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D’une seule caresse - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782290126004.pdf · en train de faire le pied de grue derrière les bar-rières entourant Union Square –

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D’une seule caresse

Du même auteur aux Éditions J’ai lu

LES SULLIVAN

1 –  La passion dans tes yeuxNO  10422

2 –  Une nuit et puis…NO  10702

3 –  Comme une évidenceNO  10871

4 –  Toi, et toi seuleNO  10919

5 –  Si tu m’appartenaisNO  11286

6 –  Elle m’a envoûtéNO  11291

Bella

ANDRELES SULLIVAN –  7

D’une seule caresseTraduit de l’anglais (États- Unis)

par Arnold Petit

Titre original COME A LITTLE BIT CLOSER

© Bella Andre, 2015

Pour la traduction française© Éditions J’ai lu, 2017

Depuis le début de la série des Sullivan, je rêve d’écrire l’histoire de Smith, star de l’écran en apparence intouchable mais qui n’en demeure pas moins un frère et un fils aimant. La question demeurait  : qu’allait- il advenir de cet homme le jour où il tomberait amoureux, lui qui jusqu’ici a littéralement volé la vedette aux autres person-nages à chacune de ses apparitions ? Et surtout, avec toutes les caméras et tous les journalistes qui font son quotidien, comment pourrait- il avoir une vie de couple « normale » ?

J’ai passé un moment absolument délicieux en compagnie de Smith et de Valentina. Car un homme aussi imposant que Smith aura toujours besoin d’une femme au caractère bien trempé. J’ai hâte que vous découvriez cette belle – et sexy – histoire d’amour.

J’aimerais également en profiter pour vous remer-cier toutes pour votre fidélité envers mes livres, vous qui comme moi êtes tombées amoureuses des Sullivan. Je ne saurais vous dire combien cela représente à mes yeux ! Merci d’avoir fait passer le mot autour de vous, à vos familles et à vos amies ; merci également pour vos e- mails, tweets, partages

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Facebook et Goodreads qui ont rendu mon travail sur le livre suivant bien plus doux.

Je suis impatiente de recevoir vos avis sur cette histoire –  en particulier concernant une scène… Mais je ne vais pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

Bonne lecture,Bella Andre

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Comme Smith Sullivan aimait ses fans ! Et ils le lui rendaient bien. Grâce à eux, à leur soutien sans faille depuis le début de sa carrière, sa filmo-graphie complète avait atteint les deux milliards de dollars de recette au box- office international. Sans eux, Smith ne serait pas à San Francisco, en train de tourner le film le plus important de toute sa carrière.

Aussi, bien qu’il eût une multitude de choses importantes à régler avant de débuter les pre-mières prises de vues du jour, Smith prit le temps de se rendre auprès des quelques admiratrices en train de faire le pied de grue derrière les bar-rières entourant Union Square – lieu de tournage des scènes à venir. Ses groupies formaient un ensemble hétéroclite : des mamans accompagnées de leurs enfants en bas âge, mais aussi de nom-breuses jeunes femmes célibataires.

— Bonjour à toutes, déclara- t-il, tout sourire, tandis que la foule se pressait davantage pour l’approcher.

Il n’en fallait jamais plus pour s’attirer une poi-gnée de main ou les faveurs d’une jeune femme. L’une d’entre elles, très attirante, fourra un mor-ceau de papier dans sa main tendue, avec son nom

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et son numéro de téléphone. Malgré l’humidité et le brouillard, elle ne portait guère plus qu’une minijupe et un décolleté plongeant.

— Je suis tout excitée à l’idée de découvrir votre nouveau film, Smith, minauda- t-elle, caressant son bras de haut en bas, comme s’il était un vieil ami.

— Merci beaucoup. Et vous êtes… ?— Britanny, précisa- t-elle.— Eh bien, Britanny, j’ai hâte que vous le

découvriez aussi, conclut- il avec un sourire char-meur.

— Je suis si impatiente, lâcha- t-elle d’une voix suave. Et je tiens à ce que vous sachiez que je suis disponible durant tout le tournage si vous souhaitez en parler. (Elle se lécha les lèvres.) Ou pour toute autre chose que vous souhaiteriez.

Les propositions de ce genre fusèrent de toute part. « J’ai vu tous vos films, Smith. » Ou « Vous êtes mon acteur favori ! ». Tant et si bien qu’à la fin de la séance d’autographes, le comédien se retrouva la main pleine de numéros de téléphone en tout genre. Smith se prêtait à ce manège depuis bientôt quinze ans et s’il avait eu la vingtaine, il n’aurait pas hésité à choisir une jeune femme parmi la foule et à profiter de sa compagnie pour la nuit – et plus si affinités.

Mais l’acteur avait aujourd’hui trente- six ans et ces belles années de folie étaient loin derrière lui. Il n’en pouvait plus de s’éveiller chaque matin auprès d’une fille dont il se rappelait à peine le nom, quelqu’un qui n’avait aucun humour ou dont il ne rencontrerait jamais la famille. Tout le contraire de ses frères et sœurs qui, au fil des mois, étaient tombés amoureux les uns après les autres. Certains avaient même des enfants !

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Chaque semaine, une nouvelle photo d’Emma, sa petite nièce, venait orner son fond d’écran de portable. Bientôt, ce serait au tour de Sophie, sa sœur, d’accoucher de jumeaux. Smith avait hâte de pouvoir prendre ce beau petit tableau familial en photo !

Mais bien qu’il ait assisté aux miracles de l’amour véritable, Smith avait du mal à briser le cercle de son existence de star. Force était de constater que, sans groupie pour réchauffer son lit, l’acteur était un homme bien seul.

De ville en ville, d’hôtel en hôtel, de pays en pays, loin de sa famille et de ses amis, Smith pas-sait son temps entouré de gens soit intéressés, soit trop occupés à le vénérer pour remarquer sa solitude.

Bien sûr, la solitude, ça se trompe et n’importe laquelle de ses groupies pourrait l’aider, mais il savait très bien ce qu’elles voulaient  : sortir avec une célébrité. Le temps passait inexorablement et Smith en était venu à se demander si un jour une femme pourrait s’intéresser à lui en tant qu’homme et non en tant qu’acteur.

Car derrière les apparences Smith demeurait un homme –  beau, séduisant, et avec un amour dévorant pour toutes les femmes. Quelques nuits torrides ne signifient rien mais au final, pourquoi s’en priver ? Il avait toujours eu un faible pour les femmes.

Une en particulier  : Valentina Landon. Cette dernière passa à côté de lui tandis qu’il signait ses derniers autographes à une basse- cour de fans.

— Valentina ? appela- t-il, dans l’espoir de la retenir.

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Vêtue d’un long manteau de laine la protégeant du froid, la jeune femme arqua un sourcil circons-pect devant ce spectacle navrant.

— Oui ? fit- elle d’un air hostile et froid.— Est- ce que vous et Tatiana avez besoin de

quoi que ce soit avant qu’on tourne ?— Nous avons tout ce qu’il nous faut, merci,

répondit- elle sèchement. Et vous ? Besoin de quelque chose ? (Elle consulta sa montre.) Les prises de vues débutent dans une heure…

— Tenez- moi juste au courant si vous ou votre sœur avez besoin de quoi que ce soit.

Valentina opina du chef, son expression légè-rement adoucie.

— Nous n’y manquerons pas, lui assura- t-elle.Puis son regard s’attarda sur la main du comé-

dien enserrant une pleine poignée de numéros de téléphone. La jeune femme prit un air écœuré.

Elle fit volte- face et s’éloigna, les lèvres pincées. Même habitée par la colère, Valentina restait belle à en mourir.

Après d’ultimes remerciements pour ses fans, Smith se rendit à la caravane qui lui faisait office de bureau personnel. Sans y regarder à deux fois, il balança les numéros de téléphone sur son bureau, prit son script, son ordinateur portable, et se rendit sur le plateau. À peine assis sur la chaise du stand maquillage, l’acteur sentit son portable vibrer dans sa poche, l’informant d’un souci d’éclairage.

La journée s’annonçait longue et chargée. Sauf que cette fois- ci c’était lui le responsable de pla-teau et, malgré les obstacles qui allaient se pré-senter à lui, il n’aurait échangé sa place pour rien au monde. Ni les vignes de Marcus, ni les matchs

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de Ryan, ni les courses de voitures de Zach ne valaient son excitant quotidien.

Le tournage de Gravity allait enfin pouvoir débuter.

Malgré sa beauté et les mèches roses dont s’ornait sa chevelure, la jeune femme ne pouvait dissimuler ses origines provinciales, ni son épuisement –  les cernes sombres sous ses yeux, sa tenue et sa façon de se mouvoir trahissaient les premiers jours dans une grande ville d’une jeune femme peu habituée aux espaces citadins. Ses grands yeux observaient San Francisco ; ses immeubles, son trafic, sa population grouillante de gens actifs l’entouraient de toute part, tel le brouillard environnant qui montait de la Baie. Une ébauche de sourire s’afficha sur ses lèvres, bien vite remplacée par une expression de peur.

Un chien errant se frotta contre ses bottes de caoutchouc rouge et c’est l’air penaud qu’elle se pen-cha pour le caresser. Au lieu de répondre à son geste, le pauvre animal affamé fit volte- face et s’enfuit à toutes pattes.

Dans ses yeux verts, les larmes menacèrent, mais elles furent balayées en un battement de paupières. On ne pouvait que sympathiser avec elle, lui sou-haiter le bonheur, l’amour et tout ce qu’elle espérait trouver dans la ville de San Francisco.

Plus bas, dans la même rue et marchant à vive allure sans regarder devant lui, un homme d’affaires en costume noir hors de prix parlait au téléphone. Happé par la conversation, il enchaînait les direc-tives, l’air renfermé, exhalant l’influence, le pouvoir – et la froideur.

Le ton monta et la colère marqua ses traits. Rien n’existait pour lui, son monde se résumait à ce seul coup de fil. C’est à peine s’il remarqua la jeune

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fille qu’il bouscula, cette nouvelle venue en ville encore attristée de n’avoir pu gagner la confiance d’un chien.

Ses chaussures italiennes fraîchement cirées heurtèrent le ventre de la jeune femme, dont le cri de douleur perçant interrompit sa course et ses jurons. C’est là qu’il la vit, vautrée sur le trottoir, dans la saleté.

Elle n’aurait pu tomber plus bas. Pourtant, en cet instant où elle aurait pu hurler son désespoir, la jeune femme ravala sa peur pour n’être plus que colère.

Le souffle coupé, elle se redressa, jeune et forte, prête à affronter le regard de cet homme.

Peu importait qu’il soit grand et que sa tenue à elle seule vaille plus que toutes ses heures de service à la boutique de crèmes glacées. Et au diable les badauds, interdits face à la scène.

— Pour qui vous vous prenez ? Le centre du monde ? Ça vous amuse de piétiner ceux qui sont sur votre chemin ? hurla- t-elle.

L’homme demeura interdit et la jeune femme enfonça son index dans son torse.

— J’ai le droit d’exister, moi aussi ! reprit- elle, la voix tremblante de colère, tentant de ne pas perdre le contrôle d’elle- même. J’ai le droit !

Le téléphone collé à l’oreille, l’homme avait observé la jeune femme tout le long de sa tirade sans dire un mot. Son regard n’exprimait rien d’autre que la surprise.

Il n’était pas surpris de sa soudaine colère. Non, plutôt de sa fougue et de son extraordinaire beauté, rendue d’autant plus exquise par le feu qui lui brû-lait les joues.

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Autour d’eux, le monde se fit silence et la jeune femme attendit une réaction qui ne vint jamais. Elle poussa une plainte exaspérée et poussa son assaillant pour continuer sa route.

Mais une main forte la saisit par le poignet avant qu’elle ne puisse disparaître dans la foule.

— Lâchez- m…— Je suis désolé, l’interrompit- il.Il s’était exprimé avec un regret troublant de sin-

cérité. Aucun de ses collaborateurs ne l’avait jamais entendu parler ainsi. Lui- même en fut surpris.

Seule sa bravade avait permis à la jeune fille de tenir et, face à cet homme qui ne s’était jamais excusé de sa vie, elle sentit sa hargne se liquéfier petit à petit.

Sentant une larme couler sur sa joue, elle se déga-gea de son étreinte et s’enfuit sur le trottoir, loin de cet homme dont la soudaine sincérité l’avait trou-blée au plus profond de son être.

Jouant des coudes, il se lança à sa poursuite, l’appelant à travers la foule. Mais elle était petite et si vive qu’elle disparut en un rien de temps à la grande intersection de Union Square.

Le monde reprit soudain ses droits et, au milieu de toute cette agitation, l’homme au complet noir demeura immobile.

Plus seul que jamais.Ce n’est qu’après avoir entendu le mot

« Coupez ! » que Valentina s’autorisa à reprendre son souffle. Tout autour d’elle, l’équipe se per-dit en hourras et en applaudissements, sous le charme de la scène.

Valentina manifesta elle aussi un semblant d’enthousiasme, mais l’émotion lui serrait encore la gorge. Et dire que ce n’était que le premier jour

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de tournage ! Dès la première ligne du scénario, elle s’était sentie si touchée par l’histoire et par les personnages qu’elle avait fiévreusement dévoré le reste. Smith Sullivan était incroyable. Il était non seulement scénariste mais aussi producteur, interprète et réalisateur du projet.

Tatiana Landon, la petite sœur de Valentina, jouait face à lui. C’était une jeune et talentueuse actrice, avec déjà dix ans de carrière derrière elle. Après avoir figuré dans quelques séries télé et participé à des pilotes de sitcoms, Tatiana avait récemment été à l’affiche de deux films dans des seconds rôles. Gravity serait le premier film où elle tiendrait le haut de l’affiche.

Valentina avait toujours été très fière de sa sœur, mais ce à quoi elle venait d’assister lui avait tout bonnement scié les jambes. Et rien d’étonnant à cela.

Car Smith Sullivan avait su tirer de Tatiana toute la magie dont elle était capable.

Sous les applaudissements, la jeune actrice remonta le trottoir en direction de Smith. Valentina put lire en elle comme dans un livre ouvert. Bien qu’ouvertement touchée par les vivats de l’équipe, elle voulait avoir l’avis de Smith en priorité.

À l’instar du personnage qu’il incarnait, le comédien demeura indéchiffrable jusqu’à ce qu’il prenne Tatiana par les épaules.

— Tu as été parfaite ! lança- t-il à la cantonade, pour que toute l’équipe l’entende, avant de sourire et de planter un baiser sur son front.

Tatiana leva les yeux sur son metteur en scène, fière et souriante, tandis qu’un sourire éclatant se dessinait sur le visage de Valentina.

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Mais la joie fut de courte durée et la jeune femme sentit le sol se dérober sous ses pieds. Cette soudaine proximité entre sa sœur et la star mettait tous ses sens en alerte.

Les images de la matinée lui revinrent en tête, celles d’un Smith Sullivan face à un parterre de fans en furie, jouant de son charme –  le cliché total de la star de Hollywood. Smith s’en était régalé, sans nul doute. Les numéros de téléphone qu’il avait obtenus de toutes ces femmes en pâmoi-son parlaient pour lui, et chacune d’entre elles devait être en ce moment même folle d’impatience de savoir laquelle d’entre elles serait l’élue du soir, celle qui aurait le privilège de venir réchauffer son lit.

Ce ne sera certainement pas ma sœur, en tout cas !Smith se dirigea vers la caméra pour voir la

scène et Valentina n’y réfléchit pas à deux fois. Oubliant toute logique ou tout bon sens, elle fendit la foule de techniciens droit dans sa direction et s’adressa à lui  :

— Il faut qu’on parle, déclara- t-elle entre ses dents. Tout de suite. Et en privé.

Ce soudain éclat allait délier les langues, c’était certain. Après tout, qu’est- ce que cette intruse pouvait bien avoir à dire à l’intouchable Smith Sullivan ? En privé, par- dessus le marché.

Valentina marcha droit vers la caravane privée de Smith sur Union Square, sentant dans son dos la présence imposante et bouillante du metteur en scène qui la suivait pas à pas.

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Gravity était le film dont Smith avait rêvé depuis le début de sa carrière. Ni un blockbuster aux effets spéciaux époustouflants, ni un film d’époque aux costumes et aux accents raffinés, mais une histoire simple sur l’amour, la famille et les choses qui importent vraiment.

Une histoire sans prétention sur laquelle toute sa réputation reposait.

Durant les huit semaines que durerait le tour-nage, Smith serait totalement concentré et investi dans ce projet, et rien – ni personne – ne devait se mettre en travers de sa volonté de réaliser le meilleur film possible.

Mais en suivant Valentina Landon jusque dans sa caravane, le regard rivé sur les hanches affo-lantes de la jeune femme et sur ses longues jambes dansant dans sa jupe crayon, le comédien com-prit que sa détermination allait être mise à rude épreuve.

Avec ses airs exotiques dissimulés sous un pro-fessionnalisme à toute épreuve, son parfum entê-tant et sa voix pleine de charme, la jeune femme l’avait immédiatement séduit. La sœur de Tatiana avait beau porter ses cheveux blonds en queue de cheval stricte et des lunettes à monture épaisse

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pour relire les clauses des contrats de sa cadette, elle ne trompait personne.

Ce genre d’artifices avait de quoi rendre un homme tel que Smith fou de curiosité. Elle se donnait tant de mal pour cacher ses charmes les plus enfouis. La jeune femme n’était pas prête à les divulguer, c’était évident.

Durant les répétitions, Valentina avait passé son temps près de sa sœur et fuyait les plateaux à la seconde où Smith y pénétrait. La façon dont elle veillait sur sa sœur et gérait pour elle les aspects les plus ardus de sa carrière était en tout point admirable. Sans être envahissante, Valentina était toujours présente au moindre souci.

Smith était le second d’une fratrie de huit et il savait combien il pouvait être difficile de prendre soin des plus jeunes sans les étouffer et les empê-cher de s’accomplir. Dans sa vie, rien ne comp-tait plus que sa famille, mais son indépendance et son travail venaient ensuite. L’équilibre entre les deux demandait parfois quelques compromis mais le bonheur qu’il en retirait valait bien toute la tranquillité du monde.

Dès la fin de ses études, Smith s’était employé à construire sa carrière à partir de rien. Autour de lui, beaucoup disaient qu’on la lui avait donnée clé en main et que sa belle gueule avait suffi à lui ouvrir toutes les portes. Mais en vérité, ces exté-rieurs avantageux avaient été un véritable enfer pour lui, au point que, après des années d’audi-tions, Smith en était presque venu à accepter les douzaines d’offres de pubs pour sous- vêtements qu’on ne cessait de lui proposer. Jusqu’à ce qu’un jour un acteur d’expérience lui offre la possibilité de faire ses preuves face caméra, pour montrer au

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monde qu’il n’était pas qu’un joli minois. Smith avait saisi cette chance, et le succès du film au box- office lui avait finalement ouvert de nouvelles portes.

Il avait vu quelque chose de similaire chez Tatiana Landon. Certes, elle était très belle et, d’une manière ou d’une autre, elle deviendrait une grande star un jour. Mais il voyait dans son jeu et dans son parcours certaines choses qui lui rappelaient son propre vécu, ainsi que des qualités qu’il admirait –  détermination, concentration et enthousiasme.

Valentina ouvrit d’elle- même la porte de sa caravane et y pénétra sans son consentement. Décidément, les Landon ne manquaient pas d’un admirable culot ! Smith avait rencontré la grande sœur de Tatiana lors des auditions préliminaires deux mois auparavant et depuis, impossible de se la sortir de la tête.

Plus déterminée et concentrée, tu meurs ! Clairement, Tatiana tenait ça de sa grande sœur. Et quand les deux jeunes femmes étaient ensemble, complices comme le sont des sœurs, l’enthousiasme fusait en tous sens.

Smith monta dans la caravane et ferma la porte derrière eux. Valentina fit volte- face pour le toiser.

— Sachez que ma sœur ne sera jamais l’une de vos poupées, Sullivan ! lâcha- t-elle.

— Une de mes poupées ? s’étonna le comédien.Valentina n’était pas dotée de la beauté conven-

tionnelle de sa petite sœur, mais aux yeux de Smith elle n’en était que plus attirante. Avec une femme comme Valentina, il ne fallait pas se fier au premier coup d’œil et Smith étant du genre attentif, il avait été hautement comblé par ses

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pommettes hautes, ses cils interminables, ses yeux très légèrement bridés et ses lèvres charnues et pousse- au- crime malgré la moue agacée de leur propriétaire.

— Tatiana et moi- même sommes dans le busi-ness du cinéma depuis bientôt dix ans, l’informa- t-elle d’un ton glacial. Je sais très bien comment ce monde fonctionne, monsieur Sullivan.

Smith dut interrompre son plaidoyer. Personne, pas même sur le plateau, ne l’appelait « monsieur » et il ne laisserait certainement pas Valentina faire usage de ce dénominatif pour creuser une sorte de fossé entre eux.

— Je vous en prie, appelez- moi Smith, corrigea- t-il.

Les lèvres de la jeune femme se pincèrent davantage et ses yeux lancèrent des éclairs.

— Smith, reprit- elle, avec tout le calme dont elle pouvait faire preuve, les mains crispées. Vous avez plus d’expérience qu’elle, vous êtes plus âgé et très bel hom…

Bien qu’elle se fût interrompue, cette assertion arracha un rictus suffisant au comédien.

— Merci, Valentina. C’est grandement apprécié.À la mention de son nom, Valentina écarquilla

des yeux pleins d’une chaleur nouvelle. N’importe quelle femme cherchant à s’attirer ses faveurs aurait réagi de même. Or, ce n’était absolument pas le cas de Valentina qui, en réalité, cherchait tout bonnement à éviter sa présence autant que faire se pouvait.

Elle n’avait rien à voir avec les autres femmes que Smith fréquentait à Hollywood. Elle ne cherchait jamais à attirer l’attention sur elle. Mais l’acteur avait incarné tant de personnages à

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l’écran qu’il savait qu’il ne suffirait que d’un peu de maquillage et d’accessoires pour faire passer Valentina du stade de froide à engageante.

De plus, elle était d’une intelligence rare. Mais pas assez pour se rendre compte du délicieux mys-tère qu’elle entretenait bien malgré elle sur sa per-sonne, et ô combien cela attirait Smith. Pourquoi vouloir à ce point rejeter l’attention des hommes – la sienne, en particulier ?

Pour une fois qu’une femme ne se jetait pas à ses pieds, aveuglée par sa célébrité ! Lui qui avait cherché une personne qui puisse s’intéresser à lui en tant qu’homme et non en tant que star, avec tout le faste que cela impliquait…

À la voir contenir sa colère, il pensa que Valentina aurait pu être bonne actrice. L’expression de ses yeux, l’immobilité de ses traits, la moue de sa bouche, tout respirait un calme olympien qui aurait trompé jusqu’au plus attentif. Un don de la comédie que sa jeune sœur partageait mais que Valentina utilisait au quotidien et non face à une caméra.

Les sœurs Landon  : l’une ouverte comme une fleur et l’autre fermée comme une huître.

Valentina se serait- elle volontairement renfer-mée sur elle- même afin d’accorder tout l’espace à sa cadette ?

D’un geste dédaigneux, la lèvre supérieure légè-rement en avant, Valentina désigna les numéros de téléphone froissés que Smith avait balancés sur son bureau.

— Vous avez de quoi faire, non ? Bien plus qu’aucun homme ne pourrait en rêver pour toute sa vie, même.

Dans la précipitation, Smith avait négligé de jeter tout ça à la corbeille –  c’est du moins

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l’explication qu’il aurait fournie. Mais il ne devait aucune explication à Valentina, d’autant qu’il n’avait strictement rien à se reprocher.

— Vous savez, quand je vous ai proposé mon aide si vous aviez besoin de quoi que ce soit ? commença- t-il, d’une voix calme. C’était sincère. Et je suis ravi que vous vous sentiez assez à l’aise sur ce plateau pour me demander de discuter, mais franchement, je ne vois vraiment pas ce qui vous tracasse.

— Eh bien, je vais vous le dire  : votre pou-voir, voilà ce qui me tracasse. Nous savons tous les deux combien vous êtes influent, tout comme nous savons combien ma sœur est parfaite pour ce rôle.

— Ce sont mes mots exacts, confirma l’acteur en opinant du chef.

— Des mots capitaux pour elle. (L’inquiétude marqua ses traits.) Tatiana vous admire. Jamais auparavant elle ne s’était autant impliquée sur un projet. Elle veut vous éblouir et elle se donnera à cent pour cent de ses capacités pour y parvenir.

Elle le toisa droit dans les yeux et ajouta :— Je veux que vous me promettiez de ne fran-

chir aucune barrière et de vous en tenir à une relation professionnelle.

Bon Dieu… Bien sûr qu’il avait engagé Tatiana pour des raisons professionnelles, pas pour la séduire. C’était une grande actrice, il en était per-suadé, et de grandes choses l’attendaient.

En d’autres circonstances, Smith se serait patiemment défendu. Mais deux accusations si graves en si peu de temps, c’était trop. Malgré sa discrétion, Valentina avait mis son honneur en doute à la seconde où elle l’avait rencontré.

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Personne ne pouvait bafouer son honneur. Smith se sentait comme un gros ours des cavernes qu’on aurait tiré de son hibernation à coups de bâton répétés, prêt à montrer les dents. En connaissance de cause, il lui répondit sèchement par une pique qui, il le savait par avance, allait aggraver les choses entre eux.

— Je vous rappelle que votre sœur a déjà signé son contrat.

Au lieu de se braquer à cet avertissement, Valentina s’approcha de lui à pas feutrés –  si près qu’il put sentir le parfum de lavande de son shampoing.

— Vous savez, avant de signer, je me suis ren-seignée sur vous. Tout le monde m’a assuré que vous étiez différent. (Son regard bifurqua à nou-veau vers le bureau de Smith et revint à lui.) Mais vous ne valez pas mieux que tous les autres.

L’incendie dans son regard s’amplifia et elle poursuivit  :

— Je me fiche bien de ce que ma sœur a signé. Si vous tentez quoi que ce soit avec elle, si vous la blessez d’une quelconque manière, alors je vous jure que…

— Mais bon sang, Valentina ! explosa Smith. Je n’ai aucune intention de séduire votre sœur ! (Il reprit son calme.) Elle est jeune, belle et pleine de talent. Et je vais tout mettre en œuvre pour qu’elle aille jusqu’aux Oscars et en remporte un pour sa performance. Mais il n’est nullement question de séduction !

Je veux vous séduire, vous, songea- t-il, malgré ses mots rassurants.

Il pensait avoir réglé le problème, mais Valentina rétorqua tout de go :

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— Je vous ai vu l’embrasser sur le front, tout à l’heure. Et j’ai vu comment elle vous regardait, comme si vous étiez le gardien des secrets sacrés de l’univers tout entier.

Smith pensa à sa mère et à ses deux sœurs adorées. Il avait mal jaugé l’inquiétude de la jeune femme. Elle avait besoin d’être rassurée, de comprendre qu’il n’était pas une de ces stars perverses qu’on se plaît à dépeindre dans les soi-rées mondaines. Le coup du contrat, c’était mal joué, Sullivan.

— Votre sœur a été tellement bonne dès la première prise que je me suis laissé emporter, se défendit- il. Je voulais juste qu’elle sache combien je trouve grisant de pouvoir travailler avec elle. Mais très sincèrement, je doute qu’elle ait inter-prété mon geste de la même manière que vous.

Valentina demeura prudente puis, après un long soupir, elle laissa redescendre la pression.

— J’espère bien que non, en tout cas.Au départ, Smith avait cru les yeux de la jeune

femme du même vert que ceux de Tatiana. Mais maintenant qu’il la voyait de plus près, il décou-vrait qu’ils étaient noisette, légèrement verts au centre et cerclés de brun. Smith n’avait jamais cru à la perfection et des années passées à Hollywood n’avaient en rien diminué sa certitude. Il n’avait fréquenté que trop de gens repliés sur l’apparence, passant si souvent sur le billard des chirurgiens esthétiques qu’ils finissaient par ressembler trait pour trait aux poupées en plastique chéries par ses sœurs durant leur enfance.

Le visage de Valentina lui apparut également sous un autre jour, en particulier les cernes sous ses yeux.

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— Faire le chien de garde pour votre sœur ne doit pas toujours être de tout repos, fit- il.

— Je ne fais pas le chien de garde. C’est ma sœur et je l’aime. Je dois… (Elle s’interrompit et poussa un long soupir chargé de lassitude.) Je dois m’assurer qu’elle aille bien, et ce à tout moment.

— Et elle a bien de la chance de vous avoir. Mais Valentina, qui veille sur vous en attendant ?

À nouveau, elle plongea son regard surpris dans le sien. À en juger par la façon dont ses beaux yeux se dilataient à cette question, son désir ne faisait plus aucun doute.

D’un air de défi, elle leva le menton, ce qui ne fit qu’accentuer le propre désir de Smith.

— Je n’ai pas besoin qu’on me protège, moi.Sans le moindre regard en arrière, Valentina

sortit en trombe de la caravane.

— Val ! Te voilà enfin !Tatiana semblait radieuse, manifestement

encore en joie d’avoir suscité l’admiration de Smith. Toutefois, elle ne paraissait pas moins inquiète de la soudaine disparition de sa sœur et manager dans la loge personnelle de ce dernier, sans la moindre explication et dès la première prise.

Valentina la prit dans ses bras.— Tu as été fabuleuse, la complimenta- t-elle.Si Valentina était mince et élancée, sa jeune

sœur était tout en courbes et menue. Tatiana était une véritable beauté mais son aînée ne l’avait jamais enviée. Une grande beauté implique de grandes responsabilités, ainsi que la pression constante qu’exerçaient sur elle les projecteurs.

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— As- tu besoin de quoi que ce soit avant de passer aux gros plans ? poursuivit- elle.

— Non, tout va à merveille. (Elle marqua une pause.) Et toi ?

— Tout va pour le mieux, la rassura son aînée.Ce qui était bien le cas –  du moins en ce qui

concernait Smith et ses vues sur Tatiana. Plutôt mourir que de voir sa jeune sœur se lancer dans une relation avec un acteur ! Mais par miracle, Tatiana avait jusque- là évité ce piège. Elle avait déjà partagé l’écran avec de nombreux partenaires masculins, mais aucun qui soit doté du charisme de Smith Sullivan.

Pourtant, Valentina l’avait cru lorsqu’il lui avait assuré ne rien vouloir de sa sœur. Certes, il était plein de charme, influent et sacré bon acteur, mais l’instinct de la jeune femme lui hurlait de le croire.

Hélas, son instinct l’encourageait également à croire en d’autres choses, comme la façon dont son cœur s’était emballé lors de leur entrevue, comme s’il s’était agi d’un rendez- vous entre deux adolescents.

Et cette façon dont il avait sensuellement pro-noncé son nom. Valentina. Tout le monde autour d’elle l’appelait Val. Entendre son nom complet de cette manière lui avait donné une soudaine envie de réitérer l’expérience, entre deux baisers au creux de sa nuque.

Alors, pourquoi lui en vouloir ? Au fond, c’était à elle- même que Valentina en voulait, de se mon-trer aussi faible en sa présence – ce qu’elle n’aurait jamais cru possible. Plus tôt, sous l’influence de son regard, la jeune femme s’était sentie si emplie de désir qu’elle en aurait perdu le souffle.

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À l’écran, Smith Sullivan était déjà très impres-sionnant, mais il l’était encore plus en personne. Il dégageait une aura telle qu’elle aurait pu déceler sa présence dans une pièce les yeux fermés.

Chaque mouvement, chaque regard de sa part n’exprimait que sensualité pure. Non pas qu’il cherche absolument à attirer l’attention. C’était un magnétisme tout ce qu’il y avait de plus naturel. De sa mâchoire carrée et volontaire aux tendons prononcés de sa nuque, tout chez lui n’était que masculinité.

Bien sûr, le comédien n’était pas qu’un beau minois. Il était aussi un acteur brillant. Personne ne pourrait le contester. Pourtant, malgré un don inné pour la comédie, il répétait inlassablement chaque scène, chaque réplique, jusqu’à les maîtri-ser sur le bout des doigts. Une rigueur à laquelle Valentina avait assisté plus d’une fois avec force admiration.

Rassurée par sa réponse, Tatiana prit sa sœur par le bras et elles retournèrent sur le plateau où Smith discutait mise en place avec son directeur de la photographie.

— Au fait, fit Tatiana, je ne t’ai pas dit ? Ce matin, avant le tournage, il m’a à nouveau répété combien il était heureux de travailler avec moi et que si quoi que ce soit m’embarrassait, je devais le lui dire sur- le- champ !

— C’est génial.Et bien plus courtois que ce que la plupart

des collaborateurs de sa sœur lui avaient réservé jusque- là dans sa jeune carrière.

Des années durant, Valentina avait tenté de com-prendre pourquoi Tatiana tenait tant à être actrice, lui posant très souvent la question. Sa jeune sœur

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avait toujours fourni la même explication  : elle aimait rendre les gens heureux, elle voulait leur faire oublier les tracas du quotidien rien qu’un instant. C’était une raison sensée et louable, mais Valentina ne comprenait pas pourquoi il fallait absolument placer sa vie sous un microscope pour en arriver là. Un jour, Tatiana deviendrait une grande star – peut- être aussi connue que Smith – et alors, sa vie serait réduite à cela. Chacun de ses faits et gestes serait analysé, passé au crible des médias et offert en pâture aux gens via la télé, les magazines et les blogs sur Internet.

Rien qu’à y songer, Valentina fut parcourue d’un frisson d’horreur.

Tatiana poussa un soupir où se devinait une admiration proche de la vénération.

— Il est incroyable, pas vrai ? Je n’en reviens toujours pas de la chance que j’ai de pouvoir tra-vailler sur un de ses films !

Valentina n’aurait su dire si ces mots allaient au- delà de la simple appréciation profession-nelle. Et au crédit de sa sœur, il y avait de quoi s’extasier. Smith était talentueux, gentil, beau comme un…

Dieu, songea- t-elle. Reconnaître ses talents d’ac-teur était une chose, mais chanter ses louanges alors qu’elle le connaissait pour ainsi dire à peine ? C’en était une autre.

Par chance, Tatiana fut appelée sur le plateau, ce qui dispensa son aînée de lui faire part de son assentiment – ou non – à propos du comédien star.

Valentina passa les heures qui suivirent à obser-ver sa sœur face caméra, de la fierté plein le cœur. En tant que manager, la jeune femme avait tou-jours veillé à ce qu’on respecte Tatiana en tant

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qu’actrice, qu’on ne la traite pas comme une jolie petite chose écervelée. Toutes deux privilégiaient la qualité des rôles aux offres financières.

À Hollywood, tout n’était qu’affaire de percep-tion, et personne ne pourrait, à aucun moment, prétendre que les sœurs Landon étaient un duo facile à embobiner.

Du moins, pas cette génération de cinéastes, songea- t-elle tandis que son portable vibrait contre sa hanche. La jeune femme jeta un œil au nom de l’interlocuteur. C’était un appel de sa mère, un coup de fil qu’elle avait anticipé. Que ne ferait pas Ava Landon pour se faire inviter sur un plateau de tournage ?

Surtout s’il était fréquenté par Smith Sullivan.Valentina soupira et remit le téléphone dans la

poche de sa veste, sans répondre. Sa mère était loin d’être une mauvaise personne, mais elle nourrissait un intérêt un peu trop prononcé pour les jeunes et beaux acteurs – surtout s’ils étaient célèbres.

Mère et fille avaient de nombreux intérêts com-muns – la crème glacée, les couchers de soleil et les chanteurs des années 1950… Mais en matière d’hommes, la jeune femme était fermement déci-dée à ne pas se laisser guider par les mêmes tares génétiques qu’Ava.

Un jour, Tatiana pourrait voler de ses propres ailes et, à ce moment- là, Valentina s’autoriserait une rencontre – un homme beau, intelligent, aux mains puissantes et au sourire engageant, si possible.

Et sans aucun lien avec le milieu du cinéma ! Pop- corn et vin rouge devant un film serait le strict maximum qu’elle s’autoriserait à partager de cette vie- là avec lui.

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Une semaine plus tard, Valentina se trouvait sur le seuil de la maison de Smith, enivrée par l’agréable parfum floral – des lis des vallées, diffi-ciles à faire pousser mais qui décoraient pourtant toute la devanture de son jardin. Une touche de douceur inattendue dans l’habitat d’un homme aussi viril.

Cela faisait dix ans que Valentina se prêtait à ce genre de rituel. Les stars du cinéma adorent exhi-ber le faste de leurs maisons. C’était la routine, alors aucune raison de paniquer. De plus, Tatiana les rejoindrait sous peu, évitant tout contact pro-longé en solitaire avec son partenaire à l’écran.

Depuis leur altercation dans la caravane, Valentina définissait plus volontiers Smith par ce terme. Partenaire à l’écran. Une manière de lui faire perdre en personnification, comme on par-lerait d’un simple accessoire de plateau.

La jeune manager n’avait que trop songé à lui, ces derniers jours, et il était primordial pour elle de se rappeler sa fonction avant son sexe. Deux jours plus tôt, Smith avait tourné une scène torse nu et, si elle l’avait su, Valentina se serait abste-nue de se présenter sur le plateau ce jour- là. Ses abdos en béton, ses épaules massives et ses bras

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en acier l’avaient laissée pantoise d’admiration. Difficile de s’arracher à la contemplation d’un tel morceau ! Si difficile, en vérité, qu’elle avait bien vite renoncé à essayer.

Malheureusement, cela n’était guère passé ina-perçu. Smith lui avait jeté un regard des plus équivoques en se rendant à la caméra pour se repasser la scène.

Son sac à main en cuir serré contre sa poitrine comme une protection, Valentina sonna à la porte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’une jolie fille de petite taille lui ouvrit la porte.

— Salut ! fit- elle, un sourire éclatant aux lèvres. Moi, c’est Nicola ! Smith m’a prévenue de votre arrivée. Les garçons sont à la cuisine pour pré-parer les margaritas, expliqua- t-elle tout en lui serrant la main.

Il fallut quelques instants à Valentina pour réa-liser qu’elle venait d’être accueillie par la chan-teuse Nico, dont les tubes inondaient les ondes en permanence.

Mais que faisait- elle ici ?De quels garçons parle- t-elle ?Smith aurait- il changé l’horaire de leur réunion

au dernier moment ? Dans quel genre d’orgie allait- elle mettre les pieds ?

Toutefois, tandis qu’elle suivait Nico –  ou Nicola, comme elle s’était présentée –, Valentina remarqua sa tenue, totalement inadaptée pour le genre de réjouissance à laquelle elle s’était mise à songer. Qui se lancerait dans une orgie en jean et sweat- shirt en laine ?

Une fois dans la cuisine, Smith lui adressa un regard radieux par- dessus le plan de travail. Le

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11296Composition FACOMPO

Achevé d’imprimer en Italie Par GRAFICA VENETA Le 27 décembre 2016.

Dépôt légal  : décembre 2016. EAN 9782290126035

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Diffusion France et étranger  : Flammarion