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Du même auteur - fnac-static.comdeux secrétaires-dactylographes, trois mécaniciens-chauffeurs, deux maçons, un menuisier. Au total, treize jeunes gens et dix-huit jeunes filles

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    Du même auteur :

    Aux Editions C.L.E. (Yaoundé)

    Genèse et Gestion d’une Décadence chez Achebe et Marquez, essai, 2007.

    Aux Editions L’Harmattan (Paris)

    Le Jeu du Songo. Reflet du social, essai, 2008. La Structure symbolique dans L’Aventure

    ambiguë et Le Monde s’effondre. Essai de critique discursive, 2008.

    Chef de département à l’université de Ngaoundéré. Témoignage, 2012.

    Aux Editions Le Manuscrit (Paris)

    La Deuxième mi-temps, roman, 2007. Le Nègre du Quai Jacoutot, roman, 2007. Un Mariage mort-né, roman, 2007. Un Sauvage à Strasbourg, roman, 2007. Un Métier difficile, roman, 2007. Un Plaisant Ghetto, roman, 2007. Sandélé, le jeune homme nu, roman, 2007.

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    A la mémoire de mon très cher père et ami, OBAM EBO’O Enoch alias Nsissiñ-Ayañ, et de mon petit-fils Giresse, précocement arraché à la vie le 13 juin 2012, à l’âge de deux ans et demi.

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    Sommaire

    1 – Une vie bien remplie ....................................... 7

    2 – Le nom de mon père ........................................ 13

    3 – Les derniers jours de papa ............................... 23

    4 – Le compte à rebours ........................................ 37

    5 – L’envol de l’Epervier Obam-bulu ................... 57

    6 – La dernière demeure ........................................ 77

    7 – Les interrogations ............................................ 91

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    1 Une vie bien remplie

    Je ne peux cacher mon émotion d’écrire, deux semaines seulement après le décès de mon père, ce récit relatif aux derniers jours de sa vie.

    Je me sens d’autant plus concerné que je suis, comme mes nombreux frères et sœurs, comme mes nombreuses mères et comme tous les amis et connaissances qui ont connu Obam Ebo’o Enoch alias Nsissiñ-Ayañ de son vivant, profondément consterné.

    Seul le devoir m’impose, en cet instant solennel, d’utiliser un vocabulaire macabre qu’en d’autres temps et en d’autres circonstances je n’aurais pas utilisé, en essayant de montrer que cet homme qui venait d’être inhumé, que cet homme qui, de son vivant, avait tant fait parler de lui, est bel et bien mort le 1er novembre 1987 aux premières heures de l’aube, au Service de Réanimation de l’Hôpital central de Yaoundé, à l’âge de 72 ans, de suite d’un tétanos iatrogène.

    Six médecins, peu après son admission au Service d’Accueil, le 31 octobre 1987, l’avaient examiné.

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    Malgré les soins intensifs qui lui avaient été administrés et en dépit du dévouement des praticiens, la mort, awu, fut la plus forte.

    Si nous tous, veuves, enfants et amis durement éprouvés, avons le droit et le devoir de le pleurer, nous avons surtout l’obligation morale de le faire en responsables.

    Mourir n’est rien, quand on a eu de l’ambition. Et mon père en a eu toute sa vie pour devenir, selon l’expression consacrée, Nkukuma, c’est-à-dire un haut dignitaire dans le groupement Yemfek.

    Né le 25 août 1915 de parents modestes et, de surcroît fils unique, Obam Ebo’o Enoch, dans sa prime jeunesse, a voulu fonder une famille. Pour ce faire, il lui fallait épouser beaucoup de jeunes femmes dans l’optique d’avoir beaucoup d’enfants qui allaient, plus tard, occuper cet espace vide laissé en friche par ses aïeux, espace qu’il a su si courageusement mettre en valeur par la création des plantations de cacaoyers. Au total, nous en dénombrons trois : à Abang, à Nkolmeye’elane et au village même.

    Que ce soit à Elom-Yemfek, son village natal, ou à Sangmelima-Ville, mon père a exploité, de façon rationnelle, ses immenses domaines par la construction, en matériaux définitifs, de huit maisons à usage d’habitation.

    Côté véhicules légers et camions, le parking de mon père en comptait vingt-deux. A cela, il faut ajouter une Lada Break neuve, que je lui ai offerte le 3 novembre 1983, à mon retour d’Europe. Pour moi, il était inconcevable que mon cher papa, dans sa

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    retraite méritée, allât à pied, après trente quatre années de loyaux services à la nation camerounaise.

    Deux principales activités, en plus des travaux des champs, ont véritablement marqué sa vie d’adolescent. D’abord, son insertion dans la fonction publique camerounaise à une époque très avancée (sa première prise de service date du 28 avril 1938, comme Moniteur Officiel). Il fera valoir ses droits à la retraite le 31 décembre 1972, à l’âge de 57 ans. Et pendant 25 ans, il a été président actif, et sans discontinuer, du Comité de Base de l’Union camerounaise (U.C), de l’Union nationale camerounaise (U.N.C) et du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (R.D.P.C) d’Elom-Yemfek.

    Trois distinctions honorifiques devaient, comme tout bon vieux nègre serviable, combler la vie de papa. Car il fut successivement décoré des médailles du Mérite Camerounais de 3è Classe, le 15 janvier 1960, du Mérite Camerounais de 2è Classe, le 16 septembre 1967 et du Chevalier de l’Ordre de la Valeur, le 8 janvier 1971.

    S’agissant de ses rapports avec autrui, Obam Ebo’o Enoch, grâce à son charisme, a su nouer des amitiés fructueuses et non sectaires avec ses semblables, sans distinction des classes sociales. C’est ainsi qu’il a connu des chefs d’Etats comme le Président Léon Mba du Gabon, qui le reçut pendant plus d’un mois à Libreville, en 1960, en tant qu’onoñ-mone-yemfek et, plus proche de nous, le Président Paul Biya. A ces illustres personnages s’ajoutent plusieurs membres du gouvernement, des préfets comme Koungou Edima Ferdinand, Philippe Menye-Me-Mve, Félix Sabal Lecco ou du très redouté

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    Bissène… des sous-préfets, administrateurs municipaux et hauts dignitaires de notre pays.

    Saint-Exupéry ne disait-il pas que la grandeur d’un homme, d’un métier, c’est peut-être avant tout d’unir les hommes, c’est-à-dire de les rassembler ?

    Une idée-force que mon père a défendue toute sa vie, pour unir, d’abord, les membres de notre famille, avant de jouer au conseiller ailleurs. C’est là le bel exemple du type de relations qu’il a entretenues avec ses semblables, à tous les niveaux.

    Mais que reste-t-il de l’homme aujourd’hui disparu ?

    Au moment où il nous quitte, papa Obam Ebo’o Enoch laisse 21 veuves, 117 enfants vivants sur un total de 186, 103 petits-fils et un arrière-petit-fils.

    Ce modeste Moniteur Officiel, titulaire du Certificat de Fin d’Etudes Primaires Elémentaires (C.F.E.P.E), a laissé à la nation camerounaise 14 enfants et 2 petits-fils en activité professionnelle. A ce jour, la famille Obam Ebo’o Enoch compte un docteur d’Etat ès lettres et sciences humaines – professeur d’Université –, un professeur des lycées et collèges, un ingénieur d’Aviation, un technicien supérieur du Génie civil, sept gendarmes et militaires, deux secrétaires-dactylographes, trois mécaniciens-chauffeurs, deux maçons, un menuisier. Au total, treize jeunes gens et dix-huit jeunes filles sont mariés…

    Un aspect souvent occulté de la vie du regretté Obam Ebo’o Enoch mérite d’être souligné. En effet, cet homme qu’on qualifiait de riche, cet homme qui, toute sa vie, a voulu restituer à l’aumône toute sa valeur chrétienne, cet homme, je puis vous l’assurer,