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Romain CHEYRON Lucas ROY Licence 3 Cinéma et Audiovisuel ÉTUDE DES MÉDIAS DOSSIER Professeur : C. Renouard Université Paris-Est Année 2010/2011 1

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Séries télévisées

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Romain CHEYRON

Lucas ROY

Licence 3 Cinéma et Audiovisuel

ÉTUDE DES MÉDIAS

DOSSIER

Professeur : C. RenouardUniversité Paris-EstAnnée 2010/2011

1

En 1949, aux Etats Unis, environ 2% de la population possède un

téléviseur. Dix ans plus tard, la majorité des foyers en possèdent un. C’est un

tout nouveau monde que s’offrent les téléspectateurs : avoir un spectacle chez

eux sans avoir à sortir, sans avoir à aller au cinéma. Tout l’enjeu à partir de ce

moment-là était de pouvoir garder ce nouveau public devant son téléviseur.

Cela se fera d’abord par les émissions populaires de radio qui seront

transposées à la télévision, comme le Texaco Star Theater de Milton Berle, très

aimé à l’époque. Ces «émissions à sketches», avec de véritables fictions, se

développeront peu à peu et deviendront des feuilletons télévisés,

prédécesseurs des séries télévisées telles qu’on les connaît aujourd’hui. C’est

dans les années 1950 que la série télévisée va véritablement décoller: les

premiers auteurs de télévision vont alors apparaître et ainsi lancer le premier

âge d’or des séries TV.

Celles-ci sont principalement (dans les années 1950 et aujourd’hui

encore) créées à Hollywood : I Love Lucy leur a montré la voie. Cette sitcom

est également pionnière dans un autre domaine : le couple de héros, Lucy et

Ricky, est joué par Lucille Ball et Desi Arnaz, également un couple dans la vraie

vie, et la série va «s’inspirer» de leur vie de couple à la ville et de ses

conséquences pour les intégrer à l’écran. Quand Lucille tombe enceinte, Lucy

tombe enceinte également. D’une manière générale, les séries télévisées

n’arrêtent bien entendu pas de s’inspirer du monde réel pour créer un monde

fictionnel. Ainsi, ce que nous allons tenter de voir ici, c’est ce que ce monde

fictionnel peut créer chez le spectateur, ce qu’il peut créer dans la réalité

même qui l’a inspirée, et dans quelle mesure.

Pour cela nous procéderons en trois étapes : nous reviendrons d’abord

brièvement sur l’évolution des séries à travers les époques, tenteront

d’expliquer le pourquoi de la popularité de certaines d’entre elles; nous nous

pencherons ensuite sur l’influence qu’une série peut avoir sur d’autres séries

(en somme sur le monde fictionnel d’une série qui a des conséquences sur le

monde réel interne des séries télévisées); et nous terminerons en étudiant

l’influence des séries sur le monde réel entier et sur leurs spectateurs.

2

! Aussi réussie soit-elle qualitativement, une série n’existe, ne survit

jamais que grâce à son public, son audience. C’est pourquoi nous allons nous

pencher un moment sur les rapports qu’entretiennent les séries, les chaînes de

télévision américaines (principalement) et leur public. Ce public friand de

séries télévisées est, on le verra plus tard, assez majoritairement féminin;

c’est ce qui donnera naissance au terme phare «ménagère de moins de

cinquante ans», cible des annonceurs et notion vague qui tend vers la

spectatrice moyenne (on peut également se référer à la cible des 18-49 ans).

De I Love Lucy en passant par Buffy et Alias, les femmes ont toujours été un

public privilégié des annonceurs, et de ce fait les networks demandaient aux

auteurs d’intégrer dans leurs histoires des intrigues susceptibles d’attirer un

public féminin. On peut prendre l’exemple de Hill Street Blues qui croisait

intrigues policières et vie privée des personnages. Des chaînes comme la WB

(puis nommée CW, une fois que celle-ci avait fusionné avec UPN) ont pour cible

principalement le public féminin et misent sur des séries sentimentales comme

Gilmore Girl, Gossip Girl et même Buffy contre les vampires, qui, même en

étant fantastique, a pour protagoniste une jeune fille lycéenne.

Lady in supermarket, de Duane Hanson (1970, Musée de Budapest)

Mais l’apparition des teen shows dans les années 90 marque

véritablement un tournant vis à vis du public visé, les ados sont maintenant au

coeur des choses. En 1990 arrive Beverly Hills, mettant en scène des

adolescents et qui sera suivie par divers autres séries, drames ou sitcoms (on

3

pourrait citer par exemple Sauvés par le Gong ou la très réaliste Angela, 15

ans).

Si une série ne fonctionne pas les annonceurs auront plus de mal a

vouloir acheter des temps de publicité. C’est un aspect important de l’évolution

de la série télé et comme on vient de le voir il faut attirer à chaque fois un

nouveau public pour vendre des produits. Attention, la série télé n’est pas en

cela une marchandise ou un support de la publicité, elle vit avec et ont besoin

l’une de l’autre. Pour maintenir l’attention du spectateur entre les coupures la

force narrative des séries se trouve dans le cliffhanger: avant chaque coupure

pub la narration gagne en tension. Un autre fait pour dire que la série télé

n’est pas seulement là pour vendre se trouve dans la complexité et la

recherche de l’écriture de beaucoup de séries. C’est ce que nous explique

Jean-Pierre Esquenazi :

«Un programme de télévision, nous explique John Fiske (1985) est d’une part

un produit et d’autre part un objet culturel. Il est produit puisqu’il est fabriqué

par des industriels pour être vendu a des clients. En général les clients sont

des annonceurs qui investissent leur argent en publicités placées le plus près

possible de ce programme. (...) Bien entendu, ceux qui fabriquent les

programmes connaissent leurs deux facettes inséparables. Il savent qu’il leur

faudra concilier ces deux aspects que nous considérons trop souvent comme

antinomiques.»1

Esquenazi donne ensuite comme exemple Star Trek, qui après une

saison, allait droit à l’annulation; et c’est la pression des fans de la série qui a

joué en sa faveur. Toutefois, l’aspect économique a beaucoup joué aussi

puisque la série a bénéficié du lancement de la télé en couleur et il s’est avéré

que c’était la série qui marchait le mieux avec cette technologie.

De ce fait on voit que les séries télé restent à l’antenne si elles

remplissent ces deux conditions, culturelles et économiques. On peut citer des

contre-exemples comme récemment la série Veronica Mars annulée en 2007

41 Mythologie des séries Télé, Jean-Pierre Esquenazi

lors de sa troisième saison à cause de résultats très moyens et dont la pression

des fans (envoyant des barres chocolatées Mars dans les bureaux de la CW)

n’a pas suffi, la chaîne n’y trouvant pas son intérêt.

Dès leurs créations dans les années 50, les séries ont eu immédiatement

un grand succès parce que chaque semaine le public retrouvait des

personnages qu’il aimait; il faut dire que de sacrées personnalités peuplaient

ce petit monde des séries, à commencer par Lucy d’I Love Lucy incarnée par

Lucille Ball mais aussi Colombo interprété par Peter Falk. Ces personnages

emblématiques ne cessent de peupler les séries de chaque décennie,

évidemment ce n’est pas inhérent aux séries télé tant le cinéma et la

littérature regorgent de héros emblématiques, mais

avec les séries le public peut suivre ces personnages

chaque semaine voire chaque année. Aujourd’hui des

personnages comme Jack Bauer (24), Jack Shepard

(Lost) sont déjà considérés comme cultes et portent les

séries sur leurs seuls faits d’armes (peut être un peu

moins Jack pour Lost tant tous les personnages ont une

importance particulière).

Le succès des séries à travers les époques n’est

pas dû tant aux personnages qu’aux formats. Jusqu’aux

années 80 et l’arrivée de Hill Street Blues (créée par

Steven Bochco) les séries étaient de deux formes, soit sous la forme des

procedurals (La Quatrième Dimension par exemple), soit sous la forme des

feuilletons (Star Trek en est un parfait exemple), mais depuis 1981 et la

diffusion de la série de Steven Bochco la donne change et une toute nouvelle

forme va révolutionner ce petit monde.

Le feuilletonnant intègre dans une série une intrigue longue qui peut

durer toute une saison voire plusieurs mais intègre également des épisodes

indépendants aux intrigues intrinsèques à ces épisodes. C’est aujourd’hui la

forme principale des séries télés (X-Files, Urgences, Chuck ou encore Fringe

l’utilisent). Cette forme permet aux personnages de se développer au fur et à

5

Jack Shepard (Matthew Fox) de Lost, les disparus à gauche e t J a c k B a u e r ( K i e f e r Sutherland) de 24h Chrono à droite

mesure que la série avance, des éléments des épisodes précédents pouvant

influer sur le comportement futur des personnages.

Chaque décennie s’est vue dominée par un genre de série, le western

dans les années 50, l’espionnage dans les années 60 et le policier dans les

années 80 par exemple. Mais depuis les années 90 cela évolue et un genre n’a

pas plus de succès qu’un autre, aujourd’hui toute série peut prétendre

fonctionner. Du point de vue des chaînes toutefois, on peut dire qu’aujourd’hui

(et depuis les années 90) c’est véritablement les séries du câble qui mènent la

danse. La première à avoir lancé ce mouvement fut évidemment HBO avec des

séries comme Oz, Les Sopranos et autres Six Feet Under, suivie de près par

Showtime et sa désormais célèbre série Dexter. Mais depuis quelques temps

c’est une autre chaîne câblée qui fait parler d’elle, AMC, avec principalement

Breaking Bad.

Un petit bout d’histoire concernant Breaking Bad : série créée par Vince

Gilligan, elle passa de mains en mains sans trouver de diffuseur car la série

était considérée comme trop provocatrice et au sujet douteux. AMC, qui n’était

pas vraiment une chaîne à séries, a décidé de la récupérer pour une diffusion

en 2008, et le succès est au rendez-vous. Évidemment Breaking Bad n’est pas

la seule série de la chaîne a avoir autant de succès puisque en 2007 une des

séries qui, dit-on, est une des mieux écrites à l’heure actuelle, fut proposée à

AMC : Mad Men. AMC se pose alors comme une sérieuse concurrente à HBO et

Showtime, surtout avec sa nouvelle série The Walking Dead. Cela prouve que

la suprématie des networks ne s’est pas arrêtée sans raison.

Le deuxième âge d’or des séries télé se situe dans les années 80 : les

auteurs donnent un nouveau souffle à leur écriture et proposent des systèmes

scénaristiques novateurs, donnant donc naissance à des séries novatrices. Cela

se ressent notamment à travers deux séries, Dallas et Hill Street Blues que

nous évoquions précédemment. La première va amener le night time soap,

c’est à dire le soap opera diffusé en soirée, et elle va également mettre en

place la principale caractéristique d’écriture responsable de l’addiction aux

séries, le cliffhanger. Le cliffhanger est important dans une série comme Dallas

6

au-delà de la simple transition vers la publicité que

nous évoquions puisque tous les épisodes de la

série se suivent, Dallas est une série feuilleton et

pour la première fois des auteurs de série font

appel à la mémoire du spectateur par rapport à des

événements d’épisodes qui sont diffusés une semaine plus tôt; c’est une

révolution. Bien évidemment pour nous aujourd’hui le cliffhanger est banalisé.

Hill Street Blues quant à elle donne naissance au style feuilletonnant

mais ce n’est pas tout car la série fait émerger ce qu’on appelle l’ensemble

show, c’est-à-dire une série dans laquelle tous les personnages sont aussi

importants les uns que les autres : il n’y a pas de personnage leader et chacun

a son intrigue, intrigues qui peuvent évidemment se croiser. Certains

personnages peuvent même être absents de certains épisodes.

On toutefois se poser la question du pourquoi de ce nouveau souffle au

début des années 80 alors que les séries fonctionnaient bien déjà auparavant.

Une des premières raisons est la popularisation du magnétoscope, avec

l’arrivée de la VHS mais surtout l’invention de la télécommande. Celle-ci va

bouleverser la façon dont les gens regardent la télé: maintenant ils sont

capables de zapper et de changer de chaîne quand bon leur semble. Mais ce

n’est évidemment pas tout, les networks doivent se renouveler et trouver des

séries innovantes car ils ne sont plus seuls sur le marché. Si depuis les années

40-50 CBS, ABC et NBC étaient les trois seules chaînes nationales, l’arrivée de

la FOX en 1986 va changer la donne, suivie de l’arrivée massive des chaînes

du câble au début des années 90. Forcément, les trois grands networks n’ont

d’autre choix que de bouleverser le petit monde des séries et d’y apporter de

la fraîcheur.

On est également au début des années 80 et les «baby-boomer» ont

maintenant la trentaine; cette génération a été nourrie par la télévision durant

toute leur jeunesse, ils connaissent tous les codes de la télévision et pour

réussir à les atteindre, à les rendre passionnés il faut les surprendre et monter

d’un cran dans l’écriture des séries.

7

Nous pourrions, aujourd’hui, avoir également besoin d’un peu de

nouveauté. Il y a une grande diversité dans les séries d’aujourd’hui, mais ce

qui marche vraiment ce sont les séries policières et les sitcoms (plus ou

moins). Cette année par exemple, sur la vingtaine de nouveautés, aucune

n’est un véritable hit comme ont pu l’être Friends à son époque ou plus

récemment 24 et Lost. Le début des années 2000 est le 3ème âge d’or des

séries et ce notamment grâce à 24, série très audacieuse qui suit une journée

d’un agent du FBI; une journée qui dure la saison entière puisque chaque

épisode correspond à une heure. Desperate Houseviwes donne également une

toute nouvelle jeunesse au night time soap. Nous pourrions dire que cette ère

est révolue avec les fins de 24 et de Lost, mais les responsables sont les

nouvelles séries qui n’arrivent simplement pas à se renouveler. Les soi-disant

successeurs de Lost furent des échecs assez cuisants; la qualité de beaucoup

de séries n’est pas au rendez vous. Une idée reçue voulait que les séries du

câble soient meilleures que celles des networks : cela, même si c’est à

nuancer, s’est confirmé : il y a bien un nouvel âge d’or aujourd’hui, et c’est

celui du câble.

Si les programmes des networks ont toujours été politiquement corrects,

le câble change un peu les choses et les networks en conséquence suivent le

mouvement et n’hésitent pas à proposer des séries dépassant presque les

limites imposées par la FCC (Federal Communications Commission). On pense

notamment à l’anti-héros par excellence des années 2000, le Docteur House,

diffusé sur la FOX. Bien sûr ce n’est pas la première fois qu’un network tente le

héros subversif : la FOX (encore) s’était déjà essayé à ce jeu avec Jim Profit

(Profit) dans les années 90, qui fut un tollé remarquable parce qu’il était

inconcevable à l’époque de présenter un personnage cupide, prêt à tout pour

gravir les échelons.

Maintenant que nous avons en tête ce panorama des rapports entre

séries et public du point de vue des audiences, observons les conséquences

des séries qui «marquent», sur le monde du show business et sur le monde

réel qui nous entoure.

8

! Nous avons souvent tendance à séparer les univers de la fiction et du

monde réel dans lequel nous vivons par une frontière nette et infranchissable,

comme s’il s’agissait de deux univers qui n’ont strictement rien à voir l’un

envers l’autre. Dès les débuts de l’image cinématographique, en 1895, avec les

Frères Lumière et Georges Méliès (peu de temps après), on a eu le réflexe de

catégoriser les images dans le documentaire d’un côté et dans la fiction de

l’autre. Or, pour commencer, toute image est, par définition, documentaire : un

acteur talentueux a beau magnifier un psychopathe, ce que la caméra filme,

c’est avant tout un acteur qui joue un rôle. La fiction ne démarre véritablement

que dans l’imaginaire du spectateur; et c’est parfois selon l’impact qu’ont des

images sur des imaginaires que d’autres images naissent.

C’est l’exemple de la célébrissime série Friends (diffusée de 1994 à 2004

sur la chaîne américaine NBC) qui donna indirectement naissance à de

nombreuses autres séries du même type, et ce jusqu’à aujourd’hui : plus de

six ans après son arrêt, son influence continue de se faire sentir.

«S’il faut juger du succès d’une série à son impact dans le monde qu’elle

évoque, Friends est sans nul doute une des étoiles les plus brillantes, et une de

celles qui restera la plus respectée, enviée, et copiée, forcément. (...) Après

tout, la série n’est qu’une suite de situations humoristiques relativement

banales dans une demi-douzaine de lieux communs. Quoi de plus normal que

de vouloir copier une recette si accessible?»2

Ainsi, la série sera très souvent imitée, à de différents degrés. On peut

citer Jack & Jill, Zoe, Duncan, Jack et Jane ou Mes pires potes en France.

Toutefois, certains autres successeurs de Friends parviennent à trouver leurs

propres marques. C’est le cas d’How I Met Your Mother, qui a trouvé un certain

équilibre entre la référence et la nouveauté. Pour ce qui est du côté des

références :

92 Article dʼExcessif : En quoi Friends a marqué le monde des séries?

«Série rassurante, la suite indirecte de Friends, et donc dans nos petits coeurs

de fans l’envie de retrouver un vieux bout de canapé entre potes à

Manhattan.»3

Autorisons-nous un petit détour : depuis Friends, le canapé, conçu par

définition pour que l’on s’y installe à plusieurs, est devenu un symbole de

l’amitié «urbaine». Si l’on met de côté le contenu et que l’on ne garde que la

forme, des séries comme Friends, How I Met Your Mother et The Big Bang

Theory par exemple sont sans arrêt construites de la même façon. Les décors

présentent durant la majeure partie du temps un grand appartement en ville

(New York City de préférence, et ceux-ci sont bien souvent trop grands et trop

bien équipés pour les situations financières et sociales des personnages : le

débat a fait rage à l’époque de Friends), deux au besoin, situés sur le même

palier; un point de chute public (le Central Perk, le McLaren’s et le Cheesecake

Factory); et des lieux de travail. Les personnages sont filmés évoluant dans ces

décors de la même manière à chaque fois : les caméras sont postées à la place

de l’un des principaux murs de la pièce filmée, le tournage étant suivi par un

public situé derrière ces caméras et donnant à la sitcom toute sa fibre

théâtrale.

«Presque invariablement, [le décor de sitcom] principal est la salle de séjour

de la famille dont on suit les aventures, et l’élément qui est toujours au centre

de ce décor, c’est le canapé à partir duquel les protagonistes regardent la télé.

103 Où va la sitcom US?, article dʼidrann.celeonet.fr

(...) L’autre décor invariant dans une sitcom familiale étant la cuisine (séparée

ou non du séjour) qui, curieusement, est souvent le lieu des confidences.»4

L’esthétique est donc récurrente dans ce genre (les sitcoms en «single

camera», comme Community ou Scrubs qui se dérobent à ces règles, sont

encore particulièrement rares). Après le coté références, observons maintenant

le coté novateur de How I Met Your Mother :

«Mais c’est parce que la série a immédiatement tranché avec la narration

linéaire de Friends, utilisant parfois à merveille la subjectivité des points de

vue, et a cultivé un goût indéniable pour l’absurde, qu’elle s’est discrètement

démarquée de son modèle. Il n’empêchera que certains ponts amuseront les

plus fins connaisseurs : qui ne se souvient pas du Smelly Cat de Phoebe, et du

fameux clip qu’elle montrait à ses amis lorsque des producteurs de musique

souhaitaient utiliser une voix inconnue à la place de la sienne? Difficile de

croire que le passé de popstar de Robin Scherbatsky sorte de nulle part...».5

Friends n’est bien entendu pas un cas isolé et beaucoup d’autres recettes

de séries à succès ont été reprises : Sex And The City, Gossip Girl, Grey’s

Anatomy, elle-même descendante d’Urgences... On ne compte plus le nombre

de séries à caractère policier ou médical.

Les séries et leur monde fictionnel qui l’accompagnent ont donc de

grandes influences sur elles-mêmes et sur l’industrie du show-business en

général. Mais celles-ci ont également parfois des influences sur le monde réel,

et sur notre quotidien.

Pour revenir sur Friends, dont nous parlions précédemment, la série a

connu un tel succès que son public, s’identifiant aux personnages, a toujours

cherché à se rapprocher de ceux-ci et à imiter leur mode de vie, à tous points

de vue :

11

4 Stefan Peltier dans Friends, la famille idéale, p. 108

5 Article dʼExcessif : En quoi Friends a marqué le monde des séries?

«En moins d’un an, la série s’est naturellement fondue dans la culture

populaire : la coupe de cheveux de Jennifer Aniston - dont elle parle

aujourd’hui avec le sourire - est devenue The Rachel, la coiffure à la mode, le

«How you doin’» de Joey est entré dans le langage des jeunes, et un linguiste

américain a même étudié l’impact que la série a eu dans la société. Sans parler

du mythique Central Perk, café lounge agrémenté d’un vieux canapé et de

quelques fauteuils de récupération, qui a été franchisé par un businessman

iranien dans une trentaine de pays.6»7

Les séries télévisées, à force de s’inscrire dans le temps, de jouer un rôle

hebdomadaire ou quotidien dans la vie de ses spectateurs (et ce sur plusieurs

années) à travers des personnages et héros auxquels le public s’identifie

parfois très fortement, ont ainsi le pouvoir de créer de véritables phénomènes

de mode; ce qui est beaucoup plus difficile à réaliser pour un seul film par

exemple.

«Nous avons tous besoin de miroirs dans lesquels nous refléter et de modèles

auxquels nous conformer. Les séries télé jouent ce rôle. Elles reflètent toutes

le fonctionnement d’un pan de notre société, mais en renvoient aussi l’image

modélisée. Autrefois, ce pouvoir revenait aux romans. Aujourd’hui, il

appartient aux séries télé.»8

Ces modes peuvent influencer de façon superficielle, sur la garde-robe, la

nourriture, mais elles peuvent aussi témoigner d’un profond impact

émotionnel, d’un lien sentimental très fort pour un programme télévisé et ses

personnages. Ce dernier point se traduit par exemple par le choix du prénom

12

6 Outre cette franchise, de nombreux bars et cafés du monde entier font référence au décor culte de Friends : plusieurs cafés universitaires aux États-Unis; Le Perk à Nantes a une carte de cocktails aux noms des personnages; un bar/service de restauration rapide à Paris ayant fermé récemment a également emprunté (sans aucune autorisation) le nom de Central Perk, etc.

7 Article dʼExcessif : En quoi Friends a marqué le monde des séries?

8 Barbara Villez, du département dʼétudes des pays anglophones de lʼUniversité Paris 8, citée dans lʼarticle Les séries, de la fiction à la réalité de TVMag.

de de certains parents pour leurs enfants. Appeler un enfant du nom d’un

personnage d’une série télé, c’est avoir la volonté de garder un lien avec celle-

ci même si elle a le malheur de s’arrêter, de prolonger son impact dans un

imaginaire.

«La série Belle et Sébastien semble avoir lancé le prénom Sébastien. D’origine

ancienne, il était attribué tous les ans, mais modestement (50 à 100 bébés).

Sa popularité s’envole d’un seul coup en 1965, lorsque la série est diffusée. En

1969, on est déjà à 4 000 attributions dans l’année. Un succès qui ne cessera

de croître jusqu’en 1977 (plus de 19 000 attributions cette année-là.»9

On pourrait également parler d’Angélique marquise des Anges, Sue Ellen

et Bobby de Dallas, les héros de Santa Barbara, ceux d’Alias et Le caméléon...

Et, puisque nous parlions d’eux plus tôt :

«Phoebe et Joey, déjà présents épisodiquement depuis quelques années,

décollent en 1996, date du lancement en France de la série Friends ; Phoebe a

ensuite profité d’un regain, avec la série Charmed apparue ici en 1999.»10

Un lien émotionnel fort donc, mais qui peut paraître au final comme un

acte des plus superficiels. Arrêtons-nous maintenant sur les conséquences

matérielles qu’engendrent les modes des séries.

«Les plus ambitieuses des séries américaines ont un impact de plus en plus

marqué sur la société française. C’est une influence qui vient concurrencer

celle du ciné. Mad Men a relancé la mode des chignons, du rouge à lèvres

rouge, des costumes couleur poudre à canon et la tendance néobourgeoise.

New York reste glamour grâce à Gossip Girl, mais Los Angeles devient une

destination phare grâce aux héros d’Entourages, qui écument les hôtels, les

boutiques et les restaurants branchés de la cité des anges. À force de voir Bree

13

9 Texte de Marie-Odile Mergnac publié sur Sérialement Vôtre

10 ibid.

aux fourneaux dans Desperate Housewives, les Français se sont mis aux

cupcakes. Dr House nous habitue à boire du café dans des gobelets façon

Starbucks. (...) Ces influences sont possibles grâce à la proximité qui s’est

installée entre les Français et les héros des séries. «Quand vous avez passé six

ans avec Bree, Gaby, Susan et Lynette dans Desperate Housewives, elles font

partie de votre famille élargie, analyse [Thibaut de Saint Maurice]. Ces séries

nous obligent à reconsidérer le sens traditionnellement attribué au

divertissement. Au lieu de s’abrutir devant la télé, on revient à la réalité en

s’étant enrichi.» Professeur de philosophie et auteur de Philosophie en séries

(Ellipses), il utilise même ces fictions pour expliquer la philosophie à ces

élèves. Prison Break, c’est la liberté selon Spinoza, Dr House, la vérité, 24

heures chrono, le devoir, Lost, le destin... Pédagogiquement, cela marche très

bien et comme mes amis étaient intéressés aussi, j’en ai fait un livre.»11

Ces modes sont bien entendu par la suite génératrices d’industries, à

commencer, on vient de le voir, par l’édition littéraire, mais aussi surtout par

les produits dérivés. Ceux-ci sont pour le fan d’une série le moyen officiel de

faire venir à soi un peu de son univers (les magasins officiels des networks

étant rares, les achats se font majoritairement via internet). Les chaînes

peuvent parfois y trouver une source de revenus conséquente (les acteurs de

la série Happy Days ont récemment porté plainte contre la chaîne CBS,

estimant que celle-ci leur devait 40 millions de dollars sur les recettes de

produits dérivés12) et se doivent donc, comme au cinéma, à côté des bandes

originales et autres T-Shirts arborant le logo de la série, de créer des répliques

des objets les plus emblématiques de la vie des héros : principalement des

habits, bijoux, accessoires... La fiction devient on ne peut plus réalité. On

notera également le côté interactif de certaines boutiques en ligne : c’est le cas

par exemple du store Lost de la chaîne ABC, qui propose sur son propre site un

14

11 Article du Figaro.fr : Des séries américaines dʼinfluence

12 Ceux-ci ont notamment déclaré : «À travers toute lʼAmérique, les familles se réunissaient devant la télé, captivées par les aventures de la famille Cunningham et de leurs amis. La série a eu un effet durable sur les Américains et la télévision américaine, et fait encore aujourdʼhui partie intégrante de la culture populaire.»

très large catalogue de produits créés par des fans, dépassant de très loin le

catalogue «officiel».

Blake Lively, une des actrices principales de Gossip Girl, à la une du magazine de mode Vogue.

« «Dix ans après Sex and the city, les héroïnes de Gossip Girl monopolisent à

leur tour les pages des magazines de mode, remarque Marjolaine Boutet13. Les

jeunes filles commandent des copies de leurs robes de soirée sur Internet.

C’est une vraie industrie.» En musique, l’influence est plus grande encore.

Avec 97 titres au top des ventes, 18 millions de singles et 7 millions d’albums

vendus, l’effet Glee est à peine croyable. De The Time Warp du Rocky Horror

Picture Show à Vogue de Madonna, le moindre tube repris dans cette série

connaît une seconde jeunesse. Don’t Stop Believing, un tube oublié des années

1980, est même le single le plus acheté sur iTunes!»14

Mais l’un des traits les plus caractéristiques de la mode est qu’elle est

éphémère, et pour l’amateur de séries, à moins que celle-ci l’ait véritablement

profondément marqué, elle ressort très rapidement du quotidien.

«À l’apogée d’Urgences, le nombre de demandes d’inscription en médecine a

explosé. Mais ce ne sont que des épiphénomènes. Il faut se demander si c’est

15

13 Historienne des séries, auteur de Les séries télé pour les Nuls

14 Article du Figaro.fr : Des séries américaines dʼinfluence

la série elle-même qui influence, ou si c’est le phénomène médiatique autour.

C’est plus compliqué à éclaircir.»15

Revenons un instant sur Glee, car le phénomène mondial qui

l’accompagne est assez surréaliste; en plus des singles qui explosent des

records de vente, la série s'insère de plus en plus dans notre monde et ne se

cantonne pas qu’à la télévision. Des concerts sont organisés (plus de 40 dates)

avec les acteurs de la série, des flashs-mob Glee sont créés, etc...

Pourquoi la série marche-t-elle si bien ? Ce n’est pourtant pas vraiment

la première série musicale, on se rappelle de Fame dans les années 80.

Pourtant Glee cache derrière son apparente légèreté de ton une écriture plus

subversive qu’il n’y paraît et touche directement les adolescents. Rajoutez à

cela des reprises de musiques à succès et le phénomène est immédiat.

On se rend compte alors que la musique a une place importante dans

certaines séries et notamment dans les teen shows. Josh Schwartz, créateur

de The O.C. décide d’engager une femme, Alexandra Patsavas, comme

directrice musicale pour la série et le résultat est épatant puisqu’à partir de là

le succès de la série ne s’arrête pas à sa diffusion télé : un véritable

phénomène de société émerge en 2004 autour des musiques de The O.C.. Tout

d’abord avec Jeff Buckley et son Hallelujah qui trouve une seconde jeunesse,

où encore des groupes comme Death Cab For Cutie, groupe préféré de Seth

dans la série, qui signera dans une maison de disques alors qu’ils étaient

inconnus jusque là. Mais ça ne s’arrête pas là et la série filmera même des

16

15 Article dʼAu Féminin : Lʼinfluence des programmes télé - Séries télé pour femmes, nouvelles séries télé : La folie des séries télé, lʼimpact sur la société

concerts pendant certains épisodes, comme l’a fait la série Buffy Contre les

Vampires quelques années plus tôt.

Ce point rejoint totalement un autre point développé plus tôt à savoir

que les séries sont à la fois objets culturels et produits, car les musiques sont

là pour donner une qualité supplémentaire à la série (dans Glee la musique fait

même partie intégrante de la série) mais elle sert à attirer un certain type de

public avec des chansons branchées.

Toutefois, la véritable hype du moment c’est la

«mode» geek. Raillés depuis des années (on

peut penser à la très drôle Freaks and Geeks

en 2000) le geek est maintenant en vogue, le

geek est maintenant agent secret dans Chuck

ou il fréquente des jolies filles dans The Big

Bang Theory. Mais surtout depuis The O.C. le

geek n’est plus représenté comme quelqu’un

de monomaniaque s’enfermant dans son

univers. Seth est le personnage qui a lancé le

geek dans la cours des grands : d’abord

chahuté et solitaire, le personnage prend

conscience qu’il peut être quelqu’un d’important et d'intéressant au contact de

Ryan, et il va sortir avec une des filles les plus belles du lycée. Ce coté confiant

se retrouve totalement chez Chuck : alors vendeur au Buy More, il devient

malgré lui agent secret et prend de plus en plus confiance en lui. Dans The Big

Bang Theory les personnages principaux sont 4 geeks (disons-le : nerds!) et la

série fonctionne merveilleusement bien.

Ce phénomène se ressent totalement dans la réalité du moment tant le

geek est devenu hype : pour prendre un exemple, la présence de Marvel au

cinéma ces dernières années n’est tout de même pas anodine.

Un cas d’influence encore différent et plus surprenant sur la réalité est

celui de la série politique À la Maison Blanche, créée par Aaron Sorkin. Celle-ci

17

Sheldon Cooper (Jim Parsons) dans The Big Bang Theory.

relate durant sept saisons le quotidien du Président des États-Unis fictif «Jed»

Bartlet et de son équipe de conseillers. Mais ce qui va nous intéresser ici, c’est

sa toute dernière saison, diffusée entre septembre 2005 et mai 2006.

Au cours de celle-ci, nous assistons à une course à l’élection

présidentielle. Deux candidats se présentent comme potentiels successeurs à

Bartlet : le démocrate Matt Santos, issu de la minorité hispanique, et le

républicain Arnold Vinick. Pour créer le personnage de Matt Santos, le

scénariste Elie Attie demande conseil auprès du consultant politique David

Axelrod. Ceux-ci créent le personnage de Matt Santos à l’image d’une

personne proche d’Axelrod : le sénateur Barack Obama, dont Axelrod sera chef

stratégiste et conseiller média pour l’élection de 2008!

Nous assistons donc à un phénomène curieux : la télévision s’inspire de

la réalité, pour finalement la devancer : la campagne électorale présentée au

cours de la septième saison d’À la Maison Blanche ressemble en tous points

(jusqu’au résultat final bien entendu : l’élection du candidat démocrate) à celle

qui se déroulera quelques années plus tard.

«Le résultat est ce cas bizarre de l’art imitant la vie - avant que ce ne soit la

vie qui imite l’art en retour. (...) Chaque aspect du scénario est devenu réalité

pour Barack Obama. Axelrod, aujourd’hui chef stratégiste pour la campagne de

Barack Obama, a récemment plaisanté dans un email destiné à Attie : «On est

en train de vivre tes scripts!».»16

Barack Obama et Jimmy Smits, jouant le rôle de Matt Santos.

1816 Article de The Guardian : From West Wing to the real thing

Les ressemblances sont particulièrement frappantes et ne se limitent pas

au personnage principal : les thèmes abordés au cours de la campagne sont

les mêmes, ils sont traités de la même manière, le candidat républicain a été

également inspiré en partie par John McCain... Voici un parallèle entre Barack

Obama et Matt Santos, réalisé par The Guardian :

«Jeunes, beaux et charismatiques membres du Congrès, tentent de devenir le

premier président Américain non-blanc. Ont commencé leur carrière politique

comme organisateurs communautaires dans une grande ville (Chicago/

Houston) avant de gagner une première élection au niveau local. Mariés, avec

deux jeunes enfants. Ont fait face à une forte opposition lors des primaires

démocrates, contre un précédent occupant de la Maison Blanche durant une

autre administration démocratique (la première dame Hillary Clinton/le Vice

Président Bob Russell). Leurs adversaires dénoncent leur inexpérience après

seulement quatre/six ans au Congrès, mais triomphent grâce à un soutien de

base, des discours inspirants et des promesses de changement. L’adversaire

républicain est un sénateur modéré vétéran issu d’un état de l’ouest,

impopulaire auprès de la base conservatrice (John McCain d’Arizona/Arnie

Vinick de Californie).»17

On trouve ici les bases de la ressemblance entre Obama et Santos, mais

elle pourrait être poussée bien plus loin encore, jusqu’à un certain niveau de

détails sans aucun doute accidentels mais qui peuvent prêter à sourire : les

deux partagent la même passion pour Bob Dylan, par exemple.

Nous avons donc vu comment les séries ont évolué au fil du temps pour

devenir celles que nous connaissons aujourd’hui. Nous avons mené une

enquête auprès de quelques personnes du monde entier pour savoir ce qui les

attire dans les séries télé, pourquoi ils les regardent et si ces personnes-là sont

influencées dans leur vie par ces séries. Nous avons sciemment pris un panel

jeune, entre 18 et 30 ans parce que c’est en quelque sorte la «génération»

série aujourd’hui au France, en tout cas la génération qui utilise d’autres

1917 Article de The Guardian : From West Wing to the real thing

moyens de consommation que la télévision. Pierre Langlais nous dit ceci sur les

amateurs de séries (uniquement français) :

«Soyons subjectif : le sériephile moyen - pas celui qui regarde Les Experts en

VF sur TF1 - est plutôt jeune, a entre 15 et 45 ans, mais surtout entre 15 et 35

ans. C’est un fait de génération, lié à la consommation en ligne et à

l’accentuation de l’impact médiatique des séries, qui a marqué profondément

ceux qui ont eu 20 ans dans les années 2000. (...) Le sériephile moyen est une

femme. (...) L’image du geek à grosses lunettes est ébranlée, mais la place

que prend la fameuse ménagère dans les audiences télé n’est certainement

pas anodine à cette domination féminine dans les chiffres.»18

On a tout d’abord demandé à ce panel comment ils consommaient les

séries télé, et c’est sans grande surprise qu’on constate que la majorité d’entre

eux, assez gros consommateurs de séries, utilisent internet, via le

téléchargement ou le streaming. Pour Jean, «les regarder à la télévision n’a

que très peu d'intérêt. Soit ils sont en retard soit les horaires ne conviennent

pas». Christophe quant à lui les regarde à la fois sur internet et à la télévision.

Sur internet pour suivre les saisons en cours de diffusion aux Etats Unis;

dépendamment des semaines il regarde soit une soit trois séries. Ce qui est

intéressant ici c’est son utilisation de la télévision puisqu’il l’utilise surtout

lorsqu’il mange le soir et qu’il y regarde souvent des comédies «Ce n’est pas

comme sur internet dans le sens où là je me fiche de louper un épisode, je ne

chercherais pas à le rattraper plus tard. J’allume la télé et si il y a ce que

j’aime je regarde.» Benjamin, 28 ans, est parti il y a quelques années aux

Etats Unis et pourtant, bien qu’en ayant un accès direct aux séries il les

regarde uniquement sur internet parce qu’il y a «tellement de pub que c’est

plutôt insupportable». Mais nous avons également interrogé une femme,

Christel, 43 ans, et une jeune américaine qui, elles, regardent les séries

seulement à la télévision.

2018 Article de Slate.fr : Portrait dʼun fan de séries

Par la suite il était important de demander comment ils ont découvert les

séries TV. Si Jean les a vraiment découvertes avec 24h Chrono, le reste du

panel les ont découvertes à la télévision lorsqu’ils étaient plus jeunes, souvent

en famille. Il est intéressant de voir qu’ils regardaient des séries bien avant

2005 et l'explosion de la «sériemania» en France. Comme l’a dit Alain Carrazé

lors de notre interview, «tout a basculé le soir où TF1 a diffusé CSI : Les

Experts le dimanche soir à la place du grand film, ce positionnement a rendu

légitimes les séries TV en France». Il ne faut pas oublier tout de même que,

comme le montre notre panel, les séries TV existaient bien avant, et

contrairement à ce que certains journalistes aiment à dire les séries TV ne sont

pas apparues en 2005. On peut prendre l’exemple d’Urgences, première série

américaine diffusée en prime time le 27 juin 1996, X-Files sur M6 ou encore la

Trilogie du Samedi sur cette même chaîne. Guillaume (28 ans) a commencé à

entrer dans ce monde avec la série Papa Schultz. Alors que Christophe, tout

comme Benjamin, ont commencé avec les séries de 20h sur M6 (Cosby Show,

Madame est Servie, Notre Belle Famille, Mariés, 2 Enfants) qu’ils regardaient

en famille. Christophe nous dit d’ailleurs que «par exemple aujourd’hui quand

je regarde According To Jim ou Mon Oncle Charlie le soir à la télé, c’est

l’héritage de toutes les comédies que j’ai regardé sur M6 pendant des années».

Mais Benjamin est vraiment rentré dans ce monde avec Friends, même chose

pour James. A ce moment là ils ont vraiment voulu suivre l’évolution des

personnages et voir dans quelles intrigues ils allaient être emmenés. Sarah, la

plus jeune du panel avec 21 ans, ne connaît pas vraiment les séries données

plus haut (à savoir Mariés, 2 enfants, etc...) elle a découvert les séries

principalement avec Dawson et Charmed. Mais la série qui a retenu toute son

attention est Alias. «Cette découverte a changé ma vision des séries TV et à

partir de là j’ai commencé à suivre les séries sur internet par rapport à la

diffusion américaine. Ce qui m’a amené à regarder la télé de moins en moins

et à utiliser internet de plus en plus avec un nombre grandissant de séries».

On est ensuite venus à se demander pourquoi ils regardent les séries TV

et pour Guillaume «les auteurs ont plus de temps pour installer les

personnages et travailler leur psychologie que pour un film par exemple. On

21

s’attache plus facilement à eux». Mais les réponses qui reviennent le plus

souvent sont «pour passer le temps», «pour s’évader». Au fil des réponses,

chacun vient à dire qu’en plus de tuer le temps avec les séries, l’écriture de

celles-ci joue également beaucoup. «24 a amené quelque chose de nouveau

dans le suspense, la façon de raconter l’histoire, tu voulais absolument voir la

suite». Un autre aspect qui ressort beaucoup sont les personnages qui sont

devenus au fil des ans des icônes pour certains, notamment le Dr House, Jack

Bauer mais également Don Draper de la série Mad Men ou encore Tony

Soprano. Tout ce mélange a amené Christophe à aller voir des blogs consacrés

aux séries pour voir si il avait raté des choses dans les épisodes vus. L’humeur

du moment à son importance aussi, s’ils ont besoin de rire les comédies seront

privilégiées, les teen shows quant à eux seront privilégiés pour des moments

de légèreté.

Nous leur avons également demandé s’ils ont été influencés par les

séries, et dans quelles mesures. Tous, gros consommateurs ou non,

s’accordent pour dire que les séries télévisées marquent leur vie de tous les

jours, et ce à différents degrés; car bien évidemment il faut distinguer deux

types de séries, les drames qui traitent sérieusement de sujets graves et qui

nous donnent matière à réflexion et de l’autre coté les comédies qui nous

influencent d’une autre façon. Plusieurs personnes nous on dit avoir été

influencées par la série Six Feet Under dans le sens où ça les a amené à

réfléchir, sur la mort, sur leur vie, sur comment appréhender certaines choses.

James nous parle également de My So Called Life (Angela 15 ans) qui l’a

beaucoup aidé à comprendre certaines choses qu’il vivait pendant

l’adolescence. Quelques-uns nous ont répondu qu’en regardant Friends ils

voulaient vivre en collocation avec des amis dans une grande ville. On peut

également parler des expressions qu’on «prend» aux personnages notamment

«Legen... Wait for it... Dary» de Barney Stinson dans How I Met Your Mother

ou encore «That’s what she said» de Michael Scott dans The Office. Pour

beaucoup de personnes, les séries télévisées ont ainsi contribué au fait de se

forger une personnalité, une identité. Cela peut prendre des dimensions assez

larges puisque nous avons recueilli le témoignage d’une personne qui s’est

22

engagée bénévolement dans la protection des océans après avoir regardé

Justiciers des mers.

Par conséquent on se rend compte que lorsqu’on leur demande quelle

série les a touché le plus on trouve un choix plutôt varié mais qui ne s’inscrit

en rien dans les séries aujourd’hui diffusées sur TF1 par exemple, ce qui est

logique : ils consomment par internet. Certains parlent de Six Feet Under qui

leur est chère, Friends ou encore Twin Peaks, on est donc loin des CSI et

autres Dr House. Mais c’est tout de même à nuancer dans le sens où Christel

nous parle de Dr House comme série favorite, ce qui est logique avec le fait

qu’elle ne regarde les séries qu’à la télévision.

Un dernier point est à étudier, et pas des moindres : les séries peuvent

également porter une «mauvaise» influence, notamment sur les plus jeunes

spectateurs, plus influençables (un reproche que l’on retrouve régulièrement

dans les médias et surtout dans les jeux vidéos : on se souviendra ici par

exemple de la saga de jeux Grand Theft Auto). Parmi ces reproches de longue

date, on trouve celui du tabagisme. La cigarette, qui peut être caractéristique

d’une époque comme dans Mad Men, semblerait contribuer à l’esthétique d’une

série (ou de toute autre image) ainsi qu’au charisme d’un bon nombre de

personnages.

Un photogramme issu de la série Mad Men.

«Les associations de lutte contre le tabagisme -une cause nationale aux États-

Unis- se sont insurgés contre les fumeurs de [Mad Men]. Pour s’amender, la

production a lancé sur Internet une vaste opération pour reverser une partie 23

des bénéfices à un programme de recherche sur le cancer du poumon au City

of Hope Hospital, en Californie.»19

Bien plus grave encore : la série Dexter a fait d’un tueur en série son

héros, nous donnant accès à tous les détails de ses actes et même de ses

pensées. L’identification au personnage est forte, et ce qui devait arriver

arriva... Il n’est maintenant plus rare de découvrir des informations sur des

tueurs en série et de se demander si les coupables ont puisé leur inspiration

dans Dexter : l’affaire du meurtre de Laëtitia Perrais, dont le corps a été

retrouvé en plusieurs parties dans l’eau, ou encore cette surprenante histoire

des meurtres de Long Island, où plusieurs corps ont été jetés en plusieurs

morceaux dans un bras de mer par une personne qu’on estime bien connaître

les méthodes policières. Mais ce ne sont là que des suppositions, et il existe

des faits. Andrew Conley, 17 ans, fan de la

série, a tué son frère, projeté de tuer son père

et déclaré ensuite s’être toujours senti senti

très proche de Dexter : «Je me sens comme

lui». Un autre tueur, Alberta filmmaker (de son

vrai nom Mark Twitchell), également amateur

de la série, s’est mis à tuer suivant un scénario

qu’il avait écrit. La police déclarera à son sujet :

«nous avons beaucoup d’informations qui

laissent supposer qu’il idolâtre Dexter, et qu’il a tenté de l’imiter durant cet

incident.»

On peut ici se poser des questions sur la responsabilité des séries

télévisées (entre autres oeuvres, cette question s’étend sur la télévision toute

entière et sur d’autres médias). Puisqu’on a la preuve qu’elles marquent et

influencent autant la société, peuvent-elles se permettre de montrer tout et

n’importe et quoi?

2419 Article de TVMag : Les séries, de la fiction a la réalité

Andrew Conley (à gauche) et Dexter Morgan (Michael C. Hall)

«Beaucoup d’émissions de télévision d’aujourd’hui représentent les normes de

notre société actuelle. Certains programmes représentent ce que les

producteurs voudraient présenter comme une norme. Plus de violence, plus de

sexe, et plus de langage grossier sont montrés aujourd’hui qu’auparavant. À

force de les rediffuser, ces éléments changent les normes de la société.»20

C’est un débat plutôt récurrent, commun, interminable, et auquel il est

possible de trouver de nombreux contre-arguments.

«La télévision dépeint maintenant les femmes et les minorités dans des

positions de pouvoir et de responsabilité. (...) Puisque les téléspectateurs

voient plus de femmes et de minorités comme des travailleurs, des leaders, ils

accepteront plus facilement ces éléments dans leurs propres vies. La télévision

d’aujourd’hui dépeint souvent les les attitudes les plus saines de la sociétés,

comme l’exercice, le non tabagisme, et la consommation modérée d’alcool. De

plus en plus aujourd’hui, l’abus d’alcool est présenté comme ayant des

conséquences négatives, au lieu de montrer des joyeux et sociaux ivrognes,

très communs dans les programmes télévisés des années 1950 et 1960. (...)

La façon dont on montre les familles a changé. On ne montre plus la famille

nucléaire avec le père, la mère, et les deux enfants. Les familles sont

maintenant décrites dans le cadre des nombreux types de relations existant

aujourd’hui. Cette influence positive des valeurs peut promouvoir la

tolérance.»21

25

20 Article sur Suite 101 : Programmes télévisés et valeurs de société

21 ibid.

André Bazin écrivait dans Ontologie de l’image photographique22 : «le

cinéma est l’achèvement dans le temps de l’objectivité photographique». Pour

ce qui est de s’inscrire dans le temps, les séries télévisées vont même encore

plus loin que le cinéma : un film dure en moyenne une à trois heures, tandis

qu’un drama présentant 7 saisons d’épisodes de 40 minutes par exemple exige

un temps de visionnage de plus de 102 heures, soit plus de 4 jours d’affilée.

D’autant plus que ces «4 jours» s’étalent en général sur plusieurs années! Les

séries télévisées, plus que tout autre art, font ainsi véritablement partie du

quotidien de leurs spectateurs, et ont un véritable potentiel affectif et

commercial sur eux. Si notre réalité était un théâtre de marionnettes, la fiction

télévisée pourrait être vue comme tirant de légères ficelles en coulisse; et il est

plutôt dommage de constater qu’elle peut être tenue, selon certaines opinions,

comme responsable du comportement de quelques marginaux quand on voit

l’intérêt qu’elle porte à l’évolution de certaines valeurs.

«Finalement le succès des séries, une fois qu’elles ont été

convenablement situées dans leur contexte, n’a rien d’étonnant.»23

Comme le dit Jean-Pierre Esquenazi ce succès des séries télé est logique,

d’autant plus qu’il n’est pas nouveau (en parlant de manière générale,

puisqu’en France il l’est). À travers les âges, selon les contextes et les

demandes, les séries télé ont su être un miroir de leur époque et encore

aujourd’hui, rien d’étonnant alors de se dire que les amateurs de séries s’y

retrouvent pleinement.

D’autant plus que les séries commencent à s’exporter sur d’autres

médias et on pense notamment soit aux webisodes appartenant à une série et

faisant le lien, par exemple, entre deux saisons; soit à un nouveau genre de

séries apparues avec le web 2.0, la websérie. Au delà de toucher de plus en

plus de monde avec ce procédé on peut se demander si le transmedia est une

étape clé dans l’évolution des séries TV. Alain Carrazé, lors de notre interview,

26

22 Dans le livre Quʼest-ce que le cinéma?

23 Mythologie des séries Télé, Jean-Pierre Esquenazi

nous dit qu’il faudrait un modèle économique pour que ce genre survive, sans

argent il est impossible de produire une série dans la durée et il faudrait voir

cette expérience plus comme une rampe de lancement pour les auteurs qu’une

vraie évolution.

Pourtant on pourrait légitimement se dire que la série va forcément

passer par là et l’utilisation des webisodes (il y a eu Scrubs, Battlestar

Gallactica) pourrait démocratiser l’exportation de séries sur plusieurs médias.

27

Annexes

Définitions :

Annonceurs : L’annonceur est l’organisation ou entreprise à l’origine d’une

opération de communication publicitaire ou marketing qui vise à promouvoir

ses produits ou sa marque.

Teen show (Teen Drama) : Série dans laquelle les protagonistes sont des

adolescents.

Dramas : Séries Dramatiques d’une durée de 40-50 minutes.

Sitcom : C’est la contraction de l’expression Situation Comedy (comédie de

situation). Les sticoms sont généralement tournées devant un public donc les

rires sont enregistrés en même temps que l’épisode. Néanmoins certaines ne

sont pas enregistrés devant un public : on les appelle les single camera

comédies (Community, Scrubs, The Office).

Cliffhanger : Si on devrait traduire le mot ça donnerai «suspendu à une

falaise». C’est une situation de suspense qui incite le spectateur à ne pas rater

l’épisode suivant.

Procedural : Ce sont des séries qui reposent sur le format suivant : un épisode

équivaut à une intrigue et contient une histoire complète avec introduction,

développement et conclusion.

Soap opera : Le Soap Opera est un feuilleton diffusé quotidiennement par une

chaîne, généralement en fin de matinée ou dans l’après-midi. On peut prendre

comme exemple Les Feux de L’Amour. Il y a également les Night Time Soaps,

ce sont des soaps diffusés le soir en prime time (Desperate Houseviwes,

Dallas).

Network : Les Networks sont les grandes chaînes aux Etats Unis (CBS, FOX,

NBC, ABC et CW (autrefois WB et UPN). À ces chaînes sont affiliées des

28

stations locales de télévision. Ces networks financent le développement des

concepts d’émissions et des scénarios en projet, décident de la programmation

pour la saison, affectent les cases dans la grille des programmes, commandent

ou annulent les séries.

FCC : C’est la Federal Communications Commission, une agence indépendante

du gouvernement des Etats Unis créée par le congrès américain en 1934. Elle

est chargée de réguler la télécommunication ainsi que les contenus des

émissions de radio, télévision et internet.

29

Interview téléphonique avec Alain Carrazé, spécialiste français des

séries TV (par Romain) :

D'où vous est venue cette passion pour les séries ?

A vrai dire j’ai toujours été passionné par la science fiction et le fantastique.

J’ai alors naturellement retrouvé ça à travers les comics, le cinéma, moins la

littérature. Et il s'avère que dans les années 60 le cinéma de science fiction

était presque inexistant et les cinémas diffusant ce genre de film se trouvaient

dans des endroits malfamés. De ce fait je me suis retourné vers la télé, média

où il y a à la fois des films et des séries. Dans ma tête je n’ai jamais fait de

différence entre le cinéma, les comics et la télé. Aucun média n’est moins

légitime qu’un autre. J’ai ensuite eu la volonté de me cultiver sur les séries,

comics, etc. Grappiller le maximum d’informations à travers les bouquins, les

magazines américains, je voulais savoir comment était construite une série.

Tout ça, ce savoir emmagasiné m’a amené dans ce métier des séries, alors que

je n’avais jamais fait d’études de journalisme, je suis entré là-dedans grâce à

mes connaissances. A l’époque j’avais également créé un Fanzine sur les séries

de science fiction et un éditeur, fou de la série Le Prisonnier, voulait faire un

bouquin dessus avec moi. J’ai également fait plein d’interviews sur les séries.

C’est finalement toutes ces opportunités qui m’ont amené là dedans, dans le

métier que je fais aujourd’hui. Je voulais partager mes connaissances, donner

envie aux gens de regarder des séries télé. Je ne voulais pas faire des

discussions de fan, dire que dans tel épisode il y a ça, que dans un autre il y a

autre chose, parce que ça je le savais déjà et les discussions tournait vite en

rond, je voulais vraiment partager mon enthousiasme à des gens qui n’y

connaissaient rien. Faire de ces connaissances quelque chose de palpable pour

30

les gens qui connaissent moins. Angler les choses pour que ce soit passionnant

pour quelqu’un de pas passionné, qui n’y connaît rien.

On parle d’un nouvel âge d’or des séries pendant les années 2000 êtes vous

d’accord avec ça? Est-ce vraiment un âge d’or même aux États Unis ou

seulement en France ?

Tout est cyclique vous savez, il y a toujours un public neuf qui arrive devant la

télévision. Et aujourd’hui il y a pour les networks le «problème» du câble dont

les chaînes et séries qui ont beaucoup de succès, de ce fait les networks

essayent de surpasser le câble comme on l’a vu dans les années 90. Chacun

était ouvert a des nouvelles formes.

La série télé n’est pas apparue en 2005, certains journalistes se trompent en

disant qu’avant 24 ou Lost il n’y avait rien. Chaque décennie des séries

importantes voient le jour.

En France tout a basculé le soir où TF1 a diffusé Les Experts le dimanche soir à

la place du grand film. Ce positionnement a rendu complètement légitimes les

séries TV ici. Pourtant ça existe depuis plus de 15 ans et notamment les

diffusions de Urgences en prime time sur France 2 et X-Files sur M6.

On a vu qu’avec la nouvelle série d’arte «60 secondes» la série s’exporte sur

plusieurs médias puisque elle a commencé sur Facebook avant d’être diffusé à

la télé, pensez vous que le transmedia est une étape importante de l’évolution

des séries ?

En fait je vois plus cela comme une possibilité de faire autre chose pour

essayer, ce n’est pas une étape pour moi. Il n’y aura pas 50 projets comme ça,

tout du moins pas pour le moment. Le vrai problème c’est qu’il manque un

modèle économique. Pour ce que ce soit une étape ce programme doit vivre et

on ne peut pas vivre sans argent, pour produire une série il faut de l’argent. si

il n y a pas d’économie on pourrait voir ça comme d’agréables expériences,

rien d’autre. Ce serait aujourd’hui plus une rampe de lancement, mettre en

avant l’auteur.

31

Maintenant je ne dis pas que ce financement n’arrivera jamais, mais

aujourd’hui il n y en a aucun pour internet et ses projets, mais qui sait... Peut

être dans un an ou deux, sûrement même.

Bibliographie

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• BOUTET, Marjolaine. Les séries télé pour les Nuls. Paris : First, 2009.

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• AU FÉMININ. Lʼinfluence des programmes télé - Séries télé pour femmes, nouvelles séries télé : La folie des séries télé, lʼimpact sur la société. http://www.aufeminin.com/mag/societe/d666/c22120.html

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• LE POINT, AFP. CBS : les acteurs de la série «Happy Days» veulent leur part des produits dérivés. 20/04/2011. http://www.lepoint.fr/ces-gens-la/cbs-les-acteurs-de-la-serie-happy-days-veulent-leur-part-des-produits-derives-20-04-2011-1321388_264.php

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