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Dossier pédagogique Notre besoin de consolation mise en scène Julie Bérès Représentations du 10 au 12 mai 2011 Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, service éducatif de la Comédie de Reims : [email protected] Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Jérôme Pique : [email protected]

Dossier p dagogique Notre Besoin de consolation - cndp.fr · Je ne suis pas sûre que le ... Le corps est-il devenu le marqueur indubitable du progrès, ... d’une citoyenne américaine

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Dossier pédagogique

Notre besoin de consolation

mise en scène Julie Bérès

Représentations du 10 au 12 mai 2011

Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, service éducatif de la Comédie de Reims : [email protected]

Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Jérôme Pique : [email protected]

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Mise en scène Julie Bérès

Scénario, dramaturgie, textes Julie Bérès, Elsa Dourdet, Nicolas Richard et David Wahl

Interprété et créé par Virginie Frémaux, Eric Laguigné, Mike Hayford et Agnès Joëssel-

Görgen

Création sonore David Ségalen

Création lumières Hugo Oudin

Création vidéo Christian Archambeau

Scénographie Mathias Baudry assisté de Camille Riquier

Plasticienne Juliette Barbier

Chorégraphie Lucas Manganelli

Costumes Aurore Thibout

Perruques Nathalie Régior

Sculptures, peintures clones Alain Fenet, Marguerite Bordat

Régie générale et régie lumières Jean-Marc Ségalen

Régie son Roland Auffret

Régie vidéo Loïc Le Cadre

Régie plateau Stéphane Lemarié, Aude Legrand, François Rault

Avec l’aimable participation de comédiennes et comédiens amateurs.

Production Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône

Coproduction Compagnie Les Cambrioleurs - Le Quartz, Scène Nationale de Brest - Le Maillon, Théâtre de

Strasbourg - La Brèche, Centre des Arts du Cirque de Cherbourg-Octeville - Le Théâtre de l’Onde, Espace

Culturel de Vélizy-Villacoublay - Théâtre Romain Roland, Villejuif / Avec l’aide à la création du Conseil général du

Finistère / Avec le soutien du Granit, Scène Nationale de Belfort, de l’Hexagone, Scène nationale de Meylan et

de l’EPPGHV, Parc de la Villette.

La compagnie Les Cambrioleurs est conventionnée par la DRAC Bretagne et est soutenue par la Région

Bretagne et le Conseil général du Finistère pour ses projets. Julie Bérès est artiste associée au Quartz, Scène

nationale de Brest.

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Notre besoin de consolation

dossier pédagogique

sommaire

LE PROJET ARTISTIQUE

Entretien avec Julie BERES page 4

Note d’intention page 6

Le « scénario » page 8

La création du spectacle page 11

Tenter un théâtre débat page 15

Photographies du spectacle page 17

STIG DAGERMAN,

NOTRE BESOIN DE CONSOLATION EST IMPOSSIBLE A RASSASIER

Extraits de Notre besoin de consolation est difficile à rassasier

de Stig Dagerman

page 20

Biographie de Stig Dagerman page 22

HISTOIRE DES ARTS : Jérôme BOSCH, en contre-point page 24

ÉCHOS DANS LA PRESSE page 26

L’EQUIPE ARTISTIQUE page 29

Bibliographie, vidéographie, sitographie page 33

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LLEE PPRROOJJEETT AARRTTIISSTTIIQQUUEE

EEnnttrreettiieenn aavveecc JJuulliiee BBEERREESS

La jeunesse est-elle le point de perfection humaine ?

Chacun de vos projets s'articule autour d'un sujet fort - social ou politique - pour déboucher

sur un théâtre qui est tout autre chose que documentaire : plutôt onirique, visuel, voire

surréaliste ... Pourquoi?

Mon travail est ancré dans le réel, mon urgence est de parler du présent, d'essayer de comprendre et

d'interroger le monde dans lequel nous vivons. Dans les « sujets » que je choisis d'aborder, je lente

de déceler el de « représenter » l'épaisseur de ce réel, d'en faire surgir la dimension épique, parfois

burlesque, parfois tragique… Je pars donc de situations prélevées dans le réel, et qui deviennent

dans le jeu du plateau, une sorte de fiction fantasmagorique. Pour moi, le théâtre se situe à cet

endroit du rassemblement où des êtres se retrouvent pour confronter des points de vue. Je ne suis

pas sûre que le théâtre puisse à lui seul transformer le spectateur (le citoyen) en délivrant un

« message » sur l'état du monde. Je crois en revanche que le théâtre peut déplacer notre regard : ce

n'est pas seulement un processus intellectuel, mais aussi un plaisir qui implique le corps. Voilà

pourquoi je cherche à faire vivre un théâtre « suggestif », « onirique » ou encore « surréaliste ». Je

crois à une certaine « magie » du théâtre, à sa capacité à créer de l'illusion et le trouble.

Qu'est-ce que vous souhaitiez questionner avec Notre besoin de consolation ?

Nous nous sommes beaucoup documentés sur le paysage d'une « humanité mutante », telle que la

science commence à en dessiner les contours : les manipulations génétiques, le clonage, la

fécondation in vitro, et les recherches sur le vieillissement des cellules qui laissent entrevoir l'horizon

d'une humanité immortelle ! Mais que serait la vie sans l'horizon de la mort ? La jeunesse est-elle le

point de perfection humaine, et aime-t-on seulement ce qui est « parfait » ? Ces questions

éminemment philosophiques sont traduites dans un « scénario » où des personnages sont

susceptibles de les incarner jusqu'à une certaine absurdité.

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Quel serait aujourd'hui, votre rapport au texte sur une scène ? Votre intérêt pour cela ? Avez-

vous déjà eu l'envie de partir d'une dramaturgie existante, d'un texte écrit pour la scène?

Je n'éprouve pas la nécessité, pour le moment, de partir d'un texte préexistant. L'écriture de mes

spectacles vient d'un travail d'immersion documentaire, je considère que l'écriture textuelle participe

à un processus scénique global. Lorsque j'imagine un spectacle, j'ai toujours besoin, en amont des

répétitions, de collecter des images, des sons, des témoignages, de rencontrer des chercheurs

(philosophes, scientifiques, sociologues) spécialisés dans le sujet que j'ai choisi. Je m'entoure d'une

scénariste, Elsa Dourdet, et d'auteurs (Nicolas Richard et David Wahl) avec qui nous « distillons » et

transformons au fur et à mesure de nos recherches les matériaux glanés pour nourrir le scénario. Le

processus suppose une nécessaire élasticité de l'écriture et une porosité des différents ingrédients

scéniques.

Comment passe-t-on d'une formation de comédienne au Conservatoire national d'art

dramatique à un travail la direction de projets que vous qualifiez « d'écriture de plateau » ?

Au Conservatoire, j'étais un peu considérée comme un cancre… Mais une formation, ne sert pas

forcément à reproduire ce qui existe déjà, mais aussi à pouvoir se situer, à forger sa propre voie. J'ai

éprouvé très vite, dans ma formation de comédienne comme avec certains metteurs en scène avec

qui j'ai joué (JeanYves Ruf, Jean-François Peyret), le goût des situations de plateau et cela est resté

très présent dans mon travail de création.

Ma formation de comédienne s'est doublée, si je peux le dire ainsi, d'une formation de spectatrice.

La découverte de l'univers de Tadeusz Kantor, Christoph Marthaler, Heiner Goebbels, Frank Castorf

a été fondamentale… Et aujourd'hui, il y a dans des formes issues du « nouveau cirque » comme

dans la danse contemporaine des dramaturgies extrêmement inventives : Josef Nadj (que j'ai eu la

chance de rencontrer dans le travail), Alain Platel ou Meg Stuart. Maguy Marin, Pina Bausch sont des

artistes que j'admire et qui m'importent énormément... Depuis la création de ma compagnie, je

m'entoure de créateurs (d'artistes interprètes, danseurs, circassiens, vidéastes, plasticiens,

scénographe) pratiquant différentes disciplines, désireux d'affirmer leurs propres langages et au

croisement de ceux-ci, d'aboutir à une écriture scénique.

Propos recueillis par Christophe Lemaire

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NNoottee dd’’iinntteennttiioonn

CCee ddoonntt jjee vvoouuddrraaiiss ppaarrlleerr :: uunnee hhuummaanniittéé mmuuttaannttee

QQuu’’yy aa--tt--iill ppoosstt--mmoorrtteemm ??

La question semble vieille comme le monde. Les croyances y ont répondu comme elles le pouvaient :

réincarnations successives, paradis pour les uns, enfer pour les autres.

Sur un marché encore balbutiant mais dont les débouchés semblent aussi exponentiels que

l’angoisse de la mort, les sociétés post-industrielles commencent à offrir de nouvelles réponses.

Parfois réfrigérantes, comme la cryogénisation, cette technique développée aux États-Unis, qui

consiste à congeler les corps peu après la mort, dans l’espoir que ceux-ci puissent un jour être

réanimés. Pourquoi pas ?

La création de Notre besoin de consolation part d’une recherche sur les enjeux contemporains de la

bioéthique ; il s’agit de questionner le paysage d’une « humanité mutante », telle que la science

commence à en dessiner les contours.

Les manipulations génétiques, le clonage, la fécondation in-vitro, sont d’ores et déjà à portée de

main pour promettre une reproduction contrôlée, calibrée sur mesure ; tandis que des recherches

déjà fort avancées sur le vieillissement des cellules et la façon d’en stopper le mécanisme laissent

entrevoir l’horizon d’une humanité immortelle ! Mais que serait la vie sans l’horizon de la mort ? La

jeunesse est-elle le point de perfection humaine, et aime-t-on seulement ce qui est « parfait » ?

L’homme dégagé de toute contrainte serait-il le stade final de l’intelligence humaine ? Ces questions

éminemment philosophiques sont traduites dans un « scénario » où des personnages seront

susceptibles de les incarner jusqu’à une certaine absurdité. Ce sera l’occasion de questionner le

corps comme réceptacle de notre époque. En quoi le corps « à la carte », que l’on peut améliorer,

transformer, louer, acheter, fabriquer, porte en lui la réalité d’un temps marqué par l’obsession néo-

libérale du « toujours-plus »? Le corps est-il devenu le marqueur indubitable du progrès, et la science

le nouveau graal ? Une existence dont le temps serait illimité, ou pré-destiné, aurait-elle encore un

quelconque sens ? C’est pourtant cet horizon que promet une société post-humaine, ou, comme on

dit déjà, « trans-humaine ». La hantise de la mort, telle qu’elle s’exprime aujourd’hui, en rêves

d’immortalité comme en addictions technologiques, ne reflète-t-elle pas une peur de la vie ?

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UUnn tthhééââttrree qquuii ss’’iinnssppiirree dduu rrééeell

Suite à un travail documentaire, nous avons collecté des informations historiques, juridiques,

scientifiques ainsi que des faits-divers et des témoignages. Ce que nous avons découvert nous a

profondément surpris : ce qui n’était encore que fantasme hier peut se réaliser aujourd’hui, comme

l’histoire, par exemple, d’une citoyenne américaine qui a peur de perdre sa chienne Mody, et la clone

en cinq exemplaires. Ces matériaux documentaires nous ont décomplexé et nous ont inspiré des

personnages que nous n’aurions pas osé dessiner.

À partir de ce glanage, nous avons écrit plusieurs histoires inspirées de ces faits réels. Certaines

nous parlent de ce qui est déjà possible, et d’autres de ce qui ne l’est pas encore. Toutes témoignent

d’un espoir en la science comme remède à une souffrance ; toutes racontent une contre-partie à

offrir au progrès : toutes ces histoires nous parlent d’une humanité qui peu à peu transforme son

corps en marchandise.

Pour témoigner de l’ampleur de ce phénomène de société, dans notre « scénario », nous avons

choisi d’entrecouper et d’entrecroiser des histoires autour de K, protagoniste emblématique de la

pièce. K est un enfant né sous X qui ne peut connaître l’identité de son père, protégée par l’anonymat

d’une banque de sperme. C’est cette difficulté d’exister sans connaître une partie de ses origines qui

fonde sa recherche journalistique : il semble en effet que K mène une enquête qui interroge les

possibilités nouvelles qu’offre la génétique. Son questionnement sur les avancées scientifiques et

leurs dérives est le fil conducteur de notre spectacle.

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LLee «« sscceennaarriioo »» UUnnee rrééaalliittéé qquuii ddééppaassssee llaa ffiiccttiioonn

K s’intéresse à des personnalités issues de l’actualité, telles que Linda Avay, fondatrice de

l’entreprise américaine 23 & me, une société de décodage génétique, basée dans la Silicon Valley ;

Raymond Martinot, ancien chargé de cours à la Faculté de médecine de Paris, un pionnier de la

cryogénisation ; Ole Schou, directeur de Cryos, la première banque de sperme au monde basée au

Danemark ; Jaime Wallace, citoyenne américaine, qui milite pour l’autorisation du clonage reproductif

; le docteur Pathel, directrice d’une clinique indienne basée à Anan, spécialisée dans les mères

porteuses. K convoque ces personnalités dans son espace mental. Il invente des situations et des

dialogues, rencontre ceux qui deviennent ainsi ses « personnages » et les met en relation. Nous

circulons, durant la pièce, entre des faits réels et les fantasmes qu’inspire cette réalité à K.

Jaime Wallace, Clonage et deuil

Nous sommes partis d’une interview parue en 2007 dans Le Monde. Jaime Wallace y explique, après

le suicide de sa fille de 27 ans, Carrie, avoir « décidé de tout mettre en œuvre pour la ressusciter » :

« Plus précisément, j’espère faire naître un jour un enfant qui sera la réplique exacte de Carrie, son

clone. Pour cela, j’ai demandé au médecin légiste de conserver les fragments de foie de ma fille

prélevés lors de l'autopsie, dont on a extrait le noyau d'une cellule contenant son ADN ».

À la lecture de cette interview, nous avons imaginé, avec un sculpteur plasticien, « cloner » sept fois

en grandeur nature l’interprète circassienne qui « incarne » la figure de Carrie. Jaime Wallace a-t-elle

le droit de vouloir cloner sa fille qui a choisi de se suicider ? Le clonage nous donne t-il la possibilité

de devenir propriétaire de l’apparence des autres ? Un corps et son visage suffisent-ils à remplacer

une personne ? Le clonage rend-il le deuil plus supportable ?

Le Docteur Martinot, Rêve de l’immortalité

Le docteur Raymond Martinot, médecin français pionnier de la cryogénisation, a congelé sa femme

après sa mort. Quelques années plus tard, à la demande de son père, le fils du docteur Martinot l’a à

son tour « enterré » dans le congélateur, à côté de sa femme. Après plusieurs années de poursuites

judiciaires concernant ce mode de sépulture, une panne d’électricité (endommageant les corps

congelés) a mis fin au rêve du Docteur Martinot. Pour aborder cette histoire, nous avons pris comme

canevas la transcription d’un entretien avec Raymond Martinot réalisé au milieu des années 80 par

Miriam Stoppard ; diffusé à l’époque par la télévision anglaise dans le cadre d’une série d’émissions

médicales appelée « Where There’s Life » [Tant qu’il y a de la vie]. Le docteur Martinot y confie son

rêve de voir un jour une humanité définitivement débarrassée de la mort…

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Le Business de l’ADN

Un article du Monde publié en juin 2008 présente une société américaine, 23 & me, qui propose de

décoder notre ADN pour 399 dollars. Plus d’une trentaine de maladies héréditaires peuvent ainsi être

génétiquement dépistées. On peut également y lire ses prédispositions comportementales. Les

services de cette société sont accessibles à tous, via Internet. 23 & me est une société privée dont

les ambitions et l’évolution sont en plein essor. Nous sommes partis d’une interview de Linda Avey,

une des fondatrices de 23 & me, jeune femme décomplexée qui rêve des possibilités offertes par sa

société au monde du travail : « On le sait, beaucoup d’entreprises recrutent avec des tests de Q.I….

Alors pourquoi cela ne se ferait-il pas avec la génétique ? ».

Les mères porteuses, un métier d’avenir

Nous sommes entrés avec 23 & me dans le monde de l’entreprise. Nous avons décidé de poursuivre

l’exploration des implications économiques de ces avancées biologiques et scientifiques. Nous nous

sommes rendus dans la clinique du Docteur Patel à Anan, en Inde où la « gestation pour autrui » est

rémunérée. Pour 7500 euros, soit l’équivalent de 15 ans de salaire, des femmes indiennes portent

des enfants d’occidentales, qui, pour des raisons médicales mais parfois aussi par convenances

personnelles ne peuvent le faire. Un véritable commerce se met en place, épousant les contours de

la fracture Nord/ Sud. Nous nous sommes procuré un contrat que ces cliniques privées proposent à

leurs futures mères porteuses. Nous donnerons également à entendre les paroles de ces femmes qui

enchaînent plusieurs grossesses bien souvent pour subvenir aux besoins de leur famille, et

transforment leur ventre en véritable outil de travail.

Cryos, l’eugenisme discret

Cryos, entreprise située à Aarhus au Danemark, est par son chiffre d’affaire la première banque de

sperme au monde. Une de ses particularités est de mettre en ligne et à disposition du public un

catalogue réputé de donneurs anonymes en majorité blonds aux yeux bleus. Nous avons rencontré

Ole Schou le directeur de Cryos, homme fier d’être à l’origine d’un véritable engouement mondial

pour le sperme scandinave. Qui paie peut se procurer du sperme « viking ». Le fantasme d’une race

aryenne est-il encore d’actualité ? Le choix de l’origine de son enfant est-il une pratique pleine

d’avenir ?

Le bébé parfait, une anticipation ?

Nous supposons une humanité totalement encadrée par le génie génétique où l’on n’aurait plus

besoin de rapports physiques pour concevoir un enfant, et où le hasard, qui préside à toute

naissance, n’aurait plus aucune place. Nous avons imaginé un homme et une femme devant un écran

d’ordinateur. Ils choisissent les critères en amont de la conception de leur futur enfant (le sexe, le

niveau d’intelligence, l’option adolescence tranquille)… Peut-être pas si lointaine et absurde que ça,

cette marchandisation extrême du vivant, cette maîtrise absolue de la science sur la conception, où

toute chose, y compris la naissance, auraient un coût de fabrication. « L’enfant qui rembourse lui-

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même l’emprunt quand il sera grand… L’enfant qui se rembourse ? Pourquoi pas ? C’est peut-être

un moyen d’avoir conscience de la valeur de la vie… »

Depuis longtemps déjà

Afin de donner à ressentir l’évolution vertigineuse de la recherche de ces dernières années et

l’impression d’irréalité de certaines de ces avancées, nous avons collecté des faits, sous forme d’une

énumération, témoignant des progrès technologiques et scientifiques de nos sociétés. Puis nous

avons choisi de remonter dans le temps et de faire de cette énumération une « déchronologie », pour

donner à entendre en quoi la situation actuelle pouvait être l’héritière d’une certaine tradition

occidentale.

La parole de Stig Dagerman en contre point

Face aux propos de ceux qui espèrent en ces progrès génétiques, comme un remède à leur

souffrance, je chercherai à faire entendre des fragments du texte de Stig Dagerman, Notre besoin de

consolation est impossible à rassasier. Il naît en effet un ressenti particulier au frottement entre nos

matériaux documentaires et la pensée de Dagerman, qui écrit : « Ma vie n’est pas quelque chose que

l’on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie

humaine n’est pas non plus une performance. ». Stig Dagerman a 30 ans quand il écrit Notre besoin

de consolation est impossible à rassasier, texte « testamentaire » d’une douzaine de pages qui

transporte la fulgurance de son suicide proche.

Dans ce texte, j’entends que les limites de l’homme et ses fragilités témoignent de son identité, ses

pertes de son histoire.

J’entends un refus de la satisfaction immédiate comme référent absolu à notre bonheur. J’entends

que l’impossibilité n’est pas forcément une injustice.

J’entends surtout la vigueur du combat que livre l’homme, qui ne pourra jamais maîtriser totalement

le vivant.

Étoile filante de la jeune littérature suédoise des années quarante, Stig Dagerman peut être considéré

comme l’un des écrivains majeurs du XXe siècle, dont la production littéraire fut d'une incroyable

fécondité. Bien au delà de la figure du poète maudit, romantique, les mots et l’écriture de Stig

Dagerman se sont enracinés dans des luttes politiques majeures qui traversent toute son œuvre : il

fut de tous les combats pour l’anarcho-syndicalisme, et la proximité du courant littéraire prolétarien

suédois ont constamment enrichi sa pensée et son univers romanesque. "Politicien de l'impossible",

comme il se définissait lui-même ; davantage idéaliste qu'activiste, Dagerman voulait mettre un peu

de justice et d'équilibre dans ce bas monde. Porte-parole des idées existentialistes, il incarnait cette

jeunesse de l'après-guerre, arrogante, lucide, en quête d'un vaste idéal de fraternité.

Julie Bérès

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LLaa ccrrééaattiioonn dduu ssppeeccttaaccllee

Comment en faire spectacle ?

Dans la lignée de mes précédentes mises en scène, j’imagine une sorte de fiction onirique dont la

trame permettra d’évoquer, à la façon d’une ligne de tension souterraine, certaines des questions

bioéthiques. Je m’efforce de donner forme à un théâtre sensoriel et suggestif. Il s’agit pour moi

d’élaborer une composition où l’imaginaire des interprètes entre en interaction avec l’émotion

qu’offrent la création sonore, les trouvailles scénographiques, les distorsions que permettent les

projections de la vidéo et de la lumière.

Nos coulisses et répétitions ressemblent à un vaste atelier. Pour nous, tout est « matériau », les

objets, la lumière, l’image, les corps, les matières. Chaque élément est passé au tamis du sens.

Comme des « indices », qui pointent en justesse et discrétion. Je crois profondément à

l’expérimentation du plateau pour dégager une forme poétique et sensible.

Un théâtre suggestif

Nous voulons explorer les fantasmes qu’induit cette humanité rêvant de mutation. J’imagine une

scène peuplée de corps stigmatisés soumis aux caprices d’individus transformés, améliorés. Un

défilé de prothèses, des visages statufiés, des générations de vieillards à visages et corps juvéniles.

Un monde d’enfants centenaires, où l’apparence ne permet pas de dissocier le père du fils, des

femmes nonagénaires qui ressemblent à des poupées barbies… un monde de métamorphoses.

L’état des lieux des pratiques scientifiques, commerciales, culturelles liées à la bioéthique nous

emmène vers un premier constat : tout semble lointain, irréel, démesuré. Comment lutter contre cette

esthétique futuriste, froide, technologique ? Comment montrer cette valse vertigineuse du vivant et

du mort ? Comment montrer du corps, du corps reproduit, du corps déchu, du corps parfait,

efficace… en conservant une certaine poésie et un certain humour ?

Nous cherchons des matériaux proches de ce corps manipulé à loisir et à délire : des matériaux qui

respirent, vibrent, s’étirent, se rident, se déchirent, s’« orificent », mentent et se reproduisent ; des

lycras semblables à des peaux, des ouates nerveuses, des latex translucides, du film étirable si

brillant qu’il semble mouillé, de la maïzena – pâte malléable et cartilagineuse. Nous interrogeons des

objets, des surfaces, des matières qui racontent cette folie de transformation, de perfection et qui

s’apparentent aussi à leur manière au corps du dedans ou du dehors : des éléments qui ont

« qualité » de corps (corps prothèse, corps image, corps vêtement…).

Dans ce « théâtre suggestif », nous accompagnons le spectateur dans une quasi-rêverie, sans trop

en dire. Nous jouons des miroirs aux rayons X, des poupées qui poussent, d’un foie qui se caresse

comme un enfant, d’une enfant démultipliée, d’une mère à vif comme écorchée, d’une amante

congelée. Nous restons toutefois vigilants à ne pas créer un monde peuplé de chimères ou de

créatures à la Jérôme Bosch…

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L’usage de la vidéo, loin d’être « décoratif », participe pleinement à la dramaturgie sensible de cette

pièce. Elle intervient pour « figurer » les métamorphoses des « personnages », leurs fantasmes et le

« floutage » de leurs perceptions : projections d’yeux géants sur des ballons qui envahissent l’espace

et observent, visage projeté qui s’évapore sur un écran de fumée, cœur projeté à la place d’un

visage…

Nous tentons aussi de mettre le spectateur à l’expérience du trouble du vrai et du faux.… Pour ce

faire, nous flirtons avec la limite précaire qui existe entre les deux. Du vrai qui ne s’assume pas

comme tel et du faux plutôt trompeur, du vrai qui dissimule sa vie, du vrai qui se maquille… des

grappes de seins et des membres en cire par exemple, ou des organes gelés dans de la glace… Et

un sculpteur nous a aidés, à « cloner » la circassienne Virginie Frémaux, en sept exemplaires. Pour

réussir à créer ce trouble, nous allons contre la fonction première, déterminée et connue d’un

matériau, contre son usage normal, unique. Nous cherchons sa « polyphonie ».

Une scénographie en perpétuel mouvement

Le travail scénographique dessine un espace à plusieurs peaux, qui se transforme. En premier lieu,

l’évolution et les mouvements de la scénographie déplacent nos interprètes et nos « clones » : les

corps y sont en lévitation, glissants, fragmentés, en mouvement permanent ou en immobilité trop

longue. Naît alors un espace qui parle d’instabilité, de déséquilibre, ou encore nous offre des points

de vue presque « cubistes » : simultanément dedans et dehors, de face et de profil, en haut et en

bas, etc. Cet espace paradoxal n’offre pas de repos. Espace de jeu, boîtes à agencement variable,

volume permettant la multiplicité et l’entrecroisement des plans, plan incliné offrant une frontalité à

plusieurs niveaux, dans la verticalité et la profondeur, permettant le surgissement et le dévoilement.

Plan sur plan, l’écriture du spectacle va ainsi résulter d’une dynamique de montage, avec des images

simultanées, des fondus-enchaînés, des effets d’optique et une sorte de cinéma monstrueux où

l’imaginaire du spectateur sera assidûment sollicité.

Le travail sonore

Nous accordons une grande importance aux techniques sonores. Qui nous parle ? D'où nous parle-t-

on ? Sommes-nous dans le temps réel de l'acteur qui semble nous adresser la parole, ou dans un jeu

d'illusions sonores ? (voix transformées, voix off, voix synthétisées, voix enregistrées...). Nous

superposons des temporalités, en juxtaposant des espaces spatio-temporels a priori incohérents.

Nous ouvrons avec cette création une nouvelle recherche autour du play back, du pré-enregistré,

toujours avec ce souci de perdre le spectateur entre le vrai et le faux, de l’inciter à croire au vrai pour

s’apercevoir que c’est en réalité du faux. Nous imaginons une post-humanité sonore où les émotions

seraient préenregistrées, où les corps mannequins, « nos » clones, seraient des sources sonores, le

son donnant ainsi vie à un corps figé. Nous associons des troubles visuels et auditifs pour déréaliser

ou "sur-réaliser" une situation de théâtre, allant jusqu’à imaginer un « opéra cyborg » où la voix et le

chant pourraient naître d’êtres qui ne sont « ni choses ni personnes ».

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Une expérience partagée avec des amateurs

La révision des lois bioéthiques prévue pour cette année déchire déjà l’opinion publique. Ces

interrogations engagent notre avenir à tous. Avec mon équipe, nous voulons que ce spectacle puisse

prolonger ce débat citoyen. Permettre à des hommes et des femmes, qui ne viennent pas du théâtre,

de partager avec nous cette réflexion sur le plateau.

La constitution de notre équipe se fera donc en résonance avec notre sujet. Notre théâtre puisant en

effet sa source dans le réel, dans notre collecte de matériaux ; il nous semble pertinent de faire une

place au plateau à des gens qui ne sont pas des « spécialistes » du théâtre.

Nous voudrions ainsi partager l’expérience du plateau avec un groupe d’amateurs qui aurait le désir

de participer au spectacle.

Pour Notre besoin de consolation nous proposons une approche théâtrale et chorégraphique du

corps à travers la question de la bioéthique. Nous voulons travailler sur cette « humanité mutante ».

En quelle mesure nous appartient-il dans son intégrité s’il devient monnayable, échangeable,

morcelable ?

Nous voulons confronter le spectateur à une multiplicité de corps qui se fondent en un chœur. Nous

travaillerons le jeu de chacun en partant de sa mémoire, de son histoire, et revisiterons ensemble les

moments charnières qui modèlent chaque existence, naissances, maladies, mariage, décès. Nous

souhaitons que chacun explore la perception qu’il peut avoir de son propre corps.

C’est ce chœur de corps, ce cœur et ce corps en mouvement, animé par une respiration commune,

que nous proposons de partager et d’expérimenter avec un public amateur, qui seront intégrés à

l’écriture de la pièce sur quelques séquences.

Une partition sera écrite en amont et transmise à chaque groupe d’amateurs par Julie Bérès metteur

en scène et Lucas Manganelli, chorégraphe.

Il sera question de trouver ensemble un état de corps, un rythme commun.

Dans tout ce qui le compose, Notre besoin de consolation vibre du trouble que l’on ressent devant

une humanité qui se transforme sous nos yeux, résonne de l’abîme que la science ouvre aujourd’hui

devant nous.

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Voir ou Imaginer ?

« Ne pas montrer les choses, mais ce que sont les choses » (Joseph Beuys)

Nous voulons explorer les fantasmes qu’induit cette humanité rêvant de mutation et donnerons à voir

ce qui peut-être sera demain une réalité. J’imagine une scène peuplée de corps stigmatisés soumis

aux caprices d’individus transformés, améliorée. Un défilé de prothèses, des visages statufiés, des

générations de vieillards à visages et corps juvéniles. Un monde d’enfants centenaires, où

l’apparence ne permet pas de dissocier le père du fils, des femmes nonagénaires qui ressemblent à

des poupées barbies… un monde de métamorphose

Et pour donner à entendre « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » il faut me

semble t-il, suggérer l’espace mental, poétique, qu’ouvre ce texte. Il faudrait parler en termes de

béance, d’abîme, tant Stig Dagerman y dénude les profondeurs et paradoxes de l’être. Je rêve d’un

dispositif qui puisse, paradoxalement, mettre à distance l’incarnation physique de la parole, la faire

vibrer dans des diffractions de temps et d’espaces. Concrètement, j’envisage de tendre entre les

acteurs et le public un écran flexible et en partie translucide qui permette de « flouter » les corps et,

pour le dire autrement, de « ralentir l’image ». Présence / absence. L’acteur comme spectre d’une

parole dont seul l’écho nous parviendrait. Trace. Peinture rupestre. Invitation au plaisir qu’il y a à

déchiffrer plutôt qu’à reconnaître.

En ceci, je rejoins une préoccupation présente dans mes précédents spectacles. En travaillant sur

des effets de distorsion, des ellipses de sens ou des surprises visuelles, je cherche à activer chez le

spectateur une capacité accrue de perception. En laissant un intervalle entre ce qu’il voit et ce qu’il

peut imaginer, je lui propose de fabriquer ses propres connexions, d’achever l’image qu’il a devant

lui.

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TTeenntteerr uunn tthhééââttrree ddéébbaatt

Notre désir est de trouver une forme théâtrale qui puisse provoquer ou stimuler le débat : Quelle sera

l’humanité de demain ?

Nous voulons ouvrir un espace de réflexion et de discussion chez les spectateurs autour de

questions bioéthiques qui déchirent en ce moment le monde philosophique, la communauté

scientifique et l’opinion publique : allongement artificiel de la durée de la vie, séquençage du

génome, alimentation transgénique, fécondation in vitro, chirurgie esthétique, pilules du bonheur…

Les transhumanistes rêvent de débarrasser définitivement l’homme de toute limite et pensent que

prochainement la science pourra remédier par la génétique à ce qui, jusqu’à présent, semblait

incontournable pour la condition humaine : la souffrance, le vieillissement et le terme de la mort…

Ce que nous avons appris pendant notre immersion documentaire nous a profondément interpellés.

Très vite nous sont venues des questions dont nous n’entrevoyons les réponses qu’avec un grand

vertige : le clonage, les nanotechnologies, la maîtrise absolue de la jeunesse, la cryogénisation sont-

elles l’ultime conquête de la liberté humaine ? Ou le résultat d’un culte de la performance poussé à

son extrême ? N’est-on pas face à la première utopie individualiste de l’Histoire ?

Ces questions nous voulons à notre tour les transmettre au public. Nous imaginons les intégrer au

déroulement de la pièce et les adresser directement au spectateur.

Et à l’issue des représentations nous voudrions que des débats soient organisés en présence de

différents spécialistes (généticiens, scientifiques, philosophes… ) autour de cette actualité brûlante

qui, en cette année précédant la révision de la loi de la bioéthique, déchaîne les passions.

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En quoi le corps est-il le réceptacle d’une époque ?

La vieillesse est-elle un accident ?

Réaliser ses fantasmes ne fait-il pas mourir ses désirs ?

Peut-on sauver les gens de la mort ? et de quoi les sauve t on alors ?

Sans la peur de la mort, de la maladie, des accidents ou des conséquences d’une vie excessive, qu’est-ce qui

garde l’homme de la modération, de l’humilité, du doute, de la cohésion de la raison ?

Les limites imposées à l’homme ne le garde-t-il pas de la folie ?

Sans la mort y a t’il encore une liberté ? si l’on peut tout faire, tout vivre, que devient le choix ?

Si l’on choisit de rendre l’homme physiologiquement parfait, pourra-t-on encore aimer ceux qui ne le sont pas ?

Aime-t-on seulement ce qui est parfait ?

Que serait la définition de la liberté ?

Le sens d’une vie n’est-il pas donné par le temps de son existence ?

La mort est-elle une injustice ? ou au contraire est-elle ce qui fait que tous les hommes sont égaux ?

Qu’est-ce qui est « naturel » chez l’homme ? Ce qui le rend commun à tout autre organisme vivant (vie, mort,

maladie, faim) ? ou au contraire ce qui lui a été donné et qui le distingue des autres animaux, l’intelligence.

Auquel cas, en quoi l’application de l’intelligence, c’est-à-dire les fruits de la science, ne serait-elle pas

naturelle ?

L’intelligence de l’homme ne viserait-elle pas depuis toujours à s’affranchir de ce qui est dit « naturel » ?

Le bonheur n’est-il pas dans la réconciliation avec soi-même ?

Ne plus avoir peur rend-il plus fort, ou plus insensible ?

La peur ne stimule-t-elle pas l’intelligence ?

La génétique n’est-elle pas la première utopie individualiste de l’Histoire ?

Si l’on pouvait choisir sa longévité, combien de temps voudrais-tu vivre ?

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EExxttrraaiitt

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rraassssaassiieerr ddee SSttiigg DDaaggeerrmmaann11

Traduit du suédois par Philippe Bouquet

Publié chez Actes Sud

Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie

ne soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni

dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué

la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de

l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute,

ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette

pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que

connaît l’être humain est impossible à rassasier.

En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier.Partout où je

crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en

temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un

souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.

Qu’ai-je alors entre mes bras ?

Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux. Puisque je suis

poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander. Puisque je suis prisonnier : un

aperçu soudain de la liberté. Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un

cœur qui bat de façon sarcastique. Puisque je suis menacé par la mer ; un récif de granit bien dur.

Mais il y a aussi des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma

chambre de chuchotements odieux : Je suis ton plaisir – aime-les tous ! Je suis ton talent – fais-en

aussi mauvais usage que de toi-même ! Je suis ton désir de jouissance- seuls vivent les gourmets !

Je suis ta solitude – méprise les hommes ! Je suis ton aspiration à la mort – alors tranche !

1 Le texte intégral peut être consulté sur Internet à l’adresse suivante :

http://chabrieres.pagesperso-orange.fr/texts/consolation.htmln

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Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : d’un côté par les bouches

avides de la gourmandise, de l’autre par l’amertume de l’avarice qui se nourrit d’elle-même. Mais je

tiens à refuser de choisir entre l’orgie et l’ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du gril

de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos

actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le

contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas

en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. En effet,

lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits,

la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours.

Mais l’humanité n’a que faire d’une consolation en forme de mot d’esprit : elle a besoin d’une

consolation qui illumine. Et celui qui souhaite devenir mauvais, c’est-à-dire devenir un homme qui

agisse comme si toutes les actions étaient défendables, doit au moins avoir la bonté de le remarquer

lorsqu’il y parvient.

Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand

tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par

l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je

peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance

à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que

devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure –

et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses !

Je peux rester assis devant un feu dans la pièce la moins exposée de toutes au danger et sentir

soudain la mort me cerner. Elle se trouve dans le feu, dans tous les objets pointus qui m’entourent,

dans le poids du toit et dans la masse des murs, elle se trouve dans l’eau, dans la neige, dans la

chaleur et dans mon sang.

Que devient alors le sentiment humain de sécurité si ce n’est une consolation pour le fait que la mort

est ce qu’il y a de plus proche de la vie – et quelle misérable consolation, qui ne fait que nous

rappeler ce qu’elle veut nous faire oublier ! […]

Stig Dagerman, 1952

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SSttiigg DDaaggeerrmmaann ((11992233--11995544))

« Ce n’est pas non plus une raison pour penser que tout cela n’a pas de sens, parce qu’il n’est jamais

absurde de préférer l’impossible au possible. La seule chose qui est insensée est d’accepter le

possible ».

Etoile filante de la jeune littérature suédoise des années quarante, Stig Dagerman peut être considéré

comme l’un des écrivains majeurs du XXème siècle. Pareil à ces jeunes fous qui ont brûlé rapidement leur

vie (Kleist, Rimbaud, Sa-Carneiro...) sa production littéraire fut d'une incroyable fécondité.

Enfant naturel d'un père ouvrier, il est élevé par ses grands-parents à la campagne, et arrive à Stockholm

en 1932 pour vivre avec son père et finir ses études. A 22 ans, en même temps qu’il est nommé directeur

de la rubrique culturelle du quotidien anarcho-syndicaliste suédois Arbateren (Le Travailleur), il écrit son

premier roman, Le Serpent. Suivront trois autres (L'Ile des condamnés, L'Enfant brûlé et Ennuis de noce),

un recueil de nouvelles, des pièces de théâtre, des scénarios de films, des poèmes satiriques, des

reportages, et une kyrielle d'articles, de critiques…

En 1946-1947, Dagerman est envoyé par son journal en Allemagne pour constater les dégâts des

bombardements et témoigner de la misère et de la pauvreté qui y règne. Stig Dagerman ne se lance pas

dans des discours moralisateurs contre le nazisme. Il rentre dans les caves inondées dans lesquelles

vivent les rescapés de la tragédie nazie, témoigne des conditions infernales, de la famine, de la haine et

de la souffrance sans pour autant oublier l’horreur d’hier.

Après 1949, suit une longue période de silence. La peur de décevoir, la faillite de ses convictions, se

muent en une détresse inhibitive- jusqu’à son suicide en 1954. Il a 30 ans quand il écrit à la première

personne Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Dans ce texte « testamentaire » d’une

douzaine de pages, chaque parole arrache une parcelle vivante au désespoir et transporte, colporte la

fulgurance de ce départ. La parole fait briller la mort comme une naissance et anéantit pour toujours la

non-vie. Le désespoir est pris dans cette parole comme poisson au filet. Etranglé, le désespoir grandit

jusqu’à ce que le filet soit plein et que le mur d’écaille, trop lourd sur l’amarre, aille par le fond. Alors

seulement, réconcilié avec celui qu’il emporte, le désespoir est pardonné. C’est enfin la liberté qui vient

de la capacité de posséder son propre élément.

Publié en France aux éditions Actes Sud, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, écrit

peu avant sa mort, a contribué à faire connaître en France Stig Dagerman, tout en lui donnant, de façon

très parcellaire, l’image d’un poète romantique. Réduire Stig Dagerman à cette image ne permet pas de

comprendre une œuvre « privée de sa complétude ». En effet, les mots et l’écriture de Stig Dagerman se

sont enracinés dans des combats politiques majeurs qui traversent toute son œuvre : il fut de tous les

combats pour l’anarcho-syndicalisme, dans son pays d’origine, la Suède, et la proximité du courant

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littéraire prolétarien suédois ont constamment enrichi sa pensée et son univers romanesque. "Politicien

de l'impossible", comme il se définissait lui-même ; davantage idéaliste qu'activiste, Dagerman voulait

mettre un peu de justice et d'équilibre dans ce bas monde, lui qui rendait l'Etat responsable de la

névrose du peuple et qui attribuait à l'écrivain "le rôle modeste du ver de terre dans l'humus culturel."

On a souvent rangé Dagerman parmi les écrivains maudits. A tort : il jouissait d'une grande popularité,

son éditeur lui assurait de généreuses avances sur recettes, son œuvre était même lue à la radio. A

l'image de Camus ou de Sartre en France, Dagerman était la conscience de toute une génération.

Porte-parole des idées existentialistes, il incarnait cette jeunesse de l'après-guerre, arrogante, lucide, en

quête d'un vaste idéal de fraternité.

Malgré son incurable timidité (il prit des cours de danse pour la vaincre), Dagerman était la représentation

de l'homme nouveau : il aimait les belles voitures, adorait le cinéma (particulièrement Fritz Lang), les

voyages en bateau, ainsi que le football, le jeu à la roulette... Difficile ne pas voir dans ces symboles

d'évasion, une recherche de la transcendance, de l'intensité dramatique que le travail artistique ou

l'idéalisme révolutionnaire (à ses débuts) lui procurait.

En 1949, dans une lettre qu'il envoie au directeur du théâtre d'Hambourg, Dagerman se présente ainsi :

"Le thème central de mon œuvre est l'angoisse de l'homme moderne face à une conception du monde

qui s'écroule (...) et je crois qu'une des possibilités de salut consiste à ne pas se laisser vaincre par son

angoisse, ni à fuir devant soi-même, mais à affronter le danger les yeux ouverts."

La rencontre de Kafka en 1945 (comme celle de Faulkner ou Hermann Hesse) avait été déterminante

pour lui. Il y a découvert certes son double, mais également le trouble, face à ses convictions.

L'engagement politique est-il vraiment la réponse au problème de l'existence? Y a-t-il du reste une

réponse? Pour Dagerman, la littérature est alors un refuge -le silence face au monde- où la quête

rédemptrice est possible: "Puisque je doute toujours de moi-même, de l'originalité de mon talent, de la

légitimité de mes opinions, je suis constamment obligé de chercher une confirmation ailleurs..." Cette

recherche de la vérité - supporter l'idée que cette vie est vide" -, corroborée par cette incapacité à

concilier sa conscience sociale à celle d'écrivain, prendra la forme d'un duel sans merci que l'écrivain

mènera jusqu'à sa mort. « Si seulement nous avions une lumière pour nous y cacher », écrit-il dans une

lettre en 1954.

Cette notice sur Stig Dagerman est notamment inspirée d’un article de Philippe Savary dans la revue

Le Matricule des Anges, n° 19, mars-avril 1997

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EECCHHOOSS DDAANNSS LLAA PPRREESSSSEE

Notre besoin de consolation

Mis en scène par Julie Bérès, l'inventaire des fantasmes que suscite la science donne le vertige.

Un homme semble réfléchir : assis à sa table, face à l'écran allumé, il écoute et regarde. Bientôt

debout, il danse et fait basculer une femme dont le modèle semble reproduit sur scène à l'infini :

l'Eve rêvée ou la fille tant attendue ? Nul ne sait. La seule certitude du spectateur à cet instant est

d'assister au drôle de ballet d'un homme démuni - certes en veston, mais en caleçon - dont les

jambes nues paraissent de fragiles et ridicules guibolles... D'ailleurs, le voilà bientôt avalé par le pan

incliné de la scène. A sa place, surgissent de l'ombre d'autres figures et des témoins qui évoquent

leurs propres expériences : une mère américaine veut cloner sa fille suicidée, un mari conserve sa

femme dans la glace en vue de jours meilleurs, une femme vante le diagnostic ADN via Internet afin

de planifier son avenir médical...

Après s'être interrogée, dans ses précédents spectacles, sur la désintégration de la mémoire et la

perte des repères (On n'est pas seul dans sa peau, en 2006), ou sur les stigmates de la précarité

dans la vie d'une jeune femme (Sous les visages, créé en 2008), l'auteur-metteur en scène Julie

Bérès, fine observatrice des mutations du corps social, met en relief ce Besoin de consolation - titre

emprunté à l'écrivain Stig Dagerman - qui pousse l'homme contemporain à nier sa finitude, à refuser

toute imperfection dans le cycle de la vie...

Cet inventaire, dont la source est documentée (les témoins qui apparaissent en vidéo ont été filmés

par la compagnie, telles ces mères porteuses indiennes), ressemble parfois à un catalogue. C'est la

faiblesse du spectacle que de coller des situations sans les tramer vraiment. Mais, souvent, le vertige

est grand : quand une scène de comédie lugubre montre deux ectoplasmes - futurs parents - en train

d'établir le « devis » de l'embryon à venir ; ou lorsque, après une remontée fulgurante de l'histoire

humaine, on quitte l'homme en caleçon et ses angoisses généalogiques pour buter sur l'origine du

monde, magma cellulaire traduit sur scène par des gouttes de lumière ! Dans l'art de Julie Bérès, tout

(lumière, sons, mots, corps) est langage, même si les correspondances, au sens baudelairien, ne

s'établissent pas toujours.

Emmanuelle BOUCHEZ, article paru le 6 novembre 2010 sur http://www.telerama.fr

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Julie Bérès et la bioéthique

Julie Bérès nous convie avec Notre besoin de consolation à un voyage scientifique autour de la

bioéthique. A coup de manipulations génétiques, de fécondation in-vitro, le spectacle nous

questionne sur des enjeux de société. Sommes-nous prêts à autoriser le clonage humain ? Doit-on

pouvoir choisir sur catalogue son futur enfant ? Son spectacle est en fait un documentaire, un collage

de textes philosophiques, d’émissions de radio de France Culture et d’interviews vidéo. Elle s’est

rendue notamment en Inde pour interroger une jeune femme, mère porteuse attirée par l’appât du

gain pour améliorer son ordinaire. Elle a aussi rencontré au Danemark le patron de l’une des plus

grandes banques du sperme du Monde : Cyros (qui a ouvert des succursales en Inde et aux Etats-

Unis parce que tout le monde ne souhaite pas un enfant grand blond aux yeux bleus !). Tout cela

donne un spectacle dense, qui pose beaucoup de questions. A chacun de se faire son idée sur ces

questionnements philosophiques. Julie Bérès ne prétend pas donner son point de vue.

Le dispositif scénique est astucieux. Plongé dans l’obscurité, un plateau noir s’incline sur plusieurs

niveaux (coup de chapeau aux assistants sur le plateau qui ne chôment pas pendant une heure).

Entre vidéo et installation plastique, le spectacle de Julie Bérès traverse plusieurs esthétismes. L’on

sent qu’elle se nourrit de beaucoup d’influences, avec des images pour certaines déjà vues chez

Philippe Genty, ou carrément empruntées comme les projections d’yeux sur des sphères qui sont la

marque de fabrique du vidéaste américain Tony Oursler, ou d’autres plus personnelles comme

l’histoire tendre de ce mari qui a congelé sa femme et qui s’immisce dans l’espace givré pour

continuer de vivre à ses côtés.

Stéphane CAPRON, article paru le 10 novembre 2010 sur www.sceneweb.fr

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La bioéthique illustrée

Photo : Alain Monot

Si le talent du metteur en scène consiste à savoir fédérer

autour de son projet des artistes qui en ont et à faire de la

scène le carrefour où s’imbriquent les formes et les

disciplines, Julie Bérès, c’est évident, a du talent. Pour elle,

en effet, le texte dramatique ne saurait être le joyau à partir

duquel tout s’organise. Non. Doutant que « le théâtre puisse à lui seul transformer le spectateur (le

citoyen) en délivrant un « message » sur l’état du monde » , elle se veut semeuse de trouble et

artisane d’un « théâtre suggestif » écrit à cru sur le plateau en mixant tout ensemble, corps, paroles,

lumière, son, chant, danse, images. Pour Julie Bérès, qui a fondé sa compagnie Les Cambrioleurs en

2001, jouer de l’illusion, voire du surréel, emmêler le virtuel et le concret, la brutalité des faits et les

splendeurs de l’imaginaire est la meilleure des voies pour interroger les réalités du monde et de notre

société. Ses spectacles sont autant de questions posées à partir « d’un travail d’immersion

documentaire ».

Après On n’est pas seul dans sa peau qui explorait la vieillesse, cette maladie incurable qui avachit

les corps et pervertit la mémoire, et Sous les visages qui racontait l’enfer moderne de la précarité et

l’irrépressible tentation de rêver sa vie plutôt que de la vivre, Notre Besoin de consolation est une

plongée dans un futur immédiat apte à bricoler le formatage des corps et la marchandisation de la vie

et de la mort. « La science peut-elle combler notre besoin de consolation ? » s’interroge K né sous X

et décidé à enquêter sur sa généalogie en même temps que sur tous les possibles qu’offre la

génétique.

Images et mirages

A sa suite, de cryogénie - avec un mari qui conserve sa femme morte dans un congélateur -, en

clonage, - une mère veut cloner sa fille qui s’est suicidée -, de mère porteuse en décryptage ADN, de

transformations en avatars, nous plongeons dans les eaux égoïstes des mutations humaines que

fomente la bioéthique.

Avec une science rare de l’espace et une fantastique maîtrise scénique, Julie Bérès joue des

réverbérations sonores et visuelles, multiplie – clone en somme - les personnages, abolit les

frontières entre le vrai et l’artificiel pour mieux « modifier notre regard ». Et pour tout dire, elle nous en

met plein la vue ! Mais ses images et ses mirages, dont certains pâturent sur les terres de Philippe

Genty, ne suggèrent, hélas, pas de point de vue susceptible de nourrir une réflexion ou un débat.

Faute d’une véritable écriture dramaturgique, la recherche formelle occultant le fond, ce qui devrait

ouvrir des abîmes et susciter l’effroi, s’avère le simple catalogue de faits scientifiques

magnifiquement illustré.

Dominique DARZA, article paru le 13 novembre 2010 sur http://www.webthea.com

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L’EQUIPE ARTISTIQUE

Julie Bérès

Née en 1972, Julie Bérès se forme au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris

(Promotion 1997). En tant que comédienne, elle rencontre Ariane Mouchkine et travaille avec Stuart

Seide, Jacques Lassalle, Philippe Adrien, elle joue dans les mises en scènes de Jean-François Peyret

(Turing Machine, MC 93 Bobigny), de Jean-Yves Ruf (Chaux Vive, Théâtre des Amandiers, Nanterre),

de Marc Betton (La Mouette de Tchekhov, MC 93 Bobigny), de Christophe Rauck (Le Cercle de craie

caucasien de Brecht, Théâtre du Soleil et Comme il vous plaira de Shakespeare, L’Arc en Ciel-

Théâtre de Rungis, Charlie Windelschmidt (19001, L’Ange de la mort de Jan Fabre, Le Quartz, Scène

Nationale de Brest…). Elle fonde en 2001 la compagnie Les Cambrioleurs, réunissant sous sa

direction artistique des créateurs issus de différentes disciplines (interprètes, vidéastes, plasticiens,

circassiens, marionnettistes), désireux d’affirmer leurs propres langages et au croisement de ceux-ci

d’aboutir à une écriture scénique. Elle crée les spectacles Poudre ! (2001), Ou le lapin me tuera au

théâtre Paris Villette en 2003, e muet (2005) au Théâtre national de Chaillot, On n’est pas seul dans

sa peau (2006) à l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône, et Sous les visages (2008)

au Quartz, Scène nationale de Brest. Lors de l’édition 2005 du festival Frictions à Dijon elle crée un

banquet-Spectacle, célébration du cinquantenaire des Centres Dramatiques Nationaux. Elle participe

également, au sein d’un collectif de metteurs en scène (Alexis Fichet, Annie Lucas, Madeleine

Louarn, Charlie Windelschmidt), à la mise en scène collective du spectacle Grand-Mère Quéquette,

de Christian Prigent, créé en mars 2006 au CDBB, Centre Dramatique National de Bretagne. Les

Cambrioleurs est une compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la

Communication / DRAC Bretagne. Julie Bérès est artiste associée au Quartz, Scène nationale de

Brest.

Elsa Dourdet

Dans la continuité de ses études de philosophie et de sa formation de comédienne au Conservatoire

National d’Art Dramatique de Région du Limousin, Elsa Dourdet est diplômée de la FEMIS,

département scénario. En tant qu’auteur, elle écrit Poisson d’avril (moyen métrage qui reçoit le prix

du scénario au Festival de Clermont-Ferrand), Petite Miss (long métrage sélectionné au 8e Festival

International des Scénaristes). En tant que scénariste, Chicanes (long métrage de Lucia Sanchez),

Darling (long métrage de Christine Carrière). Comme comédienne, elle a joué sous la direction de

Xavier Durringer, Silviu Purcarete, Philippe Awat, Michel Bruzat, Christine Carrière. Avec Julie Bérès,

elle a participé à la création de Poudre !, e-muet, On n’est pas seul dans sa peau et Sous les Visages.

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David Wahl

Auteur, ses textes sont publiés aux Éditions Archimbaud. Au sein de l’agence Art Public

Contemporain, il a été conseiller artistique pour le projet Nice 2013 capitale culturelle auprès de

Bernard Faivre d’Arcier. Dramaturge de Caterina Gozzi au sein de la Compagnie des Orties, il est

également membre du collectif La Scène au vert, festival des arts de la scène, dans le Lot, en charge

de la programmation. Pendant cinq ans, il a travaillé au Théâtre du Rond-Point, au sein de l’équipe

des relations extérieures, à la mise en place notamment des actions artistiques auprès des élèves

d’art dramatique, et a collaboré au catalogue dirigé par Jean-Michel Ribes Anthologie du rire de

résistance (partie Antiquité grecque et romaine). Avec Julie Bérès il a précédemment collaboré en

2008 à la création de Sous les Visages.

Virginie Frémaux

Issue d’une formation en arts plastiques et en arts du cirque (corde et portées aériennes), Virginie

Fremaux cherche à traduire par le corps son rapport à l’espace, à la couleur, à la matière et aux

objets insolites. Son parcours croise aussi bien celui d’acrobates que de chorégraphes et metteurs

en scène. Elle a notamment travaillé avec Pénélope Hausermann (Trapezi, butterfly, chair - 2006),

Giorgio Barberio Corsetti (Il colore bianco, 2006 / Paradiso, 2004) et Kitsou Dubois (A contrepoids,

2006). Elle a créé en 2005 son propre spectacle : Corrid’Am Callichrom. En 2008 elle crée et

interprète avec Julie Bérès Sous les Visages.

Éric Laguigné

Né en 1967. Après un diplôme d’ingénieur agronome, Éric Laguigné choisit le théâtre et entre en

1990 à Théâtre en Actes. Il quitte l'école dès 1991 pour travailler avec Stanislas Nordey avec lequel il

bâtit un long compagnonnage (La dispute de Marivaux ; La vraie vie d’Hector F ; Le songe d’une nuit

d’été de Shakespeare ; La noce de Wyspianski ; Porcherie de Pasolini ; Violences de Gabily ; La puce

à l’oreille de Feydeau ; Electre de Von Hofmannsthal). Dès ses débuts, il rencontre également Olivier

Py (La farce des dindons ; La femme canon ; La jeune fille, le diable et le moulin).

Il a aussi travaillé avec Pierre Guillois (Les affreuses de Guillois, Pelléas et Mélisande de Maeterlinck ;

Roméo et Juliette de Shakespeare ; Minna Von Barnheim de Lessing), Bruno Meyssat (Pièces

courtes de Beckett ; Imentet de Meyssat), Nadia Xerri-L. (Désert ; Paroles de chercheurs), Antoine

Caubet (Les fusils de la mère Carrar de Brecht), Jacques Falguières (Mademoiselle Julie de

Strindberg), Serge Tranvouez (Katherine Barker et Hélène de Audureau), Anne-Laure Liégeois

(Edouard II de Marlowe) et avec Christian Esnay (Hélène d’Euripide, Les Européens et Tableau d’une

exécution de Barker.).

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Mike Hayford

Iron Mike est danseur hip hop depuis plus de 10 ans. Il apprend d’abord la break dance et se

spécialise ensuite en popping en 2001. À partir de cet instant, il commence à danser pour de

célèbres artistes, tel que inspectah deck du Wu Tang Clan et il remporte de nombreux grands

battles. Désormais, il travaille pour plusieurs compagnies de danse tout au long de l’année. Il

parcourt également le monde en tant que juge, pour des compétitions internationales de danse et

enseigne son art dans le monde.

Lucas Manganelli

Passé par le cirque et le théâtre avant de rencontrer la danse contemporaine, il est interprète pendant

trois ans dans la compagnie d’Olivia Grandville, et danse également pour Christian Bourigault, Clara

Cornil, la compagnie synalèphe… Il est aussi interprète pour Radhoune El Medeb, et présente un

solo d’1 h 30 huwà. Diplômé de la FNMTC, il développe en parallèle une pratique de la médecine

chinoise et de la psychanalyse transgénérationelle. Il a été interprète dans On n’est pas seul dans sa

peau et a travaillé avec Julie Bérès pour les chorégraphies de Sous les visages.

David Segalen

Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon dans la section

régie son, il a créé les espaces sonores et musicaux de spectacles de théâtre (Madeleine Louarn,

Benoît Gasnier, Charlie Wildenschmidt, Alexis Forestier) et de danse (Jean-François Duroure). Avec

Julie Bérès, il a créé l’environnement sonore des spectacles Ou le lapin me tuera…, e muet et On

n’est pas seul dans sa peau, Sous les visages.

Aurore Thibout

Issue des Arts Décoratifs et de l’École Duperré, Aurore Thibout construit son travail autour du

vêtement et du textile dans un esprit de recherche et d’expérimentation où la démarche artistique

côtoie celle de la Mode. Installations, performances (Fondation Cartier « les soirées nomades »,

Palais de Tokyo 2002), mais aussi création de costumes pour les arts de la scène : Théâtre Gérard

Philippe Mille et Une Nuits (marionnettes), Théâtre National de Chaillot e-muet (Julie Bérès 2004),

Théâtre Romain Rolland On est pas seul dans sa peau (Julie Bérès 2006), Théâtre du Prato 3,4

petites pièces pour vélo (Vincent Warrin, Pierre-Jean Carrus 2007), Espace des Arts, Scène nationale

de Chalon-sur-Saône Sous les Visages (Julie Bérès, 2008). Elle envisage le vêtement comme moyen

d’expression poétique où se rencontrent constamment matières et savoir-faire dans un univers à

l’attrait particulier pour l’empreinte du passage du temps, le lien entre le corps, la trace et l’espace.

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Christian Archambeau

Vidéaste (réalisation d’un long-métrage et de plusieurs courts), illustrateur et typographe de presse, il

est issu de formations d'arts plastiques. En tant créateur vidéo, il a collaboré avec Julie Bérès sur les

spectacles : Ou le lapin me tuera, e muet, On n’est pas seul dans sa peau et Sous les Visages...

Hugo Oudin

Hugo Oudin étudie aux Beaux-Arts de Toulouse (1999/Diplôme National d'Arts Plastiques),

parallèlement il est régisseur en tournée de la compagnie Des Pas en Rond (+ de 200

représentations). Il se perfectionne à l'éclairage scènique et participe depuis 1996 à la création d'une

dizaine de spectacles dans les domaines de la danse contemporaine, du théâtre de rue, du cirque,

de la chanson, de la marionnette, des arts multimédias. Il travaille notamment avec les Compagnies

« vendaval », « Maria Dolores y los crucificados », « La Cie du vide », « K.Danse », « la Lloba ».

Mathias Baudry

Diplômé de scénographie à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en 2002, il assiste

le décorateur Pierre-André Weitz au théâtre et à l’opéra. Depuis 2003, il réalise les décors et

costumes pour W. Arbach (Le Château de Cène ), Sophie Rousseau (Médée Matériau, C’est trop

délicieux, ou La voix du sang en 2009), Jean Depange (opéras The Fairy Queen en 2008 et Pelléas et

Mélisande en 2009). Il rencontre Julie Bérès en 2007 et signe le décor de On n’est pas seul dans sa

peau.

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BIBLIOGRAPHIE

Stig Dagerman, Le Serpent (Ormen, 1945), roman ;

Stig Dagerman, L’ïle des condamnés (De dömdas ö, 1946), Le Condamné à mort (Den dödsdömde,

1946) ;

Stig Dagerman, Automne allemand (Tysk host, 1947), essai ;

Stig Dagerman, Jeux de la nuit (Nattens lekar, 1948), nouvelles ;

Stig Dagerman, L’enfant brûlé (Bränt Barn, 1948), roman ;

Stig Dagerman, L’Ombre de Mart (1948), théâtre publié en France aux Presses universitaires de

Caen ;

Stig Dagerman, Ennuis de noces (Bröllopsbesvär, 1949) ;

Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (Värt behov av tröst, 1952)

Une biographie : Stig Dagerman ou l’innocence préservée, de Georges Ueberschlag, aux éditions

L’Elan ;

Une revue : Marginales, N°6 (mars 2007) : Stig Dagerman, la littérature et la conscience.

VIDEOGRAPHIE

Stig Dagerman, réalisation Pierre Beuchot (vidéo 26’), Production : La Sept, Archipel 33, avec la

participation de la Direction du livre et de la lecture, 1989.

SITOGRAPHIE

Le site de la Compagnie Les Cambrioleurs :

http://www.lescambrioleurs.fr/Videos.html ;

L’émission Le Rendez-Vous sur France Culture avec Julie Bérès parmi les invités :

http://www.franceculture.com/emission-le-rendez-vous-emission-du-vendredi-12-novembre-avec-

julie-beres-tran-arnault-la-chronique-

Notre Besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagermarn lu et mis en musique par

Les Têtes raides :

http://www.youtube.com/watch?v=cgSD1VzEgGI.

LA COMEDIE DE REIMS Centre dramatique national Direction : Ludovic Lagarde 3 chaussée Bocquaine 51100 Reims Tél : 03.26.48.49.00 www.lacomediedereims.fr