36
1 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION DOSSIER PÉDAGOGIQUE CHAPITRE I : HISTORIQUE a. La liberté de conscience, ancêtre de la liberté d’expression. PAGE 3 b. La traduction juridique : les déclarations française et américaine. PAGE 5 n La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. PAGE 5 n Le Bill of right américain. PAGE 5 n Le XIX e et XX e siècle : une liberté mondiale. PAGE 5 c. La liberté d’expression aujourd’hui. PAGE 6 CHAPITRE II : DÉFINITION DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION a. Une liberté fondamentale. PAGE 7 b. Les limites. PAGE 7 c. Conclusion : des États qui mettent des limites, des États qui en abusent. PAGE 8 INTRODUCTION Le droit à la liberté d’expression est une clé de voûte de l’épanouissement personnel de chaque individu. PAGE 2 CONCLUSION Le droit à la liberté d’expression est une clé de voûte de l’épanouissement personnel de chaque individu. PAGE 28 BIBLIO Livres, cinéma, internet. PAGE 34 CHAPITRE VI : LES OBLIGATIONS DES ÉTATS a. Respecter, protéger, mettre en œuvre. PAGE 24 b. Conclusion. PAGE 25 COLOPHON Dossier pédagogique réalisé par Nina Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices réalisé par Nancy Massart (niveau débutant), De Henau Yannick (niveau intermédiaire), Véronique Kirszbaum (niveau avancé). Un tout grand merci pour leur aide précieuse à Jenny Vanderlinden, Cécile Rolin, Pierre-François Docquir, Georges Legrain, Althea Williams, Julie Robeet, Philippe Hensmans. Mise en page et illustrations : Vincent Rifflart (RIF). Septembre 2011. CHAPITRE IV : LES MOYENS DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION a. Des outils pour se faire entendre. PAGE 15 b. Les médias, « chiens de garde de la démocratie ? » PAGE 16 c. Conclusion. PAGE 17 LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ANNEXES Turquie : « La liberté d’expression doit être fondamentale ». PAGE 29 Guinée : « Un peuple sans liberté d’expression est un peuple opprimé ». PAGE 30 États-unis : « Ne pas aborder des thèmes… sous peine de sanction ». PAGE 31 Népal : « Beaucoup de choses sont cachées à la population ». PAGE 32 Myanmar : « Ever think just how you could be true to yourself ». PAGE 33 CHAPITRE III : LES DIFFÉRENTS ASPECTS DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION a. La liberté d’opinion. PAGE 10 b. Le droit à l’information. n Le droit de savoir. PAGE 13 n Le droit de recevoir. des informations. PAGE 14 n Le droit de diffuser des information. PAGE 14 CHAPITRE V : LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE COMMUNICATION ET D’INFORMATION a. Les nouvelles technologies, un bien ou un mal pour nos sociétés ? PAGE 20 n Les bienfaits. PAGE 20 n Les méfaits. PAGE 22 b. L’éducation aux médias pour une meilleure utilisation des TIC. PAGE 23

DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

1 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

DOSS

IER

PÉDA

GOGI

QUE

CHAPITRE I : HISTORIQUEa. La liberté de conscience, ancêtre de la liberté d’expression.

PAGE 3b. La traduction juridique : les déclarations française et

américaine. PAGE 5n La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. PAGE 5n Le Bill of right américain. PAGE 5n Le XIXe et XXe siècle : une liberté mondiale. PAGE 5

c. La liberté d’expression aujourd’hui. PAGE 6

CHAPITRE II :DÉFINITION DE LALIBERTÉ D’EXPRESSION a. Une liberté

fondamentale. PAGE 7b. Les limites. PAGE 7c. Conclusion : des États qui

mettent des limites, des Étatsqui en abusent. PAGE 8

INTRODUCTION Le droit à la libertéd’expression est uneclé de voûte del’épanouissementpersonnel de chaqueindividu. PAGE 2

CONCLUSIONLe droit à la libertéd’expression est une clé devoûte de l’épanouissementpersonnel de chaqueindividu. PAGE 28

BIBLIOLivres, cinéma, internet. PAGE 34

CHAPITRE VI : LESOBLIGATIONS DES ÉTATSa. Respecter, protéger, mettre

en œuvre. PAGE 24b. Conclusion. PAGE 25

COLOPHON Dossier pédagogique réalisé par NinaKarcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir.

Dossier d’exercices réalisé par NancyMassart (niveau débutant), De HenauYannick (niveau intermédiaire), Véronique Kirszbaum (niveau avancé).

Un tout grand merci pour leur aideprécieuse à Jenny Vanderlinden, CécileRolin, Pierre-François Docquir, GeorgesLegrain, Althea Williams, Julie Robeet,Philippe Hensmans.

Mise en page et illustrations : VincentRifflart (RIF).

Septembre 2011.

CHAPITRE IV : LESMOYENS DE LALIBERTÉD’EXPRESSIONa. Des outils pour se faire

entendre. PAGE 15b. Les médias, « chiens de

garde de ladémocratie ? » PAGE 16

c. Conclusion. PAGE 17

LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

ANNEXES

Turquie : « La liberté d’expression doit êtrefondamentale ». PAGE 29Guinée : « Un peuple sans liberté d’expression estun peuple opprimé ». PAGE 30États-unis : « Ne pas aborder des thèmes… souspeine de sanction ». PAGE 31Népal : « Beaucoup de choses sont cachées à lapopulation ». PAGE 32Myanmar : « Ever think just how you could be true to yourself ». PAGE 33

CHAPITRE III : LESDIFFÉRENTS ASPECTS DE LALIBERTÉ D’EXPRESSION a. La liberté d’opinion. PAGE 10b. Le droit à l’information.

n Le droit de savoir. PAGE 13n Le droit de recevoir.

des informations. PAGE 14n Le droit de diffuser

des information. PAGE 14

CHAPITRE V : LES NOUVELLESTECHNOLOGIES DE COMMUNICATION ETD’INFORMATION a. Les nouvelles technologies, un bien ou un mal pour

nos sociétés ? PAGE 20n Les bienfaits. PAGE 20n Les méfaits. PAGE 22

b. L’éducation aux médias pour une meilleureutilisation des TIC. PAGE 23

Page 2: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

2 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Dans le système scolaire belge, les enseignants sont toujours à larecherche de moyens de mettre en œuvre la liberté d’expression.Par le biais d’exercices, de l’expression scénique, de dissertations...

les jeunes sont souvent invités à utiliser les mots, les arguments, leurcorps pour se former et exprimer une idée, une opinion. Ils reçoivent lesoutils pour devenir les citoyens responsables de demain.

Le droit à la liberté d’expression est une clé de voûte de l’épanouissementpersonnel de chaque individu. Cette liberté ne comprend pas seulementle droit de chacun d’exprimer sa pensée, ses idées, ses croyances, ellereprend également l’importance du droit à être informé et à pouvoirdiffuser. Elle conditionne l’exercice de toute une série d’autres droitsfondamentaux. Sans une solide garantie du droit à la liberté d’expression,il ne saurait y avoir de démocratie. Comme le disait Jules Romains dansson ouvrage Les gens de bonne volonté, « une démocratie c’est d’abordça : une façon de vivre où les gens osent se communiquer les chosesimportantes, où ils se sentent en droit de parler comme des adultes, etnon comme des enfants dissimulés ».

Récemment, lors des révolutions arabes, nous avons vu l’impact desnouveaux réseaux numériques, tels Facebook, sur les sociétés. Depuisquelques décennies, les outils de communication ont évolué. Les

nouvelles générations sont confrontées dès leur plus jeune âge àl’utilisation d’Internet, des GSM et d’autres. outils C’est pourquoi, nousdésirons via ce dossier aborder des points tels que les limites, les facetteset les moyens de la liberté d’expression.

Le droit à la liberté d’expression est un droit fondamental qui a sa placedans tous les textes internationaux relatifs aux droits humains. Depuisses débuts, Amnesty fait campagne pour les prisonniers d’opinion, lespersonnes détenues en raison de leurs convictions, de leurs origines, deleur orientation sexuelle... Elle lutte pour ces personnes qui sont endanger au nom de la liberté d’expression.

Enfin nous reviendrons sur le rôle de l’État à qui il incombe de tout mettreen œuvre pour la concrétisation de ce droit.

Ce dossier théorique est accompagné d’un dossier d’exercices, rédigépar des enseignants. Il vous permettra de découvrir des pistespédagogiques afin d’exploiter au maximum la thématique avec votreclasse.

Nous vous souhaitons d’ores et déjà une bonne lecture et un bon travail.

INTRODUCTION

Page 3: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

3 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

CHAPITRE I : HISTORIQUE

A. LA LIBERTÉ DECONSCIENCE, ANCÊTRE DELA LIBERTÉ D’EXPRESSIONDe nos jours en Europe, la liberté d’expression nous apparaît comme undroit acquis. L’histoire de sa conquête fut pourtant longue et seméed’embûches.

LA CONTROVERSE DE VALLADOLID ET L’ÉMERGENCE DESDROITS HUMAINSTout commença à la fin du XVe siècle. Les colons espagnols envahissentles Amériques se livrant au massacre sans merci des populations indi-gènes. Les missionnaires de l’Église catholique, émus par le sort réservéaux populations indigènes, engagent une discussion sur la notion d’hu-manité. Ce débat appelé Controverse de Valladolid, oppose Juan Ginesde Sepulveda (1490-1573), théologien espagnol, à Bartolomé de LasCasas (1474-1566), prêtre dominicain.

Le premier estime que les Indiensdoivent être mis sous la tutelle desEspagnols pour leur propre bien, cardit-il, leur civilisation mène à des pra-tiques antinaturelles.

Las Casas, quant à lui, réplique endémontrant la rationalité des civilisa-tions indiennes et affirme que leurscoutumes ne sont pas plus cruellesque celles pratiquées dans le passéen Espagne.

Ce débat aboutit à la victoire théorique de Las Casas et débouche surla reconnaissance de l’existence d’un genre humain. Ce nouveauconcept détermine ainsi l’idée de l’existence d’une nature humaine, etdonc d’une âme, en soulignant que les humains ont en commun un cer-tain nombre de caractéristiques essentielles et un comportementspécifique qui les différencient des animaux. Les hommes partageant lamême nature, ont alors les mêmes droits tels que l’égalité ou la liberté.C’est l’émergence de la notion de droit des gens, un droit nouveau quis’applique à tous les hommes parce qu’ils sont hommes, indépendam-ment des États qui les gouvernent : les « futurs droits humains ».

Bien que cette nouvelle approche apporte une évolution notable sur lepan théorique, dans la pratique bien peu de choses changent. LesIndiens sont en principe mieux traités mais les colons commencent alorsun trafic nouveau amenant dans les colonies américaines des esclavesnoirs venus d’Afrique.

LES GUERRES DE RELIGION ET LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

La liberté de conscience c’est la libertéde penser différemment de la majorité.

Il faut attendre le début du XVIe sièclepour qu’en Europe des voix s’élèventpour réclamer la liberté de conscience.Les abus auxquels se livre l’Église catho-lique sont à l’origine d’un schisme ausein même de la chrétienté. L’émer-gence de la réforme protestante entraîneun important bouleversement dans uneEurope très catholique. Les guerres quiéclatent alors sont longues et acharnées.Rappelons-nous le 24 août 1572, le

Bartolomé de Las Casas. Édit de Nantes, 1598.

Page 4: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

4 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

massacre de la Saint Barthélémy (ou le massacre de protestants) quis’est prolongé pendant plusieurs jours dans Paris, puis s’est étendu àplus d’une vingtaine de villes durant les semaines suivantes.

Pour la première fois, un nombre non négligeable de personnes reven-diquent la liberté de conscience, en d’autres termes, la liberté de choixdes valeurs et principes qui allaient conduire leur existence.

En 1598, la France, pour retrouver la paix, va se voir obligée d’accorderla liberté de culte à ses citoyens par l’Édit de Nantes.

La liberté de conscience est souvent vue comme ancêtre de la libertéd’expression, bien qu’aujourd’hui dans le droit, les deux notions soientséparées. Cependant, bien que l’Édit de Nantes ait été un texte juridique,sa portée est quasiment nulle et l’arrivée au pouvoir de monarques abso-lus marque un net recul des libertés en France et dans le reste del’Europe.

Un élément est tou-tefois essentiel pourle succès de la ré-forme protestante : ledéveloppement del’imprimerie. Celle-cirend possible la dif-fusion à grandeéchelle de la Bible enlangue véhiculaire,idée-phare des réfor-

mateurs. Elle permet également dans toute l’Europe, la production phé-noménale de diatribes et libelles polémiques mettant sur la placepublique un différend qui restait auparavant réservé aux classes diri-geantes.

L’Éloge de la Folie d’Erasme a été décrit comme un des catalyseurs dela Réforme. L’auteur s’y adonne à une satire de son époque, entre autres

de l’Église catholique et de la société humaine en général. Il y dénoncepar exemple la manipulation du peuple par les religieux : « Je reconnaisauthentiquement de notre farine ceux qui se plaisent à écouter ou àconter de mensongères et monstrueuses histoires de miracles. (…) Cesrécits, d’ailleurs, ne servent pas seulement à charmer l’ennui desheures ; ils produisent quelque profit, et tout au bénéfice des prêtres etdes prédicateurs. » Les temps changent. Voyant leur stabilité menacéepar cette nouvelle profusion d’idées à grande échelle, les autorités poli-tiques et religieuses des pays européens, par l’intermédiaire de lapapauté, mettent en place un système sévère de censure. Tout écrit oudéclaration publique est désormais soumis à un contrôle strict. Il revientaux autorités de décider ce qui peut ou ne peut pas se dire.

L’Église, voyant son pouvoir contesté, cherche à établir un contrôle préa-lable, soumettant les imprimeurs à l’obligation de transmettre lesmanuscrits au clergé avant de les imprimer. À partir du début du XVIIe

siècle, avec la montée de l’absolutisme monarchique en Europe occi-dentale, la censure ecclésiastique est progressivement remplacée parune censure de l’État. La monarchie absolue est un régime dans lequelle roi de droit divin contrôle tout et gouverne seul. Tous les écrits doiventfaire l’objet d’une autorisation préalable, qui peut être refusée par l’ad-ministration de façon arbitraire. Il incombe au directeur de l’imprimeriede veiller à la bonne application des mesures de censure. Lorsqu’unouvrage est publié sans autorisation, des poursuites peuvent être enga-gées contre l’auteur qui peut être condamné. En France, les lettres decachet facilitent les arrestations arbitraires, dont la Bastille est devenuele symbole. Voltaire est enfermé plusieurs fois dans la prison parisiennepour avoir porté offense au régent, le Duc d’Orléans. La nécessité d’uneautorisation préalable à l’impression reste la règle fondamentale pendantla majeure partie XVIIIe siècle. Aussi, les grands ouvrages de cetteépoque seront publiés à l’étranger. Montesquieu, Voltaire, Rousseau sefont imprimer en Suisse, en Hollande, en Angleterre. Des ouvrages sontintroduits en contrebande via la Hollande. L’Encyclopédie, que Diderotet D’Alembert tentent de publier sur le territoire français, est interdite àplusieurs reprises.

Presse xylographique à bras en bois.

LE SAVIEZ-VOUS ?L’essor de l’édition qui paraît être avant tout un phénomèneculturel se développe aussi comme un véritable marché. L’uti-lisation des caractères mobiles commence en 1450 dans la

région de Mayence en Allemagne sous l’égide de Gutenberg. Mais ce n’estqu’en 1470 que la première presse s’installe à Paris. Les réactions face à lanouvelle invention sont alors mitigées. Alors que certains s’émerveillent de-vant cette fantastique opportunité de diffuser des écrits, d’autres la consi-dèrent comme « diabolique ».

Les presses se diffusent néanmoins de plus en plus vite entraînant une dé-mocratisation du prix des ouvrages. La première période de 1450 à 1490est surtout productrice de livres religieux. Le marché est alors très libre.Dès la fin du XVe siècle, il faut cependant se résoudre à le limiter pourcontrer les contrefaçons et autres abus. L’éditeur Dolet, ami de Rabelais,n’a par exemple pas hésité à publier Gargantua sans l’accord de l’auteur.

On estime que le tirage moyen d’un livre au début du XVIe siècle devait sesituer entre 1000 et 1500 exemplaires. Pour aller à la rencontre de leurclientèle, les éditeurs utilisent des facteurs qui voyagent de bourg en bourgpour représenter les maisons d’édition. Les foires sont un moyen supplé-mentaire de diffusion. Dans les campagnes, la sensibilisation passe par lecolporteur et porte surtout sur deux types d’ouvrages : la littérature popu-laire et la propagande pour la Réforme.

?

LE SAVIEZ-VOUS ?L’origine du terme « censure » remonte à la création duposte de censeur, chargé de contrôler les mœurs, à Rome en443 Av. JC. La première loi sur la censure est instaurée en

Chine en 300. Le plus célèbre cas de censure de l’Antiquité est celui de So-crate condamné à boire la ciguë pour avoir « incité les jeunes à la dé-bauche ». La condamnation du blasphème est un thème central pour lesreligions monothéistes. Cependant, les censures ne suffisent pas et lenombre d’ouvrages illicites, écrits et copiés, explose et échappe aucontrôle de l’Église.Avec l’arrivée de l’imprimerie, les autoritésciviles et religieuses sentent le besoin decontrôler les impressions et de renforcer lesystème de censure.

?

Madame Anastasie, 1874.Ses ciseaux sont lesymbole de la censure.

Page 5: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

5 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

« JE PENSE DONC JE SUIS » LA PHILOSOPHIE DESLUMIÈRES

« Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer » Voltaire

Malgré les restrictions imposées, les idées parviennentà circuler. Sous l’égide des grands philosophes, lapensée des Lumières se répand dans toute l’Europedu XVIIIe siècle. Les partisans des Lumières sont lesacteurs de nombreuses joutes nées de l’usage de laraison dans tous les domaines. Ce principe d’autono-mie bouleverse tant la vie de l’individu que celle dessociétés. Le combat pour la liberté de consciencen’est certes pas nouveau, mais il est réaffirmé par lesLumières et prolongé par une demande de libertéd’opinion, d’expression et de publication.

À mesure que se développe l’esprit philosophiquedans les salons, les cafés ou les clubs, l’autorité monarchique perd peuà peu de son pouvoir. Le peuple, poussé par des idées nouvelles, laissede plus en plus souvent entendre son mécontentement.

B. LA TRADUCTIONJURIDIQUE : LESDÉCLARATIONS FRANÇAISEET AMÉRICAINELA DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN

La révolution qui éclate en France en 1789met en pratique les idées véhiculées depuisun siècle déjà par les Lumières. Dès les pre-miers jours de la Révolution, le peuple, réunien Assemblée, adopte la Déclaration desdroits de l’homme et du citoyen (1789).Cette déclaration reflète la lutte contre lesabus de l’Ancien Régime. Dans son article11, elle affirme : « La libre communicationdes pensées et des opinions est un desdroits les plus précieux de l’homme ; toutcitoyen peut donc parler, écrire, imprimerlibrement, sauf à répondre de l’abus decette liberté dans les cas déterminés par la

loi. ». Pour la toute première fois, la liberté d’expression est inscritedans le droit. Dès l’élaboration du droit à la liberté d’expression se posela question des limites de ce droit. Deux camps s’opposent : d’un côtéles partisans d’une liberté indéfinie et illimitée, soutenus par Marat etRobespierre, de l’autre les modérés, qui préféraient une liberté limitée etdéfinie par la loi. Le second camp l’emporte selon le principe voulant quela liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.

LE BILL OF RIGHTS AMÉRICAINLes États-Unis, tout jeune État et inspirés par la pensée des Lumières,complètent en 1791 leur constitution par une pétition de droits. Son 1er

amendement affirme : « Le Congrès ne fera aucune loi accordant unepréférence à une religion ou en interdisant le libre exercice, restreignant

la liberté d’expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens dese réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenirréparation de torts subis ». Contrairement à la déclaration française, lapétition des droits américains ne prévoit aucune possibilité pour les auto-rités fédérales de limiter la liberté d’expression par la loi. Aujourd’hui, auxÉtats-Unis, toute organisation a la possibilité non seulement d’exister maisaussi de manifester librement. Le 1er amendement les protège. Aussi, auxÉtats-Unis, l’incitation à la haine raciale, par exemple, n’est pas condam-nable juridiquement.

LE XIXe ET XXe SIÈCLE : UNE LIBERTÉ MONDIALETout au long du XIXe siècle, le droit à la liberté d’expression s’inscrit pro-gressivement dans les conventions nationales des États. Les formes lesplus évidentes de la censure officielle disparaissent. Le modèle français

Fragment du fron-tispice de l’Ency-clopédie de Diderotet D’Alembert,1772. La Vérité yrayonne de lumière.À droite, la Raisonet la Philosophie luiarrachent son voile.

Représentation de laDéclaration des droits del’homme et du Citoyen de1789 par Barbier.

LE SAVIEZ-VOUS ?Lors de l’investiture de Barack Obama, le Ku Klux Klan et d’au-tres organisations racistes et extrémistes ont ouvertement pucrier dans la rue leur colère d’avoir un homme noir à la tête de

leur État. Aux propos racistes et injurieux de ces personnes, les autorités na-tionales répondent « c’est leur droit au nom de la liberté d’expression, c’est cequi rend (ce) pays si agréable à vivre ». Le Ku Klux Klan est une organisationqui milite pour la reconnaissance de la supériorité de la race blanche. Bienque ses membres prônent ouvertement la violence et que l’organisation sesoit livrée, par le passé, à des lynchages systématiques des populationsnoires, aucune manifestation n’a jamais été interdite.

?

LE SAVIEZ-VOUS ?En Belgique, le droit à la liberté d’expression a été inscritdans la Constitution de 1831 : « la liberté des cultes, celle deleur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses

opinions en toute matière, sont garanties, sauf la répression des délitscommis à l'occasion de l'usage de ces libertés ».

?

Eleanor Roosevelt et la Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948. ©AI

Page 6: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

6 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

est adopté dans la grande majorité des pays, offrant aux États une pos-sibilité de limiter ce droit sous certaines conditions.

La montée des totalitarismes en Europe ainsi que les deux guerres mon-diales au début du XXe siècle mettent à nouveau à mal le droit à la libertéd’expression. Ces nouveaux régimes, notamment en Allemagne, en Italie,au Portugal et en Espagne, se traduisent par des dictatures menées parun chef suprême à l’autorité incontestable. La censure y est omniprésente.Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la coalition des vainqueursmet sur pied l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans le but d’as-surer la coopération pacifique entre les États. Devant les horreurs de laguerre, les pères fondateurs de l’organisation ressentent la nécessitéd’établir un catalogue des droits fondamentaux. C’est le travail de laCommission des droits de l’homme présidée par Eleanor Roosevelt, laveuve du président américain, et du juriste français René Cassin.

Suivant la méthode de l’avocat canadien John Humphrey, la Déclarationuniverselle des droits de l’homme est adoptée le 10 décembre 1948par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Selon l’article 19 : « Toutindividu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui impliquele droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher,de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les in-formations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

À la même époque, une démarche similaire voit le jour dans les organi-sations régionales en Europe et en Amérique. Celles-ci élaborent à leurtour des traités internationaux contraignants sur le thème des droits del’homme, la Convention européenne des droits de l’Homme (1950) etla Déclaration américaine des droits et des devoirs de l’Homme (1948).Ces deux textes accordent une place importante à la liberté d’expressionqui est vue comme pierre angulaire des régimes démocratiques. En1989, la Convention relative aux droits de l’enfant réaffirme le droit à laliberté d’expression aussi pour les enfants : « Les États parties garantis-sent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer li-brement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions del’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et àson degré de maturité ».

Le droit à la liberté d’expression tient une place importante dans lestextes internationaux relatifs aux droits humains. Tous lui accordent uneplace privilégiée. Les 167 pays ayant ratifié le Pacte international relatifaux droits civils et politiques sont en principe tenus par le droit de res-pecter cette liberté. Cependant, de nombreux pays portent encore atteinteà la liberté d’expression. Le Centre International pour le droit a déclaréqu’entre 2005 et 2006, 19 nouveaux pays ont adopté des lois restrictivesportant ainsi à 50 le nombre total de gouvernements dont la politique etles pratiques découragent activement tout effort de participation ci-toyenne, donc la liberté d’expression.

C. LA LIBERTÉD’EXPRESSION AUJOURD’HUIEn 2008, Amnesty International recense 81 pays où la liberté d’opinionet la liberté de presse sont largement entravées. 37 pays détiennent desprisonniers d’opinion. Selon les chiffres du Comité de protection desjournalistes, il y aurait eu depuis le début de l’année 2011, 12 journalistestués dans l’exercice de leur fonction et 145 d’entre eux seraient à ce jouremprisonnés.

Le droit à la liberté d’expression est vécu très différemment selon larégion du monde dans laquelle on se trouve.

Vous trouverez en annexe l’interview de cinq personnes qui vivent surdes continents différents ; elles relatent leur vécu et nous donnent leuravis sur la liberté d’expression.

LE SAVIEZ-VOUS ?La Déclaration universelle des droits de l’homme n’est qu’unedéclaration politique et n’a pas de valeur juridique. Rapide-ment après l’adoption de la Déclaration, l’Assemblée Générale

de l’ONU prit la décision de créer une Charte des droits de l’homme qui au-rait une force contraignante. Le projet aboutit en 1966 à deux textes com-plémentaires :n le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dans lequel

on retrouve des droits comme le droit à la vie, le droit à la liberté d’ex-pression ou celui du respect de la vie privée;

n le Pacte international relatifs aux droits économiques sociaux et cultu-rels qui comporte entre autres le droit de chacun à disposer de ses ri-chesses, le droit au logement et le droit à l’éducation.

?

Page 7: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

7 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

« Aucun pays doté d’un régime démocratique et possédant une presse relativement libre n’a jamais souffert de la famine...

Je ne connais pas d’exception » Amartya Sen, Prix Nobel d’économie

A. UNE LIBERTÉFONDAMENTALEQu’est ce que le droit à la liberté d’expression ? C’est avant tout un droithumain inscrit dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droitsde l’homme de 1948.

Il s’agit donc d’un droit fondamental.

L’importance primordiale de la liberté d’expression s’explique par le faitqu’il existe des liens d’interdépendance entre ce droit et tous les autresdroits humains dont il renforce l’exercice. Selon un rapport de l’UNESCOsur « les médias, le développement et l’éradication de la pauvreté »,publié en 2006, il existe une forte corrélation positive entre la libertéd’expression et l’amélioration des revenus, la baisse de la mortalité in-fantile et les progrès en matière d’alphabétisation des adultes.

Mais, pour autant n’a-t-il pas de limites ? Pouvons-nous justifier touttype de discours ou de communication au nom de la liberté d’expression ?La réponse est non.

B. LES LIMITESOù placer les limites ? La difficulté vient de ce que les trente droits fon-damentaux repris dans la Déclaration ne sont pas hiérarchisés et peuvententrer en conflit les uns avec les autres. Si certains sont absolus commele droit à la vie (article 3) ainsi que le droit à ne pas être soumis à destraitements inhumains et dégradants (article 5), d’autres peuvent êtrerestreints, dans certaines circonstances et c’est le cas de la liberté d’ex-pression.

Chaque pays applique ou restreint la liberté d’expression selon sonrégime politique et son cadre socio-culturel et ces restrictions sont évi-demment inscrites dans les lois. Il n’y a pas de règle absolue. Voyonsquelques exemples :

LA SÉCURITÉ DE L’ÉTATEn Grèce en 1992, M. Hadjianastassiou, un ingénieur aéronautique dansl’armée de l’air, avait divulgué des informations sur la technique de pro-duction d’armes dangereuses. Condamné par la Grèce à deux ans etdemi d’emprisonnement, il invoquait pour sa défense son droit à la libertéd’expression. Cependant, les informations que M. Hadjianastassiou avaitrépandues, pouvaient, si elles étaient mises entre les mains d’individusmal intentionnés, constituer une menace sérieuse pour la sécurité del’État grec. La restriction de la liberté d’expression de M. Hadjianastassiouétait donc légitime.

CHAPITRE II :DÉFINITION DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Page 8: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

8 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

LA PRÉSERVATION DE VALEURS MORALESEn Suisse en 1988, un peintre, M. Muller a vu ses toiles confisquées lorsd’une exposition. Celles-ci représentaient des actes sexuels de façon ex-plicite et particulièrement crue. L’exposition était accessible au grandpublic sans droit d’entrée ni limite d’âge. Les juges ont considéré queces images étaient de nature à blesser un public non averti. M. Muller aestimé que son droit à la liberté d’expression n’avait pas été respecté.D’autres ont pensé que le but et les moyens mis en œuvre par la Suisseétaient légitimes et proportionnels au but à atteindre.

Bien que la spécificité morale des États fait qu’il revient àchacun d’entre eux de déterminer les limites liées à desconsidérations morales, il y a dans certains cas des interfé-

rences avec d’autres droits. L’Irlande a ainsi été condamnée en 1992pour restriction abusive de la liberté d’expression du fait qu’elle avaitempêché le fonctionnement d’une association sur la base d’atteinte à lamoralité du pays. Cette association donnait des informations aux femmesenceintes sur les possibilités d’avortement à l’étranger à une époque oùl’Irlande en interdisait toute pratique. Rappelons que cette associationne prônait pas l’avortement mais se contentait de donner des informationsnon directives aux femmes enceintes sur les possibilités existantes.

L’INSULTE PUBLIQUELa liberté d’expression n’autorise aucun propos diffamatoire portant at-teinte au droit et à la dignité de la personne. Ainsi, la calomnie, l’insultepublique et la diffamation sont exclues de la liberté d’expression. EnFrance, en février 2010, plusieurs élèves ont été condamnés à suivre unstage de citoyenneté après avoir insulté un de leurs professeurs sur Fa-cebook.

LES PROPOS DISCRIMINATOIRESIl est interdit de tenir des propos discriminants que ceux-ci portentsur l’origine, le sexe, l’orientation sexuelle ou les croyances religieuses.En Belgique, en 2010, les organisateurs du festival Couleur Café ontainsi pu interdire la venu du chanteur de reggae Beenie Man, qui tientdes propos clairement homophobes dans ses chansons.

LES PROPOS NÉGATIONNISTESLe terme négationnisme désigne, dans sa signification première, la né-gation de la réalité du génocide pratiqué par l’Allemagne nazie contreles Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Par extension, le termeest régulièrement employé pour désigner la négation, la contestation oula minimisation d’autres faits historiques, en particulier ceux qu’on pourraitqualifier de crimes contre l’humanité. Dans quatorze pays d’Europe, lanégation de l’holocauste fait l’objet d’une loi dont la transgression estpunie d‘une peine de prison. L’universitaire Robert Faurrisson, à de nom-breuses reprises, a été condamné par l’État français pour ce motif. Ilavait en 1978 distribué à ses étudiants de littérature de l’université deLyon, un polycopié intitulé Pour une véridique histoire de la deuxièmeGuerre Mondiale dans lequel, il affirmait que les chambres à gaz n’étaientqu’une invention de la propagande sioniste.

L’INCITATION À LA HAINE RACIALEElle se définit par l’expression de haine avec l’intention d’inciter à la vio-lence. Ce mode d’expression est limité par les États car ses conséquencespeuvent être extrêmement graves. L’utilisation de médias de masse pourpromouvoir le génocide ou les attaques à motivations ethniques ou ra-cistes constitue un exemple extrême de ce genre discours.

L’exemple tragique de la Radio des milles collines et du rôle qu’elle jouapendant le génocide rwandais démontre bien toute l’importance de la li-mitation du discours de haine. En 1994, la Radio des milles collines ré-pandit une propagande haineuse contre les Tutsis, les Hutus modérés,les Belges et la mission des Nations unies. Elle participa activement audéveloppement d’une atmosphère hostile qui prépara le terrain au géno-cide. Après le début des hostilités, elle incita directement au massacredes Tutsis. « Le peuple doit apporter machettes, lances, flèches, houes,pelles, râteaux, clous, bâtons, fers électriques, fils de fers barbelés,pierres, et dans l’amour, dans l’ordre, chers auditeurs, pour tuer lesTutsis rwandais ». Bien qu’il soit impossible de chiffrer avec exactitudele nombre de morts [environ un million], l’impact de cette radio sur legénocide rwandais a été reconnu et plusieurs de ses collaborateurs ontété condamnés par le tribunal pénal.

LA PROTECTION DE L’ENFANCELes enfants doivent pouvoir être protégés de contenus pornographiques,choquants ou violents. Cette protection est encore plus importante àl’heure d’Internet.

LA DIVULGATION D’INFORMATIONS CONFIDENTIELLESLe tabloïd ougandais Rolling Stone a étésoumis, en 2010, à une interdiction depublication de données personnelles lais-sant sous-entendre l’orientation sexuelled’une personne. Depuis fin 2009, le gou-vernement ougandais envisage de punirl’homosexualité, qu’il considère commeun délit, par la peine de mort. Le tabloïdavait, en octobre 2009, publié une listed’homosexuels présumés. Ces personnesavaient ensuite été la cible de harcèle-ments et d’attaques. Les organisationsinternationales de défense des droits hu-

mains s’étaient mobilisées pour qu’il soit interdit au magazine de publierd’autres informations confidentielles.

C. CONCLUSION« Maintenant en n, je peux mourir librement. J’ai la sensation

que mon âme est en ammes, s’élevant en liberté. » Extrait du Pigeon sauvage, nouvelle de Nurmemet Yasin,

lui ayant valu sa condamnation à dix ans de prison, République populaire de Chine.

Principe fondamental des sociétés démocratiques, la liberté d’expressionne peut s’exercer sans limites. Ces dernières dépendent des valeurs mo-rales et religieuses du moment ainsi que des orientations politiques desÉtats. Ainsi, sous les régimes autoritaires qui ne permettent pas la dissi-dence, tous les citoyens peuvent être censurés et réduits au silence.Ceci touche évidemment plus particulièrement les intellectuels, les scien-tifiques, les artistes, les écrivains et les journalistes. Plusieurs individusont payé de leur vie le fait d’avoir exprimé leurs opinions. D’autres ont dûs’exiler et vivre dans l’anonymat. À cause de ses opinions politiques,l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, dissident sous Staline, futcondamné à huit ans de travaux forcés dans les camps de Sibérie.L’exemple qui suit est une bonne illustration de l’utilisation abusive de lapart des États, de leur possibilité de limiter cette liberté d’expression.

Page 9: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

9 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Le Soudan : un État qui metdes limites et qui en abuseCARTE D’IDENTITÉCapitale : KarthoumPopulation : 29,1 millionsLangue officielle : arabeSystème politique : fédération sousrégime dictatorial

QUELQUES NOTIONSHISTORIQUESSitué au nord-est de l’Afrique, leSoudan est le plus vaste pays ducontinent africain. Il connaît denombreux conflits, dont celui duDarfour, qui oppose les milicesarabes et la population noire afri-caine. Le Soudan est une répu-blique dictatoriale, ayant commeprésident, depuis le coup d’Étatmilitaire de 1989, Omar El Bechir.Le pouvoir n’étant ni partagé, nicontrôlé, les libertés individuellesne sont pas garanties. Le régimed’Omar El Bechir est particulière-ment répressif. Depuis 2009, il estaccusé par la Cour pénale Interna-tionale de crimes de guerre et decrimes contre l’humanité. En avril2010, le peuple soudanais fut ap-pelé aux urnes pour la premièrefois depuis 25 ans. Sans grandesurprise, le président sortant OmarEl Béchir a repris sa place de pré-sident pour une durée indétermi-née.

LA LIBERTÉ D’EXPRESSIONAU SOUDANDepuis les élections d’avril 2010,on assiste à une répression de la li-

berté d’expression au Soudan. Leservice national de la sûreté et durenseignement (NISS) ferme lesjournaux tout en harcelant les jour-nalistes et en les empêchant defaire leur travail. Plusieurs per-sonnes ont été arrêtées et cer-taines auraient été torturées pouravoir exercé leurs activités profes-sionnelles et exprimé leurs opi-nions.

Le 18 mai 2010, le NISS a rétablila censure qu’il impose aux jour-naux soudanais. Cette censures’exerce de différentes manières ;il arrive que des agents du NISS serendent dans les locaux d’un jour-nal pour supprimer les articles trai-tants de sujets sensibles représen-tant une menace pour legouvernement. Dans d’autres cas,ils se rendent dans les imprimerieset empêchent la mise sous pressede certains journaux. La répres-sion qui, depuis avril 2010, cibleles médias et les opposants poli-tiques constitue une violation dudroit à la liberté d’expression. Auxrestrictions des publications et dela presse viennent s’ajouter devastes pouvoirs d’arrestation, deperquisition et de saisie que la loiconfère au NISS. Des personnespeuvent être privées de libertépendant une période pouvant allerjusqu’à quatre mois sans que la lé-galité de leur détention ne soitcontrôlée par les autorités judi-ciaires. Les membres du NISS bé-néficient d’une immunité pourtoute violation des droits humainsperpétrée dans l’exercice de leursfonctions.

ABUZAR AL AMIN, ARRÊTÉET TORTURÉLe 15 mai 2010, le NISS a ferméle journal Rai Al Shaab affilié auparti d’opposition. Dans les jours

qui ont suivi, plusieurs personnesont été arrêtées, dont le rédacteuren chef adjoint Abuzar Al Amin.Celui-ci a été arrêté suite à la pu-blication d’un article analysant lesrésultats de l’élection présidentiellede 2010. Pendant sa détention ausecret, il aurait été torturé.

« Ces journalistes n’ont pas prisles armes. Ils ont utilisé

leur plume » Abuzar Al Amin

Abuzar Al Amin a été condamné àcinq ans d’emprisonnement pouratteinte à l’ordre constitutionnel,espionnage contre l’État et diffu-sion de fausses informations. Au-cune preuve tangible n’a été ap-

portée par l’accusation lors de sonprocès.

Amnesty International pense quecet homme est détenu etcondamné uniquement pour avoirexercé pacifiquement son droit àla liberté d’expression et réclamesa libération.

VOTRE SIGNATURE A DUPOUVOIR : AGISSEZ !Abuzar n’est pas le seul journalisteà avoir été arrêté, condamné ettorturé au nom de la liberté d’ex-pression. Rejoignez-nous et venezsigner la pétition pour protéger laliberté d’expression au Soudan. www.isavelives.be/fr/node/6008

Abuzar Al Amin. Design : Clinton Francis ©AI

Page 10: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

10 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme précise :Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui im-plique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui dechercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,les informations et les idées par quelque moyen.

Il nous paraît logique que les trois droits (expression, opinion, information)soient liés. Comment pouvoir s’exprimer si nous n’avons pas le droitd’avoir une opinion et comment avoir une opinion sans avoir de l’infor-mation ?

Le droit à l’opinion et le droit à l’information sont donc deux préalablesindispensables à la liberté d’expression. Pourtant, dans de nombreuxpays, ces deux droits ne sont pas accessibles à une grande partie descitoyens.

À Cuba par exemple, l’accès à l’information est strictement limité. Tousles médias appartiennent à l’État. Les cinq chaînes de télé, les deuxagences de presse, les six stations de radio et les trois journaux nationauxne diffusent que des informations favorables au gouvernement. Mêmeles fournisseurs d’accès à Internet sont monopolisés par l’État qui concèdeseulement à un petit nombre de personnes proches du gouvernement ledroit à un accès privé. Le reste de la population ne peut utiliser Internet

que dans des établissements officiels d’éducation, des institutions pu-bliques ou des hôtels de tourisme. Selon des statistiques de « l’Officenational des statistiques de Cuba », seulement 13% de la population au-rait un accès à l’Internet.

Par ailleurs, cet accès est presque toujours censuré. Un grand nombrede sites et de réseaux sont bloqués. Les blogs, par exemple, utilisés parla nouvelle génération pour critiquer le gouvernement et discuter dequestions sociales et économiques, sont pris pour cibles par le pouvoirqui tente, souvent sans succès, de les faire taire.

Yoani Sanchez tient depuis 2007 le blog « géné-ration y » — www.desdecuba.com/generationy.Dans son blog, elle décrit la vie quotidienne deson pays. Elle a déjà gagné plusieurs prix inter-nationaux pour ce dernier, mais le gouvernementcubain ne lui permet pas de sortir du pays pourles recevoir. Yoani Sanchez estime qu’« en si-gnant de son nom, en exprimant à voix hauteson opinion et en ne cachant rien, on désarme

leurs efforts pour nous surveiller. » (Source : CPJ, Committee to protectJournalists).

CHAPITRE III :LES DIFFÉRENTS ASPECTS DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Page 11: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

A. LA LIBERTÉ D’OPINION« Quand un homme ou une femme est persécuté en raison de sa race, de sareligion ou de ses opinions politiques, la place où il se trouve doit devenir à

ce moment précis le centre de l’univers. » Élie Wiesel, Prix Nobel de la paix 1986

Qu’est-ce qu’une opinion ? Une opinion est un jugement émis par unepersonne sur un sujet donné.

Dans une société démocratique, toute personne est libre de penser cequ’elle veut, même si ses opinions sont différentes de celles de la majorité.Chaque individu a donc le droit de choisir librement sa religion ou sonrefus de religion, son orientation sexuelle, ses opinions politiques... et lepouvoir n’a pas le droit de juger les citoyens en fonction de ces choix.

Le principe de la liberté d’opinion est apparu pour la première fois lors dela Révolution française dans la Déclaration des droits de l’homme et du ci-toyen de 1789. Dans l’article 10 de cette déclaration, on affirme, que« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvuque leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Les États sont obligés d’accorder à chaque personne la liberté d’opinionabsolue, sans exceptions ni distinctions. Pourtant, il y a encore beaucoupd’États qui ne respectent pas cette liberté et emprisonnent des personnespour leurs idées.

On ne peut chiffrer le nombre exact de prisonniers d’opinion dans lemonde, mais il suffit de lire les rapports d’Amnesty pour savoir que beau-coup de personnes sont encore emprisonnées ou disparaissent pour lesimple fait de s’être exprimées. Par exemple, on compte 31 prisonniersd’opinion au Vietnam, 114 en Indonésie, et 2200 en République del’Union du Myanmar. Amnesty appelle prisonnier d’opinion une personnequi est emprisonnée pour avoir exprimé une opinion sans avoir incitéà la violence ou utilisé de violence.

LE SAVIEZ-VOUS ?1961, Peter Benenson, avocat anglais, lit dans un journal (TheObserver) que deux étudiants portugais ont été arrêtés pouravoir levé leur verre à la liberté. Le Portugal est une dictature

dirigée d’une main de fer par le Président Salazar. Indigné, Peter Benensonincite les lecteurs anglais à se mobiliser pour ces deux étudiants afin de lesfaire libérer. Des milliers de gens agissent alors en écrivant des lettres àl’ambassadeur du Portugal en An-gleterre. Suite à ce succès énorme,Peter Benenson décide de conti-nuer son action et écrit un autre ar-ticle dans le même journal, intitulé« Les prisonniers oubliés ». Il en-courage ses lecteurs à s’engagerpour six individus emprisonnés pourleurs opinions. Amnesty Internatio-nal est née. Depuis 1961, l’organi-sation lutte jour après jour pourlibérer tous les hommes et femmesconsidérés comme prisonniersd’opinion. Amnesty International aaujourd’hui élargi son mandat etlutte pour la réalisation de tous les droits humains partout dans le monde.

?

Peter Benenson allumant une bougielors du 20e anniversaire d’AI. © AI

Le Myanmar connaît depuis 1962une succession de dictatures mi-litaires. Depuis 1988, le pays estdirigé par une junte militaireconsidérée comme une des plusdictatoriales de la planète. Am-nesty International estime qu’il ya environ 2200 prisonniers d’opi-nion dans le pays.

Le gouvernement birman refusede confirmer ce chiffre et prétendque ces prisonniers sont des dis-

sidents dangereux pour la sécuritéde la nation.

LES ÉLECTIONS DE 1990 Le parti d’opposition (NLD : Liguenationale pour la démocratie)mené par Aung San Suu Kyiremporte les élections législativesavec plus de 80% des voix. Cerésultat fait la surprise de la juntemilitaire, qui espérait légitimerson pouvoir. Celle-ci invalide alorsles élections et jette en prison

Républiquede l’Union duMyanmar :emprisonnépour avoirpensé

Aung San Suu Kyi adressant des remerciements après sa libération, Yangon 2010 »©Sœ Zeya Tun

11 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Page 12: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

12 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

certains membres du NLD.Aujourd’hui, nombre d’entre eux ysont encore.

De ces prisonniers et prisonnières,une des plus mondialementconnues est Aung San Suu Kyi.Fille du général Aung San qui futun leader de la lutte pour la démo-cratie au Myanmar, Aung San SuuKyi lutte, depuis 1988, pour la li-berté. Suite au Prix Nobel de la

Paix qu’elle reçoit en 1991 pourson combat contre la tyrannie enBirmanie, elle est assignée à rési-dence et le restera jusqu’en 2010.Sa libération en novembre 2010grâce à la pression internationaleet notamment aux militants d’Am-nesty est un signe d’espoir pour lepeuple birman.

Malgré tout, le combat continue.Aujourd’hui encore, la population

est contrôlée et se voit soumise àune pression et une peur sansnom. De nombreuses personnessont arrêtées et torturées pour avoirémis un avis défavorable au gou-vernement.

C’est le cas de Su Su Nway, unemilitante des droits humains de 39ans. Actuellement, elle purge unepeine de huit ans et demi de prisonpour avoir participé à des manifes-

tations, ainsi que pour avoir placéune banderole anti-gouvernemen-tale à Yangon (la plus grande villedu Myanmar). En faisant ceci,qu’a-t-elle fait d’autre qu’exprimerpacifiquement ses opinions ?

Su Su Nway n’a pas commis lemoindre crime et est donc consi-dérée comme une prisonnièred’opinion. Sa prison se trouve en-viron à 1900 km du domicile fami-lial, c’est donc difficile pour sesproches de lui rendre visite et delui apporter ses médicaments etde la nourriture. Au Myanmar, lesprisonniers ont besoin du soutiende leurs familles pour recevoir lesvivres nécessaires, car ils n’en re-çoivent pas assez dans la prison.Bien qu’elle vive en prison dansces conditions très difficiles, Su SuNway essaie de continuer à lutterpour les droits humains.

Vous pouvez trouver toutes les in-formations sur le cas de Su SuNway et agir pour elle sur le sited’actions d’Amnesty International :www.isavelives.be/fr/susunway.

Su Su Nway qui se trouve au milieu, tente de s’évader lors d’une manifestation à Yangon, 2007 ©AI

DES MIETTES DE LIBERTÉ QUI PROCURENT L’IVRESSE

Extrait du courrier international, N°1044 (4 au 10 novembre 2010)

Au Myanmar, il est interdit de posséder un fax sans autorisation, lesrassemblements spontanés de plus de cinq personnes sont de fait in-terdits et ceux qui critiquent le pouvoir se retrouvent enfermés pourdes décennies dans des cellules minuscules.

En dépit de cette répression, ou peut-être en partie à cause d’elle, lesjeunes se plaisent à tester les limites de ce que le régime militaire – etleurs parents – considère comme acceptable en matière d’art et dedivertissement. Des expositions, dont certaines véhiculent discrètementdes messages politiques risqués, se tiennent presque chaque semaineà Yangon, la plus grande ville du pays. Un festival de musique under-ground, où se produisent entre autres des groupes punks, se tientdeux fois par an. Aux concerts de hip-hop et de dance, qui ont lieurégulièrement, se presse un public vêtu de pantalons baggy.

Les jeunes Birmans cherchent de plus en plus à se créer un petit es-pace où ils peuvent s’exprimer librement et où ils peuvent évacuerleur colère. Cet espace, c’est l’art, et en particulier la musique. LeRap et le Hip-Hop sont des genres qu’ils utilisent pour passer leur

message. Comme c’est le cas du groupe Génération Wave. Ces jeunesmilitants distribuent clandestinement de la musique antigouverne-mentale. Leur travail a beaucoup de succès. Si évidemment le gou-vernement ne voit pas toujours d’un très bon œil ce genre de rébellion,il la préfère de loin à la lutte politique qui remet en cause son autorité.

U Thxa Sœ est aujourd’hui un artiste connu. Il est l’auteur d’une mu-sique qui fusionne les « danses des esprits » traditionnelles avec ungenre de techno. À ses yeux, si les autorités tolèrent depuis quelquesannées les concerts débridés, c’est qu’ils servent leur stratégie decontrôle de la population. « Il faut resserrer la pression et relâcher,resserrer et relâcher. On vit dans la peur, ajoute-t-il. On vit sous la dic-tature. Les gens ont besoin d’air frais. Ils évacuent leur colère, leurénergie. » (…)

U Thxa Sœ a déjà goûté à l’étrange mélange de rigidité et de laisser-faire des autorités. C’est l’un des musiciens les plus harcelés du pays :la censure ne cesse de le rappeler à l’ordre. (…) Il n’empêche que samusique est très appréciée des fonctionnaires. Preuve s’il en est de lacomplexité de la société birmane.

Pour lire tout l’article : http://petitlien.fr/5ivi

Page 13: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

13 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

B. LE DROIT ÀL’INFORMATION La libre circulation des idées est au cœur même de la démocratie. L’accès àl’information aide les citoyens à participer plus efficacement à la vie politiquede la société. Bien informés, ils peuvent prendre des décisions en touteconnaissance de cause et opérer de meilleurs choix politiques et privés.

Plusieurs principes clés font partie de ce droit :

LE DROIT DE SAVOIR Le droit de savoir naît de l’idée maîtresse que les gouvernements sontcensés travailler pour leurs concitoyens et ont par conséquent descomptes à leur rendre. La transparence doit être une règle et le secretune exception. Chaque citoyen doit avoir le droit de se renseigner auprèsdes organes publics. Sans des cas exceptionnels, seulement lorsqu’ils’agit de la sécurité de l’État par exemple, ceux-ci ont le droit de refuserde donner certaines informations.

La transparence est indispensable pour éviter des situations de corruptionet préserver les droits et la dignité des gens.

ÉTUDE D’UN CAS : LES EXPULSIONS FORCÉESDES INDIENS AU BRÉSIL

Au Brésil, 35 familles de la communauté indienne Laranjeira-Nan-deru ont été expulsées de leurs terres ancestrales en septembre2009. La police, qui a supervisé l’expulsion, a prévenu le propriétaireque les membres de la communauté reviendraient pour récupérerleurs affaires. Néanmoins, le propriétaire a incendié les maisons ettous les biens de ces familles. Ils vivent maintenant dans des abrisde fortune le long de l’autoroute et leurs conditions de vie sont dé-plorables. Ils habitent dans des cabanes couvertes de bâches enplastique noir, alors que la température dépasse 30°C. Il y a souventdes inondations et ils sont menacés et harcelés par les agents desécurité armés employés par le propriétaire et par des agriculteurslocaux.

Ces expulsions forcées violent plusieurs droits humains à la fois : ilsse font en dehors de toute procédure régulière, sans que les per-sonnes concernées soient informées ou dédommagées.

Les autorités auraient dû informer les membres de la communautéLaranjeira-Nanderu pour qu’ils puissent participer à des décisionsconcernant leur propre avenir. Sans cela, les familles expulséesn’avaient aucune possibilité de contester la décision prise ou d’en-visager d’autres solutions. Les Indiens se trouvent coincés dans uncercle vicieux qui rend leur situation plus précaire qu’auparavant.

L’État brésilien doit donc veiller à ce que les décisions concernant lesterres indigènes ancestrales fasse l’objet d’une consultation préalable.Les autorités doivent aussi proposer une solution de relogement etune indemnisation pour les pertes. Les personnes concernées doiventavoir accès aux voies de recours légales et à une aide juridique.

Vous pouvez trouver toutes les informations sur la situation de lacommunauté Laranjeira-Nanderu et agir pour elle sur le site d’actions

QUAND LA TRANSPARENCELUTTE CONTRE LACORRUPTION AU PROFIT DE LA DIGNITÉ DES GENS

CONTRÔLER LA CORRUPTION : LE BUDGET SCOLAIRE ENOUGANDA

En Ouganda, une étude faite par l’État en 1996 montrait que 80%des fonds de subvention du gouvernement central pour les écolesn’arrivaient pas dans les établissements scolaires. La majeure partiede l’argent était détourné par des fonctionnaires corrompus. C’estpour cette raison que le gouvernement central a décidé de publierles montants des subventions accordés à chaque région dans lesjournaux locaux. Les parents ont désormais la possibilité de surveillerle montant des subventions arrivant dans l’école de leurs enfants.En 2002, l’État a fait une seconde étude qui a montré que la corrup-tion a été réduite de 20%. Cette diminution prouve que la transpa-rence est essentielle pour diminuer la corruption.

TRANSPARENCE ET AIDE ALIMENTAIRE EN INDE Au début des années 1990, les ouvriers de l’État du Rajasthan se sontrendus compte, que leur pauvreté était fortement liée à la corruption.Après avoir remporté la lutte pour l’ouverture de tous les registres desautorités locales, ils ont immédiatement remarqué une meilleure utili-sation des subventions. Dans un village du Rajasthan, les habitantsavaient demandé des informations sur les allocations alimentaires auxfonctionnaires locaux. Ensuite, ils ont vérifié eux-mêmes si la nourrituredistribuée par les fonctionnaires correspondait aux montants des allo-cations alimentaires fixées dans les registres locaux. Quand ils remar-quaient un décalage, ils se plaignaient auprès des gestionnaires dupays. Grâce à cette transparence, les citoyens de ce village ont puconstater une diminution progressive de la corruption. Communauté indienne Laranjeira-Nanderu, Bréseil, 2009 ©AI

LE DROIT DE RECEVOIR DES INFORMATIONS Pour pouvoir exercer le droit de recevoir des informations, il y a évidem-ment des conditions à respecter. Par exemple, garantir le droit à l’édu-cation : si un jeune n’apprend pas à lire, il va avoir des difficultés à ac-céder à l’information et, par conséquent, il n’aura pas la possibilité derevendiquer ses droits.

Page 14: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

14 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

L’AFFAIRE DSKDans l’affaire DSK (Dominique Strauss-khan) ac-cusé, en mai 2011, de tentative de viol, de sé-questration et d’agression sexuelle sur une em-ployée d’un hôtel lors de séjour aux États-Unis,

le droit à l’information suscite le débat.

Les images, qui ont fait le tour du monde, montrent DSK entravédans le dos, tenu par des policiers en civil, à la sortie d’un commis-sariat de Harlem. Certains accusent la presse de ne pas respecter ledroit à la vie privée, la dignité humaine et d’abuser de leur droit àl’information. Ces images, montrant DSK les mains dans le dos, nerespectent pas, selon certains, la loi sur la présomption d’innocence,appelée aussi loi Guiguou.

« Ce n’est pas parce que la scène se passe aux États-Unis que lapresse peut s’affranchir des règles qui la régissent en France », Ri-chards Malka, avocat spécialisé dans le droit de la presse.

« Le droit à l’information n’est pas celui du droit à l’humiliation », R. M.

[Témoignages tirés du journal Le Monde, www.lemonde.fr]

Les chaînes de télévision françaises mettent en avant le « devoird’informer » pour expliquer leur décision de diffuser ses images.

« Nous ne respectons pas la loi, mais le devoir d’information nousimpose de diffuser ces images », déclare Thierry Thuillier, directeurdes rédactions de France Télévisions.

« Deux raisons nous ont poussé à diffuser ces images : d’abord cequ’elles racontent du système policier et judiciaire américains, diffé-rent du système français », argumente M. Thuillier. « Ensuite, cequ’elles disent de l’état physique et psychologique de DSK », ajoute-t-il estimant avoir vu « à ce moment-là quelqu’un au regard décidé,combatif. » Rien qui ne porte atteinte à la dignité humaine, selon lui.

« Si des images montraient des menottes, on les aurait soit coupées,soit floutées », assure Jean Lesieur, le directeur de l’information.

[Témoignages tirés du journal Le Soir, www.lesoir.be]

QUAND L'OR IMPOSE LESILENCE...En Europe, selon la loi, toute personne a droit àun procès équitable. C'est à dire que, dans le casd'un procès entre deux parties dont les moyens

financiers ne sont pas les mêmes, chacun doit pouvoir mener li-brement ses activités. Dans le cas contraire, c'est une violation dudroit à la liberté d'expression.Malheureusement, ce droit n'est pas toujours aussi important dansles autres continents.Au Canada, par exemple, un livre a été censuré avant même d'êtreterminé ! Ce livre traite du sujet des entreprises minières présentesau Canada. Selon les auteurs, celles-ci bénéficieraient de certainsavantages financiers. Mise au courant de la parution prochaine decette étude, une société aurifère, première productrice d'or au monde,la Barrick Gold, a tout simplement menacé de poursuites tous ceuxqui participeraient à la publication de l'ouvrage. Intimidé et surtoutne pouvant faire face aux conséquences financières d'une telle pour-suite, l'éditeur a annulé la publication. Cette société a pu recourir àcette méthode d'intimidation par simple supposition que le contenuserait diffamatoire mais aussi parce qu'elle a les moyens de le faire.Ainsi, elle a plaidé la diffamation et a obtenu gain de cause : le livren'est toujours pas paru.Il faudra donc un réel travail de la part des responsables de l'appareiljudiciaire pour empêcher cette véritable instrumentalisation du droitet faire en sorte que la participation des citoyens au débat public nesoit empêchée sous quelque forme que ce soit.

Pierre-François Docquir (sourcehttp://opiniondissidente.org/spip.php?article209)

QUE SE PASSE-T-IL SI LEDROIT DE SAVOIR N’EST PASAPPLIQUÉ PAR UN ÉTAT ? Dans le delta du Niger, au Nigéria, les acteurs de

l’industrie pétrolière sont à la fois l’État nigérian et les filiales de com-pagnies multinationales. Shell Petroleum Development Company (Shell),est le principal exploitant du sous-sol. L’industrie pétrolière est respon-sable d’une pollution généralisée de l’environnement dans le delta duNiger. Les fuites d’hydrocarbures, les déversements de déchets et lescombustions en torchères sont bien connus et fréquents. Les habitants,pour la plupart pêcheurs ou agriculteurs, voient leurs principaux moyensde subsistances affectés. Vivant déjà dans un état précaire, ils sontplongés dans une situation d’extrême pauvreté.

Les populations ont le droit d’être informées des conséquences surleur vie des activités de l’industrie pétrolière. Il est fréquent cependantque les communautés vivant dans la région n’aient pas accès aux in-formations de base concernant les projets pétroliers,– même lorsqu’il

s’agit des communautés « d’accueil ». L’absence de données publiquesrelatives à l’impact des opérations pétrolières sur la santé nourrit lespeurs et les angoisses des habitants, ce qui compromet davantageleur qualité de vie.

Un homme et une femme observant une aque d’huile, delta du Niger, 2008 ©AI

LE DROIT DE DIFFUSER DES INFORMATIONS Ce droit qui permet de pouvoir communiquer des informations et desidées librement est essentiel dans toute démocratie. Des élections libressont impossibles sans la liberté de diffusion. Il comprend également laliberté de critiquer le gouvernement sans être poursuivi en justice. Maisce droit, comme celui de la liberté d’expression en général, est soumisà des limites.

Page 15: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

15 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

A. DES OUTILS POUR SEFAIRE ENTENDRELe besoin de communiquer est un des caractères fondamentaux de lanature humaine. Mis à part le langage, premier moyen d’expression,l’homme a développé rapidement d’autres techniques telles que l’écriture,la peinture et la sculpture reconnues comme des moyens d’expressionou de transmission de l’information. Dès l’Antiquité, le théâtre fut consi-déré comme un miroir tendu à la société. Il pouvait avoir un effet cathar-tique servant d’exutoire aux passions non autorisées par la morale.

Après le développement de l’imprimerie au XVe siècle, les moyens decommunication ne cessent d’évoluer.

L’invention du télégraphe marque un tournant dans l’histoire en permet-tant aux gens de communiquer sur de longues distances. Au XIXe siècle,la radio démocratise la diffusion de l’information à grande échelle. AuXXe siècle, il sera possible de recevoir une information imagée et instan-tanée par le biais du cinéma et de la télévision.

Aujourd’hui, nous avons un ensemble de techniques qui nous permetde diffuser et faire entendre nos opinions. On pense bien sûr au dessin,et à la chanson mais il y a aussi les gestes, les tags, les vêtements, les

CHAPITRE IV :LES MOYENS DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

SOIS JEUNE ETTAIS-TOI, LESSIXTIES AUXÉTATS-UNIS

Les États-Unis des années 60 représentent uneépoque où les jeunes, se révèlent et souhaitentprendre eux-mêmes leur vie en main en faisantsauter tous les tabous. Face à une autorité paren-tale souvent sévère, la nouvelle génération bradetous les interdits et revendique son droit la libertéd’opinion et la liberté d’expression.

De nombreuses manifestations, chansons, dé-bats,… mettent en avant la liberté sexuelle, l’égalitéet les nouvelles valeurs morales. Tous les moyenssont bons pour se faire entendre et pour laisser li-bre court à la liberté d’expression.

On assiste chez les artistes à la création de chan-

sons engagées. Par exemple, en 1963, Bob Dylan participe à la Marchesur Washington, où plus de 200 000 pacifistes se rassemblent pour

dénoncer l’inégalité des droits civiques que subit la po-pulation noire. Dylan reçoit le prix Tom Paine, qui ré-compense « une personnalité qui a symbolisé le justecombat pour la liberté et l’égalité ». Son titre « Blowin’In The Wind » devient le nouvel hymne de la jeunesse.

En 1955, Rosa Parks, une femme noire, est arrêtéepour avoir violé les lois ségrégationnistes de la ville enrefusant de céder sa place à un homme blanc. Cettearrestation entraîne le boycott des bus de Montgomery,avec en tête de file, Martin luther King. Le boycott setermine par une décision de la Cour suprême des États-Unis le 13 novembre 1956 déclarant illégale la ségré-gation dans les autobus, restaurants, écoles et autreslieux publics.

En 1969, le Festival de Woodstock, concert mythique,symbole universel, rassemble plus de 450 000 per-sonnes exprimant leur besoin de liberté.

Rosa Parks en 1955 avec Martin LutherKing.

Page 16: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

16 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

tatouages, les manifestations, les grèves... sans oublier les moyens d’ex-pression extrêmes et tragiques que sont les automutilations et les suicides.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, la liberté de chacun s’arrête oùcommence celle des autres. Une manifestation, par exemple, ne pourrase faire pour revendiquer des principes contraires à la loi ou pour desraisons à caractère discriminatoire. L’exemple qui suit ouvre le débat.Des étudiants d’un cercle de l’Université Libre de Bruxelles ont décidéen mai 2011 de faire passer un message aux nouvelles recrues avecune méthode qui rappelle de mauvais souvenirs.

B. LES MÉDIAS : « CHIENS DE GARDE DE LA DÉMOCRATIE ? »Il existe un lien étroit entre la liberté d’expression et celle de la presse.Les médias ne sont pas de simples observateurs. Ils ont pour rôle desurveiller la bonne marche de la démocratie et, si nécessaire, d’en dé-noncer les abus. Relais entre la société civile et ses dirigeants, ils per-mettent de consolider les démocraties, de promouvoir la participationdes citoyens et l’État de droit. La Cour européenne des droits de l’hommea toujours souligné le lien qui existe entre les deux libertés. En 1986, laCour a surnommé les médias « chiens de garde de la démocratie ». Ilssont des lanceurs d’alerte et contribuent à l’information des citoyens.Pour assurer leur rôle, les médias se doivent d’être indépendants et àl’abri des pressions politiques. Dans de nombreux pays, et surtout depuisla crise financière de 2008, nombre d’entre eux n’ont d’autres choix qued’accepter d’être racheté par de grands groupes financiers. Il arrive deplus en plus fréquemment que des magnats de l’économie se retrouventà la tête de plusieurs journaux, pesant de tout leur poids sur les choixdes publications. Face à cette pression et à l’influence de certains partispolitiques, les médias perdent de leur neutralité.

Les dirigeants des régimes autoritaires limitent la liberté de presse, em-prisonnent ou assassinent les journalistes qui essayent malgré tout d’exer-cer leur métier. Il n’a en effet jamais été aussi dangereux d’être journaliste.Selon les statistiques de la Fédération Internationale des journalistes, unnombre record de journalistes et d’agents de médias ont trouvé la morten 2005 en faisant leur métier. À ceux qui ont perdu la vie sur le terrains’ajoutent les journalistes et autres professionnels des médias qui sontvictimes de menaces et de harcèlement, d’arrestations et de détentionsarbitraires. Dans une lettre publiée par Reporters sans frontières, Guthrie

SOLVAY SCHOOL DE L’ULB :DES BAPTÊMES ÉTUDIANTSSUR LE THÈME NAZI

Selon l’Agence Diasporique d’Information (ADI), des séances de bap-têmes estudiantins ont été organisées à la Solvay Brussels School ofEconomics and Management sur le thème nazi.

Dans un communiqué évoquant discrètement les propos sur l’oublitenus par le ministre de la Justice Stefaan De Clerck à propos del’amnistie, l’Agence s’en prend à l’école Solvay de l’ULB. « Les futurspatrons s’y amusent avec Hitler, y rient sans voir malice des fourspolonais et des Juifs, de leur volonté de dominer le monde et de leurvoracité pour l’argent », dit-elle.

Selon des témoignages d’étudiants rapportés par ADI, des baptêmesse sont déroulés dans un décor reprenant des symboles nazis et desparticipants faisaient le salut nazi, même si la cérémonie se voulaithumoristique.

Les autorités académiques réagissent mollement et les étudiants necomprennent pas qu’on « menace leur liberté d’expression », déplorel’ADI.

Toujours selon elle, l’Union des Etudiants Juifs de Belgique, dontplusieurs dirigeants sont précisément étudiants à Solvay, a réagi.

Mais « l’Ordre des frères Maccabées », une association secrète ins-pirée des francs-maçons, a fait placarder un communiqué vengeur,affirmant que la communauté étudiante est préjudiciée par une formede censure idéologique, dénonce l’Agence.

Le recteur de l’ULB, Didier Viviers, a déclaré, lors du journal téléviséde la RTBF, être choqué par le manque de discernement des étu-diants.

Les étudiants ont néanmoins présenté leurs excuses quant à la forme.

Un des membres du comité de baptême, Antoine Bauffe, a pour sapart insisté sur le caractère pédagogique de l’activité et a regretté laréaction de l’ULB, se retranchant derrière le droit à la liberté d’ex-pression.

Article repris du journal La Capitale, www.lacapitale.be

SOMALIE : DES VOIXRÉDUITES AU SILENCELa Somalie est l’un des endroits les plus dangereuxdu monde pour les journalistes ou les militants des

droits humains. Les conflits récurrents et les attaques directes enversles reporters somaliens et internationaux rendent le terrain imprati-cable pour la presse. Les informations sur la situation politique ethumaine ne sont absolument pas diffusées, ni dans le pays, ni à lacommunauté internationale. Les journalistes et défenseurs des droitshumains ont été la cible d’attaques systématiques, au moins troisd’entre eux ont perdu la vie en 2010, neuf l’année précédente.

Nur Mohamend Abkey a été kidnappé le 4 mai 2010 près de sondomicile au sud de Mogadiscio alors qu’il quittait la station de radioqui l’employait. Son corps sans vie a été découvert dans une ruellesombre et présentait des traces de tortures. Il est mort de trois ballesqui lui ont été tirées dans la tête. Les journalistes Yasir Mairo, HassanZubeyr et Mohammed Amin font partie des 22 personnes tuées lorsd’une cérémonie de remise de diplômes de futurs docteurs, à l’hôtelShamo de Mogadiscio, le 3 décembre 2009. L’explosion avait étéprovoquée par un kamikaze. De nombreux journalistes et défenseursdes droits humains ont été contraints de fuir le pays.

Page 17: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

17 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

ItalieCARTE D’IDENTITÉ

Capitale : RomeSuperficie : 301 340 km2

Population : 59 500 000Langue : italienChef du gouvernement : SilvioBerlusconi

50e pays sur 178 [dernier clas-sement mondial de la liberté depresse].

En Italie, 70% des médias appar-tiennent à Silvio Berlusconi, lechef du gouvernement.

Une des sources d’information lesplus importantes en Italie est latélévision. Selon le journal « Ci-cero », 90% des Italiens la regar-dent et s’informent uniquementpar ce biais. Il y a sept chaînes detélévision nationales en Italie.Trois d’entre elles appartiennentdirectement à Silvio Berlusconi etles trois autres sont des chaînespubliques qu’il contrôle en tantque chef du gouvernement. Ilpeut décider de tous les pro-grammes diffusés sur ceschaînes. La quasi totalité des jour-naux télévisés ne diffusent quedes informations favorables augouvernement et Berlusconi luttemême pour neutraliser du pro-gramme les deux seuls journauxtélévisés qui diffusent encore desinformations indépendantes.

En ce qui concerne la presseécrite, le journal « Cicero » écritque seulement 10% des Italienslisent régulièrement des journauxquotidiens. Une des plus grandesmaisons d’édition est la maison« Mondadori » qui est présidéedepuis 2003 par Marina Berlus-coni, fille du chef du gouverne-ment. Il est donc clair que lecontenu des journaux de cettemaison d’éditions est égalementcontrôlé par la même famille. Ilreste quand même encorequelques journaux indépendants,comme le plus grand journal dupays « Corriere della Sera » ou« La Republica ». Ironie du sort,Berlusconi tente de l’acheter.

Reporters sans frontières a classél’Italie à la 50e place des pays du

monde dans le classement de laliberté de presse. Pour donner unaperçu général de la situation : leclassement englobe 178 pays.L’Italie se situe la dernière placedes pays de l’Union européenne.Le premier dans le classementest la Finlande et la Belgique setrouve à la 14e place. Selon Re-porters sans frontières, l’Italie estsur le point de devenir le seul Étatde l’Union européenne et la seulegrande démocratie occidentale oùl’ensemble des médias audiovi-suels du pays, privés comme pu-blics, sont contrôlés directementou indirectement par le pouvoiren place.

Munyuki, éditeur du journal The Daily News, un journal zimbabwéen quia été interdit en 2003, décrit ainsi son expérience journalistique au Zim-babwe : « Des côtes ont été cassées, des vies perdues, des gens harcelésou torturés. Moi-même, avec plusieurs confrères, j’ai été durementagressé pour avoir voulu faire connaître notre situation au monde. C’estça, le vrai journalisme ».

Les journalistes ont besoin de certains droits (tels que l’exagération, laprovocation, les jugements de valeur, la divulgation d’informations pu-bliques – si c’est dans l’intérêt public) pour pouvoir faire correctementleur travail.

S’ils ont des droits, les journalistes ont bien sûr aussi des devoirs telsque le respect de la vérité. Ils doivent garantir la liberté d’information,mais ils n’ont pas le droit d’utiliser des méthodes déloyales pour obtenircette information. Ils sont aussi obligés de respecter la vie privée des

personnes et garder le secret professionnel. Ils ne peuvent divulguer lessources des informations obtenues confidentiellement. Finalement, lesjournalistes doivent rester indépendants : ils sont donc obligés de résisterà toute pression politique ou économique.

C. CONCLUSIONAujourd’hui, il arrive que la convergence des médias au sein d’un Étatsoit telle que les journalistes ne sont plus forcément en mesure d’assurerleur rôle de « chien de garde de la démocratie ». En raison de cet affai-blissement et de l’apparition de nouvelles technologies de communication,les médias traditionnels sont de plus en plus remplacés par un nouveaupouvoir, celui de l’opinion publique.

Page 18: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

18 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Le monde des médias aura davantage changé ces dix dernières annéesqu’il n’avait évolué les trois décennies précédentes. Rares sont les sec-teurs économiques, sociaux ou culturels qui se sont autant transformésen un quart de siècle avec un tel impact sur la vie quotidienne. Brisantla logique de masse des médias traditionnels, une logique nouvelle faitson apparition, portée par des services plus individualisés qui tiennentcompte des préférences du consommateur. Qui n’a jamais reçu d’emailpublicitaire avec son nom et son prénom, ciblant ses intérêts ? Pour au-tant, ces nouvelles technologies de l’information et de la communication(« TIC ») ne remplacent pas les anciennes. Elles apportent de nouvellesmodalités d’informations qui viennent compléter les anciennes en donnantau consommateur un choix plus vaste.

On appelle nouvelles technologies de communication les techniques uti-lisées dans le traitement et la transmission des informations, principale-ment de l’informatique, d’Internet et des télécommunications.

Internet au départ était un projet militaire américain. En pleine guerrefroide, les États-Unis souhaitaient créer un réseau de communicationdécentralisé pour l’armée qui devait permettre aux militaires de s’échangerleur numéro de téléphone. Et ce, même en cas de destruction de l’en-semble des réseaux de communication par des bombes atomiques so-viétiques. Il devait également permettre le transit de toutes sortes dedonnées numérisées. Ce réseau fut au final partagé en deux : l’un étaituniquement destiné à l’armée, l’autre aux universités américaines quiavaient aidé à son développement. Le « world wide web », littéralementla toile d’araignée mondiale, était né.

Depuis sa création, Internet s’est considérablement développé. Au-jourd’hui, il est disponible dans presque tous les pays du monde. Le dé-

veloppement le plus récent est celui de l’Internet de la deuxième géné-ration (web 2.0). Cette version de la toile permet non seulement de cher-cher des informations, mais aussi de devenir actif et de diffuser descontenus sur Internet, c’est-à-dire d’interagir avec d’autres Internautespar des outils comme MSN ou Skype. Les nouveaux réseaux de sociali-sation comme Facebook, les Blogs et Twitter sont des phénomènes quise sont développés avec le Web 2.0.

Le réseau de téléphonie mobile, notre fameux GSM (Global SystèmeMobile), s’est répandu à grande échelle depuis la fin des années 1990.Il a permis, lui aussi, une large diffusion de l’information, en donnant lapossibilité de passer des appels depuis n’importe quel endroit. Sonimpact est d’autant plus important dans les pays où Internet est encorepeu développé.

CHAPITRE V :LES NOUVELLESTECHNOLOGIES DECOMMUNICATION ETD’INFORMATION

Page 19: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

19 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

L’ARRIVÉE DE NOUVELLESTECHNOLOGIES CHEZAMNESTY INTERNATIONALBELGIQUE FRANCOPHONE

Interview de Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty InternationalBelgique Francophone (AIBF).

Comment l’information circulait-elle chez AIBF avant les nouvellestechnologies de communication ?Avant 1995, les informations circulaient à une vitesse tout à fait diffé-rente. Il y avait moins de communiqués de presse et moins de matérielqui étaient envoyés aux médias. Il fallait pour commencer tout taper àla machine, les communications passaient par Telex. La premièregrande révolution fut le fax qui permettait à la fois de diffuser et de sre-cevoir l’information plus rapidement. Pendant longtemps, il a été l’outilnuméro un. Le fax a fait évoluer les choses mais cela restait quelquechose de lourd qui ne faisait passer l’information qu’entre l’émetteur etle récepteur, il n’y avait pas de multipublication.

Quand êtes-vous passés aux nouvelles technologies de communica-tion ?En 1995. Mais il a fallu un temps d’adaptation. Au départ ce sontsurtout les e-mails qui se sont développés. Ce n’est qu’au début desannées 2000 qu’Internet a commencé à être utilisé de façon massive.La communication a alors pu se faire de manière incroyablement plusrapide.

Qu’est ce qui a changé grâce au passage aux nouvelles technologiesde communication ?L’échelle de diffusion et le temps. En une journée, il était devenu pos-sible de récolter des millions de signatures pour une pétition. Lacapacité de réaction du public a considérablement augmenté.

Pour quelles informations avez-vous besoin d’Internet chez Am-nesty ?Pour tout, tout passe par là. Mais il reste quand même certaines chosesqui ne peuvent pas être expliquées par Internet. Pour des questionscomme celle du droit d’asile, les gens se font souvent le réceptacled’idées reçues. Dans ces cas là, un véritable débat argumenté est pré-férable. Sur les forums Internet, la communication ne passe pas de lamême manière. Il en va de même pour le recrutement, où le contactphysique est indispensable.

Comment jugez-vous l’évolution de l’utilisation des nouvelles tech-nologies chez Amnesty dans l’avenir ?Fondamentale. Ce qui compte c’est surtout la façon d’utiliser les médias.La technologie n’est jamais qu’un moyen. Derrière elle, il faut établirdes stratégies de communication. Par exemple, envoyer moins d’e-mails mais à un public interessé afin d’obtenir de meilleurs résultats.

Est-ce que les nouvelles technologies pourraient remplacer les médiastraditionnels ?Oui et non. Pour une série de choses oui. Lire les journaux en lignepermet d’avoir accès à plus d’informations à un coût moindre. Maispour certaines choses, on a besoin d’un support différent. Un dazibao(affiche-journal) par exemple peut être conservé ou affiché, ce qui estplus difficile à faire avec un PDF.

Pourriez-vous nous raconter une anecdote sur votre expérience avecles nouvelles technologies chez Amnesty ?L’épisode dramatique de Semira Adamou est un bon exemple. Cela aété le vrai déclencheur du potentiel des nouvelles technologies. Enune journée, le site web a été saturé. En Belgique, des dizaines de mil-liers de signatures ont été récoltées. En Espagne, plus de deux millions.Ce cas a vraiment été le point de départ de l’activisme digital.

Visualisation des multiples chemins à travers une portion d'Internet, The Opte Project,2006

LE SAVIEZ-VOUS ?On appelle nouvelles technologies de communication lestechniques utilisées dans le traitement et la transmission desinformations, principalement de l’informatique, d’Internet et

des télécommunications.

?

Page 20: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

20 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

A. LES NOUVELLESTECHNOLOGIES, UN BIEN OU UN MAL POUR NOS SOCIÉTÉS ?Nous sommes confrontés aux nouvelles technologies. Celles-ci peuventavoir un aspect positif sur notre vie et notre développement mais présententaussi certains dangers. Pour une meilleure compréhension, nous nous li-miterons aux aspects liés à la liberté d’expression.

LES BIENFAITS Dans une société toujours plus individualiste, les nouvelles technologiesde communication ont permis de rétablir le dialogue. Les nouveaux ré-seaux sociaux constituent en effet une libération de la parole de nom-breux adolescents qui ont des difficultés à s’exprimer et à s’intégrerdans la vie réelle. On peut dès lors les voir comme un facteur de socia-lisation. Leurs sites connaissent un vif succès. Certains experts affirmentqu’ils sont des catalyseurs de compétences, ils permettraient aux jeunesde renforcer leurs qualités de persévérance en les rendant plus actifs etexigeants. Il est certain qu’ils offrent la possibilité de s’ouvrir au monde.En un clic, Internet répond à toutes vos questions. Pour un coût moindre,ils sont un vecteur d’informations extraordinaire.

Blogs, forums, chats, SMS, vidéos, Twitter,… les dirigeants politiquesusent de plus en plus des nouveaux moyens de communication. Leurobjectif est clair, comme l’explique le chercheur Dominique Wolton :« Les hommes politiques qui sont déjà sous pression s’imaginent qu’avecces nouveaux moyens de communication, ils vont échapper à la tyranniejournalistique et instaurer un lien direct avec le public ». L’utilisationdes blogs et autres réseaux sociaux est devenue un outil incontournabledans le dialogue avec les électeurs et les médias. Ils permettent auxhommes politiques d’être plus proches de leurs électeurs, de fairepreuve de plus de transparence et aux citoyens d’avoir un accès à l’in-formation en temps réel. Mais ces nouvelles possibilités de communi-cation ne profitent pas seulement à la classe dirigeante. Nombre deprofesseurs sont aujourd’hui amenés à utiliser Facebook pour commu-niquer avec leurs élèves, enlevant ainsi les barrières de la communicationformelle.

Un autre avantage est de permettre aux citoyens de dénoncer des pro-blèmes politiques et publics, d’être un vecteur de mobilisation ci-toyenne à grande échelle. Les réseaux sociaux ont développé un phé-nomène nouveau, celui du journalisme participatif. Nous pouvons enobserver plusieurs formes : celui qui se fait sur le moment, qui témoignedes événements imprévus et celui qui naît de l’indignation des citoyens.Lors d’une catastrophe naturelle par exemple les seules vidéos et photossont souvent prises par des personnes qui étaient sur place et qui lesont mises en ligne. Un des premiers cas de ce type de journalisme eutlieu lors de l’assassinat du Président Kennedy aux États-Unis. Les seulesimages existantes de ce crime sont une vidéo d’un citoyen qui a filmé ledéfilé durant lequel le Président a été assassiné. Pendant les révolutionset émeutes dans les pays arabes, le journalisme participatif a été unélément essentiel. Les journalistes professionnels n’ont pas eu le droitd’entrer dans ces pays et la censure interdisait la publication d’articlesdéfavorables au régime. Ce sont donc les gens du peuple qui ont diffuséleurs témoignages via Internet (notamment Facebook) pour faire passerl’information à l’étranger et susciter ainsi la mobilisation citoyenne.

ROMAN DOBROKHOTOV, JEUNEDÉFENSEUR DES DROITS HUMAINS ETMILITANT POUR LA DÉMOCRATIE ENRUSSIEDans un pays où le droit à la liberté d’expression n’est pas respectéet où les médias traditionnels ne laissent aucune place aux espritscontestataires, Internet s’avère être l’un des rares espaces de liberté.Ainsi par le biais de googlegroups ou d’un blog, Roman et son mou-vement contre la corruption et pour la démocratie en Russie peuventinteragir sur divers sujets avec plus de 2500 internautes. Utilisécomme un « Chat », Twitter est devenu un outil indispensable pourles personnes du mouvement qui sont assez fréquemment victimesd’arrestations. Dès que la police arrête Roman, il poste tout de suiteun message sur Twitter à partir de son téléphone portable. Ainsi sesamis et plusieurs journalistes sont prévenus de son arrestation.

Page 21: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

21 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

LA FACEBOOKRATIERécemment le réseau social a fait la une des médiaspour avoir joué un rôle essentiel pendant les révolu-tions dans les pays arabes : des milliers de jeunes sesont réunis sur Facebook pour discuter de la situation

politique dans leurs pays et pour organiser des manifestations contrele régime.

« L’expérience tunisienne nous a montré que la répression de l’expres-sion et de la liberté d’opinion peut semer les grains de la révolution »Gordon Gray, ambassadeur des États-Unis à Tunis.

Ainsi en Tunisie, qu’elles soient appelées « révolution du Jasmin »,« révolution Internet » ou « révolution Facebook », les manifestationsqui ont eu lieu en 2010 ont débuté par le biais des nouvelles techno-logies. Le 17 décembre 2010, le Tunisien Sidi Bouazzi, vendeur am-bulant sans permis, s’était immolé pour protester contre la saisie de samarchandise de fruits et légumes. Cette information a circulé en premierlieu sur Facebook avant d’être reprise par France 24 et AlJezira. Ce futle début des révolutions dans les pays arabes. Les premiers appels àmanifester ont aussi été lancés sur Facebook. Le réseau social a servià mobiliser des milliers de gens pour manifester en Tunisie. Cela montreque les réseaux sociaux ont vraiment le pouvoir de nous guider versplus de démocratie et plus de liberté d’expression. Bien que le pouvoirait essayé d’arrêter la révolution et la mobilisation en bloquant Facebooket même Internet, il était trop tard et le gouvernement du pays est fina-lement tombé. Voyant l’impact de leurs cris de colère, leurs voisins, les

Égyptiens utilisèrent les mêmes outils pour réclamer la démocratie etse débarrasser de leur régime autoritaire.

Facebook a pu contribuer à créer une démocratie ouverte et participa-tive, qui est appelée parfois « facebookratie ».

C’est une des raisons pour lesquelles Facebook est souvent interditdans les dictatures. Dans les pays arabes, les dirigeants ont essayé deréprimer les manifestations en interdisant Facebook et en coupantl’accès Internet. Mais les dictatures sont confrontées à de nouvellesproblématiques. Étant elles aussi dépendantes du Net, elles ne peuventcouper son accès sur une longue période. De plus, les instrumentsmis en place pour contrôler ces nouveaux réseaux sont souvent dé-passés par la riposte des utilisateurs qui ont généralement une longueurd’avance.

En juillet 2009, le régime iranien a lancé une contre-offensive avec laloi sur la « cybercriminalité » pour débusquer ses détracteurs. Maisavec l’avancée des technologies, la montée des journalistes citoyens,le régime a dû s’avouer vaincu devant l’ensemble des internautes.« Chaque personne est devenue un média. Même prendre des photosde ces évènements est extrêmement dangereux. Mais les opposantstiennent à le faire car ils veulent être entendus. On ne peut contrôlersept millions de personnes », a déclaré un blogueur iranien installéaux États-Unis.

Graf ti, Caire, Égypte,2011 © Sarah Carr

Page 22: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

22 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

LES MÉFAITSMême s’il faut reconnaître les bienfaits des nouvelles technologies, il nefaut pas pour autant négliger leurs méfaits.

Certains réseaux informatiques entraînent un rétrécissement de la sphèrede l’intime, notamment parce que les jeunes n’ont pas conscience dela publicité donnée aux informations qu’ils diffusent sur leurs blogs, leursmessageries instantanées et sur les sites de réseaux sociaux. Par exemple,plus d’un million de Belges sont déjà inscrits sur le site Facebook.Certains ne peuvent s’empêcher de visiter leur profil plusieurs fois parjour, même si c’est au travail ! Via ce réseau, la vie privée passe dans lasphère publique. Tout peut y être déposé : photos de vacances, d’animauxdomestiques, du dernier petit copain,…

Internet a par ailleurs fait éclater l’espace médiatique et remet en causele journalisme traditionnel. Bien que des informations très intéressantessoient publiées sur Internet, il est aussi un lieu où des informationsinexactes, les accusations calomnieuses et la théorie du complot fontflorès, notamment auprès des jeunes qui ont plus de difficulté à faire ladifférence.

Les TIC font aussi l’objet d’un contrôle des États qui sont amenés àrestreindre la liberté d’expression de leurs citoyens pour diverses raisonset par divers moyens.

LA RESTRICTION DEL’INTERNET EN CHINEEn Chine, non seulement Facebook, mais aussi beau-coup de blogs et de sites Internet sont bloqués. Après

la suspension de Twitter en 2009, les « microblogs » sont apparuscomme un nouveau moyen d’expression en Chine. Leurs auteurs es-saient de se mobiliser en évitant des critiques directes. Ils tentent dene pas utiliser des mots clés comme « manifestation », mais de lesremplacer par d’autres mots comme « ballade collective ».

L’organisation Chinese Human Rights Defenders estime que les mi-croblogs ont fait d’Internet le principal forum de bataille pour la libertéd’expression. Selon Wen Yunchao, célèbre journaliste et bloggeur chi-nois qui a reçu le prix des droits de l’homme de la France en 2010, In-ternet ouvrira la porte à la révolution en Chine.

Après les révolutions arabes, il y eu une période de nervosité parmi lesdirigeants chinois. On pouvait lire sur beaucoup de blogs, un appel àla « révolution du Jasmin ». Partout en Chine, il y eu des manifestationspacifiques réprimées par le régime. Dès lors, la censure a été renforcée :le mot jasmin ne peut plus être utilisé dans les médias, le Présidentchinois ne doit pas être mentionné dans la même phrase que les diri-geants arabes et la presse n’a pas le droit de montrer la police et desmanifestants qui s’opposent.

Au delà de la censure, le régime manipule les bloggeurs en leur donnant5 centimes pour chaque commentaire en faveur du gouvernement.

LE SCANDALE GOOGLE

Pendant plusieurs années, afin detraiter des affaires avec la Chine, lacompagnie Google avait renoncéaux principes de libre recherchequ’elle avait pourtant édictés ail-leurs. Le moteur de recherche sepliait aux filtres du great firewall de

Chine, qui ne permettant aucune recherche mentionnant les manifes-tations de la place Tian’anmen, ayant un contenu pornographique, oucritiquant la politique chinoise.

C’est la découverte d’une attaque électronique en 2010 de la part dugouvernement chinois à l’encontre des défenseurs des droits humainset d’autres militants, qui a remis en cause le pacte passé en 2006. Lastratégie était simple, efficace mais ô combien vicieuse. Des « surveil-lants » se faisaient passer pour des « entreprises de confiance » afinde récupérer les adresses personnelles des participants.

Ces attaques et la surveillance qu’elles ont permis de révéler, combinéesaux tentatives de ces dernières années de restreindre davantage la li-berté d’expression sur le Web ont amené la compagnie à conclurequ’elle devait réviser la faisabilité de ses affaires en Chine. En consé-quence, le moteur a annoncé son intention de ne plus filtrer les résultatsde recherche sur Google.cn. Il a indiqué que ses représentants et legouvernement chinois essaieraient de trouver une solution. L’affaireest toujours en cours.

« HADOPI », UN FREIN À LALIBERTÉ D’EXPRESSION ?

Les restrictions touchant Internet exis-tent aussi chez nous. Lors de la jour-née mondiale contre la cyber-censurele 12 mars 2011, Reporters sans fron-tières a publié le classement mondialde la liberté d’expression sur Internet.

La France figure sur la liste des pays « sous surveillance » parce queReporters sans frontières estime que deux lois françaises, « Hadopi »et « Loppsi2 » présentent un danger pour la liberté d’expression. La loi « Hadopi » autorise la coupure de la connexion Internet dansle cas de téléchargements illégaux. Reporters sans frontières estimeque la défense d’une activité économique n’est pas une raison suffi-sante pour restreindre la liberté d’expression en coupant l’accès à In-ternet. La deuxième loi, « Loppsi2 », est à la base une loi contre la pornogra-phie illégale sur Internet. Elle instaure des mesures de filtrage sansun contrôle réalisé par un juge indépendant. Ce filtrage risque d’êtreétendu à d’autres délits comme la contrefaçon, la diffamation oumême l’offense de l’État ce qui serait une limitation très grave de la li-berté d’expression très grave. La France est aussi critiquée pour avoir créé un climat hostile auxjournalistes en 2010. Un seul exemple : les ordinateurs de deux re-porters des journaux en ligne « Mediapart » et « Rue89 » qui s’occu-paient de l’affaire Bettancourt ont par exemple été volés.

Page 23: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

23 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

B. L’ÉDUCATION AUX MÉDIASPOUR UNE MEILLEUREUTILISATION DES TICPour que la liberté d’expression puisse aussi trouver son applicationaussi avec les « nouvelles » technologies de communication et d’infor-mation, il est important d’apprendre à les utiliser.

Les nouvelles productions médiatiques sont nombreuses, diversifiées etomniprésentes. La vie avec et dans la société de communication et desnouveaux médias exige plus que jamais le développement de capacitésintellectuelles et la maîtrise solide de savoirs de base (grammaire, logique,méthodologie, sciences, sciences humaines). Elle exige aussi le déve-loppement de connaissances et de capacités intellectuelles nouvelles.C’est le champ de connaissances et d’apprentissages spécifiques à cetteréalité que l’éducation aux médias introduit dans l’école en interactionavec l’ensemble de ses autres enseignements.

Tout comme en Grèce Socrate faisait de l’éducation aux médias avecses disciples en développant la critique des beaux discours, les profes-seurs doivent aujourd’hui intégrer ces nouveaux outils qui enrichissentla culture de façon cohérente à leur enseignement. Les jeunes pourrontainsi profiter pleinement des nouvelles technologies tout en ayant plei-nement conscience de leurs méfaits.

Il est aujourd’hui indispensable que tous puissent profiter d’une éducationaux nouveaux médias pour les utiliser avec prudence et intelligence.

Pays dans lesquels l’accès à Internet est restreint, 2008.

Page 24: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

24 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

A. RESPECTER, PROTÉGER,METTRE EN ŒUVRELes droits ne sont au départ que des articles. Pour qu’ils deviennentcontraignants, il faut que des mécanismes de mise en œuvre et decontrôle soient créés. L’ONU dans tous ses traités relatifs aux droits hu-mains reconnaît trois obligations aux États parties : respecter, protéger,et mettre en œuvre ces droits.

RESPECTERChaque pays doit respecter le droit de chaque personne à exercer sa li-berté d’expression. Il ne peut pas en principe détenir des individus d’opi-nions dissidents, ayant exercés ce droit, de manière arbitraire ou établirdes lois liberticides (lois qui annulent une liberté). Il doit également res-pecter la liberté d’expression des médias.

PROTÉGERLes États sont obligés de protéger le droit de chaque personne de s’ex-primer comme elle l’entend, tout en respectant les limites de cette liberté.Ils doivent par exemple veiller à ce que ce droit ne soit pas entravé parles intérêts de grands groupes commerciaux ou des coutumes sociales.Ils doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser les

violations de ce droit et créer les conditions qui permettent de prévenirde telles violations. Si toutefois une violation du droit à la liberté d’ex-pression a lieu, l’État doit veiller à ce que les victimes disposent d’un re-cours efficace, devant un tribunal par exemple.

MISE EN ŒUVREL’État doit permettre au public d’accéder à l’information, notammentgrâce à l’éducation permanente. Les autorités nationales peuvent égale-ment mettre en place des organes nationaux de protection des droitshumains à qui elles peuvent demander des conseils lors de l’élaborationd’une nouvelle loi par exemple.

Aujourd’hui, 167 pays ont ratifié le Pacte international relatif aux droitscivils et politiques et se sont de ce fait engagés à respecter ces obligations.Nous connaissons cependant la situation des droits humains dans le

monde et sa-vons pertinem-ment bien quetous ne s’y tien-nent pas.

CHAPITRE VI :LES OBLIGATIONSDES ÉTATS

Pays ayant ratifé le PIDCP, 2009

Page 25: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

25 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

LES DROITS HUMAINS SOUSCONTRÔLEContrôler la conformité de l’État en ma-tière de droits de l’homme est la tâchede plusieurs mécanismes de contrôle.

Au niveau international : le Comité desdroits de l’homme des Nations Unies apour tâche la surveillance de la bonneapplication de ces droits dans les Étatsparties au Pacte des droits civils et po-litiques.

Le Conseil des droits de l’homme peutaussi recevoir des communications,c’est-à-dire des plaintes, formulées pardes individus ou des ONG à l’encontred’un pays. Ceux-ci transmettent leurplainte au bureau du Haut Commissa-riat des Nations Unies pour les droitsde l’homme qui vérifie dans un premiertemps la recevabilité de la plainte avantde la transmettre au Conseil lui-même.Ce dernier envoie alors un expert dansle pays concerné pour faire état de lasituation. Si une solution amiable nepeut être trouvée, l’expert rend un rap-port au Conseil qui peut alors transmettre ses directives à l’Assembléegénérale des Nations Unies qui elle peut décider des mesures de sanc-tions à prendre.

Au niveau régional : les systèmes régionaux – européens, interaméricainet africain - de protection et de promotion des droits humains permettenteux aussi des communications individuelles en cas de violation des droitshumains. Les différentes cours peuvent prendre des décisions engageantles États et accorder des compensations en cas de reconnaissance de laviolation.

Il existe dans le monde trois cours régionales réservées au jugement desviolations des droits humains, la Cour européenne des droits de l’homme,la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la Cour africaine desdroits de l’homme et des peuples.

Les rapporteurs spéciaux : il existe encore d’autres moyens de contrôle,comme le mandat attribué au Rapporteur spécial sur la promotion et lerespect de la liberté d’expression. Celui-ci rapporte au Comité des droitsde l’homme des Nations Unies la situation mondiale de la liberté d’ex-pression, communique des observations et de ses recommandations.De tels rapporteurs existent également au niveau des organisations ré-gionales.

Les ONG : elles aussi jouent un rôle non négligeable dans la promotionet la protection de la liberté d’expression et des autres droits fondamen-taux. Elles attirent l’attention des gens sur les situations où les libertéssont négligées, dénoncent les restrictions aux libertés, lancent des appelsurgents à l’action et préparent des rapports particuliers comme par exem-ple sur la concentration des médias ou sur la corruption.

B. CONCLUSIONLa liberté d’expression constitue un fondement essentiel à toute société.Si elle est l’un des indicateurs de sa bonne santé, elle avertit aussi lesdécideurs suffisamment tôt d’une situation critique afin qu’ils puissentprendre des mesures.

Des mécanismes de protection des droits humains existent et ils devraienten principe toujours pouvoir protéger ceux-ci. Dans la pratique, leur bonfonctionnement reste cependant encore trop souvent dépendant de labonne volonté des États.

LE SAVIEZ-VOUS ?Le Conseil de sécurité est composé de quinze membres : cinqmembres permanents pourvus du droit de veto (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et dix élus pour une durée

de deux ans (renouvelés par moitié tous les ans).

?

Page 26: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

26 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Le Zimbabwe ne cherche plus à protéger la liberté d’expression

CARTE D’IDENTITÉ

Capitale : HararePopulation :14,3 millionsLangues officielles : anglais, shonaSystème politique : République uni-taire gouvernée par la ZANU(Union Africaine Nationale duZimbabwe)Président : Robert Mugabe

Le Zimbabwe est une républiqued’Afrique centrale. Le pays est uneancienne colonie britannique quipratiquait l’apartheid lorsqu’elles’appelait Rodhésie.

Robert Mugabe est à la tête dupays depuis son indépendance en1980. Il reconnaît sans mal queson régime a recours à la torture.Dès 1987, il a pris toutes les me-sures nécessaires pour qu’aucuneopposition ne puisse se créer. De-puis 2002, Mugabe a abandonnétoute courtoisie et mis fin au sem-blant de démocratie qu’il mainte-nait jusqu’alors en limitant drasti-

quement la liberté de la presse, enmuselant l’opinion publique et enayant recours à la torture et à l’as-sassinat de toute personne contes-tant son autorité.

Les pratiques de Robert Mugabeont été condamnées par l’ensem-ble des pays occidentaux et par lesONG’s telles qu’Amnesty Interna-tional qui dénoncent les violationsrépétées des droits humains. Il bé-néficie néanmoins d’un soutiensans faille de la police et de l’arméede son pays.

En mai 2008, Robert Mugabe a étéreconduit au pouvoir sans grandesurprise. Cependant, son compor-tement de ces dernières années luia valu de perdre peu à peu le sou-tien de la plupart des pays afri-cains.

VIOLATION DU DROIT À LALIBERTÉ D’EXPRESSIONLe Zimbabwe est partie au Pacteinternational relatif aux droits civilset politiques depuis 1991. Il estégalement partie à la Charte afri-caine des droits de l’homme et despeuples depuis 1986.

En ratifiant ces deux textes, le pays,par l’intermédiaire de son gouver-nement, s’est engagé à respecter,protéger et mettre en œuvre TOUSles droits humains y compris la li-berté d’expression.

La réalité est un peu pus complexecar il n’a pas ratifié les protocolesadditionnels permettant de le tra-duire en justice pourses abus en matière dedroits fondamentaux.

Depuis les années2000, le gouvernementzimbabwéen manquesans cesse à son obli-gation de respect de laliberté d’expression. Ilutilise de manièreconstante des mesures d’intimida-tion contre les opposants et les dé-fenseurs des droits humains. Ceux-ci sont régulièrement harcelés,arrêtés et torturés. Au moins 17défenseurs des droits humains en-levés par la police du gouverne-ment (la sûreté de l’État) en 2008sont toujours sous le coup de

charges qui, de l’avis général, ontété forgées de toutes pièces. La loiest abusivement utilisée pour fer-mer les journaux que l’élite au pou-voir juge trop critiques.

Le Zimbabwe ne cherche pas nonplus à protéger la liberté d’expres-sion de ses citoyens. Les auteursde violations ne sont pas soumis àl’obligation de rendre des comptes.Ils agissent en toute impunité etont parfois été encouragés à pour-suivre leurs agissements. Ainsi, enjanvier 2011, des sympathisantsdu gouvernement ont passé à ta-bac un groupe d’opposants sousles yeux des forces de police quin’ont pas réagi.

On constate au Zimbabwe un réelmanque de progression dans lamise en œuvre de réformes quis’avèreraient capitales pour faireface aux atteintes aux droits hu-mains passées et actuelles. Sansune réforme des institutions quipermettra une meilleure applica-tion des droits, notamment le droit

Page 27: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

27 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

à la liberté d’expression, la stabilitédu pays continuera d’être forte-ment menacée.

CE QUI PEUT ÊTREENTREPRIS CONTRE LESVIOLATIONS DES DROITSHUMAINS AU ZIMBABWEAu niveau régional

La Cour africaine des droits del’homme et des peuples peut re-cevoir des plaintes en cas de vio-lation des droits humains. Le gou-vernement du Zimbabwe a déjà étécondamné à plusieurs reprises àpayer des indemnités à des jour-nalistes ou des groupes de médiasà qui il avait empêché d’exercerleur travail. La commission de cetteorganisation a aussi transmis desrecommandations au gouverne-ment zimbabwéen et lui a de-mandé de respecter ses engage-ments en matière de droitshumains. Le pays a dû par deuxfois rendre à la commission desrapports faisant état des moyensmis en œuvre pour arriver aux ré-

sultats escomptés.

L’Union africaine est une organi-sation d’États africains regroupésdans le but d’œuvrer pour la dé-mocratie et le développement enAfrique. Cette organisation a la pos-sibilité de condamner les abus deses membres en matière de droitshumains et de les sanctionner,dans le domaine économique parexemple. À ce jour, l’Union Afri-caine n’a pas condamné RobertMugabe et son gouvernement :cela s’explique en partie par le sou-tien que les États africains lui ap-portaient jusqu’à récemment.

Au niveau de lacommunautéinternationaleLa plupart des pays occidentauxont vivement condamné toute vio-lation des droits humains par legouvernement zimbabwéen. CesÉtats ont la possibilité d’appliquerdes sanctions économiques enversle pays s’ils sont partenaires com-

merciaux. L’Union européenne aainsi pris la décision de suspendretout commerce de diamants avecle pays tant que celui-ci n’amélio-rerait pas la situation actuelle.

Au niveau de l’ONULe Conseil de sécurité qui est l’or-gane exécutif des Nations Unies,a la responsabilité du maintien dela paix et de la sécurité. Il peutadopter des résolutions qui sontdes textes à valeur juridiquecontraignante. Au moment del’élection de 2008, le Conseil avait,à de nombreuses reprisescondamné les pratiques de laZANU.

Le Conseil des droits de l’hommea lui aussi la possibilité de condam-ner les pratiques d’un État. Cepen-dant, il se heurte souvent augroupe comprenant différents paysafricains qui jusqu’à peu offrait unsoutien sans faille à Robert Mu-gabe. Le ministre de la justice duZimbabwe s’est plaint en 2009 queson pays faisait trop souvent l’objet

de critiques et était mis sous lesprojecteurs pour des violations sys-tématiques des droits fondamen-taux.

LA COUR PÉNALEINTERNATIONALELa Cour pénale internationale estune juridiction permanente char-gée de juger les personnes accu-sées de génocide, de crime contrel’humanité et de crime de guerre.Le Zimbabwe n’est pas membrede la cour. Pour pouvoir juger Ro-bert Mugabe, il faudrait que leConseil de sécurité transfère l’af-faire à la cour.

De par les exactions nombreuseset systématiques que son gouver-nement a commises en matière dedroits fondamentaux depuis desdécennies, Robert Mugabe pour-rait bien encourir une condamna-tion pour crime contre l’humanité.La décision du Conseil de sécuritéde transférer l’affaire à la Cour doitse prendre à l’unanimité de ses 15membres. Or jusqu’à présent, plu-sieurs pays se sont opposés à cetransfert, notamment la Russie etla Chine mais aussi certains paysafricains, sans doute pour se pro-téger de leurs propres violations enmatière de droits humains.

Chaque année, dans son rapportannuel, Amnesty International dé-crit la situation des droits humainsau Zimbabwe. Grâce au soutien demilliers de militants, elle lance desactions et exerce une pression im-portante sur le gouvernement ciblé.

La police anti-émeute au Zimbabwe. © Reuters/Howard Burditt

Page 28: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

28 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

La liberté d’expression est un droit fondamental qui, comme tous les au-tres droits, a derrière lui une longue histoire. Celle-ci a véritablement dé-buté avec l’apparition des premiers moyens de diffusion de masse. Eneffet, ceux-ci, à peine nés, ont été immédiatement suivis d’une applicationsévère de la censure et bien que la pensée des Lumières, notamment,ait souligné le caractère indispensable de ce droit, pour l’épanouissementde l’être humain et la bonne marche des sociétés démocratiques, il fautse rendre à l’évidence qu’il n’en est pas toujours ainsi.

Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays du monde, ce droit est ré-gulièrement bafoué, et s’exprimer en public peut présenter, pour celuiqui le fait, un risque vital. Pourtant le droit à la liberté d’expression a uneimportance primordiale qui s’explique en partie par le lien étroit quiexiste entre ce droit et les autres droits fondamentaux inscrits dans laDéclaration des droits de l’homme. Le droit à la liberté d’expressiondonne donc tout son sens à la démocratie.

Aucune liberté n’est cependant absolue, et la liberté d’expressionn’échappe pas à la règle. À partir du principe selon lequel la liberté desuns s’arrête là où commence celle des autres, la liberté d’expressionpeut être soumise à certaines restrictions. Celles-ci, pour être légitimes,doivent être prévues par la loi et proportionnelles au but à atteindre. Ilest malheureusement fréquent que des États utilisent leurs possibilitésde limiter le droit à la liberté d’expression de manière arbitraire et abusive.Un grand nombre de personnes, notamment des journalistes, sont em-prisonnées pour avoir exprimé une opinion contraire à celle du pouvoiren place.

Aujourd’hui, nous l’avons vu, la liberté d’expression est confrontée à denouveaux enjeux. L’apparition des TIC permet à l’information de circulertoujours plus vite, toujours plus loin. Internet offre la possibilité à tous des’exprimer sans considération de frontière et cela à un coût modique.Mais, face à ces avancées, ces nouvelles technologies apportent aussiaux États de nouveaux moyens de contrôler et de restreindre la libertéd’expression de leurs citoyens.

Les États ont, dans leur grande majorité, ratifié les textes internationauxrelatifs aux droits de l’homme. Ils ont dès lors la responsabilité et ledevoir de les faire respecter. Ceux-ci sont devenus des facteurs indis-pensables à la protection et à la promotion des valeurs démocratiques,du pluralisme, de la lutte contre la corruption et l’abus de pouvoir etautres dangers qui menacent la démocratie. Il arrive pourtant fréquem-ment que certains États dérogent à leurs engagements. Il tient alors auxorganisations internationales et régionales, aux ONG et aux simples ci-toyens, de leur rappeler leurs obligations.

L’action de chacun peut faire la différence. Amnesty International a déjàprouvé son efficacité dans ce domaine.

« Je suis très reconnaissant envers tous ceux qui m’ont soutenu, quim’ont envoyé des lettres en prison, qui ont brandi mon portrait, quiont allumé une bougie pour moi... J’ai pu éprouver la force de la soli-darité. Et c’était grâce à la solidarité que j’étais fort », Mikita Sasim,étudiant et ancien prisonnier d’opinion, libéré en 2006, Biélorussie.

Aujourd’hui, le combat continue.

Amnesty International vous propose de devenir défenseur des droits hu-mains. Un cas parmi d’autres : mobilisez-vous et agissez pour l’humoristebirman Zarganar, condamné à une peine de trente-cinq ans d’empri-sonnement pour avoir publiquement critiqué la façon dont le gouverne-ment avait géré la crise humanitaire, provoquée par le passage du cycloneNargis en mai 2008 !

CONCLUSION

Page 29: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

29 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Népal : « Beaucoup de choses sont cachées à la population »Dries Gœmine, 34 ans, belge tra-vaillant dans une ONG au Népaldepuis deux ans.

Dans votre pays, avez-vous déjàentendu que la liberté d’expres-sion n’était pas respéctée ? Enavez-vous fait l’expérience ?Au Népal, on ne peut pas vraimentparler de restriction de la libertéd’expression,mais beaucoup dechoses sont cachées à la popula-tion. Les élites manipulent beau-coup les plus pauvres. Parfois, cer-taines choses peuvent surprendre.En 2002, la famille royale a été as-sassinée. Au départ, personnen’osait en parler et puis petit à petit,les langues se sont déliées. Lesgens ont fait connaitre leur désirde savoir la vérité. Il n’y a pas derestriction des autorités, c’est

quelque chose qui est plutôt lié àla culture.

Avez-vous un accès suffisant àl’information ?L’accès à l’information n’est passuffisant et c’est là tout le pro-blème. La plupart des Népalais vi-vent dans des endroits très reculésgéographiquement. Dans leurgrande majorité, les gens n’ont euaccès à aucune éducation, ils sontsouvent manipulés par une petitefraction élitaire éduquée. Cemanque d’accès à l’informationrend les choses très difficiles. Lorsd’une épidémie, par exemple lecholéra, il n’y a aucun moyen deprévenir la population à temps etde lui indiquer les mesures à pren-dre. Cela peut avoir des consé-quences désastreuses.

Que représente la liberté d’expres-sion par rapport à votre profes-sion ?Officiellement, tout peut être dit auNépal. Mais dans mon ONG, auniveau des employés, je travaillesurtout avec des gens des hautescastes. Quand on touche au sujetde l’exclusion, il faut faire preuved’une grande diplomatie. Mais il ya peu d’autorité formelle au Népal,tout le contrôle passe par des prin-cipes culturels. Dans mon travail,il m’est déjà arrivé qu’un hommeme demande de ne pas donnertelle ou telle information à unefemme parce qu’elle ne doit pasêtre mise au courant. Il s'agissaitde la création d'un groupe d'entre-aide (selfhelpgroup) et d'épargne(credit and savinggroup) pour lesfemmes. Le but étant de réunir les

femmes pour qu'elles puissentavoir plus d'autorité / pouvoir, etd'auto-financer des micro-projectspour augmenter (ou créer) les re-venus, et comme ca les rendreplus indépendantes. L'hommeavait bien compris que ca allaitchanger les structures d'autorité etde l'inégalité dans son petit village.Mais en négociant, nous sommestoujours arrivés à nos fins.

ANNEXES

Page 30: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

30 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Guinée : « Un peuple sansliberté d’expression est unpeuple opprimé »

Que représente la liberté d’expres-sion à vos yeux ? Pour moi, la liberté d’expression,c’est la liberté d’exprimer ses opi-nions, ses convictions. C’est la pos-sibilité de faire un choix par rapportà un mode de vie, à une problé-matique. En Guinée, d’où je viens,il y de cela 12 ans, il était très dif-ficile de dénoncer une situation decorruption. Les gens n’avaient pasle choix de s’opposer à cette pro-blématique, il aurait été trop dan-gereux de le faire.

La liberté d’expression est elle se-lon vous fondamentale pour unesociété ?Absolument ! Un peuple sans li-berté d’expression est un peupleopprimé. Il ne pourrait que subirles choix du politique. Ce serait enquelque sorte une forme d’escla-vagisme. Si le peuple n’est pas

d’accord avec le choix fait par lepouvoir et qu’il ne peut s’exprimer,on est dans un rapport de domi-nation sans issue.

D’après vous, où en est la libertéd’expression dans votre pays?En Guinée, le droit à la liberté d’ex-pression a connu une longue évo-lution. Au départ, immédiatementaprès l’indépendance, le régimemis en place était une dictaturecommuniste. Sous ce régime, ilétait impossible de s’exprimer.Toute opposition au pouvoir menaità une arrestation, des tortures etparfois la mort. Puis, dans une se-conde période, le régime dictatoriala été renversé par un régime mili-taire. La liberté d’expression n’étaittoujours pas respectée mais il yavait quand même des moyens des’exprimer. Bien sûr, pas de ma-nière publique. Depuis quelques

années, la Guinée a connu ungrand changement politique, lepays s’est démocratisé. La situationde la liberté d’expression est bienmeilleure. Les critiques sont per-mises, la presse étrangère est dif-fusée à grande échelle. Il y acomme partout des limites maisaujourd’hui, en Guinée, on peutdire qu’il y a un véritable droit à laliberté d’expression.

Dans votre pays, avez-vous déjàentendu que la liberté d’expres-sion n’était pas respectée ? Enavez-vous déjà fait l’expérience ?Du temps des régimes autoritairesen Guinée, il était impossible de seprocurer la presse étrangère. Ellen’était pas vendue. Si quelqu’unréussissait à se la procurer et quecela se savait, la personne était ar-rêtée, torturée et parfois disparais-sait.

De ma propre expérience, mes col-lègues étudiants et moi-mêmeavions organisé une manifestation.Nous voulions dénoncer la corrup-tion du système universitaire danslequel les élèves payaient les pro-fesseurs pour réussir. Plusieurs demes amis ont été arrêtés, torturés,d’autres comme moi n’ont eu d’au-tre choix que de s’exiler. Le gou-vernement en place utilisait cestechniques pour dissuader tout lemonde de tenter de s’exprimer.

La liberté d’information est es-sentielle pour avoir accès à la li-berté d’expression. Pensez-vousrecevoir de manière ouverte lesinformations nécessaires pour

faire valoir ce droit ?Cela n’a pas toujours été le cas,mais aujourd’hui oui. La base ins-titutionnelle de la Guinée étant dé-mocratique, les informations sontdiffusées de manière à ce que lagrande majorité les reçoive. Il y aquelques nuances à apporter. Lespersonnes qui n’ont bénéficié d’au-cune instruction ou qui vivent dandes endroits très reculés n’ont pasforcément accès à l’information dela même manière que les autres.

Comment des outils pourraient-ils être développés pour un meil-leur accès à la liberté d’expres-sion ?Ce domaine peut évidemment tou-jours être amélioré. Il faut réussir àse libérer des contraintes qui nesont pas toujours politiques maisparfois aussi liées à la tradition. Parexemple, en ce qui concerne lesmutilations génitales, de nom-breuses associations œuvrent pourleur abolition mais les milieuxconservateurs ne voient pas d’unbon œil les propos qu’elles tien-nent.

Oumar Diakhady, 40 ans, ingénieur électricien. Réfugié en Belgique. Orginaire deGuinée, il doit fuir son pays en 1999 pour avoir participé paci ciquement à unemanifestion étudiante.

Page 31: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

31 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

États-Unis : éviter certainsthèmes sous peine d’êtresanctionnée

Que représente la liberté d’ex-pression pour vous, à quoi sert-elle ? La liberté d’expression est une né-cessité fondamentale dans toutesociété. L’évolution d’une sociétéest dépendante de la capacité deses individus à communiquer entreeux mais aussi avec l’extérieur.Avez-vous déjà entendu que la li-berté d’expression n’était pas res-pectée en Louisiane ? En avez-vous fait l’expérience ?Avant d’arriver en Louisiane (c’est-à dire le Sud profond - ne pas faired’amalgame avec le reste desÉtats-Unis), nous savions quec’était un État assez conservateur

mais nous n’imaginions pas qu’ilétait aussi difficile d’exprimer nospropres points de vue. Je me sou-viens que le lendemain de l’élec-tion d’Obama (en 2008), mes col-lègues américaines (donc toutel’école, excepté les professeursfrancophones) sont arrivées avecune tête d’enterrement. Il aurait étémalvenu d’afficher un quelconquesourire de « victoire ». Un collèguefrancophone s’est d’ailleurs disputéavec une Américaine parce qu’ilfaisait preuve de trop d’enthou-siasme. Avez-vous déjà été limité(e) dansdes thématiques abordées avecvotre classe ? Quelles sont-elles ?

Par qui ? Pourquoi ? Oui, et plus d’une fois. J’ai mal-heureusement été contrainte (suiteà plusieurs plaintes de parents) à

ne plus aborder certains thèmesen classe (politique, sujets délicatstels que l’avortement, peine demort, écologie, port d’armes,…)

Céline Polomé, 28 ans, est un professeur belge qui enseigne depuis 2008 dans uneécole à Saint Martinville, en Louisiane. © Louise Culot, http://louise-culot.blogspot.com/

ANECDOTENovembre 2008. Les élèves étaient entrés en classe avec unauto-collant collé sur leur front – votez Mc Cain – et en di-sant « Obama est un assassin! Il veut tuer les bébés dans le

ventre des femmes » !! Bien sûr, j’ai réagi en leur demandant de jeter leursauto-collants à la poubelle (pas de prosélytisme à l’école). Étant leur pro-fesseur de sciences sociales, je trouvais adéquat de réagir et de débattreau sujet des propos tenus. Nous avons donc fait un tableau reprenant lesidées des Républicains et des Démocrates et discuter de l’avortement. À lafin de la journée, les élèves se sont empressés de raconter à leurs parentsce que nous avions fait en classe. Les parents, scandalisés de ce quej’avais dit (oser parler d’avortement, SACRILEGE), ont téléphoné au « super-intendant » de la paroisse (c’est-à-dire le responsable de l’éducation dansle comté) qui a lui-même contacté ma directrice d’école pour lui demanderde me réprimander. J’ai donc été appelée dans le bureau de la directrice lelendemain…« Madame Polomé », la classe n’est pas un lieu où l’on peutparler de politique! De plus, savez-vous qu’Obama veut autoriser l’avorte-ment jusqu’à 6 mois !! C’est un assassin! » À partir de ce jour là, j’ai com-pris que je devrais surveiller tout ce que je disais.

!

ANECDOTEMars 2011. Alors que nous étudiions la déforestation enclasse (cf. La Révolution Industrielle), j’ai trouvé opportun dediscuter d’écologie. « Comment faire pour sauver notre pla-

nète ? » De nouveau, j’ai laissé place au débat. J’ai ensuite dit que « le faitde posséder 4 ou 5 voitures par famille polluait beaucoup (qu’en Europe onessayait d’utiliser les transports en commun – ce qui n’existe pas ici), quec’était bien de faire du co-voiturage, du recyclage… » ensuite j’ai malheu-reusement eu la « mauvaise idée » de parler de la terrible catastropheécologique qu’a été (et qu’est toujours) « la Marée Noire » (puisqu’ilsétaient tous touchés de près). Ils étaient atterrés par ce que je leur disais et m’ont dit que c’était faux,que BP n’y était pour rien et que leurs pères (qui travaillent sur les plate-formes ) ont affirmé que l’incident était clos et qu’il n’y avait plus aucunproblème… « Les plages sont propres » (il n’y a qu’à regarder) !! Le lende-main, la coordinatrice du programme d’immersion française de la paroissem’a dit que plusieurs parents lui avaient téléphoné et qu’ils voulaient allervoir le « superintendant » car j’avais « encore » osé critiquer leur so-ciété… (les enfants étaient rentrés à la maison en disant à leurs parentsqu’il fallait recycler et sauver la planète!). Au lieu de me remercier, (c’estquand même une petite victoire), je me suis fait taper sur doigts (heureuse-ment, sans suite) !

!

Page 32: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

32 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Turquie : « La libertéd’expression doit êtrefondamentale »

Croyez-vous que le droit à la li-berté d’expression est essentielpour l’accès à d’autres droits fon-damentaux ? La liberté de critique (et d’expres-sion) est la mère de toutes les au-tres libertés, c’est leur «alphabet»,et je pense que ce n’est pas uninstrument, mais un droit fonda-mental. Parce que sans elle, toutesles autres libertés se révèleraientvirtuelle et nulles.

Dans la majorité des pays, la li-

berté d’expression est limitée.Quelles sont ces limites? Sont-elles, à votre avis essentielles ?Aucune limitation ne doit être im-posée à la liberté de la critique (etd’expression), à l’exception, biensûr, des expressions de racisme,de génocide, la discrimination etd’autres crimes de haine et decrimes contre l’humanité. En bref,la liberté est plus nécessaire pourles pensées non-conventionnellesque celles qui sont facilement ac-ceptées par la majorité.

Selon vous, comment se porte laliberté d’expression dans votrepays ? Le président de l’Association desJournalistes de Turquie, OrhanErinc a récemment souligné queles médias turcs passent par desdifficultés sans précédent. Il a dé-claré que « durant cette périodeoù nos activités sont fustigées, lefait que les écrits non encore ter-minés, non encore publiés soientjugés, interdits et effacés à partird’ordinateurs, est révélateur de lasituation dangereuse de la libertéd’expression dans ce pays (…) ».L’Armée de l’Imam est extrême-ment grave, surtout dans un pré-tendu « État démocratique fondésur le droit ».

La Turquie est considérée commeun « pays libre en partie ».

Pourtant, le rapport d’observationdes médias de la section « MédiaObservation du Réseau indépen-dant de communication » révèleque 103 personnes, dont 62 jour-nalistes, ont été traduits en justicepour des accusations liées à la li-berté de pensée et d’expression.

Dans votre pays, avez-vous déjàentendu que la liberté d’expres-sion n’était pas respectée ?Oui, dans mon pays, un livre inéditpeut être déclaré coupable etconfisqué. C’est ce qu’on appelleune « mesure préventive », pou-vez-vous y croire ? Dans cette lo-gique, tous les livres non publiés,chaque mot inexprimé, chaquepensée émergente, des discours

non prononcés courent le risqued’être condamnés et punis par laloi.

Avez-vous un accès suffisant àl’information ? Lorsque les forces publiquesconfisquent un livre avant mêmesa publication, elles privent le pu-blic de son accès à l’information.C’est ce qu’on appelle de la cen-sure. Pour légitimer cette censure,le premier ministre Erdogannomme ces livres « livres-bombes ». Les mass-média, quisont en relations étroites avec legouvernement, applaudissent à cesappellations. En d’autres termes,le triangle totalitaire de « média,politique et business » se trans-forme en censure de fait. Dans cesconditions, à quelles informationspeut-on réellement avoir accès ?

Pouvez-nous nous raconter votreexpérience ? Est-il dangereux dedéfendre la liberté d’expressiondans votre métier ? J’ai été condamné à six mois deprison. Dans une autre affaire encours, le procureur demande unepeine de six mois à deux ans parcequ’il m’accuse d’avoir insulté« l’identité turque », selon le fa-meux article 301 du code pénalturc. Cet article vise à réglementerles « crimes de haine», alors qu’onn’y a jamais fait référence lorsquedes groupes minoritaires subis-saient des attaques ou devaientfaire face aux insultes. Mon seul« crime » est d’avoir parlé et écrit,c’est tout !

TEMER Temel Demirer, 58 ans, est un économiste et écrivain turc. Il vit actuellement àAnkara.

Page 33: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

What dœs the right to freedom ofexpression represent for you ?It is very important part of my life.Without freedom of expression, Icannot admire myself. I really donot know how to keep myself silentabout whatever I believe or feel. Sofreedom of expression is essentialpart of my life. Even under pressureor threat, I express my feeling as itis.

Do you believe that the right tofreedom of expression is essentialfor access to other fundamentalrights ?Without freedom of expression, noone can get freedom of other rightslike freedom of worship, freedom

of media. If one could not expresswhat he or she wants or dislikes,how that one could protect his orher other rights? One’s free expres-sion should be told or informed toothers and then other people couldconsider other people’s desire orfear as a subject they could dealtogether with those sufferers. Wi-thout knowing someone’s feelingor fear, how others could know howthey should deal to solve the pro-blem? So freedom of expression isreally important.

In a majority of countries freedomof expression is limited. What arethese limits according to you ? Arethey, in your opinion essential ?

What is their impact in terms offreedom of expression ?Expression in my country is possi-ble but only when one could takefreely the risk to be taken actionaccording to informal rules of laws.In my country, rule of laws is notwell perceived or established. The-refore few people could expressfreely of their feelings and belief.Then those who could not freelyexpress become less initiative insociety and the society has neverbeen changed according to thedesire of majority of people.

How is, according to you, freedomof expression in your country ?Freedom of expression in my coun-try depends on individual’s abilityto take risk or eagerness to openup one’s own feelings or belief.

I was sentenced to 20 years impri-sonment for reading and passinga periodical published abroad byexile opposition group to somefriends in 1993 and spent 5 yearsand 6 months in prison.

Have you got an access to thisinstruments (internet, media,…) ?How would you define this accessI can get access to all instrumentsabove with limits which depend ontime and place. For example, I can-not get access to the internet, localnewspapers, and foreign press inrural area. And I cannot even ac-cess to the internet sometimes inurban depending on the favour ofministry of telecommunication. Sothese accesses are like sporadicelite access for us. Television andthe radio are almost accessible in

majority of places here. But mostprogrammes of television and radioare of government’s propaganda.

How dœs the right to free expres-sion relate to your occupation ?As a writer and editor, I have noproblem to express freely. But mywords cannot be freely publishedbecause of censorship.

I can freely choose any themewhile I write but some of my wri-tings might not be published. Forexample; pointing out weakness ofsome government’s rules, regula-tions, laws and activities, suppor-ting western countries’ policies,and exploring weakness of pro-go-vernment countries like China.

Have you ever heard of someonebeing limited in its expression bythe government in the name offreedom of expression ? These are uncountable in num-bers. Some artists and journalistswere banned for years to do theirarts. For example; Ko Lay (InnwaGone Yee), writers in exile like WinPe, comedian Zarganar

33 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Myanmar : « Ever think justhow you could be true toyourself »

Li (nom d’emprunt et photo masquée pour garantir la sécurité de cette personne), 45years. She-s doctor and writer. She’s living in Burma.

Page 34: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

34 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

LIVRESBouche cousue,Gigi BIGOT, PepitoMATEO, illustra-teur: Stéphane Gi-rel, Didier Jeu-nesse – 2001, àpartir de 5 ans.Résumé: Avecl’Algérie en toile

de fond, ce texte poétique évoque avec subti-lité une actualité tragique, rarement traitée dupoint de vue de l’enfant. Celle de la censure etde la répression dans un pays en état deguerre.

L’homme qui écoutait chanterl’oiseau, Christian MERVEILLE; il-lustratrice Véronique Hariga, Am-nesty International et Éditions Me-mor – 2000, 8-10 ans.

Résumé : Un homme ose résister aux ordresdu roi. Il refuse de se coucher à son passage,car il veut écouter l’oiseau. Il aura beau êtrearrêté, rien n’y fait : l’homme veut écouter sonoiseau.Ce livre et son dossier pédagogique sont dis-ponibles chez Amnesty International Belgiquefrancophone.

Faites le mur, ChristianLOUIS, Éditions Michalon– Décembre 2005, à partirde 11 ans. Résumé : Anaïs accom-pagne son père en Indo-nésie. Elle rencontre unjeune garçon, Amico, quiest à la recherche des ses

parents disparus, journalistes sur l’île deTimor. Une expédition est préparée, elles’avère vite plus dangereuse que prévue.

Globalia, Jean ChristopheRUFFIN, Éditions Gallimard– 2005, à partir de 14 ans.Résumé : Globalia est lenom de la démocratie uni-verselle gouvernant laTerre, dans un futurproche. Cette démocratie,

idéale en apparence, présente en réalité degraves défauts. La liberté n’y estqu’apparente : la presse est aux mains depuissants anonymes qui s’en servent pourmanipuler l’opinion.

CINÉMALes chats per-sans, BahmanGhobadi, 2009 Résumé : Àleur sortie deprison, deuxmusiciens déci-dent de monterun groupe. Ilsparcourent Té-héran à la ren-contre d’autres

musiciens et tentent de les convaincre dequitter l’Iran. N’ayant aucune chance de seproduire à Téhéran, ils rêvent de sortir de laclandestinité et de jouer en Europe.

Le soleil assassiné,Abdelkrim Bahloul,2002 Résumé : Destintragique d’unpoète, pied noir,homosexuel anima-teur de radio dansl’Algérie des an-nées 1970. Vibrant

manifeste pour la liberté d’expression.

BIBLIO

Page 35: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

35 | DOSSIER PÉDAGOGIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL | 2011 | LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Faites le mur,Banksy, 2010Résumé : Dans unmonde où noussommes bombar-dés de messagespublicitaires qui en-vahissent l’espacepublic, les œuvresde Banksy offrent

un regard différent - un regard à la fois drôleet incisif, sans être dogmatique pour autant.Cet artiste, graffeur, anglais de réputation in-ternationale a toujours garder son anonymatpour échapper à la police et aux médias. Sitedu film : www.faiteslemur-lefilm.com/

Radio Favela,Helvecio Ratton,2002 Résumé : Quatrejeunes d’un bi-donville installentune radio clan-destine afin dedonner la paroleaux habitants, ré-flexion tirée d’unehistoire vraie sur

la liberté d’expression au Brésil.

INTERNET UNESCO Thèmes intéressants (Les TIC dans l’éduca-tion, communication et informations, la libertéd’expression,…)www.unesco.org

Le Conseil des droits de l’homme est un or-gane intergouvernemental qui a été créé parl’ONU, le 15 mars 2006, avec le but principald’aborder des situations de violations de droitsde l’homme et d’émettre des recommanda-tions à leur encontre.www2.ohchr.org/french/bodies/hrcouncil/

Faut-il tuer la liberté d’expression ?http://homme.reseau.online.fr/liberte.htm

La trousse d’éducation aux médias du RéseauIn-Terre-Actif (Salle de presse)www.in-terre-actif.com

Reporters sans frontières défend les journal-istes et collaborateurs des médias emprison-nés ou persécutés pour leur activitéprofessionnelle. www.rsf.org

CPJ est une organisation indépendante à butnon-lucratif fondée en 1981 qui a pour butd’observer les abus contre la presse et pro-mouvoir la liberté de la presse à travers lemonde.www.cpj.org

Freedom house est une organisation basée àWashington, qui étudie l’étendue de la démoc-ratie dans le monde.www.freedomhouse.org

Article 19 est une organisation qui se focalisesur la défense et la promotion de la liberté d’-expression et de la libre circulation de l’infor-mation.www.article19.org

Amnesty International Belgique francophoneVous pouvez trouver des dossiers sur la thé-matique sur le site jeunes d’Amnesty. www.amnesty.be /jeunes

Page 36: DOSSIER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION PÉDAGOGIQUEamnistie.ca/sites/default/files/upload/documents/education/dossier... · Karcher, Dinah Abd El Aziz et Laura Lhoir. Dossier d’exercices

LA CAMPAGNE BOUGIESUNE CAMPAGNE QUI A DUSENS, UN COMBAT POUR LESDROITS HUMAINSCette année encore, toute notre équipe a relevé ses manches pourvous offrir une campagne bougies qu’on oubliera pas de sitôt ! Pourêtre en cohérence avec votre journée « Pas d’accord, j’assume »,nous vous proposons de continuer votre action et de vous mobiliserpour la liberté d’expression. La vente de bougies est un projetconcret qui a tout son sens dans un ONG, indépendante de tout gou-vernement, telle qu’Amnetsy. Pour mettre sur pied votre campagne, nous avons pensé à tout etnous vous proposons : n un guide pratique pour vous aiguiller dans la mise en place de la

campagne dans votre école;n de vous aider à créer votre bon de commande;n de bénéficier d’une animation. Elle portera sur le thème de

la campagne : la liberté d’expression et vous aidera à dyna-miser les ventes dans votre école;

n de mettre vos bougies en dépôt, il n’y a pas d’engagementfinancier pour l’école;

n de vous livrer et de récupérer gratuitement vos bougies; n du matériel de support (affiches, pétitions, ballons, présentoirs).

En participant à la campagne bougies, vous rejoignez un réseaud’écoles qui se mobilisent pour lutter contre les violations des droitshumains.

Pour participer, c’est très simple : envoyer nous ce feuillet ou en-voyer directement un mail à Véronique Devillers – 02/538 81 77 –[email protected] en indiquant votre nom, prénom, adresse, té-léphone, école ou envoyez-nous le formulaire d’inscription àl’adresse donnée ci-dessous. LES DROITS HUMAINS ONT BESOIN DE VOTRE FLAMME !

LES GROUPES-ÉCOLES, UNEAUTRE FAÇON DEDÉCOUVRIR LE MONDE ETD’AGIR EN FAVEUR DESDROITS HUMAINS…

Un des objectifs d’Amnesty International estde faire connaître les droits humains au

plus grand nombre de personnes possible.Chacun peut contribuer à l’action d’Am-nesty, selon ses moyens, son temps etses connaissances.

En participant à un groupe-école, les élèves dusecondaire peuvent aussi faire entendre leurs voix et

s’impliquer dans la vie de l’association. Plus de 40groupes-écoles fonctionnent déjà en Belgique

francophone. Ils participent à des actionstrès diverses mais tous poursuivent le même

but : faire vivre les droits humains au sein de leurétablissement scolaire.

UN GROUPE ÉCOLE OÙ ON RÉFLÉCHIT, OÙ ON AGIT… ET OÙ ON S’AMUSE !Les groupes-écoles sont composés de jeunes de différents âges et dedifférentes classes. Avec l’aide d’un professeur responsable, ils seforment quotidiennement à l’importance de leurs droits fondamen-taux. Relais d’Amnesty dans l’école, les jeunes organisent, agissent,réfléchissent,… deviennent tout simplement des citoyens responsa-bles.

Pour en savoir plus sur les groupes-écoles ou pour recevoir la bro-chure, envoyez un mail à [email protected] ou renvoyez le formu-laire d’inscription ci-dessous.

Vous avez participé à « Pas d’accord, j’assume ! » et vous avez adoré ! Vous n’avez pas envie d’en resterlà et vous voulez continuer à mobiliser vos étudiants et à agir pour les droits humains !Amnesty vous propose d’autres projets. Tout aussi sympas et faciles à mettre sur pied, ils vous permettrontde transformer votre école en un véritable lieu de rencontres et de mobilisations citoyennes.

FORMULAIRE D’INSCRIPTION À envoyer par courrier postal à Amnesty International (secteur jeunesse) 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles ou par fax au 02/ 537 37 29

NOM DE L’ÉCOLE :

ADRESSE DE L’ÉCOLE - RUE :

CODE POSTAL LOCALITÉ

NOM DE LA PERSONNE RESPONSABLE

ADRESSE DE LA PERSONNE RESPONSABLE

ADRESSE E-MAIL TÉLÉPHONE

Je souhaite m’inscrire à lacampagne bougies.

Je souhaite recevoir leguide de la campagnebougies.

Je souhaite créer ungroupe-école.

Je souhaite recevoir labrochure sur les groupes-écoles.