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D'UN GROS PARISIS ATTRIBUÉ A SAINT LOUIS PAR UN AUTEUR DU XVI e SIÈCLE Author(s): L. Douët-d'Arcq Source: Revue Archéologique, 15e Année, No. 2 (OCTOBRE 1858 A MARS 1859), pp. 541-550 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41742589 . Accessed: 19/05/2014 06:30 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.101 on Mon, 19 May 2014 06:30:03 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

D'UN GROS PARISIS ATTRIBUÉ A SAINT LOUIS PAR UN AUTEUR DU XVIeSIÈCLE

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D'UN GROS PARISIS ATTRIBUÉ A SAINT LOUIS PAR UN AUTEUR DU XVI e SIÈCLEAuthor(s): L. Douët-d'ArcqSource: Revue Archéologique, 15e Année, No. 2 (OCTOBRE 1858 A MARS 1859), pp. 541-550Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41742589 .

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D'UN GROS PARISIS

ATTRIBUÉ À SAINT LOUIS PAR UN AUTEUR OU XVIe SIÈCLE.

Saint Louis a-t-il fait fabriquer des Gros parisis? Telle est la pe- tite question d'histoire numismatique que nous allons traiter ici , à l'aide d'un opuscule, que nous croyons peu connu, et où l'auteur, contrairement à l'opinion reçue, se prononce hautement pour l'affir- mative; car, ni Leblanc ni ceux qui l'ont suivi, n'admettent l'exis- tence de Gros parisis antérieurs à Philippe de Valois, et , de plus, nous devons reconnaître, après l'avoir vérifié par nous-même, qu'il ne s'en trouve , ni dans le Musée monétaire de l'administra- tion des monnaies, ni au Gabinet des Antiques de la Bibliothèque impériale. Ce sont déjà là de fortes présomptions contre l'existence de Gros parisis du temps de saint Louis. Examinons pourtant s'il n'y a pas moyen de passer outre , et pour cela commençons par faire connaître l'opuscule en question.

C'est un très-mince in-8° de trois feuilles d'impression seulement, dont voici le titre : Discours et interprétation de la monnaye tournois et parisis du temps du roy S. Louis, avec leur pourtraict, poids et valeur , par François Garrault, sieur des Gordes, conseiller du roy et général en sa Cour des monnoyes. Paris, 1586. Observons d'abord que notre auteur n'en était pas là à son coup d'essai, car, déjà en 1576, il avait fait paraître ses Recherches des monnoyes, poix, etc. (1), petit ou- vrage qu'il reprit et perfectionna en 1595, sous le titre de Mémoires et Recueil des nombres, poids, mesures, etc. : deux ouvrages, ou dou- ble ouvrage, si on l'aime mieux, qui contiennent bien des choses curieuses, et qui témoignent chez l'auteur de connaissances tout à fait spéciales. Par le titre du dernier de ces deux livres on voit, qu'en 1595, il avait cessé d'appartenir à la Cour des monnaies et qu'il était alors trésorier de France et général des finances en Champagne, fonctions plus importantes, et qui montrent qu'on avait rendu justice à ses talents. Nous l'avons trouvé, en 1574, figurant sur un rôle des officiers de la Cour des monnaies, rôle qui. nous donnerons en appendice. Le 1" juillet de cette année 1574, il

(1) Voir le litre complet à l'appendice- XV <lo

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542 REVUE ARCHÉOLOGIQUS. se rendit avec sa Cour, à Vincennes, pour la cérémonie de jeter l'eau bénite sur le corps du roi Charles IX (1). En 1576, nous trouvons un Claude Garrault, conseiller du roi et trésorier de l'Épargne, qui doit avoir été son frère. Quoi qu'il en soit de la biographie de notre François Garrault, nous ne nous préoccuperons ici que de son traité de la monnaie tournois.

Il commence par rendre compte au lisant de la circonstance qui l'a amené à le composer. « 11 y a un an, dit-il, qu'estant au pays de Rethelois par commission du Roy, et à la requeste de très-haults et très-puissants prince et princesse messeigneur et dame Ludovico Gonzaga et Henriette de Clèves, duc et duchesse de Nivernois et Rethelois, prince et princesse de Mantoue, pour la réduction des poids et mesures du pays à poids et mesures roiales, telles qu'on en use en la ville de Paris. Au chasteau de la Cassine-le-Duc (2), je vey entre les mains dudit seigneur duc aucuns gros tournois et pa- risis d'argent du temps du roy S. Louys, desquels il est fait men- tion en plusieurs Ordonnances de la police, sans spécifier leur qua- lité : et toutesfois très-nécessaire d'être cogneus. Ce qui me donna argument de rechercher ce qui estoit de telle monnoye : et en ayant recouvert aucunes, et considéré leur volume, poids et valeur, et le tout conféré avec ce que j'en pouvois avoir appris, par la lecture de plusieurs livres et registres, j'ay dressé ce petit traicté, non comme officier de la Cour des Monnoyes, mais comme font tous autres qui mettent quelque chose en lumière, plus pour le service du public, qu'espérance d'aucune gloire ou renommée : priant un chacun le recevoir de bonne part. »

Ce petit livre traite de deux points curieux : d'abord de la diffé- rence qu'il y a entre la monnaie tournois et la monnaie parisis, ensuite de la découverte d'un gros parisis portant le nom de Ludo- vicus, et qu'il attribue à saint Louis. Après quelques considérations préliminaires, l'auteur entre ainsi en matière : « Il ne sera pas aussi hors de propos de rechercher l'origine de ces mots tournois et parisis , et la cause de leurs différences : pour telles monnoyes es- tre chacun jour en usage : à sçavoir la monnoye tournois réaument qui est la courante, qui intervient ès ventes et achapts : et l'autre imaginairement, qui consiste en prix et estimation, de laquelle on use ès taxes des actes judiciaires, comme lettres de chancelleries, amendes, taxes de despens et autres. 1

(1) Reg. T de la Cour des monnaies, fol. 1 v*. Ci) Près Mézières.

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d'un gros PARIS1S. 543 « Qui en demanderait la raison à ceux qui en usent le plus, ils

respondront pour toute chose , que par un long usage et de tout temps il a esté practiqué d'en user en ceste manière, et estimer la monnoye Parisis une ciiiquiesme partie davantage que la monnoye Tournois, à sçavoir en proportion sesquiquatre, comme de douze à quinze.

œ Ceste matière n'ayant esté traictée d'aucuns, mais comme dé- laissée et mise du tout en oubly, elle est difficile à esclaircir. » Main- tenant, voici comment il tente de le faire :

Il établit d'abord qu'il y a eu anciennement en France deux sortes de monnaies : celle du roi et celle des barons; que nos rois ont toujours fait frapper leurs monnaies dans leurs palais, et que comme ils faisaient leur principale résidence à Paris, leur monnaie en prit le nom de monnaie parisis. Quant à l'origine de la monnaie tour- nois, voici ce qu'il en dit : « Les Appanagers, Prélats et Barons de- voient faire battre leurs monnoyes sur le pied de celle du roy, les- quelles, néantmoins n'estoient tant estimées, et valoient moins d'une cinquiesme partie, tant par droict de prérogative que le Roy doit avoir, comme aussi pour attirer toutes les matières en ses monnoyes, et faire valoir le revenu, qui est un des premiers et plus anciens domaines de la Couronne : ainsi qu'il se voit par plusieurs ordonnances anciennes, faites sur le règlement et émolument des monnoyes. Les grands seigneurs qui se sentoient forts, ne vouloient porter ceste perte, et s'efforçoient faire valoir leurs monnoyes à l'équipollent de celles du Roy. Qui fut cause de grandes jalousies et différends : comme il se lit de plusieurs, advenuz entre les Rois de France et les Ducs d'Aquitaine, Bretagne, Évesques de Tournay, Am- brun et autres, pour la fabrication de leurs monnoyes. Mais les pe- tits Prélats et Barons, qui estoient contraincts ployçr et obéir à l'ordonnance , par ceste perte d'une cinquiesme partie sur leurs monnoyes, estoient retenuz d'en fabriquer de matière précieuse et fine : et se contenaient d'en faire battre de noire pour accommoder leurs subgects.

« Aux terres baillées en appanage retournant à la Couronne selon les loix de la France, les Rois ne vouloient octroyer pareils droicts qu'à celles du domaine inséparable : et observoient toujours ceste différence de monnoye moindre de pris d'une cinquiesme partie. Et Tours estant des premières terres séparables et d'appannage de ce temps, et en laquelle telle fabrication fut introduite, ceste mon- noye fut dite Tournois. » Quoi qu'il en soit de cette explication, qui laisse à désirer, on voit que l'auteur entend que la monnaie desba-

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rons, bien qu'égale en valeur à celle du roi, n'était cependant reçue qu'en perdant un cinquième de sa valeur, ce qui lui donnait un rapport analogue à celui qui existe entre la monnaie tournois et la monnaie parisis, rapport qui est celui de quatre à cinq. Au reste, il ne fixe rien sur le temps où a commencé cette manière de compter en tournois et en parisis. Boisard est plus hardi. « La monoye Parisis, dit-il, fut ainsi appellée sous Philippe 1er, à cause qu'elle portoit le nom de Paris, où elle était fabriquée, et on appeloit monoye Tournois celle qui étoit fabriquée à Tours. La distinction de ces Monoyes pa- risis et tournois commença sous le même Roy (1) : de sorte que la pa- risis étoit plus forte d'un quart que la tournois, c'est-à-dire que 4 sols parisis valoient 5 sols tournois (2). »

Les gros tournois et les gros parisis ont, les uns et les autres, un cordon de fleurs de lis. Seulement celui des gros tournois se compose de douze fleurs de lis, et celui des gros parisis de quinze. C'est un fait que Garrault a soin de faire remarquer, et dont il se sert pour donner un moyen facile et ingénieux de se souvenir de la proportion existante entre les deux manières de compter. Voici ses expressions : « L'analogie et proportion (de douze à quinze) de la monnoye Tournois à la monnoye Parisis est très-cer- taine selon le commun vsage : et laquelle se peut discerner tant par la conférence du poids des gros Tournois et gros Parisis d'argent du temps dudit saint Loys, que par le nombre des fleurs de lis es- tant autour d'iceux, n'y en ayant que douze au gros Tournois, et quinze au gros Parisis (3). » Certes, il est curieux de voir ainsi le

(1) Effectivement, on trouve dans une charte de Philippe Ier, de l'an 1060, la mention de deniers parisis ( Cartul blanc , t. Ier, p. 27). C'est aussi à partir de ce règne qu'il est fait mention du poids de marc. (2) Boisard, Traité des momoyes , t. I, p. 9. Le rapport de la livre tournois à la

livre parisis étant celui de 4 à 5, il s'ensuit que pour convertir une somme de tour- nois en parisis , il faut ajouter aux tournois un quart, et, au contraire, retran- cher d'une somme de parisis le cinquième pour les convertir en tournois. (3) Il ajoute î « 11 y a bien une autre espèce de gros tournois d'argent du temps dudit Roy S. Loys, qui ont treize fleurs de liz : que aucuns gardent superstitieuse-

ment pour préservatif contre la fièvre, qui est une espèce plustot de plaisir que de monnoye : comme on pourra vérifier par les autres gros Tournois d'argent , forgez sur le pied de la monnoye de S. Loys, par les Rois successeurs. » Le gros tournois de S. Louis , que donne Leblanc ( Traité des monnoyes , p. 186), a précisément ce nombre de treize fleurs de lys. C'est qu'en effet cette pièce a certainement existé. Nous en avons trouvé la preuve dans un manuscrit de la seconde moitié du XVIe siècle , relatif aux monnaies. Ce manuscrit donne les dessins de l'un et l'autre gros tournois, celui à douze fleurs de lys et celui à treize, au-dessous d'un article ainsi conçu : a Gtos tournois d'argent fin , ayans les ungs au hault

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d'ün gros parisis. 545

moyen âge s'approcher jusqu'à un certain point des combinaisons savantes de notre système métrique (1).

Suivant sa promesse, notre auteur donne en finissant le pourtrait ou dessin du gros tournois et du gros parisis dont il a parlé. Voici le passage in extenso :

« La malice du temps nous ayant privé de l'usage desdits gros Tournois et Parisis d'argent, lesquels ne se trouvent qu'avec peine et difficulté : en aiant recouvert aucuns des plus entiers qui se puis- sent voir, je les av fait pourtraire et tailler en leur volume et gran- deur, fait faire poids, essay et avaluation, à raison de la monnoie qui se bat à présent ès monnoyes du Roy : sur le pied de six escuz, un tiers le marc d'argent le Roy, et représentez en ce lieu pour servir à la postérité. »

POURTRAITS.

Gros Tournois d'argent.

Ici, la figure (voy. pl. 346, n° 1) et au-dessous l'explication sui- vante : « Gros Tournois d'argent forgez du temps du Roy S. Loys, au pourtrait cy-dessus, de soixante pièce au marc, revenans à la pièce à trois deniers quatre grains, forts de quatre cinquiesmes de grain. Et de loy à vnze deniers douze grains fin, au remede de deux grains : valient au fin 6 s. 4 den. Et avec traicte, à raison des quarts d'escu d'argent, reviennent à 6 s. 7 den. vn cinquiesme de denier pièce.

Gros Parisis ďargent (voy. pl. 346, n° 2).

« Gros Parisis ďargent forgez du temps du Roy S. Loys au pour- trait ci-dessus, de quarante-huict piece au marc, revenans à la

cercle du costé de la pilie XIII fleurs de lis, les autres XII seullement, de III d. de poix pièce, au feur de LXUII pièces de taille au marc; ayans cours pour XII. d. pièce. » Immédiatement après, sous le dessin des pièces, on lit ce curieux pas- sage. a Et est à nolter que le caractère de l'ouvraige susd. desd. gros tournois d'argent à XIII fleurs de lis pleust et fleust agréable aud. Sr Roy, lequel en feist forger aulcune quantité d'or de poix de II d. XVI grains chascune pièce. Laquelle ouvrage il dédia seullement pour son aulmosne aux pauvres, ausquels souvent il lavoit les pieds par humilité. Et ne fut jamais inventée lesd. pièce d'or pour aultre cause que dessus , et non pour monnoye uzuelle et publicque. »

(1) C'est ainsi, par exemple, que quatre pièces de 5 fr. font le poids d'un hecto- gramme, et que vingt pièces d'un franc ajoutées à vingt autres pièces de deux francs, donnent la longueur du mètre.

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piece à quatre deniers de poids : et de loy comme les precedens, valient à raison du fin 7. s. 11 den. tourn. Et à raison de la traicte que dessus reviennent à 8. s. 2 den. quatre cinquiesmes de denier piece. »

C'est ici que finit notre opuscule. Il ne nous reste plus mainte- nant, pour terminer cet article , qu'à résumer les raisons pour ou contre l'existence de gros parisis du temps de saint Louis. Les raisons pour sont celles-ci : voici un général de la cour des mon- naies , homme assurément bien spécial , tant par sa profession que par les livres qu'il a publiés ; cet homme est commis par le roi à une opération des plus délicates et qui implique la plus grande confiance dans celui auquel on la confie , celle de régulariser les poids et mesures d'un pays; en s'acquittant de sa commission, il trouve dans un château célèbre , aucuns gros Tournois et Parisis d'argent du temps du Roy S. Louys, il les examine, les étudie avec soin, les fait dessiner exactement et les donne au public. N'y a-t-il pas là toutes les garanties suffisantes , et ne pouvons-nous pas dire en toute sûreté de conscience, qu'un tel homme n'a pas pu vouloir nous tromper? Sans doute, mais lui, n'a-t-il pas pu se tromper? Examinons ce dernier point. Il nous donne un gros parisis portant le nom de Ludovicus, et nous dit que c'est un gros parisis de saint Louis, et jusqu'à preuve du contraire, nous sommes bien tenté de le croire. Que l'on compare attentivement ce gros parisis qu'il nous donne (pl. 346, n° 2) avec celui de Philippe de Valois du musée de la Monnaie (pl. 346, n° 3), et l'on verra qu'ils sont absolument sem- blables, sauf la différence des noms, le premier portant Lodovicus et le second Philippus. Cette ressemblance parfaite entre un gros pari- sis de Philippe de Valois et un gros parisis de saint Louis n'aurait au reste rien de bien surprenant, puisqu'on sait que Philippe de Valois, amené à cela par les réclamations de tous ses sujets, s'est appliqué à imiter la monnaie de saint Louis. D'un autre côté il faut bien reconnaître qu'aucun texte, aucun monument ne vient à l'ap- pui de la découverte de notre auteur. Cependant ce ne serait pas là une raison suffisante de la rejeter. De ce qu'aucun de nos musées n'a de gros parisis de S. Louis, s'ensuit-il nécessairement que Gar- rault n'a pu en voir en 1576 au château de la Cassine? Le silence des textes est bien plus embarrassant. Or, aucun texte ne fait men- tion de gros parisis de saint Louis. Cela n'empêche pas que le dessin de Garrault ne conserve à nos yeux toute son authenticité; et en cela nous sommes heureux de pouvoir nous appuyer sur l'autorité du savant conservateur du cabinet des médailles. M. Lenormant,

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D'UN CEOS PARISIS. 547

qu'il nous permette de le citer ici, ne doute pas de l'authenticité du dessin de la pièce, mais il l'attribue à Louis X et non pas à saint Louis. Nous n'avons pas besoin de dire que nous nous rattachons complè- tement à son opinion , qui d'ailleurs simplifie d'autant la question sous le rapport archéologique, puisque la ressemblance des deux monnaies est plus acceptable dans la période ainsi raccourcie de Phi- lippe de Valois à Louis X. Soit! notre digne Garrault se sera trompé en attribuant à saint Louis un gros tournois de Louis le Hutin. Mais il n'en aura pas moins, à nos yeux, et sans doute à ceux du public, le mérite d'avoir fait une découverte curieuse. Car, qu'on le remarque bien, pour Louis le Hutin, pas plus que pour S. Louis, on ne trouvera de gros parisis, ni dans les textes, ni dans les musées. Or, comme nous avons ici un gros parisis tout à fait semblable à celui de Philippe de Valois, et certainement aussi antérieur à ce prince, et portant le nom de Ludovicus, il faut bien, qu'à défaut de saint Louis, ce soit un gros parisis de Louis le Hutin, c'est-à-dire, dans l'un comme dans l'autre cas, une pièce rare et restée jusqu'à présent inconnue.

L. Douët-d'Arcq.

APPENDICE.

I

Confirmation des Officiers de la Cocr des Monnaies.

Du 8 octobre 1574.

Roolle des présidens, conseillers généraulx et autres officiers de la court des monnoies.

François du Lyon, premier président; Claude Fauchet, second.

Généraulx.

Germain Longuet, Claude de Reins, Hilaire Dam , Symon de Cresse, Guillaume de Moulins, Pierre Möns , Claude Montperlier, Loys Quatrehommes , Nicolas Favyer, François Garrault,

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548 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Claude Lefebure, Jacques Colas, Nicolas Rolland , Pierre d'Argillières , Guillaume Baudry, Nicolas Hac , Jehan de Riberolles , Laurens Benoist. Pierre des Jardins,

Gens du Roy. M" Servais Mesmyn, advocat;

Denys Godefroy, procureur général.

Greffier. Jacques Bobusse, greffier.

Receveurs généraux des boestes. Paul de Labarre , Estienne Dumesmes.

Jehan Trudaine, essaieur général. Claude de Héry, tailleur général. Jacques Morel , receveur des exploits et amendes. Germain Pillon , controlleur des effigies du Roy( 1).

Huissiers. Pierre Yillepeau, premier huissier, François Ballet, Charles Jamet, Pierre le Roulx, Nicolas Besnard.

{Reg. T de la Cour des Monnaies, fol. 83.)

II.

Ouvrages de François Garradlt.

Comme ces petits traités sont rares, nous avons cru utile d'en donner ici les titres exacts, en en conservant rigoureusement l'orthographe et la ponctuation.

Io Les recherches des monnoyes, poix et manière de nombrer, des premières et plus renommees nations du monde : depuis l'esta-

nt C'est le fameux sculpteur.

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d'un gros parisis. 549

blissement de la police humaine jusques à présent. Réduicles et rapportées aux monnoyes, poix, et maniere de nombrer des Fran- çois. Avec une facille instruction pour partir et diviser vu entier en plusieurs parties , et réduire plusieurs parties en vn entier : à l'imi- tation de l'As Romain.

Livres trois.

Par François Garrault, sieur des Gorges, conseiller du Roy et gé- néral en sa Cour des monnoyes.

Au tres Chrestien Roy de France et de Pologne, Henry troisiesme du nom

A Paris

Chez Martin le jeune, rue Sainct Jean de Latran à l'enseigne du Serpent. 1576.

Avec privilege du Roy.

C'est un in-8 de 128 pages, précédées de huit feuillets en tête, non numérotés. Au verso du premier feuillet dont le recio contient le titre qu'on vient de transcrire, se trouve une gravure fur bois , donnant les armes de la famille de l'auteur. C'est un arbre desséché, entouré d'un lierre, et portant au pied un écu chargé d'un lion rampant sur champ semé d'étoiles. Aux branches de l'arbre se voyent : à dextre, un écu chargé de trois têtes de lion arrachées 2 et ' , et accompagnées en abîme d'une étoile; à senestre, autre écu chargé d'un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un demi-vol. Au bas la devise Amicitiapost mortem.

2° Discours et interpretation de la monnoye Tournois et Parisis du temps du Roy S. Loys, avec leur pourlraict, poids et valeur.

Par François Garrault, sieur des Gorges, Conseiller du Roy et gé- néral en sa Cour des monnoyes.

A Paris.

Pour lavefue Nicolas Roffec, Libraire, demeurant sur le pont Sainct Michel à la Rose blanche

1586

Par permission du Roy.

C'est le petit in-8 de 24 pages dont il a été question dans cet article.

3° Mémoires et recueil des nombres, poids, mesures et monnoyes anciennes et modernes des nations plus renommees, rapport et

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550 REVOE ARCHÉOLOGIQUE.

conference des vnes aux autres : avec vne reduction aux Royales de la France , qui sont en usage en la ville de Paris.

Par François Garrault, sieur des Gorges, Conseiller du Roy, Thré- sorier de France , et Général des finances en Champagne , et cy- devant Général en la Cour des monnoyes

A Paris

Chez Jamet Mettayer, et Pierre L'Huillier, Imprimeurs et Libraires ordinaires du Roy.

M. D. XCV

C'est un in-8 de quarante feuillets numérotés de 1 à 40 , non compris quatre feuillets en tête, non numérotés.

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