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Dossier. Mieux partager les richesses. Un dominicain dans la lutte sociale Frei Betto Ancien conseiller du président Lula. Les engagements de ce frère dominicain, pourfendeur du capitalisme, sont emblématiques des liens qui existent entre religion et politique au Brésil. STEVE CARPENTIER Paru le: mardi 13/02/2007 Frei Betto, de son vrai nom Carlos Alberto Libânio Christo, est au Brésil l'exemple même de l'engagement des religieux dans la lutte sociale. Né en 1944 à Belo Horizonte, il vient à la politique dès l'âge de 18 ans en devenant le dirigeant de la Jeunesse étudiante catholique, un mouvement qui s'oppose au pouvoir en place. Un engagement qui lui vaudra d'être emprisonné en 1964 par le régime militaire. Il laisse alors les bancs de la faculté pour intégrer l'ordre dominicain. Figure historique, au côté de Leonardo Boff, de la théologie de la libération, il n'en abandonne pas pour autant la lutte politique, qu'il conçoit comme « un outil pour diffuser la parole de Dieu ». À nouveau mis en prison entre 1969 et 1973, il est victime de tortures, une expérience traumatisante qu'il relatera de manière saisissante dans plusieurs des cinquante ouvrages qu'il a rédigés. À la fin des années 1970, sa route croise celle d'un militant syndicaliste qui deviendra le chef d'État du Brésil des décennies plus tard, Luiz Inacio Lula da Silva. Une amitié qui débouchera en 2003 par sa nomination au poste de conseiller de la présidence. Chargé de la mise en place du plan de lutte contre la faim, « Fome Zero », l'un des programmes phares du premier gouvernement Lula, il quittera son poste un an plus tard, arguant d'une « crise de vocation en la chose politique ». S'il n'est pas avare de critiques quant à l'orientation selon lui trop libérale de la politique gouvernementale, il n'en est pas moins demeuré fidèle à son vieux compagnon de route en faveur duquel il a, en 2006, appelé à voter pour un second mandat. Défenseur des sans-terre, des travailleurs, des pauvres et depuis peu versé dans l'écologie, Frei Betto a son idée sur le profil de l'homme politique idéal : ce dernier serait « le fils issu d'un mariage entre sainte Thérèse d'Avila et Ernesto Che Guevara ».

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Dossier. Mieux partager les richesses. Un dominicain dans la lutte sociale

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Dossier. Mieux partager les richesses. Un dominicain dans la luttesocialeFrei Betto Ancien conseiller du président Lula. Les engagements de ce frère dominicain,pourfendeur du capitalisme, sont emblématiques des liens qui existent entre religion etpolitique au Brésil.

STEVE CARPENTIER

Paru le: mardi 13/02/2007

Frei Betto, de son vrai nom Carlos Alberto Libânio Christo, est au Brésil l'exemplemême de l'engagement des religieux dans la lutte sociale. Né en 1944 à BeloHorizonte, il vient à la politique dès l'âge de 18 ans en devenant le dirigeant de laJeunesse étudiante catholique, un mouvement qui s'oppose au pouvoir en place. Unengagement qui lui vaudra d'être emprisonné en 1964 par le régime militaire. Il laissealors les bancs de la faculté pour intégrer l'ordre dominicain. Figure historique, aucôté de Leonardo Boff, de la théologie de la libération, il n'en abandonne pas pourautant la lutte politique, qu'il conçoit comme « un outil pour diffuser la parole de Dieu». À nouveau mis en prison entre 1969 et 1973, il est victime de tortures, uneexpérience traumatisante qu'il relatera de manière saisissante dans plusieurs descinquante ouvrages qu'il a rédigés.

À la fin des années 1970, sa route croise celle d'un militant syndicaliste qui deviendrale chef d'État du Brésil des décennies plus tard, Luiz Inacio Lula da Silva. Une amitiéqui débouchera en 2003 par sa nomination au poste de conseiller de la présidence.Chargé de la mise en place du plan de lutte contre la faim, « Fome Zero », l'un desprogrammes phares du premier gouvernement Lula, il quittera son poste un an plustard, arguant d'une « crise de vocation en la chose politique ».

S'il n'est pas avare de critiques quant à l'orientation selon lui trop libérale de lapolitique gouvernementale, il n'en est pas moins demeuré fidèle à son vieuxcompagnon de route en faveur duquel il a, en 2006, appelé à voter pour un secondmandat. Défenseur des sans-terre, des travailleurs, des pauvres et depuis peu versédans l'écologie, Frei Betto a son idée sur le profil de l'homme politique idéal : cedernier serait « le fils issu d'un mariage entre sainte Thérèse d'Avila et Ernesto CheGuevara ».