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Dynamique des alpages de Mege ve Etude du massif du Mont d’Arbois
Mémoire M2 EGEPM- Année 2011-2012
Sous la direction de Mr Franck GIAZZI
SORARUFF Mathilde
1
Mathilde SORARUFF
M2 EGEPM
DYNAMIQUE DES ALPAGES DE MEGEVE :
Etude du massif du Mont d’Arbois
PROFESSEUR TUTEUR : Mr Franck GIAZZI, enseignant-chercheur à l’Institut de
Géographie Alpine – Grenoble.
JURY DE SOUTENANCE :
- Mr Franck GIAZZI (professeur tuteur)
- Mr LoÏc BARTOLETTI (maître de stage - Megève)
- Mr Georges ROVERA (enseignant- chercheur IGA- Grenoble)
Année 2011- 2012
Institut de Géographie Alpine
Université Joseph FOURIER
2
RESUME
Le but de cette étude vise à mieux connaître et comprendre la dynamique des alpages de
Megève. En effet, la déprise agricole constatée sur la commune, à l’image de l’ensemble des espaces
montagnards actuels, provoque la fermeture progressive des milieux ouverts. Or ceux-ci sont garant
du maintien du pastoralisme montagnard. Cette activité, mise largement à l’écart par la création
d’une station de ski sur le village au début du siècle, est pourtant une composante essentielle du
maintien de l’image de marque véhiculée depuis des décennies, à savoir le pastoralisme et les
alpages.
Cette étude a été divisée en trois parties ; la première déjà effective, concerne un des trois
massifs qui composent la commune, à savoir Rochebrune. La seconde est cette présente étude, qui
concernera le Mont d’Arbois. La prochaine concernera le massif du Jaillet, troisième massif de
Megève, qui aura lieu durant l’été 2012.
Cette analyse possède la caractéristique d’être relativement complète. En effet, elle
emprunte des notions à l’écologie, à la géographie ainsi qu’à la sociologie, dans le but de mieux
connaître les inter-relations entre l’homme et son milieu. Elle sera donc divisée en trois phases de
travail ; tout d’abord, une approche diachronique, afin de quantifier et qualifier les mutations
paysagères qui concernent les alpages. Ensuite une étude écologique, à l’échelle de l’écotone, pour
comprendre et définir les différents mécanismes de recolonisation forestière. Enfin, l’approche
sociologique, par des entretiens, permettra de comprendre les causes de cette déprise, et les
solutions envisageables pour maintenir l’activité sur la commune.
SUMMARY
The goal of this report is to new and understands better high pastures dynamics in Megeve.
Actually, agricultural decline noticed on the municipality, in the same way that other mountain
spaces today, provokes the open ecosystems closure. Yet, they are the condition of pastoralism
preservation in high mountains. Moreover, this activity, shut away by the creation of the ski resort in
the village at the beginning of the century, is yet a component of the marketing face of an authentic
resort, due to high pasture and pastoralism.
This report is divided in three main parts; the first, is done, and concern one of the three
massifs of Megeve, Rochebrune. The second part is in this present report, and will concern the Mont
d’Arbois massif. Later, in the summer 2012, a third analysis will be done.
This type of geographic analysis is relatively complete. Indeed, it borrows some concepts of
ecology, geography or sociology, in order to know better link between human and his environment.
So, it will be divided in three parts of working; first, a diachronic analysis, in order to qualify and
quantify landscape transformations in opened pastures. Then, an ecologic analysis will be done, at
the pasture scale, to understand and define the different mechanism of reforestation. And after, in a
sociologic approach, though interviews with breeders, it will be possible to understand better the
agricultural decline causes, and to plan some solutions to maintain the activity on the territory.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION ..................................................................................................................................6
I. CONTEXTE: ..................................................................................................................................7
1. Le pastoralisme de montagne et l’alpage : ...............................................................................7
2. Dynamique des végétations d’alpage :................................................................................... 10
L’étude du paysage : .......................................................................................................... 10
Les dynamiques de végétation : ......................................................................................... 10
3. Présentation du site d’étude : ............................................................................................... 14
a) Caractéristiques naturelles du site : ................................................................................... 15
b) Caractéristiques socio-économique de la commune: ......................................................... 20
II. METHODOLOGIE : ..................................................................................................................... 26
1. Etude diachronique : ............................................................................................................. 26
2. Acquisition des données botaniques sur le terrain : ............................................................... 28
a) Méthode d’échantillonnage : ............................................................................................. 28
b) Composition de la fiche relevé : ......................................................................................... 29
c) Matériel utilisé : ................................................................................................................ 30
3. Entretien avec les agriculteurs : ............................................................................................. 30
4. Etude statistique des relevés phytosociologiques : ................................................................ 31
4
III. RESULTATS : .......................................................................................................................... 33
1. Dynamique des paysages sylvo-pastoraux sur le massif du Mont d’Arbois : ........................... 33
a) Caractérisation photographique du paysage : .................................................................... 33
b) Etude diachronique : ......................................................................................................... 35
a) Utilisation de l’ACM : ......................................................................................................... 38
b) Définition des principaux milieux d’écotones sur le Mont d’Arbois : .................................. 41
c) Synthèse des deux analyses : ............................................................................................. 48
3. Dynamique de l’activité pastorale sur le Mont d’Arbois : ....................................................... 49
a) Portrait des agriculteurs du Mont d’Arbois : ...................................................................... 49
b) Fonctionnement des exploitations sur le massif : ............................................................... 51
c) Alpages et recolonisation forestière : ................................................................................. 52
d) Avenir de l’agriculture du Mont d’Arbois : ......................................................................... 56
4. Bilan de la dynamique des alpages sur la commune de Megève : Error! Bookmark not defined.
CONCLUSION .................................................................................................................................... 61
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 62
Table des figures ............................................................................................................................... 63
ANNEXES .......................................................................................................................................... 68
5
REMERCIEMENTS
Je tiens particulièrement à remercier :
- Mr Loïc BARTOLETTI, pour m’avoir encadré durant ce stage, ainsi que toute l’équipe du
service urbanisme pour m’avoir fournis toutes les informations dont j’ai pu avoir besoin.
- Mr Franck GIAZZI, pour m’avoir soutenu durant l’ensemble de la période de stage et de
rédaction de ce mémoire et ainsi fait partager ses connaissances.
- L’ensemble des agriculteurs, pour leur accueil et leur enthousiasme, toujours de mise dans
chaque foyer.
- Mlle Cyrielle LEROY, pour son aide, qui a pu mettre sur pied cette étude.
- Mme ANSANAY-ALEX Christine, pour ces précieuses informations dès le début de mon stage
à Megève.
- L’ensemble de l’équipe pédagogique de l’IGA, pour m’avoir permis de développer la
sensibilité qui est aujourd’hui la mienne ainsi que les compétences que je possède.
- Mes amis et l’ensemble de mes proches, qui m’ont permis de passer ces superbes années
d’études universitaires qui sont les miennes.
Merci à tous !
6
INTRODUCTION
« Megève l’ensoleillée », avec ses pentes douces et son exposition agréable, fait partie des
stations populaires en France. Avec une altitude maximale située à 2485m, et une grande partie des
pistes de ski situées à moins de 2000m d’altitude, elle appartient aussi aux stations de moyenne
montagne. Ainsi, de par des changements globaux effectifs et évolutifs, Megève se retrouve
confrontée au problème de l’approvisionnement en neige durant l’hiver, limitant ainsi la pérennité
de l’activité touristique hivernale. Dans un contexte comme celui-ci, il devient primordial de
conserver une diversité dans l’économie de la ville. En effet, cette station est façonnée depuis
plusieurs siècles par l’activité agricole et plus spécifiquement pastorale. Néanmoins, avec l’essor du
tourisme dans l’économie, la proportion d’agriculteurs a peu à peu chuté, pour ne représenter
aujourd’hui qu’une minorité. Le tourisme n’est pas la seule cause de cette déprise ; en effet, les
sociétés se sont transformées, ainsi que l’agriculture, dépendant aujourd’hui de l’offre et de la
demande, et exigeant une activité compétitive. Or le milieu naturel montagnard n’est pas favorable à
ce type d’exploitation, de part des pentes fortes et une faible productivité des pâturages, ce qui
explique la disparition progressive du secteur sur la commune.
La déprise agricole n’est pas sans conséquences sur le paysage, et entraîne des changements,
notamment la fermeture progressive des espaces ouverts par l’arrêt de leur exploitation. Ces alpages
forment pourtant la vitrine d’une station authentique, belle, au terroir fort, et par conséquent
devient un enjeu économique. La perte de ces écosystèmes pourrait ainsi nuire à l’image de marque
de la commune. Il devient donc intéressant de mesurer l’état de ces alpages ainsi que la tendance
pour l’avenir. L’utilisation d’un travail géographique pour cette étude offre la possibilité d’une
analyse multiscalaire et multitemporelle. De plus, il est possible de mélanger les disciplines, afin de
faire ressortir des tendances globales, ainsi que des processus complexes, souvent liés à plusieurs
phénomènes en même temps.
Ainsi, plusieurs phases seront nécessaires dans l’étude ; dans un premier temps, il paraît
indispensable de quantifier et localiser l’évolution des alpages, en confrontant plusieurs périodes.
Grâce à ce genre d’analyse, il est aussi possible de définir spatialement les espaces les plus touchés
par ces changements. A ce stade, une étude plus fine, à l’échelle de l’unité pastorale paraît
intéressante, afin de déterminer les dynamiques végétales présentes sur les alpages en mutation.
Enfin, une approche sociale permettra de mieux comprendre les facteurs de déprise agricole. La
mutualisation de l’ensemble de ces données va permettre de se projeter, et d’appréhender ainsi les
tendances pouvant nuire au bon équilibre naturel et social sur la commune.
7
I. CONTEXTE:
1. Le pastoralisme de montagne et l’alpage :
Le pastoralisme regroupe « l'ensemble des activités d'élevage valorisant par un pâturage
extensif les ressources fourragères spontanées des espaces naturels, pour assurer tout ou partie de
l’alimentation des animaux »1. En montagne, le pastoralisme se traduit par la montée d’une partie ou
de la totalité du troupeau dans les pâturages d’altitude. C’est ce phénomène qui est communément
appelé « alpage ».
Les alpages des Alpes françaises s’étendent sur une surface totale de 651 400 ha de terres.
Cela représente environ 20% du territoire alpin. La Haute- Savoie dénombre environ 75 000 ha
d’alpages, essentiellement bovins. La taille moyenne d’un pâturage d’alpage Haut- Savoyard est de
40 ha2. Le paysage montagnard est par conséquent profondément façonné par cette activité.
Le système de l’alpage existe depuis plusieurs siècles ; il possède un fonctionnement propre
au sein de l’exploitation. Traditionnellement, le terrain naturel s’accompagne d’une petite bergerie
ou cabane destiné au logement du berger et la fabrication sur place du fromage. De plus, un ou
plusieurs points d’eau sont vitaux pour le maintien en pâture du cheptel.
Dans l’élevage bovin laitier (élevage majoritaire dans les Alpes du Nord), les infrastructures de traite
sont primordiales et doivent être bien adaptées au type d’exploitation.
Plusieurs cas sont possibles :
La production du lait se fait au siège d’exploitation puis celui-ci est acheminé en coopérative
laitière
La production du lait ainsi que la fabrication des produits dérivés sont directement produits
au siège d’exploitation.
En été, lorsque le troupeau monte en alpages, l’acheminement du lait devient plus difficile ;
l’accès doit être aisé, et les systèmes de traites doivent être adaptés au milieu. Dans un premier cas,
la bergerie peut être équipée d’une salle de traite lorsque le troupeau se trouve à proximité de
l’habitation. Dans un second cas, de nouvelles méthodes, telles que les salles de traites mobiles
permettent de rendre accessibles les portions d’alpages les plus éloignées de la bergerie et ainsi de
transporter la production jusqu’au siège d’exploitation (en alpages ou directement dans la vallée).
L’ensemble de ces équipements restent coûteux et sont donc peu adaptés à des exploitations
individuelles de petite taille.
Dans le cas de petites entreprises agricoles, seules les génisses (futures laitières) montent en alpages
l’été, laissant ainsi un maximum d’espace aux vaches allaitantes à proximité du siège d’exploitation.
1 Source : Association française de pastoralisme
2 Source : RAEP, 2001, Gestion des Alpages
3 CERPAM= Centre d'Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes-Méditerranée 4 Source: Périodique « Le Courrier de l’environnement », INRA, juin 1988
2 Source : RAEP, 2001, Gestion des Alpages
8
Selon la CERPAM3, on distingue aussi plusieurs gestions d’alpages :
Les alpages « bas » : le bétail rentre quasiment tous les soirs à la bergerie. Ce sont des
terrains situés proches des villages. Ces alpages sont souvent utilisés par les petites
exploitations qui n’ont pas les infrastructures de traite nécessaires pour éloigner leur
troupeau laitier du siège d’exploitation.
Les alpages « moyens » : le bétail dort sur place, mais l’exploitant rentre régulièrement en
vallée. Ceux sont des alpages en altitude mais facilement accessibles. On retrouve ce genre
d’alpages sur des versants équipés de chemin d’accès carrossables, souvent sur des espaces
de stations de sports d’hiver par exemple. Plusieurs types de troupeaux peuvent occuper ces
espaces :
- Un troupeau de génisses ou de bétail non allaitant, ne nécessitant pas d’infrastructures de
traite.
- Un troupeau de bétail allaitant (vaches ou chèvres) avec des infrastructures de traite
adaptées (salle de traite mobile).
Les alpages « hauts » : le bétail et le berger passent l’ensemble de la période estivale en
montagne. Ces alpages sont ceux situés en altitude et difficiles d’accès. Ils concernent de
grandes étendues de l’ordre de la centaine d’hectares.
Traditionnellement, les alpages « hauts » concernent des troupeaux importants (plus d’une
centaine de têtes) et participent à la production des « grands fromages », principalement les
gruyères alors que les alpages plus petits en surface et donc en nombre de têtes servent à la
fabrication de plus petits fromages tels que les tommes ou le reblochon par exemple, qui exigent
une quantité plus faible de lait pour sa création…
Aujourd’hui, le pastoralisme montagnard est considéré comme une activité professionnelle,
toutefois peu productive et rémunératrice de par les nombreuses contraintes. C’est ce qui depuis
un peu moins d’un siècle caractérise la déprise agricole en montagne.
La déprise agricole :
Depuis la moitié du XXe siècle, on constate une mutation dans l’organisation agricole ; en effet,
l’agriculture s’est intensifiée dans les régions à vocation agricole, provoquant un exode rural vers ces
nouvelles zones attractives et délaissant les régions les moins productives. Les zones de montagne
ont été particulièrement touchées par ce phénomène, traduisant un abandon des parcelles et une
recolonisation des pâturages par la végétation ligneuse.
La notion de déprise agricole, selon Baudry et Deffontaine4, traduit un espace victime d’un
« processus de réduction d’occupation de l’espace par l’agriculture sans autres usages alternatifs ».
L’état de déprise évoque une évolution de l’espace, et par conséquent un « état de référence ».
3 CERPAM= Centre d'Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes-Méditerranée
4 Source: Périodique « Le Courrier de l’environnement », INRA, juin 1988
9
Deux processus expliquent cette déprise :
Social, par la diminution de l’activité agricole
Territorial, par l’évolution du paysage associé
C’est justement la problématique aujourd’hui pour les pâturages de moyenne altitude, situés entre
l’étage montagnard supérieur et l’étage alpin inférieur, qui, dans des formations climaciques,
seraient uniquement composés de paysages forestiers.
Car en effet, l’alpage possède plusieurs fonctions valorisantes qui poussent à leur préservation ;
Tout d’abord une première fonction économique, la plus ancienne, avec le pâturage estival,
qui permet la production d’importants capitaux agricoles (laitiers ou production de viande)
notamment dans le cadre d’agriculture sous label de qualité. L’ensemble des productions d’alpage de
Pays de Savoie génère en période estivale 27 millions d’euros en moyenne par an5 .
Il possède une seconde fonction, écologique; en effet, ce sont des espaces ouverts, abritant
une flore et une faune diversifiée notamment par rapport à l’espace forestier (en terme de nombre
d’espèces). Ils ont d’ailleurs été reconnus d’intérêt national et européen avec la mise en place de
zones Natura 20006. Ce sont aussi des zones menacées, de par leur création anthropique, par la forêt
climacique, qui recouvre peu à peu les alpages laissés à l’abandon. Enfin, ce sont des zones qui
abritent de nombreuses réserves d’eau ; en effet, l’absence d’espèces arborées permet le stockage
des eaux car non absorbées par des espèces ligneuses trop nombreuses.
Les alpages font l’objet d’une autre fonction depuis le début du XXe siècle, celle de leur
valeur paysagère et par conséquent touristique ; 33% des alpages alpins français connaissent une
fréquentation touristique et 70% se situent sur des sentiers balisés7. En effet, le tourisme est de plus
en plus répandu, de par la pratique de sports out-door (randonnée, VTT…). De plus, ces espaces
offrent un attrait touristique, de par l’esthétique de ces paysages. Ce sont aussi les terrains de jeux
nécessaires l’hiver pour les stations de ski, comme le témoigne la station de Megève.
Mis à part quelques méthodes coûteuses (broyage), l’activité pastorale est un outil
indispensable de maintien des alpages de moyenne altitude. Il convient donc de mieux connaître cet
écosystème, son évolution dans le temps et l’espace, ainsi que la dynamique qu’il entretient avec
l’espace forestier. Pour cela, la combinaison de l’étude du paysage et des dynamiques végétales
paraît intéressante.
5 Source: Société d’Economie Alpestre (SEA)
6 Source : SEA
7 Source : Réseau Alpin des Espaces Protégés (RAEP) (2001), Gestion des Alpages
10
2. Dynamique des végétations d’alpage :
L’étude des dynamiques végétales a un double-objectif ; dans un premier temps, celle-ci
permet de caractériser le milieu existant. Dans une seconde phase, elle permettra de projeter ces
dynamiques dans l’espace et dans le temps. Il sera utile au préalable, de définir et spatialiser les
différents écosystèmes présents sur le territoire étudié. Pour cela, commencer par étudier le paysage
dans son ensemble est indispensable, et plus particulièrement la relation entre les espaces forestiers
et pastoraux, afin de localiser et d’identifier les dynamiques à étudier, pour ainsi définir les zones à
analyser plus en profondeur.
L’étude du paysage :
Selon G. BERTRAND8, « le paysage c’est, sur une certaine portion d'espace, le résultat de la
combinaison dynamique, donc instable, d'éléments physiques, biologiques et anthropiques qui en
réagissant dialectiquement les uns sur les autres font du paysage un ensemble unique et
indissociable en perpétuelle évolution ».
Il paraît donc important, pour pouvoir qualifier une dynamique paysagère, de reconnaître la
notion de mosaïque de paysages, et d’interactions entre ces différentes entités. L’écologie du
paysage fait appel à ces notions. Contrairement à l’écologie pure, l’écologie du paysage est une
discipline qui considère l’être humain et ses activités comme facteurs incontournables du
façonnement des paysages. Dans des paysages agricoles de montagne, l’intégration de l’impact des
activités anthropiques dans les études écologiques permet de dégager des problématiques de
fermeture des paysages.
Pour cela, l’écologie du paysage intègre une première notion spatiale, à l’échelle du paysage,
par l’étude de l’évolution des différents écosystèmes (études diachroniques), mais elle intègre aussi
une seconde notion, celle de la dynamique végétale, qui étudie le fonctionnement entre deux
écosystèmes en interaction. Dans les dynamiques de paysages agricoles de montagne, qualifier et
quantifier ces dynamiques devient primordial en termes d’aménagement du territoire et de gestion
de la biodiversité.
Les dynamiques de végétation :
Pour ce genre d’étude, il paraît utile de s’intéresser tout d’abord aux concepts empruntés à
la phytosociologie, qui consiste dans l’étude des associations végétales. Cette notion permet ainsi de
définir des groupements végétaux, nécessaires à la description de la dynamique des « paysages
végétaux » en mutation grâce à la création d’une typologie constituée d’espèces indicatrices ainsi
que d’espèces associées. Selon J-B BOUZILLE, cette approche, par la connaissance des niches
écologiques des espèces, permet aussi de connaître les facteurs abiotiques qui composent le milieu.
Selon Grubb, les niches écologiques correspondent à « l’ensemble des relations qu’une plante a avec
son environnement à la fois sur les plans abiotiques et biotiques ».
8 Source : G. BERTRAND, Paysage et géographie physique globale, esquisse méthodologique, 1968
11
Car en effet une espèce végétale voit son implantation influencée par de multiples facteurs ;
elle dépend par conséquent d’un ensemble de conditions écologiques nécessaires à sa survie.
Selon J-P JOUGLET9, deux types de facteurs se distinguent habituellement :
Les facteurs abiotiques, expression du milieu physique : climat, géologie, lithologie,
géomorphologie.
Les facteurs biotiques, expression du milieu vivant : populations humaines et animales.
Le gradient altitudinal favorise l’un ou l’autre type de facteurs. Il est différent suivant la situation
de versant (voir figure n°1). A l’étage alpin, les facteurs abiotiques prédominent. La rugosité du
climat, avant toute chose, qui impose une période végétative courte de part un enneigement
important, des températures moyennes basses et des écarts journaliers forts.
De plus, la topographie (micro-reliefs, pente) ainsi que l’exposition, conditionnent facilement la
durée de cet enneigement, passant ainsi d’un groupement végétal à un autre.
9 Source : J-P JOUGLET, Eléments de pastoralisme montagnard Tome 1 : Végétation. Equipements, Cemagref,
1992, 165p.
Figure 1: Schéma de la distribution du gradient altitudinal selon le versant
12
En revanche, dans les tranches altitudinales montagnardes et subalpines, les paysages sont
issus d’une combinaison complexe de facteurs biotiques et abiotiques. Le climat, plus clément à ces
altitudes, permet à d’autres facteurs abiotiques de s’exprimer, notamment ceux du sol ou des
précipitations. Celles-ci vont conditionner la qualité du sol (érosion en haut de versant,
décarbonatation et engorgement en bas de versant). Des facteurs biotiques vont aussi entrer en jeu ;
les pratiques agricoles avec par exemple la fertilisation, le piétinement... L’ensemble de ces facteurs
vont créer une mosaïque paysagère à travers des sols plus ou moins riches.
Selon BORNARD et DUBOST10, l’influence des facteurs biotiques est aussi corrélée à la
distance du siège d’exploitation, comme le montre le schéma ci-dessous ; ainsi, plus on s’éloigne de
celui-ci moins les pratiques pastorales vont influencer l’écosystème prairial. En effet, dans un premier
temps, les parcelles situées immédiatement à proximité du siège vont développer une végétation de
type nitrophile, due à l’excès de fertilisation animale. Les zones un peu plus éloignées vont tendre
vers un équilibre entre fertilisation et prélèvement. Ainsi, une végétation abondante et à fort
potentiel fourrager pourra se développer. A l’inverse, plus on s’éloigne du siège d’exploitation, plus
les pâturages deviennent insuffisamment chargés en bétail ; par conséquent les facteurs abiotiques
reprennent le dessus, de par l’absence d’apports externes.
C’est aussi ce type de phénomène que l’on retrouve dans des alpages en situation de déprise
agricole.
10
Source : A. BORNARD, M. DUBOST, Eléments de pastoralisme Montagnard Tome 1 : Végétation. Equipements, CEMAGREF, 1992, 165p.
Figure 2: schéma de l'influence des pratiques sur le milieu selon l'éloignement du bâtiment d'exploitation (source : éléments de pastoralisme montagnard, tome 1)
13
Finalement, l’étude des dynamiques végétales va permettre de mieux connaître les
différentes unités paysagères ainsi que leur fonctionnement au sein de l’écosystème grâce à une
typologie des milieux. Toutefois, les notions d’échelles spatiales et temporelles sont absentes. Il
faudra donc recourir à une seconde notion, la biogéographie.
En effet, l’approche biogéographique apporte des précisions ; selon J-P JOUGLET, ce concept
repose sur deux notions ; la première sur « celle d’étage, lié à l’existence d’un gradient thermique
altitudinal », ainsi que la seconde « fondée sur le principe de climax ». Ainsi, l’étude s’inscrit dans
l’espace et dans le temps. Il est ainsi possible de dégager une évolution des différents écosystèmes.
La combinaison de l’approche phytosociologique et biogéographique va permettre de
répondre aux exigences d’une étude en écologie du paysage. Tout d’abord, grâce à l’approche
spatiale et temporelle (et par ailleurs à une illustration cartographique), ainsi que grâce à la
connaissance phytosociologique des écosystèmes pastoraux en transition, il sera possible de dresser
un bilan de l’état des alpages en 2012, ainsi que des prospectives d’avenir. Toutefois, la connaissance
plus en profondeur du site d’étude, ainsi que de l’activité agricole qui le compose va permettre
d’obtenir les premières informations nécessaires à l’appréhension des échantillonnages de terrain.
14
Figure 4: localisation des trois massifs montagneux de la commune de Megève(source : scan 25, Mathilde SORARUFF)
3. Présentation du site d’étude :
Megève est une commune située dans le massif montagneux des Alpes, au Sud-Est du
département de la Haute-Savoie. Elle occupe une vallée située au carrefour de plusieurs massifs ; au
Nord, le massif des Aravis constitué sur Megève par le Jaillet, au Sud le chaînon « Croche-Joly », à
cheval entre massif du Beaufortain et Mont-Blanc, constitué au Sud-Est du Mont d’Arbois, et au
Nord-Ouest du massif de Rochebrune. L’altitude de la commune varie entre 1025m et 2485m, soit
une région avant tout de moyenne montagne (étage montagnard, subalpin et alpin). Ce sont des
altitudes qui ont permis durant le XXe siècle, le développement d’un domaine skiable qui se répartit
sur l’ensemble de la commune.
Plus précisément, notre site d’étude sera situé sur le massif du Mont d’Arbois.
Figure 3: localisation de la commune de Megève (source : gîte du Cassioz)
15
a) Caractéristiques naturelles du site :
Géologie de la commune et du Mont d’Arbois11 :
Figure 5: Carte géologique de Megève (Diagnostic territorial Megève)
Megève se situe au niveau d’une intersection entre plusieurs formations géologiques ; au
Nord-Ouest, Megève est influencé par l’organisation sédimentaire du massif des Aravis avec le Mont
Jaillet, au Sud-Est, par le pli couché que forme le Mont-Joly. Au niveau du chef-lieu, la commune se
situe sur une boutonnière d’origine cristalline (granite et micaschistes), recouverte par des dépôts
morainiques.
Plus particulièrement au Mont d’Arbois, le massif est avant tout influencé par le massif Croche-
Joly, caractérisé par une succession de formations de schistes ou de schistes et calcaires alternants.
La base de ce massif est formée par des schistes et schistes à nodules, ainsi que quelques éboulis.
Cette formation de schistes à nodules est aussi présente sur toute la partie sommitale du Mont
d’Arbois. La base du massif est formée principalement d’alluvions indifférenciées ainsi que les vallées
du Planay et du Glapet.
11 Source : Diagnostic Territorial de Megève et geol-alp.
16
Climat12 :
Megève possède un climat subcontinental alpin, caractérisé par des hivers longs et neigeux et
des étés parfois chauds et orageux. Les influences du massif des Aravis et les températures fraîches
apportées par le massif du Mont-Blanc favorisent un enneigement exceptionnel en hiver, avec un
cumul annuel moyen situé autour de 5m. De plus, les précipitations sont abondantes et bien
réparties sur l’ensemble de l’année, avec un cumul annuel très important situé autour de 1500mm
par an.
Les températures sont froides en hiver avec une moyenne mensuelle record de -3°C en janvier
et des moyennes dans l’ensemble négatives en hiver. L’été, les températures restent relativement
douces de par les retours d’air froid du massif du Mont-Blanc. On enregistre les températures les
plus chaudes en août (15°C en moyenne).
Changement climatique13 :
Depuis les cinquante dernières années, il est possible d’observer des variations dans le climat de
Megève. Comme on peut le voir sur le Graphique 1, les températures ont augmenté, avec
l’identification possible d’une transition durant les années 1980. En effet, depuis cette période, les
températures maximales moyennes annuelles sont systématiquement supérieures à la normale
(environ 11,8°C sur l’ensemble de l’année). On peut l’expliquer de deux manières ; tout d’abord, une
intensification des épisodes de chaleurs l’été, mais surtout des moyennes minimales de plus en plus
douces, et ainsi quasi- systématiquement au-dessus de 2°C depuis les années 1980.
12
Sources brutes: MétéoFrance 13 Sources brutes : GIEC, MétéoFrance
Figure 6: Diagramme ombrothermique de la station MétéoFrance de Megève (moyennes 1960-2010) (source : données MétéoFrance)
17
En ce qui concerne les précipitations, les changements sont moins visibles ; toutefois, on peut
souligner grâce au Graphique 2 la diminution du cumul annuel neigeux. Ceci s’explique non pas par
des précipitations moins importantes, mais par des températures plus élevées en moyenne l’hiver et
dépassant le seuil de fusion de la neige.
Graphique 1: évolution des précipitations de 1960 à nos jours (source : données MétéoFrance)
Graphique 2: Evolution des températures de 1960 à nos jours (source : données MétéoFrance)
18
Selon les estimations du GIEC (scénario B2 – modéré), les températures ne vont cesser
d’augmenter, en particulier les températures minimales qui, aujourd’hui comprises entre 0°C et 2°C,
seront d’ici 2050, comprises entre 2°C et 4°C (voir Graphique 3) diminuant par conséquent le cumul
neigeux l’hiver. Les précipitations vont elles aussi augmenter en quantité sur l’ensemble de l’année
mais seront moins bien réparties chaque mois (voir Graphique 4). Par conséquent les mois compris
entre le mois de février et celui de juin seront les plus arrosés.
Graphique 3: diagramme ombrothermique pour une projection climatique à 2050 (sources: GIEC)
Graphique 4: projection jusque 2100 des températures annuelles maximales et minimales (sources: GIEC)
19
Biodiversité et habitats sur le Mont d’Arbois :
Figure 7: Cartographie Corine Land Cover de Megève en 2006 (source: Corine Land Cover France)
D’après la cartographie Corine Land Cover 2006, les habitats du massif du Mont d’Arbois sont
typiques d’une biodiversité montagnarde. En effet le paysage alterne entre espaces ouverts (alpages
ou prairies) et espaces forestiers. La forêt est constituée principalement de conifères, et plus
particulièrement sur la zone géographique de Megève, d’épicéas, mais on observe aussi en bas de
versant une forêt mélangée constituée cette fois-ci d’une plus grande diversité d’espèces (érables,
saules, bouleaux, hêtres…) Le tissu urbain, discontinu, mobilise les fonds de vallée. Au sud du Mont
d’Arbois, les paysages montagneux amoindrissent la présence de végétation, devenue clairsemée.
20
b) Caractéristiques socio-économique de la commune14:
Démographie :
La population de Megève compte environ 4000 habitants permanents (en 2006), constituant une
petite ville en plus d’une station touristique.
On a constaté tout de même une forte baisse démographique depuis une trentaine d’années, avec
une diminution de 24% de la population alors que la moyenne du canton de Sallanches enregistre
une hausse de 44% sur la même période.
La population saisonnière est une composante importante de la population totale. Megève étant
une station de tourisme hivernal, elle enregistre en pleine saison une population totale
approximative autour de 26000 habitants, soit une multiplication par six.
La population mégevane vieillit ; en effet, en plus de l’augmentation de la part de personnes
âgées dans la population totale, Megève observe une chute du nombre de ses jeunes, migrant vers
les communes alentours, car offrant des loyers de logement plus modérés. De plus, l’absence
d’emplois qualifiés pousse cette partie de la population à migrer vers des pôles plus attractifs. C’est
justement la fuite de ces jeunes qui provoque la diminution générale de la population.
14 Source : Diagnostic territorial de Megève
Graphique 5: Evolution de la population mégevane par rapport à celle du canton entre 1975 et 2005 (source : diagnostic territorial Megève)
21
L’agriculture et le pastoralisme à Megève15:
Megève étant une station de sports d’hiver attractive, le secteur tertiaire rassemble plus de 80%
(voir Graphique 6) des emplois. A l’inverse, l’agriculture n’est représentée que par 1,3% de la
population active de la ville.
Or ce taux n’a cessé de diminuer depuis le milieu du XXe siècle.
Evolution pour le canton de Sallanches :
1979 1988 2000 evolution 79/00
nombre total d'exploitations 551 474 308 -44%
dont nombre d'exploitations professionnelles 60 79 102 70%
SAU en hectares 7807 8593 8158 4%
Nombre total de bovins 4775 4406 4656 -2%
Tableau 1: évolution du secteur agricole du canton de Sallanches entre 1979 et 2000 (sources: diagnostic agricole Megève)
Evolution pour Megève :
1979 1988 2000 evolution 79/00
nombre total d'exploitations 119 104 81 -32%
dont nombre d'exploitations professionnelles 7 10 19 171%
SAU en hectares 1792 1552 1723 -4%
Nombre total de bovins 901 820 758 16%
Tableau 2: évolution du secteur agricole de Megève entre 1979 et 2000 (source: diagnostic agricole Megève)
15 Source : Diagnostic agricole de Megève (par le bureau d’étude Agrestis)
Graphique 6: Répartition des emplois selon le secteur d'activité (sources: diagnostic territorial Megève)
22
En effet, comme le montrent les Tableau 1 et Tableau 2, on voit une diminution conséquente et
continue du nombre d’exploitations agricoles, diminuant de 32% en 20 ans (données Recensement
Général Agricole). Par ailleurs, on assiste à une disparition des activités agricoles de subsistance et
par conséquent à une professionnalisation du secteur. Aujourd’hui, les exploitations non
professionnelles sont largement minoritaires. Megève reste tout de même la commune du canton
comptabilisant le plus grand nombre d’exploitations au sein de son territoire.
En revanche, la surface totale de terres exploitées varie peu durant la même période, ce que l’on
explique par un agrandissement de la surface utilisée par exploitation. En effet, les terres
abandonnées par les agriculteurs qui stoppent leur activité sont réutilisées par d’autres exploitants.
Toutefois, malgré une population agricole plus importante que dans le reste du canton de Sallanches,
Megève ne possède que 36% de la surface de son territoire dédiée à l’agriculture, ce qui est
largement en-dessous de la moyenne du canton située à 45%.
Agriculture et paysages mégevans au début du siècle :
En ce qui concerne les alpages mégevans, ils ont été colonisés très tard, vers le XIIe siècle, à
l’image des montagnes du Beaufortain, avec l’implantation d’un nouveau prieuré, à Megève, qui s’est
ensuite réunis avec celui de Chamonix, le 13 mars 120516, ce qui explique le lien actuel avec le canton
de Chamonix plutôt que celui du Val d’Arly, pourtant très proche. Le déboisement fut obligatoire
puisque la commune n’excède pas l’altitude de 2400 mètres, altitude jusqu’à laquelle la forêt
climacique peut occuper une large part de l’organisation paysagère. L’étage alpin ne concerne
qu’une petite partie de la commune.
Depuis lors, le pâturage a commencé à Megève et perdure à travers les siècles, avec une
modernisation lente (construction de cabanes d’alpages encore visibles aujourd’hui). Au début du
siècle, un peu moins de la moitié de la surface de la commune se compose d’alpages, prairies
permanentes en plaine et prairies de fauche. En 1953, l’ensemble de ces surfaces n’occupe plus que
27% du territoire de la commune, remplacé par des espaces de landes et forêts17.
Caractéristiques des exploitations mégevanes :
L’âge moyen des chefs d’exploitations à Megève est de 47,2 ans, soit une moyenne similaire à la
moyenne cantonale.
Les exploitations de la commune ne suffisent pas à une activité pastorale toute l’année ; en effet,
60% de ces agriculteurs sont double-actifs. De plus, ce sont des exploitations essentiellement
familiales car aucune personne n’est salariée sur l’ensemble de l’activité agricole mégevane.
L’élevage à Megève est essentiellement laitier ; en effet, 50% (voir Graphique 7) des
exploitations de Megève élèvent des vaches laitières. L’élevage équin est aussi relativement
développé sur la commune afin de maintenir l’activité des calèches touristiques dans le centre-ville.
16
Source : « le Haut Val d’Arly », H. PUTZ, 1934, Revue de Géographie Alpine 17
Source: R. BALSEINTE, Megève ou la transformation d’une agglomération montagnarde par les sports d’hiver, RGA, 1996, 83p.
23
La majorité des exploitations sont de taille modeste ; en effet, plus de 70% des exploitations ont
un cheptel inférieur à 20 UGB (Unité Gros Bétail) et près de 27% de celles-ci possèdent un cheptel
entre 20et 50 UGB.
Caractéristiques de la production laitière :
La commune est située sur plusieurs aires géographiques de production fromagère ; l’AOC
Reblochon, l’IGP Tomme de Savoie, l’AOC Chevrotin des Aravis et l’AOC Abondance.
La quasi-totalité de la production laitière de la commune est acheminée à deux coopératives
laitières d’AOC Reblochon (90%). Le reste est directement transformé sur place, au sein de
l’exploitation.
Les atouts de l’agriculture mégevane :
Megève totalise le plus grand nombre d’agriculteurs du canton ; c’est un atout qui permet la
diversité des situations et garantit une certaine pérennité du secteur. De plus, la moyenne d’âge des
exploitants, située autour de 50ans, n’est pas forcément un frein car un nombre important
d’exploitation assure la reprise de l’activité par une nouvelle génération. L’avenir de 2/3 des
exploitations est assuré à court terme.
La production laitière est elle aussi un atout ; aujourd’hui, les nombreux labels fromagers
dont bénéficie la zone géographique de Megève permettent une valorisation des produits, et donc le
maintien de coûts à la vente relativement élevés.
Enfin, les surfaces d’alpages favorisent elles aussi le maintien de l’activité agricole sur la
commune ; elle permet la libération pendant la saison d’été des terrains en bas de versants, qui eux
serviront à produire le fourrage hivernal. L’interrelation entre bas de versant et haut de versant est
un aspect essentiel pour la protection du secteur agricole. Sans l’un ou l’autre, c’est un déséquilibre
créé et par conséquent une fragilité pour la viabilité des exploitations.
Graphique 7: composition de l'ensemble du bétail mégevan en 2007 (sources: diagnostic agricole Megève)
24
Les faiblesses et menaces :
La baisse significative du nombre d’exploitations depuis le milieu du XXe siècle montre aussi la
fragilité de ce secteur. On peut l’expliquer de plusieurs manières ; tout d’abord, une faiblesse
structurelle, due à la topographie du terrain, qui limite la possibilité de mécaniser l’ensemble des
parcelles de fauche et amoindrit donc la récolte de foin pour l’hiver. Ensuite, la production valorisée
des produits laitiers est un avantage à double-tranchant ; en effet, en contrepartie, les normes
imposées ont un coût élevé pour les petites exploitations qui ont du mal à répondre au cahier des
charges, notamment en termes de disponibilité de fourrage et parcelles d’alpages issues de l’aire
géographique demandée.
L’étalement urbain pose aussi de nombreuses contraintes pour les agriculteurs, notamment en
ce qui concerne l’accès aux pâturages, rendu de plus en plus difficile avec la création de nouveaux
quartiers dans des zones habituellement agricoles.
En effet, la pression foncière atteint des sommets, et les agriculteurs, propriétaires en moyenne de
seulement 20% des terres qu’ils exploitent, ne sont pas à l’abri d’un changement de fonction de
celui-ci (construction, espaces récréatifs…) et par conséquent d’une perte de la surface
d’exploitation.
Enfin, le changement de fonction des chalets d’alpages (transformés principalement en maisons
secondaires), limite la possibilité d’exploitation locale et directe sur les alpages les plus éloignés du
fond de vallée.
Le pastoralisme au Mont d’Arbois :
Le massif du Mont d’Arbois se décompose en 17 unités pastorales (voir Carte 1: Cartographie des
unités pastorales du massif du Mont d'Arbois (sources: SEA, Mathilde SORARUFF)
La surface de ces alpages est très variable ; par conséquent, le type d’exploitation ne sera pas
toujours le même. En effet, un grand alpage permet l’installation d’un troupeau conséquent alors
qu’une unité pastorale de surface réduite correspondra plutôt à un cheptel de petite taille. De plus,
on constate la présence de nombreux chalets d’alpages, utiles initialement pour la traite sur place
d’un troupeau laitier. Toutefois, ces petits chalets sont aujourd’hui très prisés comme maisons
secondaires, limitant ainsi la production laitière sur l’alpage. Il sera d’ailleurs intéressant de dresser
un bilan de l’utilisation actuelle des chalets d’alpage dans notre étude afin de mieux connaître leur
état d’entretien ainsi que leurs fonctions actuelles.
Le massif du Mont d’Arbois possède une particularité singulière par rapport à ses massifs voisins ; en
effet, une partie importante de sa surface est en la possession de la SFHM, société exploitant les
pistes de ski de la commune. Par conséquent, les agriculteurs d’un grand nombre d’alpages ne sont
pas propriétaires des terres qu’ils exploitent, et encore moins des chalets d’alpage qui les
composent.
25
Carte 1: Cartographie des unités pastorales du massif du Mont d'Arbois (sources: SEA, Mathilde SORARUFF)
26
II. METHODOLOGIE :
Afin d’étudier la dynamiques des alpages du Mont d’Arbois, l’étude s’est portée sur les unités
pastorales répertoriées par la Société d’Economie Alpestre présentes sur le massif. Après entretien
avec plusieurs exploitants Mégevans, il a été nécessaire d’inclure deux autres parcelles, non
répertoriées, celles du Planay et de Dessous la Croix. Ces deux zones se sont révélées être exploitées
l’été par un agriculteur accueillant un cheptel originaire d’une autre commune sur l’ensemble de
cette zone.
Après détermination des zones à analyser, l’ensemble de l’étude va nécessiter trois phases
distinctes d’acquisition de données. Dans un premier temps, une étude diachronique sera nécessaire,
afin de spatialiser les éventuelles évolutions et de définir des zones instables à étudier plus en détail,
à l’échelle de la dynamique végétale.
Ce sera la seconde phase de travail ; en effet, après définition d’une trentaine d’échantillons,
une analyse botanique sera effectuée afin d’identifier différentes dynamiques végétales et par
conséquent paysagère.
Enfin, afin d’obtenir des informations relatives à l’utilisation des alpages étudiés, l’ensemble
de l’étude sera complété par un entretien auprès des agriculteurs exploitant sur le site d’étude.
Ainsi, il sera possible de dégager des problématiques à la fois écologiques, paysagères, mais aussi
sociales, combinant de cette manière l’ensemble des disciplines de l’écologie du paysage.
1. Etude diachronique :
Afin de réaliser cette étude, nous avons choisi d’utiliser deux pas de temps assez éloignés, ayant
le même type de support, à savoir la mission aérienne 1952 (noir et blanc) et celle de 2010
(couleur). La seconde avait déjà été géoréférencée (RGF 1993 Lambert Zone 5) et orthorectifiée,
sous forme de 64 dalles couleur.
Pour la première mission de 1952, il a fallu procéder au géoréférencement et à l’orthorectification
des photographies à partir de celles de 2010.
Pour cela, le logiciel ArcGIS 9.3 a été utilisé. Grâce à celui-ci, il est possible de géoréférencer les
clichés grâce à des points existant communs aux deux photographies (voir Figure 8). Le choix de
déformation des photos s’est portée sur la fonction « spline », permettant une déformation à
l’échelle de chaque point.
27
Afin d’obtenir une déformation se rapprochant au maximum des photographies de 2010, plus de 200
points ont été répartis sur l’ensemble de la zone photographiée.
Il est à noter que les parties situées en zones non urbanisées sont les plus difficiles à
orthorectifier car il existe peu d’éléments dans le paysage ayant exactement les mêmes contours
entre 1952 et 2010. En revanche, les chalets d’alpages où les maisons les plus anciennes dans le
village sont d’excellents points d’ancrage (voir Figure 9: méthode de géoréférencement des
photographies de 1952Figure 9).
Figure 8: Méthode de géoréférencement et orthorectification des photographies aériennes de 1952 sur le logiciel ArcGis (source : Mathilde SORARUFF)
Figure 9: méthode de géoréférencement des photographies de 1952
28
Après cette première mise à jour des données, le travail d’analyse a pu débuter. Dans un
premier temps, l’ensemble des contours forestiers a été digitalisé pour les deux périodes, afin de
déterminer les alpages ayant perdu de leur surface ou ayant actuellement des lisières instables. La
fonction « symmetrical difference » a permis de cartographier les surfaces forestières en
augmentation ou en récession (ouverture/fermeture).
L’acquisition de ces données a permis dans une seconde phase de procéder à une étude plus
quantitative, grâce à l’outil « calculate area » sur ArcGis, et de chiffrer l’évolution paysagère entre
alpages et forêts en 60ans.
2. Acquisition des données botaniques sur le terrain :
Grâce à l’étude diachronique précédente, des espaces d’échantillonnage ont été définis ; ainsi,
une trentaine de zones a été sélectionnée. Celles-ci sont situées sur l’ensemble des alpages du Mont
d’Arbois.
a) Méthode d’échantillonnage :
La zone d’échantillonnage sera placée pour chaque relevé sur une zone d’écotone, qui est définie
comme l’espace de séparation entre deux écosystèmes distincts, afin d’étudier la zone où la
dynamique de reforestation est la plus marquée. On privilégiera des lisières particulièrement
instables, traduisant un alpage insuffisamment entretenu voire abandonné.
La méthode utilisée pour les relevés est celle utilisée par Cyrielle LEROY dans son mémoire lors
de l’étude massif de Rochebrune. Maintenir une cohérence entre les différentes analyses est capitale
afin de garder la vocation comparative et associative de l’ensemble des données produites pour les
trois massifs.
Par conséquent, ce sont les principes de la phytosociologie qui ont été appliqués, avec notamment,
pour la définition de la taille du relevé, la notion d’aires minimale et maximale.
Cette méthode consiste à déterminer la surface à partir de laquelle le nombre d’espèces
répertoriées n’augmente plus. Ainsi, l’aire minimale est déterminée à partie du moment où
aucune nouvelles espèces n’est rencontrée. L’aire maximale est, quant à elle, déterminée lorsque
le nombre de nouvelle espèce recommence à augmenter (voir Figure 10: schéma de l'aire
minimale (source: Cyrielle LEROY). Il traduit ainsi par ce phénomène un changement
d’écosystème, passant d’une zone homogène à une autre.
Figure 10: schéma de l'aire minimale (source: Cyrielle LEROY)
29
Voici les surfaces d’échantillonnage préconisées selon le type de milieu végétal :
Formation végétale Surfaces à échantillonner
Pelouse rase 0,25 à 1 m²
Prairies et landes basses 4 à 10 m²
Landes hautes 10 à 100 m²
Fourrés 100 à 200 m²
Forêts 200 à 1000 m²
b) Composition de la fiche relevé :
Sur la fiche de relevé de terrain, deux types de données seront collectées :
- Les données botaniques avec relevé des espèces herbeuses et ligneuses présentes
- Les données relatives à la topographie et aux facteurs abiotiques du terrain
Pour les données botaniques, plusieurs indices d’échantillonnage ont été utilisés, afin d’obtenir
la plus grande variété d’informations possible. Tout d’abord, l’indice de recouvrement de Braun-
Blanquet, qui utilise le pourcentage de recouvrement d’une espèce sur l’ensemble du quadra étudié.
Cette méthode permet de mesurer sa densité sur une surface donnée et par conséquent sa
redondance. On divise ainsi le recouvrement en cinq classes, correspondant chacune à une tranche
de recouvrement de l’espèce (voir Figure 11). De plus, il est divisé en trois types d’espèces : les
espèces arborées, arbustives et herbeuses. Ainsi, chaque hauteur de l’espèce possède un
recouvrement propre.
Un second indice sera utilisé afin de compléter le précédent ; il s’agit de
l’indice de sociabilité. Cette méthode permet de caractériser le peuplement
végétal étudié. Ainsi, on cherche à définir si l’individu est implanté en objet
isolé ou au contraire, en peuplement dense (voir Figure 12). Un même
système de classe est défini, mais cette fois-ci sur une observation subjective,
et par conséquent qualitative. Dans cet indice, la hauteur n’est pas
différenciée, car on parle de peuplement végétal.
Figure 11: méthode de l'indice de recouvrement dans le cadre du stage à Megève(source : le blog de l’écologie)
Figure 12: Répartition de l'indice de sociabilité selon la densité du peuplement (source : le blog de l’écologie)
30
En ce qui concerne les données topographiques, les principaux facteurs d’implantation des espèces
ont été identifiés :
- La pente
- L’exposition
- L’altitude
- Site topographique
- Formation végétale
-
Ces données vont permettre de tenter d’expliquer l’implantation (favorable ou non) des espèces
présentes sur le relevé à travers le traitement statistique qui suivra cette phase d’acquisition de
données de terrain.
L’ensemble de la fiche terrain est visible en annexe n° 1.
c) Matériel utilisé :
Lors des sorties, un certain matériel est utile pour connaître l’ensemble des données requises :
- Une carte topographique 1/25000 De la commune de Megève
- Une photographie aérienne reprenant l’ensemble des unités pastorales du Mont d’Arbois
- Un décamètre, un mètre pliable, pour la définition des transects
- Un clinomètre
- Une fiche terrain
Afin de reconnaître au mieux l’ensemble des espèces présentes, l’utilisation des manuels de
reconnaissance végétale de DELACHAUX Et NIESTLE18 a été nécessaire.
3. Entretien avec les agriculteurs :
Dans une troisième phase, l’acquisition de données auprès des agriculteurs a été indispensable.
En effet, la manière dont ils exploitent leurs terres influence aussi la dynamique végétale. Pour cela,
un questionnaire a été réalisé de vive voix, avec à la fois des questions à caractère quantitatif, c’est-
à-dire permettant un traitement statistique précis, mais aussi des questions à caractère qualitatif,
transformant la rencontre en entretien semi-directif et permettant à l’exploitant de s’exprimer
librement sur les sujets proposés (voir annexe n°2). Au total, 12 agriculteurs sur 13 ont pu être
interrogés.
Plusieurs sujets sont abordés durant ce questionnaire. Dans un premier temps, les données de
caractérisation de la personne interrogée permettent de situer l’individu dans un contexte, et par la
suite dans des classes statistiques (âge, sexe, alpage exploité…).
Ensuite, l’entretien s’oriente sur le fonctionnement général de l’exploitation, afin de définir un type
d’exploitation et de visualiser les ressources dont dispose l’agriculteur.
18
C. GREY-WILSON, M. BLAMEY, Guide des fleurs de montagnes, Delachaux et Niestlé, 2008, 384 p. et Guide Delachaux des plantes par la couleur, Delachaux et Niestlé, 2008, 495 p.
31
Puis viennent les questions concernant l’utilisation de l’alpage, afin de mieux comprendre les
dynamiques végétales, mais aussi la perception que possède l’individu de son propre système
d’exploitation.
Enfin, les questions d’avenir de l’exploitation sont abordées afin de connaître les projets de
l’agriculteur, ainsi que de définir le devenir de l’alpage actuellement exploité. Dans cette rubrique, on
cherche aussi à susciter l’avis de l’exploitant sur le devenir de son secteur d’activité sur Megève,
grâce auquel il sera possible ultérieurement de réfléchir, notamment sur les facteurs qui freinent
cette activité.
4. Etude statistique des relevés phytosociologiques :
Suite à la phase de terrain, l’ensemble des fiches ont été répertoriées dans un fichier Microsoft
Excel. Au total, 163 espèces ont été répertoriées.
L’ensemble des données a été transformé en données numériques (utilisation de classes, voir
Tableau 3).
Il a fallu dans un premier temps procéder à une simplification des espèces présentes afin
d’éliminer les données non représentatives. Par conséquent, d’après la méthode de Cyrielle LEROY,
une espèce est déclarée non représentative lorsque celle-ci apparaît dans moins de 4 relevés. Ainsi,
52 espèces ont été éliminées de l’étude.
Afin de connaître les principaux facteurs influençant les formations végétales, l’utilisation
d’une Analyse de Correspondances Multiples (ACM) va permettre de déterminer des axes principaux
expliquant la présence de telle ou telle formation végétale.
Afin de compléter cette donnée, une Classification à Ascendance Hiérarchique (CAH)
permettra de mieux visualiser les dynamiques végétales. En effet, cette méthode statistique permet
de regrouper les relevés qui se ressemblent et qui peuvent par conséquent être identifiés comme
une seule formation végétale identique et agissant selon les mêmes critères. Ainsi, on pourra
distinguer les différents milieux qui peuplent les lisières en déterminant leurs conditions
Tableau 3: définition des classes pour la fiche terrain (source : Mathilde SORARUFF)
Pente Exposition Altitude (en m)
1 < 10° 1 NE 1 1200-1300
2 10 à 20° 2 SE 2 1300-1400
3 20 à 30° 3 SO 3 1400-1500
4 30 à 40° 4 O 4 1500-1600
5 > 40° 5 NO 5 1600-1700
6 1700-1800
7 1800-1900
8 + 1900
32
autécologiques de croissance. Afin de mieux visualiser cela, un diagramme écologique sera associé à
chaque formation végétale distincte, selon deux gradients ; hydrique et trophique (voir figure ci-
dessous).
Très sec xx
Sec x
Mésophile m
Frais f
Assez humide h
Humide hh
Toujours inondé H
AA A aa a n b
Très
aci
de
Aci
de
Ass
ez a
cid
e
Faib
lem
ent
acid
e
Neu
tre
Cal
cair
e
Figure 13: diagramme écologique type utilisé lors de la définition des milieux obtenus lors de la CAH (source : Cyrielle LEROY)
L’ensemble de ces résultats va définir la dynamique paysagère des alpages du Mont d’Arbois, et ce à
différentes échelles. La diversité des méthodes va permettre de corréler l’influence de facteurs à la
fois biotiques et abiotiques, dans un paysage principalement façonné par l’activité humaine.
33
III. RESULTATS :
L’ensemble des résultats a été analysé statistiquement durant deux phases principales : tout
d’abord une phase d’analyse unilatérale, centrée dans un premier temps sur chaque analyse
distincte. En effet, la première analyse (ACM) tend à définir des facteurs qui influencent la répartition
de la végétation. La seconde analyse (CAH) va permettre de regrouper les espèces qui apparaissent
dans les mêmes conditions lors de l’ACM, formant ainsi les principales zones homogènes présentes
sur le Mont d’Arbois. Enfin, la dernière analyse, à travers l’interprétation des entretiens effectués
auprès des agriculteurs va mettre en évidence le rôle des pratiques pastorales sur la dynamique
végétale des alpages.
Dans une seconde phase, l’ensemble de ces résultats va être mutualisé, afin d’obtenir une analyse
multidisciplinaire et multiscalaire, offrant ainsi un bilan général de la dynamique des alpages du
Mont d’Arbois.
1. Dynamique des paysages sylvo-pastoraux sur le massif du Mont
d’Arbois :
a) Caractérisation photographique du paysage :
L’étude des photographies aériennes de 1952 et 2010 permet dans un premier temps de
caractériser l’organisation des alpages dans le contexte paysager du massif du Mont d’Arbois. Ainsi,
il est déjà possible de visualiser qualitativement les évolutions du paysage en 60 ans. Cette période
est particulièrement adaptée pour l’étude des changements paysagers car il correspond au cycle de
croissance d’une forêt naturelle.
Ainsi, sur le cliché de 1952, on observe une prédominance des espaces ouverts, partagés
entre alpages en altitude et fauche en bas de versant. Le tissu urbain est discontinu et relativement
linéaire le long des principaux axes de communication (route du Planay) ou sous forme de petits
hameaux (Pettoreaux, Planellet). La forêt forme plusieurs grands ensembles entourés d’espaces
ouverts. On peut observer aussi plusieurs ripisylves peu élargies. Par contre, on peut remarquer
d’ores et déjà de nombreuses zones victimes d’une reforestation, toutefois encore au stade arbustif.
L’ensemble du paysage semble par conséquent façonné principalement par l’agriculture, qui
monopolise l’ensemble des terrains ouverts.
Sur les clichés de 2010, on peut aisément distinguer des changements ; premièrement, le
tissu urbain s’est considérablement étalé, au détriment des espaces de fauche. Il forme ainsi un tissu
continu entre le village principal et le hameau des Meuniers, composé de petits quartiers s’étalant
sur l’ensemble des bas de versant. Seul le hameau du Planay semble avoir peu varié sur les deux
périodes.
Les espaces de fauches ont vu leur surface rétrécir de manière impressionnante, de par les raisons
citées ci-dessus. En revanche, les alpages ne sont pas touchés par l’étalement urbain ; toutefois, sur
la zone proche de la télécabine du Mont d’ Arbois, on peut remarquer un rabotage des prairies, par
le passage des pistes de ski en zones escarpées, ce qui limite la possibilité de pâturage sur ces zones.
34
En ce qui concerne les alpages situés au niveau de la Coulaz, ceux-ci ont vu les surfaces
forestières arbustives présentes en 1952 se densifier (voir Figure 15). Au-dessus du Planay, les
alpages n’ont quasiment pas évolué, malgré la présence importante de la forêt sur cette zone. Ici
l’aménagement des pistes de ski est absent.
Quant aux espaces forestiers, on observe deux tendances. Dans un premier temps, les forêts se sont
globalement densifiées, par le renfermement des petits espaces ouverts, offrant une
homogénéisation globale du paysage. Ce phénomène touche l’ensemble des bois du massif.
Toutefois, malgré cette tendance, on peut distinguer des espaces de fragmentation du tissu ligneux,
par le passage des pistes de ski (voir Figure 14), restant néanmoins minoritaire sur l’ensemble du
massif.
Figure 14: Exemple de fragmentation sur le Mont d'Arbois entre 1952 et 2010 (Secteur de la télécabine du Mont d’Arbois)- source : Missions 1952 et 2010 IGN.
Figure 15: exemple d'homogénéisation du couvert forestier entre 1952 et 2010 (secteur de la Coulaz)- Source : Missions 1952 et 2010 IGN.
35
Des mutations paysagères sont donc visibles, mais difficilement quantifiables. Il paraît donc
nécessaire de procéder au calcul des surfaces d’alpages entre les deux périodes, afin d’obtenir dans
un premier temps une tendance générale chiffrée, et dans un second temps de définir les zones les
plus touchées par la reconquête forestière, pour ainsi pouvoir travailler à l’échelle de l’unité
pastorale lors de la phase de terrain.
b) Etude diachronique :
Grâce à l’étude diachronique entre les périodes de 1952 et 2010, il a été possible d’observer une
tendance paysagère générale, non seulement en ce qui concerne les alpages, mais aussi et surtout
en ce qui concerne les autres espaces ouverts situés plus bas en altitude, et habituellement utilisés
pour les pâturages et la fauche (voir Carte 2:
Cartographie des espaces victimes de fermeture ou
d'ouverture du milieu (Fonction "Symetrical
difference").
Concernant les alpages, on observe une diminution
générale de 17% de la surface disponible. Cette baisse
est finalement relativement faible sur un pas de temps
aussi long (60 ans). Toutefois, on peut remarquer que
l’ensemble des lisières a tendance à se refermer sur les
espaces ouverts. On remarque aussi plusieurs formes
de recolonisation grâce aux photographies aériennes.
La première, est observée à basse altitude, et se
compose d’un îlot boisé (feuillu ou mixte) entouré de
zones broussailleuses (voir Figure 16).
Des surfaces entièrement broussailleuses sont aussi visibles, mais à proximité de zones boisées
plus lointaines. On comprend aisément ce type de formation, car les broussailles, espèces peu
appétentes pour le bétail (ronce, rosier), protègent ainsi les pousses ligneuses.
La seconde forme de reboisement directement visible sur photographies aériennes est
facilement repérable ; il s’agit de prairies piquetées, c’est-à-dire de zones herbeuses où un ensemble
d’individus arborescents isolés ont réussi à s’implanter (voir
Figure 17). On retrouve ce type de colonisation plus
généralement dans les alpages situés en mi- versant du Mont
d’Arbois, voire en haut de versant. On peut observer un
piquetage à la fois par l’épicéa (en hautes altitudes et
plantations à basse altitude) ou par l’érable (mi-versants
montagnards). Ces zones de piquetages sont visibles à
proximité des zones boisées et contribuent ainsi au
resserrement des lisières.
Figure 16: exemple d'embroussaillement arbustif visible sur photographies aériennes (secteur des Mouchenettes) – source : mission aérienne IGN 2010
Figure 17: exemple de prairie piquetée (secteur de Stepan) - source : mission aérienne IGN 2010
36
Figure 18: exemple de landes arbustives directement identifiables sur photographies aériennes (secteur de la Rare) - source : mission aérienne IGN 2010
Enfin, on observe une dernière forme de recolonisation, visible
plutôt sur des zones d’altitude, raides ou escarpées, telles qu’aux
abords des aiguilles Croches. Il s’agit de la formation de landes
arbustives, voire arborescentes sur certains versants. La zone
touchée la plus impressionnante se situe aux abords de la piste de
ski « la Rare » (voir Figure 18)
On remarque aussi des mécanismes de recolonisation sur les
clichés de 1952 ; les conséquences de la déprise agricole avaient
déjà entamé les parcelles pastorales à cette époque. Les mêmes
formes de recolonisation étaient visibles dès lors, mais de manière
beaucoup plus ponctuelles. On peut voir d’ailleurs la croissance
normale de ces essences entre les deux périodes.
Les zones d’ouvertures sont quant à elles peu nombreuses ; on constate qu’elles sont situées sur le
passage des pistes de ski, déboisées systématiquement pour leur bon fonctionnement, et localisées
principalement sous la télécabine du Mont d’Arbois.
Les zones de reboisement situées en dehors des limites des unités pastorales correspondent à une
recolonisation sur des terrains de fauche ou de pâturage temporaire. On constate qu’elles sont elles
aussi touchées par le phénomène, et plus spécialement les zones situées juste à l’aplomb des unités
pastorales. On constate dans de nombreux cas que ces espaces sont dotés d’une forte pente, donc
difficilement mécanisables et accessibles. Ce sont des zones qui théoriquement sont plutôt
favorables au pâturage, mais apparemment en chargement insuffisant car en bordure de parcs, ou
sur des surface trop exigües pour placer un troupeau durant une période longue.
Afin de mieux caractériser cette recolonisation ligneuse, l’étude des dynamiques végétales
va permettre de définir une typologie des zones homogènes présentes sur le massif, ainsi que les
facteurs principaux qui influencent leur implantation.
Carte 2: Cartographie des espaces victimes de fermeture ou d'ouverture du milieu (Fonction "Symetrical difference") – source Mathilde SORARUFF.
2. Dynamique de la végétation des alpages du Mont d’Arbois :
a) Utilisation de l’ACM :
Afin de mettre en évidence les caractéristiques de la végétation, ainsi que leurs dynamiques,
une étude statistique a été nécessaire.
Grâce à ce tableau de fréquence des espèces, on peut aisément constater la dominance de
l’épicéa comme espèce ligneuse dans la recolonisation forestière, puis de l’aulne, et enfin de l’érable
sycomore. Néanmoins, il est nécessaire de mieux connaître les facteurs de répartition ainsi que les
milieux privilégiés par chaque espèce.
Dans un premier temps, afin de définir les principaux facteurs de répartition des
peuplements végétaux, une Analyse par Correspondances Multiples (ACM) a été réalisée sur un
premier tableau indiquant la présence ou l’absence des espèces répertoriées, ainsi que les différents
facteurs étudiés sur le terrain pour chaque relevé. Les facteurs retenus sont les suivants :
L’altitude
L’orientation
La pente
La formation végétale présente
Le chargement UGB de l’alpage
F1 F2 F3 F4 F5 F6
Valeur propre 0,079 0,069 0,058 0,048 0,047 0,040
Inertie (%) 6,559 5,729 4,782 3,981 3,878 3,296
% cumulé 6,559 12,288 17,070 21,051 24,929 28,225
Inertie ajustée 0,005 0,004 0,002 0,002 0,001 0,001
Inertie ajustée (%) 20,335 14,936 9,788 6,277 5,882 3,894
% cumulé 20,335 35,271 45,059 51,336 57,218 61,112 Tableau 4: tableau récapitulatif des différents axes de l'ACM (source : Mahilde SORARUFF)
Graphique 8: Occurrence des espèces végétales rencontrées sur les transects de terrain (source : Mathilde SORARUFF)
39
L’ACM exercée sur ce tableau indique que les deux premiers facteurs rassemblent environ
35% de l’information totale et que les quatre premiers axes totalisent environ 50% de l’information
(voir Tableau 4). Il a donc été jugé nécessaire d’analyser les quatre premiers axes afin d’expliquer au
mieux les différents facteurs pouvant influencer la répartition végétale.
Deux graphiques ont été construits, l’un associant l’axe 1 et 2 (voir graphique 9) et un autre
rassemblant les deux autres axes, 3 et 4 (voir graphique 10).
Grâce au premier graphique, on peut remarquer que le premier axe se construit selon des
variables liées à la topographie du site, à savoir l’exposition et l’altitude. En effet, sur la partie
négative de l’axe, on peut identifier les altitudes supérieures à 1600m ainsi que les expositions
fraîches (N, N-O, N-E). Cette altitude correspond aux alpages les plus élevés du Mont d’Arbois
(Montagne d’Arbois, Coulaz, Leutelet, la Sasse…), ainsi que ceux situés sur les quelques ubac situés
sur le massif. Sur cet espace, une végétation d’altitude s’y développe (campanule barbue,
vacciniées…), avec des pelouses plus rases qu’en basse altitude ainsi que la formation de landes
arbustives de type « aulnaies ».
Le second axe concerne directement la végétation ; il met en opposition les milieux prairiaux
(prairies hautes, moyennes et rases) sur la partie positive de l’axe aux autres formations (zones
humides, friches, pistes de ski) sur la partie négative. La mention « prairie piquetée » est située entre
les deux entités, proche de la valeur 0 de l’axe. Ainsi, cet axe met en exergue l’opposition entre un
Graphique 9: répartition des variables de l'ACM selon les axes F1 et F2 (source : Mathilde SORARUFF)
40
entretien par le pâturage et d’autres entretiens. Les espèces associées seront, dans la première
entité, adaptées au pâturage, avec des espèces appétentes (trèfle des prés, avoine élevé…),
contrairement à la seconde où le milieu naturel limite la possibilité d’un pâturage conséquent par la
présence d’espèces végétales rejetées par le bétail (joncacées, ronces…), ou de l’absence de réelles
prairies pour le cas des pistes de ski raides, où l’on observe de nombreuses surfaces rabotées. Les
prairies piquetées, quant à elles, par la présence d’espèces arborées et arbustives plus ou moins
denses, sont limitées en terme de surface par le grignotement progressif de celles-ci mais possèdent
tout de même une bonne qualité fourragère.
Les axes F3 et F4 ont été à leur tour croisés pour former un second graphique (voir graphique
10). Ceux-ci construisent ensemble environ 16% de l’information totale. L’axe F3 en fournit un peu
plus de 9,8% tandis que l’axe F4 n’en fournit que 6,3%.
Il apparaît que l’axe F3 se construit autour des exigences autécologiques de la végétation, en
l’occurrence ici, les besoins hydriques. On observe sur la partie négative de l’axe des espèces
hygrophiles à mésohygrophiles comme par exemple la laîche des marais, la renouée bistorte, le jonc
éparse, ou encore la reine des prés. A l’inverse, la partie positive de l’axe est composée d’espèces
mésoxérophiles à xérophiles, comme la campanule barbue, l’épervière piloselle, les chardons, ou
encore la véronique germandrée. On peut donc différencier des alpages bien arrosés, avec des sols
profonds, plutôt situés en mi- versant ou bas de versant, ou encore sur des zones de replats, à des
alpages secs, lessivés, situés plutôt en haut de versant ou sur des pentes importantes.
L’axe F4 possède une faible contribution sur le graphique. Néanmoins la pente se structure selon
cet axe avec une pente de plus en plus élevée suivant que l’on progresse sur l’axe. En effet, la pente
Graphique 10: Répartition des variables de l'ACM selon les axes F3 et F4 (source : Mathilde SORARUFF)
41
influence dans une moindre mesure la répartition végétale. Les pentes les plus raides possèdent un
sol peu évolué, par lessivage lors des précipitations alors que les replats et bas de versant possèdent
un sol profond et riche.
b) Définition des principaux milieux d’écotones sur le Mont d’Arbois :
L’utilisation d’une Classification par Ascendance Hiérarchique (CAH) permet de calculer la
dissimilarité entre différentes données et ainsi de former des groupes homogènes ayant les mêmes
caractéristiques. Dans le cadre de notre étude, il a paru important de dégager par calcul statistique
les différentes unités paysagères présentes sur les écotones du Mont d’Arbois. Ainsi, une CAH a été
réalisée sur l’ACM du tableau d’abondance-dominance des espèces.
Au total, huit unités paysagères ont pu être déterminées :
Les groupements homogènes se sont formés selon deux caractéristiques ; la notion de recolonisation
forestière ainsi que la typologie de cette recolonisation. Ainsi, la CAH a permis de distinguer les
milieux prairiaux sans perturbation ligneuse, plus ou moins riches, des milieux en chargement
insuffisant et par conséquent témoins d’une recolonisation forestière. Cinq groupes se dégagent
dans cette analyse ;
Les boisements pionniers
Les prairies ouvertes héliophiles
Les landes arbustives
Les pelouses rases acidiphiles
Les prairies fraîches
Graphique 11: Dendogramme de dissimilarité et identification des différents milieux associés à chaque groupe (source : Mathilde SORARUFF)
42
Figure 19: Alpage de la Place (source: Mathilde SORARUFF)
Chaque groupement peut contenir un ou plusieurs types, déterminé selon un gradient trophique ou
altitudinal.
Afin de garder un maximum de cohérence avec l’étude préalablement faite par Cyrielle LEROY en
2010, une comparaison avec la typologie proposée par celle-ci a été nécessaire.
Peu de groupements se ressemblent car le Mont d’Arbois (adret principalement) ne bénéficie pas des
mêmes conditions climatiques que Rochebrune (ubac principalement). D’ailleurs, il y a une moins
grande variabilité des milieux sur le premier que sur le second.
Trois morphologies peuvent s’associer dans l’une et dans l’autre; ainsi, les cinq autres groupements
sont spécifiques au Mont d’Arbois.
1er Groupement : boisements pionniers
Le groupement boisement pionnier met en évidence la colonisation progressive d’une espèce
ligneuse en particulier. Il se différencie des landes arbustives, d’une part par le mécanisme de
recolonisation, dans le cas des boisements pionniers, le piquetage, et d’autre part, par le type
d’espèce ligneuse présente. Dans ce groupement, les espèces identifiées concernent une population
de grands arbres, alors que dans le cas des landes arbustives, comme son nom l’indique, ne concerne
que des espèces ligneuses ne dépassant guère la strate arborescente.
C6 : Boisement pionnier épicéa :
43
Ligneux : épicéa
Espèces prairiales : crépide bisannuelle, laîche des marais, potentille dorée, flouve odorante, berce
commune, reine des prés.
Ce type de milieu est facilement identifiable car la recolonisation forestière s’observe par un
piquetage de la prairie. Ainsi il n’y a pas présence de broussailles. Ce groupement est visible
principalement à l’étage montagnard supérieur et subalpin inférieur. Toutefois, les lisières de
pessières plantées forment aussi ce piquetage. Les espèces prairiales sont souvent mésophiles à
hygrophiles, supportant des sols plus ou moins riches en éléments nutritifs. On observe aussi
quelques espèces acidophiles à proximité des épicéas.
C8 : Boisement pionnier érable
Figure 20: Secteur de la Combe à Marin (source: Mathilde SORARUFF)
Ligneux : érable
Espèces prairiales : ortie
Pareillement au groupement ci-dessus, on peut facilement deviner ce type de groupement par le
piquetage de l’érablaie sur la prairie. Ces groupements sont souvent denses, et visibles en mi-
versant à altitude moyenne (étage montagnard supérieur). Les espèces prairiales sont peu variées, à
tendance hygrocline.
44
2e Groupement : prairies héliophiles
C2 : Prairies neutroclines :
Ligneux : /
Espèces prairiales : achillée millefeuille, menthe, salsifis des prés, houlque laineuse, germandrée
petit-chêne, canche cespiteuse.
Ce groupement de prairies rassemble des espèces à large amplitude hydrique. Toutefois, concernant
les conditions édaphiques du milieu, ce groupement favorisera un sol assez riche et plutôt neutre.
On retrouve ce type sans structure altitudinale.
C1 : Prairies neutronitroclines :
Figure 21: secteur des Lanches d'Arbois (source: Mathilde SORARUFF)
Figure 22: secteur du Planay (source: Mathilde SORARUFF)
45
Ligneux : épicéa, frêne, vacciniées, rosier des chiens
Espèces prairiales : Véronique petit chêne, ægopode podagraire, rhinanthe velue, renoncule âcre,
anthyllis vulnéraire, crocriste vrai, lotier corniculé, laîche glauque, gaillet commun, berce commune,
fléole des prés.
Ce type prairial est le plus répandu sur l’ensemble du Mont d’Arbois. Il possède donc une large
amplitude hydrique et trophique, mais s’identifiant sur des sols riches en bases et en éléments
nutritifs. Ce sont typiquement les alpages entretenus par le pâturage. Toutefois une recolonisation
ligneuse est visible, elle aussi très variée car ce groupe n’est pas soumis à un gradient altitudinal. Ces
espèces ligneuses ne sont visibles qu’au stade herbacé ou arbustif.
3e Groupement : Landes arbustives
C5 : Lande arbustive acidophile :
Figure 23: secteur de la Rare (source Mathilde SORARUFF)
Ligneux : Aulne vert, ronce, rosier
Espèces prairiales : dactyle aggloméré, millepertuis, luzule champêtre, agrostis.
Ce groupement est typique de lisières instables situées en milieu acide. On observe à la fois des
espèces héliophiles et de demi-ombre avec une grande amplitude quant aux conditions hydriques.
Ce type est assez peu répandu sur le massif du Mont d’Arbois.
46
C4 : Lande arbustive plutôt nitrophile :
Ligneux : aulne, frêne
Espèces prairiales : crételle, trèfle blanc, cerfeuil sauvage, cumin des prés, jonc éparse, mélampyre
des bois, pensée commune, persil des montagnes, vesce craca.
Ce groupement rassemble des espèces évoluant en milieu riche. Le gradient hydrique est peu
important ainsi que le gradient altitudinal. On observe à la fois des espèces héliophiles et de demi-
ombre, prouvant la situation de lisière instable. La recolonisation forestière reste arbustive, avec une
prédominance d’aulnes verts.
4e Groupement : Pelouses rases
C7 : Pelouse rase acidophile :
Figure 25: secteur du Leutelet (source: Mathilde SORARUFF)
Figure 24: secteur des mouchenettes (source: Mathilde SORARUFF)
47
Ligneux : vacciniées
Espèces prairiales : Campanule barbue, épervière piloselle, épervière vulgaire, flouve odorante.
Ce groupement est typique des versants pentus d’altitude sur le versant « Croches-Joly » du Mont
d’Arbois. C’est un espace avec un potentiel fourrager assez faible, mais difficilement recolonisable
par les espèces ligneuses, car acide, pentu et pauvre en éléments nutritifs. Les peuplements visibles à
proximité peuvent être composés d’aulnaies ou de pessières arbustives.
5e Groupement : prairies fraîches
C3 : Prairies fraîches :
Figure 26: secteur de la Coulaz (source Mathilde SORARUFF)
Ligneux : épicéa et frêne herbacé
Espèces prairiales : aegopode podagraire, angélique sauvage, avoine élevé, centaurée, épilobe en
épi, orchis tacheté.
Ce type est particulier car il est le seul représentant un milieu typique d’ubac. On le retrouve dans les
zones situées au-dessus du Planay, portant une exposition entre Nord-Est et Nord-Ouest. Ainsi, ce
sont des espèces plutôt mésophiles à mésohygrophiles qui colonisent le milieu, et plutôt de demi-
ombre.
48
c) Synthèse des deux analyses :
Grâce à ces deux analyses, il devient plus aisé de comprendre les dynamiques autour de la
végétation sur l’alpage du Mont d’Arbois ; tout d’abord l’ACM a permis d’identifier les principaux
facteurs de répartition de la végétation, alors que la CAH a permis de différencier les différents
milieux découlant de ces facteurs.
Ainsi, la végétation répond principalement à des exigences abiotiques. L’altitude et l’orientation
forment le principal facteur d’implantation végétale. En effet, on a pu observer une structure
différenciant la végétation correspondant aux ubacs ou aux adrets. Dans le premier cas, on pourra
observer des espèces plutôt de demi-ombre, ainsi que mésohygrophiles à hygrophiles. De plus, avec
le gradient altitudinal, qui est le principal facteur de répartition végétale, on retrouve des espèces
typiques de l’étage collinéen à montagnard (frêne, rosier commun, épilobe en épi) en bas de versant,
contrairement à des espèces adaptées à l’étage subalpin comme par exemple les vacciniées, le nard
raide, ou encore la campanule barbue, plutôt en haut de versant.
Dans un deuxième temps, la végétation se structure autour d’un facteur biotique, à savoir
l’entretien par le pâturage. En effet, l’ACM a regroupé les milieux correspondant aux prairies
pâturées (prairies rases, moyennes, hautes) face à des milieux moins fréquentés par le bétail (friches,
ZH, piste de ski raide). Ainsi les pratiques pastorales structurent l’implantation de la végétation,
favorisant une végétation héliophile, appréciant les sols riches en éléments nutritifs (de par un relief
peu accidenté et la présence d’une bonne fertilisation animale voire par traitement chimique) ainsi
qu’appétente dans le cas des prairies pâturées, et à l’inverse une végétation à potentiel fourrager
faible dans le cas des milieux peu fréquentés. Dans ce cas, les facteurs abiotiques (climat, lumière,
sol) redeviennent largement prédominants.
Dans une moindre mesure, d’autres facteurs abiotiques influencent la dynamique végétale, telles
que l’hydrométrie ou la pente. L’hydrométrie est ici peu structurante car le climat est dans
l’ensemble bien arrosé, et les pentes sur les zones de pâturage peu élevées.
Ainsi l’ensemble de ces facteurs conditionnent la formation de milieux spécifiques, comme le
montre la CAH. En effet, cette analyse a permis de dégager des milieux influencés par des facteurs
abiotiques (prairies fraîches C3, prairies rases acidophiles C7) ou par des facteurs biotiques, en
l’occurrence l’entretien par pâturage (prairies C1 et C2). La reforestation apparaît aussi, avec une
typologie des différents faciès rencontrés sur le terrain tel que les boisements pionniers (C6 – C8) ou
les landes arbustives (C4 – C5).
On observe une recolonisation de feuillus, par piquetage, appartenant au faciès C8 sur les bas de
versants du Mont d’Arbois situés à l’étage montagnard. Dans la plupart des cas, ces alpages sont bien
pâturés l’été, mais certaines zones peuvent être délaissées par le troupeau ou l’entretien post-estive
peut ne pas être suffisant pour maintenir les lisières stables. Ainsi, au fil des années, quelques
individus isolés persistent. On observe aussi une recolonisation ligneuse plus rapide, par des landes
arbustives (faciès C4), souvent sous forme de broussailles, dans des prairies sous- pâturées ou dans
des prairies à pâturage temporaire de basse altitude. A un gradient altitudinal plus élevé, on observe
une recolonisation sous forme de prairies piquetées pessières (faciès C6), ou encore de la formation
de landes arbustives acidophiles constituées essentiellement d’aulnes (faciès C5). On observe aussi
des prairies rases acidiphiles (faciès C7), typiques des zones d’altitude, celles-ci difficilement
49
recolonisables par la strate ligneuse. Les hauts de versants sont donc avant tout marqués par l’acidité
du milieu, provoqué principalement par la large présence de l’épicéa.
3. Dynamique de l’activité pastorale sur le Mont d’Arbois :
Dans le but d’obtenir plus d’informations sur les facteurs d’évolution de la végétation sur le Mont
d’Arbois, il a été indispensable de s’entretenir avec les acteurs directs qui entretiennent les paysages
pastoraux, à savoir les agriculteurs. En effet, l’entretien a permis de dégager une tendance quant aux
pratiques liées à l’exploitation de l’alpage, et d’observer éventuellement une corrélation entre celles-
ci et les dynamiques végétales. De plus, il a été aussi possible d’évaluer les perspectives d’avenir de
ces alpages ainsi que leur utilisation, afin de montrer une éventuelle tendance quant à la
recolonisation ligneuse future.
Au total, 12 agriculteurs ont été interrogés sur les 13 présents sur les alpages du Mont d’Arbois. Le
seul agriculteur manquant concerne l’alpage du Vorasset.
a) Portrait des agriculteurs du Mont d’Arbois :
Dans un premier temps, il paraît intéressant de dresser un portrait de l’agriculture sur le Mont
d’Arbois car relativement singulière par rapport aux autres massifs. En effet, la première particularité
vient d’une majorité d’exploitants non propriétaires de leurs terrains, avec seulement 3 agriculteurs
sur 12 propriétaires de leur alpage, dont un partiellement. En effet, une grande partie de ces
parcelles appartiennent à la société SFHM.
On observe aussi une moyenne d’âge plus élevée que la moyenne communale, s’élevant à 50,4
ans (moyenne communale : 47,2 ans). Ainsi, en moyenne, les exploitants tendent à entrer dans un
âge avancé, dont très peu connaissant un héritier à ce jour (5 sur 7 exploitants de plus de 50 ans
n’ont pas d’héritier connu).
Le pastoralisme sur le Mont d’Arbois est une
activité qui nécessite la pluriactivité; en effet, les
deux tiers des agriculteurs du massif sont dans ce
cas, même si l’agriculture constitue leur activité
principale pour la moitié d’entre eux (en tant que
revenus). Une majorité travaille au sein de la
station durant la station hivernale, occupant des
postes au service des remontées mécaniques, ou
encore pisteur-secouriste ou moniteur de ski (voir
Graphique 12). Les secteurs de l’artisanat sont aussi
bien représentés, notamment dans le secteur du
bâtiment ou de la gestion du bois.
Graphique 12: Les principaux secteurs d'embauche comme second emploi des chefs d'exploitations du Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF)
50
On constate aussi qu’une partie importante des surfaces pastorales sont occupées par des exploitations issues de villages voisins (voir Carte 3). Plusieurs cas sont possibles ; le premier concerne des exploitations qui ont récupéré d’anciens alpages non utilisés par un système de location ou par accord tacite. Autrement, certaines exploitations venues d’ailleurs mettent en pension une partie de leur cheptel à un berger mégevan, propriétaire ou non des terres qu’il exploite.
D’après la carte 3, on constate qu’une moitié des alpages sont occupés par des troupeaux venus de l’extérieur. Les alpages occupés par des agriculteurs mégevans sont des alpages dont eux-mêmes ou leur famille sont propriétaires, à savoir les alpages situés au Sud du massif (Sasse, Leutelet, la Place…). Les alpages correspondant au domaine skiable du Mont d’Arbois ne sont généralement pas la propriété des exploitants. Ainsi, les agriculteurs venus d’ailleurs peuvent se positionner pour obtenir le droit d’exploiter, par la location des terrains.
Carte 3: cartographie de l'origine des chefs d'exploitation pour chaque alpage
51
b) Fonctionnement des exploitations sur le massif :
Les exploitations sur le Mont d’Arbois possèdent, pour 12 d’entre elles, le statut « exploitation
individuelle ». Une seule possède le statut de GAEC (nommé « Les Belles des Champs »). Par
conséquent, la totalité des exploitations sont en fait des entreprises familiales, avec uniquement des
employés membres de la famille.
Les sièges d’exploitation des agriculteurs ne sont pas toujours situés sur la commune ; en effet, 4
des 13 exploitations ont leur siège situé sur une commune voisine (Combloux, St Gervais, Demi-
Quartier). L’ensemble des exploitations dans ce cas entretient 30% du territoire communal.
Sur l’alpage, le fonctionnement de l’entreprise est simple ; en effet, de par des surfaces d’alpages
de petite taille, il n’y a pas de notion de montée ou de descente du troupeau sur l’alpage. Dans la
plupart des cas, le cheptel est parqué puis déplacé en fonction des points d’eau disponibles, dès que
le fourrage vient à manquer. Dans certains cas, le troupeau n’est même pas parqué et possède par
conséquent la possibilité d’évoluer à sa guise sur l’ensemble de l’alpage. Cette méthode peut poser
quelques problèmes en termes de recolonisation forestière. En effet, laisser la possibilité au
troupeau de pouvoir choisir ce qu’il va pâturer va lui permettre de laisser de côté les espèces les
moins appétentes, et ainsi de ne pas maîtriser la consommation de l’ensemble de l’alpage. Ce type
d’exploitation requiert donc une fauche des refus après le passage du troupeau. D’ailleurs, les lisières
de forêts, souvent situées à distance des points de repos et de ravitaillement (eau ou sel) sont
laissées pour compte, ce qui permet une recolonisation plus rapide sur ces espaces.
La récolte laitière ne se fait pas sur l’alpage, (sauf dans deux cas sur treize) ; en effet, des
obstacles matériels tels que la perte de la fonction agricole des chalets d’alpages ainsi que les
chemins d’accès à certains sites dégradés forment une première cause qui limite l’implantation d’une
activité laitière sur l’alpage l’été. La deuxième cause est due à la taille des alpages ; en effet, ceux-ci
sont trop petits pour subvenir aux besoins d’un troupeau laitier de taille pour plusieurs semaines. On
constate donc que les vaches laitières restent soit à proximité du siège d’exploitation, soit sont
emmenées durant l’ensemble de la saison estivale dans des alpages plus étendus. Les alpages du
Mont d’Arbois accueillent donc des troupeaux de génisses, bovins non producteurs de lait (vaches à
viandes, allaitantes…), ovins ou caprins, qui représentent une charge UGB moins importante
individuellement. Megève possède aussi la particularité de posséder un élevage équin conséquent ;
le massif du Mont d’Arbois n’échappe pas à cette règle (voir Error! Reference source not found.).
Graphique 13: Composition de l’ensemble du cheptel présent l’été sur le massif du Mont d’Arbois (source: Mathilde SORARUFF)
52
Concernant la ressource fourragère, plus de 50% des exploitations ne sont pas autonomes
pour l’hiver. Elles se procurent donc la ressource manquante dans les communes voisines. La
végétation des alpages du Mont d’Arbois possède généralement une bonne qualité fourragère, ce
qui représente un atout pour l’utilisation pérenne de l’ensemble des surfaces. La ressource en eau
est dans l’ensemble largement disponible, même dans les périodes extrêmes de sécheresse estivale.
Deux agriculteurs produisent directement sur l’alpage, transforment et vendent eux-mêmes
leur production laitière. De plus, une exploitation vend directement de la viande bovine à la ferme.
Les exploitations restantes vendent leur production laitière à des coopératives (Coopérative de
Flumet ou « Les Fermiers Savoyards »).
Finalement, les exploitations du Mont d’Arbois restent des micro-entreprises, avec un statut
d’exploitation individuelle. Celles-ci sont principalement laitières, avec en grande partie une
production de lait bovin, et, dans une moindre mesure, de lait caprin. L’alpage à Megève est devenu
une zone d’estive principalement pour les génisses, vaches à viandes ou chèvres. En effet, l’absence
de salle de traite, ou l’accès difficile à certains alpages limite une traite quotidienne en altitude. De
plus, la taille réduite des unités pastorales ne permet pas l’installation d’un cheptel important. Enfin,
on constate une insuffisance de la ressource de fauche en basse altitude, avec des exploitations
souvent non autonomes en fourrage, et ainsi obligées d’acheter plus bas en vallée. En effet, on
observe un grignotage progressif des parcelles de fauche, d’une part, par l’extension urbaine, et
d’autre part, par la recolonisation forestière des parcelles difficilement mécanisables.
c) Alpages et recolonisation forestière :
L’ensemble des agriculteurs interrogés ont parfaitement conscience de leur rôle dans l’entretien
du paysage. Ils observent toutefois la recolonisation progressive des ligneux, soit par
embroussaillement (rosier, aulnaie), soit par retour progressif de la forêt (épicéa).
Chargement UGB :
Le chargement animal participe activement à l’entretien des paysages pastoraux. En effet, la
consommation journalière par hectare va varier selon l’espèce animale présente. Si le chargement
est trop faible, l’ensemble de l’alpage ne pourra pas être « tondu », et inversement, s’il est trop
important, l’alpage est en situation de surpâturage et développe une végétation nitrophile et donc
peu appétente pour le bétail.
Pour mieux définir ce chargement, l’indice de charge UGB (Unité Gros Bétail) est intéressant.
Voici sa formule :
Charge UGB = Nombre de têtes (en UGB) / surface totale de l’alpage (en ha)
Le nombre de têtes s’exprime grâce à un indice UGB. Ainsi, une vache laitière représente 1
UGB, alors qu’une génisse ne représente que 0.6 UGB. Ce code fait référence à la consommation
quotidienne en fourrage d’une espèce animale, qui est calculé pour chaque espèce en annexes n°3.
53
Ainsi, un alpage ayant un indice inférieur à 0.5 sera en chargement faible. En revanche, un indice
supérieur à 2 correspondra à un alpage fortement chargé. L’optimum de chargement se situe aux
environs de 0.7 pour une agriculture de montagne.
Néanmoins, cet indice est à relativiser et ne permet de l’associer à la dynamique végétale car il ne
prend pas en compte de nombreux autres facteurs liés à la consommation estivale sur l’alpage, tels
que :
La durée de mise à l’herbe
La construction de quartiers d’alpage
La fréquence de pâturage (annuelle, bisannuelle)
L’entretien post-pâturage
Carte 4: Cartographie de la pression UGB sur le massif du Mont d'Arbois (source: Mathilde SORARUFF)
54
La Carte 4 nous permet de visualiser dans un premier temps un chargement relativement
important sur la partie Nord du Mont d’Arbois ; ainsi l’ensemble de ces alpages ont globalement un
chargement optimal entre 0.6 et 0.8 UGB/ha, sauf pour l’alpage du Vorasset possédant un
chargement légèrement plus important (entre 0.9 et 1.5UGB/ha). Plusieurs de ces alpages sont à
caractère mixte, couplant ainsi un bétail plus ou moins consommateur de fourrage (chèvres, génisses
et laitières). Ils bénéficient en général d’un accès relativement aisé avec une mobilité plus facile.
Nom de l’alpage Nature du troupeau
Vorasset Génisses
Stepan Vaches à viande
Follières Laitières
Talon Laitières, génisses
Montagne d’Arbois (Rosalie) Laitières, génisses, caprins laitiers Tableau 5: Nature du troupeau des alpages situés au Nord du massif (source : Mathilde SORARUFF)
Les alpages situés sur le chemin du Tornay et de la Rare ont un chargement UGB
relativement fort à fort (pour le Loutaz-dessus), avec l’exploitation de vaches à viande ou de
génisses. L’alpage du Loutaz-dessus est occupé par le seul GAEC exploitant sur le Mont d’Arbois, ce
qui explique le chargement important. L’accès y est difficile, mais relativement rapide.
Nom de l’alpage Nature du troupeau
Tornay-bas Vaches à viande
Tornay-haut Vaches à viande
Loutaz-dessus Génisses Tableau 6: Nature du troupeau des alpages situés sur la partie centrale du Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF)
Enfin, les alpages situés au Sud du massif ont un chargement faible à optimal. Ceux ayant un
chargement optimal ont en général un accès facile. Les alpages les plus faibles en chargement sont
situés à de hautes altitudes (notamment le Leutelet). L’alpage de la Sasse possède un
fonctionnement particulier puisque l’exploitant est sur l’alpage toute l’année. Ainsi, le bétail (ici des
bisons) pâture de la fonte des neiges au printemps jusqu’au regel à l’hiver. Malgré un chargement
faible, la surface fourragère est constamment sollicitée.
Cette zone possède une exception, avec l’alpage du Barriaz, au chargement important. Cet alpage
possède une surface très réduite malgré un troupeau correspondant à la moyenne communale, ce
qui explique ce taux élevé.
Nom de l’alpage Nature du troupeau
Dessus-la-croix Génisses
Planay Génisses
Coulaz Vaches à viande
Envers du planay Chevalins
Place Génisses
Leutelet Génisses
Sasse Bisons
Barriaz Génisses, chevalins Tableau 7: Nature du troupeau des alpages situés au Sud du massif du Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF)
55
L’entretien :
L’entretien de l’alpage après une saison d’estive est toujours important. En effet, en l’absence de
cette pratique, les refus non pâturés par le bétail peuvent ainsi permettre à des espèces ligneuses de
s’implanter et de croitre rapidement. De plus, les lisières sont instables, souvent éloignées des
espaces de repos ou d’abreuvement du cheptel. Ainsi, celles-ci empiètent petit à petit sur les espaces
ouverts si une fauche systématique n’est pas effectuée.
Alpage Entretien effectif
Stepan Traitement chimique
Follières /
Talon Broyage/ Traitement chimique
Rosalie Broyage/ Débroussaillage
Tornay/ Rare /
Loutaz-dessus Débroussaillage/ Traitement chimique
Combe à marin/ Planay /
Envers du Planay Fauche des refus
Coulaz Traitement chimique
La Place /
Leutelet Débroussaillage
Sasse Débroussaillage
Barriaz Débroussaillage Tableau 8: Inventaire des entretiens effectués sur chaque alpages du Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF)
Sur le massif du Mont d’Arbois, un tiers des exploitants n’entretiennent pas leur alpage en
supplément du pâturage estival. Pourtant, un de ceux-ci observe tout de même une diminution de la
superficie de son alpage.
Plusieurs possibilités d’entretien existent pour les agriculteurs de Megève ; tout d’abord, les alpages
situés dans le même temps sur des pistes de ski peuvent bénéficier d’un broyage. Sinon, et cela
représente la majorité des cas, c’est l’exploitant lui-même qui procède à la fauche des refus. Six des
huit exploitants entretenant eux-mêmes leur terrain procèdent à cette méthode. Trois agriculteurs
utilisent un traitement chimique d’entretien.
Comme cela a déjà été abordé dans les parties
précédentes, la déprise agricole est un facteur important de
recolonisation forestière sur les alpages, par chargement
insuffisant des parcelles, voire abandon. Il a donc paru
intéressant de chercher les causes du retrait progressif du
nombre d’agriculteurs sur le massif.
Il apparaît que la pression foncière (voir Figure 28) et le
mauvais accès aux alpages (voir Figure 27) sont les causes
principales du retrait des agriculteurs.
Figure 27: Accès parfois très raide nécessitant l'installation de chaînes pour permettre le passage des véhicules - Accès au secteur du Tornay (source: Mathilde SORARUFF)
56
Deux autres raisons apparaissent comme importantes, il s’agit des conflits d’intérêts entre
agriculture et tourisme, ainsi que l’absence de successeurs. Ainsi, les agriculteurs dénoncent un
manque de prise en compte de leur activité dans les décisions d’aménagement du territoire.
L’absence de successeurs, mais aussi les difficultés de mécanisation sont quant à elles des causes
structurelles de la condition de l’agriculture actuelle.
d) Avenir de l’agriculture du Mont d’Arbois :
Les agriculteurs mégevans sont confrontés aujourd’hui au problème du renouvellement des
générations et par conséquent à la constitution d’une jeune génération. En effet, plus des trois quart
des agriculteurs ne connaissent pas leur futur successeur (voir Carte 5: cartographie de l'avenir à long
terme des exploitations présentes sur le Mont d'Arbois). Ce chiffre est à nuancer puisque deux
agriculteurs sont pères de jeunes enfants et par conséquent ne connaissent pas leur avenir
professionnel. On remarque que plusieurs agriculteurs ont des enfants, mais que ceux-ci ne
souhaitent pas reprendre l’activité familiale. Néanmoins, on observe aussi de jeunes agriculteurs
dans l’impossibilité de reprendre l’affaire familiale, dû au prix du foncier inabordable. Plusieurs
agriculteurs sont aussi dans l’impossibilité de modifier leurs bâtiments d’exploitation afin de se
mettre aux normes actuelles. On observe donc des démarches difficiles à effectuer, et par
conséquent qui limitent les possibilités d’implantation de nouvelles exploitations.
Toutefois, même si le nombre d’agriculteurs diminue, l’utilisation des surfaces prairiales, quant à elle,
diminue peu ; ainsi, les plus grosses exploitations absorbent petit à petit les exploitations
déclinantes.
Figure 28: Evolution du tissu urbain entre le secteur du Mont d'Arbois et du Planellet (source : missions aériennes 1952 et 2010 IGN)
57
On peut donc conclure que l’agriculture sur le Mont d’Arbois n’est pas directement menacée.
En effet, le nombre d’agriculteurs est encore relativement important. De plus, de jeunes exploitants
ont pu s’installer, assurant ainsi la pérennité de l’exploitation d’une grande partie des alpages du
Mont d’Arbois. Toutefois, on peut signaler des difficultés spécifiques à la commune, qui s’ajoutent
Carte 5: cartographie de l'avenir à long terme des exploitations présentes sur le Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF)
58
aux difficultés structurelles actuelles, telles que la pression foncière, qui grignote les parcelles de
fauches et limite l’installation de la nouvelle génération d’agriculteurs, ou encore des accès aux
alpages difficiles, qui freinent la possibilité d’une exploitation laitière d’altitude.
On peut aisément imaginer le profil agricole du massif dans les années à venir ; en effet, les
exploitations de petites tailles, avec un personnel âgé et sans successeurs, vont petit à petit
disparaître, pour laisser place à des exploitations plus importantes en taille et en nombre de têtes de
bétail. Ainsi, le nombre d’exploitations va diminuer, mais les surfaces d’alpages seront toujours
utilisées. Les productions locales vont petit à petit disparaître pour laisser place à une production
tournée vers les grandes coopératives laitières labellisées de la région.
4. Bilan de la dynamique des alpages sur la commune de Megève :
Après analyse de l’ensemble des résultats obtenus à travers cette étude, il est possible de dresser
un bilan de la dynamique des alpages à Megève. Dans la première partie de l’étude (étude
diachronique), on constate une fermeture très progressive ainsi qu’hétérogène des alpages, par un
rétrécissement des lisières. En effet, le couvert forestier se densifie et s’homogénéise de manière
générale, mais certains secteurs sont fragmentés par le passage des pistes de ski. Les analyses
statistiques quant à elles, ont pu montrer des systèmes de recolonisation forestière variés, influencés
principalement par des facteurs abiotiques. Enfin, les entretiens effectués pour la troisième analyse
ont démontré que l’agriculture sur le massif est toujours viable, mais actuellement en pleine
mutation.
Si l’on combine l’ensemble de ces résultats, on peut deviner les dynamiques paysagères ainsi que
leurs causes et conséquences.
Premièrement, on constate un reboisement, plus ou moins important selon les secteurs. En effet,
les surfaces les plus largement touchées sont des zones difficilement accessibles, des lisières, ainsi
que certaines parcelles correspondant à des prairies de fauche. Dans le premier cas, les espaces
concernés peuvent être de deux natures ; tout d’abord les zones les plus raides comme par exemple
au-dessus du secteur du Leutelet qui ont perdu leur fonction de pâture. En effet, ces espaces étaient
particulièrement adaptés pour un cheptel ovin. Or aujourd’hui ce type de bétail n’est pratiquement
plus élevé sur l’ensemble de la commune. De plus, la faible valeur fourragère ainsi que les difficultés
d’accès ont conduit peu à peu à l’abandon de ce type de parcelle.
Dans d’autres cas, les parcelles d’alpages situées loin d’un chemin carrossable sont elles aussi
largement menacées par la recolonisation forestière. En effet, ce cas concerne de très petites
parcelles, peu rentables et difficilement exploitables de par l’absence d’accès facile. C’est le cas par
exemple de portions d’alpages situées à proximité de la Coulaz ou du Barriaz.
Les lisières sont des zones particulièrement instables, car directement en contact avec les espaces
forestiers semenciers. D’une part, l’absence d’un entretien systématique après le pâturage estival,
par une fauche des refus ou par traitement chimique des espèces ligneuses pionnières, peut
permettre à celles-ci de croître et entamer un processus de recolonisation. D’autre part, le
chargement moins important des alpages en bétail limite le piétinement et la tonte systématique de
la surface fourragère, favorisant la reconquête ligneuse. On constate qu’une large majorité des
alpages sont concernés par ce phénomène, dans l’ensemble victimes de la déprise agricole.
59
Enfin, la reconquête forestière sur des espaces dédiés à la fauche est relativement
spectaculaire, bien qu’hétérogène. En effet, les prairies les plus touchées sont situées en haut de
versant, sur des pentes raides est donc difficilement mécanisables. Le pâturage remplace ici la
fauche, mais de manière moins systématique, en fonction des besoins annuels.
On a pu observer sur le terrain différentes formes de reforestation. L’étude cartographique
et statistique a permis de définir ces processus.
Tout d’abord, à basse altitude, on observe une conquête ligneuse grâce à l’enfrichement de certaines
parcelles. Ainsi, les ronces et rosiers forment un écran qui permet aux espèces ligneuses,
principalement l’érable, de croître librement.
Dans un stade plus avancé, on peut observer des landes arbustives denses, composées à la fois
d’aulnes, frênes, érables ou rosiers. On peut identifier aussi la naissance de prairies piquetées. Le
premier processus s’entame lorsque le pâturage n’est quasiment plus existant sur la zone, le second
lorsque le troupeau reste présent, mais en l’absence d’entretien post-pâturage de type fauche ou
traitement chimique. Deux cas sont observables pour les prairies piquetées ; le premier concerne les
espaces ouverts situés à proximité de plantation de conifères (secteur des Meuniers) ou de forêts
climaciques (Stepan, les Follières) donnant naissance à des prairies piquetées d’épicéas. Le deuxième
cas concerne la progression de l’érablaie par un piquetage dense, bien visible près du secteur de la
Combe à Marin.
A des altitudes plus élevées, la pessière représente une large majorité des surfaces forestières. Par
conséquent, les prairies piquetées d’épicéas sont largement représentées, comme par exemple sur le
secteur de la Place ou du Leutelet. La formation de larges landes arbustives (ou arborescentes) est
aussi visible sur des zones particulièrement raides ou à l’abandon, comme par exemple sur le secteur
de la Rare ou encore sur les flancs raides du secteur de la Sasse. Dans ce type de formation, l’aulne y
est particulièrement représenté.
Cette recolonisation forestière est due à un changement des pratiques agricoles sur l’ensemble de la
commune. En effet autrefois, le pastoralisme faisait partie des activités vivrières qui composaient le
quotidien des habitants de l’époque. En général, une famille possédait un petit troupeau mixte
(bovins, ovins, caprins), ressource nourricière, qu’elle emmenait en alpage l’été. Le troupeau était
ainsi gardé toute la saison.
Aujourd’hui l’agriculture est une activité professionnelle à part entière ; on recherche donc un
maximum de productivité, à travers la mécanisation par exemple, dans des espaces pourtant peu
destinés à ce type de pratique. Ainsi, les espaces jugés les moins « rentables » sont peu à peu
abandonnés. De plus, l’absence de berger au quotidien (en effet, l’éleveur doit aujourd’hui aussi
faucher pendant la période d’estive) ne permet plus une maîtrise parfaite du pâturage du troupeau.
Les alpages du Mont d’Arbois ont aussi perdu en majorité leur vocation laitière. Seules les génisses
et vaches à viandes occupent dorénavant ces espaces. Le chargement est donc généralement moins
important.
Cette tendance s’accentue à chaque nouvelle génération; en effet, aujourd’hui persiste encore une
forme d’agriculture à micro-échelle (petits troupeaux), mais non renouvelée par les jeunes
générations. Ces agriculteurs sont en général dans un âge avancé, sans successeur connu.
Les surfaces occupées par ce type d’exploitation ne sont pas pour autant menacées d’abandon. Ce
sont les plus grandes entreprises qui occuperont dorénavant ces espaces, formant des alpages plus
60
étendus, permettant ainsi à un troupeau important de génisses, voire de laitières, de passer
l’ensemble de la saison en alpages.
Néanmoins ce type d’exploitation va, à l’image de la tendance entre 1952 et 2010, favoriser le
pâturage de surfaces suffisamment étendues, facilement accessibles et exploitables.
Un autre phénomène va déterminer la dynamique agricole sur le territoire. Aujourd’hui, on constate
que beaucoup d’exploitations d’origine mégevanes tendent à disparaître, par l’absence de
successeurs, ainsi que l’absence d’installation de jeunes. En effet, une seule exploitation sur le Mont
d’Arbois est en mesure d’assurer son activité à long terme. De par ce terme on suppose un chef
d’exploitation jeune (moins de 50 ans) ou ayant un successeur connu. Les autres exploitations dans
ce cas n’ont pas leur siège d’exploitation sur la commune. On constate donc une tendance à la perte
du secteur agricole sur Megève, remplacé sur les alpages par des exploitants venus de communes
voisines. Cette mutation ne représente pas un accélérateur des dynamiques de reforestation des
alpages, mais peut encourager à long terme la perte des valeurs d’agriculture et de préservation des
espaces ouverts chères à la commune.
Le domaine skiable contribue au maintien de certains espaces ouverts en manque d’entretien. Ainsi,
grâce au broyage, certains alpages conservent leur surface initiale. De plus, l’activité touristique
représente la majorité des seconds revenus des agriculteurs. En effet aujourd’hui, avec la diminution
des espaces dédiés à l’agriculture (notamment les espaces de fauche), les exploitants ne peuvent
développer leur activité sur la commune et sont ainsi contraints de coupler plusieurs activités
saisonnières. Le maintien du domaine skiable devient dans cette optique primordiale, car il
représente un bassin d’emploi hivernal conséquent, dont dépendent les petites exploitations.
61
CONCLUSION
L’ensemble de cette étude a permis de mieux visualiser les dynamiques végétales sur les
alpages ainsi que de mieux cerner les problématiques futures liées à la présence de cette activité.
Tout d’abord, les surfaces forestières ont légèrement progressé (17%), de par le contexte de déprise
agricole actuel. Cette tendance s’illustre par une chute du nombre d’exploitations, un vieillissement
global de leurs dirigeants, et sur le terrain par un chargement par le bétail parfois insuffisant pour
maintenir la dynamique de progression ligneuse, ainsi qu’un entretien des parcelles après pâturage
non systématique.
Ainsi, les études statistiques ont permis de montrer que la végétation répond dans un
premier temps à des facteurs abiotiques de répartition (exposition, pente), montrant de cette
manière la diminution de l’influence des pratiques sur le milieu. En fait, on observe plus exactement
une augmentation des groupements végétaux dépendants de variables du milieu naturel (landes
arbustives acidophiles, boisements pionniers, pelouses rases acidophiles). Les alpages ayant
globalement peu évolué sont tout de même représentés de manière significative, d’une part car
l’entretien par pâturage est un facteur structurant des dynamiques végétales (opposé aux autres
modes de tonte), d’autre part car des milieux prairiaux diversifiés (prairies nitroclines,
neutronitroclines, fraîches) ont pu être identifiés dans la CAH.
La reforestation est visible sous plusieurs formes ; dans un premier temps par la naissance de
prairies piquetées, qui à long terme se densifient pour former une étendue forestière dense. Sur le
Mont d’Arbois, l’érable et l’épicéa sont les principales essences pionnières. Cette forme de
recolonisation est visible principalement à proximité des lisières boisées.
La seconde forme visible de reforestation, et ce processus est déjà décrit depuis les années 1950 (cf
partie III-1), se développe par la propagation de landes arbustives. Selon l’exposition et l’altitude, on
pourra observer des landes de broussailles, à rosier et ronce, sur les versants bien exposés et à basse
altitude, ou des landes composées essentiellement d’aulnes, sur les ubacs raides ou les zones
d’altitude (secteur du Leutelet).
Ainsi l’activité agricole fait toujours partie du paysage mégevan, malgré de fortes mutations
depuis plusieurs dizaines d’années ; en effet, l’agriculture autrefois extensive et vivrière, est devenue
une activité professionnelle répondant aux logiques de marché actuelles. On assiste donc à une
diminution du nombre d’exploitations mais à une augmentation de leur taille, se traduisant sur le
terrain par un équilibrage quant à l’utilisation des terres. D’ailleurs, les jeunes agriculteurs dans ce
cas ne sont plus pluriactifs (ou diversifient les activités liées à l’exploitation) et se consacrent à plein
temps à l’activité agricole. Cet essor des grandes exploitations n’est d’ailleurs pas représentatif sur le
Mont d’Arbois; ce sont en effet principalement des agriculteurs originaires des villages voisins qui
absorbent petit à petit les terres des exploitations vieillissantes mégevanes.
Car c’est une tendance indéniable sur les exploitations présentes sur les alpages du Mont d’Arbois ;
de nombreux chefs d’exploitation sont âgés, sans successeur connu. Ainsi, ces petites exploitations
sont condamnées à disparaître.
De plus, dans le contexte foncier actuel de Megève, il est difficile pour les jeunes générations
de s’installer. Ainsi, ce sont les agriculteurs venus d’autres communes qui occupent petit à petit les
surfaces pastorales. Même si ce phénomène ne touche en rien la dynamique végétale, elle pourrait
affaiblir la volonté de maintien de l’activité sur la commune, et ainsi négliger les problématiques
pastorales.
62
BIBLIOGRAPHIE
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SACHIETTI M., 2008, Le projet de PLU de Megève : observations et suggestions pour une ville
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63
Table des figures
Figure 1: Schéma de la distribution du gradient altitudinal selon le versant ....................................... 11
Figure 2: schéma de l'influence des pratiques sur le milieu selon l'éloignement du bâtiment
d'exploitation (source : éléments de pastoralisme montagnard, tome 1) ........................................... 12
Figure 3: localisation de la commune de Megève (source : www.gîte du Cassioz.fr) ........................... 14
Figure 4: localisation des trois massifs montagneux de la commune de Megève (source : IGN top 25,
commune de Megève)....................................................................................................................... 14
Figure 5: Carte géologique de Megève (source : diagnostic territorial Megève) ................................. 15
Figure 6: Diagramme ombrothermique de la station MétéoFrance de Megève (moyennes 1960-2010)
– sources : données MétéoFrance, diagramme Mathilde SORARUFF) ................................................ 16
Figure 7: Cartographie Corine Land Cover de Megève en 2006 (source: Corine Land Cover France).... 19
Figure 8: Méthode de géoréférencement et orthorectification des photographies aériennes de 1952
sur le logiciel ArcGis (source : Mathilde SORARUFF) ........................................................................... 27
Figure 9: schéma de l'aire minimale et maximale (source: Cyrielle LEROY) ......................................... 28
Figure 10: méthode de l'indice de recouvrement dans le cadre du stage à Megève (source : la blog de
l’écologie) ......................................................................................................................................... 29
Figure 11: Répartition de l'indice de sociabilité selon la densité du peuplement (source : la blog de
l’écologie) ......................................................................................................................................... 29
Figure 12: diagramme écologique type utlisé lors de la définition des milieux obtenus lors de la CAH
(source : Cyrielle LEROY) .................................................................................................................... 32
Figure 13: Exemple de fragmentation sur le Mont d'Arbois entre 1952 et 2010 (sources : missions
aériennes IGN) .................................................................................................................................. 34
Figure 14: exemple d'homogénéisation du couvert forestier entre 1952 et 2010 (secteur de la Coulaz)-
source : mission aérienne IGN. .......................................................................................................... 34
Figure 15: exemple d'embroussaillement arbustif visible sur photographies aériennes (secteur des
Mouchenettes) – source : mission aérienne IGN. ............................................................................... 35
Figure 16: exemple de prairie piquetée (secteur de Stepan)- source : mission aérienne IGN. .............. 35
Figure 17: exemple de landes arbustives directement identifiables sur photographies aériennes
(secteur de la Rare) – sources : mission aérienne IGN ........................................................................ 36
Figure 18: Alpage de la Place (source: Mathilde SORARUFF).............................................................. 42
Figure 19: Secteur de la Combe à Marin (source: Mathilde SORARUFF) ............................................. 43
Figure 20: secteur des Lanches d'Arbois (source: Mathilde SORARUFF ............................................... 44
Figure 21: secteur du Planay (source: Mathilde SORARUFF) .............................................................. 44
Figure 22: secteur de la Rare (source Mathilde SORARUFF) ............................................................... 45
Figure 23: secteur des mouchenettes (source: Mathilde SORARUFF) ................................................. 46
Figure 24: secteur du Leutelet (source: Mathilde SORARUFF) ............................................................ 46
Figure 25: secteur de la Coulaz (source Mathilde SORARUFF) ............................................................ 47
Figure 26: Accès parfois très raide nécessitant l'installation de chaînes pour permettre le passage des
véhicules - Accès au secteur du Tornay (source: Mathilde SORARUFF) ............................................... 55
Figure 27: Evolution du tissu urbain entre le secteur du Mont d'Arbois et du Planellet (source :
missions aériennes IGN) .................................................................................................................... 56
64
Table des tableaux :
Tableau 1: évolution du secteur agricole du canton de Sallanches entre 1979 et 2000 (sources:
diagnostic agricole Megève) ............................................................................................................. 21
Tableau 2: évolution du secteur agricole de Megève entre 1979 et 2000 (source: diagnostic agricole
Megève) ........................................................................................................................................... 21
Tableau 3: definition des classes pour la fiche terrain (sources : Cyrielle LEROY) ............................... 31
Tableau 4: tableau récapitulatif des différents axes de l'ACM (sources : Mathilde SORARUFF)........... 38
Tableau 5: Nature du troupeau des alpages situés au Nord du massif (sources : Mathilde SORARUFF)
......................................................................................................................................................... 54
Tableau 6: Nature du troupeau des alpages situés sur la partie centrale du Mont d'Arbois (sources :
Mathilde SORARUFF) ........................................................................................................................ 54
Tableau 7: Nature du troupeau des alpages situés au Sud du massif du Mont d'Arbois (sources :
Mathilde SORARUFF) ........................................................................................................................ 54
Tableau 8: Inventaire des entretiens effectués sur chaque alpages du Mont d'Arbois (sources :
Mathilde SORARUFF) ........................................................................................................................ 55
Table des graphiques :
Graphique 1: évolution des précipitations de 1960 à nos jours (sources : données météoFrance,
graphique Mathilde SORARUFF, François JACQUIER) ......................................................................... 17
Graphique 2: Evolution des températures de 1960 à nos jours (sources : données météoFrance,
graphique Mathilde SORARUFF, François JACQUIER .......................................................................... 17
Graphique 3: diagramme ombrothermique pour une projection climatique à 2050 (sources: GIEC,
diagramme : Mathilde SORARUFF, François JACQUIER) ..................................................................... 18
Graphique 4: projection jusque 2100 des températures annuelles maximales et minimales (sources:
GIEC, diagramme : Mathilde SORARUFF, François JACQUIER) ............................................................ 18
Graphique 5: Evolution de la population mégevane par rapport à celle du canton entre 1975 et 2005
(sources : diagnostic territoria Megève) ............................................................................................ 20
Graphique 6: Répartition des emplois selon le secteur d'activité (sources: diagnostic territorial
Megève) ........................................................................................................................................... 21
Graphique 7: composition de l'ensemble du bétail mégevan en 2007 (sources: diagnostic agricole
Megève) ........................................................................................................................................... 23
Graphique 8: Fréquence des espèces végétales rencontrées sur les transects de terrain (source :
Mathilde SORARUFF) ........................................................................................................................ 38
Graphique 9: répartition des variables de l'ACM selon les axes F1 et F2 (source : Mathilde SORARUFF)
.............................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Graphique 10: Répartition des variables de l'ACM selon les axes F3 et F4 (source : Mathilde
SORARUFF) ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
graphique 11: Diagramme de dissimilarité et identification des différents milieux associés à chaque
groupe (source : Mathilde SORARUFF)............................................................................................... 41
Graphique 12: Les principaux secteurs d'embauche comme second emploi des chefs d'exploitations du
Mont d'Arbois (source : Mathilde SORARUFF).................................................................................... 49
65
Graphique 13: Composition de l’ensemble du cheptel present l’été sur le Mont d’Arbois (source :
Mathilde SORARUFF) ........................................................................................................................ 51
Table des cartes :
Carte 1: Cartographie des unités pastorales du massif du Mont d'Arbois (sources: SEA,Mathilde
SORARUFF, cartographie : Mathilde SORARUFF) .............................................................................. 25
Carte 2: Cartographie des espaces victimes de fermeture ou d'ouverture du milieu (source : Mathilde
SORARUFF) ....................................................................................................................................... 37
Carte 3: cartographie de l'origine des chefs d'exploitation pour chaque alpage (source : Mathilde
SORARUFF) ....................................................................................................................................... 50
Carte 4: Cartographie de la pression UGB sur le massif du Mont d'Arbois (source : Mathilde
SORARUFF) ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Carte 5: cartographie de l'avenir à long terme des exploitations présentes sur le Mont d'Arbois
(source : Mathilde SORARUFF) .......................................................................................................... 57
66
ANNEXES
Facteurs anthropiques Entretien
Etat du chalet
Etat du sentier
Accès à l'alpage
1/ Pâture
1/ Rénové
1/ Entretenu
1/ Piste de ski
2/ Fauche
2/ Bon Etat
2/ Dégradé
2/ Chemin carrossable
3/ Plantation
3/ Dégradé
3/ Embroussaillé
3/ Route
4/ Broyage
4/ Abandonné
4/ Pas de sentier
4/ Chemin de randonnée
5/ Entretien des pistes
5/ Résidence secondaire
5/ Pas d’accès tracé
6/ Aucun 6/ Pas de chalet
Facteurs naturels Pente
Altitude
Orientation
Nature du sol
Site topographique
Début d'écotone
1/ < 10°
1/ 1200-1300
1/ N
1/Roche en place
1/ Bas de versant
1/ Pessière
2/ 10 à 20°
2/ 1300-1400
2/ N-E
2/ Blocs
2/ Mi versant
2/ Forêt mixte
3/ 20 à 30°
3/ 1400-1500
3/ E
3/ Graviers
3/ Haut de versant
3/ Plantation
4/ 30 à 40°
4/ 1500-1600
4/ S-E
4/ Terre fine
4/ Replat
4/ Aulnaie
5/ >40°
5/ 1600-1700
5/ S
5/ Humus
5/ Sommet d'interfluve
5/ Bosquet
6/1700-1800
6/ S-O
6/ Tourbe
6/ Ripisylve
7/1800-1900
7/ O
7/ Arbres disséminés
8/1900-2000
8/ N-O
8/ Lande arbustive (saule)
Données sur la végétation Abondance/dominance Distance 1er semencier
Type de formation végétale
Type biologique
Indice de sociabilité
1/ Recouvrement supérieur à 75% 1/ Inférieure à 5m
1/ Prairie basse
1/ Arboré
1/ isolément
2/ Recouvrement supérieur de 50 à 75% 2/ 5 à 15 m
2/ Prairie haute
2/ arbustif
2/ en touffes
3/ Recouvrement de 25 à 50% 3/ 15 à 25m
3/ Prairie piquetée
3/ Arborescent
3/ en groupes
4/ Abondance ou recouvrement de 5 à 25% 4/ Supérieure à 25m
4/ Lande
4/ herbacée
4/ en colonies
+/ Très peu abondante
5/ Pessière
5/ en peuplements
r / Très rare
6/ Forêt mixte
7/ Aulnaie
8/ Friche
68
Données sur le relevé Espèces Type biologique Indice abon/dom Indice de sociabilité N° photo
N° Parcelle
N° Transect
N° Placette
Longueur du transect
Coordonnées WGS84
N° Photos
Données sur la végétation
Type de formation végétale
% recouvrement total
% recouvrement strate arborée
% recouvrement strate arbustive
% recouvrement strate herbacée
% recouvrement litière
% recouvrement rochers
Distance 1er semencier
Facteurs anthropiques
Accès à l'alpage
Présence de chalet(s)
Présence d’un point d’eau
Entretien
Etat du (des) chalet(s)
Etat du (des) sentier(s)
Facteurs naturels
Pente
Altitude
Orientation
Nature du sol
Site topographique
Début d’écotone (formation vég.)
69
Annexe N° 2
Présentation
1. Nom de l’exploitant : ……………………………………………………………….
2. Quel est votre âge ? ……………………………
3. Quel est votre sexe ? □ 1. Masculin □ 2. Féminin
4. Quelles est votre situation matrimoniale ? □ 1. Célibataire □ 2. Marié(e) □ 3. Veuf(ve) □ 4. Divorcé(e) □ 5. Autre ……………………………
5. Avez- vous des enfants ? □ 1. Oui □ 2. Non
6. Si oui, quel âge ? ……………………………………………..
7. Etes- vous pluriactif ? □ 1. Oui □ 2. Non
8. Si oui, précisez la nature de ces activités :
……………………………………………………………………….
9. L’agriculture est-elle votre activité principale ?
□ 1. Oui □ 2. Non
10. Votre principale source de revenus ? □ 1. Oui □ 2. Non
11. Le siège d’exploitation est-il situé sur la commune ? (Si non, indiquer la commune ou le département)
□ 1. Oui □ 2. Non ……………………………………………………………..
12. Hormis vous, combien de personnes travaillent
au sein de l’exploitation ? ………………………………………………………………………..
13. S’agit-il de… □ 1. Salariés □ 2. Membres de la famille □ 3. Autre ………………………………….
14. Combien utilisez-vous d’unités pastorales sur le
Mont d’Arbois ? …………………………………….
15. Combien en possédez- vous ? ……………………
16. Hormis les alpages, quelle est la superficie des autres terrains agricoles ? ……………………….
17. Combien en possédez- vous ? ………………….
18. Quels en sont leurs usages ? □ 1. Fauche □ 2. Pâture □ 3. Pâture + Fauche □ 4. Autre …………………………………..
19. Etes-vous autonome en fourrage ?
□ 1. Oui □ 2. Non
20. Où vous procurez-vous le fourrage manquant ?
………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………….
21. Quelle est la principale activité de l’exploitation ? □ 1. Laitière □ 2. Génisses □ 3. Viande □ 4. Autre
22. Disposez-vous d’une salle de traite mobile ?
□ 1. Oui □ 2. Non
Enquête sur les alpages du Mont d’Arbois – Megève
Juin 2011 – Septembre 2011 Etudiante en MASTER Sciences du Territoire à Grenoble, je réalise une étude sur la dynamique des alpages du Mont d’Arbois sur la commune de Megève. Cette enquête vise à caractériser l’utilisation et le fonctionnement des alpages et des exploitations sur ce secteur.
Fonctionnement de l’exploitation
70
Utilisation de l’alpage
23. Nom de l’alpage : …………………………………………………………..
24. Depuis combien de temps êtes- vous installé sur cet alpage ? ……………………………………………
25. En êtes- vous le propriétaire ? □ 1. Oui □ 2. Non ……………………………………………………
(Dans ce cas indiquer le nom du propriétaire ci-dessus)
26. Quelle est la superficie de l’alpage ? …………………………………………………………….
27. Selon vous, depuis les cinquante dernières années, l’alpage a plutôt tendance à… □ 1. Augmenter □ 2. Diminuer □ 3. Se stabiliser
28. En cas de diminution de l’alpage, de combien
l’estimez-vous ? □ 1. – de 10% □ 2. 10 à 25% □ 3. 25 à 40% □ 4. + de 40%
29. Comment de traduit cette évolution de la
superficie ? □ 1. Retour de la forêt □ 2. Plantation □ 3. Ouverture par les pistes □ 4. Embroussaillement □ 5. Autre …………………………………….
30. Quelles espèces végétales ont recolonisé le
milieu ? …………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
31. Y’a-t-il d’autres interventions d’entretien que celle du pâturage sur l’alpage, et de quels types sont-elles ? □ 1. Aucune □ 2. Fauche □ 3. Broyage □ 4. Débroussaillage □ 5. Traitement chimique
□ 6. Fauche des refus □ 7. Epandage □ 8. Elagage □ 9. Autre ……………………………..
32. Pourquoi cette intervention est-elle nécessaire ?
…………………………………………………………………….. ……………………………………………………………………..
33. Pourquoi n’intervenez-vous pas ? ……………………………………………………………………… ………………………………………………………………………
34. Cet alpage a-t-il toujours été exploité ? □ 1. Oui □ 2. Non
35. Si non, pendant combien de temps a-t-il été
abandonné ? □ 1. – de 5 ans □ 2. 5 à 15 ans □ 3. 15 à 30 ans □ 4. + de 30 ans
36. Depuis votre installation, avez- vous pu constater
une stabilisation de la superficie de l’alpage ? □ 1. Oui □ 2. Non
37. Comment qualifieriez-vous la qualité fourragère
de votre alpage ? □ 1. Mauvaise □ 2. Passable □ 3. Moyenne □ 4. Bonne □ 5. Excellente
38. Selon vous, quelle en est la raison ?
……………………………………………………………………... ……………………………………………………………………...
71
39. De quoi se compose votre cheptel ? (Précisez le nombre à côté de chaque type) □ 1. Génisses ………………………………… □ 2. Laitières …………………………………. □ 3. Vaches taries ………………………….. □ 4. Vaches à viande ……………………… □ 5. Chevaux …………………………………. □ 6. Caprins …………………………………… □ 7. Autre ………………………………………
40. La totalité de votre troupeau est-il en alpages
l’été ? □ 1. Oui □ 2. Non
41. Si non, quelle en est la raison principale ?
………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………...
42. Y’a-t-il la présence de chalet d’alpage sur votre parcelle ? □ 1. Oui □ 2. Non
43. Si oui, quelle est son usage aujourd’hui ?
□ 1. Production agricole □ 2. Entrepôt matériel □ 3. Résidence secondaire □ 4. Résidence du berger □ 5. Restaurant □ 6. Autre …………………………….
44. Le chalet d’alpage est-il équipé d’une salle de
traite ? □ 1. Oui □ 2. Non
45. Transformez-vous vos produits sur l’alpage ?
□ 1. Oui □ 2. Non
46. Transformez-vous vos produits au siège
d’exploitation ? □ 1. Oui □ 2. Non
47. Faites-vous de la vente directe à la ferme ? □ 1. Oui □ 2. Non
48. Si oui, quels produits proposez-vous à la vente ?
……………………………………………………………………….
49. Etes-vous présent de manière permanente au
chalet durant l’estive ? □ 1. Oui □ 2. Non
50. Pouvez-vous préciser la date de mise en herbe du
troupeau ? ………………………………………………………… 51. Possédez-vous une source d’eau sur l’alpage ?
□ 1. Oui □ 2. Non
52. Si oui, d’où provient-elle ?
………………………………………………………………………
53. Etes-vous autonome en eau sur l’alpage ? □ 1. Oui □ 2. Non
54. Quel type d’amélioration souhaiteriez-vous sur
l’alpage ? □ 1. Aucune □ 2. Accès à l’alpage □ 3. Approvisionnement en eau □ 4. Acquisition de l’alpage □ 5. Acquisition d’autres terrains □ 6. Entretien des zones embroussaillées □ 7. Autre …………………………………………………
55. Selon vous, votre alpage est-il amené à être
exploité à long terme ? □ Oui □ Non
56. Si non, pourquoi ?
…………………………………………………………………. ………………………………………………………………….
Avenir
57. Avez-vous un successeur connu à ce jour ? □ 1. Oui □ 2. Non
58. Souhaiteriez-vous diversifier les activités de
votre exploitation ? □ 1. Oui □ 2. Non
59. Si oui, quel type ? 60.
…………………………………………………………… 61. Estimez-vous avoir suffisamment d’alpages
pour exercer votre activité l’été ? □ 1. Oui □ 2. Non
62. Estimez-vous avoir suffisamment de prairies
de fauche ? □ 1. Oui □ 2. Non
63. Pouvez-vous établir un classement des
principales difficultés au maintien de l’activité pastorale en alpages ? 1. Pression foncière 2. Dégradation des chalets d’alpage 3. Accès aux alpages 4. Conflits d’intérêts (domaine skiable,
tourisme) 5. Changement de fonction des chalets
d’alpages 6. Absence ou manque de successeurs 7. Difficultés de mécanisation 8. Manque de moyens financiers 9. Approvisionnement en eau 10. Autre ……………………………………….
64. Selon vous, le domaine skiable est-il favorable au maintien des alpages ? □ 1. Non □ 2. Plutôt non □ 3. Plutôt oui □ 4. Oui
65. Si oui, pour quelles raisons ? ……………………………………………………………………… ………………………………………………………………………
66. Si non, pour quelles raisons ? ……………………………………………………………………… ………………………………………………………………………
67. Quelles sont selon vous les principales fonctions de l’alpage ? □ 1. Culturelle □ 2. Economique □ 3. Agronomique □ 4. Paysagère □ 5. Autre
68. Selon vous, quelles seraient les solutions
pour maintenir une exploitation durable dans les alpages ? ………………………………………………………………… …………………………………………………………………
69. Touchez-vous une aide délivrée par la commune pour le soutien des agriculteurs ?
□ Oui □ Non
70. Pensez-vous que la politique de la commune
pour le maintien de l’agriculture est un soutien important pour le maintien de votre exploitation ?
□ Pas d’accord □ Plutôt pas d’accord □ Plutôt d’accord □ D’accord
71. Qu’ajouteriez-vous dans la politique
communale pour faciliter l’agriculture à Megève ?
………………………………………………………………………
………………………………………………………………………
73
Annexe N°3 :
Equivalence en valeur UGB des espèces animales d’élevage :
Espèces Equivalence (en UGB)
Taureaux, vaches et autres bovins de plus de 2 ans 1
Bovins entre 6 mois et 2 ans 0.6
Equidés de plus de 6 mois 1
Ovins et caprins 0.15
Truies reproductrices (>50 kg) 0.5
Porcelets 0.03
Alpagas de plus de 2 ans 0.3
Poules pondeuses 0.012
Pintades, canards et oies à rôtir, canards et oies prêts à gaver 0.014
Lapines mères 0.020