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p. 1 Sophie, l’enfant cachée Un livre jeunesse du Centre d’Education à la Citoyenneté du CCLJ (Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind) – Centre de Ressources FWB 52 rue de l’Hôtel des Monnaies – 1060 Bruxelles - Tél. : 02/543 02 70 – Fax : 02/543 02 71 – [email protected] www.cclj.be – www.lahainejedisnon.be Dossier pédagogique Sophie, l’enfant cachée est une mise en récit de l’histoire vraie de Sophie Rechtman-Granos. En 1942, Sophie a huit ans et demi, elle est juive, elle vit à Bruxelles. Pour la soustraire à la traque nazie, ses parents décident de la cacher à Uccle, chez Monsieur et Madame Crassaert. En quelques minutes, la vie de Sophie bascule. D’une enfance choyée et rieuse, elle passe à la clandestinité, la solitude et l’angoisse. Une histoire personnelle pour raconter l’Histoire à nos enfants, celle de l’antisémitisme nazi, celle du courage de gens « ordinaires » pour les inciter à s’engager en tant que citoyens. Textes : Véronique Ruff et Florence Caulier Illustrations : Audrey Elbaum Idée originale et direction : Ina Van Looy Editeur responsable : Henri Gutman – rue de l’Hôtel des Monnaies 52 – 1060 Bruxelles Format : 215 x 215 mm - 38 pages Contenu : 13 chapitres – 14 illustrations – retranscription du témoignage de Sophie Rechtman au CCLJ en 2011 - photos familiales – lexique Dépôt légal : D/2013/13.264/1 A partir de 10 ans --- Le livre-jeunesse « Sophie, l’enfant cachée » s’inscrit dans les missions historiques et mémorielles du programme d’éducation à la citoyenneté du Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind « La haine, je dis NON ! », reconnu Centre de Ressources de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2010 dans le cadre du « Décret Mémoire ». Il est offert gracieusement aux élèves et enseignants participants à « La haine, je dis NON ! », il est également en vente au prix de 9 EUR. Plus d’informations ? www.lahainejedisnon.be - [email protected]

dossier pédagogique - Sophie l'enfant cachée

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Page 1: dossier pédagogique - Sophie l'enfant cachée

p. 1

Sophie, l’enfant cachée

Un livre jeunesse du Centre d’Education à la Citoyenneté du CCLJ (Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind) – Centre de Ressources FWB 52 rue de l’Hôtel des Monnaies – 1060 Bruxelles - Tél. : 02/543 02 70 – Fax : 02/543 02 71 – [email protected] www.cclj.be – www.lahainejedisnon.be

Dossier pédagogique

Sophie, l’enfant cachée est une mise en récit de l’histoire vraie de Sophie Rechtman-Granos. En 1942, Sophie a huit ans et demi, elle est juive, elle vit à Bruxelles. Pour la soustraire à la traque nazie, ses parents décident de la cacher à Uccle, chez Monsieur et Madame Crassaert. En quelques minutes, la vie de Sophie bascule. D’une enfance choyée et rieuse, elle passe à la clandestinité, la solitude et l’angoisse. Une histoire personnelle pour raconter l’Histoire à nos enfants, celle de l’antisémitisme nazi,

celle du courage de gens « ordinaires » pour les inciter à s’engager en tant que citoyens.

Textes : Véronique Ruff et Florence Caulier Illustrations : Audrey Elbaum Idée originale et direction : Ina Van Looy Editeur responsable : Henri Gutman – rue de l’Hôtel des Monnaies 52 – 1060 Bruxelles Format : 215 x 215 mm - 38 pages Contenu : 13 chapitres – 14 illustrations – retranscription du témoignage de Sophie Rechtman au CCLJ en 2011 - photos familiales – lexique Dépôt légal : D/2013/13.264/1

A partir de 10 ans

--- Le livre-jeunesse « Sophie, l’enfant cachée » s’inscrit dans les missions historiques et mémorielles du programme d’éducation à la citoyenneté du Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind « La haine, je dis NON ! », reconnu Centre de Ressources de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2010 dans le cadre du « Décret Mémoire ».

Il est offert gracieusement aux élèves et enseignants participants à « La haine, je dis NON ! », il est également en vente au prix de 9 EUR.

Plus d’informations ? www.lahainejedisnon.be - [email protected]

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Genèse et originalité du livre Le livre « Sophie, l’enfant cachée » et le lexique qui l’accompagne, permettent à l’enfant d’approcher, sans voyeurisme, l’histoire de la discrimination des Juifs en Belgique occupée à travers le destin d’une enfant cachée. L’histoire de Sophie Rechtman-Granos débute alors que, âgée de 7 ans, les nazis envahissent la Belgique. A travers des mots d’enfant, Sophie se raconte ... Le lexique propose des définitions rigoureuses de mots parfois méconnus ou mal compris par des enfants de 10 ans. Les illustrations rythment le texte et stimulent l’empathie du lecteur. Les photos familiales de Sophie Rechtman-Granos inscrivent sa mise en récit dans la véracité.

Objectifs:

• Permettre à l’enfant d’appréhender l’histoire de la Shoah, l’histoire de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale et plus spécifiquement le sort des enfants cachés en Belgique

• Permettre à l’enfant de se poser des questions, de faire des recherches, d’appréhender le passé pour mieux comprendre le présent et construire le futur

• Encourager l’enfant à développer sa conscience citoyenne, son esprit critique et sa compréhension des valeurs démocratiques.

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Les personnages - Les personnes

� Sophie Rechtman-Granos

Personnage principal du livre. En 1942, Sophie a huit ans et demi, elle est juive et vit à Bruxelles. Pour la soustraire à la traque nazie, ses parents décident de la cacher à Uccle, chez Monsieur et Madame Crassaerts. En 2013, Sophie a quatre-vingts ans. Elle est une épouse, une maman, une grand-mère et une arrière-grand-mère heureuse et entourée. Elle vit toujours à Bruxelles et témoigne de son vécu dans les écoles.

� Hélène Obuchowski (autres prénoms : Chaja, Hella)

Mère de Sophie. Elle ne travaille pas et s’occupe de sa famille. Les souvenirs les plus précieux de Sophie avec elle sont ceux où elle dansait au son de sa jolie voix. Elle naît le 1er mai 1913 à Lodz en Pologne, arrêtée et déportée en 1943, elle meurt à Auschwitz – Birkenau, entre le moment de sa déportation et la fin de la guerre, à une date inconnue.

� Maurice Granos

Père de Sophie. Il est tailleur. C’est un homme travailleur et affectueux. Il naît le 18 janvier 1906 à Uniéjow en Pologne. Déporté en 1943, il rentrera à Bruxelles après la guerre. Traumatisé par ses deux années de déportation, il est soucieux de reprendre sa vie en mains et d’être présent dans la vie de Sophie. Il meurt de vieillesse à Bruxelles en 1982.

� Louise Crassaerts - TanLise

Femme de Guillaume Crassaerts, mère de Charles. Femme douce et affectueuse, elle prend soin de Sophie comme de sa propre fille jusqu’au retour de son père, après la Libération. Elle restera présente dans la vie de Sophie jusqu’à sa mort en 1978.

� Guillaume Crassaerts - Menonc

Mari de Louise Crassaerts, père de Charles. Homme autoritaire au grand cœur, il va cacher Sophie pendant trois ans et s’en occuper comme de sa propre fille. Il meurt en 1981.

� Charles Crassaerts

Fils de Guillaume et Louise Crassaerts. Il est absent lorsque ses parents prennent la décision d’accueillir et de cacher Sophie. Après avoir achevé des études d’instituteur, il s’est engagé dans la Résistance pour s’opposer à l’occupation nazie. Il est emprisonné à la prison de Saint-Gilles pour faits de Résistance. Il est ensuite envoyé dans un camp de concentration en Allemagne où il meurt suite aux mauvais traitements qu’il a subis.

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Repères chronologiques

1914

� Début de la Première Guerre mondiale

1918

� Fin de la Première Guerre mondiale

1933

� Hitler est nommé Chancelier d’Allemagne Naissance de Sophie Granos 1939

� Début de la Deuxième Guerre mondiale

1940

� 10 mai : invasion de la Belgique par les troupes nazies et occupation

1941

� Juillet : l’occupant nazi impose le tampon rouge « Juif – Jood » sur la carte d’identité des Juifs v ivant en Belgique

� Décembre : exclusion de tous les enfants juifs des écoles

1942

� Mai : tout juif âgé de six ans et plus est obligé de porter une étoile jaune dès qu’il sort de chez lui � Août : le premier convoi de déportés juifs quitte la Caserne Dossin à Malines pour le centre d’extermination et le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau � Septembre : rafle des juifs à Bruxelles Sophie Granos est cachée chez Louise et Guillaume Crassaerts : elle devient Simone Legrand1943

Été : les parents de Sophie sont arrêtés et déportés 1944

� Septembre : Libération de Bruxelles par les troupes alliées

1945

� Fin de la Deuxième Guerre mondiale Le père de Sophie rentre des camps 1951 Sophie épouse Max Rechtman 2013 Sophie a 80 ans. Elle est mère, grand-mère et arrière-grand-mère. Elle témoigne de son vécu d’enfant cachée auprès des élèves et des étudiants.

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Pistes de réflexion

Avant la lecture - 1. Que signifie « être Juif »?

Les Juifs sont les descendants du peuple hébreu dont l’histoire est racontée dans la Bible. Les Juifs vivaient sur la terre d’Israël dont ils ont étés définitivement chassés en 70 après J.C. Obligés de quitter leur terre, les Juifs se sont d’abord installés dans le pourtour méditerranéen puis, au fur et à mesure, ont poursuivi leur route: c’est la raison pour laquelle on rencontre des Juifs dans le monde entier (on parle de la dispersion du peuple juif, la diaspora juive). Malgré leur dispersion géographique, les Juifs ont tous les attributs d’un peuple: une langue: l’hébreu, une religion: le judaïsme, une culture et le souvenir d’une terre dont ils ont été chassés.

Au 20e siècle (siècle pendant lequel est née Sophie Granos), les Juifs habitent dans diverses parties du monde. Ils parlent la langue du pays où ils vivent, prient en hébreu et communiquent entre eux dans des langues juives: un mélange d’hébreu et de la langue de leur pays. Exemples de langues:

• l’hébreu (plus vieille langue sémitique, proche de l’arabe, s’écrit de droite à gauche, a subsisté uniquement comme langue religieuse puis renaît au 19ème siècle: on parle alors d’ « hébreu moderne ».

• le yiddish ou judéo-allemand (hébreu, allemand et langues slaves) utilise le même alphabet que l’hébreu, s’écrit de droite à gauche. C’est la langue des Juifs ashkénazes. (langue parlée dans la famille de Sophie)

• le judéo-espagnol (hébreu et espagnol) est issu de l’Espagne médiévale. Lorsque les Juifs sont exclus d’Espagne en 1492, cette langue va se développer dans l’Empire ottoman, au nord du Maroc et à Vienne. Le Judéo-espagnol ne doit pas être confondu avec le ladino (langue religieuse, celle des rabbins). C’est la langue des Juifs sépharades.

• le judéo-arabe (arabe et quelques mots d’hébreu), exemple: le Schlur au Maroc, qui est également la langue des Juifs sépharades.

Piste pédagogique : faire écouter aux enfants une chanson en hébreu, en judéo-espagnol, en yiddish et en arabe (Comptines du jardin d’Eden – Didier jeunesse). Etre Juif c’est appartenir au peuple juif ou se revendiquer de la religion juive. Dès lors, il existe plusieurs manières de vivre son judaïsme :

• lorsque l’on se revendique de religion juive, cela induit la croyance en un Dieu unique, le respect des préceptes et des commandements qui se trouvent dans la Torah, le Livre Saint des Juifs.

• lorsque l’on se revendique comme appartenant au peuple juif, on considère le judaïsme comme une culture, un patrimoine, une histoire et une destinée commune, exempts de toute connotation religieuse : pour ces juifs laïcs (qui ne sont pas religieux), il n’est pas nécessaire de croire pour revendiquer son identité.

Dans les deux cas, c’est la filiation qui est porteuse du judaïsme mais dans la loi religieuse, est Juif celui dont la mère est juive. Chez les Juifs laïcs, peu importe quel est le parent qui transmet le judaïsme.

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Avant la lecture - 2. Travailler sur la couverture et le titre du livre

• Observation, description, analyse d’images : à partir de l’observation de la couverture du livre, amener l’enfant à se questionner sur les différents éléments d’informations repérés, de les décrire, d’émettre des hypothèses, de réaliser des recherches afin de les vérifier, de confronter ses représentations à celles des autres Exemples : Où se passe l’histoire ? Quel en est le héros ? De quoi parle l’histoire ? Imagine l’histoire à partir de la couverture du livre ? Décris le personnage illustré ? Quelle est son attitude ? Comment est-il habillé ? Dans quel état d’esprit est-il ? Que fait-il ? Pourquoi ?

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Avant la lecture - 3. Animation « Dans ma valise »

Cycle 3 – 2 x 60’

- Enfants assis en cercle, sur des chaises ou au sol - Animateur(trice) en face des élèves avec la valise devant lui(elle) Objectifs :

- explorer avec les élèves ce que c'est qu'être Juif à travers la culture et les traditions juives - aider les élèves à dissocier la judéité des persécutions et de la mort en leur parlant des

Juifs avant la Shoah

Déroulement : L’animateur (trice) entre en classe avec une valise et invite les élèves à découvrir son contenu ensemble. Tour à tour, les élèves viennent choisir un objet dans la valise: une ménorah, une mézouza, un

Magen David, une sevivon (Hanoucca), des matsot, un conte juif, des chants en hébreux/ladino/yiddish, une pomme et du miel et des photos de familles juives de Belgique avant la Deuxième Guerre mondiale. Ces objets permettent à l’animateur (trice) de parler avec les élèves des traditions, de la culture et des fêtes juives. Elle souligne également l’importance de la culture et interroge les élèves sur la leur : culture marocaine, sénégalaise, polonaise, etc. Dans la valise, se trouve aussi le livre « Sophie, l’enfant cachée». Lorsqu’un élève le prend, l’animateur(trice) explique au groupe qu’au cours de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), un homme, Adolf Hitler, a voulu faire disparaître la population juive d’Europe. L’animateur(trice) entreprend la lecture de l’histoire « Sophie, l’enfant cachée ».

Pistes de réflexion :

• créer des ponts en invitant les élèves à interroger leur propre culture. Un atelier philo autour de la notion d’identité(s) peut prolonger cette animation.

• travailler sur les valeurs : permettre aux élèves de découvrir l’influence des valeurs sur la vie en communauté. Identifier quelques valeurs universelles abordées, de manière explicite ou implicite, à travers l’histoire de Sophie : la famille, l’amitié, la solidarité, la tolérance, la confiance, le respect, le courage, l’espoir…

Exemples de questions à poser à l’enfant : qu’est-ce qu’une valeur ? Quelles sont les valeurs abordées dans l’histoire ? Quelles sont celles qui ne sont pas respectées ? Que représente pour toi le mot « liberté » ? Décris une situation dans laquelle tu t’es senti libre ou privé de liberté.

• demander aux enfants d’identifier dans l’histoire les éléments positifs, qu’est-ce qui a permis à Sophie de garder espoir.

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Avant la lecture – 4. Animation « Les objets trouvés dans ma valise »

Cycle 3 – 2 x 60’

Le Magen David- Etoile de David

Etoile à six branches symbole du peuple juif et de la religion juive.

La ménorah

Chandelier à sept branches. Symbole de foi et d'espérance juive, il est très présent dans les synagogues, sur les sarcophages et les pierres tombales. Ménorah signifie « de la Flamme », « qui provient de la Flamme ». La ménorah fait partie des objets du culte judaïque. Il est l’un des plus vieux symboles de la religion juive. Sa belle esthétique l’a fait progressivement entrer dans les foyers non pratiquants en tant qu’objet de décoration. Elle est composée d’une branche centrale de laquelle partent 3 branches de part et d’autre et doit reposer sur 3 pieds. Inspirée de la botanique, la forme de la ménorah proviendrait d’une variété de sauge qui pousse en Israël. Elle est utilisée aujourd’hui comme symbole de l’Etat d’Israël. La hanouccia est une ménorah à 9 branches: elle est allumée à l’occasion de la fête de Hanoucca. Connue aussi sous le nom de «Fête des Lumières», cette célébration dure huit jours et a lieu à la fin du mois de novembre ou en décembre. Le rituel le plus important lors de Hanoucca est l’allumage des bougies: il se fait dans un candélabre spécial, la hanouccia. On allume une bougie par jour jusqu’à la huitième bougie qui est allumée le dernier jour de Hanoucca. Il est de coutume de manger des plats cuits à l’huile tels que des beignets aux pommes et/ou de pomme de terre. De nos jours, les enfants reçoivent généralement des cadeaux au cours de cette célébration, qui constitue la festivité juive la plus proche de Noel et du Nouvel An.

Pessah

Fête de la liberté qui rappelle la libération du peuple juif de l’esclavage en Egypte. Après avoir subi dix terribles plaies, l’Egypte et le Pharaon acceptent de délivrer les Juifs de la servitude. Guidés par Moise, ils entameront un périple qui les mènera jusqu’en Terre Promise, Canaan, le futur Etat d’Israël. Lors de cette fête, les Juifs célèbrent le seder, rituel qui a lieu la première et la deuxième nuit de Pessah (en mars ou en avril). Les familles et les amis se réunissent autour de la table pour lire la Haggada (narration d’une histoire), l’histoire de l’exode juif d’Egypte. Le seder se célèbre dans la maison familiale (alors que la majorité des fêtes se font à la synagogue) et il est de coutume d’inviter d’autres personnes, qui ne connaissent pas la religion juive et/ou qui se trouvent en situation précaire. Au cours du seder, les participants boivent quatre verres de vin symboliques, mangent du pain azyme et partagent de nombreux autres mets placés sur un plateau spécifique à cette fête (le plateau de Pessah).

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Matzot (une matza, des matzot)

Pain azyme : pain ancien confectionné de céréales, mais non levé. C’est le seul pain autorisé dans les foyers juifs traditionnels pendant toute la durée de Pessah (une quinzaine de jours).

La toupie - « sevivon » en hébreu

Toupie de Hanoucca.

Mézouza

La mézouza est un petit boitier qui comporte des versets de la Torah (livre saint des Juifs) écrit à la main en hébreu. Il est apposé sur les chambranles des portes des maisons juives et sert à protéger les personnes qui y habitent.

Roch Hachana

Littéralement « Tête de l’année ». Il s’agit du nouvel an juif célébré autour du mois de septembre. C’est une fête joyeuse pendant laquelle on mange des aliments sucrés pour appeler à une nouvelle année douce comme le miel. On y trempe d’ailleurs un morceau de pomme en formulant des vœux pour ceux que l’on aime. Roch Hachana inaugure le début des dix jours de réflexion qui se termineront à Yom Kippour, jour de jeûne, où l’on demande pardon à Dieu et aux hommes pour les mauvaises actions commises pendant l’année.

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Après la lecture – 1. Animation « Sophie, l’enfant cachée »

Mots-clés, photos et repères chronologiques

Cycle 3 – 2 x 60’

Animateur(trice) en face des enfants Objectifs :

• aborder l’histoire de la Shoah en Belgique par le récit de Sophie Rechtman-Granos

• isoler des mots-clés pour reconstituer l'histoire de Sophie

• fixer les repères historiques de la Shoah en Belgique.

Déroulement :

• l'animateur(trice) répartit les élèves de la classe par chapitre (13 chapitres : 13 groupes)

• ensuite, il (elle) transmet la consigne suivante: « lire attentivement le chapitre qui vous a

été confié et sélectionnez la phrase, le mot-clé, l'adjectif, le sentiment qui vous semble

résumer au mieux et de manière pertinente le chapitre en question ».

• mots-clés et/ou phrases à isoler: � chapitre 1: Bruxelles, polonais, 1940, guerre, juif � chapitre 2: étoile jaune, 1941 � chapitre 3: 1942, terrible, rafles � chapitre 4: cachée, Zuun, poules � chapitre 5: rue du Château d’eau, Simone Legrand, mentir � chapitre 6: danger, nazis, TanLise, Menonc � chapitre 7: malade, personne ne doit savoir que tu es ici, discrètement � chapitre 8: école catholique, pleurer, vierge, chapelet � chapitre 9: maman, pas un bisou, tram, torture � chapitre 10: silence, été 1943, gestapo, camps de travail à l’Est, seule � chapitre 11: 4 septembre 1944, Libération � chapitre 12: Charles, Résistance � chapitre 13: vivant, 12 ans, alors elle ne reviendra plus

• l'animateur(trice) trace au tableau une ligne du temps qui commence en 1933 et s'achève aujourd'hui. Il (elle) invite ensuite les groupes à résumer le chapitre travaillé, à en extraire les phrases et/ou mots-clés. En s'appuyant sur ces mots–clés, il (elle) complète la ligne du temps et l'illustre à partir des photos de Sophie (disponibles à la fin de ce dossier).

• pour terminer, l'animateur(trice) invite un élève à raconter, à partir des phrases et/ou mots-clés, l'histoire de Sophie Rechtman-Granos.

Pistes de réflexion :

• travailler la notion de citoyen : que signifie pour les enfants « être citoyen »; comment exercer cette citoyenneté au quotidien; existe-t-il des situations où les enfants peuvent agir contre l’injustice ?

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• travailler la notion de Juste parmi les Nations : qui sont les Justes ? Pourquoi l’Etat d’Israël a-t-il décidé d’honorer ces personnes ? Comment ? Faut-il faire preuve d’un grand courage pour agir en tant que « Juste » ou bien est-ce à la portée de tout le monde ?

• faire le lien avec la Convention Internationale des Droits de l’Enfant : permettre aux enfants d’intégrer les principes de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant dans leur vie quotidienne, de lister les droits fondamentaux des enfants et leur importance dans leur vie de jeune citoyen, de prendre conscience des conséquences du non-respect de ces droits en Belgique et dans le monde Exemples : - quels sont les droits de l’enfant qui ne sont pas respectés dans l’histoire ? - rechercher des exemples d’exclusion dans la vie quotidienne : à l’école, en

Belgique et dans le monde.

• un atelier de discussion autour de l’actualité et l’existence ou non de pays où les droits des enfants sont bafoués (enfants soldats, enfants des rues, travail forcé des enfants, …).

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Après la lecture – PISTES DE REFLEXION

Expression orale :

• permettre à l’enfant d’exprimer son ressenti après la lecture du texte, ou suite à l’observation d’une image, de manière orale en structurant sa parole et en argumentant sa position. Exemples : qu’expriment les visages des différents personnages ? Décris oralement le personnage que tu as le plus apprécié ? Explique pourquoi ? Décris oralement le personnage que tu as le moins apprécié ? Explique pourquoi ?

• éviter si possible le « Alors ça vous a plu ? », « Comment avez-vous trouvé le livre ? »

• reconstituer l’histoire et les éléments du livre, s’assurer de la compréhension des personnages et de la narration. Si besoin, aidez-vous d’un questionnaire :

� pourquoi Sophie et ses parents sont-ils séparés ? � qui accueille, dans un premier temps, Sophie lorsqu’elle est séparée de ses

parents? � chez qui restera-t-elle vivre le temps de la séparation? � connaissez-vous des histoires similaires à celle de Sophie ? � pourquoi Sophie témoigne-t-elle aujourd’hui dans les écoles?

Etablir une discussion à visée «philosophique»: Le moment de lecture est un moment de culture commune partagée, écouter ensemble permet ensuite de parler ensemble. Chaque élève pourra ainsi étayer ses jugements et ses argumentations à partir des propos des autres. Avant le débat, penser à l’organisation du groupe classe, prévoir quelques photos et illustrations extraites du livre. Quelques questions ouvertes pour relancer la discussion si besoin. Quelques pistes pour l’échange philosophique :

• que veut dire être solidaire ?

• qu’est-ce que le sentiment de solitude?

• travailler sur la notion du « manque » : manque des parents, de l’école….

• quels éléments nous parlent de la culture juive ?

• discuter des valeurs de fraternité et du respect des différences.

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Expression écrite :

• travail sur le titre du livre : « propose un autre titre à l’histoire »

• réaliser avec les enfants quelques productions en lien avec le quotidien de Sophie et la façon dont elle aborde la solitude : essaie d’imaginer et raconte une journée type de

Sophie lorsqu’elle est cachée chez M. et Mme Crassaerts ?

• en se référant à la façon dont Sophie se présente dans le livre, demander à l’enfant de se présenter et de décrire sa famille, de donner des éléments caractéristiques de chacun de ses membres.

• en mettant en place des groupes de travail, demander aux enfants de rédiger un poème, une chanson sur l’enfance de Sophie.

• demander aux enfants de décrire une situation dans laquelle ils ont ressenti de la peur, de la souffrance, de la colère, de la joie…

Page 14: dossier pédagogique - Sophie l'enfant cachée

p. 14

Education artistique :

• travail autour de la couverture: proposer aux enfants d'imaginer un autre dessin pour la couverture, en utilisant des supports et des outils variés.

• à partir du récit et en utilisant différents moyens d’expression, permettre à l’enfant de dévoiler son ressenti par rapport à l’histoire en produisant une œuvre personnelle en lien avec un thème précis.

Exemples : demander aux enfants de réaliser une peinture, une statue exprimant un sentiment ressenti à la lecture de l’histoire (la peur, la colère, la tristesse, la solitude…) ou une valeur qu’on peut dégager de l’histoire (solidarité, respect, amour, courage, espoir, entraide…). Réaliser une bande-dessinée, une représentation théâtrale de l’histoire de Sophie.

Histoire :

A partir du lexique, travailler des notions historiques, proposer une ligne du temps, inviter les enfants, par groupes de travail, à effectuer des recherches sur des évènements clés : le début de la Deuxième Guerre mondiale, la Libération, la notion de Justes,…

Identifier les facteurs chronologiques et géographiques :

Permettre à l’enfant de repérer dans le récit toutes les indications temporelles lui permettant de mieux comprendre les évènements décrits, de les classer, de les représenter de façon schématique, d’en déduire des éléments du contexte. Exemples :

� recherche toutes les dates dont on parle dans le récit et représente –les sur une ligne du temps (les naissances, les décès…)

� Travailler sur une carte de l’Europe pour retracer le parcours des parents de Sophie venus de Pologne pour s’installer en Belgique, en utilisant un fil rouge, des punaises (éléments de traçabilité) afin que l’enfant visualise les pays qu’ils ont traversés.

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Comment enseigner la Shoah chez les 10-13 ans ? Mémorial de la Shoah—http://www.memorialdelashoah.org

L’enseignement de l’histoire de la Shoah au cycle 3 pose un certain nombre de questions

qui touchent au respect de la sensibilité des enfants, au choix des thèmes à aborder, à la

pertinence du témoignage…. L’équipe pédagogique du Mémorial de la Shoah (Paris) a élaboré

une synthèse, enrichie de l’expérience des enseignants, afin de guider le pédagogue dans sa

démarche.

Pour aborder l’histoire de la Shoah, il est conseillé d’utiliser un support et de commencer

la séquence par l’étude d’un livre ou d’un film.

La seconde étape consiste à reprendre la chronologie des événements et à clarifier le

vocabulaire spécifique afin de démontrer l’aboutissement du processus d’exclusion. Il faut tenir

compte des connaissances des enfants sur le sujet et de leur imaginaire. Les élèves du primaire

sont confrontés très tôt à de nombreuses informations, notamment dans les médias : presse,

radio, télévision, ou par leur environnement familial. Il ne s'agit pas de noyer l'enfant dans une

masse d'informations mais de l'aider à organiser ses connaissances sur le sujet.

Il est conseillé de présenter une carte afin de localiser les pays en guerre et les grands

centres de la vie juive.

Des documents peuvent illustrer des thèmes à aborder (des photographies, des dessins

d’enfants, des lettres d’enfants cachés). Les photographies doivent être choisies avec soin car

elles attestent et fascinent puissamment. Il ne s’agit pas, bien-sûr, de montrer directement aux

enfants des représentations photographiques ou filmiques du génocide. On peut solliciter les

enfants en leur demandant d’apporter des objets en classe (insignes, journaux, tracts, affiches et

photographies...).

A la fin de la séquence, on peut proposer aux enfants une activité d’art plastique sur le

thème abordé pour qu’ils puissent extérioriser leurs émotions : dessin, peinture, collage,

expression de texte… et essayer de répondre en classe à chaque interrogation des élèves.

Au-delà de l’horreur du crime incompréhensible pour les élèves, il s’agit de transmettre

un message d’espoir et d’envisager un monde meilleur. Ici, peuvent être évoqués : les acquis

démocratiques comme la justice, la laïcité, la citoyenneté; certaines valeurs essentielles comme

la tolérance, l’humanisme, l’universalisme. Qu'est-ce que l'égalité ? Qu'ont tous les hommes en

commun? Qu'est-ce qui rassemble les êtres humains (langue, pays, lieux de mémoire, cuisine,

culture…)? Qu'est-ce qui les sépare, les isole (préjugés, la nécessité de catégoriser l’être humain

selon des critères non-objectifs, exemple "les noirs ne savent pas conduire", "les arabes vivent à

10 dans une pièce"....) ? Qu’est-ce qu'être Belge?

Page 16: dossier pédagogique - Sophie l'enfant cachée

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Ressources On peut aborder l’histoire de la Shoah par de multiples approches, à travers diverses matières : l’histoire - géographie, l’éducation civique, le français, les matières artistiques et les activités « parascolaires » : rencontre avec des témoins, avec des écrivains ayant écrit sur cette période, spectacles, expositions, projections de films… Il faut rester attentif à l’actualité culturelle et artistique.

Foire aux questions Cette Foire Aux Questions (FAQ) recense, à l’attention du cycle 3, les questions les plus fréquemment posées par des élèves. Cette F.A.Q. a été rédigée en 2004 par Barbara Mellul, enseignante et coordinatrice au Mémorial

de la Shoah, Marie-Line Obadia, Martine Artaud, enseignantes, Laïla Heuberger et Jacques-

Olivier David, coordinateurs au service pédagogique du Mémorial de la Shoah.

Pour toute utilisation de cette F.A.Q. dans un cadre pédagogique et/ou de recherche, il est indispensable de penser à citer les sources, en l’occurrence le Mémorial de la Shoah. Les questions des enfants, et les réponses apportées par l'équipe du Mémorial, peuvent être ordonnées en quatre catégories:

• questions d'ordre moral

• questions sur l'antisémitisme et les Juifs

• questions sur la guerre

• questions sur Hitler et le nazisme

Questions d’ordre moral

Y avait-il des gens contre la guerre avant 1939 ? Oui, il y avait de nombreux opposants à la guerre dans beaucoup de pays. Après les massacres de la Première Guerre mondiale, un grand nombre d’anciens combattants, des pacifistes opposés par principe à toutes les guerres et une part importante de l’opinion publique, refusaient l’idée même d’une nouvelle guerre.

Pourquoi Hitler était-il méchant ? Il était peut-être gentil et agréable avec son entourage immédiat. Il a imposé un système de pensée qui n'était pas bon, une idéologie fondée sur le racisme et l'exclusion des autres. Cette idéologie divisait le monde en races supérieures et pures, la race aryenne et germanique qui devait dominer, et les autres races : les Juifs, les Tziganes, les Slaves.qui devaient disparaître.

Pourquoi les enfants ont-ils été cachés ? Par qui ? Où sont leurs parents ? Des enfants juifs ont pu être sauvés de l'arrestation et de la déportation en étant cachés dans des familles non-juives soit par leurs parents soit par des amis. Ils devaient changer d'identité, d'habitudes, de vie. Ils devaient veiller à vivre non pas comme des enfants cachés mais comme des enfants ordinaires. Ils étaient cachés dans des colonies de vacances, des orphelinats, des fermes, des monastères ou dans des appartements en ville comme Sophie Rechtman-Granos. Leurs parents ont dû se séparer de leurs enfants pour mieux les protéger. Ils étaient souvent eux-mêmes cachés ou déportés.

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Pourquoi les Justes ont aidé des Juifs ? A travers toute l'Europe, de nombreux groupes et individus ont aidé, souvent au risque de leur vie, des enfants et des adultes juifs à échapper à la « Solution finale » (terminologie nazie). Ces groupes et ces individus minoritaires ont refusé d'y assister sans réagir. Grâce à leurs actions de sauvetage, des milliers de Juifs ont survécu. Ces Justes parmi les Nations sont aujourd'hui reconnus et honorés par des livres, des films, un monument et des arbres plantés en leur mémoire à Jérusalem.

Pourquoi les Alliés ne sont-ils pas intervenus pour détruire les camps ? Ce n'était pas une priorité. Leur priorité était de détruire les installations militaires et industrielles. Dès 1942, les Alliés avaient réuni des informations assez précises sur la « Solution Finale », mais ils n'avaient probablement pas bien compris que les nazis cherchaient à exterminer systématiquement les Juifs d'Europe.

Est-ce que les nazis ont été punis après la guerre ? Oui, des procès ont eu lieu, comme au tribunal militaire international de Nuremberg en 1945 et 1946, où 22 chefs nazis ont été jugés et condamnés pour crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Certains de ces criminels ont été condamnés à des peines de mort. Alors qu'un certain nombre de nazis et de collaborateurs ont été exécutés dès 1945, un grand nombre d'entre eux ont réussi à échapper à la justice en s'enfuyant à l'étranger et /ou en changeant d'identité.

Est-ce qu’il y a encore aujourd’hui des camps de concentration ? De nos jours, il n'y a plus de camps de concentration en Europe, mais il y en a eu encore bien après 1945, comme en Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1994, ou dans le Caucase, en Tchétchénie (camps et centres de filtration) depuis 1999.

Pourquoi n’y a-t-il pas la paix dans le monde ? Car il existe des luttes pour le pouvoir. Certains hommes dans le monde ne veulent pas de la paix dans leur intérêt. Il est souvent difficile de faire la paix. Certains hommes politiques n’imaginent pas ou n’ont pas le courage de la paix.

Est-ce qu’il va y avoir une Troisième Guerre mondiale ? C'est possible, mais il faut espérer que non. Par la prévention, la justice, le droit international, la diplomatie et la politique, les états essayent de préserver et promouvoir la paix dans le monde. Il est important ici de rassurer les enfants en leur donnant des exemples concrets de lutte contre les risques de conflits.

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Questions sur l’antisémitisme et les juifs

Est-ce que Hitler ne s’est attaqué qu’aux Juifs ? Il a d’abord exclu les opposants politiques, éliminé les malades mentaux et persécuté les Tziganes en Allemagne. Il jugeait ces hommes inutiles et dangereux pour la société (asociaux). Il s’est aussi attaqué à des minorités comme les homosexuels, les francs-maçons et les Témoins de Jéhovah. Le nazisme considérait par ailleurs les Slaves comme un peuple inférieur. Les noirs étaient également rangés dans la catégorie des peuples les moins évolués. Pourquoi Hitler voulait tuer les Juifs ? Hitler comparait les Juifs à une épidémie qu’il fallait complètement éliminer. Il n’acceptait donc pas la moindre présence juive en Europe. Est-ce que les Juifs avaient fait quelque chose ? Non. Mais dans de nombreux pays comme en Allemagne, en France, en Russie, ils étaient accusés de crimes (crimes rituels, enlèvements, viols, vols.). Depuis le Moyen Âge, l'Eglise les accusait à tort d'être des infidèles et d'avoir tué le Christ. Pourquoi les enfants ? L'enseignant ne doit pas insister sur l'horreur du crime. Il doit essayer de répondre aux questions des enfants sans y ajouter ses propres interrogations. La "Solution Finale" vise à faire disparaître tous les Juifs, y compris les enfants, parce qu'ils sont nés Juifs. Faire disparaître les enfants juifs, c'est préparer ainsi une Europe "Judenrein", c'est à dire une Europe sans Juifs. Est-ce que les Juifs savaient qu’Hitler ne les aimait pas ? Evidemment, mais une grande majorité de Juifs n'imaginaient absolument pas les conséquences des mesures anti-juives. En Allemagne, la majorité des Juifs étaient très assimilés. Jusqu'en 1938, la plupart pensaient encore pouvoir vivre en Allemagne malgré le nazisme et l'antisémitisme. C'est le même constat pour les Juifs de Belgique en 1940-41. Avec la mise en place de la « Solution finale », de nombreux Juifs sont pris au piège dans leurs pays respectifs et n'ont plus les moyens de fuir. Il faut dire que ce n'était pas la première fois que les Juifs étaient exclus des sociétés dans lesquelles ils vivaient. Quand les Juifs sont allés se faire recenser, savaient-ils qu’on voulait les tuer ? Non, la plupart voulait respecter les lois et ont accepté ce recensement. Bien entendu, le recensement est antérieur à l’extermination. Est-ce que les Juifs avaient une chance de survivre par la conversion ? Oui. Certains Juifs se sont convertis pour essayer d'échapper à la déportation. Cependant, pour les nazis, les Juifs convertis restaient des Juifs comme les autres. Les Juifs n'étaient définis ni par leur religion ni par leur culture, mais par leur "race". Finalement, les Juifs convertis ont été déportés et assassinés comme les autres. Est-ce que Hitler a tué les Juifs allemands ? Une grande partie d'entre eux. C'était une priorité et une obsession pour lui. Après en avoir expulsé une bonne partie, 160.000 Juifs allemands ont été déportés et assassinés par les nazis et leurs complices en Europe.

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Les Juifs se sont-ils laissé tuer ? Non, ils ne se sont pas laissés faire. Mais ils n'avaient pas les moyens de résister face à une armée puissante. Ils cherchaient à rester en famille, avec de jeunes enfants et les personnes âgées pour les protéger. Beaucoup ne pouvaient fuir et essayaient de se cacher. Certains ont résisté pendant la guerre en s'engageant dans la lutte armée (mouvements de résistance des alliés). D'autres ont lutté pour conserver leur dignité, en s'entraidant, en écrivant, en dessinant, en témoignant. Il existe donc plusieurs formes de résistance parmi les Juifs.

Pourquoi les Juifs ont-ils été déportés en Pologne ? Pour différentes raisons techniques et politiques, notamment pour "nettoyer" l'Allemagne des Juifs, pour les exterminer de manière plus efficace et discrète, mais aussi parce que la plupart des camps de concentration et d'extermination se situaient dans le pays réunissant la plus forte communauté juive en Europe en 1939, la Pologne (3.200.000). Y a-t-il eu des survivants dans les camps de concentration ? Oui, mais assez peu dans les camps de concentration, et pratiquement pas dans les camps d’extermination. Dans les camps de concentration, les déportés étaient souvent victimes du travail forcé, des sévices, de la sous-alimentation et du manque d’hygiène.

Questions sur la guerre

Quand a débuté la guerre ? En 1939. Il y a combien d’années ? 74 ans en 2013. Combien d’années la guerre a-t-elle durée ? Six années. Comment a débuté la Seconde Guerre mondiale ? Avec l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939 par les nazis. Les Français et les Britanniques, alliés de la Pologne, déclarent alors la guerre à l'Allemagne. Combien de pays ont participé ? Beaucoup de pays ont participé. C'est une guerre mondiale. Il y avait deux camps, les Alliés et l'Axe. Du côté des Alliés qui refusaient la domination nazie : Grande-Bretagne, Union Soviétique, Etats-Unis.... Les pays du côté de l'Axe sont : le Japon, l'Allemagne, l'Italie.

Pourquoi ont-ils fait la guerre ? Il y a des causes profondes comme l'idéologie ultra-nationaliste et des causes politiques liées à la Première Guerre mondiale, aux conséquences de la crise économique de 1929 et à l'aspect militariste et offensif du Troisième Reich. Les Alliés ont fait la guerre pour défendre les valeurs démocratiques et la liberté. Pourquoi les Japonais ont-ils aidé Hitler ? Ils étaient les alliés de Hitler et menaient également de leurs côtés une politique de conquête en Asie (Chine, Corée, Philippines…) et dans tout le Pacifique .Ils avaient en commun les mêmes ennemis que l’Allemagne nazie : les Britanniques et les Américains très présents en Asie.

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Questions sur Hitler et le nazisme

Est-ce que Hitler est allé à l’école ? Oui, mais il a quitté le lycée à l’âge de seize ans, et n’a donc pas obtenu son baccalauréat.

Est-ce que ses parents étaient fous ? Non, c’étaient des gens ordinaires. Pourquoi Hitler est-il devenu Chancelier en Allemagne ? En janvier 1933, les Allemands ont voté pour élire des députés. Hitler s’est imposé comme chef du parti le plus important et il a été désigné sans obtenir toutefois la majorité des voix. Il a été nommé Chancelier (premier ministre) par le Président de la République allemande. Pourquoi beaucoup d’Allemands ont suivi Hitler ? Hitler était un homme politique populaire. Il séduisait les foules grâce à des discours attrayants, des slogans et des rassemblements qui impressionnaient nombre d’Allemands. Très vite, il a également encadré la jeunesse dans des mouvements et des associations. D’autre part, ses adversaires étaient réduits au silence par la terreur. L’idéologie nazie reposait en grande partie sur l’antisémitisme. A la suite de la crise économique, le chômage s’est considérablement développé, les nazis ont eu besoin de désigner un bouc-émissaire : les Juifs qu’il présente comme responsable de toutes leurs difficultés.

Pourquoi Hitler avait-il une forte armée ? Dès son arrivée au pouvoir, il reconstitue une armée puissante et il impose une dictature fondée sur la terreur policière. La création d’une armée forte et moderne lui donne aussi la possibilité de conquérir de nouveaux territoires.

Pourquoi Hitler voulait-il diriger le monde ? Considérant que l’Allemagne était supérieure aux autres pays, il voulait imposer son influence au reste du monde. Il aimait le pouvoir et voulait dominer les hommes. Il fallait donc d’abord dominer militairement les autres pays. A quel âge a-t-il eu cette idée ? A 35 ans. Il rédige son programme politique quelques années après la fin de la Première Guerre mondiale, en 1924, dans un livre intitulé "Mein Kampf" ("Mon combat "). Qu’est-ce qui est arrivé à Hitler ? Il s’est suicidé dans son bunker à Berlin. Pourquoi Hitler s’est-il suicidé ? Parce qu’il avait compris que la guerre était perdue et qu’il voulait probablement échapper à la justice des Alliés. En quelle année Hitler s’est-il suicidé ? Le 30 avril 1945, à la fin de la guerre.

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Comment tout a commencé ?

La montée du nazisme

Après la Première Guerre mondiale, l’Europe subit une grande crise économique. L’Allemagne est très pauvre car elle doit payer des dommages aux pays auxquels elle a fait la guerre en 14-18. Cette crise favorise la venue d’Hitler au pouvoir. En novembre 1932, le parti dirigé par Adolf Hitler remporte les élections en Allemagne. Hitler est nommé chancelier (premier ministre) le 30 janvier 1933 et instaure rapidement une dictature (régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains d’un individu qui gouverne de façon autoritaire). Ce régime, appuyé par une police redoutable d’une grande brutalité, est appelé le nazisme.

L’antisémitisme

Une des composantes du nazisme est l’antisémitisme. Etre antisémite cela signifie haïr les Juifs. L’antisémitisme n’a pas été inventé par Hitler, il existe depuis très longtemps. Déjà, au IVème siècle, on reprochait aux Juifs d’avoir tué Jésus et de ne pas le reconnaître comme le Messie. D’après Hitler, les Allemands appartiennent à une race supérieure et ils doivent éliminer les Juifs qui les affaiblissent. Hitler fait passer ses idées à la radio, dans les journaux, les livres, les affiches, le cinéma, les grands rassemblements… Cela s’appelle de la propagande. Puis, son parti crée des lois destinées aux Juifs; par exemple, elles interdisent aux Juifs: le cinéma, la piscine, le parc, d’exercer le travail qu’ils souhaitent, d’aller à l’école, de posséder une radio (qui représente ce que la télé est de nos jours).

La nuit de Cristal

En Allemagne et en Autriche, pendant la nuit du 9 novembre 1938, les milices SA d’Hitler détruisent les commerces appartenant à des Juifs, brûlent les synagogues, tuent et frappent les Juifs qu’ils rencontrent sur leur chemin et en arrêtent plus de 30.000. On a appelé cela la Nuit de Cristal à cause du bruit des vitres brisées.

La guerre

Hitler a réarmé l’Allemagne et rêve d’en faire une grande puissance. En 1938, il annexe l’Autriche à l’Allemagne, puis une partie de la Tchécoslovaquie (connue aujourd’hui sous le nom de République tchèque). Le 1er septembre 1939, il envahit la Pologne : c’est le début de la Deuxième Guerre mondiale car la France et la Grande-Bretagne sont des alliés de la Pologne et déclarent la guerre à l’Allemagne. En mai 1940, Hitler envahit la Belgique, les Pays-Bas et la France. L’occupation est très difficile à vivre, à cause du rationnement (les tickets de rationnement, dont le nombre attribué par famille était calculé en fonction du nombre et de l'âge des enfants, permettaient de se procurer de la nourriture qui se faisait rare. Ces rations n'ont cessé de diminuer jusqu'à la fin de la guerre), des bombardements et de la peur liée aux arrestations. Les lois antisémites sont également appliquées en Belgique. Les Juifs sont obligés de se déclarer comme tels auprès des autorités. En 1942, tous les Juifs qui ont plus de 6 ans doivent porter une étoile jaune (grande comme la paume d’une main) sur laquelle est apposée la mention «Juif» ou «Jood», sur un vêtement apparent, dès qu’ils sortent de chez eux.

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La « Solution finale»

Dans les grandes villes d’Europe de l’Est, les nazis ont enfermé les Juifs dans une partie de la ville (ghetto) et l’ont fermée à l’aide d’un mur ou de fils de fer barbelés, les Juifs emprisonnés meurent de faim, de maladies… Puis, les nazis décident de déporter tous les Juifs dans des camps situés en Europe de l’Est. Ils arrêtent les Juifs dans tous les pays qu’ils occupent, ils les raflent et les déportent Une autre population va être victime innocente du nazisme: les Tziganes. Les opposants politiques, les handicapés physiques et mentaux, les homosexuels, les Témoins de Jéhovah seront également victimes du nazisme. Quelques enfants juifs vont pouvoir échapper à la mort. Leurs parents les cachent chez des connaissances, des paysans à la campagne, chez des des religieux dans des couvents ou chez des particuliers en ville. Personne ne doit savoir qu’ils sont juifs. Certains enfants sont obligés de changer de nom, de mentir et se font passer pour des chrétiens.

La résistance

Les Juifs n’avaient pas les moyens de résister face à une armée puissante. Ils cherchaient à rester en famille, avec de jeunes enfants et les personnes âgées pour les protéger. Beaucoup ne pouvaient fuir et essayaient de se cacher. Certains ont résisté pendant la guerre en s’engageant dans la lutte armée (mouvements de résistance, armée britannique…). D’autres ont lutté pour conserver leur dignité, en s’entraidant, en écrivant, en dessinant, en témoignant…Il existe donc plusieurs formes de résistance parmi les Juifs.

La libération

Avec l’aide des Alliés (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Union soviétique, France libre), l’Allemagne et les deux autres pays de l’Axe (l’Italie et le Japon) sont finalement battus. Les soldats Alliés débarquent en juin 1944 en Normandie. Ils réussissent progressivement à repousser les armées allemandes hors des pays occupés. La Belgique est libérée le 4 septembre 1944.

Bilan de la guerre

Les nazis ont assassinés 6 millions de juifs et 25000 Roms en Europe.

Les procès

La découverte des camps de concentration et d’extermination bouleverse l’opinion internationale. Pour juger les responsables de ces crimes et pour éviter le retour d’une telle barbarie, un tribunal militaire international est créé à Nuremberg. C’est à cette occasion que naît l’idée de crime contre l’humanité. Sur les 22 accusés, 12 sont condamnés à mort. Crime contre l’humanité: crime défini à l’occasion des procès de Nuremberg comme tout acte inhumain (déportation, assassinat) contre une population.

La déportation en Belgique (texte du Mémorial de la Shoah):

Après la conquête de la Belgique par les Allemands en mai 1940, les ministres s'enfuirent en Grande-Bretagne et formèrent un gouvernement en exil à Londres. Le roi Léopold III resta en Belgique en résidence surveillée. Une administration militaire allemande coexista avec l'administration civile belge.

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Dès le début de l'occupation de la Belgique, les Allemands mirent en place des lois et des décrets contre les Juifs. Ils limitèrent leurs droits civils, confisquèrent leurs biens et leurs entreprises, leur interdirent certaines professions et, en mai 1942, leur ordonnèrent de porter l'étoile jaune. Les Juifs belges furent aussi raflés pour le travail forcé. Ils travaillèrent surtout à l'édification de fortifications militaires dans le nord de la France, ainsi qu'à des projets de construction, dans des usines d'habillement et d'armement et des carrières de pierre en Belgique. L'administration allemande fut responsable de la déportation des Juifs de Belgique. Sous l'occupation allemande, entre 65.000 et 70.000 Juifs vivaient en Belgique, principalement à Anvers et à Bruxelles. Ils étaient, dans leur immense majorité, étrangers ou apatrides, venant de Pologne pour la plupart. Ils avaient trouvé refuge en Belgique après la Première Guerre mondiale. En Belgique, la résistance à l'occupation allemande bénéficia d'un soutien considérable. Plus de 25.000 Juifs évitèrent la déportation en se cachant. L'administration civile belge refusa de coopérer aux déportations, sauf à Anvers, où le bourgmestre ordonna à la police de coopérer durant l'été 1942. Etant donné que la plupart des Juifs de Belgique était des immigrés, ils croyaient moins facilement les appels officiels et étaient plus réticents à donner des informations aux autorités. Les déportations furent conduites par la police militaire allemande. Entre 1942 et 1944, les Allemands déportèrent près de 25.257 Juifs de Belgique vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. La plupart y furent assassinés. La caserne Dossin à Malines (Mechelen) servit de centre de regroupement pour les déportations. 1.210 déportés survécurent à la Shoah. Les forces alliées libérèrent la Belgique en septembre 1944.

PHOTOS DE FAMILLE DE SOPHIE RECHTMAN-GRANOS

Les pages suivantes sont consacrées aux photos familiales de Sophie Rechtman-Granos.

Cette dernière partage avec nous ses souvenirs et nous l’en remercions.

Nous vous invitons à reproduire ces photographies, à les plastifier et à les utiliser

comme documents de travail avec vos élèves.

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Sophie, 5 ans © Collection privée

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Sophie, 6 ans. Entourée de ses parents, place de Brouckère à Bruxelles. Dernière photo de Sophie avec ses deux parents © Collection privée

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Carte d’identité de Chaja – Hella (Hélène) Obuchowski, maman de Sophie. Cette carte est une carte d’étranger, puisque la maman de Sophie était polonaise, elle est délivrée par les autorités belges. L’occupant nazi a imposé le tampon rouge « Juif-Jood » en juillet 1941 © Collection privée

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Le billet de la maman de Sophie, dernier message adressé à sa famille :

« Mes chers amis, Nous voilà près de la frontière hollandaise, dans un

wagon à bestiaux depuis 24 heures. Courage. Baisers. Hélène »

© Collection privée

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Sophie et TanLise (Louise Crassaerts) après la guerre © Collection privée

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1er février 1953, Sophie épouse Max Rechtman. De gauche à droite : Menonc (Guillaume Crassaert), Sophie et TanLise (Louise Crassaert)

© Collection privée

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Sophie et son mari, Max Rechtman, 2010 © Collection privée

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Sophie Rechtman-Granos, 2013 © CCLJ