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Dossier pédagogique : CARMEN de Georges BIZET Vendredi 30 mars 20h30 Samedi 31 mars 17h30 Dimanche 1 er avril 17h30 Mardi 3 avril 20h30 Générale ouverte aux scolaires (écoles et collèges) Jeudi 29 mars 20h00

Dossier pédagogique : CARMEN · DOSSIER PEDAGOGIQUE CARMEN LA FABRIQUE OPERA – GRENOBLE 3 I. L’OPERA Qu’est-ce ue l’opéa? ’est à la fois, une œuv e et un gene musical

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Dossier pédagogique :

CARMEN

de Georges BIZET

Vendredi 30 mars 20h30

Samedi 31 mars 17h30

Dimanche 1er avril 17h30

Mardi 3 avril 20h30

Générale ouverte aux scolaires (écoles et collèges)

Jeudi 29 mars 20h00

DOSSIER PEDAGOGIQUE CARMEN LA FABRIQUE OPERA – GRENOBLE

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Sommaire

Dossier pédagogique : .............................................................................................................................................................. 1

CARMEN ..................................................................................................................................................................................... 1

I. L’OPERA ........................................................................................................................................................................... 3

II. La Fabrique Opéra ....................................................................................................................................................... 5

A) Petite histoire d’un concept ........................................................................................................................... 5

B) Les partenariats .................................................................................................................................................. 6

C) L’Orchestre Symphonique Universitaire de Grenoble ........................................................................ 8

D) La répétition générale ouverte aux écoles et aux collèges ........................................................... 9

III. Carmen ...................................................................................................................................................................... 10

A) Carmen : la nouvelle de Prosper MÉRIMÉE ............................................................................................ 10

B) Prosper MÉRIMÉE .............................................................................................................................................. 12

c) De la nouvelle à l’opéra ...................................................................................................................................... 13

C) Georges BIZET ...................................................................................................................................................... 14

D) Carmen: Synopsis ................................................................................................................................................ 16

E) L’œuvre, sa réception et critiques ................................................................................................................ 17

F) Note de mise en scène par Gil GALLIOT, metteur en scène .............................................................. 18

G) Les voix et les rôles ............................................................................................................................................. 18

H) Composition de l’orchestre ............................................................................................................................. 19

I) L'Exotisme ou l’Orientalisme ........................................................................................................................... 20

J) Carmen le mythe de la femme fatale ........................................................................................................... 20

K) Analyse comparative de la nouvelle de MÉRIMÉE et du livret de MEILHAC ET HALVEVY . 20

L) Comparaison avec d’autres textes et poésies sur Carmen ................................................................. 20

M) Etude des différentes représentations de Carmen au cinéma ......................................................... 21

N) Recherche iconographique sur Carmen, l’Espagne et la corrida ..................................................... 21

O) L’importance des voix, les différents types de voix et les rôles : ..................................................... 21

P) L’importance des costumes et des accessoires : ..................................................................................... 22

Q) La musique et l’orchestre. ................................................................................................................................ 23

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I. L’OPERA

Qu’est-ce que l’opéra ? C’est à la fois, une œuvre et un genre musical :

Un opéra est une œuvre destinée à être chantée sur une scène.

L'opéra est l’une des formes du théâtre musical occidental regroupées sous l’appellation d’art

lyrique.

(Les autres formes de théâtre musical sont par exemple l’opérette, la comédie musicale, le

cabaret…)

Pour jouer interpréter un opéra, il est donc nécessaire de faire appel à des chanteurs, un orchestre (ou

ensemble instrumental), parfois des choristes et aussi des danseurs.

Histoire de l’opéra

L’opéra est né en Italie à Florence au XVIIeme siècle.

Pour comprendre pourquoi l’opéra est né, il faut considérer quelle était l’utilité sociale de la musique à

la fin de la Renaissance : la musique était jouée, soit dans les églises (musique religieuse) soit dans les

cours (danses / divertissement).

C’est un groupe d’intellectuels florentins réunis sous le nom de « Camerata » qui marque la naissance

de l’opéra. Ils s’étaient en effet fixés deux objectifs principaux : faire revivre le style musical du théâtre

grec antique et s’opposer au style contrapuntique de la musique de la Renaissance.

Ils souhaitaient que les compositeurs s'attachent à ce que la musique reflète, simplement et mot pour

mot, la signification des textes, les mette en valeur et non les rende incompréhensibles par la complexité

des architectures sonores de son accompagnement.

On considère que le premier opéra est Dafne écrit par Jacopo Peri en 1598.

L’opéra en France

C’est au Cardinal de Mazarin, dans les années 1650, que l’on doit les premières représentations d’opéras

en France. Profitant de sa faveur auprès de la reine Anne d’Autriche, il eut pour dessein d’implanter

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l’opéra italien à la Cour, d’abord, puis de manière plus large dans le royaume. Orfeo (1647) de Luigi

Rossi, Xerses (1660) et Ercole amante (1662) de Francesco Cavalli impressionnèrent le public français,

mais l’expérience tourna court lorsque le jeune Louis XIV monta sur le trône. Il fallut attendre une dizaine

d’années pour que l’histoire de l’opéra en France prenne un tour nouveau.

Lully, le compositeur de la Cour du Roi Soleil, proposa de créer un « opéra à la française ».

Le genre imaginé par Lully et perpétué par les générations suivantes tirait ses racines tout autant de

l’opéra italien (qu’on avait entendu au temps de Mazarin) que du ballet de cour (pratiqué depuis la fin

du XVIème siècle), de la tragédie déclamée de Corneille et Racine, et de la comédie-ballet (dont Molière

et Lully avaient donné les premiers exemples aboutis au début des années 1660).

On y retrouvait également le goût du chant orné pratiqué dans les salons et la pompe orchestrale des

Vingt-Quatre Violons du roi.

La fondation de l’Académie royale de musique en 1669 institua un théâtre et une administration

entièrement dévolus à ce nouveau type de spectacle. Chaque année à compter de 1672, Lully y donna

un nouvel ouvrage, généralement à l’occasion des fêtes de carnaval, en collaboration avec des poètes,

des machinistes-décorateurs, des costumiers et des chorégraphes prestigieux.

À sa mort, en 1687, l’Opéra de Paris pouvait s’enorgueillir d’être le premier théâtre d’Europe, place qu’il

occupa pendant presque deux siècles.

C’est pour cette raison notamment que l’opéra qui était un art populaire dans les autres pays d’Europe,

joué dans les faubourgs des villes (comme l’était le théâtre), a été accaparé par le pouvoir monarchique

en France, et qu’il est ensuite resté l’apanage des puissants, de la bourgeoisie et des élites.

Seule l’opérette à partir du XIXeme siècle, redonnera un élan populaire à l’Art lyrique, puis au XXeme siècle,

la comédie musicale.

Pourquoi la Fabrique Opéra ? Depuis le milieu du XXème siècle, le public de l’opéra ne cesse de vieillir, et la moyenne d’âge est passée

de 39 à 53 ans en moins de 30 ans. Seuls 4% des français disent aller à l’opéra.

Si rien n’est entrepris, l’opéra, en tant que spectacle vivant, disparaitra d’ici 50 ou 100 ans.

Il convient donc de renouveler, rajeunir le public qui va à l’opéra et aller à la rencontre de nouveaux

publics potentiels.

La Fabrique Opéra s’attache donc à ce projet, notamment en faisant participer des jeunes à la production

de ses spectacles. Ainsi les jeunes découvrent l’opéra non pas comme simple spectateurs, mais s’y

intéressent en y apportant leur créativité et leur savoir-faire

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II. La Fabrique Opéra

A) Petite histoire d’un concept

Démocratiser l’art lyrique en rendant des spectacles accessibles au plus grand nombre par la

valorisation des compétences locales : telle est la vocation de la Fabrique Opéra

Depuis 10 ans, la Fabrique Opéra (Opéra Pour Tous au départ) met en scène un opéra chaque année

au SUMMUM de Grenoble.

Le concept original a été d’associer un orchestre symphonique (Orchestre Symphonique de

Grenoble), des chanteurs professionnels, à des choristes amateurs, et des élèves de différents

lycées de l’agglomération grenobloise, chargés du décor, des costumes, des maquillages, des

coiffures, du placement des spectateurs ou des réservations scolaires (pour la Générale).

Ainsi en 2016, ce sont près de 500 jeunes, lycéens de lycées professionnels et techniques, apprentis,

étudiants, qui ont participé au projet, dans le cadre scolaire et volontairement dans le cadre

extrascolaire, de septembre 2015 à avril 2016, sous la direction des équipes pédagogiques et de

l’équipe de la Fabrique Opéra :

Lycée Argouges : C’est la section mode-matériaux qui imagine, dessine et crée

les costumes des chanteurs lyriques.

Lycée professionnel Jacques Prévert : La classe de Gestion Administration assure

l’organisation et le placement des spectateurs lors de la répétition générale.

L’Institut des Métiers et des Techniques – CCI : Ce centre d’apprentissage offre

de nombreuses formations professionnelles, l’ensemble de nos décors sont pensés et

réalisés par les élèves des sections menuiserie, charpente, serrurerie, électricité,

carrosserie et en dernier lieu les apprentis peintres donnent la touche de couleur.

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Ecole Academy, Esthétique et coiffure: Depuis 2007 ce sont les élèves de

cette école qui réalisent les coiffures et maquillages de scène pour les chanteurs,

choristes et figurants. Grâce à cette collaboration, l’établissement a créé une

section de maquillage artistique professionnelle.

Lycée Jean Jaurès : Dernier lycée à avoir rejoint l’équipe pédagogique, ce sont les élèves

des baccalauréats professionnels et CAP des filières commerce, vente et accueil qui

s’occupent de gérer le placement des spectateurs et la vente des programmes durant les 4

soirs de représentations.

Au-delà du seul opéra, c’est la découverte du milieu du spectacle vivant, de la production qui s’ouvre

aux jeunes, dessinant des possibles, des horizons professionnels jusque-là méconnus voire inconnus

Près de 80 musiciens de l’Orchestre Symphonique Universitaire de Grenoble, et au moins 50 choristes

(venant de Voiron jusqu’à Crolles en passant par la métropole grenobloise) sont acteurs du spectacle.

Leur participation permet également de faire tomber les stéréotypes de part et d’autre, sur les

quartiers prioritaires sur lesquels nous intervenons, sur les jeunes de lycées professionnels, sur les

métiers manuels. Les liens ainsi créés permettent de relier des personnes qui ne se seraient a priori

jamais rencontrées. Cette identité commune autour des actions de La Fabrique Opera, sur le territoire

métropolitain et au-delà, permet de créer une dynamique de territoire et d’agrandir le bassin de vie

des uns et des autres de façon perceptible.

En 2015 et 2016, une attention particulière a été portée autour du handicap. C’est ainsi qu’un

partenariat a lié l’association avec l’Institut d’Education Motrice (IEM) Le Chevalon, un établissement

du secteur médico-social installé à Voreppe, qui travaille en collaboration avec le lycée Prévert pour

l’organisation de la Générale. Les rencontres organisées entre jeunes, handicapés ou non, permettent

de lever des tabous, d’échanger et de simplifier le contact au handicap. Les déclinaisons du projet

artistique dans les secteurs liés au tertiaire, à la comptabilité, à la communication permettent de faire

participer des jeunes et de les sensibiliser à l’art lyrique.

B) Les partenariats Monter un spectacle comme celui de La Fabrique Opéra est aussi une affaire économique qui a un coût :

il faut payer les artistes et les techniciens, louer la salle de spectacle, le matériel de son et lumière,

acheter du tissu pour les costumes, du matériel pour le décor, imprimer des affiches et des dépliants

publicitaires, prendre des assurances, et d’autres choses encore…

La salle de spectacle utilisée par La Fabrique Opéra (le Summum à Grenoble) est une grande salle de

2500 places, qui nous permet d’accueillir chaque année près de 10000 spectateurs. C’est beaucoup, mais

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la vente des billets ne couvre malgré tout que 70% des coûts de la production (on appelle production

l’ensemble des actions et des coûts nécessaires pour monter le spectacle).

A part les spectacles et les grands concerts de variétés, la plupart des opéras, des concerts de musique

classique et des pièces de théâtre ont besoin d’aides supplémentaires pour couvrir l’ensemble de leurs

frais, souvent dans des proportions beaucoup plus importantes.

La Fabrique Opéra a donc de nombreux partenaires, qui permettent au spectacle d’avoir lieu chaque

année, parce qu’ils estiment très utiles de faire découvrir et partager l’art lyrique, de donner cette

expérience unique à tous les jeunes qui participent, de permettre à tous les habitants de Grenoble et de

l’Isère de voir ces œuvres magnifiques de Puccini, Verdi ou Mozart.

Il y a 4 types de partenaires :

1. Les partenaires pédagogiques

Ce sont les établissements dont les élèves et apprentis « fabriquent » le spectacle, dirigés par le

metteur en scène et encadrés par leurs enseignants.

Pour La Bohème, ce sont :

Le lycée Argouges de Grenoble, pour les costumes

Le lycée Prévert de Fontaine, pour l’organisation de la Générale (dernière répétition

avant les représentations payantes)

L’Institut des Métiers et des Techniques de Grenoble, pour le décor

L’Ecole coiffure et Esthétique Academy de Grenoble, pour les coiffures et le maquillage

des artistes et des choristes

Le lycée Jean Jaurès pour placer les spectateurs et vendre les programmes du spectacle

Le Conservatoire de Musique de Grenoble, dont 60 élèves chantent sur scène

2. Les partenaires institutionnels

On appelle « institutionnels » les organismes publics qui aident La Fabrique Opéra en lui versant

des subventions :

La Ville de Grenoble

La communauté d’agglomérations autour de Grenoble (La Metro)

Le département de l’Isère

La région Auvergne-Rhône-Alpes

3. Les mécènes

Les mécènes sont des organismes privés qui aident, soit en offrant de l’argent, soit en offrant

des services gratuits. Les principaux sont :

Les sociétés ARaymond, Cuynat, GRDF, Safigec, Fa Musique, Huillier,….

Les fondations SNCF, Vivendi

4. Les partenaires communication

Pour remplir la salle du Summum, il faut faire beaucoup de publicité… et la publicité coûte cher.

Heureusement, là encore, beaucoup de partenaires nous aident en nous offrant de l’espace

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publicitaire, en nous accordant de fortes réductions sur leur tarif habituel, ou tout simplement

en parlant de nous :

Le journal Le Dauphiné Libéré, et ses autres publications (Grenews, Vivre à)

Les stations de télévision France 3 et TéléGrenoble

La radio FranceBleu Isère

La TAG (une rame de tram à Grenoble est décorée chaque année aux couleurs de la

Fabrique Opéra)

Les « Bulles » de Grenoble (affichage sur la gare du téléphérique)

Transisère (les cars du département de l’Isère)

C) L’Orchestre Symphonique Universitaire de Grenoble

Créé en 1977, l’Orchestre symphonique universitaire de Grenoble constitue aujourd’hui une formation

unique en France, composée d’une centaine de musiciens, dont une majorité d’étudiants français ou

européens. Il associe des amateurs et un encadrement professionnel.

L’Orchestre aborde un répertoire éclectique et de haut niveau, mariant avec bonheur grands classiques,

œuvres peu connues, tous les genres musicaux sans exclusive

: symphonies, concertos, messes, comédies musicales,

musiques de film, opéras. Reconnu comme un modèle du

genre, au-delà des frontières hexagonales, l’Orchestre

symphonique universitaire de Grenoble a reçu en 2002 le

Golden Star Award de la Communauté Européenne, pour ses

concerts à Oxford en 2001.

L’Orchestre a déjà joué en Allemagne, (Constance, Munich,

Stuttgart), en Italie (Florence, Bologne), mais aussi en Angleterre (Oxford) et a accompagné des solistes

internationaux tels Patrice FONTANAROSA, Nicolas STAVY, David GUERRIER.

Fort de son expérience, l’Orchestre s’attache à créer des évènements forts, et suscite des rencontres

imprévues. Ainsi l’Orchestre a accueilli Jacques ATTALI pour sa première expérience de direction

d’orchestre. Ce concert a été donné à Paris au Théâtre Marigny pour le lancement du réseau Publicis

Events Worldwide. L’Orchestre a participé au Concerthon au Palais des Congrès de Paris sous la direction

de Daniel COHEN (généticien) et a accompagné Youssou N’DOUR et Elie SEMOUN.

Après avoir fêté les 25 ans de l’orchestre avec la IXe Symphonie de BEETHOVEN au Summum en 2002,

l’Orchestre a fêté ses 30 ans en 2007 avec la production de La Flûte enchantée de MOZART au Summum,

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et poursuit depuis sa collaboration avec La Fabrique Opéra en participant chaque année à un grand

évènement lyrique au Summum de Grenoble (La Traviata de VERDI, West Side Story de BERNSTEIN, Don

Giovanni de MOZART ou encore Carmen de BIZET…)

En 2010, l’Orchestre s’est produit à l’Hexagone (Meylan) et à La Source (Fontaine) avec Le Sacre du

printemps de STRAVINSKY et des Lieder de Richard STRAUSS avec Caroline CASADESUS.

Formation dynamique, à l’image des jeunes étudiants qui la composent, l’Orchestre met l’excellence et

la formation au cœur de son projet. Elle offre chaque saison au moins 3 programmes, dont un opéra,

avec une programmation variée, laissant la part belle aux découvertes musicales et aux jeunes artistes.

D) La répétition générale ouverte aux écoles et aux collèges

Avec l’aide des classes de terminale du Lycée Prévert de Fontaine, et de résidents de l’Institut

d’Education Motrice et de Formation Professionnelle Le Chevalon de Voreppe, une invitation à faire

venir des élèves de primaire et de collèges à la répétition générale de RIGOLETTO le 31 mars 2016 a été

envoyée à plus de 800 établissements scolaires de l’Isère.

Au final, 1652 élèves d’écoles

élémentaires, de collèges et de lycée, en

provenance de 36 établissements différents, ont

assisté au spectacle.

Les scolaires viennent de l’ensemble du

département de l’Isère. Cette répartition répond

également aux attentes de l’association qui

cherche à ouvrir l’opéra au plus grand nombre sur

l’ensemble du territoire.

Origine géographique des établissements

participants : Grenoble : 12 (33%) / Metro hors

Grenoble : 10 (28%) / Isère hors Métro : 14 (39%).

Ces élèves ont assisté à la totalité de la

représentation et, comme chaque année,

manifesté par leur comportement et leurs

applaudissements leur grand enthousiasme pour

ce qui est une découverte pour la quasi-totalité

d’entre eux.

En sus de ces scolaires, plus de 250

personnes en situation précaire, rassemblées et encadrées par des bénévoles des associations le Secours

Populaire Français, Les Restos du Cœur, Femmes SDF, le bailleur social Actis, les Ateliers Marianne, ont

été invitées à assister à cette répétition.

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III. Carmen

A) Carmen : la nouvelle de Prosper MÉRIMÉE

La jalousie maladive et l'amour tragique, ce sont les mots qui peuvent qualifier cette nouvelle écrite par Prosper Mérimée. Lors de son escapade en Espagne, Mérimée, un archéologue de renom, a fait la connaissance d'un voleur appelé José Navarro. En fuite, ce brigand est protégé par le narrateur contre l'arrestation. Quand Mérimée arrive à Cordoue, il rencontre une belle gitane surnommée Carmen. Cette dernière veut l'attirer dans un guet-apens mais heureusement, José Navarro arrive à temps pour le tirer d'affaire. Après quelques mois, le narrateur se rend chez José pour le visiter, avant même son exécution. Le bandit ne lui cache rien d son histoire tragique. José Navarro est un brigadier des dragons. Sa vie a changé au fil des années : il déserte, tue des personnes, intègre un groupe de contrebandier et vole grâce à son amour pour Carmen. Mais la jolie gitane le laisse tomber et il a fini par l'assassiner. C'est cette histoire que Mérimée raconte dans ce court récit.

Chapitre I Prosper Mérimée, un célèbre archéologue qui aime voyager, est en voyage en Andalousie. Au cours de ses périples, le narrateur fait une pause près d'une source avec son guide, Antonio. Pendant ce temps, il fait la rencontre du plus grand bandit du pays : José Navarro qui a un accent différent de l'Andalousie. Mérimée lui donne un cigare et les deux hommes commencent à se parler. Il s'entend vite et facilement. Mais Antonio, le guide du narrateur connaît tout de suite que c'est un contrebandit. Il fait des signes à Mérimée pour l'aviser. Ce dernier semble comprendre ce qu'Antonio souhaite lui transmettre, mais il continue à fréquenter José Navarro, sans aucune peur. Le bandit l'accompagne même dans son auberge où quelqu'un le signale encore une fois que c'est le fameux bandit tant recherché par les autorités : Don José Navarro. Ce dernier se montre très aimable et sympathique envers lui. Au cours du repas, le bandit joue la mandoline et lui distrait avec des chansons au style basque. Après cette soirée, les 3 hommes se reposent à l'auberge. Mais en pleine nuit, le narrateur se réveille et sort de l'auberge pour prendre l'air à l'extérieur. Il aperçoit une ombre devant lui. Ce n'est personne d'autre qu'Antonio son guide qui appelle les lanciers pour dénoncer leur compagnon poursuivi par les autorités. En contrepartie, il espère gagner 200 ducats. Mérimée réveille Don José et le conseille de s'enfuir. Ce dernier promet au narrateur qu'il n'a pas l'intention de se venger d'Antonio. Puis il prend la fuite pour éviter de se faire arrêter. Lorsque les lanciers débarquent à l'auberge, ils n'y trouvent plus Don José.

Chapitre II La semaine qui suit, Mérimée poursuit son expédition chez les Dominicains, à Cordoue. Pendant une soirée, il fait connaissance d'une belle et jeune fille bohémienne connue sous le nom de Carmen. Celle-ci se prétend capable de présager son avenir. La jolie gitane l'invite à prendre une glace et à venir chez elle, elle s'intéresse beaucoup à la montre de Mérimée. Mais, c'est un coup préparé par Carmen pour dérober la montre du narrateur. Quand les deux personnes arrivent au domicile de la jeune bohémienne, son complice entre de manière

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brusque. C'est Don José. Carmen lui ordonne de décapiter le malheureux propriétaire de montre. Mais, quand Don José voit que c'est son ami le narrateur, il le laisse partir. Malheureusement, la montre est déjà prise par Carmen. Par amour par elle, Don José supplie le narrateur de ne pas la poursuivre et celui-ci accepte sa demande. Après quelques mois, Mérimée retourne à Cordoue. Au couvent, quelqu'un l'avertit que Don José a été enfermé en prison. On l'accuse de ce vol de montre du narrateur et beaucoup d'autres crimes. Il encourt de ce fait une condamnation à mort. Mérimée le visite en prison. Quand il arrive, le prisonnier est en train de prendre son repas. L'archéologue lui offre une boîte de cigares. Il lui promet qu'il va l'aider, mais le bandit avoue que ce n'est plus nécessaire. Il lui demande juste un service : donner une médaille à une dame en Navarre.

Chapitre III Le lendemain, Mérimée rend encore visite à Don José en prison. Ce dernier lui raconte toute son histoire. Son vrai nom est Don José Lizarrabengoa. Il est d'origine basque et a vu le jour à Elizondo. Il est nommé brigadier de cavalerie qui prend en charge la garde d'une société spécialisée dans la production de tabac à Séville. Sa rencontre avec Carmen a changé entièrement sa vie. Dès la première fois qu'il la voit, il tombe éperdument amoureux de cette femme qui n'arrête pas de le maltraiter. Un jour, une bagarre a lieu. Don José voit ce qui se passe et s'aperçoit que Carmen est blessée et impliquée dans cette affaire. En tant que brigadier, son supérieur l'ordonne à amener la jeune femme en prison. Mais, cette dernière réussit à l'amadouer avec son charme et son patriotisme et s'enfuit. Mérimée a payé cher cette maladresse. Il est emprisonné pendant un mois. Son supérieur a également décidé de le dégrader. Pendant qu'il est en prison, Carmen lui envoie un cadeau bizarre en se désignant comme sa cousine : un pain contenant une lime et 2 piastres à l'intérieur. Ce geste l'attendrit, mais il ne cède pas à la demande de la jeune gitane de s'évader de la prison. Quand il sort de la prison, il retourne travailler, mais en tant que simple soldat. Carmen revient pour lui faire son avance. La seule journée que Don José passe avec elle suffit pour qu'il retombe encore une fois amoureux de cette femme. Carmen le mène à sa guise : elle lui demande de réaliser des trafics, puis elle se dissipe pendant un certain moment. Ensuite, Don José la surprend avec un officier. Une autre bagarre se passe à nouveau. Le soldat assassine l'officier. La femme bohémienne l'aide à se sauver. Il quitte Séville et devient membre d'un groupe de contrebandiers qui est sous la direction de Dancaïre, le chef. Mais à sa surprise, Don José est au courant que Carmen n'est plus un cœur à prendre. C'est déjà l'épouse d'un bandit du groupe : Garcia. Il ressent une profonde souffrance à cause de sa pitoyable vie. En plus, les crimes commis par la troupe ne cessent d'augmenter en nombre. Par jalousie, José tue Garcia lors d'une brusque querelle. Le chef du groupe, Dancaïre, perd également sa vie lors d'une embuscade. José quant à lui se retrouve blessé. Mais au fil du temps, il se rétablit. Mais ce n'est pas le cas pour son cœur. Il mène une vie dure à cause du caractère de Carmen qui entretient encore une relation amoureuse avec le picador Lucas. La jalousie de cet ancien brigadier ne fera que prendre de l'ampleur. L'homme demande à la belle gitane de l'accompagner en Amérique et de laisser cette sale histoire derrière eux. Mais Carmen le blesse à nouveau en avouant qu'elle ne partira pas et qu'elle ne ressent plus rien pour lui. À cause de son désespoir, Don José la tue et l'inhume seul en laissant avec elle la bague qu'il avait donnée comme cadeau à Carmen de son vivant. Puis, il se rend à la police.

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B) Prosper MÉRIMÉE

Né à Paris (France) le 27/09/1803 ; Mort à Cannes (France) le 23/09/1870

Prosper MÉRIMÉE naît au sein d'une famille cultivée et suit des études de droits. Adepte des salons littéraires et des mondanités, il côtoie les grandes plumes de l'époque, telles que Hugo, Musset ou Stendhal, dont il s'inspirera souvent. Mystificateur de la littérature, il réalise des pièces théâtrales (le Théâtre de Clara Gazul, 1825) puis s'attelle à la rédaction d'un ouvrage à caractère historique qui se rapproche davantage du roman d'aventure (Chronique du règne de Charles IX, 1829). Son inspiration à tendance romantique semble ne rencontrer aucune limite. Au début des années 1830, il publie de nombreuses nouvelles appréciées pour leur concision et la qualité de leur style rédactionnel. Paraissent ainsi l'Enlèvement de la redoute, Mateo Falcone ou encore Tamango. Mérimée dévie légèrement par la suite vers le style fantastique en publiant notamment les Âmes du purgatoire ou la Vénus d'Ille. Les nombreux voyages qu'il effectue en tant qu'inspecteur des monuments historiques lui permettent d'alimenter son imagination. Colomba et Carmen, publiées dans les années 1840, accroissent davantage sa popularité. Après sa mort, ses textes resteront gravés dans les esprits et feront l'objet de nombreuses adaptations.

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Acte de naissance reconstitué de Prosper Mérimée, 28 septembre 1803

c) De la nouvelle à l’opéra

Le livret de Carmen présente une physionomie originale qu'il doit à la personnalité de ses auteurs et particulièrement à leur souci de faire accepter du public un sujet fort différent de ceux qu'on lui proposait d'ordinaire. Tâche délicate à coup sûr, et même une gageure ! La nouvelle de Mérimée est, en effet une sorte de tragédie passionnelle brève et intense où les situations et les sentiments sont souvent d'un naturalisme violent. Une adaptation fidèle en était impensable dans une maison vouée à des spectacles habituellement sentimentaux, aimables et gracieux. Meilhac et Halévy ont donc mis tous leur soin à adoucir le caractère des deux héros pour éviter qu'on ne crie l'indécence _ ce qui s'est cependant produit .Ils ont effectué par ailleurs d'autres transformations sur lesquelles nous reviendrons, tant pour rallier les suffrages que pour imprimer au livret leur marque propre, spirituelle et légère. Mais tout ceci les a entraînés, fatalement, loin de Mérimée". Voici quelques-unes des transformations effectuées par les deux librettistes de l'Opéra : Henri MEILHAC et Ludovic HALEVY : Le personnage de Carmen de BIZET est plus "édulcoré ", civilisé que dans la nouvelle de Mérimée. Alors que l'héroïne de Mérimée se présente comme une voleuse , intrigante , criminelle au comportement

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totalement amoral, cruel et cynique, la Carmen de l'Opéra moins outrancière dans les méfaits qu'elle peut produire , se veut plus sage et ne commet pas de graves délits . Meilhac et Halévy créèrent le personnage de Micaëla, absent chez MÉRIMÉE, permettant de faire contrepoids au personnage de Carmen. Micaëla, jeune Navarraise, capable de traverser les dangereuses montagnes de l'Espagne pour rejoindre son bien-aimé, incarnait à elle seule la tradition romantique. Vivante image de la pureté, de la fraîcheur et de l'ingénuité, elle offrait un contraste saisissant avec Carmen, personnification de la sensualité, du péché et du vice.

C) Georges BIZET

Né en 1838 à Paris, Alexandre César Léopold BIZET reçoit lors de son baptême le prénom de Georges (l'usage voulait alors qu'un enfant reçoive un prénom supplémentaire à cette occasion). Il est le fils d'une pianiste et d'un perruquier, reconverti un an avant sa naissance en professeur de chant. Les premiers enseignements musicaux du jeune BIZET sont alors assurés par ses parents eux-mêmes. Tandis que la famille entière jusqu'à son oncle François Delsarte, professeur de chant très réputé, l'immerge dans la musique, Georges montre d'étonnantes dispositions. Au même titre que Mozart, on peut le considérer comme un génie de la musique. À l'âge de neuf ans, il entre au Conservatoire de Paris où il étudie le piano, l'orgue, l'harmonie et la composition. Diplômé d'un premier prix de piano en 1852, il obtient en 1855 un premier prix d'orgue et de fugue, avant de composer en un mois seulement sa première symphonie, la Symphonie en ut majeur. En 1857, BIZET participe à un concours d'opérette organisé par Offenbach. Sa première œuvre scénique, Le Docteur Miracle, remporte alors le premier prix ex aequo avec celle de Charles Lecocq. Composées sur le même livret imposé, les deux opérettes seront jouées en alternance au Théâtre des Bouffes-Parisiens. Cette même année, alors qu'il n'a que 19 ans, BIZET obtient le Grand Prix de Rome pour sa cantate Clovis et Clotilde (prix le plus prestigieux pour un compositeur). Il s'installe ainsi pour trois années à la Villa Médicis, lieu qui offre un cadre de travail idéal aux jeunes lauréats. En 1860, c'est dans une situation précaire qu'il rentre à Paris. Divers projets d'opéras vont également l'occuper, mais cherchant toujours une forme de perfection musicale, BIZET se refusera à l'écriture facile, flattant les oreilles du public bourgeois. Il détruira alors de nombreuses partitions avant de les achever. Ce n'est qu'en 1863, lorsque Léon CARVALHO, directeur du Théâtre-Lyrique, lui commande un opéra que le compositeur parvient au bout de son entreprise. Les Pêcheurs

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de perles sont ainsi joués lors de dix-huit représentations et rencontrent un succès mitigé malgré les critiques très encourageantes de confrères tels que BERLIOZ. Quelques années plus tard, BIZET épouse Geneviève HALEVY et intègre ainsi une grande famille juive très influente dans le Paris de l'époque. En effet, le père de Geneviève était non seulement le professeur de composition de BIZET, mais également compositeur, membre de l'Institut et secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, tandis que son cousin Ludovic HALEVY était un librettiste réputé (il réalisera d'ailleurs le livret de Carmen avec Henri Meilhac). À l'image d'un Rossini, BIZET imaginait une vie matérielle confortable, une « vie de rentier », grâce à quelques succès rapides à l'Opéra-Comique qui ne se produisirent jamais. Sa vie a été dévorée par les travaux alimentaires pour les éditeurs et par les leçons de piano. « Je travaille à me crever… » - « Je mène une existence insensée… », écrit-il dans ses lettres. Sa vie familiale n'est pas plus heureuse. Il ne peut pas partager ses difficultés et ses soucis avec sa jeune épouse Geneviève, coquette et nerveusement fragile. Il doit même les lui cacher. Leurs six années de mariage ne leur feront pas connaître le bonheur conjugal. Après la guerre de 1870, BIZET est nommé chef des chœurs de l'Opéra de Paris, mais il se retire au bout d'une petite année, préférant le poste de chef de chant qu'on lui propose à l'Opéra-Comique. C'est dans cette salle qu'il créé Djamileh en 1872, année où il compose également L'Arlésienne, son premier grand succès, et la suite pour piano à quatre mains Jeux d'enfants, probablement sa pièce la plus inspirée, la plus libre et la plus personnelle. Son style s'affirmant peu à peu et s'affranchissant du carcan social dans lequel il évolue, BIZET se penche sur son nouveau projet, un opéra réaliste mettant en scène non pas de riches princes et bourgeois, mais des bohémiens et contrebandiers : Carmen. Malheureusement, le 3 juin 1875, soit trois mois exactement après la création de Carmen, BIZET meurt, sans pouvoir profiter de la consécration de ce qui reste aujourd'hui encore le plus grand chef d'œuvre de l'opéra français.

Manuscrit de la Habanera

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D) Carmen: Synopsis

Carmen, éblouit le public à travers sa musique dont la clarté et la puissance tragique est sans égal. C’est un théâtre bouillonnant de vie, où l’amour et ses ravages naissent et meurent sous le ciel de Séville et de ses férias. Depuis plus d’un siècle, Carmen dans sa robe étincelante et fatale, victime et prédatrice, captive les foules qui tombent sous son charme.

ACTE 1

Sur une place de Séville, une troupe de soldats désœuvrés attend la relève. Micaela, une jeune paysanne, cherche le brigadier Don José, mais préfère s’éloigner quand elle apprend qu’il n’est pas encore là. La relève de la garde a lieu sous les railleries d’un groupe d’enfants qui singent les soldats. Don José fait partie de cette relève dirigée par le lieutenant Zuniga. Il est midi, les cigarières sortent de la manufacture sur la place, et tous les hommes regardent la plus séduisante d’entre elles : Carmen. Celle-ci aguiche Don José qui détourne le regard. Elle lui chante une Habanera et lui lance la fleur accrochée à son corsage. Micaela retrouve Don José qui lui apporte des nouvelles de sa mère. C’est à ce moment qu’éclate une bagarre dans la manufacture de tabac. Il semble que Carmen ait balafré une rivale. Don José reçoit l’ordre d’arrêter Carmen et de la conduire en prison. Le brigadier finit par tomber sous les charmes de la belle qui lui promet de l’aimer s’il la libère. Alors, il desserre la corde et lui permet de prendre la fuite…

ACTE 2

Dans la taverne de Lillas Pastia, Carmen et ses deux amies, Frasquita et Mercedes, chantent une chanson bohême. Dehors, on fête le toréro Escamillo, porté en triomphe. Quand il rencontre Carmen, il essaie vainement de la séduire. L’aubergiste ferme boutique pour permettre à des contrebandiers de prévoir leur prochain coup, en compagnie des trois jeunes femmes, mais Carmen refuse de se joindre à eux, car dit-elle, elle est amoureuse ! Ses camarades n’en croient pas leurs oreilles. Don José se présente à la taverne. Il vient d’être libéré après avoir été mis aux arrêts pour avoir permis la fuite de Carmen. Il vient rejoindre celle qui n’a cessé de hanter ses pensées pendant son emprisonnement. Carmen le flatte et danse pour lui. S’il l’aime, ajoute-t-elle, qu’il la suive dans la montagne avec les contrebandiers. Le lieutenant Zuniga frappe à la porte et se retrouve nez à nez avec son sous-officier, et seule l’intervention des autres permet d’éviter le pire. Zuniga est ligoté, et cette fois, Don José est obligé de fuir, de déserter.

ACTE 3

Dans la montagne, Carmen est lasse des atermoiements de Don José qui pleure la perte de son honneur, Frasquita et Mercedes tirent les cartes et se voient un avenir florissant. Carmen essaie à son tour, mais les cartes lui prédisent la mort. Don José monte la garde et arme son fusil quand il entend un intrus : c’est Escamillo venu jusqu’ici par amour pour Carmen. Identifiant son rival, Don José se bat contre le toréro. Ils sont séparés par les autres, accourus entre temps. On découvre Micaela cachée apeurée. Elle exhorte Don José de la suivre car sa mère est mourante. Don José y consent sous les railleries de Carmen à qui il lance un « nous nous reverrons » lourd de sous-entendu.

ACTE 4

À Séville, la foule se déchaîne en voyant passer la procession bigarrée qui se rend aux arènes. Escamillo

déclare son amour à Carmen avant d’entrer dans l’arène pour combattre le taureau. Mais Frasquita et

Mercedes mettent en garde leur amie : Don José est revenu. Carmen ne se laisse pas impressionner.

Tandis que tout le monde est entré dans les arènes, elle reste seule avec son ancien amant qui se fait

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tour à tour suppliant et menaçant. Imperturbable et prête à affronter son destin, Carmen jette la bague

que Don José lui avait donnée, et ce dernier, ivre de douleur, poignarde celle qu’il aime à jamais.

Scène finale de Carmen

E) L’œuvre, sa réception et critiques Au regard de la popularité mondiale de Carmen aujourd'hui, il est bien difficile d'imaginer que, lors de sa création à l'Opéra-Comique de Paris, le 3 mars 1875, l'opéra connut un échec retentissant. Le livret et le rôle-titre Carmen transgressait toutes éthiques du moment. Le spectateur de la salle Favart, qui venait en famille, habitué des opéras comiques à fin heureuse, apprécia les deux premiers actes, avec le chœur des gamins ( Avec la garde montante), l'entrée des cigarières, l’entrée d’Escamillo (Votre toast.. ) ou le quintette des contrebandiers (Nous avons en tête une affaire) mais fut choqué et scandalisé par l'héroïne aux mœurs légères et aux passions " réalistes " qui, par-dessus le marché, est assassinée sur la scène. Cependant on trouvera rapidement des critiques qui scelleront le succès de l’œuvre : Saint-Saëns : « Enfin j'ai vu Carmen, c'est un chef d'œuvre et je ne te l'envoie pas dire. » Nietzsche (à propos de la Habanera) : « C'est un exercice de séduction, irrésistible, satanique, ironiquement provocant. C'est ainsi que les anciens imaginaient Eros. Je ne connais rien de semblable en musique. » (Lettres à Peter Gast)

Théodore de Banville, lui, approuve la disparition de « ces jolies poupées bleu ciel et rose qui firent la joie de nos pères au profit de vrais hommes et de vraies femmes, éblouis et torturés par la passion.» (Le National, 8 mars 1875)

Nietzsche : « Cette œuvre délivre ! [...] J'envie Bizet d'avoir eu le courage de cette sensibilité plus méridionale, plus brune, plus brûlée... Enfin l'amour, l'amour re-transposé dans la nature originelle... L'amour dans ses moyens de guerre, dans son principe de haine mortelle des sexes. » (Lettres à Peter

Gast)

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F) Note de mise en scène par Gil GALLIOT, metteur en scène

Je crois que peu d’œuvres sont aussi connues, autant représentées et appréciées que la Carmen de BIZET. Si l’Opéra relève pour nous, metteurs en scène, de l’art total ; conjuguant le Chant, la Musique, la Chorégraphie, la Scénographie et même le Théâtre. CARMEN en est un des maîtres étalons, mêlant à la fois le Tragique et des moments de Comédie, de la Violence et de la Mélodie parfois presque légère…Une sorte de matrice spectaculaire condensant ce que l’humain peut traverser dans une vie. On a souvent coutume de dire que Carmen à l’instar de Lulu ou de Salomé, est une sorte de symbole de la Femme libre. Elle paraît libre parce qu’elle provoque, elle séduit et semble prendre en main son destin avec détermination. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette vision qui me semble être un raccourci. Si Carmen déclenche la passion des hommes, elle n’en est pas moins, à la fois, l’instrument et le paiera de sa vie par cette même main masculine. D’ailleurs elle offre son amour à deux professionnels de la mort : un Soldat et un Matador (littéralement : tueur). Carmen n’est pas le symbole de la Femme libre, elle est plutôt symbole de Vie, de liberté et de transgression des règles. Et c’est parce qu’elle expose ce comportement excessif qu’un Don José, tiraillé (avec une vision primaire) entre le Vice (Carmen) et la Vertu (Micaëla, messagère d’une Mère absente), préférera par manque de courage, sacrifier cette Gitane parce qu’elle lui propose ce qu’il ne peut éprouver : une Vie intense loin des contingences, des normes et surtout de l’ordre…Une Vie pleine de risques (hors les lois avec les Contrebandiers), de désordre amoureux (la séduction et l’érotisme), d’irrationnel (les cartes prémonitoires) ou de milieux hors normes (la tauromachie). Femme-sujet, femme fatale, femme authentique, Carmen comme le Toro dans l’arène devient objet sacrificiel à travers lequel chacun peut projeter ses rêves enfouis, contrariés ou ses regrets de ne pas avoir assez vécu librement. Ce Carmen au Summum de Grenoble revêtira une esthétique du début des années cinquante en Espagne. Période où ce pays au sortir d’une guerre civile sanglante et sous une dictature franquiste, tente malgré tout de vivre, de se reconstruire et de restaurer l’esprit de Fête. L’Espagne, pays qui a toujours mêlé le tragique et le bon vivre, la religion et le paganisme…L’Espagne comme les arènes de la Maestranza de Séville entre Ombre et Lumière.

G) les voix et les rôles

CARMEN Cigarière bohémienne Mezzo- soprano

MICAËLA Jeune paysanne amoureuse de Don José Soprano

FRASQUITA Bohémienne et amie de Carmen Soprano

MERCEDES Bohémienne et amie de Carmen Mezzo-soprano

DON JOSE Brigadier Ténor

ESCAMILLO Célèbre torero Baryton

LE DANCAÏRE Contrebandier Ténor

LE REMENDADO Contrebandier Ténor

ZUNIGA Lieutenant Basse

MORALES Brigadier Baryton LILLAS PASTA Tavernier Rôle parlé

UN GUIDE Rôle parlé

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H) Composition de l’orchestre 12 violons I et 10 violons II, 6 violoncelles, 4 contrebasses (cordes) 2 flûtes dont 1 piccolo, 2 hautbois dont 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons (bois) 4 cors, 2 trompettes, 3, trombones (cuivres) 1 harpe, les timbales, 3 percussions. (triangle, grosse caisse, caisse claire, tambour de basque, cymbales) Musique de scène : 2 trompettes et 3 trombones .

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IV) Pistes d’exploitations pédagogiques :

I) L'Exotisme ou l’Orientalisme L'impérialisme britannique et la colonisation du XIXe siècle entraînent une ouverture géographique inconnue jusqu'alors. En France, cette ouverture géographique aboutit à un intérêt dans ce qui n'est pas français, ce qui est étranger, ce qu'on qualifie souvent d'exotique. C'est la curiosité et le goût pour le différent qui y joue un rôle, le désir de s'évader, d'atteindre des horizons inaccessibles, de partir en aventure, comme le narrateur de Carmen, de sortir du quotidien. L'exotisme, dans le domaine de la littérature, s'est répandu au XIXe siècle avec BAUDELAIRE, CHATEAUBRIAND, Pierre LOTI, Mérimée, Jules VERNE. Les textes exotiques par excellence sont les rapports de voyages comme : Les Milles et une nuits, Robinson Crusoe L’écriture de Mérimée, influencée par le Romantisme, s’inspire de l’exotisme découvert lors de ses voyages à travers la Méditerranée. Cette connaissance du terrain se complète par des recherches documentaires et des relations d’amitié avec d’autres intellectuels espagnols comme Eugenia de MONTIJO. L'exotisme est aussi la peinture de la COULEUR LOCALE. Pour le narrateur l'archéologue dans Carmen, c'est l'Espagne du Sud qui représente l'exotisme qu'il décrit dans ces termes. La représentation visuelle de cela a bien été saisie dans l'opéra de George BIZET.

J) Carmen le mythe de la femme fatale

Le mythe de Carmen s’inspire du thème récurrent de la femme fatale, existant déjà dans les sources bibliques, comme par exemple les histoires de Lilith ou de Salomé. Le portrait psychologique de la femme fatale est celui d’une femme perverse qui, consciente de son pouvoir, utilise les attributs et les charmes de son sexe pour manipuler l’homme. Cette femme, très souvent présentée comme la fille du diable, domine donc son corps, les idées de bien et de mal, et l’étroite ligne qui sépare la vie de la mort.

K) Analyse comparative de la nouvelle de MÉRIMÉE et du livret

d’opéra de MEILHAC ET HALVEVY

Etude des caractères des personnages et leurs relations.

L) Comparaison avec d’autres textes et poésies sur Carmen

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Notamment : Théophile Gautier Emaux et Camées -1852

M) Etude des différentes représentations de Carmen au cinéma De CHAPLIN, à ROSI opéra filmé en passant par SAURA et GODARD.

N) Recherche iconographique sur Carmen, l’Espagne et la corrida

Affiches, peintures ou illustrations des XIXe et XXe: dessins et aquarelles de Mérimée, affiche de l’opéra de 1875, œuvres de Picasso, Manet par exemple.

O) L’importance des voix, les différents types de voix et les rôles : Les voix de femmes

Au XIXème siècle, les femmes ont le droit d’être sur scène, les personnages de femmes sont donc chantés et joués par des femmes dans l’opéra de BIZET. La soprano reste au premier plan et joue les rôles importants des jeunes premières et donc de Carmen et Micaela dans cet opéra de Carmen.

Pour qu’il y ait une différence entre Micaela et Carmen, BIZET a écrit la partition du personnage de Carmen un peu plus grave, et généralement, on choisit pour Carmen une soprano avec une voix timbrées dans le grave (air des cartes) ou une Mezzo-Soprano, ce qui confère à Carmen, un caractère un peu plus sombre, plus dramatique que celui de Micaela. Les chanteuses lyriques capables d’interpréter ces personnages doivent donc être très talentueuses : elles doivent être à la pointe de leur art, avoir des années d’entraînement derrière elles et être encore assez jeunes pour incarner des jeunes filles.

Les voix d’hommes

Don José est un ténor (voix aigüe pour un homme), car il chante l’Amour et il est jeune. Sa voix doit cependant être puissante car au fur et à mesure du drame, il va devoir aller vers le drame Les voix graves (barytons et basses) représentent ici, l’autorité (Zuniga et Moralès) qui sont des militaires. Ils sont donc la figure de l’ordre.

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P) L’importance des costumes et des accessoires :

Avant le spectacle : Imaginez et dessinez les costumes des personnages principaux :

Quel habit pour Carmen ? Dessine et Explique ton choix

Quel habit pour Don José ? Dessine et Explique ton choix

Quel habit pour Escamillo ? Dessine et Explique ton choix

Quel habit pour Micaela ? Dessine et Explique ton choix

(Piste supplémentaire : il est possible de travailler sur un coloriage de croquis afin de comparer les

couleurs avec celles retenues pour le spectacle)

Après le spectacle : Après avoir vu l’opéra : que pensez-vous des costumes ?

- Reconnaît-on bien les personnages grâce à leurs costumes ? - Les costumes permettent-ils de bien comprendre l’histoire ? - Les costumes représentent-ils le XIXème siècle ou une autre époque ? - Les accessoires, comme les chaussures par exemple, permettent-ils des jeux de scène ?

Dans un spectacle, les costumes sont importants pour définir les personnages mais aussi pour donner les intentions du metteur en scène.

Définir les personnages : si les personnages sont riches et nobles, ils devront porter de beaux costumes, des bijoux…si au contraire ils sont pauvres, les costumes doivent être plus simples. Les costumes peuvent aussi définir le caractère : le rouge peut rendre compte par exemple d’un caractère colérique et violent. On peut aussi montrer les liens existant entre les personnages, comme par exemple pour les amoureux, en mettant des détails identiques sur leurs costumes (même couleur, même forme, accessoires identiques…)

Le metteur en scène : mais il faut aussi tenir compte des intentions du metteur en scène. Il peut décider de donner un côté plus contemporain à l’histoire en décidant de costumes plus actuels. Il peut au contraire décider de faire preuve de réalisme en décidant d’habiller les chanteurs de costumes proches de ceux de l’époque où se déroule l’histoire.

La costumière : elle est chargée de réaliser les costumes selon les indications du metteur en scène. Elle doit faire en sorte que ces costumes soient adaptés à la taille des chanteurs et aux jeux de scène. Par exemple, Musetta doit pouvoir facilement enlever sa chaussure à l’acte III. Elle doit commander le tissu, faire attention au budget et faire en sorte que les vêtements soient réalisables entre le moment où ils sont décidés et le moment où le spectacle a lieu. Pour la Bohème, c’est le metteur en scène qui assure la fonction de costumière.

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Comptez le nombre d’instruments dans la fosse. Etes-vous capables de repérer les différentes familles d’instruments ?

Q) la musique et l’orchestre. La musique est essentielle dans l’opéra : c’est elle qui souligne l’action et procure des émotions aux spectateurs. Les musiciens sont situés dans la fosse et sont dirigés – comme les chanteurs- par le chef d’orchestre. C’est un travail de virtuose car tout le monde doit s’écouter. Si un instrument ne joue pas bien, si un chanteur chante faux ou commence son chant avant l’orchestre, tout le spectacle est compromis. Cela fait beaucoup de monde à diriger à la fois pour le chef d’orchestre d’autant plus que les instruments ne sont pas placés au même endroit que les chanteurs.

Comment est composé un orchestre ?

Cordes Vents Percussions

Bois Cuivres Peaux Métaux Claviers

Violons Altos

Violoncelles Contrebasses

Flute / Piccolo

Hautbois / Cor Anglais Clarinette / Clarinette basse

Basson / Contrebasson

Cors

Trompettes Trombones

Tuba

Timbales

Caisses claire Tambours

Grosse caisse

Etc…

Cymbales Triangle Crotales

Etc…

Xylophone

Celesta Marimba

Glockenspiel

Etc…

En règle générale la disposition des différents pupitres se présente de la manière suivante :

Pendant le spectacle :

L’orchestre : il existe 3 grandes familles d’instruments ainsi que des sous familles :