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1 Journée régionale d’échanges et de réflexions sur la coopération et la solidarité internationale du CERCOOP F-C Dérèglement climatique et développement : Quelles adaptations possibles pour nos sociétés ? Vendredi 19 juin 2015 9h-17h30 BESANÇON 6 ème

Dérèglement climatique et développement · Vendredi 19 juin 2015 ... M. Florian COUTAL, Rédacteur, Délégation pour les relations avec la société civile et les partenariats

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Journée régionale d’échanges et de réflexionssur la coopération et la solidarité internationale du CERCOOP F-C

Dérèglement climatique et développement :

Quelles adaptations possibles pour nos sociétés ?

Vendredi 19 juin 2015 • 9h-17h30 • BESANÇON

6ème

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Atelier 2Atelier 3

Atelier 1

Le CERCOOP Franche-Comté remercie l’ensemble des participant-e-s , intervenant-e-s qui ontaccepté d’animer cette journée, la Ville de Besançon pour son accueil et la Plateforme franc-comtoise de l’Éducation à

l’environnement et au développement durable.

Ces actes ont été réalisés avec la collaboration de Mme Annick BÉNÉZET, Mme Florence KOHTZ, Mme Marie-Lucile GRILLOT,Mme Diana PRUD’HOMME et M. Ousmane SYLL.

Ces actes présentent un résumé des interventions de chacun-e.

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Atelier 2Atelier 3

Atelier 1

Accueil des participant-e-s

Ouverture officielle (p4)

Introduction et retour sur le Débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie du 6 juin 2015 organisé en Franche-Comté et au Burkina Faso (p11)

3 ateliers simultanés

Agriculture et dérèglement climatique : quelles solutions pour l’avenir ? (p17)Adaptation et dérèglement climatique au Nord et au Sud : pratiques et enjeux (p24)Les outils financiers, politiques et citoyens pour favoriser la transition énergétique (p28)

Restitution des ateliers par les rapporteurs-euses, conclusions des échanges, restitution graphique par une illustratrice pédagogique (p33)

Enjeux de la conférence Paris Climat 2015 (p41)

Clôture de la Journée (p42)

(9h)

(9h30)

(10h)

(11h)

(14h)

(15h45)

(16h30)

Programme de la journée/Cette journée proposée chaque année et accueillie en 2015 par la Ville de Besançon, a pour objectifs d’échanger, de réfléchir, de partager des expériences, ainsi que de s’informer et d’informer sur les actions de coopération et de solidarité internationale menées par les Franc-comtois et Franc-comtoises afin d’apporter des réponses utiles pour l’amélioration de la qualité des actions ici et sur les territoires partenaires.

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M. Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

Mme Solange JOLY, Adjointe au Maire chargée de l’action internationale – Ville de Besançon

M. Florian COUTAL, Rédacteur, Délégation pour les relations avec la société civile et les partenariats (DGM/CIV) Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI)

Ouverture officielle de la journée9h30

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‘‘ Discours de M. Éric DURAND Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

Mme l’Adjointe au Maire de la Ville de Besançon, M. le Conseiller municipal de Besançon délégué à la coopération décentralisée, M. le Représentant du ministère des Affaires étrangères et du Développement international, Mesdames et Messieurs les représentants et représentantes des structures publiques et associatives agissant dans le domaine de la coopération et de la solidarité internationale, de l’environnement et du développement durable, Mesdames et Messieurs qui avez répondu à notre invitation.

Je suis très heureux, en tant que Président du CERCOOP Franche-Comté, de vous souhaiter la bienvenue pour cette sixième Journée régionale d’échanges et de réflexions sur la coopération et la solidarité internationale.

Je remercie chaleureusement la Ville de Besançon pour l’accueil de cette Journée – Mme Célia Pillard et son équipe pour l’appui à l’organisation de cette rencontre.

Je remercie les animateurs, les intervenantes et intervenants et les rapporteurs et rapporteuses pour leur contribution à cet évènement. Votre présence est cruciale. Je me réjouis véritablement de la présence des acteurs associatifs. Elle marque votre fidélité au CERCOOP Franche-Comté, aux valeurs qu’il défend et à la réflexion qu’il poursuit avec vous à travers des missions menées au quotidien par une équipe très impliquée que je remercie sincèrement au passage.Je suis heureux de voir nos collectivités membres mobilisées aujourd’hui et je tiens à remercier la Région Franche-Comté, les Départements du Doubs, du Territoire de Belfort et du Jura, les Villes de Besançon et de Belfort et le Pays de Montbéliard Agglomération pour leur confiance ainsi que le ministère des Affaires étrangères et Développement international pour son soutien.

Je suis également très heureux de la présence des partenaires burkinabè du projet mutualisé « Coopérer Pour Réussir l’Avenir – COPRA » qui participeront à nos débats et échanges.La Journée régionale, organisée chaque année par le CERCOOP Franche-Comté, a pour objectif d’échanger, de réfléchir, de

partager des expériences, ainsi que de s’informer et d’informer sur les actions de coopération et de solidarité internationale menées par les Franc-comtois et Franc-comtoises dans le but d’apporter des réponses utiles pour l’amélioration de la qualité des actions ici et sur les territoires partenaires.

Cette année, nous avons choisi de nous pencher sur une problématique essentielle, celle du dérèglement climatique et développement - quelle adaptations possibles pour nos sociétés ? Il était impossible de ne pas consacrer cette journée au climat, notamment dans le contexte de la vingt-et-unième Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre de cette année et des discussions en cours sur le Programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 (Objectifs de développement durable - ODD). Pourquoi ? Pour une question de responsabilité. Parce que nous savons que, depuis la révolution industrielle des années 1750, l’homme, notamment celui des sociétés du Nord, est bien à l’origine des changements climatiques par la production énergétique, par les transports, par l’agriculture intensive, etc. Cette théorie a par ailleurs été confirmée par le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et n’est plus remise en cause.

Pourquoi ? Pour contribuer à la réussite de la COP21. La COP21 est organisée en France et rassemblera près de 40 000 participants, délégués représentants de chaque pays, observateurs et membres de la société civile. L’enjeu de la COP21 est de parvenir, pour la première fois, à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et d’accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone. C’est un défi considérable, me direz-vous. Mais je pense que nous pouvons et nous devons nous mobiliser à tous les niveaux et partout dans le monde : le citoyen, le paysan, l’entrepreneur, le militant, le décideur, etc.

Pourquoi ? Pour partager nos solutions. Nous, toutes et tous, ici réuni-e-s, avons des initiatives, des pratiques et des solutions à

partager. Cette journée présentera en effet diverses approches : scientifique, politique, économique et de mobilisation citoyenne telle que le Débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie dans lequel nous avons été impliqués au Burkina Faso sur l’initiative du Conseil régional de Franche-Comté qui l’a organisé à Besançon. Le défi de l’organisation et de la participation de nos amis burkinabè est allé au-delà de nos attentes. Je remercie l’agence CORADE et ses partenaires du Burkina Faso. Une présentation succincte des résultats de ces débats sera faite tout à l’heure.

Ainsi, la journée se déroulera de la manière suivante : Une introduction : M. Tanguy Lafarge – Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).Mme Justine Fautrelle – Coalition climat 21.Mme Astrid Frey – Cités-Unies France.

Un atelier sur « l’agriculture et dérèglement climatique : quelles solutions pour l’avenir ? » :

M. Bernard Perrin (animateur) – Agriculteurs Français et Développement International Bourgogne-Franche-Comté (Afdi BFC).M. Jérémie Bambara – Cabinet Océane Consult International.M. Denis Noël Rouge – Arcanne.M. Tanguy Lafarge – CIRAD.M. Pierre Michaillard (rapporteur) – Consul honoraire du Burkina Faso à Belfort. Un atelier sur « l’Adaptation et dérèglement climatique au Nord et au Sud : pratiques et enjeux » :

M. Frédéric Sergent (animateur) – Plateforme régionale Éducation à l’environnement et au développement durable.Mme Sophie Gavoille – Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.M. Vincent Bichet – Laboratoire Chrono Environnement, Université de Franche-Comté.

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M. Hatim Issoufaly – Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD)-Terre Solidaire.M. Gaël Bissoué (rapporteur) – Association internationale pour le développement rural en Afrique(AIDRA). Un atelier sur « Les outils financiers, politiques et citoyens pour favoriser la transition énergétique » :

M. Patrick Miche (animateur) - Chef du Service Aménagements & Équipements Collectifs – Syndicat Mixte d’Energies, d’Equipements et de e-Communication (SIDEC).M. Serge Grammont – Alternatiba.Mme Blandine Aubert – Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).Mme Justine Fautrelle – Coalition Climat 21.M. Gérard Magnin – Conseil économique, social et environnemental régional de Franche-ComtéMme Anne Vignot – Ville de Besançon.

Une restitution des ateliers par les rapporteurs-euses :

M. Pierre Michaillard – Consul honoraire du Burkina Faso, à Belfort.

M. Gaël Bissoué, Président – Association Internationale pour le Développement Rural en Afrique. Mme Isabelle Rougieux, Chargée de mission Agenda 21 – Conseil régional de Franche-Comté.

Une conclusion des échanges :Mme Justine Fautrelle, Chargée de mission appui à la coordination

– Coalition climat 21. M. Tanguy Lafarge, Chercheur – Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

Et enfin les Enjeux de la conférence PARIS CLIMAT 2015 :

Mme Annick Girardin, Secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie par message vidéo, Mme Girardin n’étant pas disponible aujourd’hui.La journée sera animée par M. Alex Colin et illustrée par Mme Aline Rollin.

Elle a vocation à permettre :- l’échange et le débat entre nous ;- la compréhension des enjeux ici et dans nos pays partenaires autour du dérèglement climatique et du développement.

Le terme « développement » peut s’adresser aussi bien au Sud qu’au Nord. Le dérèglement climatique touche en effet le Nord et le Sud avec plus ou moins d’intensité selon les pays et c’est pour cela que nous pouvons penser à de nouveaux modèles de développement.La journée a vocation à apporter également des idées qui viennent de vos projets en Franche-Comté, aux Philippines ou au Burkina Faso, par exemple.

Soyons aujourd’hui ouverts, apprenons des uns et des autres, travaillons ensemble et faisons remonter nos propositions pour la construction d’un Agenda des solutions à la COP21.

Je m’engage, avec les partenaires du CERCOOP Franche-Comté, à faire entendre vos actions et vos voix à la COP21.

Pourquoi ? Pour mener une action collective. Nous avons ensemble un rôle à jouer dans la lutte et dans l’adaptation au dérèglement climatique ici en Franche-Comté et dans nos territoires partenaires. Bien que nos réalités, nos besoins et nos contextes climatiques soient différents, notre objectif est le même : réduire les émissions de gaz à effet de serre, en modifiant nos comportements, en adaptant nos modes de production et notre agriculture et en sensibilisant le plus grand nombre, particulièrement les jeunes. Quand je dis « ensemble », je parle de tous les acteurs gouvernementaux et acteurs non étatiques. Aussi bien des décideurs politiques, des membres de mouvements associatifs et syndicaux, des acteurs économiques que des membres de la communauté scientifique… Nous avons toutes et tous ensemble un rôle à jouer.

Enfin, je nous souhaite à toutes et à tous d’impulser aujourd’hui une nouvelle dynamique multi-acteurs pour l’atténuation et l’adaptation au dérèglement climatique. Je terminerai en citant Martin Luther King:

« Si l’on m’annonçait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier ! ».

Merci de votre attention !

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Les collectivités ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Besançon l’a compris depuis longtemps et participe activement à cet impératif. C’est ainsi qu’elle a reçu en 2012, le label européen Cit’ergie Gold, label d’excellence.

Quelques exemples :

1) La mise en place de l’agenda 21 dans tous les services, la mise en route du tram en septembre 2014, la lutte contre la précarité énergétique… Cette préoccupation majeure s’est traduite également dans sa politique de relations internationales à travers ses missions d’éducation au développement et ses projets de coopération décentralisée.

2) Douroula au Burkina Faso : Le Burkina Faso, pays du Sahel, est particulièrement vulnérable face aux changements climatiques, comme indiqué tout à l’heure. Cette dernière décennie, il fait face à un enchaînement d’événements climatiques extrêmes d’une ampleur et d’une rapidité sans précédent : multiplication des périodes de sécheresse modifiant les écosystèmes et la biodiversité et affectant les modes de vie et de production traditionnelles. Ce qui fait que nous connaissons une forte migration en ce moment, et je pense que ce n’est pas terminé, ce qui nous affecte tous.

À Douroula, les effets du réchauffement climatique se font déjà sentir. Il ne s’agit plus seulement de lutter contre le réchauffement climatique mais de trouver des stratégies d’adaptation pour les populations. Dans le cadre de sa coopération, la ville de Besançon, en lien avec ses partenaires de Neuchâtel et du projet mutualisé COPRA, a mis en place des formations sensibilisantes aux émissions de CO2 : les bonnes pratiques de carbonisation, la gestion durable des forêts et la lutte conte la coupe abusive de bois frais, la sensibilisation à la plantation d’arbres, la construction de foyer de cuisson améliorée, l’adaptation des cultures aux changements climatiques.

3) Camp de réfugiés d’Aqabat Jaber en Palestine : La gestion de l’eau est un problème structurel, de par les conditions climatiques et géopolitique. Le réchauffement apparait comme un problème public, émergent, pris en compte par les autorités. La Ville de Besançon et le camp agissent indirectement sur ce phénomène, en menant ensemble des projets de développement durable avec répercussions ici et là-bas : programmes sur l’eau et l’assainissement, campagnes de sensibilisation à la rareté de la ressource (exposition réalisée par des jeunes en Palestine et en France, Soif d’échanges, qui est à disposition dans les deux langues), programme de promotion d’un tourisme durable de randonnée à travers la Cisjordanie.

4) Fribourg en Allemagne : Afin d‘apporter des réponses appropriées aux habitants sur la consommation d’énergie et d‘eau et la gestion des déchets, la Ville de Besançon et le Grand Besançon ont initié en 2009 l’opération Familles actives pour le climat. Initiative reprise à Fribourg avec échanges d’expositions entre les deux territoires, créant des liens d’amitiés forts. Ne reste plus qu’à ces familles à devenir ambassadrices afin qu’elles essaiment autour d’elles.

Pour Besançon, cette prise en compte de facteurs climatiques est une nécessité, voire un devoir dans le cadre de ses coopérations. Les pays du Sahel comme le Burkina Faso subissent directement les comportements irresponsables des pays industrialisés. Mais elle tente d’en faire également un facteur de développement et d’innovation en l’appréhendant de manière positive et en favorisant la sensibilisation à l’écocitoyenneté. Exemple avec la Semaine de solidarité internationale (SSI) et locale qui a lieu chaque année en novembre et qui aura pour thème cette année le « changement climatique », la prise en compte des critères environnementaux dans le cadre des appels à projets solidaires, l’invitation aussi à adopter de nouvelles pratiques plus durables et plus économes, voire génératrices de revenus tels que la gestion forestière, la valorisation des déchets ou la consommation d’eau. L’opportunité de nouvelles rencontres entre populations

de différents territoires et l’ouverture vers l’autre est un élément essentiel pour un monde humain et durable. Plus largement, les collectivités locales, par les compétences qu’elles exercent et les liens internationaux qu’elles tissent, sont devenus des acteurs incontournables de la diplomatie internationale. La coopération décentralisée présente l’avantage de lier l’action locale aux enjeux internationaux et se présente comme complément à l’action des États en matière de climat. Il revient aux collectivités de se mobiliser avec leurs consœurs étrangères face au défi climatique en continuant de promouvoir : égalité, solidarité, réciprocité, subsidiarité, écologie.

Je cite Jean Fabre, directeur adjoint du PNUD :

« On peut dire aujourd’hui avec certitude, face au défi du développement durable, et de la menace

climatique : hors d’une coopération décentralisée à la hauteur des enjeux, point de salut ».

‘‘ Discours de Mme Solange JOLY Adjointe au Maire chargée de l’action internationale – Ville de Besançon

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‘‘ Discours de M. Florian COUTAL Rédacteur, Délégation pour les relations avec la société civile et les partenariats (DGM/CIV) – Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI)

Le Ministre des Affaires étrangères et du Développement international a rappelé, lors de la 22è conférence des ambassadeurs, les quatre piliers de la politique étrangère de la France : la paix et la sécurité, l’organisation de la planète et sa préservation, la réorientation de l’Europe, le redémarrage économique de la France. Stratégie qui se base sur le concept de diplomatie démultipliée, c’est à dire en partenariat avec des acteurs de la société civile, des entreprises privées, des acteurs publics, etc.

Le lien partenarial noué avec les Réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA) s’appuie sur cette volonté. Le MAEDI finance à hauteur de 610 000 € annuel treize réseaux qui sont, en région, de véritables centres de ressources sur la solidarité internationale et sur le développement et de véritables vecteurs d’engagement pour les citoyens qui souhaitent mener des projets de développement et de solidarité internationale.

L’éducation au développement vise à sensibiliser les citoyens au monde global et donc à favoriser l’émergence d’un monde plus solidaire et interculturel. Ce monde global apparait plus fort sous l’angle du dérèglement climatique, certaines régions sont plus particulièrement touchées mais celles qui, jusqu’à présent, étaient épargnées par les conséquences directes, sont aujourd’hui victimes de conséquences indirectes : phénomènes migratoires, atteinte à la biodiversité.

Défi global, donc réponse globale : le plus grand débat citoyen planétaire qui a montré la capacité de la société civile internationale à se mobiliser pour construire le monde d’aujourd’hui et de demain. Quatorze régions et collectivités, ont porté en France et en région des débats citoyens.

Près de 80 % des personnes interrogées à travers le monde estiment être très préoccupées par les impacts du changement climatique ; 70 % d’entre elles voient les mesures de lutte comme une occasion d’améliorer leur qualité de vie ; plus de

90% ont dit que le nouvel accord universel signé à Paris devrait avoir un objectif à long terme de zéro émission d’ici à la fin du siècle ; 67% pensent que l’accord devrait être juridiquement contraignant. Le débat a également montré que les nationaux d’un pays sont prêts à s’engager même si les autres pays ne le font pas. A la question : « votre pays devrait-il prendre des mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre ? », 79% des personnes répondent oui même si les autres pays

ne prennent aucune mesure. Pas de clivage apparent entre le Nord et le Sud, les conséquences du changement climatique sont une menace pour les deux populations. Ces conclusions doivent servir à une véritable prise de conscience mais aussi à un engagement de tous : pouvoir public, secteur privé, collectivités territoriales, associations, syndicats, fondations pour répondre tous ensemble, au défi du dérèglement climatique.

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1. S’adapter au dérèglement climatique, c’est changer de modèle de sociétéTrès grande majorité de complètement d’accord.

2. Le dérèglement climatique est une opportunité pour réduire les inégalités Réponses plus partagées. Pour un participant : « cela peut augmenter les inégalités. On peut avoir plein de bonnes intentions et finir par accentuer les écarts ». A l’inverse, pour un autre : « vu comment est formulée la question, c’est une opportunité même si c’est aussi une menace ».

3. La population ne s’engagera face à l’enjeu climatique qu’en cas de contrainte réglementaire fortePour un participant : « S’il n’y a pas de contrainte, on n’agira pas mais les contraintes ne doivent pas être imposées ». A l’inverse, pour un autre : « les sociologues disent qu’on ne change pas les sociétés par la loi, les vrais changements doivent venir du peuple. »

4. Les solutions viendront uniquement de la société civile et des citoyensPour un participant : « les solutions viennent du peuple, je n’ai pas confiance dans les politiques ». A l’inverse pour une autre participante : « les entreprises, les gouvernements doivent aussi faire partie des solutions ! » etc.

5. Le progrès technique permettra l’adaptation de nos sociétés aux changements climatiques Réponses neutres et mitigées. Pour un participant : « il est évident que pour la transition énergétique, il y a des solutions techniques à rechercher mais, pour un changement de société, les solutions sont humaines et non techniques. »

6. Les pays du Sud doivent agir autant que les pays du Nord face au dérèglement climatique Agir face à l’enjeu, les participants sont plutôt d’accord. Un participant prend l’exemple du Doubs : « s’il déborde, cela concerne tout le monde ». Pour un autre participant : « les pays du Sud auront à agir pour trouver des solutions innovantes comme en agriculture, donc c’est peut être du Sud que pourra venir l’innovation, le recours à une agriculture raisonnée, l’action à court et moyen terme ». Pour quelqu’un d’autre : « ce sont les multinationales qui gèrent, les pays ont-ils encore un pouvoir au Nord comme au Sud ?»

7. L’adaptation aux changements climatiques passera nécessairement par une décroissance, au Nord comme au Sud Cette question suscite des discussions. Selon un participant : « on est à une période où il faut croître, pas décroître ». Même avis d’une autre participante : « quand on parle de croissance, la question est de savoir comment gérer les ressources. »

Animation par Alex COLIN Réactions du public aux questions posées

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Point sur le contexte de l’accueil de la COP21, de la mobilisation institutionnelle et de la société civile pour le climat, l’actualité scientifique, l’implication locale des acteurs de la solidarité internationale dans la prise en compte des enjeux du dérèglement climatique et les solutions locales proposées.

Mme Justine FAUTRELLE, Chargée de mission appui à la coordination – Coalition climat 21 Mme Astrid FREY, Chargée de mission – Cités-Unies France M. Tanguy LAFARGE, Chercheur, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le

développement – CIRAD

Introduction de la journée10h

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‘‘ Intervention de M. Tanguy LAFARGE, Chercheur, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – CIRAD

Je remercie le CERCOOP Franche-Comté pour cette journée et pour cette mobilisation citoyenne, je représente le CIRAD. Je remercie la ville de Besançon, c’est la première fois que je viens en Franche-Comté, de beaux paysages et une belle ville.

Le CIRAD est un centre de recherche français, la maison mère est basée à Montpelier, 1700 personnes y travaillent dont 900 au siège, le reste au Sud et dans les départements d’outre mer. Le CIRAD travaille sur les questions de coopération décentralisée dans le domaine de l’agronomie pour le développement. Il a été créé en 1984 par plusieurs instituts de recherche. Les questions de changement climatique le concernent, même si on ne parle plus de changement mais de dérèglement climatique, comme le CIRAD l’a constaté au Salon de l’agriculture auquel il participait. Je reviens sur le GIEC : on a besoin d’effets de serre sinon la température moyenne serait de - 18 degrés ! Grâce à l’effet de serre, on est à + 15 degrés. C’est indispensable. Il est dû au réfléchissement des infrarouges qui arrivent sur la surface de la terre. Et ceux-ci sont arrêtés par des gaz de l’atmosphère (CO2, méthane etc.). Mais une modification peut avoir des grandes répercussions.

En 1850, les activités humaines ont accru les rejets de CO2 : combustion des énergies fossiles, agriculture intensive avec engrais, déforestation…

Le GIEC affirme dans son rapport de 2014 que les trois dernières décennies ont été les plus chaudes depuis 1950 : c’est un gros changement.

Donc il y a les températures, l’augmentation du niveau de la mer de 19 cm entre 1901 et 2010 et le phénomène s’accélère 3.2 mm par an.

Plus chaud veut dire des océans plus grands, plus une fonte des glaciers. Moins de dégel des sols mais davantage de

pergélisol qui dégage du méthane.

Avant, on disait que le taux d’augmentation était dû à 50% aux activités humaines. En 2014, on dit que pour 95 %, c’est l’activité humaine qui est responsable du dérèglement climatique.

Les directives données au niveau international sont de rester à une augmentation maximum de 2 degrés d’ici à 2100 par rapport à 1850. Si on reste dans les activités actuelles, en 2100, la température aura augmenté de 4.8 degrés sur la terre. Il est stipulé qu’il faut rester en dessous. Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 de 40% à 70% et être proche de 0% en 2100. Il y a donc des efforts à faire au Nord et au Sud.

Les conséquences sont importantes, notamment sur l’agriculture. Je vais m’arrêter là sur ce que les chercheurs ont pu mettre en évidence sur le dérèglement climatique.

Question du public « Est-ce vraiment lié aux activités humaines ? »

Il y a déjà eu, en raison des astres et du soleil, des phénomènes naturels qui ne permettent pas d’expliquer les mesures sur l’état climatique. Le GIEC a pris cela en compte. Aujourd’hui, les phénomènes naturels n’expliquent pas le dérèglement climatique. Il est clair qu’aujourd’hui, c’est lié aux activités humaines.

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‘‘ Intervention de Mme Justine FAUTRELLE, Chargée d’appui à la coordination, Coalition Climat 21

Cette Coalition regroupe une bonne centaine d’orga-nisations et de mouvements, et continue de grandir : syndicats, ONG environnementalistes et de solidarité internationale, mouvements sociaux, féministes, groupes de foi ou de jeunesse.

Je remercie les organisateurs et je vais intervenir sur les enjeux de la COP21, la recadrer dans le climat. Les scientifiques sont d’accord sur les enjeux : première-ment, il faut réduire les gaz à effet de serre, deuxièmement il faut faire face aux impacts, notamment dans les pays affectés.Le dérèglement est transversal : transport, énergie, agriculture, commerce, aménagement du territoire et, dans ce cadre, existent les négociations sur le climat. Concernant la COP21, c’est en 1992 que tout a été lancé : 194 pays se retrouvent chaque année durant deux semaines en décembre pour trouver des solutions politiques aux problèmes du climat. De ce fait, il y a un mouvement de la société civile (associations, regroupements de femmes, paysans, entreprises, chercheurs et experts). Le processus a été créé à Rio en 1997, puis le protocole de Kyoto a visé à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2009, à Copenhague, le sommet de « la dernière chance » sur le changement climatique avait pour but de remplacer un protocole de Kyoto qui n’avait pas eu assez de succès, en raison notamment de l’incohérence des États-Unis et du Canada. A Copenhague, il n’y a pas eu d’accord. Une réunion devait se tenir à Durban en 2012 mais elle a été reportée à 2015 à Paris.Il y a eu aussi la naissance du fonds pour l’adaptation, du fonds vert pour le climat avec cent milliards de dollars par an.

Mais tous les états ne sont pas uniquement responsables. Il faut agir avant 2020 pour l’évolution du climat. À Paris, on assiste à un renforcement des engagements sectoriels, à une adaptation et à une transition énergétique.

Dans ce contexte, quel est l’état de la mobilisation citoyenne ? Coalition 21 a été crée en 2013 à l’annonce de la COP21. C’est une coalition très large qui regroupe plus de cent organisations très diverses : solidarité internationale, groupes de foi, mouvements sociaux, jeunes, etc. Le consensus est important et elles affirment que les négociations ne sont pas suffisantes pour sauver le climat et encourager les citoyens de se mobiliser.

Il y a une mobilisation forte en France, il faut tirer des leçons des conférences précédentes comme celle de Copenhague et il y a beaucoup d’espoir pour Paris, afin de ne pas démobiliser et porter un coup dur aux mouvements citoyens. Certains sujets nous divisent mais il est important de lancer un débat dans la société civile. C’est ce qu’il y a dans la déclaration, l’action climatique est ambitieuse.

Coalition 21 est une plateforme qui travaille en partenariat avec les groupes locaux partout en France, avec des dates clés en amont de décembre pour la préparation de la COP21.Il y a une mobilisation citoyenne en France, en Europe et à l’international. On travaille de manière transversale avec des réseaux européens, américains, avec des paysans internationaux, des migrants, des associations de logement, d’éducation populaire, des artistes et des étudiants. Les associations de solidarité internationale ont un rôle à jouer sur les thèmes du partage et de la connaissance.

Trois principaux axes de travail ont été définis par la Coalition 21 :

1) Sensibiliser, éduquer, informer pour déconstruire les idées reçues.2) Construire des alternatives concrètes : agriculture biologique et mise en œuvre de solutions réalistes au niveau local.3) Dénoncer les responsables du dérèglement climatique, pour changer la politique des acteurs privés émetteurs de gaz à effet de serre.

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‘‘ Intervention de Mme Astrid FREY, Chargée de mission – Cités-Unies France (CUF)

Cités-Unies France est un organisme qui fédère les collectivités territoriales agissant à l’international et met en place des groupes pays pour coordonner et concerter les actions à l’international.Il est important pour nous de venir chez vous en région, de voir ce que vous faites au plus proche du terrain. Je vais parler de la mobilisation des collectivités et de la façon dont elles se mobilisent. Depuis 2009, un élu, Ronan Dantec, qui représente les collectivités dans les négociations, suit ce dossier. Ronan Dantec négocie et il est porte-parole des collectivités. Il était à Copenhague sur l’agenda de développement et sera aussi sur les futurs Objectifs de Développement Durable. Depuis quelques années, les collectivités sont prises en compte, le pari est « oui on veut avoir une parole, mais on a des choses à apporter, on s’engage ». Justine parlait de différents groupes dans la société civile (chercheurs, femmes etc.). Il y a aussi le groupe des collectivités. Un texte a été élaboré : Catalyser l’action qui représente neuf groupes de la société civile et nous sommes prêts à montrer l’exemple.

On assiste à un certain nombre d’actions en France : dans dix jours, se tient le sommet mondial climat et territoires (1 et 2 juillet) à Lyon. L’invitation est faite par les collectivités territoriales aux autres groupes pour adopter des textes et des recommandations afin de limiter la température à 2 degrés. Cités-Unies France organise un atelier dédié aux partenariats territoriaux, car c’est de territoire à territoire qu’on agit et le texte doit prendre un certain nombre d’engagements pour les politiques mises en œuvre (sensibilisation des citoyens).

En France, les collectivités sont en marche :

- une après-midi à Bordeaux en janvier, dans le cadre de la Conférence énergétique, avec l’adoption d’une déclaration ;

- la conférence MED COP21 à Marseille avec des acteurs des deux rives de la Méditerranée et la présence des entreprises, des chercheurs et des associations. Les résultats de ce sommet sont l’adoption d’un agenda positif non gouvernemental pour œuvrer contre le dérèglement climatique. Il est en ligne sur : www.medcop21.com/doc/MEDCOP21_declaration_de_cloture.pdf.

- Enfin, le sommet de Paris lors de la COP21 avec des élus locaux du monde entier qui vont aussi adopter un agenda. Le rendez-vous de Lyon est une étape importante pour porter nos voix à Paris.

Le cœur de métier de Cités-Unies France est l’accompagnement des collectivités. Dans quelle mesure le climat peut-il prendre sa place dans la coopération décentralisée ? Comme l’a souligné Mme Joly, les collectivités ont beaucoup de politiques locales qui ont trait au climat (transport, énergie). Il faut savoir faire un lien entre le local et l’international. Par exemple comment l’eau et l’assainissement prennent-ils en compte le climat ? Nous avons par ailleurs un partenariat avec Arène Ile de France concernant des ateliers et de la sensibilisation et avec le MAEDI dans le cadre d’une exposition qui montre l’engagement des collectivités à l’international pour le climat.

‘‘

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M. Éric DURAND, Président – CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional M. Gérard MAGNIN, Membre et rapporteur permanent sur l’Énergie, Conseil économique, social et

environnemental de Franche-Comté Mme Isabelle ROUGIEUX, Chargée de mission Agenda 21 – Conseil régional de Franche-Comté

Le débat citoyen planétaire a eu lieu à Besançon et dans d’autres pays notamment au Burkina Faso avec un parrainage et soutien de la Région Franche-Comté. Lorsque la question s’est posée de « quel territoire accompagner ? », j’ai proposé le Burkina Faso, non parce que c’est l’un des pays qui bénéficient le plus d’actions des collectivités et des ONG franc-comtoises, mais parce que nous avons la chance, à travers le projet COPRA, d’avoir des personnes en mesure d’organiser le débat.

Quelques éléments : 96 débats ont eu lieu dans le monde, dont 29 en Afrique, 18 en Asie et en Océanie et 13 en Europe.

Parmi les pays qui ont eu un parrainage : 13 dont 5 en Afrique. Je suis fier que ce débat ait été réalisé. Notre partenaire burkinabè CORADE a organisé le débat avec des acteurs locaux et institutionnels. J’ai, avec le Directeur du CERCOOP Franche-Comté, participé à des réunions de travail sur place avec des partenaires tels que l’Institut de Génie de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) de l’Université de Ouagadougou qui a pu mettre à disposition des jeunes qui ont servi de facilitateurs. Quatorze tables rondes en trois langues ont été montées, ce qui a nécessité une importante logistique.

Un chiffre que je retiens : au Burkina Faso, 95.4% des personnes qui ont échangé se sentent concernés par l’urgence climatique contre 81.7% en Franche-Comté et 79% dans le monde. Les burkinabè sont particulièrement concernés par la question du climat, on comprend pourquoi quand on connaît le pays. J’exprime ma grande satisfaction de ce débat car 570 candidats volontaires se sont mobilisés pour participer puis 109 au final ont été retenus, bien mieux qu’en Franche-Comté. Cela montre les attentes dans les pays du Sud.

Retour sur le Débat citoyen planétaire

Retour sur le Débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie du 6 juin 2015, organisé en Franche-Comté et à Ouagadougou au Burkina Faso sur l’initiative du Conseil régional.

‘‘ Intervention de M. Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

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et cinq sortes des questions. Une vidéo de 5-10 mn est présentée sur les méthodes, puis il y a un débat sur le sujet de 45 mn et, pour finir, cinq questions individuelles. Le premier débat a été fait dans l’Île Fidji, le dernier en Arizona bien plus tard.

Les réponses aux questions sont intégrées dans une base de données sur une plateforme Internet au fur et à mesure de la journée. A la fin de la journée, on avait déjà les résultats en Franche-Comté pour les quatre premières questions. Nous avions les résultats des pays du monde qui avaient répondu aux questions avant nous et les résultats de la France. Cela a permis de voir de quelle manière dans le monde entier les citoyens réagissent et se positionnent sur l’intérêt de lutter contre le changement climatique, l’urgence de la situation et la responsabilité partagée.

‘‘ Intervention de Mme Isabelle ROUGIEUX, Chargée de mission Agenda 21 – Conseil régional de Franche-Comté

Je suis du CESER, une structure qui représente la société civile auprès de la région Franche-Comté. Ce qui est bien de dire après Éric et Isabelle, c’est que le débat citoyen n’a jamais été reproduit. Quand on fait un truc organisé, avec méthode, avec des moyens, on arrive à quelque chose qui est intéressant en termes de résultats et de bonheur des participants.Le 6 juin, il faisait très beau et pourtant des personnes qui n’ont pas l’habitude de faire cela étaient là. Ils sont trouvé cela formidable et ont remercié les organisateurs.Il y a eu une conversation avec les participants à Ouagadougou à travers le Skype improbable. Les deux groupes se sont applaudis mutuellement, ce fut un moment fort. Vous pourrez comparer sur le site le résultat des débats sur le site dédié : http://climateandenergy.wwviews.org/lang-fr/resultats.‘‘ Intervention de M. Gérard MAGNIN,

Membre et rapporteur permanent sur l’Énergie, Conseil économique, social et environnemental régional de Franche-Comté

Ce que je vais vous expliquer c’est « qu’est ce que ce débat citoyen ? », et les méthodes de travail pour pouvoir exploiter et comparer les résultats.

Il y a eu plusieurs initiateurs au débat : le Danish Board of Technology, une fondation danoise qui a élaboré une méthode de travail permettant d’interroger, sur un sujet important d’intérêt général, des citoyens profanes et non spécialisés. Il y a déjà eu un débat de ce type sur la biodiversité ainsi qu’un débat national sur la transition énergétique. Donc là, ils ont initié ce projet à l’occasion de la COP21 sur les enjeux du climat. Le débat a été accompagné par un bureau d’étude, Missions publiques et par le Secrétariat de la Convention cadre des Nations Unies.

Les questions étaient entre autres : comment mobiliser les citoyens ? Comment savoir ce qu’ils pensent ?

Le projet a été initié l’an dernier avec un premier appel dans les régions françaises. Progressivement, le cercle a été élargi avec : 75 pays, 96 débats, 10 000 citoyens, 14 régions en France.

La méthode sollicite cent personnes partout dans le monde, tirées au sort avec une représentation démographique de la région ou du pays (jeunes, femmes, personnes âgées). On envoie un livret d’information de quarante-cinq pages sur le climat traduit dans chacune des langues des pays participants. Il a fallu expliquer le livret pour les personnes qui ne savent pas lire.

Le jour J, huit à dix personnes se réunissent par table ronde avec un modérateur. Il y a cinq sessions

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Intervention de M. Gérard MAGNIN, Membre et rapporteur permanent sur l’Énergie, Conseil économique, social et environnemental régional de Franche-Comté

ATELIER 1 - Agriculture et dérèglement climatique : quelles solutions pour l’avenir ?

Ateliers11hLes trois ateliers interactifs ont été enrichis par des contributions d’acteurs associatifs, institutionnels, scientifiques ou d’entreprises. Des exemples de bonnes pratiques et de projets innovants sur les sujets abordés ont été présentés.

Introduction par M. Bernard PERRIN, Administrateur à Afdi BFCQuel est le problème ?

L’agriculture est responsable d’à peu près 25% de la production de gaz à effet de serre. Mais les prairies et les forêts sont aussi puits de carbone, donc source de solution pour lutter contre le réchauffement climatique - paradoxe et potentiel.Toutes les agricultures n’ont pas le même impact sur le climat (industrialisées ou non…).Les pays les plus proches des tropiques subissent le plus les impacts, souvent les plus vulnérables, même s’ils ne sont pas les responsables. Ils doivent donc s’adapter.Nous devons répondre à une demande alimentaire croissante : comment y faire face ? Quel modèles de production mettre en place ici et là bas ? Existent-ils ?

Intervenants :• M. Tanguy LAFARGE –

Chercheur au CIRAD

Son intervention est axée sur la notion d’agriculture climato-intelligente et quelques solutions pour s’adapter au dérèglement climatique.Le secteur des terres (agriculture, sol et forêt) a un potentiel formidable d’atténuation des gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (20 à 60%) :

gestion des forêts, stockage de carbone ; amélioration de la sobriété dans d’autres secteurs (ex : baisse transport).La notion d’agriculture climato-intelligente ressort d’un sommet de la FAO en 2010. Cette notion met en avant un système agricole multi objectifs :

- Nourrir les populations : le droit universel à l’alimentation est au cœur des débats. Nourrir les gens permet de réduire la pauvreté et stabilise les populations (moins de guerre ou de famine).- S’adapter au climat.- Atténuer les modifications de ce climat.

Trois sommets-débats ont eu lieu : en 2011 aux Pays-Bas, en 2013 en Californie, en 2015 à Montpellier. Le quatrième aura lieu en Afrique en 2017.Cette notion va de pair avec le concept d’agroécologie qui considère la production agricole dans un système global et maximise la production en valorisant les associations et la régulation biologique naturelle ainsi qu’en réduisant l’apport d’engrais et de produits phytosanitaires.

Le gouvernement français a lancé l’objectif d’augmentation du stockage du carbone dans les sols de 4/1000 par an.C’est un travail global, multi-acteurs, avec une

Animateur : M. Bernard PERRIN - Agriculteurs Français et Développement International Bourgogne Franche-Comté - Afdi BFC

Rapporteur : M. Pierre MICHAILLARD - Consul honoraire du Burkina Faso à Belfort

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portée plus large de l’agriculture.A côté de ça, il y a un ajustement local : il vaut mieux adapter l’agriculture plutôt que de modifier l’environnement à coups d’intrants dans un lieu donné. Chaque site possède des caractéristiques propres. Il n’y a pas de solution universelle mais des solutions spécifiques. Suite à l’analyse des risques et en fonction des scénarios climatiques prévus localement, il doit y avoir un ajustement annuel (par exemple modifier les variétés semées ou les choix d’irrigation). Exemples d’initiatives / solutions :

- Restauration des terres dégradées (comme le système du Zaï),- Semis sous couvert d’une culture végétale (retenir l’eau, régénérer la fertilité du sol et réduire le labour),- Système de bio-énergie (ex : bio-carburant),- Agroforesterie (arbres au sein des cultures), - Travail sur une baisse de la consommation en eau des rizières, en Asie notamment.

• M. Jérémie BAMBARA – Directeur d’Océane Consult International et partenaire du projet mutualisé Burkina Faso

Des solutions agronomiques peuvent être mises en œuvre pour améliorer la résilience des populations face à une forte dégradation du climat en zone soudano-sahélienne au Burkina Faso. Voici l’expérience d’un projet mené dans deux communes du Burkina Faso avec le soutien de Belfort (Ville et Département), coordonné par le CERCOOP Franche-Comté.Le Burkina Faso est un pays sahélien de 18 millions d’habitants avec trois grandes zones climatiques du Nord au Sud, du plus au moins sec. La répartition des pluies est incertaine d’une année sur l’autre, dans le temps et dans l’espace. Un vrai changement climatique est constaté :

- Diminution drastique de l’apport en pluie par année (passage d’une pluviométrie de 1100 à 1500 mm à des précipitations de 900 à 1100 mm par an),- Diminution du nombre de jours de pluie,- Apparition de phénomène nouveau, comme les inondations, par exemple dans la capitale Ouagadougou,- Baisse de la nappe phréatique, principale source d’eau pour l’agriculture,

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- Avancée du désert.

Le projet a pour objectif de renforcer la capacité de résilience des populations face aux dérèglements climatiques pour garantir au moins une récolte par an. Il vulgarise de nouvelles techniques de production permettant de traverser la sécheresse. Exemples d’actions :

- Promotion de l’agriculture économe en eau, comme le système de goutte à goutte qui permet de réaliser jusqu’à 80% d’économie. Problème : elle coûte un peu cher en investissement,- Renforcement de producteurs pilotes pour promouvoir une agriculture plus productive,- Promotion de l’utilisation systématique du compost, incitation à abandonner les engrais chimiques, - Essai de nouvelles technologies agricoles ; utilisation de cordon pierreux pour freiner la vitesse de l’eau ; végétalisation de la production pour conserver l’humidité et fertilisation des sols ; mécanisation de la production,- Introduction de l’assainissement écologique : récupération de certaines urines et de selles humaines hygiénisés pour les valoriser dans le cadre de la production agricole,- Micro-barrages pour maintenir la nappe phréatique et favoriser les cultures en contre-saison.

• M. Denis-Noël ROUGE – Association Arcanne

Pour une gestion territoriale de l’énergie et une approche plus complexe de l’agroécologie avec une dimension sociale, il faut réfléchir à la notion de « bien-être » subjectif. Parti en 2006 pour une ONG en Afghanistan afin de travailler pour une solution énergétique durable, j’en tire plusieurs résultats. Par exemple, les résultats, impressionnants, vont parfois à contre-sens des solutions institutionnelles qui ne fonctionnent pas.

Il faut mettre les solutions au bon endroit et faire attention à ne pas introduire dans des sociétés des stress qu’elles n’avaient pas. Il faut organiser sur les territoires des solutions positives, qui apportent du bien-être à la population.

Exemple : en Afghanistan, il fallait protéger les pâturages. Quel système introduire pour garder un environnement

serein et fertile ? Il s’avère qu’il est possible de mettre en place des systèmes de don/contre-don locaux plutôt que de la marchandisation (ex : le crédit carbone est inefficace). Ainsi ont été remis en place des pâturages collectifs avec les populations locales et la culture de la pomme de terre avec d’autres légumes a été introduite… Un système de compensation énergétique a été proposé : mise en commun de bien et service, comme la création d’une boulangerie. Les conditions de mise en place de ces projets en Afghanistan ont été difficiles. Le même schéma a été suivi à Madagascar avec une coopérative basée sur le bien-être. Question : comment mettre ça en place concrètement ? Il faut dynamiser le territoire plutôt que d’intervenir de l’extérieur.

La mesure du bien-être montre des résultats surprenants. Par exemple, un typhon n’est pas forcément un évènement traumatique, car il permet de motiver la solidarité. Le problème, c’est quand les événements traumatiques se multiplient et provoquent des ruptures sociales.

Une approche des attentes de développement par la mesure du bien-être qui part du ressenti est-elle subjective ou plus objective que les autres démarches d’appui au développement ?

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ATELIER 1 - QUESTIONS/RÉPONSES

A l’échelle mondiale, l’agriculture est largement industrialisée et aux mains de groupes agro-alimentaires responsables de dérèglements : l’accès à la terre (accaparement ; la déforestation pour la culture de rente ou d’exportation (ex : huile de palme). Peut-on mesurer l’impact de cette agriculture par rapport à l’agriculture familiale et paysanne ?

Tanguy Lafarge : La pression des groupes agro-alimentaires et leurs activités ont un impact négatif, mais il existe peu de chiffres permettant la comparaison. Le CIRAD a étudié et produit un ouvrage en 2014 sur les apports d’une agriculture locale, familiale, durable. C’est aux autorités d’intervenir contre la déforestation. Il faut que les politiques publiques prennent la mesure de ces enjeux, notamment dans les pays du Sud, les plus touchés.

Jérémie Bambara : Il faut aussi lier les questions de gestion agricole (et déforestation) à la croissance démographique : au Burkina Faso, celle-ci est très forte. Ne négligeons pas l’importance de la matière organique ! La valeur du compost est une idée importée d’Europe, qui pose un gros problème pour son transport. Le compostage doit se faire dans les creux des courbes de niveaux du terrain plutôt qu’en tas. Les cultures d’exportation ont un impact négatif sur la démarche d’agroforesterie : une espèce d’acacia (Acacia Albida) résistant à des sécheresses très fortes - qui perd ses feuilles en saison des pluies, reverdit en fin de saison des pluies et produit de la matière organique - est bénéfique pour l’agriculture et l’élevage. Elle a pourtant été systématiquement détruite au Cameroun par les sociétés cotonnières au milieu du XXème siècle. Cet arbre est protégé au Burkina Faso. Il ne peut cependant pas être promu de la même manière en zone humide ou en zone sèche. Le Centre National de Semences Forestières au Burkina Faso a réellement des compétences en matière d’agroforesterie. N’oublions pas non plus la corruption des politiques par les multinationales agro-alimentaires. Les solutions existent parfois, mais la volonté politique n’existe pas toujours. Le lien agriculture/élevage est important car les animaux permettent la traction-animale mais la cohabitation n’est pas forcément simple. Autre point de préoccupation : la cuisine et la déforestation. On brûle tout ce qu’on trouve pour faire chauffer les marmites, y compris les produits de matières organiques. Attention aussi à différencier les problèmes : une culture peut être nocive si elle est produite de manière intensive, et avoir des impacts positifs quand elle est conduite dans le respect de l’environnement (ex : coton et arachide), c’est la manière de produire et de transformer qui compte.

Avec quoi fait-on du compost au Burkina Faso ?

Jérémie Bambara : Avec les résidus des récoltes et les déjections des troupeaux des savanes. Mais il est difficile d’avoir suffisamment d’excréments animaux et il y a un problème de lien entre l’agriculture et l’élevage dans le pays (deux ministères différents au gouvernement). Il existe maintenant une recherche sur les souches de champignons permettant l’amélioration de compost.

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Les variétés sélectionnées sont-elles stériles ? Tanguy Lafarge : Au Burkina Faso, il s’agit de recherche, pas de modification génétique. Les entreprises privées font des OGM et des hybrides dans un objectif de commerce. Le CIRAD travaille sur des variétés locales et sur des hybrides, mais pas dans une logique rentière. Les hybrides ne sont utilisés que si l’apport au rendement est réellement intéressant. Il faut aussi promouvoir une technique de conservation des produits pour pouvoir les consommer toute l’année.Diversité est un mot essentiel : des variétés, des acteurs, des solutions, des contextes…Ut vivas

Face à la réduction des jours de pluies, des agriculteurs produisent de plus en plus les mêmes produits en même temps. Comment diversifier la production ?

Tanguy Lafarge : La question du stockage de l’eau est importante, pour en avoir sur toute la saison. Le CIRAD travaille aussi beaucoup sur la diversification des variétés, et la sélection de celles qui demandent moins d’eau et fleurissent plus vite. Il prend aussi en compte la question de la température : au-dessus de 35°C, le riz fleurit difficilement. Plusieurs solutions sont utilisables :- Échappement : autre variété à floraison courte ou plus tôt dans la journée quand la température est plus fraiche,- Évitement : variété qui va chercher de l’eau plus profond ou qui transpire beaucoup, permettant une diminution de la température,- Tolérance : plante plus résistante, moins exigeante en eau.

C’est grâce aux études menées dans différents pays du monde qu’on peut sélectionner des plantes plus ou moins utiles pour telle ou telle région.

Pourquoi parle-t-on de sécurité et pas de souveraineté alimentaire au Burkina Faso ?

Autre intervenant : Quand on parle de sécurité, on inclut la notion de nourriture de toute la planète.

Tanguy Lafarge : Au CIRAD, la promotion de l’agriculture familiale se fait dans un souci d’alimentation de la population. Si l’agriculteur dépend du marché il y a risque, donc l’agriculture vivrière est

indispensable.

Au Gabon, quand on laisse la nature reprendre ses droits après l’agriculture pendant longtemps, ce ne sont pas les mêmes plantes qui poussent. Y-a-t-il moyen de mettre en place une gestion des terres pour lui laisser la possibilité de reprendre ses droits plus régulièrement ? La régénération est-elle aussi efficace aujourd’hui suite au changement climatique ?

Jérémie Bambara : La rotation des cultures existe pour permettre de ne pas épuiser les sols.

Comment convaincre la population de ne plus aller vers la spéculation qui inonde le marché d’un même produit au même moment, mais vers l’agriculture vivrière ?

Jérémie Bambara : Au Burkina Faso, avec l’incertitude sur l’eau, il faut produire des récoltes pour la vente afin d’éviter d’acheter des céréales trop gourmandes en eau et donc non cultivables.

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ATELIER 2 - Adaptation et dérèglement climatique au Nord et au Sud : pratiques et enjeux

• M. Hatim ISSOUFALY - CCFD Terre solidaire :

Il faut parler des pays du Sud. CCFD Terre Solidaire est une ONG (mouvement social) qui a pour but de mettre en place des partenariats avec les pays du Sud et les pays émergents, là où il y a des inégalités.

Ses actions :- Renforcement des capacités des acteurs.- Mise en place de projets sur le long terme, projets de développement.- Accompagnement des ONG sur place via des outils, des formations.

Si l’on prend l’exemple du typhon, aux Philippines : l’objectif aujourd’hui est de rendre acteurs de leurs causes les personnes vues en victimes. Un fonds d’un milliard de dollars est débloqué pour faire face aux catastrophes naturelles. La somme utilisée répond à la formule R=(VxH)/C - (R : Risque, V : Vulnérabilité, H : Aléas, C : Capacité).

Il existe des outils et des diagnostics qui permettent de mieux mesurer les vulnérabilités des populations et de faire un travail avec elles sur les solutions à apporter après les catastrophes.

Plusieurs actions existent pour renforcer les capacités comme la conservation des ressources.Il est essentiel d’avoir toujours en tête les risques sur le développement des dérèglements climatiques.Une fois le problème identifié, les populations préparées à faire face aux catastrophes ne sont plus concernées car les risques se déplacent.

L’action locale est primordiale dans ce type d’intervention dans la mesure où les populations sont plus impliquées.

Animateur : M. Frédéric SERGENT - Plateforme franc-comtoise de l’Éducation à l’environnement et au développement durable

Rapporteur : M. Gaël BISSOUÉ - Association Internationale pour le Développement Rural en Afrique

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M. Frédéric SERGENT : « Un article du journal Le Monde sur le phénomène El Niño, montre que le dérèglement climatique peut avoir des conséquences défavorables pour les uns et favorables pour d’autres. M. Saint Bartes, ancien spécialiste de cyclone à Météo-France, souligne que certains cyclones ont été très bénéfiques pour les populations car cela a permis de générer du travail dans la zone concernée. »

• Mme Astrid FREY - Cités-Unies FranceÀ Madagascar, la question des densités des populations se pose la plupart de temps. Par conséquent, les interventions ne sont pas les même que dans d’autres zones. Les solutions passent par la mise en place de systèmes d’alerte, l’organisation des évacuations, la préparation et la mise en place de dispositifs. Intervention d’un membre d’une association camerounaise : en Afrique, les politiques ne prennent pas en compte, du moins n’accordent pas suffisamment d’importance, aux problèmes liées aux dérèglements climatiques.

• Mme Sophie GAVOILLE - Agence de l’eau Rhône Méditerranée CorseIl peut y avoir des migrations dues au climat, même en France. Il y a un plan de bassin d’adaptation aux dérèglements climatiques, qui posent les questions suivantes : Pourquoi s’adapter ? Les prévisions sont importantes.Où s’adapter ?

Quatre cartes de vulnérabilité sont effectuées :1. Bilan hydriques des sols, 2. Biodiversité, 3. Disponibilité, 4. Niveau trophique des eaux.

Les différentes zones peuvent être concernées par un problème.Comment s’adapter ? il existe un volet d’amélioration des connaissances, il faut pouvoir suivre les débits d’eau. Trois pistes sont à l’œuvre au niveau opérationnel :

1. Lutter contre le gaspillage sur la partie « économie d’eau ». 2. Retenir l’eau dans les territoires : laisser les eaux s’infiltrer, recharger les nappes.3. Adapter nos rivières : résilience des écosystèmes, amélioration des zones humides.

Quel est le lien entre l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et la Franche-Comté ? Elle apporte des aides considérables aux projets portés dans les sociétés civiles. Les projets liés à l’accès à l’eau potable doivent automatiquement concerner l’assainissement, nécessaire à la préservation des eaux.

• M. Vincent BICHET - Université de Franche-ComtéLe Groenland, présente un grand intérêt pour l’étude des écosystèmes et de l’Arctique. Le processus de réchauffement dans le Nord est considérable et la réduction de la banquise a des conséquences pour les populations. À la chasse et la pêche, les deux activités principales, il faut ajouter l’exploitation des ressources minières.Maintenant, les habitants se lancent dans l’agriculture et s’adaptent au climat (production de pommes de terre et de salade). L’élevage et l’agriculture se développent dans l’écosystème.Mais il y a beaucoup de difficultés : les sols sont pauvres, les terres pas très fertiles, et il y a beaucoup d’interventions extérieures tels que l’usage de produits chimiques.Quels est la réactivité des sols ? Le taux d’érosion des sols est très élevé car l’agriculture est mécanisée et utilise des fertilisants. Les limites écologiques seront rapidement atteintes si les sols continuent d’être travaillés de cette façon.

En voulant s’adapter aux changements climatiques, les populations adoptent une activité et un mode de vie totalement différents de leurs habitudes, qui ne permettent pas la conservation des sols et ne contribuent pas positivement à lutter contre le dérèglement climatique.

ATELIER 2 - DÉBATS

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ATELIER 3 - Les outils financiers, politiques et citoyens pour favoriser la transition énergétique

• Mme Anne VIGNOT – Ville de Besançon

Le mandat est de mettre en place les changements dans la transition énergétique de la Ville de Besançon.La récompense « Gold » a été attribuée à la Ville de Besançon, labellisée Cit’ergie european energy award® gold. Pourtant, les citoyens ont peu de perception de la politique de la Ville de Besançon en matière de maîtrise de l’énergie. D’où la question : dans quelle représentation sommes-nous ?On fonctionne actuellement beaucoup dans la « raison », en mettant des outils à disposition, notamment le logiciel gratuit de contrôle de sa consommation d’énergie et d’eau mais c’est un outil global, non séquentiel.On prend en compte les situations de précarité, avec accompagnement in situ pour voir quelles améliorations économiques peuvent être apportées (par exemple : thermicien) ? Mais c’est peu efficace du fait de ruptures sociales : sur 6000 signalements, il n’y a eu que 100 visites. Ces difficultés sont bien connues des sociologues et anthropologues : dans l’approche des problèmes, il y a 1/3 de rationnel, 2/3 « d’autre chose ».Besançon a voté à l’unanimité une motion d’opposition à l’accord de libre-échange avec les États-Unis (TAFTA).

• M. Gérard MAGNIN – Conseil économique, social et environnemental de Franche-Comté

Il est depuis environ 35 années au service de la « question énergétique » avec la création de Energy Cities.On est dans une révolution technologique : effondrement du coût du photovoltaïque et des énergies renouvelables ; compétitivité croissante du renouvelable, solaire + batterie, par rapport au pétrole ; question du stockage énergétique, notamment pour le Sud.La transition énergétique n’est plus marginale : (exemple avec la centrale solaire dans le désert en Chine). Elle génère sept millions d’emplois.Chacun doit trouver son compte, son intérêt dans ces changements. La question des citoyens repose sur leur participation.

Se pose également la question de la gouvernance : comment donner du pouvoir à la société et non le capter ? Comment ouvrir des espaces de liberté et d’initiative pour devenir les « pionniers ordinaires de la transition énergétique » ? Des municipalités s’engagent au niveau européen avec la convention des maires. • Mme Justine FAUTRELLE – Coalition Climat 21

Il faut aller à l’encontre des idées reçues à propos de l’énergie. Le rapport du Business Climate Sumit met en garde contre des propos fallacieux. Par ailleurs, une carte des projets concrets existe sur le site du Réseau Action Climat.Il faut travailler sur la notion d’énergie partagée et impliquer les citoyens dans la production énergétique en favorisant : la réappropriation locale, la responsabilité, l’efficacité énergétique, les coopératives d’électricité, l’utilisation du photovoltaïque sur bâtiments publics.Concernant le chantage à l’emploi, on peut souligner qu’un million d’emplois ont été créés en Grande-Bretagne grâce à la transition énergétique. D’autres actions sont possibles : la campagne Divest pour le désinvestissement dans les énergies fossiles ; des actions coordonnées avec celles menées contre les accords commerciaux internationaux TAFTA, qui sont une menace pour la transition énergétique. Besançon a voté à l’unanimité une motion la situant « territoire hors-TAFTA ». • M. Serge GRAMMONT – Collectif Alternatiba

Il faut mobiliser l’énergie citoyenne pour une manifestation montrant ce qu’on est en capacité de faire.Alternatiba Besançon rassemble plus de 300 personnes : initiatives personnelles, associatives, territoriales et s’est rapprochée de RECIDEV pour participer aux actions des 17-18 octobre à Besançon. Malgré quelques difficultés, le projet est de créer des villages thématiques où tout le monde peut être acteur.

• Mme Blandine AUBERT – ADEME Franche Comté

L’ADEME intervient en accompagnement de la transition énergétique, mais aussi sur les circuits des matières et les questions de sobriété et de recyclage dans occupation d’espace.Nous sommes dans un moment d’adaptation - les forestiers se demandent quelles essences replanter pour le futur - et de transition où il ne faut pas « baisser les bras ».Les outils sont techniques : méthode, expertise et juridiques avec l’accompagnement de projets. Il est nécessaire de démultiplier les relais. C’est ce qui se passe avec le programme régional « Effilogis » mis en place à l'initiative de la Région Franche-Comté et de la direction régionale Franche-Comté de l'ADEME avec le Crédit agricole, qui communique auprès de ses clients.Au-delà de l’aspect rationnel, il faut valoriser la force du collectif, faire connaître les exemples réussis et donner envie d’être acteur et non pas seulement consommateur : enjeux d’emploi, enjeux de santé.

Animateur : M. Patrick MICHE - SIDEC du Jura Rapporteuse : Mme Isabelle ROUGIEUX- Conseil régional de Franche-Comté

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ATELIER 3 - QUESTIONS/RÉPONSES

Que va être l’après COP21 ?

Gérard Magnin : La COP22 est en préparation, au Maroc avec l’ambition de faire du débat citoyen planétaire un processus plus large.

Qu’est-ce qui se fait maintenant ?

Anne Vignot : De nombreuses questions se posent : la place de la voiture, par rapport aux transports en commun, le ferroutage, les inquiétudes sur des expériences comme la ferme des mille vaches …La ville de Besançon transforme ses moyens de transport mais il y a besoin d’accompagner la population sur les changements de pratique.

Quelle relation entre le politique (réglementation) et les citoyens ? entre le Nord et le Sud ?

Justine Fautrelle : Le Maroc qui copiait le modèle français, change sa politique. Les politiques nationales, chez nous sont celles de grands groupes qui ne répondent pas aux besoins de terrain. D’où les demandes de villages pour être équipés en photovoltaïque. Les mêmes erreurs se reproduisent en Géorgie, sous la pression des grands groupes.

Les actions doivent être menées dans le Sud. Mais les décisions sont prises dans le Nord. Comment faire pression sur les décideurs ?

Gérard Magnin : Il ne faut pas tomber dans la caricature car les questions sont très complexes. Les logiques des acteurs - politiques et citoyens - doivent se mettre en place en conscience. Oïkocrédit a financé l’équipement d’éclairage public solaire, en Inde, en Australie et au Rwanda. A Addis-Abeba, la 3ème Conférence internationale sur le Financement du Développement à Addis-Abeba (Ethiopie) se tiendra du 13 au 16 juillet 2015 et constitue la principale échéance internationale sur ce sujet. On reparle du projet de taxe sur les transactions financières. Il faut réfléchir sur le mot « cohérence ». Nous ne sommes pas totalement cohérents. La COP21, c’est une assemblée générale de copropriété à 196, avec décision à l’unanimité.L’innovation vient des petites structures diversifiées et non des gros systèmes. À l’image de l’utilisation de la téléphonie mobile qui n’a pas été précédée de l’usage d’un téléphone fixe filaire, certains pays pourraient passer directement au modèle de société bas carbone sans énergie fossile. L’encyclique du Pape est une opportunité pour la COP21 et pour la défense de l’écologie.

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M. Pierre MICHAILLARD, Consul Honoraire du Burkina Faso à Belfort

M. Gaël BISSOUE, Président – Association Internationale pour le Développement Rural en Afrique

Mme Isabelle ROUGIEUX, Chargée de mission Agenda 21 – Conseil régional de Franche-Comté

Restitution des ateliers par les rapporteurs-euses14h

L’atelier a présenté une grande diversité de solutions évoquées. Des questions ont été posées à Tanguy Lafarge sur l’agriculture familiale et ont été également évoquées la sécurité et souveraineté alimentaire. Jérémie Bambara a parlé de l’augmentation de la chaleur (on passe de chaud à très très chaud), et a expliqué la méthode appliquée à des parcelles pilotes qui se rapprochent de l’agroécologie. Mais les perspectives ne sont pas très réjouissantes. Denis Noël nous a parlé de ses expériences en Afghanistan et à Madagascar. Il ajoute au principe de l’agroécologie l’approche du « bien être » (moins de stress pour les populations) et l’approche territoriale de l’énergie. Les solutions institutionnelles ne marchent pas, selon lui. Concernant les échanges avec le public, il faudra prendre connaissance du rapport sur l’agriculture dans les pays en développement.

Intervention de Bernard Perrin (animateur de l’atelier)

Je rajoute deux mots. Nous avons senti la passion des participants tout au long des débats, ce fut enrichissant. Par rapport à ce qu’on a vu dans l’atelier, les discussions ont amené à des solutions pratiques techniques mise en œuvre. Simplement, on peut regretter le manque d’intervenants et de questionnements sur ce que, nous au Nord, pouvons faire.

Agriculture et dérèglement climatique : quelles solutions pour l’avenir ? par M. Pierre Michaillard

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1. Hatim Hissoufaly de CCFD Terre Solidaire a parlé de la mission de l’ONG et de la sensibilisation dans les pays qui subissent les catastrophes naturelles tels qu’en Asie.Il faut miser sur la formation, l’information des acteurs locaux, jouer sur les facteurs du risque pour minimiser le risque lors des aléas, d’où l’importance de travailler sur le diagnostic. L’action de plaidoyer auprès des gouvernements est importante pour que plus de moyens soient mis sur cet aspect là.

2. Sophie Gavoille chargée d’étude à l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, nous a présenté la situation sur le bassin Rhône, Méditerranée Corse. L’objectif est de restituer l’étude faite par une commission scientifique. On aura une baisse de précipitation l’été d’ici 2080. Cela nous a interpellés. De plus, il y aura une baisse de l’enneigement de plus de 20%, et cela aura un impact sur la région Rhône-Alpes qui vit du tourisme. Une baisse de température ne sera pas positive pour les sports d’hiver. La solution pour mieux gérer l’eau est avant tout d’améliorer le réseau d’eau et d’effectuer des économies d’eau. De manière générale, il faut que nous soyons conscients de la ressource en eau : collectivités, entreprises pour l’amélioration des réseaux de distribution.

3. Vincent Bichet, chercheur, nous a exposé la situation au Groenland. Son étude montre une communauté qui change ses habitudes dans l’agriculture, cela a un impact sur le réchauffement, sur l’augmentation de la température, sur l’érosion.

En conclusion, il faut que les populations prennent conscience des changements climatiques et s’adaptent pour ne pas prendre de mauvaises habitudes.

Échange avec le public

Au sujet de l’économie de l’eau en France, qui se passe de la douche quotidienne dans cette salle ?

On avait abordé aussi dans l’intervention de l’Agence de l’eau Rhône, Méditerranée Corse l’importance de restaurer les ressources en eau, d’imperméabiliser les sols, par le biais de la végétation, les arbres, etc. L’idée est aussi de récupérer l’eau de pluie (arrosage, toilettes). Sur la consommation d’énergie, elle peut être réduite au niveau local avec des programmes aidant à faire des travaux d’isolation, mais aussi avec des actions individuelles : le stop, le covoiturage, etc. Pour faire le parallèle avec Groenland et les pays du Sud : l’agriculture est une vitrine. Avec la présentation de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, on répare les erreurs qu’on a faites, on essaie de retenir l’eau. Les présentations montrent qu’on a fait un peu m’importe quoi et qu’on a du mal à réparer nos erreurs.

Adaptation et dérèglement climatique au Nord et au Sud : pratiques et enjeux par M. Gael Bissoué

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L’atelier a démarré avec une question philosophique : l’adaptation est-t-elle une force de renoncement ? Anne Vignot a montré comment l’évolution des comportements repose sur autre chose que sur la raison. Les projets rationnels pour l’économie d’eau dans une maison, le transport en commun ne suffisent pas. Il est important de mettre en place d’autres facteurs pour qu’il y ait des signes de changements de manière de vivre. Il faut tenir par la main les projets et les citoyens pour qu’ils changent de comportement.Gérard Magnin a mis en en avant les avancées technologiques en cours et à venir : des solutions qui ne sont pas encore connues, des changements d’échelles mondiales, des changements de paradigmes (ex : tel portable). Même chose pour les énergies renouvelables qui reposent sur de nouveaux acteurs : ils ne sont pas des experts mais des géniaux inventeurs qui développent des solutions plus adaptées. Il met l’accent sur des initiatives citoyennes qui se désengagent des mutuelles, qui investissent de l’argent dans des projets de charbon/pétrole et non dans des projets d’énergie renouvelable. Il conclut par « Ras le bol des paroles, vive les engagements ! ».Justine Fautrelle a mis l’accent sur la transition énergétique, facteur de création d’emplois : les syndicats anglais mettent en place une sensibilisation sur la transition énergétique qui pourrait créer 1 million d’emplois. Même chose au Pays Basque (le volet économique est important).La transition ne peut fonctionner que si tout le monde y trouve un intérêt.Serge Grammont, d’Alternatiba, a avancé que les idées sur la transition énergique passent par une forme festive. En octobre, se tiendra une forme de participation citoyenne festive, née au Pays Basque. Elle est un autre aspect de la transition, différente de la réglementation contraignante. C’est une incitation pour les populations. Blandine Aubert de l’ADEME (structure acteur de la transition énergétique en France) pense que les porteurs de projets doivent être accompagnés

du début à la fin car la transition est complexe. Il faut démultiplier à tous les acteurs : c’est le cas avec le Crédit Agricole, partenaire de la Région et de l’ADEME pour la rénovation énergétique des logements. Cette banque a d’autres actions moins vertueuses mais elle permet de parler de transition énergétique à tous les niveaux, idée qu’il faut valoriser comme on valorise le portable ou la jolie voiture. Les échanges ont porté sur l’aspect temporel de la transition énergétique et sur la COP21 avec 195 politiques réunis. Il faut espérer qu’on arrive à une solution partagée. Une solution est aussi micro locale dans la mesure où les projets descendants sont souvent inadaptés à la réalité locale. Il faut revenir sur les outils financiers (taxation carbone et outils financiers plus souples tels le crowdfunding et le microcrédit). Au final, on fait le constat que personne n’est complètement cohérent. Enfin, le discours du pape a marqué les esprits concernant la COP21.

Échange avec le public

Quand on parle de transition, on a une responsabilité. Quand il s’agit de faire un effort, on s’adresse surtout aux populations et pourtant les entreprises sont en première ligne. Il faut soutenir les initiatives locales mais il ne faut pas oublier qu’il y a des responsables, notamment les multinationales qui vendent l’énergie à bas prix, et les gouvernements, d’où l’importance d’avoir des actions de mobilisation et de plaidoyer. En vue de la COP21, les multinationales et les entreprises doivent faire face à leurs responsabilités et s’occuper du financement de la transition.

Des actions de communication sont à promouvoir pour favoriser le changement de comportement (en Afrique par exemple, des gens brûlent des sachets plastiques). Le politique influe sur des grandes décisions mais le changement doit se faire au niveau de chaque citoyen.

Les outils financiers, politiques et citoyens pour favoriser la transition énergétique par Mme Isabelle Rougieux

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Mme Astrid FREY, Chargée de mission – Cités Unies France

Mme Justine FAUTRELLE, Chargée de mission appui à la coordination – Coalition climat 21

M. Tanguy LAFARGE, Chercheur, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – CIRAD

Conclusion des échanges

‘‘ Mme Astrid FREY, Chargée de mission – Cités Unies France

Une chose m’a marquée : le dynamisme de la journée qui semble exister entre les acteurs et cela fait plaisir. En quelques mots de synthèse, le dérèglement climatique nous concerne tous. C’est peut être un peu trivial, mais dans l’atelier 2, des exemples montrent comment le changement impacte notre environnement direct en France ou dans les pays touchés par les catastrophes, ou comme au Groenland. Le mot « vulnérabilité » est quelque chose de partager, c’est la vulnérabilité des territoires et c’est à nous de voir quels choix nous faisons et comment nous nous y adaptons, quelles mesures nous pouvons prendre ? Il est important d’être humble et apprendre de nos erreurs si nous voulons trouver des solutions ensemble.

Nous avons entendu beaucoup de choses sur les leviers possibles. Il est beaucoup question d’initiatives citoyennes, qui doivent partir de la base, au niveau local et ne pas venir d’en haut pour être appliquées de manière uniforme. Le changement climatique est un phénomène mouvant et sur un sujet aussi délicat, il faut être flexible et souple, intellectuellement aussi bien que sa manière de travailler. La solidarité internationale et la coopération permettent de travailler autour des enjeux partagés, d’expérimenter et de trouver des solutions ensemble. Dans l’atelier 2, ce n’était pas forcément ce qui était mis en avant, mais peu importe je dirais, c’est un exercice intellectuel très pratique pour la plupart d’entre vous qui êtes impliqués

dans des actions de solidarité internationale. Bien sûr, il y a aussi les axes de plaidoyer et de sensibilisation dont il a été question. Ce matin, je n’ai pas eu le temps de parler d’une ressource que nous avons développée à Cités-Unies France sur l’action internationale des collectivités françaises face au changement climatique. C’est un document pédagogique qui parle du processus de négociations, de la place des collectivités dans cet ensemble et d’exemples très pratiques d’actions des collectivités territoriales dans leur coopération décentralisée pour réagir à ces dérèglements climatiques.

‘‘

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Hatim, tu m’embêtes parce que je vais répéter ce que tu as dit. C’est complexe comme sujet et ce n’est pas nécessairement le plus beau rôle que de conclure mais on a entendu parler énormément des solutions au local. Et je crois que, vraiment, la compréhension du changement climatique passe par le local avec un problème global. Alors, forcément, sur les solutions et sur les acteurs impliqués, c’est très complexe. On revient à cette question d’impliquer tous les acteurs à tous les niveaux. Mais toujours dans un état d’esprit de penser au bien commun et au respect du plus grand nombre, en fait c’est surtout ça le problème. Oui, le changement climatique, de par sa souveraineté et les actions politiques à mettre directement en place peut être une opportunité. Mais cela peut également accroître les inégalités de manière encore plus grande qu’elles ne l’ont été jusqu’à maintenant. Enfin, si on est tous là à travailler sur des projets de solidarité internationale de transition, etc., c’est parce qu’on est quand même arrivé à se rendre compte que le système de développement dans lequel on était engagé n’était pas durable. Face à ce constat, tous les acteurs doivent se mobiliser pour trouver des solutions. Donc voilà certains mouvements, notamment Alternatiba, qui parlent de changement systémique, changement systémique qui est possible avec la contribution de chacun et toujours au profit du plus grand nombre. Pour rebondir sur la responsabilité des populations locales, je pense que la clé est l’éducation. Encore une fois, l’éducation c’est aussi un rôle politique. Pour conclure, je pense que rapprocher le changement climatique du niveau local permet à un plus grand nombre de s’approprier cette thématique-là : ce n’est pas simplement fermer son robinet et puis acheter au producteur du coin, c’est aussi de voir comment on peut vivre de manière plus solidaire et plus durable à l’échelle de sa ville, de sa région et ceci dans tous les pays du monde. J’attire aussi l’attention sur le rôle des multinationales et de leur rapport prédateur

avec l’environnement qui nous a conduits aujourd’hui à des catastrophes écologiques sans précédent. L’important est de ne pas lâcher prise sur toutes ces dynamiques locales tout en gardant un ancrage, être attentif à ce que les politiques proposent. Car si les citoyens ont les solutions, les politiques peuvent faire énormément de mal aux initiatives prises localement : il ne s’agit pas simplement de les montrer mais de dire aux décideurs que ces solutions-là doivent être appliquées à une

grande échelle.

Donc voilà, je peux simplement vous inviter à nous rejoindre en décembre à Paris et partout d’ailleurs. Les mobilisations sont décentralisées parce qu’il faut faire entendre nos voix de citoyens partout en France et dans toutes les villes du monde, montrer les initiatives citoyennes, rejoindre les mouvements et les collectifs qui existent déjà, et s’impliquer dans cette grande mobilisation en vue de la COP21. ‘‘ Mme Justine FAUTRELLE,

Chargée de mission appui à la coordination – Coalition climat 21

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‘‘ M. Tanguy LAFARGE, Chercheur, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – CIRAD

Effectivement, ce n’est pas facile de conclure une riche journée comme celle-là, qui traite de beaucoup d’informations et d’expériences. Ma première conclusion, c’est qu’on mange bien en Franche-Comté, je me suis régalé à midi, hier soir, j’ai vraiment eu plaisir à venir et donc je remercie encore le CERCOOP Franche-Comté d’avoir organisé cette journée et d’avoir invité le CIRAD. J’ai aussi été très surpris des interventions de chacun, à son propre niveau, avec sa propre expertise. Je vois que c’est très riche et je ne pensais pas qu’en Franche-Comté il y avait une mobilisation aussi forte et aussi importante. C’est vraiment réconfortant d’entendre tout cela et les mouvements qui vont dans ce sens. Ce que je voulais dire notamment, c’est la nécessité de remettre en valeur le mot diversité dans toutes ces approches, dans les solutions. Il n’y a pas de solution universelle, les solutions seront locales, elles dépendent localement de l’environnement, des gens qui la compose, des consommateurs, donc c‘est important. La diversité, elle est aussi dans les cultures. Il faut savoir changer de cultures, passer d’un culture à une autre, changer de variétés, avoir des variétés mieux adaptées, changer de variété d’un année sur l’autre pour assurer la fertilité des sols et une meilleure gestion des risques. Qui dit risque dit aussi plusieurs options, diversité des acteurs : moi, je suis chercheur mais il faut travailler avec l’ensemble des personnes avec lesquelles on interagit et d’abord dans le domaine de la recherche : éthique,

économie, sciences humaines et sociales et les acteurs tels que les agriculteurs, les ONG, les politique, les décideurs, les citoyens. Tout cela fait partie de la diversité et je pense que c’est vraiment important de mettre en valeur la diversité des solutions. Ce matin, Alex posait la question d’adaptation et décroissance. En fait je crois que c’est croissance autrement, ce n’est pas décroissance. Quelque chose d’intéressant est l’exemple du téléphone cité par un des rapporteurs : les agriculteurs ont maintenant des téléphones mobiles et, pour mieux conduire leurs cultures ils peuvent recevoir des alertes sur les prévisions climatiques, la sécheresse, les fortes températures. Ils peuvent alors réagir en amont avant un impact négatif sur leurs cultures. Un autre exemple, vous avez peut être entendu parler du « big data » et nous chercheurs, gérons énormément de données climatiques très importantes sur les plantes. On va comparer des plantes en les faisant pousser dans différents lieux, on les étudie pour voir comment elles se comportent et en tirer les caractères qui nous intéressent. Pour cela, il faut gérer des stocks de données génétiques très importantes et très fournies. Heureusement, les moyens informatiques sont mis à notre disposition. Grâce à cela, on fait des modèles informatiques, des modèles prévisionnels. Les climatologues travaillent sur le climat, nous on travaille sur les modèles de rendement, de production. C’est essentiel pour apporter des solutions à l’ensemble des personnes qui peuvent les utiliser, et c’est aussi

une forme de croissance mais une croissance autrement qui prend en compte un ensemble de paramètres importants.Pour revenir sur l’Europe, et sur la France, nous sommes moins confrontés que le Sud aux problèmes de dérèglement climatique mais il est intéressant de voir la prise de conscience à notre niveau. Nous parlions tout à l’heure de récupération d’eau de pluie. Je sais, pour avoir vécu en Australie, que dans toutes les fermes, on récupère l’eau de pluie pour les toilettes, pour l’irrigation, pour se laver les mains. En Europe, on ne vit qu’avec de l’eau potable, on tire la chasse avec de l’eau potable. Dans d’autres pays, les gens ont agi sous la contrainte et s’ils n’ont pas beaucoup d’eau, ils ont été obligés d’utiliser l’eau de récupération. C’est donc vrai que, souvent, on bouge sous la contrainte. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce qui est ici une source d’espoir, c’est que la prise de conscience ne se fait pas directement sous la contrainte. M. Durand, vous en parliez ce matin avec les migrants, si on arrive à avoir des solutions, on va sans doute contribuer à la stabilité politique, à la sécurité alimentaire de tous ces pays et donc forcément diminuer toutes ces sources de tension qu’on observe aujourd’hui. Et donc je pense que là, la prise de conscience est évidente.

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M. Tanguy LAFARGE, Chercheur, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – CIRAD

ÉCHANGES AVEC LE PUBLIC

Réaction 1 : Je voulais aller dans le sens de la communication de M. Lafarge, sur le fait que la communication est un élément clé. J’ai l’impression qu’on est tous d’accord ici mais il faut que le message sorte d’ici et transpire très largement au-delà des gens motivés, des militants, des gens qui y croient. La communication, la sensibilisation, doivent être adaptées au public ; ce qu’on dit à des jeunes, à des écoliers, à des enfants n’est pas forcément pareil que ce qu’on dit à des adultes ou à des seniors. Il faut adapter en tenant compte de tous les critères (environnement, économique, économies de ressources, économie financière car on est sensible à ce qui sort de la poche). La communication, la sensibilisation passent par des médias, est-ce qu’il faut aller voir la radio, la télé, les journaux pour essayer de leur faire passer des communiqués pour que ça rentre ? Je laisse ce soin à des organisations bien plus compétentes dans ce domaine. Mais il ne faut pas le négliger. Enfin, dernier point sur l’agriculture. Il faut travailler avec les organisations et favoriser l’émergence d’organisations, de paysans tels qu’Afdi. Il faut avoir des interlocuteurs qui ont du poids pour vendre, pour définir une vraie politique agricole, qui ne soient pas dépendantes des multinationales pour donner du fric aux dirigeants des pays du Sud. Ainsi, on pourra aller dans le sens de l’agriculture paysanne et permettre aux gens de rester sur place. Le jour où les enfants quittent le milieu rural parce que cela ne les intéresse pas, parce qu’il n’y pas grand-chose à bouffer à cause du climat et qu’ils vont gonfler les bidonvilles des villes autour, celles-ci ne vont pas s’arranger. Donc, faisons en sorte d’accompagner l’agriculture qui valorise le paysan et d’avoir en face des interlocuteurs qui ont un poids, et ça, ce n’est pas gagné.

M. Frédéric Sergent : On parle d’éducation. Mais informer ne suffit pas. Comprendre est important, comprendre mais cela ne suffit pas non plus. On a parlé de réduire les impacts sur les populations, de jouer sur la vulnérabilité, c’est très bien mais ça ne suffit pas non plus. Donc quand on arrive à l’action, encore une fois, on est coincé par ce qui se passe, par pas mal d’évènements sur la planète liés à notre mode de vie. Il faut des mesures contraignantes. Il faut des taxes. Il faut accompagner les populations, accompagner les changements qu’on revendique, la transition énergétique, écologique en parallèle avec l’éducation. L’éducation, ce sont aussi des moyens aussi en amont. Des moyens techniques ça existe, oui on peut faire des choses, des maisons BBC (bâtiment basse consommation) mais il y aussi des endroits où les maisons BBC ne sont pas bien utilisés parce que les personnes ne sont pas formées alors finalement cela ne marche pas. Donc éduquer oui, mais attention à accompagner vers un changement.

Réaction 2 : Je suis tout à fait d’accord pour la diversité, il est nécessaire de la développer : inter collectivités, interentreprises pour les économies d’énergies, dans l’éducation, dans l’apprentissage, avec des organismes comme le CERCOOP Franche-Comté. Il faut investir dans les nouvelles technologies. Il faut mettre en avant le partenariat public-privé. Et enfin, le monde de l’entreprise n’est pas insensible et peut apporter de multiples solutions.

M. Florian Coutal : J’entends la responsabilité du gouvernement, la responsabilité des États, mais on est dans une situation dangereuse pour l’avenir, dangereuse pour nous tous. Alors dépassons ces clivages gouvernement, associations, Nord, Sud et engageons nous tous dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Réaction 3 : On a beaucoup parlé ce matin du dérèglement climatique par rapport aux émissions de gaz à effet de serre. Mais à Besançon, par exemple, on promeut les transports propres tels que le tram mais il ne faut pas oublier que le tram fonctionne avec de l’énergie nucléaire. On n’a pas du tout abordé ce problème parce que ça c’est un défi pour l’avenir, à mon avis. Que va-t-on faire des déchets ? Les nouvelles technologies et toutes les données informatiques qui sont stockées à travers le monde dévorent une grande quantité d’énergie. Est-ce vrai ?

M. Eric Durand : Oui, c’est sûr que c’est un des postes de consommation. Le cloud et le big data sont de très grands consommateurs d’énergie. Mais à côté de ça, des recherches sont faites avec l’éparpillement des big datas non plus dans des centres mais chez les particuliers qui permettraient de stocker des données dans vos ordinateurs. Après, il y a des grands groupes qui ont mis en place des captations de la chaleur pour chauffer des campus mais cela reste énorme. Envoyer un mail consomme de l’énergie. L’ADEME avait fait un dossier là-dessus, ce que coûte l’envoi d’un mail en consommation d’énergie. Toutefois je ne remets par en cause l’effet positif d’Internet mais il faut admettre ce côté-là.

Réaction 4 : Tous dans le même bateau, on tirera dans le même sens, je crois qu’il faut que cela se traduise par des actes. Je cite l’État français qui par l’intermédiaire de l’Agence Française de Développement, a un outil financier : Proparco . Dans certains pays du Sud, Proparco est l’allié des multinationales qui font de gros dégâts avec le pétrole au Congo, l’huile de palme au Cameroun, donc il faut mettre les actes en adéquation avec les discours. Le monde politique ne le fait pas assez de ce point de vue là.

M. Frédéric Sergent : Je voulais juste vous gâcher votre journée en vous parlant d’un concept qui s’appelle le cycle du carbone. Le cycle du carbone c’est 50 ans, avec ce que vous avez craché ce matin en énergie, il y en a pour 50 ans pour retrouver l’état initial de ce matin.

Réaction 5 : Plus on est nombreux, plus on consomme. Attention au nucléaire, il faut en sortir lentement. Il faut des énergies renouvelables qui se stockent tels que le bois, l’eau dans des barrages. Il faut faire le mix de tout cela. Il faut promouvoir les panneaux solaires thermiques et les énergies éoliennes. Je suis au Crédit Agricole qui finance des projets sur le territoire « le livret comtois ». C’est la seule banque qui a son siège dans la région.

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Animation par Alex COLIN Jeu de position

Les participants se lèvent. On imagine deux grands axes dans la salle. Les gens se positionnent individuellement dans cet espace :

« Si pour vous le dérèglement climatique est une opportunité pour la société, vous vous avancez.Si au contraire vous pensez que c’est une menace, vous vous mettez au fond de la salle.

Est-ce que vous vous sentez en capacité d’agir sur le plan personnel face au dérèglement climatique, à gauche ou à droite de la salle ? »

Réactions des participant-e-s

Réaction 1 - Menace mais pas capable d’agir -

[ La personne ne sait pas trop ] « Personnellement j’essaie d’agir à mon niveau mais je me sens petite face aux décisions prises par les États et les multinationales. Les petits cailloux que je mets me semblent trop petits face au rocher. Le défi est trop grand. »

Réaction 2 - Menace mais capable d’agir -

« À notre petit niveau on fait des choses, on agit. »

Réaction 3 - Opportunité pour la société -

« Je me sens capable d’agir et de trouver des alternatives par rapport à ce qu’on a. »

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VIDEO de Mme Annick GIRARDIN, Secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie

Enjeux de la conférence PARIS CLIMAT 201515h45

‘‘ Mme Annick GIRARDIN,Secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie

Mesdames et messieurs, chers amis, j’aurais voulu être présente aujourd’hui à vos côtés, pour cette Journée régionale d’échanges sur le lien entre dérèglement climatique et développement. Malheureusement, mon agenda ne me le permettait pas mais j’ai tenu à saisir cette occasion de m’adresser à vous, à travers cette vidéo. Je tiens tout d’abord à féliciter le CERCOOP et Eric Durand, son Président, à l’initiative de ce thème mobilisateur. La participation de la société civile est l’un des grands enjeux de la conférence PARIS CLIMAT 2015. A l’image des réseaux régionaux multi-acteurs dont le CERCCOP est représentant en Franche-Comté, l’implication de tous les acteurs : ONG, entreprises, et élu-e-s des territoires, est indispensable pour réussir la conférence. Mais aussi, bien sûr, pour atteindre notre objectif : un accord international universel et ambitieux pour rester en dessous de 2°C. Cet accord est urgent. J’étais le mois dernier, au Sahel et en Afrique de l’Ouest notamment au Burkina Faso. Là-bas j’ai croisé de nombreux témoins du dérèglement climatique qui me disaient : « le changement climatique, je l’ai vu de mes propres yeux, je le vis au quotidien ». Ils vous racontent les pluies, qui se font rares, puis qui d’un coup, inondent tout. Ils vous racontent les combats qu’ils mènent quotidiennement pour protéger les cultures de la sécheresse et ainsi nourrir leur famille.

Ces conséquences du dérèglement climatique sur l’agri-culture sont peut-être moins spectaculaires que quand les catastrophes naturelles frappent durement les Philippines ou le Vanuatu, mais elles n’en sont pas moins violentes et tout

aussi meurtrières malheureusement. Les chiffres les études, les scénarios ont de quoi effrayer : un monde de plus de 4°C, c’est un monde qui annulerait en Afrique, tous les progrès faits depuis 40 ans dans la lutte contre la mortalité infantile, justement parce que la terre ne pourra plus nous nourrir. Pouvons-nous l’accepter ? Le dérèglement climatique est un poison pour le développement et le seul antidote à ce poison est notre mobilisation à tous, au Sud comme au Nord. Et je tiens d’ailleurs à féliciter le CERCOOP d’avoir appuyé ce débat citoyen sur le climat et l’énergie à la fois en Franche-Comté et au Burkina Faso, organisé par l’agence CORADE dont on vous a présenté les résultats aujourd’hui. Ce débat citoyen, il est important. Ces négociations sur le climat, elles sont longues, elles sont compliquées, parfois incompréhensibles aux yeux du grand public mais elles n’en sont pas moins essentielles. Pour les petits pays, pour les « sans-voix » du climat, l’ONU reste la seule tribune où ils peuvent se faire entendre. Les citoyens ont aussi l’occasion de se faire entendre. Cette mobilisation pour le climat doit se faire dans la réciprocité, du Nord et du Sud, et ça pour 2 raisons : premièrement parce que le climat est un enjeu de développement, mais aussi un enjeu de géopolitique.

C’est un enjeu pour la paix du Sud comme du Nord, d’ailleurs, mais c’est aussi un enjeu de justice, d’équité, car ce sont les plus pauvres qui sont touchés par le dérèglement climatique. C’est pourquoi je veux lier, la lutte contre le dérèglement climatique et la lutte contre la pauvreté. Alors que 2015 voit aussi, en septembre à New York, la redéfinition des objectifs

de développement durable, les ODD, notre volonté, je le dis souvent, c’est de construire un monde à zéro carbone, et zéro pauvreté. Deuxièmement parce que nous avons besoin aussi de solutions concrètes : du Nord comme du Sud. Paris ne doit pas, ne peut pas n’être qu’une négociation dans des salles de réunions, ce doit être un mouvement d’ensemble de toute la société : des ONG, des collectivités, des entreprises… C’est ce que nous appelons : l’Agenda des Solutions. Un Agenda des Solutions qui va reprendre les bonnes idées de tous. Les réseaux régionaux multi-acteurs, ce sont les bons forums pour construire ces solutions, parce qu’ils rassemblent et permettent d’agir ensemble.

Cet Agenda des Solutions, il doit être concret et permettre de changer la vie de nos concitoyens. Je pense par exemple à l’accès à l’énergie. L’Afrique a un potentiel immense et pourrait devenir le continent leader mondial des énergies renouvelables. Paris doit donc servir cet objectif et vous pouvez compter sur la France, sur le gouvernement, sur notre diplomatie pour mobiliser les partenaires des pays industrialisés, à cette fin. Je voulais vous porter ce message à la fois de solidarité envers les plus pauvres, pourtant les premières victimes du dérèglement climatique mais aussi de responsabilité parce que chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, au Nord comme au Sud : États, entreprises, collectivités et citoyens.

Je vous remercie !

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Mme Solange JOLY, Adjointe au Maire chargée de l’action internationale – Ville de Besançon

M. Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

Clôture16h30

‘‘ Mme Solange JOLY,Adjointe au Maire chargée de l’action internationale – Ville de Besançon

‘‘ M. Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

Je ne vais pas faire un discours, vous avez beaucoup de choses en tête, merci à tous d’être venus. On a été très heureux de vous accueillir à cette journée à Besançon. Ces travaux ont été riches par les conclusions et les liens entre vous. Je souhaite que ces

journées se prolongent et qu’il y en ait une 7ème et 8ème, et j’espère qu’à la 7ème on pourra dire qu’il y a des évolutions, il y a des choses qui vont pas bien, mais c’est bien de dire « ça y est, on a gagné ». Les choses positives font qu’on peut continuer,

les actions individuelles ou celles des associations sont très importantes. Je remercie les associations car sans elles, on ne ferait pas grand-chose.

Moi, je vais remercier beaucoup de gens, les participants tout d’abord. Un questionnaire d’évaluation vous sera adressé par courriel après la Journée, les actes seront réalisés et ils seront en ligne plus tard. On scannera les dessins et les photos pour que vous puissiez les avoir. Vous avez la liste des participants avec leurs contacts pour poursuivre les échanges. Je remercie les intervenant-e-s, les rapporteurs-euses, les animateurs, ils ont joué leur rôle parfaitement avec des techniques et des approches différentes. Les restitutions étaient très intéressantes. Je remercie chaleureusement la Plateforme Franc-Comtoise d’Éducation à l’environnement et au développement durable, notamment M. Frédéric Sergent, car on établit un rapprochement de coopération entre le CERCOOP Franche-Comté et cette Plateforme plus tournée vers l’éducation au développement durable. On travaille maintenant sur le développement et la coopération. On le fait déjà à travers le dispositif des Tandems

solidaires avec les collèges sur ces deux notions là et avec les Conseils départementaux. Et enfin, je remercie Ousmane Syll et toute l’équipe du CERCOOP Franche-Comté : Vanessa Campan qui n’est pas là aujourd’hui mais qui a travaillé sur le projet jusqu’en mai ; Diana Prudhomme tout nouvellement recrutée ; Marie-Lucile Grillot jeune volontaire en service civique, elle fait partie de l’engagement des jeunes et Florence Kohtz, l’une des chevilles ouvrières. L’équipe a beaucoup œuvré pour organiser cette journée et je salue son implication au quotidien. Je remercie la Ville de Besançon et je précise à M. Lafarge que la nourriture était essentiellement franc-comtoise car nous avons fait appel à une entreprise de circuit court.Je reviens sur ce qu’il disait tout à l’heure, c’est toujours intéressant de faire venir des gens d’ailleurs, on le fait à chaque Journée régionale. Ils apportent leur regard sur notre activité et

notre façon de travailler en Franche-Comté et en miroir de ce que sont les actions du territoire au quotidien. Ce que vous avez dit m’a fait plaisir car vous venez d’une structure installée à Montpellier et connue dans le monde du développement et de l’agriculture. Votre regard est important et me conforte dans l’action du CERCOOP Franche-Comté et dans son accompagnement des acteurs en région. Ce qui m’a plu aussi, est le niveau élevé des interventions. Je n’ai pas l’’impression que nous étions pris de pessimisme et de lassitude, cette prise de conscience citoyenne nous donne envie de lutter contre les effets du dérèglement climatique. Pour revenir à la citation que j’ai faite ce matin de Martin Luther King, j’ai l’impression que nous avons tous déjà planté un pommier ou nous sommes en train de le faire. Merci à Alex pour son animation aujourd’hui, n’hésitez pas à faire appel à lui. Merci à toutes et tous et à bientôt.

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Mme Solange JOLY,Adjointe au Maire chargée de l’action internationale – Ville de Besançon

M. Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté, Conseiller régional

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Facilitation graphique des échanges par Aline ROLLIN

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Le CERCOOP Franche-Comté, association loi 1901, est un réseau régional multi-acteurs (RRMA) de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale. Il est animé par des structures interconnectées : collectivités territoriales, associations de solidarité internationale, établissements scolaires ou universitaires, organismes consulaires, entreprises, organisations jeunesse...

Il s’agit également d’un lieu d’appui-conseil, d’échange, de concertation et de coordination, favorisant la circulation et la mutualisation des pratiques, dans un esprit de service public. C’est aussi un lieu d’accueil pour tout porteur de projets de coopération au développement, ouvert aux citoyens et aux citoyennes.

Le CERCOOP F-C est une structure régionale (RRMA) comme il en existe dans la majorité des régions françaises, soutenues par le Mini-stère des Affaires étrangères. Il est dirigé par un conseil d’administration issu des collectivités, des associations, des institutions et d’autres acteurs qui définissent ses objectifs, et d’un équipe de permanents, de volontaires, de professionnels des structures membres au service de leur mise en oeuvre.

Son objectif : améliorer la qualité des projets de coopération décentralisée et de solidarité internationale des franc-comtois-ses, tout en favorisant des synergies entre acteurs.

Le CERCOOP F-C

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