comme Homo erectus semble tre lunique forme humaine en Afrique partir de 1 million dannes, cela engage penser quil serait le premier Europen. tablie sur le stock constitu par lensemble des fossiles de lAncien Monde, lidentification dHomo erectus est possible : une vraie tte dhomme : la capacit crnienne atteint 800 cm3, soit plus que chez aucun autre hominid, lexception des Homo sapiens. La face noccupe plus que 30 % du volume du crne au lieu de 45 % chez les australopithques. De profil, ce sont maintenant le nez et les dents de devant qui deviennent saillants. Si les pommettes et larcade sourcilire restent assez dveloppes, les muscles temporaux se rvlent plus graciles. Le crne dHomo erectus prfigure le lissage des reliefs osseux, si caractristique de notre crne ;

Activit 2 : document 2 p. 16Homo habilis serait le premier homme. Entre 1959 et 1963, le palontologue anglais Louis Leakey retrouve Olduvai (Tanzanie) des restes dun hominid capacit crbrale de 600 700 cm3 dans le mme tage gologique (2,5 1,8 million dannes) o a t recueilli laustralopithque robuste Zinjanthropus boisei, dont la capacit nest que de 450 cm3 (se reporter au document 4 p. 15). Dautres individus de mme capacit crbrale sont dcouverts par la suite en thiopie et au Kenya. Faire confronter les documents 1 et 2 p. 16 et faire rpondre la question 2. La difficult de linterprtation de ces hominids rside dans la permanence de caractres anatomiques trs proches de ceux des australopithques, mais dont certains ont un degr dadaptation vident dans le sens dune hominisation, do la dnomination Homo habilis . Les caractres qui les placent du ct du genre humain se situent au niveau du crne et du squelette locomoteur : Homo habilis conserve une anatomie faciale plutt solide par rapport Homo sapiens. Mais il possde une face haute, dont la partie infrieure est moins robuste et avance moins que chez les australopithques. De plus, la taille de la face commence diminuer par rapport lensemble du crne. Cette volution rsulte de la rduction de lappareil masticateur. Parmi les dents antrieures, Homo habilis ne montre pas de canines saillantes. Les incisives, solides et implantes verticalement, ont des proportions comparables celles de toutes les espces du genre Homo. Cest surtout par le volume de sa bote crnienne quHomo habilis prsente son caractre le plus humain

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la haute stature surprend : Homo erectus est aussi grand quHomo sapiens. En fait, il est plus humain par son corps que par son crne. Tous les hominids connus jusqualors conservent des adaptations au grimper dans les arbres. Homo erectus perd ces aptitudes mais il se montre capable de marcher sur de longues distances et de courir parfaitement redress. Son squelette locomoteur est celui dun coureur. Ses jambes sont longues et larticulation de son genou est en extension durant la marche. Son bassin court et troit neffectue plus que des rotations rduites (finie la dmarche chaloupe), quil peut en outre contrebalancer par lavance dune jambe dun ct et dun bras de lautre grce une articulation de lpaule mobile vers le bas et grce lespace entre la dernire cte et la taille ; si les vgtaux composent la part essentielle de son rgime, Homo erectus se nourrit galement de viande. Cependant, il ne se contente plus de carcasses ni de petites proies. Il sattaque aussi au gibier de taille. Cest le premier homme tre quip dune panoplie darmes de chasse. Les plus anciens de ces outils taills sur leurs deux faces se trouvent en Afrique et datent de 1,6 million dannes. Ces bifaces sont reprsentatifs de la culture dite acheulenne, qui dure 1,3 million dannes. Ce sont les premiers silex entirement faonns avec soin de faon symtrique. De tels outils emmanchs lextrmit dune hampe deviennent des armes redoutables. Ils permettent dpointer des branches qui servent dpieux. Homo erectus se hisse au sommet des systmes cologiques, tel un superprdateur. Homo erectus est donc parfaitement humain mais tmoigne dun polymorphisme qui gne la reconnaissance dun type. L identification des fossiles se heurte deux obstacles : la prsence de caractres diffrents sur les spcimens dAsie et dAfrique, et le manque dchantillons qui permettraient des comparaisons statistiques. Des spcialistes avancent quHomo erectus ne serait pas une espce unique mais un stade dvolution du genre Homo quil faudrait approcher de faon diachronique dans les foyers de lAncien Monde. Faire observer le document 3 p. 16 et faire rpondre la question 3. Par exemple, la face la bote crnienne est manquante retrouve dans la Caune de lArago Tautavel (Pyrnes-Orientales) est la plus ancienne connue ; elle est date de 450 000 ans (question 3). Elle est marque par des caractres primitifs hrits dHomo erectus, ainsi que des caractres acquis qui la placeraient du ct de lespce nandertalienne.

tablement partie des Nandertaliens. Faire observer le document 4 p. 17 et faire rpondre aux questions 4 et 5. La hirarchisation des caractres anatomiques permet de distinguer : les caractres primitifs des Homo neanderthalensis et qui ont disparu chez les Homo sapiens. Le palontologue Marcellin Boule a dfini ces caractres en comparant le squelette nandertalien trouv La Chapelle-aux-Saints (Corrze) lHomo sapiens europen. La spulture nandertalienne creuse dans le substratum de la grotte explore en 1908 contenait un corps entier, couch sur le ct, la tte cale par quelques pierres. Le crne est large et tir vers larrire, le front est fuyant et plat. La face est norme, trs leve et large. Les pommettes sont fuyantes, les dents sont larges et grosses. Le squelette postcrnien est robuste, en particulier le bras, lavant-bras et la main. On remarque un raccourcissement dans la proportion des membres par rapport lHomo sapiens (question 4). Marcellin Boule accentue les traits simiesques des Nandertaliens dans ses reconstitutions. Son tude, publie dans la revue LAnthropologie entre 1911 et 1913, est lorigine de limage dhomme-singe qui a fait recette dans le public ; les caractres acquis par les Nandertaliens et les Homo sapiens : par exemple, laugmentation de la capacit crbrale dont la moyenne est comprise entre 1 500 et 1 600 cm3, soit 15 20 % de plus que chez Homo sapiens (question 5). L homme de Neandertal disparat vers 40 000 avant J.-C.

Activit 5 : document 5 p. 17Homo sapiens est la seule espce survivante du genre Homo. Il est paradoxal de considrer que lespce humaine la plus mal connue est la ntre. Deux modles des origines de lhomme moderne sopposent : celui de lArche de No et celui du Candlabre. Le premier fait remonter toutes les populations actuelles une seule population originelle, le plus souvent africaine ; puis, un certain stade de son volution, cette ligne dhommes modernes aurait quitt son berceau pour se rpartir sur tout lAncien Monde et les Nouveaux Mondes, do la rfrence lArche de No. Cest lhypothse dite monogniste, galement connue sous le terme Out of Africa . Le second modle admet que les populations actuelles sont issues de diffrentes lignes dhommes archaques remontant plusieurs centaines de milliers dannes et qui auraient volu chacune dans leur propre rgion ; cest lhypothse dite multirgionale ou polygniste. Les premiers Homo sapiens dEurope ou hommes de Cro-Magnon tirent leur nom du toponyme abri de CroMagnon , un petit abri-sous-roche situ dans la commune des Eyzies-de-Tayac en Dordogne ; le nom lui-mme provient de loccitan crs (creux) et signifierait soit le grand trou soit le trou de Magnou , du nom dform dun ermite qui y aurait vcu. En 1868, le gologue Louis Lartet met au jour une spulture date de 35 000 ans contenant les restes incomplets de quatre adultes et dun enfant. Ces squelettes ont servi de base pour dfinir en 1878 la race de Cro-Magnon , qui dsignera lensemble

Activit 4 : document 4 p. 17Homo neanderthalensis, anomalie de lvolution ? Des fossiles humains sont dcouverts dans le vallon du Neander, prs de Dsseldorf, en 1856. La rpartition gographique des nombreux gisements o sont retrouvs des vestiges nandertaliens prouve quil sagit dune population essentiellement europenne. Les restes les plus anciens sont peut-tre une mandibule et une face mises au jour dans la Caune de lArago et dates de 450 000 ans. Les fossiles provenant des grottes de La Chaise, Charente et Biache-Saint-Vaast, dats de 175 000 ans, font indiscu-

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des fossiles dhommes modernes dcouverts peu peu en Europe occidentale. Faire observer le document 5 p. 17 et faire rpondre aux questions 6 et 7. Les lves doivent retenir que les caractres anatomiques acquis des Homo sapiens sont : la bipdie permanente, qui implique un certain nombre de spcialisations anatomiques. Ainsi, la tte prend une position verticale dans laxe de la colonne vertbrale, le crne tant pos sur la premire vertbre, appele pour cette raison atlas . Le trou occipital se trouve donc sous le crne. Le bassin, trs ouvert alors que celui des quadrupdes est plat, est situ sous le tronc et porte tout le poids des viscres, qui sont seulement maintenus par les abdominaux. Les fmurs et les tibias sont presque droits, alors que ces os sont arqus chez les singes. Le pied, enfin, est trs spcialis : le poids du corps sapplique sur les talons et sur la pointe des pieds ; tous les orteils sont regroups ; la dextrit manuelle : mettre en relation avec les outils produits par les diffrents spcimens du genre Homo ; le gros cerveau, dune capacit de 1 400 cm3 ; la haute stature. Faire remarquer que des espces humaines diffrentes peuvent tre contemporaines, par exemple Homo habilis et Homo erectus (question 6) ; ce nest pas le cas dHomo erectus et Homo sapiens (question 7).

et la haute stature. Chacune de ces qualits sest dveloppe indpendamment et sans finalit relationnelle. Ainsi, la bipdie na pas t dveloppe pour que la main devienne plus utile, et le cerveau nest devenu performant que bien aprs que le pied et la main furent acquis ! Les travaux en primatologie et en cologie animale mettent en vidence que la finalit premire de ladaptation dune espce est de russir ses enfants. L un des moyens est dtre de grande taille ce qui entrane une baisse des besoins nergtiques , davoir une longue gestation ce qui parat li une longue esprance de vie et dexploiter un vaste territoire de subsistance que lon parcourt avec un minimum defforts physiques. La haute stature de lhomme moderne et la bipdie rpondent cette finalit. La bipdie et le gros cerveau font de lhomme moderne un chasseur expriment.

Lhomme occupe la surface de la TerreConcernant le berceau africain , se reporter au manuel de llve, documents 1, 3 et 5 pp. 14-15 ; pour la colonisation de lAncien Monde par Homo erectus, se reporter au document 3 p. 16. Daprs les documents archologiques, dont aucun ne fournit dautres types humains quHomo sapiens, les hommes sont passs tardivement en Amrique. Les dates les plus anciennes sont celles des abris-sous-roche situs au Brsil dans ltat du Piaui Pedra Furada, o les couches infrieures de lhabitation sont dates de 32000 avant J.-C. et les couches susjacentes de 29000 avant J.-C. Ces dates sont exceptionnelles ; la plupart de celles qui sont obtenues rcemment sont rarement plus anciennes que 5 ou 6000 ans avant J.-C. Il est certain que les premiers Amricains venaient dAsie du Nord-Est.

Q UE RESTE-T-IL DES PREMIERS HOM MES ?La succession des diverses espces humainesLe professeur doit insister sur diffrents points : la dichotomie est date entre 7 et 8 millions dannes ; les plus anciens fossiles dhominids sont africains. Ils sont dats de 4 millions dannes ; le genre Homo est lun des plus rcents connus chez les mammifres. Les Homo habilis datent de seulement 2,5 millions dannes, alors que les premiers mammifres existent depuis 170 millions dannes, les vertbrs ariens depuis 300 millions dannes, et les premires formes de vie depuis 3,8 milliards dannes ; les spcimens du genre humain se sont lentement rpandus la surface de la Terre ; les prhistoriens distinguent une Prhistoire ancienne, qui comprend essentiellement le Palolithique, et une Prhistoire rcente, ou Protohistoire, qui regroupe le Nolithique et les ges des mtaux. Le Palolithique est une priode immense de la Prhistoire qui stend de lapparition des Homo habilis, il y a 2,5 millions dannes, environ 10000 avant J.-C. Les hommes sont nomades, chasseurs et cueilleurs. Pendant la Protohistoire, de 10000 avant J.-C. jusqu linvention de lcriture, les hommes deviennent sdentaires, agriculteurs et leveurs.

Le travail des archologuesIl est habituel dopposer les mthodes de terrain et celles de laboratoire. Mais les mthodes sont complmentaires, comme nous le montre la dcouverte de Touma : la prospection sur le terrain. Ce fossile est mis au jour le 19 juillet 2001 dans le dsert du Djourab au Tchad (800 km au nord de NDjamena) par la mission paloanthropologique franco-tchadienne dirige par le professeur Brunet. La premire mission tchadienne de Brunet remonte 1994, linvitation du Centre national dappui la recherche du ministre de lEnseignement suprieur de la Rpublique du Tchad. En 1995, lors de sa seconde mission, un chauffeur de la direction des Mines dcouvre par hasard Abel (Australopithecus bahrelghazali). Des fouilles systmatiques se dveloppent dans le dpt de Koro Toro, jusqu lexhumation de Touma dans le secteur de Toros-Menalla. Le crne, coiff dune crote de grs noirci par le manganse et fractur, est dcouvert par une mission de terrain (Ahounta Djimdoumalbaye, Fanon Gongdib, Mahamat Adoum et Alain Beauvilain) ; lanalyse en laboratoire. Le crne ne peut tre reconstruit physiquement parlant. Il est confi lInstitut danthropologie de luniversit de Zurich-Irchel, o il est scann puis transform en un objet virtuel pouvant tre dissqu et reconstruit loisir. La capacit crnienne, value 360-

Lvolution du crne des hommesLes caractristiques acquises de lhomme moderne sont la bipdie permanente, la dextrit manuelle, le gros cerveau

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370 cm3, est quivalente celle des chimpanzs. La denture, notamment les canines, petites, usure apicale et sans crte-aiguisoir, la morphologie des prmolaires et des molaires mail, plus pais que chez les chimpanzs mais moins que chez les australopithques, la face raccourcie et la base du crne avec un trou occipital en position antrieure et une face occipitale trs incline vers larrire montrent que Sahelanthropus tchadensis appartient bien au rameau humain. De plus, la reconstruction en 3D confirme quune dizaine de caractres ne sont connus que chez des bipdes plus rcents.

POUR CO NSTRUIRE LE RSUMSolliciter les lves pour quils trouvent les mots-cls de la leon. Par exemple, hominids, australopithques, Homo habilis, Homo erectus, homme de Neandertal, Homo sapiens. Mettre en commun les rponses et crire ensemble le rsum de cette squence.

Activit possibleSe reporter Fouiller la manire de un archologue pp. 20-21 du manuel de llve.

BIBLIOGRAPHIE Y. Coppens et P. Picq, Aux origines de lhumanit. De lapparition de la vie lhomme moderne (vol. 1). Le propre de lhomme (vol. 2), Fayard, 2001. C.-L. Gallien, Homo Histoire plurielle dun genre trs singulier, PUF, 2002. A. Beauvilain, Touma, laventure humaine, d. de la Table Ronde, 2003.

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FO UILLER LA M ANIRE DE UN ARCHOLO GUEPages 20 et 21 du dossier

Rfrence aux Instructions officiellesAu cycle des approfondissements, llve continue acqurir les bases de son ducation. Il entre dans une phase de son dveloppement psychologique qui lui permet de construire des connaissances de manire plus rflchie, de sapproprier des instruments intellectuels plus assurs. La pdagogie du cycle 3 ne doit pas se replier sur une conception abstraite et formelle de laccs aux connaissances. Elle reste appuye sur lexprience concrte. L objectif de lhistoire est de mettre en place les repres qui permettent llve de se situer dans le temps et dans lespace, de comprendre les informations qui circulent autour de lui et de stabiliser une culture commune. L enseignement de lhistoire repose sur la dcouverte du document adapt lge des enfants.

Comptences tre capable dlaborer et crire un texte en respectant les contraintes orthographiques, syntaxiques, lexicales et de prsentation. tre capable dutiliser correctement le lexique spcifique de lhistoire dans les diffrentes situations didactiques mises en jeu. tre capable de participer lexamen collectif dun document historique en justifiant son point de vue. tre capable de noter les informations dgages pendant lexamen dun document et de rdiger une courte synthse partir des informations notes pendant la leon.

Lexploitation pdagogique en classeL archologie est la science qui tudie les traces laisses par les anciennes civilisations. Le terme archologie vient du grec archaios, qui signifie ancien , et logos, le discours . L archologue est le scientifique qui tudie, grce aux objets dcouverts pendant les fouilles, la vie des civilisations passes. La recherche des traces du pass dbute en Italie au XVe sicle. Les fouilles ont alors pour but de retrouver des uvres dart de la priode romaine. Ce nest quau XIXe sicle que larchologie obtient vritablement le statut de science. Les archologues travaillent sur trois sortes de chantiers, qualifis diffremment selon le but et la nature des fouilles : les chantiers de fouilles prventives : ces chantiers sont effectus avant quun terrain soit transform en route ou en habitations pour vrifier quil ny a pas de traces archologiques dans le sous-sol ; les chantiers de sauvetage : ces fouilles sont pratiques lorsquun site archologique est dcouvert par hasard. Les archologues interviennent pour explorer les lieux ; les chantiers programms : ils sont raliss aprs tude dun lieu prsumant des restes de civilisations passes.

La mise en place dun carroyage (photo 1)Ce quadrillage de cordes permet de crer des carrs, qui sont nomms comme dans un tableau double entre, cest--dire par une lettre et un chiffre. Ce quadrillage permet aux archologues de codifier leurs dcouvertes.

Le dcapage du sol et la fouille des carrs (photo 2) laide doutils comme la truelle, les archologues retirent la partie suprieure du sol. Pour travailler, ils suivent les diffrentes couches de terrain qui, selon leur ge et leur structure, sont de couleurs diffrentes. La terre qui est retire est ensuite passe dans des tamis pour recueillir les petits lments.

La dcouverte dun vestige (photo 3)Quand un objet est dcouvert, il faut le dgager en finissant denlever la terre autour. Plus on sapproche de lobjet, plus les outils de larchologue deviennent prcis (pinceau, brosse). Garder une trace de lobjet dans son contexte est ncessaire. Cest pourquoi larchologue dessine, mesure et photographie lobjet avant mme dy toucher. Il va aussi noter ce qui se trouve autour. Ces informations vont lui permettre dmettre plus tard une hypothse sur lutilit de lobjet.

Lanalyse des vestiges (photos 4 et 5)Suite ce travail pralable, lobjet est enfin retir du sol. Il est rang dans un sac ou une bote ; chaque contenant est numrot laide des cotes du carroyage de cordes. L objet est prt tre analys par les scientifiques pour en dterminer la nature, la fonction ou pour tre reconstitu.

Activit 1 : Je dcouvre la fouille dun site archologique Lorsque le lieu de fouilles a t dfini, les archologues peuvent commencer leur travail. Leur tche se dcompose en plusieurs tapes prcises.

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Activit 2 : Je ralise un reportage sur le site dIsernia-la-Pineta L activit peut tre envisage selon diverses possibilits : 1. les lves rdigent leur article individuellement ou collectivement, soit en suivant le plan en trois parties demand dans le manuel, soit aprs une phase orale qui aura permis de lister les mots ncessaires lcriture ; 2. les lves sont diviss en trois groupes chargs de rdiger chacun une partie de larticle en suivant le plan en trois parties demand dans le manuel ; les trois parties sont ensuite mises en commun et lues en classe ; 3. aprs une phase orale qui aura permis de lister les mots ncessaires lcriture, les lves sont diviss en plusieurs groupes ; chaque groupe rdige un article, puis tous les articles sont lus devant la classe. Les lves pourront dbattre pour choisir le meilleur article. Cette forme de travail peut amener un dbat en classe.

BIBLIOGRAPHIE R. Pigeaud, Comment reconstituer la Prhistoire, coll. Bulles de sciences , EDP Sciences, 2007. R. Pigeaud, Le Dico de la Prhistoire, coll. La Martinire Jeunesse , La Martinire, 2005. J. Gaff, La Prhistoire : quand ? o ? comment ?, coll. Questions-Rponses 6/9 ans , Nathan, 2005. J. Malaterre, Homo sapiens, DVD daprs le film, 2005.

SITES http://www.hominides.com Ce site propose de nombreuses informations sur la Prhistoire et recense les diffrents muses ou parcs sur la Prhistoire. http://www.tautavel.culture.gouv.fr Un site consacr lhomme de Tautavel sous une forme ludique : visite de la grotte, jeux http://perso.orange.fr/palladia/prehistoire/page2.htm Un site gnraliste avec une chronologie simplifie pour ceux qui sy perdent !

Pour aller plus loinLes diffrents articles raliss par les lves pourront ensuite tre publis dans le journal de lcole. Le travail dcriture peut se poursuivre par la dcouverte du mtier de journaliste. Les lves pourront visiter un champ de fouilles ou bien visiter un muse montrant des restes de fouilles.

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LES PRO GRS DE L H U M ANITPages 22 27 du dossier

Rfrence aux Instructions officiellesCest par la culture matrielle, cest--dire ltude des actions et des objets quun groupe choisit daccomplir ou de produire pour rpondre ses besoins, que lon peut approcher au mieux les populations de la Prhistoire. Ces actions et objets rvlent des connaissances techniques, des habitudes gestuelles, des stratgies, des croyances. Ils tmoignent dactivits matrielles simples : laction de lhomme pour se nourrir, sabriter, se chauffer Ces activits situent les hommes un niveau defficacit qui se mesure. On sait par exemple quil a fallu des centaines de milliers dannes pour perfectionner et diversifier les outillages ; on retrouve des foyers qui attestent de la matrise du feu depuis au moins 500 000 ans.

Comptences Distinguer les grandes priodes prhistoriques et pouvoir les situer chronologiquement. Connatre quelques productions techniques et comprendre leur volution dans le temps. Comprendre limportance de la matrise du feu dans la vie des populations.

PhotoficheVoir la photofiche p. 52.

Q UAN D LE FEU APPARAT-IL ?Le contexte historiqueLes documents matriels qui concernent la Prhistoire sont peu varis : ce sont ceux qui ont rsist la destruction naturelle. Les objets en matire lithique sont les plus nombreux. La matire animale (ossements, bois de cervids, ivoire, dents) est plus fragile ; les restes de la faune consomme et la production dobjets de cette matire sont donc trs peu nombreux. La flore utilise sous forme de rcipients ou de hampes de jet en bois, par exemple, ne laisse pas de traces, sauf quelques fragments brls dans les foyers. Les tourbes, qui conservent si bien le bois vgtal des poques plus rcentes, ne sont pas suffisamment dveloppes avant le Nolithique pour fournir des documents plus anciens. La quasi-totalit des documents matriels est retrouve enfouie dans les dpts, en grottes ou en plein air, sous les sdiments qui les ont conservs. Une exception concerne les parois dcores des grottes qui ont t protges par la stabilit de lenvironnement souterrain.

Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : document 1 p. 22Le feu se gnralise vers 500 000 avant J.-C. Faire observer le document 1 p. 22 et faire rpondre aux questions 1, 2, 3 et 4. ce jour, en France, les plus anciennes traces de vie humaine remontent 950 000 ans.

Ce sont les documents matriels de la grotte du Vallonet, proche de Roquebrune-Cap-Martin dans les AlpesMaritimes. La plus ancienne face actuellement connue en Europe est date de 450 000 ans. Cest celle de lhomme de Tautavel1 (Pyrnes-Orientales). Elle est marque par des caractres acquis qui la placeraient au dbut de la ligne nandertalienne2, dont le squelette de rfrence a t dcouvert en Allemagne, prs de Dsseldorf, en 1856 (question 1). La grotte de Tautavel est clbre pour lanciennet de ses dpts. Par exemple, le sol G situ la base de lensemble III est dat de 450 000 ans, le sol F sus-jacent de 220 000 ans. Le prhistorien Henri de Lumley y a dcouvert, partir de 1969, de nombreux fossiles humains (70 au total) dont certains ont permis de reconstituer le crne et le squelette dun jeune adulte Homo heidelbergensis, nomm ainsi daprs des restes trouvs en Allemagne, prs de Heidelberg, en 19073. Son quipe a exhum une mandibule fminine qui devait appartenir une femme ge de 45 50 ans, soit le maximum de lesprance de vie moyenne la naissance. Les ossements denfants en bas ge ont permis dvaluer limpact de la mortalit infantile sur le processus de reproduction du groupe. Au total, les fouilles ont exhum 20 000 objets puiss dans 15 mtres de sdiments. Par exemple, loutillage des sols G et F est compos dclats bruts de silex. Le sol E du sommet de lensemble III livre des bifaces et des racloirs, industrie beaucoup plus tardive. Les sols doccupation gardent les traces de foyers. On sait que le feu, domestiqu vers 600 000 avant J.-C., se gnralise vers 500 000 avant J.-C. Homo erectus, Homo neanderthalensis et Homo heidelbergensis connaissaient donc le feu (questions 2, 3 et 4).

1. Se reporter au manuel de llve, chapitre Les premiers tres humains , Sur les traces des premiers hommes , document 3 p. 16. 2. Se reporter au manuel de llve, chapitre Les premiers tres humains , Sur les traces des premiers hommes , document 4 p. 17. 3. Cette espce serait lanctre la fois des hommes de Neandertal et des Homo sapiens. Elle aurait occup toute lAfrique et toute lEurope, laissant lAsie aux Homo erectus.

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Activit 2 : documents 2, 3 et 4 p. 23L habitation est organise partir du foyer. Lorsque les objets ont conserv la position de leur abandon, ils forment un ensemble cohrent et distribu sur un plan appel sol doccupation . La recherche dun sol doccupation dpend des conditions de conservation : le sol ne doit pas tre trop drang, les objets ne doivent pas tre dplacs, le niveau doit tre suffisamment intact. Les sols situs en bord de rivire (par exemple, les campements magdalniens4 dtiolles, de Marsangy, de Pincevent et de Verberie dans le Bassin parisien), recouverts rapidement par les dpts de crues, offrent ces qualits. La mise en vidence dun sol o est conserve la disposition dorigine des objets abandonns constitue le meilleur des documents matriels, celui qui est exploit par le prhistorien comme une partie de l habitation dun groupe. L habitation est organise partir du foyer, qui concentre les activits des occupants (dbitage du silex, travail au burin, entretien du feu), comme Terra Amata. Faire confronter les documents 2 et 3 p. 23 et faire rpondre aux questions 5, 6, 7 et 8. Terra Amata est un campement de plein air sur une ancienne plage marine. Il est situ Nice, au pied du mont Boron (question 5). En 1965, larchologue Henry de Lumley y dcouvre les traces dun foyer (question 6). La stratigraphie mise en vidence des couches successives montre que des sols ont t occups par les populations prhistoriques. On y a retrouv des traces dune habitation de plein air monte par des Homo erectus dates de 380 000 ans : 1. la hutte de branchages tait soutenue par des poteaux, cals par des pierres ; 2. le feu conserv tait situ au centre de la cabane, enfonc dans le sable et protg par un muret de galets ; 3. la production lithique est compose de galets amnags, de racloirs, dencoches et de pointes de flches (questions 7 et 8). Les premiers utilisateurs du feu sont les Homo erectus. Faire observer le document 4 p. 23 et faire rpondre aux questions 9 et 10. On distingue trois grandes mthodes pour faire du feu (question 9) : percuter un morceau de silex sur un bloc de pyrite ou de marcassite : ltincelle produite est assez forte et assez chaude pour embraser un combustible tel lamadou, tir de champignons parasites des troncs darbre. Cette technique pourrait dater du Palolithique suprieur, entre 30000 et 10000 avant J.-C. Mais il est impossible de produire du feu en frottant deux morceaux de silex lun contre lautre, les tincelles ntant ni volatiles ni chaudes ; faire tourner une baguette (ou un archet) sur une planchette dans laquelle une encoche est amnage : la sciure plus ou moins carbonise se dpose dans lencoche et sy accumule avant de sembraser la chaleur. Avec la braise ainsi obtenue, il est facile denflammer de lherbe sche. Cette deuxime mthode daterait du Nolithique, vers 10000 avant J.-C. ; frotter un morceau de bois affin contre un bois plus tendre et souffler sur les braises obtenues en ajoutant des herbes sches, par exemple (question 10).

Q UELS SO NT LES PREMIERS PROGRS DE LH UMANIT ?Lexploitation pdagogique des documents en classe Activit 1 : documents 1 et 2 p. 24La matire premire de loutillage est la pierre. Les roches ne ragissent pas de la mme manire laction humaine. Faire lire le document 1 p. 24 et faire rpondre aux questions 1, 2 et 3. Ce sont par exemple les roches cassantes (silex, calcdoine, jaspe, obsidienne, chaille) ; on en trouve partout, aux flancs des valles ou dans les alluvions des rivires (question 2). Elles ont une texture qui se fracture aux chocs ; la percussion provoque le dtachement dun clat, dont lemplacement, la forme, lpaisseur, la longueur sont ajustables (question 1). Il existe plusieurs formes de percussions : percussion lance directe quand un percuteur vient frapper le bloc la vole, percussion lance indirecte quand une pice intermdiaire est place entre le bloc et le percuteur, et percussion sur enclume, o le bloc, pos sur un percuteur fixe, reoit une des deux percussions dcrites cidessus. Dabord, le percuteur est un simple galet, puis les tailleurs remarquent que la masse et la duret du percuteur influencent le rsultat plus que la force applique. Ainsi, on distingue des percuteurs durs en pierre (galets, rognons de silex) et des percuteurs tendres en bois de cervid ou en bois vgtal. Le fragment dtach par la percussion est reconnaissable : il possde deux faces, dont lune, le revers, cest--dire le ct situ lintrieur du bloc, est lisse, juste marque par les ondulations laisses par londe de choc. Les clats ont des bords parallles, une paisseur rgulire et relativement faible, et une longueur qui, en principe, dpasse le double de la largeur. Les clats peuvent tre de simples dchets ou constituer le but mme de laction de dbitage. Ces derniers sont faonns en outils ou en armes (question 3). Le nuclus est le bloc qui est percut. Il conserve sur le plan de frappe (surface percute) le ngatif de lenlvement qui va permettre de retrouver la technique de dbitage. Faire observer le document 2 p. 24 et faire rpondre aux questions 4, 5 et 6. Deux remarques : lclat se dtache facilement lorsque le coup est port sur une arte. Elle a lavantage de prsenter une surface trs rduite et donc de concentrer en un point la pntration de londe de choc ; la puissance de londe de choc dpend de langle que forme le plan de frappe avec la surface de dtachement (ou table denlvement). La combinaison de ces deux observations va aboutir donner au nuclus une forme qui favorise la permanence des artes et la bonne angulation. Les premiers outils sont taills par Homo habilis (question 4). Les premiers nuclus ou choppers sont des galets percuts par dau-

4. Culture prhistorique qui sest dveloppe entre 15000 et 10000 avant J.-C. en France, en Espagne, en Suisse et en Allemagne.

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tres galets. Le chopper est grossirement taill sur un ct grce au percuteur, qui, par une srie de chocs ports selon un angle de 45 degrs, fait voler des clats et dgage un bord tranchant irrgulier. Homo erectus apprend tailler des galets de plus en plus perfectionns (question 5) : des bifaces ou des galets entirement taills sur les deux faces, ce qui aboutit une forme triangulaire de 5 30 cm de hauteur. Les bifaces servent de couteaux pour dpecer le gibier ; ce sont aussi des outils en forme de scie ou dont lencoche permet daffiner une sagaie (question 6). L outillage des Homo erectus est qualifi d acheulen . Ce nom est li celui du site de SaintAcheul dans la valle de la Somme, o Gabriel de Mortillet dcrivit en 1872 une industrie ancienne bifaces. Par extension, tous les outillages bifaces sont dits acheulens .

une pointe, dentretenir le bord actif dun outil qui smousse lusage, de transformer un outil us en un autre outil

Activit 3 : document 5 p. 25Comment les Homo sapiens assurent-ils leur survie ? Faire observer le document 5 p. 25 et faire rpondre la question 10. 1. L image montre une grotte. On sait quil existe des habitations en abris-sous-roche ou en grottes. Ailleurs, de nombreux gisements sont connus sur les plateaux, en plein air, mais sans comparaison avec le nombre de ceux tablis dans les cavits naturelles. Pour apprcier les causes du choix du lieu, il faudrait connatre le palopaysage, le rgime hydrographique, la constitution du sol, la disponibilit en matires lithiques, la flore et la faune. Pour mieux les apprcier encore, il est ncessaire de situer dans le temps lpoque de linstallation, de connatre la saison de lanne pendant laquelle a fonctionn linstallation et la dure de ce fonctionnement. 2. L image montre aussi un environnement les prhistoriens prfrent le terme habitat : lhabitat est considr comme le milieu favorable. Par exemple, lhabitat des australopithques correspond une zone de savane arbore. Ds le moment o Homo erectus quitte lAfrique de lEst, il est confront des climats de plus en plus froids et secs. Ses possibilits thermiques biologiques lhomme est un homotherme peau nue et ses capacits intellectuelles croissantes lui assurent un vaste potentiel dadaptation aux conditions climatiques. 3. Cest pourquoi lhabitat humain se libre trs tt des contraintes de la nature. La matrise du feu, lart du dpeage pour obtenir des fourrures, lalimentation carne et lhabitation couverte permettent la survie pendant les crises des glaciations quaternaires (question 10). La chasse peut commencer simplement par le dsir dattraper, de tuer, de se protger, avant que stablisse le rapport troit avec la subsistance. Les australopithques nont sans doute pas beaucoup pratiqu la chasse, du moins aux lphants ou aux rhinocros. Les petites espces, plus accessibles tant donn la mdiocrit de larmement, ont sans doute t chasses plus souvent que les grands mammifres. Seulement, leurs restes fragiles ne se conservent pas. Cest pourquoi ltude de la chasse prhistorique en Europe concerne essentiellement les bisons, les chevaux, les aurochs, les mammouths, les bouquetins, les cerfs et les rennes. Au Palolithique moyen, la chasse devient une habitude organise. Dans certains gisements, les espces sont varies et nombreuses. Par exemple, dans la grotte du Lazaret, les occupants ont laiss les restes osseux des lphants, rhinocros, aurochs, chevaux, cerfs et bouquetins quils ont chasss. Ailleurs, au contraire, un seul animal a t lobjet dune chasse intensive : le dpt dAridos en Espagne tmoigne de traces de dcoupage dossements dlphants. Mais il est difficile de suivre une volution dans le comportement humain qui sorienterait vers une planification de chasse collective des grands mammifres.

Activit 2 : documents 3 et 4 pp. 24-25Les techniques de dbitage progressent. Les besoins en armes et en outils deviennent plus exigeants au fur et mesure que les besoins des Homo neanderthalensis se dveloppent. Faire observer le document 3 p. 24 et faire rpondre la question 7. Une recherche empirique de la production dclats de silex plus grands et plus plats aboutit la mise au point dune technique complexe : la technique Levallois, daprs les outils trouvs Levallois dans la banlieue de Paris (question 7). Les plus anciens vestiges de cette technique sont dats de 200 000 ans ! L ide nouvelle est de prformer le nuclus en vue du produit recherch. Aprs avoir t des clats successifs laide dun percuteur tendre et aprs avoir ainsi faonn un plan de frappe appropri, lhomme dbite un grand clat dun seul coup. Il obtient ainsi un grand outil mince, dit clat Levallois , dont une face porte les traces du travail prparatoire et lautre est bien plate. Il ne lui reste plus qu pratiquer des retouches sur le tranchant en fonction de lusage venir. On attribue Homo sapiens ltape essentielle qui consiste repenser la technique de dbitage en vue de combiner le besoin en produits longs et plats avec celui de la rentabilit. L un des objectifs est lobtention en srie des supports (lame, clat ou bloc), qui sont des prformes en attente dtre faonnes en outils ou en armes. Quelques-unes de ces productions sont encore utilises aujourdhui : le burin, le peroir et la harpon, par exemple (question 8). Faire observer le document 4 p. 25 et faire rpondre la question 9. Si possible, la srie doit tre de forme et de dimensions homognes car les outils et les armes sont maintenant emmanchs et il est plus facile de produire des outils et des armes pour manche interchangeable que dadapter les manches chaque outil et chaque arme. La sagaie, le propulseur et le harpon, qui sont des armes de jet, ou le racloir pour dcouper les peaux danimaux en sont des exemples (question 9). La forme du support influence grandement celle de loutil ou de larme, bien que la retouche soit un moyen de mise en forme matris par Homo sapiens. La retouche sexerce par de petits coups ajusts lemplacement modifier sur le support. La retouche permet aussi dobtenir des bords coupants plus pais, donc plus solides pour

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