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Quotidien du 51 e congrès de la CGT – Vendredi 22 avril 2016 N ° 5 Pierre Tartakowsky | Rédacteur en chef Des libertés à défendre ÉDITORIAL L a France va donc continuer à vivre et travailler sous tu- telle. L’état d’urgence vient en effet d’être prorogé au moins jusqu’au 26 mai. Cette décision a été accueillie dans une large indifférence, qui contraste furieusement avec les débats et l’émotion qui prévalaient au len- demain des attentats de novembre. Plusieurs raisons contribuent à cet état de choses, parmi lesquelles deux doivent retenir l’attention. Il y a, d’une part, ce sentiment diffus que si cet état d’urgence n’a pas grande efficacité contre le risque d’attentats, il n’a pas non plus d’im- pact désastreux pour les libertés. À preuve, grèves, manifestations et rassemblements se tiennent. D’autre part, et contradictoire- ment, l’idée existe qu’au regard du contexte social et économique dé- gradé que l’on connaît et des mobi- lisations que cela appelle, l’enjeu des droits et libertés deviendrait secon- daire. Or, ces deux considérations sont inexactes, et il est indispensable de le rappeler. Le mouvement syndical est légitime à le faire car il bénéficie – si l’on peut dire – d’une rude expérience dans ce domaine, accumulée tout au long de son histoire. Toute restriction de li- berté, qu’elle se pare du drapeau de la sécurité ou d’intérêts prétendument patriotiques, se retourne toujours contre la sûreté des citoyens, contre le mouvement social, contre ses ex- pressions organisées. Cette leçon d’histoire est une leçon d’actualité, singulièrement dans un contexte où le débat public reste dominé par la peur des lendemains et l’angoisse d’être. Ce cocktail ins- table est l’antichambre de toutes les gueules de bois démocratiques. On en pressent les effets dans la facilité avec laquelle l’adjectif « radi- calisé » s’impose dans le débat, avec l’objectif clairement assumé de délé- gitimer celles et ceux qu’il désigne, de les exclure du « cercle de la raison ». Cette mécanique de marginalisation vient amplifier des politiques mises en œuvre en amont. On les a vues fonctionner contre les mobilisations syndicales, à Air France comme chez Casino, chez Goodyear comme à McDo, à la pénitentiaire comme chez ID Logistics, chez Sodexo et dans un florilège d’entreprises où la rétraction des droits – singulièrement du droit de grève – s’accompagne de pressions sur les conditions de travail et les salaires. Il y a bien un rapport – et il est étroit – entre des normes publiques toujours plus étroitement sécuritaires et les chantages à l’em- ploi, tels ceux qu’on a vus fleurir chez Smart ou au BHV sous forme référendaire. D’où l’importance des résistances et des victoires rempor- tées sur ce terrain. La pression sécuritaire se mesure également autour de l’utilisation des forces de police par l’exécutif à l’oc- casion des manifestations et rassem- blements. Celle-ci n’est pas exempte de jeux troubles, comme c’est sou- vent le cas lorsque la situation poli- tique s’avère instable et que la peur change de camp. La tentation du chaos chemine alors souvent aux cô- tés de la tentation autoritaire, et elle est d’autant plus forte que les enjeux sont importants. Il y a de ce point de vue une contradiction forte entre les attentes aiguës de démocratie, de transparence, d’effectivité des droits, à l’entreprise comme dans l’espace public, et les réponses qui leur sont opposées. Cela éclate avec le projet de loi sur le secret des affaires, qui vise en fait à privilégier le monde des affaires sur les affaires du monde. C’est patent avec le projet de loi El Khomri qui, en inversant la hié- rarchie des normes, fragmenterait à l’infini les droits et l’accès à ces droits. Cela se vérifie au quotidien à travers une kyrielle de remises en cause dans les entreprises et les services. Il s’agit de porter un coup d’arrêt à ce processus autoritaire multiforme, et singulièrement dans l’entreprise. La CGT en a pris la mesure et son 51 e congrès a sonné l’alarme en mar- telant un double message : la défense des libertés ne saurait attendre ; la justice est inséparable de toute pers- pective de progrès social. PHOTOSOCIALE DR CE JOUR VENDREDI 22 AVRIL 8 e séance - 10 h 00 Film sur les coulisses du Congrès Présentation de la CFC, de la CEC et du BC, de l’administrateur, du secrétaire général Salut aux partants de la direction confédérale • Clôture du Congrès • Repas de clôture

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Quotidien du 51e congrès de la CGT – Vendredi 22 avril 2016 N°5

Pierre Tartakowsky | Rédacteur en chef

Des libertés à défendreÉDITORIAL

La France va donc continuer à vivre et travailler sous tu-telle. L’état d’urgence vient en effet d’être prorogé

au moins jusqu’au 26 mai. Cette décision a été accueillie dans une large indifférence, qui contraste furieusement avec les débats et l’émotion qui prévalaient au len-demain des attentats de novembre. Plusieurs raisons contribuent à cet état de choses, parmi lesquelles

deux doivent retenir l’attention. Il y a, d’une part, ce sentiment diffus que si cet état d’urgence n’a pas grande efficacité contre le risque d’attentats, il n’a pas non plus d’im-pact désastreux pour les libertés. À preuve, grèves, manifestations et rassemblements se tiennent. D’autre part, et contradictoire-ment, l’idée existe qu’au regard du contexte social et économique dé-gradé que l’on connaît et des mobi-lisations que cela appelle, l’enjeu des droits et libertés deviendrait secon-daire. Or, ces deux considérations sont inexactes, et il est indispensable de le rappeler. Le mouvement syndical est légitime à le faire car il bénéficie – si l’on peut dire – d’une rude expérience dans ce domaine, accumulée tout au long de son histoire. Toute restriction de li-berté, qu’elle se pare du drapeau de la sécurité ou d’intérêts prétendument patriotiques, se retourne toujours

contre la sûreté des citoyens, contre le mouvement social, contre ses ex-pressions organisées.Cette leçon d’histoire est une leçon d’actualité, singulièrement dans un contexte où le débat public reste dominé par la peur des lendemains et l’angoisse d’être. Ce cocktail ins-table est l’antichambre de toutes les gueules de bois démocratiques. On en pressent les effets dans la facilité avec laquelle l’adjectif « radi-calisé » s’impose dans le débat, avec l’objectif clairement assumé de délé-gitimer celles et ceux qu’il désigne, de les exclure du « cercle de la raison ». Cette mécanique de marginalisation vient amplifier des politiques mises en œuvre en amont. On les a vues fonctionner contre les mobilisations syndicales, à Air France comme chez Casino, chez Goodyear comme à McDo, à la pénitentiaire comme chez ID Logistics, chez Sodexo et dans un florilège d’entreprises où la

rétraction des droits – singulièrement du droit de grève – s’accompagne de pressions sur les conditions de travail et les salaires. Il y a bien un rapport – et il est étroit – entre des normes publiques toujours plus étroitement sécuritaires et les chantages à l’em-ploi, tels ceux qu’on a vus fleurir chez Smart ou au BHV sous forme référendaire. D’où l’importance des résistances et des victoires rempor-tées sur ce terrain.La pression sécuritaire se mesure également autour de l’utilisation des forces de police par l’exécutif à l’oc-casion des manifestations et rassem-blements. Celle-ci n’est pas exempte de jeux troubles, comme c’est sou-vent le cas lorsque la situation poli-tique s’avère instable et que la peur change de camp. La tentation du chaos chemine alors souvent aux cô-tés de la tentation autoritaire, et elle est d’autant plus forte que les enjeux sont importants. Il y a de ce point

de vue une contradiction forte entre les attentes aiguës de démocratie, de transparence, d’effectivité des droits, à l’entreprise comme dans l’espace public, et les réponses qui leur sont opposées. Cela éclate avec le projet de loi sur le secret des affaires, qui vise en fait à privilégier le monde des affaires sur les affaires du monde. C’est patent avec le projet de loi El Khomri qui, en inversant la hié-rarchie des normes, fragmenterait à l’infini les droits et l’accès à ces droits. Cela se vérifie au quotidien à travers une kyrielle de remises en cause dans les entreprises et les services.Il s’agit de porter un coup d’arrêt à ce processus autoritaire multiforme, et singulièrement dans l’entreprise. La CGT en a pris la mesure et son 51e congrès a sonné l’alarme en mar-telant un double message : la défense des libertés ne saurait attendre ; la justice est inséparable de toute pers-pective de progrès social.

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CE JOUR

VENDREDI 22 AVRIL

8e séance - 10 h 00

• Film sur les coulisses du Congrès

• Présentation de la CFC, de la CEC et du BC, de l’administrateur, du secrétaire général

• Salut aux partants de la direction confédérale

• Clôture du Congrès

• Repas de clôture

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2 RAPPORT

Suite et fin du débat| Notre rapport avec les autres organisations syndicales, le politique et le monde associatifFrançoise Delignon, Spectacle Paris « Je suis déléguée syndicale à RFI, qui fait maintenant partie de France Médias Monde. Un accord d’entre-prise du 31 décembre dernier a été signé par la CFDT et la CFTC. Tous nos droits ont été revus à la baisse, les techniciens passent à la sous-trai-tance... », témoigne Françoise Delignon. Pour elle, ce qui s’est passé à RFI servira de « modèle pour la chaîne info de Hollande ». Concernant « l’unité syndicale », elle propose de préciser dans le document d’orientation qu’elle doit se faire « avec ceux qui refusent les reculs sociaux ». « J’ai entendu Philippe Martinez dire que nous nous étions trop rapprochés de la

CFDT, mais le document d’orien-tation continue d’utiliser la for-mule du “ syndicalisme rassemblé ”. C’est faire comme si ces précisions n’avaient pas été apportées. » Elle doute également qu’il soit suffisant de préciser que ce « syndicalisme rassemblé » doit être « de conquête sociale », car « la CFDT essaie d’ex-pliquer que la loi El Khomri est une conquête sociale ». Françoise Delignon demande donc un « vote séparé » sur la présence ou non de l’expression « syndicalisme rassem-blé » dans le document.

Pascal Tailleux, Chimie Seine-Maritime« La première revendication de la CGT, c’est la paix. Car sans la paix, il

n’y a rien », rappelle Pascal Tailleux, avant d’enchaîner sur le thème 3. « Ces dernières années, nous avons accumulé les défaites et on n’a tou-jours pas digéré celle des retraites en 2010. Aujourd’hui, nous sommes engagés pour défendre le Code du travail. Un mois après, on peut se féliciter de la convergence des luttes au sein de la CGT et avec les orga-nisations qui ont le même objectif que nous : le retrait de la loi Travail. » Pour lui, la mobilisation sur le projet de loi Travail « permet de trancher le débat : la CGT peut changer la société, mais la CFDT est pour-rie ». C’est pour cela qu’il demande le retrait du terme « syndicalisme rassemblé » du document. « Mais nous ne pourrons, seuls, changer

la société. Il faut militer avec forces progressistes. Pour moi, ce sont tous ceux qui sont à gauche du PS. »

Clarisse Delalondre, FNME YvelinesClarisse Delalondre « [se] félicite de l’appel du 51e congrès », voté quelques minutes avant son inter-vention. « C’est un sacré point d’appui pour faire reculer le gou-vernement. » Clarisse Delalondre précise qu’elle était dans la troisième sous-commission qui a examiné les amendements du thème 3. Le vote de la sous-commission était majoritaire, mais elle précise que deux membres, dont elle, n’étaient pas « pour maintenir le texte en l’état ». « La question du syndica-

lisme rassemblé fait vraiment débat. Le nombre d’amendements, 140, est énorme. Le syndicalisme ras-semblé symbolise l’alliance avec la CFDT, que nous rejetons. » Elle note que Philippe Martinez a quali-fié d’« erreur » le fait « d’en avoir fait un partenaire privilégié ». Elle aussi demande un vote séparé « sur cette question ».

Philippe Verdeil, Cheminots Haute-Garonne« Il me semble qu’on fait l’amal-game entre syndicalisme rassemblé et unité syndicale. » Philippe rappelle qu’en 2016, il existe huit organisa-tions syndicales différentes, sans compter les indépendants, qui se partagent trois millions de syndi-

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N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 3

qués. « Il faudrait qu’on atteigne le million de syndiqués. Le contexte nous impose le rassemblement du plus grand nombre. » Philippe rap-pelle que les cheminots ont mené de nombreuses luttes, avec d’autres syndicats, dont Sud, mais aussi l’Unsa et la CFDT. « L’objectif, c’est de rassembler le plus grand nombre de cheminots et c’est une demande des salariés. Le syndicalisme rassem-blé, c’est un élément de force. »

Christine Gagnaire, Commerce Seine-et-MarneChristine Gagnaire estime que le 51e congrès se tient « à un moment bien particulier », celui d’un « mou-vement syndical d’ampleur » contre

le projet de loi El Khomri. Christine Gagnaire se « félicite que la CGT prenne ses responsabilités contre ce projet, qui représente un danger de régression sociale ». À l’inverse, note-t-elle, « la CFDT s’en est féli-citée, avec le Medef. Là où ils voient des avancées, nous ne constatons que des régressions. » Elle ne voit pas comment, dans ces conditions, le « syndicalisme rassemblé » peut perdurer. Elle prend l’exemple de la campagne pour les élections professionnelles dans les TPE, en novembre prochain, dont les résul-tats compteront pour la représen-tativité syndicale, qui elle-même sera un élément pour la désignation des conseillers prud’homaux. Elle

note que le projet de loi El Khomri peut faire passer le temps de travail à « 12 heures par jour, les semaines à 46 heures », que « les heures sup-plémentaires [pourraient] ne plus être majorées » et des licenciements intervenir « si l’employeur s’arrange pour avoir un trimestre de mau-vais résultats ». Mais « cela n’arrivera pas », prédit-elle, car le mouvement actuel aboutira au retrait. Christine Gagnaire demande également un « vote séparé » sur le « syndicalisme rassemblé ». Pour elle, « l’unité » doit se faire avec les organisations qui luttent contre le projet de loi. « C’est cet axe qui permettra de faire recu-ler le gouvernement, à la botte du patronat. »

Vincent Martin, Ferc OiseVincent se félicite que la pour-suite des travaux avec la FSU soit actée au paragraphe 226 du docu-ment d’orientation. « Nous avons des divergences, mais la FSU n’est pas la CFDT. Ils demandent avec nous le retrait de la loi El Khomri. » Cependant, il évoque le congrès du Snes-FSU, où la possibilité de listes communes avec la CGT aux élections a été évoquée par un membre de la Ferc. Il n’est pas d’accord : « Nous souhaitons pré-senter des listes CGT dès que c’est possible. » Il compare ensuite les récentes lois réformant l’université au projet de loi El Khomri, car elles inversent, elles aussi, la hiérarchie des normes. « Les présidents d’uni-versité deviennent des patrons. Nos carrières, nos salaires et nos conditions de travail sont gérés au niveau local. C’est le cadre national des diplômes et des conventions collectives qui est remis en cause. » Il estime que le syndicalisme ras-semblé est « périmé » et demande un vote séparé sur le paragraphe 225 du document d’orientation.

Muriel Wolfers, CNPEP Seine-Saint-Denis« La CGT est le seul syndicat à organiser les chômeurs », remarque Muriel Wolfers, du Comité natio-nal des privés d’emploi et précaires CGT (CNPEP). « Nous ne cher-chons pas un emploi au rabais, mais un emploi décent », insiste-t-elle, avant d’affirmer qu’elle refuse les prétendues réponses à la précarité, comme « le cumul emploi-retraite » ou « l’activité réduite ». Rappelant notamment que la sous-traitance augmente, elle lance aux délégués : « Vous avez des collègues qui dor-ment dans leur voiture, qui ont des salaires au-dessous du seuil de pauvreté. » Muriel Wolfers aborde la question des « moyens » accordés aux représentants CGT des chô-meurs et précaires. « Quand nous assurons la représentation dans les instances, nous ne sommes pas payés », explique-t-elle, idem lorsque les militants accompagnent un précaire « à Pôle emploi ou devant un employeur ». « Il faut dégager des moyens pour le Comité national et pour les comités dans les territoires ». « La lutte contre la précarité doit être au cœur des pré-occupations de la CGT », conclut-elle.

Michaël Lablanche, FSPBA Charente« Le syndicalisme rassemblé voté en 1995 a montré ses limites », estime Michaël Lablanche, prenant pour exemple le conflit des retraites en 2010. « La volonté d’union syndi-

cale large avait empêché d’envisa-ger d’autres modalités d’action que la manifestation et la grève. Nos militants ne le comprennent plus, ils ne veulent plus travailler avec ces syndicats d’accompagnement du gouvernement, du capitalisme et du patronat. Ils ont l’impression que la direction nationale ne nous entend pas. » Michaël Lablanche ne rejette pas la possibilité d’un rassemblement syndical, mais « si les autres organisations veulent se joindre à nous, ce sera sur nos revendications. Pas de compromis, pas de recul. Nous ne sommes pas là pour accompagner le gouverne-ment et le Medef dans la casse de nos droits. Nous sommes un syndi-cat de lutte. »

Cendrine Berger, Ferc ParisCendrine Berger émet des doutes sur ce que peut recouvrir la notion de syndicalisme rassemblé, qui s’est réduit jusqu’à maintenant à « se retrouver aux ordres de la direc-tion de la CFDT ». Elle se reconnaît davantage dans le mot d’ordre et la pratique de l’unité d’action.

François Livartowski, Services publics Seine-Saint-DenisFrançois Livartowski pense que la mise en œuvre de l’unité sur la base des revendications implique « de se séparer de ceux qui travaillent avec le gouvernement ». Aussi réclame-t-il un vote séparé sur la question du syndicalisme rassemblé.

En réponse au débat, Gilbert Garrel note que l’objectif de « transformation sociale » figure dans les textes fondateurs de la CGT. Concernant la FSU, il rap-pelle que la CGT a effectivement engagé un travail commun sur la fiscalité et les finances publiques, et que ce dernier « se poursuit ». Il souligne que l’identité syndicale peut être « à géométrie variable ». Poursuivant, « chez les cheminots, dans beaucoup d’endroits, les bases FO sont le bras armé du FN ». Enfin, concernant le « syndicalisme rassemblé », il insiste sur le fait qu’il est inscrit « dans les textes [de la CGT] depuis 1995 ». « La scission de la CGT avait été vécue comme un traumatisme », insiste-t-il. « Le syndicalisme rassemblé ne veut pas dire la CGT avec la CFDT », insiste-t-il. « En 2003, lors du mouvement des retraites, la CFDT a trahi les salariés à un moment stratégique. » Il prend l’exemple de sa fédéra-tion : « Des cheminots CFDT ont rejoint la CGT. » Avant de conclure, citant Bernard Thibault : « Quand deux syndicalistes ne se serrent pas la main, c’est le patronat qui se les frotte. »

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4 CGT

Anaïs Salesse, 22 ans, Fédération mines-énergie

… et la benjamine, pleine d’énergie

Première participation pour Anaïs Salesse, 22 ans, benjamine du Congrès. La jeune femme, originaire de Montbéliard, milite au sein de la Fédération des mines et de l’énergie. Ses premières impressions ? Pas tou-

jours simple de suivre les discussions « denses », mais elle se réjouit d’assister « à de belles interventions et de bons débats ».Anaïs a commencé à travailler chez ERDF en septembre 2013, en tant qu’apprentie. Pendant toute sa période de formation, la secrétaire générale de son syndicat « est très présente sur le terrain. J’écoutais ce qui se disait, je la voyais agir ».Et puis, c’est un autre collègue, entré en apprentissage en même temps qu’elle, qui crée l’étincelle militante. « Il m’a tout appris ! Lui avait plusieurs mandats syndicaux et des responsabilités au sein

de la CE. À un moment, c’est devenu une évidence : les valeurs de la CGT étaient les mêmes que les miennes ! », raconte en souriant la jeune femme. Syndiquée en janvier 2014, quelque temps plus tard, elle assiste à son pre-mier congrès fédéral et s’engage aussi à la préparation du festival annuel de la CE. « Après ça, je me suis dit que j’étais bien partie et que je voulais continuer », explique-t-elle.Membre de la Commission exécutive, vice-présidente du Conseil d’adminis-tration et présidente de la Commission « jeunes agents », à 22 ans, la jeune femme n’est pas effrayée par les res-

ponsabilités. « Tout cela m’a aussi permis de prendre confiance en moi, de faire des rencontres enrichissantes. J’aime être utile aux autres et aider la CGT me permet de m’accomplir », confie Anaïs. Son défi, c’est aussi de convaincre sa génération, parfois méfiante à l’égard des syndicats ou craintive à l’idée de la répression syn-dicale. « Je voudrais montrer que, moi aussi, je suis jeune, syndiquée, engagée, mais absolument pas freinée dans ma carrière. Ma génération ne doit pas hésiter, il faut foncer ! », conclut notre benjamine.

Elsa Grigaut

Délégué.e.s parmi d’autres

Elles, ils font la CGTLydie Thouluc, déléguée Snap-CGT

La doyenne est une artiste…

Elle a eu sa photo dans le Monde du 11 mars dernier, le jour de ses 73 ans. Elle avait été prise deux jours plus tôt, lors de la manifestation à Paris contre

le projet de loi El Khomri. Lydie Thouluc, déléguée du Syndicat national des artistes plasticiens CGT (Snap), est la doyenne du 51e congrès. Lydie a fait sa carrière dans la presse, maquettiste pour des mensuels édités par le PCF et la CGT. Elle était alors syndiquée au SNJ-CGT. Parallèlement, elle s’est toujours ménagé du temps pour son activité d’artiste, peintre et sculptrice : « Je des-sine particulièrement les arbres. J’aime aller ramasser des champignons dans la

forêt de Fontainebleau. Je fais des cro-quis et, dans mon atelier, ça se trans-forme en peintures ou sculptures. » Elle fait partie de l’équipe qui a créé le Snap en 1977, lors d’une réunion qui rassemblait une centaine d’artistes. « On nous a demandé si des camarades voulaient prendre des responsabilités. J’ai levé la main et je me suis retrouvée à la commission exécutive », sourit-elle. Lydie se souvient avoir été reçue en 1981, avec une délégation du Snap, par Jack Lang, alors ministre de la Culture.

« J’ai interrompu le ministre et je lui ai dit que nous avions des revendica-tions », raconte-t-elle. Il s’agissait alors de mettre en place une Sécurité sociale des artistes. « On n’avait pas de congé maternité », illustre Lydie. Si cette Sécurité sociale des artistes existe désormais, certaines conquêtes restent à mener : « Nous n’avons toujours pas de couverture des accidents du travail, ni de reconnais-sance des maladies professionnelles. »

Ludovic Finez

Naoual Ramdani, 35 ans, déléguée CGT de l’hôtel Peninsula (Paris)

La vie de palace« Pourquoi je suis à la CGT ? C’est comme me demander pourquoi j’ai le cœur à gauche ! » Son engage-ment, Naoual Ramdani l’a hérité de ses parents, tous les deux Marocains, ouvriers chez Peugeot et militants de la CGT. Naoual adhère au syndicat dès le début de sa carrière dans l’hôtellerie, à Paris. Après quelques années à l’hôtel Concorde Lafayette, elle démissionne en 2014 pour participer à l’ouverture de l’hôtel de luxe Peninsula, comme agent de sécurité. « Je pensais qu’en passant d’un 4-étoiles à un palace, j’au-rais plus d’avantages. En fait, non. J’ai compris que les acquis n’arrivent pas du jour au lendemain. » Avec l’appui de l’union locale, elle impulse l’organi-sation d’élections du personnel et pré-sente une liste CGT pour défendre les intérêts des six cents salariés. « On a fait ça en cachette. Personne n’avait d’heure de délégation et mon responsable me surveillait, se souvient Naoual. J’ai pris une semaine de congés pour faire cam-pagne. » Depuis l’élection de la CGT en mai 2015, les avancées sont nom-breuses : « Augmentation de salaire de 2 %, prime d’ancienneté, congés enfant malade, quatorzième mois pour ceux qui ont participé à l’ouverture de l’hô-tel. » Souvent confrontées au harcèle-ment sexuel, les masso-thérapeutes ont obtenu la mise en place de systèmes d’alerte et bénéficié de formations sur le droit de retrait.Très attentive aux débats pour son pre-mier congrès, Naoual prépare déjà le prochain combat : obtenir une prime d’intéressement, petite part du gâteau pour ces salariés du luxe.

Margaïd Quioc

Julie Gelé, déléguée UD Paris

L’engagement syndical et le plaisir

Tout le monde peut se tromper. À la suite de ses études initiales, Julie Gelé accepte en 2005 un poste de gestion sociale dans la filiale d’un grand groupe pharmaceutique, au département ressources humaines. Au cours des

quatre ans qu’elle y a passés, relayer et appliquer les décisions de la direction a fait d’elle, dit-elle, une « bipolaire ». L’empathie avec ses interlocuteurs ren-dait l’exercice intenable. Aussi décide-t-elle de rebattre les cartes. Elle se fait recruter par un cabinet d’ex-pertise sociale où elle officie désormais depuis sept ans comme consultante en analyses sociales. Rétablir le rapport de forces entre patronat, surconseillé, et les élus, souvent à la peine pour s’infor-mer, lui a remis le moral au beau fixe.

Et puis, tant qu’à être cohérente, autant l’être jusqu’au bout. Elle décide également d’adhérer à un syn-dicat, en choisissant « le plus comba-tif et constructif » : la CGT. Elle s’y est investie jusqu’à être aujourd’hui représentante du CE, DP et DS. Impressionnant, si l’on rappelle qu’elle ne « représente que des experts en la matière » et qu’elle n’a pas le droit à l’erreur. Ce « niveau d’attente très élevé » ne l’émeut guère : « Il m’aide à être meilleure dans mon métier. » À 35

ans, la jeune femme de la Fédération des bureaux d’études est aussi, pour ce Congrès, une des déléguées de l’UD de Paris, plus que ravie de côtoyer des camarades d’horizons très différents. « L’ambiance y est hyperstudieuse. Et dire que certains de mes collègues m’imaginent quasiment en vacances ! » Elle sera toutefois d’accord avec eux sur un point : elle se fait plaisir. Mais qui a dit que c’était incompatible avec l’engagement syndical ?

Jean-Luc Bertet

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N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 5

Du thé, des glaces et des madeleines 1336, La Belle Aude, Jeannette… Trois marques présentes dans les rayons des enseignes de la grande distri-bution, trois noms propres devenus des symboles de luttes exemplaires pour l’emploi et l’appropriation de l’outil de production par les salariés. Trois histoires différentes et une même origine : avoir été rayés d’un trait de plume du paysage économique de leurs

régions, soit par les actionnaires des groupes auxquels leurs entreprises appartenaient, soit par une brutale décision de justice.Les travailleurs de ces trois entreprises agroalimentaires, Fralib dans les Bouches-du-Rhône, Pilpa dans l’Aude, ou Jeannette en Normandie, ont en commun la même volonté de ne pas se laisser faire. Avec leurs syndicats, en particulier la

CGT, ils résistent et engagent l’action. D’abord pour sau-ver leurs emplois, puis, petit à petit, en mettant en avant leurs savoir-faire, pour s’ap-proprier l’outil de production abandonné ou vendu par leurs patrons. Des batailles aux issues incertaines où il a fallu contourner une multitude de chausse-trapes, résister aux pressions en tout genre visant à les dissuader, ou encore se

familiariser avec les arcanes des procédures judiciaires au long cours. Il leur a aussi fallu trouver les moyens financiers de leurs luttes. Dans ces trois exemples, la solidarité a fonctionné à plein régime. Au local comme au national, la CGT n’a pas ménagé ses efforts pour par-ticiper aux actions engagées et les élargir en les populari-sant. De syndicales, ces luttes

sont devenues citoyennes et éthiques, avec une démarche de respect des producteurs de matières premières, des travail-leurs et des territoires. Certes, les formes juridiques de reprise de l’activité sont dif-férentes : des Scop pour 1336 et La Belle Aude, un repreneur pour Jeannette. Mais, dans les trois cas, les salariés ont démontré qu’il était possible de faire des propositions alter-

natives aux stratégies finan-cières des multinationales ou du patronat. Les consom’acteurs, en privi-légiant l’achat de ces produits font plus qu’un geste militant dans une période où le fata-lisme gagne du terrain : ils soutiennent la résistance des salariés et prouvent que rien n’est inéluctable. Le symbole est très fort.

M. S.

Cynthia Mouyombo, aide-soignante en maison de retraite à Sarcelles (95)

Avec tous les autres salariés

Après avoir exercé plusieurs métiers, Cynthia devient aide-soignante dans une maison de retraite. Un travail difficile, où la pénibilité n’est pas

toujours reconnue, mais qui la pas-sionne. À 41 ans, elle a déjà un « long » parcours syndical. Elle adhère à la CGT en 1999 sur le conseil de son père, venu du Congo. Un gène de classe, un gène familial. Depuis, elle a pris des responsa-bilités : déléguée du personnel et déléguée syndicale centrale de l’en-

treprise. La démocratie, elle connaît. Sur 87 salariés de l’établissement, 30 sont syndiqués à la CGT. Une force qui compte. Si elle réunit souvent ces derniers en assemblée générale, elle n’oublie pas pour autant de consulter l’en-semble des salariés pour décider des actions et des positions à prendre.

Surtout lorsqu’il faut se battre pour obtenir des effectifs suffisants, afin de lutter contre ce que Cynthia qua-lifie de « travail à la chaîne ». Avec un soignant pour dix résidants, la jeune femme évoque une drama-tique « maltraitance institutionnelle ». Récemment, huit jours de grève ont été nécessaires pour obtenir six

postes supplémentaires. Une bataille permanente. Cynthia participe à son premier congrès confédéral de la CGT. Très intéressée par les débats et les échanges interprofessionnels, elle constate que « tous les salariés sont dans la même souffrance ».

M. S.

Anita Falguera, syndicat CGT multipro des retraités de Montpellier (Hérault)

Une retraitée toujours jeune

En 1969, Anita se rend seule à l’Union locale CGT de Montpellier pour y adhérer. Une démarche naturelle, allant de pair avec le travail. Avec une amie kiné, elles mettent en place le syndi-cat dans l’établissement hospitalier où elles travaillent. La vie de la jeune infir-mière prend vite un autre sens. Anita

a consacré sa vie à soigner les autres. Son envie de changer les choses et son engagement dans le mouvement social lui ont fait porter un autre regard sur les gens, « une autre façon d’appréhen-der l’humain », dit-elle, en s’intéressant davantage à leur vie, y compris en dehors du travail. Anita participe cette semaine à son premier congrès confédéral. À peine impressionnée par la solennité du lieu et du moment, elle veut y trouver de quoi poursuivre son engagement syndical dans le monde des retraités :

« Une force qui compte dans le pays, et pour qui le syndicalisme est utile pour porter les problèmes qu’ils rencontrent et vivre pleinement et dignement leur retraite. Le meilleur est à venir, on le vaut bien. » Pour Anita, agir sur les conséquences est une chose, mais pour être efficace, il faut aussi agir sur les causes de la situation. Pour cela, per-sonne n’est de trop. « Actifs et retraités, ensemble et en cohérence », souligne la toujours jeune et dynamique retraitée, syndiquée à la CGT « en CDI ».

Michel Scheidt

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Emmanuel Roux, CNPEP Bouches-du-Rhône

Chômeur occupé

Premier congrès pour Emmanuel Roux, 31 ans, du Comité national des privés d’emploi et des précaires. Le monde du travail, la précarité, les conditions de vie difficiles, Emmanuel connaît bien. Autonome depuis ses 17 ans, il a cumulé études et travail avant même d’être majeur. « J’ai fait une douzaine de métiers différents ! Mais c’est à 25 ans que je me suis syndiqué », raconte le jeune homme. À l’époque, il travaillait au Flunch dans des condi-tions catastrophiques : « Le patron avait une attitude paternaliste. Il divisait les salariés, nous harcelait, trichait sur la pointeuse. Nous étions surchargés de travail, il n’y avait aucun respect des droits. Certaines choses m’ont mis hors

de moi. » Malgré une lutte victorieuse, il se fait licencier. « La suite a été dif-ficile, j’étais déprimé. Puis un copain m’a parlé de la CGT “chômeurs”. J’ai poussé la porte de l’union locale près de chez moi, je me suis vite impliqué et j’ai remis le pied à l’étrier. Malgré la misère que je traversais, j’ai rencon-tré des camarades dans des situations encore plus terribles que la mienne. » Avec ses camarades, il soutient la lutte des Fralib en occupant l’usine. Pour lui, le combat social ne s’envisage que collectivement et dans le cadre de l’in-terpro : « Les chômeurs ne peuvent pas se battre tout seuls, leurs comités dépendent de la vie des unions locales. Même lorsque l’on est bien indemnisé, le lien social et la fraternité sont pri-mordiaux, être proche des camarades est indispensable. »

E. G.

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6 INTERNATIONAL

Les débats sur le thème « notre place dans le syndicalisme euro-péen et mondial » s’or-ganisent autour d’un document d’orienta-

tion divisé en neuf grandes parties :1. Creusement des inégalités. La crise capitaliste a à la fois aug-menté la misère dans le monde et permis à une toute petite minorité de s’enrichir, ceux que l’on nomme les 1 %, en opposition aux 99 %. Effectivement, 62 personnes dans le monde détiennent autant que 3,5 milliards d’êtres humains, soit 50 % de la population mondiale.2. Renforcer l’action syndicale internationale de la CGT. Depuis toujours, la CGT est une organi-sation syndicale internationaliste, parce que nous savons que l’inté-rêt des salariés est le même dans le monde mais aussi parce que le capi-tal est mondialisé et que le patronat est lui aussi organisé à cette échelle. L’action syndicale internationale de la CGT vise à lutter contre la mise en opposition des salariés et à trans-former la société.3. Le développement de l’in-ternationalisation des grands groupes. Nous assistons de plus en plus à une forme de dictature des multinationales et des grandes ins-titutions bancaires sur l’ensemble des domaines économiques, public compris. Augmentation de la pré-carité, externalisation des activités, standardisation du travail, déloca-lisations n’ont pour objectif que l’accroissement des marges et la rémunération du capital. Pour la CGT, les organisations syndicales doivent se rencontrer, échanger leurs points de vue, construire des coopérations et des luttes, y com-pris en dehors de la CES et de la CSI.4. Commerce international. Les accords de libre-échange (ALE) comme le Tafta, négociés dans le dos des salariés et des peuples, visent à graver dans le marbre la politique réactionnaire et les mesures d’austérité pour permettre aux multinationales ou autres de dégager toujours plus de profits sans aucune contrainte sociale ou

écologique. La CGT, avec d’autres organisations syndicales en Europe et dans le monde, s’oppose ferme-ment à ce type d’accord et exige une tout autre approche entre les pays, c’est-à-dire plus sociale, plus humaine, plus coopérative.5. Le travail informel. Les amen-dements ont permis d’enrichir cette partie et surtout de préciser ce qu’est le travail informel. En effet, d’un pays ou d’un continent à l’autre, les formes de travail informel revêtent un caractère différent mais dont les conséquences sont sensiblement les mêmes pour les salariés et leurs familles. La CGT continuera à lut-ter contre ces formes de travail aty-pique et rappelle que le CDI doit être la règle pour toutes et tous.6. Solidarité internationale. Elle est indispensable alors que des millions de femmes, d’hommes et d’enfants risquent leur vie pour la sauver en quittant leur pays. Nous rappelons également que la CGT milite pour une paix durable et l’in-tervention de la diplomatie dans les zones instables ou de guerre dans le monde. La CGT milite pour la paix et le désarmement. D’ailleurs, un collectif confédéral a récemment été remis en place pour traiter cette activité au sein de la CGT afin de

permettre à ses organisations de plus et mieux prendre en compte cette question essentielle.7. Pour lutter, il faut être organisé au niveau européen. Nous rappe-lons dans le document d’orientation le poids en Europe de la CES et de la transformation qu’elle a opé-rée depuis son dernier congrès en septembre 2015. Par exemple, son exigence d’un plan d’investissement de 240 milliards d’euros par an pour l’emploi, l’industrie et les services en est l’illustration.8. Il faut être organisé au niveau international. Nous rappelons que la CGT est adhérente et membre fondatrice de la CSI. Nous en profitons également pour donner quelques éléments sur la concep-tion du syndicalisme international de la CSI. Nous voulons gagner en efficacité pour construire l’action et la solidarité internationales. Enfin nous évoquons aussi le rôle et le fonctionnement de l’Organisation internationale du travail (OIT).9. Liberté syndicale. L’activité européenne et internationale de la CGT est conséquente et elle dépasse largement les questions ins-titutionnelles. Elle nous permet de rencontrer, d’échanger avec diffé-rentes organisations syndicales dans

le monde. Cela permet de confron-ter nos avis, tisser des liens en vue de développer les luttes solidaires dont le monde du travail a besoin.

UN DÉBAT QUI A TRAVERSÉ TOUTE LA CGT

L’objectif était bien d’exploiter tous les amendements pour enri-chir le document en conservant un équilibre entre les cinq thèmes, un texte lisible et compréhensible pour toutes et tous. La Commission a souhaité retenir des amendements soit pour modification du texte, soit en l’état sur des thèmes struc-turants. Par exemple, elle propose de rappeler plus fortement que la CGT est clairement opposée aux accords de libre-échange tels que le Tafta, dont les conséquences pour les peuples sont rappelées dans le thème. D’ailleurs, dans la résolution 4, nous avons intégré cette dimension de lutte contre les accords d’échanges commerciaux porteurs de déréglementations. Nous rappelons aussi que la CGT a des propositions alternatives à la déréglementation. Nous sommes bien dans notre rôle d’une CGT qui conteste et propose.

En outre, des amendements nous permettent de préciser que le sys-tème économique mondial est un système capitaliste – le terme apparaît clairement –, contre lequel il faut lutter en vue de le dépas-ser. Ainsi, nous confirmons que le système financier et ses grandes banques, fonds de pension ou d’in-vestissement participent comme les firmes multinationales à dicter les politiques publiques, avec les consé-quences que l’on connaît pour les peuples.Par ailleurs, plusieurs amendements nous ont permis de rappeler que la CGT exigeait la régularisation des travailleurs sans papiers et de leurs familles sans aucune condition. Le rôle de la CGT en matière de lutte pour la régularisation sans condi-tions des sans-papiers et l’obtention de CDI est particulièrement fort, et nous en sommes très fiers.Sur les questions de paix et de désarmement, des syndicats pro-posaient des amendements très similaires à des repères revendi-catifs. Néanmoins, parce que le contexte mondial est fortement marqué par une situation de guerre, la Commission propose de rappeler que la CGT considère que les armes ne sont pas des marchandises comme les autres, et qu’elle milite pour la paix et le désarmement. La Commission propose d’indiquer que la CES continue de se trans-former pour devenir un syndicat revendicatif, d’action. Enfin, la Commission propose de retenir les amendements qui portent des idées relatives à nos demandes de garanties collectives de haut niveau pour les salariés dans le monde, notre volonté de renfor-cer les liens entre salariés et ceux

| Boris Plazzi – Notre place dans le syndicalisme mondial et européen

Neuf chantiers mondiauxpour libérer le travail

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ERRATALes inexactitudes continuent... Claude Francal relève bien de NCR France, mais il s’agit d’une entreprise de la métallurgie et non du livre. Frédéric Willemain est bien intérimaire (USI), et donc rattaché à la Fédération des organismes sociaux.

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N° 5 – Le Peuple — quotidien du 51e congrès — 22 avril 2016 7 détachés, et la solidarité internatio-nale pour venir en aide aux popula-tions chassées des zones de guerre. La Commission laisse place au débat.

Alain Sutour, Transports Seine-Saint-DenisLa contre-attaque des travailleurs doit s’effectuer, estime-t-il, au plan européen. Les dockers ont par exemple montré que les luttes pou-vaient être payantes à ce niveau-là. Il a rappelé que la Commission européenne avait dû « remballer son projet de réorganisation des ports » à la suite de ces luttes. « Nous avons besoin d’actions communes avec des camarades des pays à bas salaires », insiste-t-il, pour combattre le dumping social dans un secteur comme celui des transports. « Il faut que la CGT soit davantage présente à la CSI et à la CES pour mener un syndicalisme de lutte. »

Isabelle Peters, Services publics IsèrePour elle, la CGT « doit s’engager à combattre toute forme d’exclusion » générée par le capitalisme, qui n’a pour conséquences que la misère et la guerre. « Tant que le capitalisme per-durera, quel monde les migrants trou-veront-ils ailleurs ? » s’interroge-t-elle, s’appuyant sur l’essence de la CGT, qui avait originellement pour horizon la lutte en faveur de la paix.

Gérard Brion, Métaux MayenneIl déplore la délocalisation des emplois locaux vers les pays de l’Est, ce qui constitue à ses yeux « une nouvelle forme d’esclavage moderne ». Il en énumère toutes les causes : embauches de salariés dits détachés pour faire face au manque de main-d’œuvre mais réalisées uni-quement pour payer les travailleurs « au ras des pâquerettes ». Ces sala-riés sont ainsi « livrés à eux-mêmes, loin de leurs familles et sans repères sociaux ». Il revient aussi sur le com-bat des travailleurs de son entreprise qui ont participé à la réouverture d’une usine en Espagne, fermée au nom du coût du travail, en soute-nant leurs « camarades espagnols pour sauver deux cents emplois ».

Claire Lalanne, FSPBA Alpes-MaritimesElle rappelle l’essence néfaste du Tafta (ou TTIP) « négocié dans l’ombre depuis plusieurs années » dans le prétendu but de stimuler la croissance. « Sur le papier, il favorise la création d’emplois. Cependant, le TTIP peut gravement nuire au maintien et au développement des droits syndicaux et sociaux en Europe », résume-t-elle. Exemples à l’appui, elle met en garde contre les dérives selon lesquelles « un grand

groupe américain peut s’estimer lésé en considérant que les droits syndicaux constituent un frein pour les échanges » et intenter un procès contre les États. L’adoption du Tafta aurait des conséquences désastreuses, notamment le nivelle-ment des droits sociaux des travail-leurs. Selon elle, cela concerne tous les syndicats européens. « Le TTIP sonne le glas de la souveraineté des États européens, notamment en droit social. »

Jean-Pierre Antoine, CNPEP MorbihanAlors que les salariés des États-Unis militent pour un Smic à 15 € de l’heure, il déplore que le travail gratuit existe en France. Certains départements font travailler les allo-cataires du RSA avec leur indemnité pour seule rémunération. Il pointe ainsi les stages d’immersion de Pôle emploi, les contrats d’insertion, les services civiques ainsi que la loi zéro chômeur qui aboutit à un travail au Smic financé par les cotisations sociales des autres salariés. « On revendique le droit à un vrai travail correctement rémunéré », conclut-il, appelant dans l’immédiat à amplifier la riposte pour le retrait de la loi El Khomri.

Rose-May Rousseau, Santé Action sociale Val-de-MarneElle revient sur la grève de Mayotte

et le soutien que la CGT a apporté contre les inégalités de traitement qui préfigurent ce que serait la loi Travail. Les injonctions libérales de l’Europe ont abouti à une coupe de dix milliards à réaliser sur la santé, dont trois milliards rien que pour les hôpitaux. Elle se scandalise de ses conséquences sur le temps de travail, car elle signe la fin des 35 heures, et plus encore de la distinc-tion entre temps de travail actif et inactif qui aboutit à rallonger consi-dérablement le temps passé sur le lieu de travail.

Dimitri Demange, UGFF MeuseIl estime que le rapport d’orienta-tion n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. S’appuyant sur la lutte victo-rieuse des Fralib, il propose de reve-nir aux fondamentaux de la CGT pour un syndicat de lutte de classes et de masse. Il préconise de sortir de la CES et de la CSI, « structures de collaboration de classes », et de réintégrer la FSM pour lutter effica-cement contre l’Union européenne, figure de la « dictature supranatio-nale du capital ». Alors que « seule-ment 25 % de la forêt est gérée par la fonction publique », il estime que son retour dans le giron pourrait créer plus de cinquante mille postes de fonctionnaires.

Cathy Gazi, Ferc Lot-et-GaronneElle demande à la Confédération de

ne faire que des appels très clairs à la grève et de s’unir aux syndicats des autres pays de l’Union européenne pour un mouvement unitaire.

Frédéric Chich, Services publics RhônePour le délégué, les atteintes au droit du travail contenues dans le projet El Khomri sont déjà à l’œuvre dans d’autres pays européens. On ne peut que mieux en voir les dangers (précarité des enseignants en Italie, pas de statut des territoriaux en Allemagne…). La CGT doit davan-tage parler de ce qui se passe au-delà des frontières, de façon à porter la lutte des classes au niveau interna-tional. Plus d’informations accen-tuerait la mobilisation.

Sandrine Barraud, Santé Action sociale CharenteElle rappelle que pour intégrer la CES, il a fallu se retirer de la FSM. Lors du dernier congrès de la CES en 2015 à Paris, Hollande, Juncker et Schulz en ont été les invités. Comment rester crédibles auprès des salariés alors que ces dirigeants ont porté des discours d’austérité et de remise en cause des acquis ? Il faut revenir à nos principes fon-dateurs, donner de réels moyens de fonctionnement aux UL et aux UD, qui sont le « premier bastion de résistance ». Enfin, elle souligne que la loi Touraine est un équiva-

lent de la loi El Khomri, qui vise la casse des services de santé à travers la réforme pour des méga structures hospitalières. « L’avenir de notre santé à tous est en jeu. »

Nicolas Lepain, Services publics CherIl prône un retour à la FSM, s’in-surgeant contre l’intégration de la CGT dans la CES (« issue du plan Marshall et mise en place dans le cadre de l’UE par des gens comme Schumann, ancien ministre sous Pétain »). « La CES nous égare dans un syndicalisme non militant et régionaliste. Il faut que notre CGT retrouve sa place dans le syndica-lisme international. »

Fabienne Rouchy, Finances Haute-GaronneS’appuyant sur l’exemple de la Grèce, elle souligne la nécessité de la recons-truction de l’Union européenne, car une simple réorientation ne saurait suffire. La BCE, avec son droit de vie et de mort sur les banques, est un instrument de pression sur les États. Il faut d’ores et déjà mener ce combat sans attendre d’éven-tuelles modifications des traités. La BCE injecte par exemple en ce moment des milliards sur les « mar-chés libres ». Mais la finance privilé-gie la rentabilité de leurs placements au détriment des investissements

regionpaca.fr

PAR CETTE DÉCISION, ELLE TIENT SES ENGAGEMENTS :

Diminuer la pression fiscale

Agir pour améliorer le pouvoir d’achat

Placer la protection de l’environnement au cœur de ses actions

* La taxe régionale est l’une des cinq taxes qui constituent la fiscalité des certificats d’immatriculation. L’exonération concerne tous les véhicules spécialement équipés pour fonctionner, exclusivement ou non, au moyen de l’énergieélectrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié ou du superéthanol E85 mentionné au 1 du tableau B du 1 de l’article 265 du code des douanes.

LA RÉGION SUPPRIME LA TAXE RÉGIONALE SUR LES CARTES GRISESPOUR LES VÉHICULES PROPRES*

« À la Région, la baisse de la fiscalité est désormaisune réalité. »

Christian ESTROSIPrésident de la Région

Provence-Alpes-Côte d’Azur

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8 INTERNATIONAL

Américain, au beau milieu du Congrès de la CGT, Nicho-las Allen se sent bien. Le paradoxe l’amuse mais il

n’est qu’apparent. Il appartient à la SEIU (Union internationale des employés des services, États-Unis) et tient à saluer devant le Congrès le rôle clé de la CGT dans le conflit avec la Sodexo, qui a permis la syn-dicalisation de milliers de salariés, puis se félicite des liens très forts qui existent désormais entre les deux or-ganisations, la CGT et la SEIU.

Il rappelle que le combat a été lancé aux États-Unis, en 2012, contre les boulots très mal payés. La revendica-tion est en réalité double : un salaire minimum de quinze dollars de l’heure et un syndicat. Les médias américains s’en amusent alors et trouvent la proposition carrément loufoque. Ils changent de ton et de propos après une grande grève nationale de treize jours aux États-Unis et vont apporter leur soutien aux revendications, les jugeant légitimes. Les villes tombent une à une, Seattle, San Francisco… puis les États de Californie, New York. Le

salaire minimum passe à quinze dollars de l’heure. En cinq ans, le salaire minimum a doublé pour déjà dix-sept millions de salariés. Mais ce n’est qu’un début…La lutte pour la seconde revendi-cation est aussi toujours à l’ordre du jour. Il faut une reconnaissance syndicale. La SEIU travaille à for-cer les grands groupes à négocier. MacDonald’s est à cet égard une cible de choix. Un Américain sur huit a travaillé au moins une fois dans sa vie pour la multinationale. Si elle cède, dit-il, tout le monde cédera.

Face à cette entreprise présente dans 119 pays, la lutte doit être mondiale. L’Europe, c’est 40 % des bénéfices de la firme. Pour la première fois, « nous avons engagé une campagne mondiale, et la CGT Commerce a immédiatement travaillé avec nous ». Le ministère des Finances français a ainsi été amené à redresser fiscale-ment McDonald’s, et, le 14 avril, le Macdo de gare du Nord, à Paris, a été bloqué tandis que, dans celui de Disneyland Paris, une Internationale a retenti afin de protester contre l’hyper-précarisation salariale et d’amener la firme à négocier.

Va-t-elle s’y résoudre ? Nicholas Allen pronostique que rien ne bougera avant les élections US. Mais il faut gagner ce bras de fer mondial qui s’engage avec le roi du fast-food. Le représentant de la SEIU rappelle que les États-Unis sont « le fantôme de notre futur » et qu’il faut gagner la lutte. Aujourd’hui, 25 % des enfants américains ne mangent pas à leur faim. Mais, et c’est la logique du capitalisme, « en même temps que les multinationales nous lient, elles sécrètent leur antithèse et produisent les moyens de les contrer ».

Jean-Luc Bertet et Philippe Amselem

Un grand moment de solidaritéet de débat avec Nicholas Allen, représentant du SEIU américain

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productifs et sociaux. La CGT, dans ses orientations, doit tenir compte de ces mécanismes.

Serge Leveziel, Construction Bois, Pas-de-CalaisIl centre son intervention sur le pro-blème des salariés détachés. Il s’ap-puie sur une expérience menée sur le chantier méthanier de Dunkerque. Tractage, organisation de meeting pour discuter avec les salariés de leurs droits ont porté leurs fruits. Sur ce chantier, 70 % des 1500 sala-riés étaient détachés. Un cas d’école avec des sous-traitances en cascade, de très bas salaires et l’absence de versement de cotisations sociales, des temps de travail à rallonge (56 heures), et même des prélève-ments injustifiés. Malgré les pres-sions et menaces de renvoi dans les pays d’origine, les salariés détachés ont été très à l’écoute de l’action de la CGT et ont pu se réappo-prier leurs droits. La reconquête du terrain est essentielle. Il faudrait prévoir des journées d’étude sur le détachement et travailler avec les autres syndicats européens.

Dorothée Unterberger, Agroalimentaire Bas-RhinElle rappelle que sous les termes de globalisation et de mondialisation se cache l’impérialisme bien connu. « Ilfaut le dénoncer, le combattre par des luttes fermes et de masses. » LaCGT doit rejoindre la FSM.

Sébastien Dandurand, FAPT Val-de-Marne«On ne critique pas assez les ins-titutions européennes au vu de ce qu’elles ont fait subir au peuple grec», s’indigne le délégué. Pourtant, les pratiques du FMI et de l’UE plongent les pays dans un « régime autoritaire néolibéral. » Il déplore « l’absence d’analyse critique à l’égard de la CES», le fait que «nos syndicats ne s’emparent pas nos syndicats ne s’emparent pas nos sysuffisamment de la question inter-nationale» et qu’ils ne peuvent le faire correctement puisqu’ils ne disposent pas des comptes rendus des interventions à la CSI et à la CES. Comment peser alors que les salariés sont maintenus à l’écart ?Il aurait aussi aimé que la position de la CGT à l’égard de l’embargo sur Cuba soit reprise dans le docu-ment d’orientation. Il rappelle enfin qu’alors que le capitalisme s’accom-mode du nationalisme, y compris dans ses versions les plus troubles, nous représentons «un retour à la coopération internationale directe et non pas seulement institution-nelle, comme le fait la CES».

N° 5 – Le Peuple — quotidien du 51e congrès — 22 avril 2016 9

« C’est une première victoire dans la lutte contre l’évasion fiscale », tonne d’emblée le secrétaire généralde la CGT, Philippe Martinez, dont l’organisation syndicale est depuis longtemps engagée contreles paradis fiscaux. Le groupe McDonald’s a ainsi été condamné, mardi, à un redressement fiscal de300 millions d’euros sur décision de Bercy. « Nous avons fait pression sur le gouvernement français pourque cette multinationale se conduise de façon respectable. Le but est de faire la lumière sur les pratiquesde McDonald’s », précise quant à lui Nicholas Allen, du SEIU (Service Employees International Union), dontle syndicat prend part au mouvement américain réclamant le passage à un salaire de 15 dollars de l’heurepour les employés de la restauration rapide. Une lutte qui participe à « la redistribution des richesses »,souligne pour sa part Amel Ketfi, secrétaire fédérale CGT de la Fédération commerce, et qui pourrait fairetache d’huile afin de corriger les pratiques abusives des« autres enseignes de fast-food, commeStarbucks ou Burger King, qui copientle modèle McDonald’s pour éviterde rémunérer correctement leurs

salariés ».Alors que la fraude fiscale des grandesmultinationales implantées sur le

territoire hexagonal est estimée entre 6080 milliards d’euros, la politique d’austéritémenée par le gouvernement semble d’autantplus inique. Autant d’argent dérobé par lesgrands groupes qui ne permet pas « qu’onaux citoyens le service public » auquel ilsexplique Olivier Vadelout, secrétaire généralFinances publiques. Le redressement fiscalde McDonald’s suscite une réhabilitationde l’idée de justice sociale. Bien que loinde céder, la digue capitaliste a tout demême subi une petite érosion. Désormais,« partout où on pourra intervenir, on lefera », promet Philippe Martinez.Cette condamnation de l’enseigneaméricaine, « l’un des plus grosemployeurs en France, avec 90 000emplois », dixit Nicholas Allen,constitue un motif d’espoir : « Si onles amène à changer leur modèle, toutpeut changer. »

Philippe Amsellem

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McDonald’s condamné à 300 millions d’euros pour évasion fiscale

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Philippe Amsellem

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N° 5 – Le Peuple — quotidien du 51e congrès — 22 avril 2016 7 détachés, et la solidarité internatio-nale pour venir en aide aux popula-tions chassées des zones de guerre. La Commission laisse place au débat.

Alain Sutour, Transports Seine-Saint-DenisLa contre-attaque des travailleurs doit s’effectuer, estime-t-il, au plan européen. Les dockers ont par exemple montré que les luttes pou-vaient être payantes à ce niveau-là. Il a rappelé que la Commission européenne avait dû « remballer son projet de réorganisation des ports » à la suite de ces luttes. « Nous avons besoin d’actions communes avec des camarades des pays à bas salaires », insiste-t-il, pour combattre le dumping social dans un secteur comme celui des transports. « Il faut que la CGT soit davantage présente à la CSI et à la CES pour mener un syndicalisme de lutte. »

Isabelle Peters, Services publics IsèrePour elle, la CGT « doit s’engager à combattre toute forme d’exclusion » générée par le capitalisme, qui n’a pour conséquences que la misère et la guerre. « Tant que le capitalisme per-durera, quel monde les migrants trou-veront-ils ailleurs ? » s’interroge-t-elle, s’appuyant sur l’essence de la CGT, qui avait originellement pour horizon la lutte en faveur de la paix.

Gérard Brion, Métaux MayenneIl déplore la délocalisation des emplois locaux vers les pays de l’Est, ce qui constitue à ses yeux « une nouvelle forme d’esclavage moderne ». Il en énumère toutes les causes : embauches de salariés dits détachés pour faire face au manque de main-d’œuvre mais réalisées uni-quement pour payer les travailleurs « au ras des pâquerettes ». Ces sala-riés sont ainsi « livrés à eux-mêmes, loin de leurs familles et sans repères sociaux ». Il revient aussi sur le com-bat des travailleurs de son entreprise qui ont participé à la réouverture d’une usine en Espagne, fermée au nom du coût du travail, en soute-nant leurs « camarades espagnols pour sauver deux cents emplois ».

Claire Lalanne, FSPBA Alpes-MaritimesElle rappelle l’essence néfaste du Tafta (ou TTIP) « négocié dans l’ombre depuis plusieurs années » dans le prétendu but de stimuler la croissance. « Sur le papier, il favorise la création d’emplois. Cependant, le TTIP peut gravement nuire au maintien et au développement des droits syndicaux et sociaux en Europe », résume-t-elle. Exemples à l’appui, elle met en garde contre les dérives selon lesquelles « un grand

groupe américain peut s’estimer lésé en considérant que les droits syndicaux constituent un frein pour les échanges » et intenter un procès contre les États. L’adoption du Tafta aurait des conséquences désastreuses, notamment le nivelle-ment des droits sociaux des travail-leurs. Selon elle, cela concerne tous les syndicats européens. « Le TTIP sonne le glas de la souveraineté des États européens, notamment en droit social. »

Jean-Pierre Antoine, CNPEP MorbihanAlors que les salariés des États-Unis militent pour un Smic à 15 € de l’heure, il déplore que le travail gratuit existe en France. Certains départements font travailler les allo-cataires du RSA avec leur indemnité pour seule rémunération. Il pointe ainsi les stages d’immersion de Pôle emploi, les contrats d’insertion, les services civiques ainsi que la loi zéro chômeur qui aboutit à un travail au Smic financé par les cotisations sociales des autres salariés. « On revendique le droit à un vrai travail correctement rémunéré », conclut-il, appelant dans l’immédiat à amplifier la riposte pour le retrait de la loi El Khomri.

Rose-May Rousseau, Santé Action sociale Val-de-MarneElle revient sur la grève de Mayotte

et le soutien que la CGT a apporté contre les inégalités de traitement qui préfigurent ce que serait la loi Travail. Les injonctions libérales de l’Europe ont abouti à une coupe de dix milliards à réaliser sur la santé, dont trois milliards rien que pour les hôpitaux. Elle se scandalise de ses conséquences sur le temps de travail, car elle signe la fin des 35 heures, et plus encore de la distinc-tion entre temps de travail actif et inactif qui aboutit à rallonger consi-dérablement le temps passé sur le lieu de travail.

Dimitri Demange, UGFF MeuseIl estime que le rapport d’orienta-tion n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. S’appuyant sur la lutte victo-rieuse des Fralib, il propose de reve-nir aux fondamentaux de la CGT pour un syndicat de lutte de classes et de masse. Il préconise de sortir de la CES et de la CSI, « structures de collaboration de classes », et de réintégrer la FSM pour lutter effica-cement contre l’Union européenne, figure de la « dictature supranatio-nale du capital ». Alors que « seule-ment 25 % de la forêt est gérée par la fonction publique », il estime que son retour dans le giron pourrait créer plus de cinquante mille postes de fonctionnaires.

Cathy Gazi, Ferc Lot-et-GaronneElle demande à la Confédération de

ne faire que des appels très clairs à la grève et de s’unir aux syndicats des autres pays de l’Union européenne pour un mouvement unitaire.

Frédéric Chich, Services publics RhônePour le délégué, les atteintes au droit du travail contenues dans le projet El Khomri sont déjà à l’œuvre dans d’autres pays européens. On ne peut que mieux en voir les dangers (précarité des enseignants en Italie, pas de statut des territoriaux en Allemagne…). La CGT doit davan-tage parler de ce qui se passe au-delà des frontières, de façon à porter la lutte des classes au niveau interna-tional. Plus d’informations accen-tuerait la mobilisation.

Sandrine Barraud, Santé Action sociale CharenteElle rappelle que pour intégrer la CES, il a fallu se retirer de la FSM. Lors du dernier congrès de la CES en 2015 à Paris, Hollande, Juncker et Schulz en ont été les invités. Comment rester crédibles auprès des salariés alors que ces dirigeants ont porté des discours d’austérité et de remise en cause des acquis ? Il faut revenir à nos principes fon-dateurs, donner de réels moyens de fonctionnement aux UL et aux UD, qui sont le « premier bastion de résistance ». Enfin, elle souligne que la loi Touraine est un équiva-

lent de la loi El Khomri, qui vise la casse des services de santé à travers la réforme pour des méga structures hospitalières. « L’avenir de notre santé à tous est en jeu. »

Nicolas Lepain, Services publics CherIl prône un retour à la FSM, s’in-surgeant contre l’intégration de la CGT dans la CES (« issue du plan Marshall et mise en place dans le cadre de l’UE par des gens comme Schumann, ancien ministre sous Pétain »). « La CES nous égare dans un syndicalisme non militant et régionaliste. Il faut que notre CGT retrouve sa place dans le syndica-lisme international. »

Fabienne Rouchy, Finances Haute-GaronneS’appuyant sur l’exemple de la Grèce, elle souligne la nécessité de la recons-truction de l’Union européenne, car une simple réorientation ne saurait suffire. La BCE, avec son droit de vie et de mort sur les banques, est un instrument de pression sur les États. Il faut d’ores et déjà mener ce combat sans attendre d’éven-tuelles modifications des traités. La BCE injecte par exemple en ce moment des milliards sur les « mar-chés libres ». Mais la finance privilé-gie la rentabilité de leurs placements au détriment des investissements

regionpaca.fr

PAR CETTE DÉCISION, ELLE TIENT SES ENGAGEMENTS :

Diminuer la pression fiscale

Agir pour améliorer le pouvoir d’achat

Placer la protection de l’environnement au cœur de ses actions

* La taxe régionale est l’une des cinq taxes qui constituent la fiscalité des certificats d’immatriculation. L’exonération concerne tous les véhicules spécialement équipés pour fonctionner, exclusivement ou non, au moyen de l’énergieélectrique, du gaz naturel véhicules ou du gaz de pétrole liquéfié ou du superéthanol E85 mentionné au 1 du tableau B du 1 de l’article 265 du code des douanes.

LA RÉGION SUPPRIME LA TAXE RÉGIONALE SUR LES CARTES GRISESPOUR LES VÉHICULES PROPRES*

« À la Région, la baisse de la fiscalité est désormaisune réalité. »

Christian ESTROSIPrésident de la Région

Provence-Alpes-Côte d’Azur

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8 INTERNATIONAL

Américain, au beau milieu du Congrès de la CGT, Nicho-las Allen se sent bien. Le paradoxe l’amuse mais il

n’est qu’apparent. Il appartient à la SEIU (Union internationale des employés des services, États-Unis) et tient à saluer devant le Congrès le rôle clé de la CGT dans le conflit avec la Sodexo, qui a permis la syn-dicalisation de milliers de salariés, puis se félicite des liens très forts qui existent désormais entre les deux or-ganisations, la CGT et la SEIU.

Il rappelle que le combat a été lancé aux États-Unis, en 2012, contre les boulots très mal payés. La revendica-tion est en réalité double : un salaire minimum de quinze dollars de l’heure et un syndicat. Les médias américains s’en amusent alors et trouvent la proposition carrément loufoque. Ils changent de ton et de propos après une grande grève nationale de treize jours aux États-Unis et vont apporter leur soutien aux revendications, les jugeant légitimes. Les villes tombent une à une, Seattle, San Francisco… puis les États de Californie, New York. Le

salaire minimum passe à quinze dollars de l’heure. En cinq ans, le salaire minimum a doublé pour déjà dix-sept millions de salariés. Mais ce n’est qu’un début…La lutte pour la seconde revendi-cation est aussi toujours à l’ordre du jour. Il faut une reconnaissance syndicale. La SEIU travaille à for-cer les grands groupes à négocier. MacDonald’s est à cet égard une cible de choix. Un Américain sur huit a travaillé au moins une fois dans sa vie pour la multinationale. Si elle cède, dit-il, tout le monde cédera.

Face à cette entreprise présente dans 119 pays, la lutte doit être mondiale. L’Europe, c’est 40 % des bénéfices de la firme. Pour la première fois, « nous avons engagé une campagne mondiale, et la CGT Commerce a immédiatement travaillé avec nous ». Le ministère des Finances français a ainsi été amené à redresser fiscale-ment McDonald’s, et, le 14 avril, le Macdo de gare du Nord, à Paris, a été bloqué tandis que, dans celui de Disneyland Paris, une Internationale a retenti afin de protester contre l’hyper-précarisation salariale et d’amener la firme à négocier.

Va-t-elle s’y résoudre ? Nicholas Allen pronostique que rien ne bougera avant les élections US. Mais il faut gagner ce bras de fer mondial qui s’engage avec le roi du fast-food. Le représentant de la SEIU rappelle que les États-Unis sont « le fantôme de notre futur » et qu’il faut gagner la lutte. Aujourd’hui, 25 % des enfants américains ne mangent pas à leur faim. Mais, et c’est la logique du capitalisme, « en même temps que les multinationales nous lient, elles sécrètent leur antithèse et produisent les moyens de les contrer ».

Jean-Luc Bertet et Philippe Amselem

Un grand moment de solidaritéet de débat avec Nicholas Allen, représentant du SEIU américain

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productifs et sociaux. La CGT, dans ses orientations, doit tenir compte de ces mécanismes.

Serge Leveziel, Construction Bois, Pas-de-CalaisIl centre son intervention sur le pro-blème des salariés détachés. Il s’ap-puie sur une expérience menée sur le chantier méthanier de Dunkerque. Tractage, organisation de meeting pour discuter avec les salariés de leurs droits ont porté leurs fruits. Sur ce chantier, 70 % des 1500 sala-riés étaient détachés. Un cas d’école avec des sous-traitances en cascade, de très bas salaires et l’absence de versement de cotisations sociales, des temps de travail à rallonge (56 heures), et même des prélève-ments injustifiés. Malgré les pres-sions et menaces de renvoi dans les pays d’origine, les salariés détachés ont été très à l’écoute de l’action de la CGT et ont pu se réappo-prier leurs droits. La reconquête du terrain est essentielle. Il faudrait prévoir des journées d’étude sur le détachement et travailler avec les autres syndicats européens.

Dorothée Unterberger, Agroalimentaire Bas-RhinElle rappelle que sous les termes de globalisation et de mondialisation se cache l’impérialisme bien connu. « Ilfaut le dénoncer, le combattre par des luttes fermes et de masses. » LaCGT doit rejoindre la FSM.

Sébastien Dandurand, FAPT Val-de-Marne«On ne critique pas assez les ins-titutions européennes au vu de ce qu’elles ont fait subir au peuple grec», s’indigne le délégué. Pourtant, les pratiques du FMI et de l’UE plongent les pays dans un « régime autoritaire néolibéral. » Il déplore « l’absence d’analyse critique à l’égard de la CES», le fait que «nos syndicats ne s’emparent pas nos syndicats ne s’emparent pas nos sysuffisamment de la question inter-nationale» et qu’ils ne peuvent le faire correctement puisqu’ils ne disposent pas des comptes rendus des interventions à la CSI et à la CES. Comment peser alors que les salariés sont maintenus à l’écart ?Il aurait aussi aimé que la position de la CGT à l’égard de l’embargo sur Cuba soit reprise dans le docu-ment d’orientation. Il rappelle enfin qu’alors que le capitalisme s’accom-mode du nationalisme, y compris dans ses versions les plus troubles, nous représentons «un retour à la coopération internationale directe et non pas seulement institution-nelle, comme le fait la CES».

N° 5 – Le Peuple — quotidien du 51e congrès — 22 avril 2016 9

« C’est une première victoire dans la lutte contre l’évasion fiscale », tonne d’emblée le secrétaire généralde la CGT, Philippe Martinez, dont l’organisation syndicale est depuis longtemps engagée contreles paradis fiscaux. Le groupe McDonald’s a ainsi été condamné, mardi, à un redressement fiscal de300 millions d’euros sur décision de Bercy. « Nous avons fait pression sur le gouvernement français pourque cette multinationale se conduise de façon respectable. Le but est de faire la lumière sur les pratiquesde McDonald’s », précise quant à lui Nicholas Allen, du SEIU (Service Employees International Union), dontle syndicat prend part au mouvement américain réclamant le passage à un salaire de 15 dollars de l’heurepour les employés de la restauration rapide. Une lutte qui participe à « la redistribution des richesses »,souligne pour sa part Amel Ketfi, secrétaire fédérale CGT de la Fédération commerce, et qui pourrait fairetache d’huile afin de corriger les pratiques abusives des« autres enseignes de fast-food, commeStarbucks ou Burger King, qui copientle modèle McDonald’s pour éviterde rémunérer correctement leurs

salariés ».Alors que la fraude fiscale des grandesmultinationales implantées sur le

territoire hexagonal est estimée entre 6080 milliards d’euros, la politique d’austéritémenée par le gouvernement semble d’autantplus inique. Autant d’argent dérobé par lesgrands groupes qui ne permet pas « qu’onaux citoyens le service public » auquel ilsexplique Olivier Vadelout, secrétaire généralFinances publiques. Le redressement fiscalde McDonald’s suscite une réhabilitationde l’idée de justice sociale. Bien que loinde céder, la digue capitaliste a tout demême subi une petite érosion. Désormais,« partout où on pourra intervenir, on lefera », promet Philippe Martinez.Cette condamnation de l’enseigneaméricaine, « l’un des plus grosemployeurs en France, avec 90 000emplois », dixit Nicholas Allen,constitue un motif d’espoir : « Si onles amène à changer leur modèle, toutpeut changer. »

Philippe Amsellem

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McDonald’s condamné à 300 millions d’euros pour évasion fiscale

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Philippe Amsellem

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LA PRESSE QUOTIDIENNE DU JOUR D'APRÈS

REVUE N°5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 11

La presse, réponses à l’AppelLa presse quotidienne d’hier revient assez largement sur l’Appel du 51e congrès adopté par les délégués mercredi. Elle rend également compte des débats qui ont précédé ce vote.

Les Échos du jeudi 21 avril reviennent sur ce qu’ils appellent un « coup de chaud », à savoir les circonstances dans lesquelles a été voté, la veille en fin de journée, l’Ap-pel du 51e congrès, visant à « amplifier la riposte » par « la grève interprofessionnelle et les manifestations pour obte-nir dans un premier temps le retrait du projet de loi de casse du Code du travail ». « Dès l’ouverture du 51e congrès de la CGT, son numéro un, Philippe Martinez, avait donné une tonalité très protestataire au rendez-vous. Celle-ci est montée de plusieurs crans mercredi lors du débat sur le document d’orientation. La tension était à son paroxysme lorsqu’a été abordé le chapitre consacré à “la construction des luttes”. La discussion s’est concentrée sur la nécessité d’appeler à la “grève reconductible” contre la loi Travail à partir du 28 avril. » Leïla de Comarmond rend compte des discussions, signalant que « de nombreux délégués ont demandé “une grève reconductible” », avant de préciser que « ce texte, qui a été voté à main levée, n’a pas sus-cité l’unanimité, un quart de la salle ne prenant pas part au scrutin, mais il a été approuvé par une très large majorité ».

La Provence se penche également sur ce qu’elle résume comme un « appel à la grève reconductible au soir du 28 avril pour obtenir le retrait de la loi El Khomri ». « Depuis le début de la semaine, de nombreuses interventions, souvent musclées, le réclamaient. Il demande aux militants de toutes les sections, par-tout en France, d’organiser des assemblées générales pour décider de mouvements de grève avec les sala-riés », écrit Marie-Cécile Bérenger, qui complète son article par un entretien avec Philippe Martinez. Pre-mière question : « Cet appel à la grève reconductible ménage un peu la chèvre et le chou, non ? » Réponse de Philippe Martinez : « Non, on ne ménage ni la chèvre ni le chou ; on est disponible sur l’ensemble des formes de lutte, y compris une grève reconductible, mais ce sont les salariés en assemblée générale qui doivent décider, et la première des choses, c’est d’organiser des assem-blées générales dès le début de la semaine prochaine. » Avant d’ajouter : « On a eu beaucoup d’appels de sala-riés, plutôt de petites entreprises, il faut bien le dire, qui nous posaient la question comment on fait grève, comment on procède, parce que dans cette culture du conflit, on a perdu des repères. »

« Et si l’étape d’après, le prochain épisode de la contes-tation qui gronde depuis début mars en France dans les Nuits debout, commençait à Marseille, au congrès de la CGT ? » s’interroge de son côté Amandine Cailhol, dans Libération. « Mercredi matin, ils étaient plusieurs à se relayer au micro pour demander au syndicat “une impul-sion”, en se montrant notamment plus offensif face à la loi El Khomri », précise le quotidien, qui a manifestement dû boucler avant la validation par les délégués de l’Appel et ne le cite donc pas.

La Marseillaise, elle, voit une « arme fatale » dans cet appel à la grève « jusqu’au retrait de la loi ». « En ces temps troubles, les militants exigent de la clarté », écrit Myriam Guillaume. « Plus question de tergiverser dans les rangs de la Confédération générale des travailleurs, qui entend bien conserver sa place naturelle auprès des sala-riés, chômeurs, précaires et retraités face à la montée de la CFDT et aux attaques du Medef et du gouvernement », poursuit-elle. La Marseillaise a également entendu le témoignage de Nicholas Allen, représentant du SEIU, syn-dicat américain des employés de service. « Nous n’avons pas les mêmes fonctionnements d’un pays à l’autre, mais lorsque l’on met nos salariés ensemble, ils se reconnaissent dans leur condition de travailleurs. Ils ont les mêmes brû-lures sur les bras, parce que lorsque l’on travaille chez McDo, on a des brûlures sur les bras ! » La Marseillaise revient également sur l’annonce par l’Express que « le fisc français [a] notifié au géant américain un redressement fis-cal de 300 millions d’euros, dont 100 millions de pénali-tés ». Une décision qu’ Amel Kefti (CGT du commerce et des services) a commentée lors du congrès : « Les pratiques abusives de McDo ont un impact direct sur nos salariés. En s’arrangeant, via ses franchisés, pour diminuer ses bénéfices par des redevances et des royalties évadées au Luxembourg, McDo évite de rémunérer convenablement ses salariés via la participation ou l’intéressement. Les franchisés, eux, ne disposent plus que de la variable du personnel et des salariés... »

Sur son site internet, le Figaro retient des débats un « doigt d’honneur » adressé par « la CGT à la CFDT et au syndi-calisme rassemblé ». Cécile Crouzel cite une intervention : « “Non à cette CFDT qui trahit, signe des accords pourris

et négocie le poids des chaînes”, a ainsi tonné Pascal, de la Fédération de la chimie, lors des débats à la tribune mer-credi. Et de qualifier de “merde” le “syndicalisme rassem-blé”, véritable ADN de la CGT de ces dernières années. »

Forcément moins dans l’actualité chaude des débats de la veille que ses confrères quotidiens, Challenges estime que la CGT met la barre « à gauche toute ». L’hebdomadaire écono-mique estime que Philippe Martinez « a des revendications proches de celles du Parti de gauche de Jean- Luc Mélen-chon, telle la hausse de 10 % du Smic, et surtout la semaine de 32 heures, portée par la puissante Fédération des chemi-nots. Dans la négociation sur la nouvelle convention collec-tive du rail, les cheminots CGT ont proposé un passage aux 32 heures annualisées, grâce à 18 jours de RTT en plus, tout en appelant à la grève pour le 26 avril. »

La CGT « veut peser dans la bataille des idées », écrit pour sa part l’Humanité Dimanche, en évoquant cette même « grande campagne [de la CGT] pour la semaine des 32 heures afin de résorber le chômage ». « Reste à popula-riser cette revendication parmi les salariés, pour beaucoup confrontés à de telles urgences qu’elle peut leur paraître lointaine », conclut l’hebdomadaire.

Pour l’Humanité, Christophe Deroubaix s’est entretenu avec Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, venu à Marseille pour « saluer la première organisation syndicale de France ». « Le fait que le gouvernement et le secrétaire du PS n’ont que des propos agressifs sur la première orga-nisation syndicale en dit long sur leur incapacité à prendre en compte cette voix », ajoute Pierre Laurent. Toujours dans l’Humanité, Clotilde Mathieu a demandé leur avis à des « militants croisés dans les allées du congrès » sur la Nuit debout. « On se retrouve à la fois sur leur critique d’un système politique à bout de souffle et sur leurs exigences démocratiques », lui confie ainsi Jeff Lair, de la Fédéra-tion des services publics. La journaliste cite également un professeur d’histoire, qui préconise « l’occupation des places la nuit et des usines la journée ». « Un mot d’ordre que résume à sa manière Olivier, de la CGT de l’Essonne : “Nuit debout sans grève générale, ce sera journée à genoux pour tout le monde.” », conclut l’article. Ludovic Finez

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12 LUTTES

C’est parce qu’ils contestent, revendiquent pour vivre mieux, pour la reconnaissance de leur dignité, que les salariés sont discri-minés.

C’est parce qu’ils relèvent la tête, prennent leurs affaires en main que ces femmes et ces hommes sont traités comme des voyous.

C’est parce qu’ils résistent, s’organisent, proposent et entraînent les autres salariés dans la lutte et l’action que ces femmes et ces hommes deviennent des cibles.

C’est parce que les locaux syndicaux sont souvent le lieu du premier contact des salariés avec le syndicat, c’est parce qu’ils permettent que le syndicat se structure que ces locaux sont remis en cause.

Ce qui est visé par Casino, par MacDo, par Air France, par le patronat et les pouvoirs publics, c’est de faire peur aux salariés et tuer toute velléité de contestation.

Quand ce n’est pas le Premier ministre qui traite les salariés en lutte de voyous, c’est le FN qui demande l’interdiction de la CGT et le Medef qui explique que la CGT ne sert qu’à tromper les salariés. Ce qui est visé, c’est la décrédibi-lisation de l’action syndicale !

Gisèle Vidallet

Libertés syndicales, pour le progrès social

Répression et luttes : témoignages…La CGT mène depuis septembre une campagne pour défendre les libertés syndicales. Hier, en fin de journée, les congressistes ont entendu des témoignages édifiants, sous forme théâtrale et humoristique.

Aux éditions l’Harmattan, les attaques contre les délégués du personnel ont commencé... par une

baisse de chauffage. « C’était en oc-tobre 2013, je venais tout juste d’être élue déléguée du personnel CGT », raconte Marianne Ravaud. Une pre-mière dans cette petite entreprise qui a plutôt l’habitude de garder ses salariés à l’œil. Malgré les intimidations, les quatre délégués décident de tenir tête à leur employeur... qui monte alors d’un ton et les accuse d’alimenter « un climat insurrectionnel et de terreur ». Marianne poursuit : « Ils ont essayé de monter les salariés contre nous :

fausses accusations, humiliations, pétitions... » Une de ses collègues en est à trois avertissements. Marianne écope d’une mise à pied avec entretien préalable à licenciement. L’inspection du travail invalide la demande. « Mais le jour où j’ai voulu reprendre mon poste, j’ai reçu une nouvelle mise à pied. » Un acharnement qui entame la santé de la déléguée et sa vie de famille. Elle retient cependant de son expérience un point positif, « l’in-croyable soutien dont j’ai pu bénéfi-cier au sein de la CGT ».La bourse du travail d’Aubagne a fêté récemment ses 90 ans. En guise de cadeau d’anniversaire,

les organisations syndicales qui y sont installées ont reçu une lettre de la mairie, leur signalant la fin des subventions municipales et du bail, « sans proposition de reloge-ment », insiste Dominique Maccari, de l’Union locale CGT d’Aubagne. « Nous avons organisé des rassem-blements, écrit des courriers, fait des pétitions... Nous avons mobilisé les organisations syndicales et envahi un conseil municipal, ce qui a permis d’obtenir des négociations, qui sont toujours en cours », témoigne-t-elle. « Nous revendiquons un projet de loi qui obligerait à faire fonctionner les bourses du travail », conclut-elle.

De la mobilisation des salariés d’Air France, l’histoire retiendra l’affaire de la chemise. Pourtant, la bataille des salariés d’Air France remonte à 2011 et à un premier plan social. « Déjà, la lutte était difficile, raconte David Ricatte, employé chez Air France, avec une réduction de 90 % des moyens syndicaux. » Les salariés luttent, mais 9 000 postes sont tout de même supprimés. En 2015 arrive un « plan de croissance ». « On a vite réalisé que c’était un nouveau plan social. La nouveauté était qu’on était sous la menace », se rappelle David. « Si un accord était trouvé, il n’y aurait pas de licenciement. Dans le cas

contraire… » Dans ces conditions, la mobilisation des salariés se construit rapidement. Arrive le 5 octobre, « journée du textile, le jour où c’est parti en chiffon », ironise David. Les images du PDG torse nu tournent sur toutes les chaînes de télé. Cinq salariés, bizarrement tous syndiqués à la CGT, sont attrapés « au hasard ». Manuel Valls se rend au siège d’Air France. « En tant que ministre de gauche, on pensait qu’il allait s’offusquer des sup-pressions d’emploi… Ben non ! », fait mine de s’étonner David. Quatre sala-riés ont déjà été licenciés, la procédure concernant le cinquième, un salarié « protégé », est en cours. L’inspection

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N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 13

Libertés syndicales, pour le progrès social

Même si nous regrettons que les camarades de Goodyear n’aient pas répondu favorablement à notre invitation de participer à cette initia-tive pour les libertés dans le cadre de notre

Congrès, leur affaire est emblématique.

Emblématique en premier lieu pour leur engagement à préserver l’emploi et les capacités industrielles dans leur région.

Emblématique par la solidarité qui s’est exprimée, s’ex-prime et s’exprimera encore jusqu’à ce qu’ils soient relaxés.

Emblématique encore dans la collusion entre le patronat et les gouvernements successifs pour les faire taire – eux qui osent se défendre, revendiquer et contester les choix patronaux – avec l’aide d’un procureur qui décide de les poursuivre en justice et qui finira par les condamner à vingt-quatre mois de prison dont neuf ferme.

Nous devons faire très fort le 27 mai prochain, jour du passage de seize salariés d’Air France au tribunal, suite à l’affaire dite de la « chemise déchirée ».

De grandes mobilisations doivent se construire pour le 19 octobre, jour de la comparution en appel de nos cama-rades de Goodyear contre leur condamnation.

Céline Verzeletti

du travail a refusé en janvier son licenciement. Le lendemain, la direc-tion déposait un recours auprès de… Myriam El Khomri. « Les camarades font aussi l’objet d’une procédure judiciaire. C’est un acharnement diffi-cile à vivre. »« Nous rêvons de faire grève », témoigne ensuite Sarah Silva-Descas, secrétaire nationale de la CGT Insertion Probation. Elle rap-pelle qu’elle et ses collègues sont des agents sociaux, chargés de tra-vailler à la réinsertion des personnes condamnées. Mais des agents sociaux relevant d’un statut spécial qui date de 1958, en pleine guerre d’Algérie, qui leur dénie le droit de grève. Des raisons de faire grève, il y en aurait pourtant. Concernant les conditions de travail, mais aussi la définition de la mission qui est la leur. L’administration péniten-tiaire leur demande en effet de se transformer en agents de rensei-gnement, notamment pour désigner

les détenus jugés susceptibles de se radicaliser. « Comment voulez-vous qu’on établisse une vraie relation de confiance avec les personnes détenues ? C’est incompatible », dénonce-t-elle. Aux mouvements de protestation des agents d’insertion et de probation, l’administration pénitentiaire oppose « intimidations, retenues de salaire, blâmes, sanc-tions... », déplore Sarah Silva-Descas. Elle évoque une collègue qui a accordé une interview à un quoti-dien national « sous couvert syndi-cal ». Elle est menacée de sanction.Caissière dans un Casino des Bouches-du-Rhône, Annie Tayolle ne pensait pas que son engagement pour de meilleures conditions de travail la mènerait à la gendarmerie. « Nous avons eu la surprise de rece-voir la convocation à notre domi-cile », se souvient-elle. Accusée de vol de Kinder et de violence en réunion. Pourtant, avec ses neuf collègues, elle n’avait fait que demander à sa direc-

tion, le groupe Casino, de revenir sur des suppressions de postes. « Il y a cinq ans, nous étions encore vingt-cinq salariés. Nous sommes tombées à quatre titulaires et six CDD. On nous demandait d’être polyvalentes, de passer de la caisse aux rayons, sans jamais pouvoir faire un travail cor-rect. » L’annonce de la suppression d’un CDI et le non-renouvellement des CDI décide les employées à se mettre en grève, le 2 novembre 2015. « Pendant deux mois, nous sommes restées devant le magasin. Et jamais la direction n’a répondu à nos reven-dications. Ils se sont contentés de nous demander de reprendre le tra-vail », s’indigne Annie. « Alors que la direction a distribué vingt-quatre mil-lions d’euros à ses actionnaires ! » Les accusations de vol de bonbons sont arrivées après la reprise du travail. « Nous avions pourtant fait attention à ne rien prendre dans les rayons et à ne rien dégrader. On refusait même l’eau que le directeur du magasin

nous proposait. » À la gendarmerie, elles sont traitées comme n’importe quel délinquant : « On a pris nos empreintes, relevé l’ADN. » Une humiliation de plus qui conduit trois des collègues de Annie à la dépres-sion. Elles sont aujourd’hui encore en arrêt. « Heureusement, dans notre ville ouvrière, la population nous a soutenues. » De ce Congrès, elle regrette « qu’on n’ait pas voté de résolution de soutien aux camarades victimes de répressions ».Benoît Dagbert peut témoigner que la lutte paye, même chez Mac Donald’s. Embauché en novembre 2013, les choses se passent bien... tant que son patron ne sait pas qu’il est syndiqué à la CGT. « Chez McDo, on se tutoie, on est tous potes... », ironise-t-il. Son employeur lui accorde même, de temps à autre, un aménagement de ses horaires de travail, qui lui permet de poursuivre son autre activité de comédien. Tout se complique quand il participe à

une grève nationale. Les aménage-ments ne sont, bizarrement, plus possibles. Quand Benoît fait une demande de congé syndical, il reçoit en réponse une convocation à entre-tien préalable, suivie d’un licencie-ment. Le référé aux Prud’hommes débouche sur la reconnaissance de la discrimination syndicale, une réintégration et un rappel de salaire. « C’est d’abord une victoire collec-tive », commente-t-il. Et la lutte ne s’arrête pas là : « Cela fait presque un mois que nous avons lancé une mobilisation pour obtenir des salaires de treize euros de l’heure, la majoration des heures de nuit, un salaire double le dimanche et les jours fériés, le treizième mois et une égalité de traitement entre salariés des franchisés et de McDo France. » Lors d’un récent rassemblement devant le McDo de la gare du Nord, la direction a demandé l’interven-tion de la police...Margaïd Quioc et Ludovic Finez

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14 RAPPORT| Présentation Dominique Gallet – La démocratie dans la CGT

Une organisation démocratiqueau service de tous les syndiqués

No t r e C o n f é -déra t ion por te fort les idées de démocratie : au travai l , dans la société, mais aus-

si à l’interne, dans nos pratiques collectives pour faire vivre nos organisations. Dans ce thème, c’est bien notre organisation et son fonctionnement interne qui sont interpellés. La démocratie est un élément essentiel de notre dé-marche : considérer chaque syndi-qué comme l’élément clé de notre construction, où chacune et chacun compte pour un dans les débats, pour décider, pour mettre en œuvre les décisions prises collectivement. C’est une dimension importante de nos statuts et de nos règles de vie. La démocratie est vivante et donc elle est fragile. Elle n’est jamais ins-crite définitivement dans la réalité de notre vie interne. Elle doit être soignée. Il nous faut sans cesse y prêter attention, réinterroger nos pratiques, nos fonctionnements, pour qu’elle soit une réalité vécue par l’ensemble des syndiqués. La démocratie, ce n’est pas chacun

dit et fait ce qu’il veut là où il est, travaille et vit. Elle implique de s’écouter, de décider collective-ment et de mettre en œuvre ce qui a été décidé. Ce thème, tel qu’il a été mis en débat dans nos organisa-tions pour préparer ce congrès, est décliné autour de six axes :

– la démocratie s’appuie sur des valeurs essentielles, objets de batailles et de luttes permanentes : le respect d’autrui, quel qu’il soit, l’engagement de notre organisa-tion pour faire vivre ses valeurs, la lutte contre toutes les discrimina-tions, l’égalité des droits et notam-ment l’égalité femmes-hommes et la lutte contre l’homophobie ;– la CGT s’adresse, accueille et organise toutes et tous les sala-rié(e)s : actifs, privés d’emploi et retraités, tels qu’ils sont réellement aujourd’hui en respectant leur diversité, à partir de leurs réalités vécues au travail et dans la société ;– cette démarche implique d’être informé, de se former et de com-muniquer ;– le syndiqué est au cœur de notre démarche. Nous le voulons acteur et décideur sur le lieu de travail,

mais aussi dans l’organisation, pour rassembler les salariés, déci-der les revendications et l’action, lutter et proposer avec eux ;– la démocratie s’exerce à tous les niveaux de l’organisation à partir du syndicat, en travaillant ensemble, notamment entre professions et territoires, entre structures profes-sionnelles et interprofessionnelles ;– faire vivre la démocratie, dans une organisation qui rassemble près de 700 000 adhérents impose des règles de vie communes, déci-dées collectivement et effective-ment mises en œuvre.

La cinquième résolution décline cinq thèmes pour la démocratie dans la CGT, pour des décisions collectives où la CGT et ses syndicats s’engage-ront si le congrès les adopte :

– la formation et l’information des syndiqués ;– l’égalité femmes-hommes ;– le travail croisé professions-ter-ritoires pour faire confédération et mettre en œuvre les décisions collectives, par exemple les déci-sions prises au CCN. Comment les fédérations et les UD, l’en-semble de notre organisation,

les impulsent et les coordonnent ensemble ? ;– l’application des règles de vie décidées collectivement ;– des syndiqués acteurs et déci-deurs.

Cette cinquième résolution fait aussi référence à notre stratégie et notre démarche telles que travaillées dans les thèmes 1 et 2. Ce sujet a donné lieu à quatre cent soixante-neuf amendements venant de cent trente-trois syndicats.Les amendements proposés ont lar-gement été répartis sur l’ensemble du texte. Cependant, quelques points ont été le plus souvent amen-dés. Ils ont trait à : nos valeurs, notre presse, le travail croisé pro-fessionnel/interprofessionnel à tous les niveaux de notre organisation et, tout particulièrement, l’égalité femmes-hommes. Ce dernier sujet est une vraie question dans notre organisation, que notre charte CGT sur l’égalité femmes-hommes ne suffit pas à traiter.Les travaux préalables de la sous-commission ont permis de vous proposer une écriture renouve-lée du thème 5.

110 AMENDEMENTS RETENUS

Elle intègre cent dix amendements retenus tels quels ou réécrits, le plus souvent pour intégrer plusieurs amendements complémentaires sur une même partie. Ce qui représente presque un quart des amendements proposés par les syndicats. Pour l’es-sentiel, les amendements non retenus sont intéressants, mais ils s’apparen-tent à des commentaires, concernent un autre thème précédemment traité dans le document d’orientation (ou dans le rapport d’actualité) ou le seront dans l’appel du congrès. Ils peuvent également relever de nos chartes ou de nos repères revendica-tifs, en évolution permanente. Pour les autres, la sous-commission a choisi de maintenir la rédaction initiale, souvent plus volontariste. Merci aux camarades de cette sous-commis-sion élue par le congrès, et à Malika, la secrétaire de cette sous-commis-sion, d’avoir travaillé très tard dans la

nuit. À vous maintenant d’en débattre avant d’adopter le document défini-tif qui déterminera nos orientations jusqu’au prochain congrès.La commission laisse place au débat.

Denis Perez, journaliste Hauts-de-SeineDenis est « déçu qu’aucun amende-ment n’ai été retenu sur l’avenir de la Nouvelle Vie ouvrière (NVO) ». Lors du précédent congrès, une résolu-tion avait été prise : augmenter le nombre d’abonnés. « C’est une réso-lution difficile à mettre en œuvre. C’est pour ça que nous avons proposé un plan de relance pour la NVO. Malheureusement, l’amendement n’a pas été retenu. On a l’impression que la pérennité du journal est remise en question. Je vous rappelle que la CGT est la seule confédération syndicale à avoir une entreprise de presse. » Il alerte les congressistes : « Je vous entends critiquer comment la presse de marché traite la CGT. Mais nous sommes bien contents de pouvoir bénéficier d’autres sources d’informa-tion telles que la NVO, le Journal du congrès, l’Humanité ou la Marseillaise. Le pluralisme est un enjeu. Imaginez un monde sans ces titres… » Il s’inquiète de l’état de la presse en général, qui est également visée par une récente directive européenne sur le secret des affaires. « Ce projet dévastateur per-mettra la condamnation des lanceurs d’alerte. »

Véronique Millet, Santé Action sociale GirondeLa déléguée souligne que si le docu-ment d’orientation correspond à « la réalité » de terrain, les syndiqués demandent à être mieux informés. Véronique Millet explique que les situations professionnelles de chacun ne permettaient pas toujours d’avoir accès aux informations dans les unions départementales et locales. La militante a également ajouté que la démocratie syndicale devait « s’ap-pliquer sur l’ensemble de la confédé-ration ». Le point de la domination masculine a été soulevé : « L’égalité entre hommes et femmes doit être effective, mais des freins persistent. Les avancées nécessaires pour lut-ter en faveur de la parité doivent

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aussi s’appliquer à la confédération.»Véronique Millet déplore que le congrès compte moins de femmes que d’hommes, mais tient à saluer le tra-vail de l’activité du comité confédéral «femmes-mixité».

Hakim Lamzaouek, Fapt Seine-Saint-Denis«La CGT est toujours debout et percutante après ses 120 ans. Malheureusement, des batailles internes écorchent notre image»,déplore Hakim. «C’est triste de voir certaines fédérations en arriver devant le tribunal pour savoir qui pourra déposer une liste pour les élections professionnelles. Ces situations nous font mal, gâchent notre énergie dans des luttes fratricides au lieu de l’utiliser

pour combattre le patronat. » Il recon-naît que « le militantisme n’est pas facile. Mais quel bonheur d’inscrire de nouveaux droits pour les travail-leurs. Notre unité doit être renforcée afin de continuer à être l’organisa-tion de référence. » Il conclut : «Les 32 heures sont plus que jamais d’ac-tualité pour répondre au problème du chômage. »

Gaël Rouzier, Services publics Val-de-Marne«La CGT traverse une crise démo-cratique grave, où les scandales s’enchaînent. Résultat : les citoyens s’éloignent de notre structure syn-dicale», affirme Gaël l l Rouzier. Le Rouzier. Le Rdélégué poursuit en expliquant que si le syndicat veut incarner un projet

de démocratie sociale, il est néces-saire qu’elle règne d’abord au sein du syndicat. Il appelle la confédéra-tion à mieux informer les syndiqués en amont du prochain congrès. «Ladémocratie ne se résume pas au bulle-tin, elle passe d’abord par des actes.»Gaël l l Rouzier demande à ce que les Rouzier demande à ce que les Robjectifs premiers soient la transpa-rence et le respect de la diversité des opinions.

Jean-Pierre Viaud, Filpac Loire-AtlantiqueJean-Pierre s’inquiète du recul du salariat. «C’est le salariat qui a permis d’obtenir de nouveaux droits pour les travailleurs, et ça, nos adversaires libéraux l’ont bien compris.» Il prendl’exemple du secteur de la commu-nication où «de nouvelles formes de travail mettent déjà en concurrence les travailleurs.» Il déplore que la CGT soit invisible pour les auto-en-trepreneurs et les free-lance. «Lorsd’une récente opération de pub pour une célèbre marque de bière, six mille créatifs ont été sollicités de par le monde et un seul a été payé par l’entreprise Havas. Nous vivons la numérisation des services à l’échelle mondiale.» Il s’inquiète aussi pour les conséquences sur les conditions de travail de ceux qui sont en bout de chaîne de la sous-traitance. «C’est le meilleur moyen pour les donneurs d’ordre d’échapper à leurs responsa-bilités. Dans ces conditions, la péni-bilité pèse sur les plus fragiles : parexemple, dans le domaine de la pub, ceux qui sont chargés de l’affichage.»

Il demande que la CGT s’adresse à ces travailleurs. «Nous devons nous Nous devons nous Nous depréoccuper du travail au sens large, au sein de notre CGT, du syndicalisme de classe et de masse, ouvert à tous les travailleurs, femmes et hommes.»

François Duchet, Paris FSPBA François Duchet tire un bilan positif de la semaine de congrès mais s’op-pose à la fusion ou à la disparition de certaines fédérations. Il qualifie le sujet d’important, méritant une dis-cussion plus approfondie. «Je veux vous alerter sur ce point, chaque fédé-ration est importante», a-t-il affirmé.

Renée Bonnet, Fapt+ Bouches-du-RhôneRenée rappelle qu’il a été décidé en lien avec la fédération que la FAPT investisse les sociétés avec des acti-vités en lien avec les télécommunica-tions, le numérique et le postal. Elle revendique quatre-vingt-six jeunes syndiqués dans les Bouches-du-Rhône. «Nous sommes la deuxième section en nombre d’adhérents, après les retraités.» Pourtant son témoignage montre que des tensions existent encore au sein même de la CGT. Deux sections CGT coexistent en effet chez SFR, la FAPT et CPNG (à l’origine syndicat de Numericable, qui a racheté SFR). «La direction de SFR a demandé au tribunal quelle était l’organisation compétente pour représenter les salariés. La justice a tranché pour la FAPT.» Malgré cette décision, les tensions conti-nuent. «Ces luttes intestines sont

inutiles et, pendant ce temps, la direc-tion s’éclate.» Lors des élections à Marseille, la FAPT a obtenu 40%des voix, devenant le syndicat majori-taire. Sauf sur les sites, où deux listes ont été présentées. «Cette situation impossible doit s’arrêter, pour mettre en pratique nos résolutions d’unité et qu’on puisse enfin se concentrer sur la mobilisation contre le projet de loi El El El Khomri.»

Zouher Mounen, Métaux Puy-de-DômeZouher Mounen regrette l’absence des camarades de Goodyear : «C’est dommage car ils sont le fer de lance du combat de la CGT sur le plan national. Je m’étonne de la position confédérale.» Il déplore également que le vote sur l’unité syndicale n’ait pas été séparé : «J’aurais aimé que cela soit pris en compte pour élever le débat démocratique.»

Françoise Martinez, Finances VarFrançoise est satisfaite de l’ap-pel du Congrès, mais regrette que l’assemblée ne puisse pas se pro-noncer sur certains amendements qui sont rejetés dans les commis-sions. Elle se montre également sceptique sur les résolutions 399 et 400, qui proposent le dévelop-pement des syndicats de site pour éviter la concurrence entre les sala-riés. « Comment moi, agent des finances publiques, je peux être en concurrence avec l’agent d’en-tretien ou de sécurité qui inter-

Le PeupleDirecteur de publication : Philippe TexierRédacteur en chef :Pierre TartakowskyRédacteurs :Margaïd Quioc - Philippe Amsellem Jean-Luc Bertet - Elsa GrigautLudovic Finez - Michel ScheidtSecrétaires de rédaction :Francis Ambrois - Thibault Monereau - Erwan ServeauConception graphique : Séverine CalippeMaquettistes : Séverine Calippe Marie-Thérèse Grollier Eve MontanaPhotographies : Photo sociale

Ce journal est écrit par des journalistes travaillant au sein des titres de la presse confédérale, des journalistes syndiqués SNJ-CGT, et réalisé bénévolement par le personnel de l’imprimerie Méditerranée Offset Presse syndiqué à la Filpac CGT.Merci à la direction de Riccobono de mettre ses outils et son matériel à la disposition du journal le Peuple pour fabriquer ce quotidien. Imprimé par nos soins.Tirage : 2500 exemplaires

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Tout au long du Congrès, les comptes rendus des débats ont été rédigés par Margaïd Quioc, Philippe Amsellem, Jean- Luc Bertet, Elsa Grigaut, Ludovic Finez et Michel Scheidt.

vient sur mon site ? C’est un sujet sensible mais on n’en a pas assez discuté. Cela ne risquerait-il pas de faire diminuer brutalement le nombre de fédés ? Ce texte ne peut pas être voté en l’état. »

Daniel Édelin, Organismes sociaux Loire-Atlantique« Je suis syndiqué depuis qua-rante-trois ans et c’est mon pre-mier congrès. Je suis marqué par la difficulté à faire vivre la démo-cratie au sein de l’organisation et par la non-prise en considéra-tion de la parole de tous les délé-gués », déclare Daniel Édelin. Il s’est également étonné du manque de temps accordé aux problèmes liés à la Sécurité sociale. « Le pro-blème n’est pas assez posé. Dans le rapport, on évoque le “travail croisé”, mais il existe peu. Si ça continue, on sortira de ce Congrès sans rien sur la protection sociale. Confédéralement, rien n’est construit. On est en difficulté parce que l’on ne travaille pas ensemble. Il est temps de passer aux travaux pratiques. »

Dominique Delarue, Construction Bois Seine-MaritimeDominique fait une intervention pour rappeler l’importance de la notion de pénibilité pour les cama-rades travaillant dans le bâtiment.

Virginie Labrousse, Sociétés d’études Seine-Saint-DenisLa déléguée regrette que la santé des syndiqués ne soit pas mention-née. « Nous sommes aussi salariés. » Selon elle, les différentes luttes impactent la santé physique et psy-chique des militants. Lors de son congrès fédéral, en octobre der-nier, Virginie Labrousse a constaté « la situation de souffrance des camarades ». La militante a appelé le syndicat à placer cette théma-tique au cœur des réflexions de la Confédération. Virginie Labrousse a rapporté des initiatives locales dans ce sens, « mais cela doit être généralisé. Nous demandons à ce que la qualité de la vie syndicale soit prise en compte dans les pro-chains mandats syndicaux. »

Emmanuel Adami, Transports Haute-Savoie« La démocratie à la CGT, c’est celle que nous vivons depuis quatre jours à Marseille et à lon-gueur d’année dans nos sections. On respecte les différences et chaque camarade est écouté avec beaucoup d’attention. Chaque syndiqué compte pour une voix. Certes, rien n’est parfait, mais il

n’y a rien d’insurmontable. » Cet employé des remontées méca-niques de Chamonix met en garde le congrès : « Attention à ne pas nous autoflageller au moment où nous avons besoin de nous serrer les coudes. » Emmanuel ponctue son intervention de références aux journalistes. « Nos amis journa-listes prennent conscience qu’ils ont écrit beaucoup de conneries à notre sujet. Mais soyons plus intel-ligents qu’eux. Continuons à mon-trer que la CGT, c’est la fraternité, la liberté, le respect d’autrui et la tolérance. »

Valérie Renault, Ferc Calvados La déléguée soulève le thème de l’importance de la démocratie culturelle dans un contexte où celle-ci est particulièrement mise à mal. « La culture doit être une prio-rité pour la CGT », martèle-t-elle. Valérie Renault a rappelé le rôle fondamental de la culture et aussi que cette dernière n’était pas une marchandise.

Blaise-Samuel Becker, Finances DoubsBlaise-Samuel Becker indique que « la directive sur le secret des affaires est déjà une réalité puisqu’elle a été adoptée au Parlement européen avec les voix de l’extrême droite, de la droite et des socialistes ». Pour lui, cette directive marque le début d’une chasse aux lanceurs d’alerte. « Quand des femmes et des hommes dénoncent, nous les défendons. Nous devons appliquer le statut du lanceur d’alerte. » Y compris en interne comme pour l’affaire Lepaon. Le camarade s’interroge : « Notre organisation s’est-elle dotée de tous les outils pour régler ces choses avant que cela ne sorte dans la presse ? Nous avons demandé que les camarades puissent parler dans le respect de l’anonymat. L’exemplarité est une nécessité. » Il finit en rappelant que son syndicat est attaché à la liberté de s’organiser selon son choix au sein de la CGT. « Les finances publiques, c’est un syndicat natio-nal. C’est selon nous la meilleure façon de défendre nos droits. Nous revendiquons cette particularité. Cette diversité est une richesse, ne la gommons pas. »

INVITÉS PRÉSENTS AU CONGRÈS

MERCREDI 21 AVRIL

Éric BEYNEL, co-porte-parole de Solidaires

Pierre LAURENT, Éliane ASSASSI, Jacques CHABALIER, Jean-Charles NÈGRE, Pierre DHARRÉVILE, Jean-Marc COPPOLA, Parti communiste français

Jean-Charles LALLEMAND, Parti de Gauche

François ROCHE, Lutte ouvrière

Jean-Marie BATTINI, NPA

Philippe BAUDELOT, Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt

Laurent MILLET, directeur des publications juridiques de la NVO

Michèle FORTET, Institut du travail de Strasbourg

Alain MONTARANT, Grégory BLANCHARD, Macif

Frédéric LALOUE, COCT

Nicholas ALLEN, Brady EVANS, Joel-Thomas WARE, États-Unis

Alistair SMITH, Banana Link

Joël DECAILLON, association Lasaire

David ÉLOY, Altermondes

Anne-Françoise TAISNE, CFSI

JEUDI 22 AVRIL

Jacqueline GARCIA, Alain GUINOT, Bernard VIVANT, Graziella LOVERRA, Lydia BROVELLI, Jean-François PERRAUD, anciens membres du BC

Claire JABOULAY, UNL

Jean-Karl DESCHAMPS, Ligue de l’enseignement

Alain Delmas, CESE

Pierre FERRACCI, Secafi Alpha

Marcel TRILLAT

Claude JORDA, conseiller départemental communiste

Jean-Paul LECAM, Bernard DAESCHLER, Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP)

Philippe LAURETTE, RDS

Yves MONTOBBIO, administrateur CGT Malakoff- Médéric

Davy RIMANE, CGT Guyane

Ousmane DIAGNE, Wahabine LY BINTOU, Orange Sénégal

Rachel BEAUSÉJOUR, DSC Orange

Daniel CIRERA, Fondation Gabriel-Péri

Cyril COSME, BIT

Richard PEDDIZI, ancien secrétaire régional

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18 MODIFICATIONS STATUTAIRES| Présentation par Philippe Lattaud

Concernantles pays d’outre-mer

Philippe Lattaud rap-pelle que les orga-nisations du CCN avaient approuvé à l ’unanimité , en 2014, la ratification

d’une nouvelle convention de coopération adaptée au contexte juridique d’aujourd’hui.Cette convention et sa ratification, par notre confédération et les trois confédérations des DOM qui par-ticipent à nos travaux, impliquent d’ajouter à nos statuts des dispo-sitions nouvelles concernant les départements d’outre-mer.

LA SITUATION AVANT 2014

Depuis la fin des années 60, les organisations CGT des DOM et la Confédération ont fait le choix d’une reconnaissance mutuelle de leur autonomie de structure et d’organisation, ainsi que de leur souveraineté dans leurs périmètres d’activités.C’est ainsi que les organisations CGT d’outre-mer – qui étaient à l’époque des unions départemen-tales de la CGT – se sont vues reconnaître le statut de confédéra-tions indépendantes.Cette transformation découlait d’orien-tations communes, se fondant sur la lutte contre le colonialisme et les libertés des peuples à revendiquer leurs droits à l’indépendance et à l’autodermination.Cependant, tout en reconnaissant nos souverainetés respectives, des conventions de coopération se sont construites entre la CGT et cha-cune des organisations se revendi-quant d’un syndicalisme de classe, de transformation sociale et porteur des valeurs qui ont fondé le syndica-lisme CGT.La solidarité internationale, la convergence des luttes face aux mêmes pouvoirs patronaux et gou-vernementaux, notre action quo-tidienne pour bannir le racisme et toutes les formes d’exclusion de la société, pour mettre fin à la domi-nation des peuples, notre exigence d’égalité en matière sociale quel que soit le territoire où l’on vit, tout cela

fait partie de ces valeurs fondatrices du syndicalisme CGT, des valeurs plus que jamais d’actualité.Et sur tous ces aspects, nous savons combien il reste à faire ensemble, en particulier en matière d’égalité, avec les salariés des pays d’outre-mer.Ces dernières années, de nombreux mouvements ont témoigné des luttes qui s’y sont déroulées. On se souvient notamment des grandes grèves de 2009. Nous suivons celle que viennent de mener avec succès nos camarades de Mayotte pour obtenir l’application du Code du travail et des conventions collec-tives… celle de La Réunion avec les travailleurs du BTP et les dockers… Toutes ces luttes portent une forte exigence d’égalité entre les salariés sur l’ensemble de nos territoires.Il est à noter, au passage, combien,

en matière de droit du travail, l’in-version de la hiérarchie des normes contenue dans le projet de loi El Khomri, ne ferait qu’accentuer les inégalités dont souffrent les salariés des pays d’outre-mer…C’est pourquoi nous avons tou-jours tenu à associer la juste indépendance de nos centrales

syndicales avec l’indispensable coopération. Nos conventions de coopération portent cette double préoccupation.

LA SITUATION APRÈS 2014

Or la mise en œuvre des lois de 2008 pour le secteur privé et les accords de Bercy pour la fonction publique, ont été l’occasion, pour certains, de contester du point de vue juri-dique cette notion de continuité et de représentation réciproque, faute d’une affiliation formelle entre nos organisations. Ce que le ministère du Travail a jugé bon de reprendre à son compte en ne reconnaissant pas les confédérations des DOM comme participant à la représentativité CGT.La conséquence la plus grave est

d’abord pour les organisations des DOM : faute d’une affiliation à la CGT, celles-ci ne se voient plus reconnues comme représentatives dans toutes les conventions collec-tives nationales et au niveau inter-professionnel, leurs audiences étant ramenées à leurs seuls résultats dans leurs territoires.

Cette non-reconnaissance pose de graves difficultés pour désigner, par exemple, des délégués syndicaux dans des établissements communs à plusieurs territoires. Elle peut aussi favoriser dans certaines entreprises ou certains établissements d’échelle nationale une sorte d’opposition entre les confédérations des DOM et la CGT « nationale » reconnue représentative, avec tout ce que cela implique en matière de désignations, de dépôt de liste électorale et de droits syndicaux.

UNE NOUVELLE CONVENTION

Aussi étions-nous convenus, dès début 2014, d’entamer ensemble un travail pour sécuriser juridiquement notre représentativité commune,

tout en sauvegardant la souveraineté des organisations des DOM.Il nous est vite apparu que la question de l’affiliation devenait incontour-nable du point de vue légal. Nous nous sommes alors employés à défi-nir ensemble le cadre et les modalités spécifiques de cette affiliation à tra-vers cette nouvelle convention.

À ce jour, celle-ci est signée par nos quatre confédérations : Notre Confédération, la CGT Martinique, la CGT Mayotte et la CGT Réunion Il faut noter que ce travail a en outre favorisé une réflexion impor-tante sur nos liens et la manière de construire des solidarités.Nous avons finalement choisi d’en faire plus qu’un acte administratif, de faire de cette contrainte juridique qui nous était imposée une oppor-tunité, tant sur le plan de notre soli-darité que sur celui du renforcement de la pleine autonomie des organisa-tions d’outre-mer.C’est pourquoi la convention pré-voit la mise en place d’organismes tels que « le Comité inter-régional des confédérations des pays d’outre-mer » (CIRCPOM) et le « Comité syndical inter-liaison » (CSIL). Ces instances permettront des ren-contres régulières et le suivi dans la mise en œuvre concrète de notre convention.

L’ADAPTATION STATUTAIRE

J’en viens aux ajouts statutaires qui sont soumis au vote de ce congrès :– Créer un troisième alinéa à l’ar-ticle 70 après « l’affiliation d’une organisation à la CGT implique son adhésion aux présents sta-tuts » :« Par ailleurs sont affiliés à la CGT les confédérations des départe-ments d’outre-mer signataires de la convention annexée aux présents statuts. »– Ajouter dans l’article 28, à la liste des représentants d’organisations qui participent au CCN avec voix consultative :« Un représentant du Comité inter-régional des pays d’outre-mer (CIRCPOM). »– Ce congrès doit donc également voter l’annexion de la convention, aux statuts de la CGT.Après notre 51e congrès, notre CCN comptera donc un membre consultatif de plus avec la présence d’un représentant des confédéra-tions des DOM. Ceux-ci ont déjà fait le choix d’une représentation à tour de rôle.

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N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 19| Présentation par Samantha Dumousseau

Concernantles retraités

Samantha Dumousseau re-trace d’abord les étapes de la réflexion menée sur la place et le statut des- retraités dans la CGT depuis le 50e congrès. Elle rappelle que

l’allongement de la durée de vie est un enjeu de société et, à ce titre, il convient de s’en saisir syndicalement. Les retraités peuvent souvent être cantonnés à aider les structures de la CGT sur des tâches logistiques. De plus, dans les instances « retraitées », sont spécifi-quement abordés les thèmes de la santé, de la perte d’autonomie, alors qu’il y a besoin de parler notamment de pouvoir d’achat. Pour cela, nous devons bouger nos mentalités, actifs et retraités, pour continuer à construire un syndicalisme « retraités » de revendications et d’action. Les retraités ont des problèmes spécifiques liés à leur vie et des revendica-tions pour améliorer leur vie quotidienne, qui ne peuvent pas toujours être pris en compte au sein des entreprises, mais qui peuvent par conséquent être abordés sur leur territoire. Afin d’avoir un état des lieux de ce qui se pratique réellement dans les organisations à l’occasion de leur congrès, un questionnaire a été transmis aux unions départementales et aux fédérations. Celui-ci portait notamment sur le taux de cotisation des sections « retrai-tés » et sur les règles de représentativité des syndiqués retraités à l’occasion des congrès. En date du 30 juin 2015, la commission a procédé à la synthèse du questionnaire « Ré-solution retraités ». Celle-ci a été transmise par la suite aux organisations du CCN. Pas moins de 41 UD et 17 FD se sont exprimées, ce qui a permis de donner une image juste des réalités. Cela a été une base importante pour construire les propositions de la commission, que nous soumettons aux congressistes.

UN SYNDIQUÉ COMPTE POUR UNE VOIX

Premièrement, sur la question du taux de coti-sations, de 1 % chez les retraités : nous pou-vons dire qu’il y a une volonté forte de tendre ou d’être au 1 %, conformément aux statuts de l’UCR. La démarche du 1 % s’est enclenchée pour les retraités. Même si, comme chez les actifs, toutes les sections n’y sont pas encore. Le 9e congrès de l’UCR, qui s’est déroulé à La Rochelle, a certainement contribué à cette dynamique de revalorisation des cotisations pour tendre au 1 %. Deuxièmement, sur les règles de représentation des syndiqués retraités dans les congrès et les structures de la CGT. D’un point de vue général, nous pouvons dire

que des débats se sont ouverts dans les orga-nisations, ce qui a donné lieu, pour certaines, à des modifications statutaires. Au niveau des unions départementales, la quasi-majorité de celles qui ont répondu dit que les retraités ont les mêmes droits et la même représentation que les actifs à l’occasion de leur congrès. La plupart ont donc procédé à des changements statutaires pour mettre les mêmes dispositions de représentation que les syndicats d’actifs, c’est-à-dire qu’un syndiqué compte pour une voix. Au niveau des fédérations, la majorité des réponses montre aussi que les mêmes règles de représentation sont appliquées pour les syn-dicats d’actifs comme pour ceux des retraités. Des modifications statutaires ont eu lieu dans ce sens avec un adhérent actif ou retraité qui compte pour une voix.Par conséquent, nous pouvons dire que ces évo-lutions statutaires contribuent à faire en sorte que chaque syndiqué, qu’il soit actif ou retraité, dispose des mêmes droits. Ces deux proposi-tions de modifications statutaires répondent donc à l’attente des syndiqués CGT de retrai-tés. Elles sont le fruit d’une longue réflexion et d’une demande de l’UCR, formulée au congrès précédent, d’établir le taux de cotisation à 1 %. Étant donné que ce principe de cotisation à 1 % des revenus est déjà intégré dans les statuts de l’UCR, cette cotisation est d’ores et déjà admise par celles et ceux qui s’en acquittent. Cependant, nous ne pouvons pas occulter que des diffé-rences d’appréciations apparaissent, surtout au niveau des structures professionnelles, du fait qu’il y est un nombre important de retrai-tés dans ces organisations. C’est pour cela que la commission a proposé d’accompagner ces modifications statutaires par un texte qui pré-cise le sens de ces modifications, que vous avez sur la table et dont vous avez certainement pris connaissance.Tout d’abord, concernant le taux de cotisation, il est proposé au congrès la modification de l’article 34 des statuts confédéraux, pour per-mettre le passage à 1 % de la cotisation pour les retraités. Cela conformément à la modification des statuts de l’UCR. Puis, concernant la repré-sentativité des retraités dans le calcul des voix des syndicats représentés au congrès confédé-ral, il est proposé à ce 51e congrès de supprimer dans nos statuts la différentiation : « Chaque syndicat disposera du même calcul de voix, que les syndiqués soient actifs ou retraités. » Ce mode de calcul concerne le congrès confédé-ral. Chaque organisation détermine elle-même ses règles de représentation au niveau de l’or-ganisation de son propre congrès. Ce qui ne remet pas en cause le fédéralisme. Cependant, on sait que les statuts confédéraux

servent souvent de référence aux organisations qui déterminent elles-mêmes leurs règles de représentation au niveau de la mise en place des congrès. Par conséquent, ce projet de réso-lution précise sur quel champ doivent s’exer-cer les « votes » des retraités, spécifiquement dans le cas où les organisations appliqueraient ces modifications statutaires. Les retraités ne peuvent ainsi se substituer aux décisions des actifs en ce qui concerne, notamment, leurs propres initiatives et leurs modalités de lutte.Maintenant, venons-en aux différents amen-dements qui nous ont été envoyés par les syndicats. Nous avons reçu quarante-huit amendements déposés par trente-cinq syn-dicats. La commission élue par le Congrès, réunie ce mardi, a pris connaissance de ces amendements et je suis chargée aujourd’hui de vous présenter la synthèse de ces travaux. Vingt-huit amendements demandaient de ne faire aucune modification sur les articles 27.6 et 34, c’est-à-dire de laisser la cotisation des retraités à 0,5 % et de ne rien changer sur le calcul des voix au congrès confédéral. De plus, huit amendements concernaient l’article 34 sur le taux de cotisation des retraités, en deman-dant une modification pour tendre progressi-vement au 1 %. Par conséquent, la commission n’a pas retenu ces trente-six amendements qui appellent à des mesures progressives ou à ce qu’aucune modification des dispositions sta-tutaires actuelles n’intervienne. De plus, ame-ner la notion de progressivité dans les statuts n’est pas possible. Les statuts sont faits pour nous donner des règles applicables, pour nous toutes et tous. En clair, « tendre » au 1 % revien-drait à renvoyer la proposition d’établir le montant de la cotisation des retraités à 1 % à de

prochains congrès. Des débats, des échanges dans une situation saine ont eu lieu depuis très longtemps sur la question du 1 %. Il a été aussi évoqué la raison des difficultés financières que peuvent subir les retraités et donc la difficulté de payer la cotisation à un taux de 1 %. Sans ouvrir le débat dessus, la difficulté de donner 1 % ne concerne pas seulement cette popula-tion, mais d’autres comme, par exemple, les précaires.

LE 1 % DOIT VALOIR POUR TOUTES ET TOUS

Par la suite, la commission a étudié six amen-dements qui proposaient soit des enrichisse-ments soit des précisions. Tout d’abord, nous n’avons pas pris en compte ceux qui touchaient l’article 27.6, mais qui concernaient une autre partie du texte. Sur l’amendement qui proposait de mettre « il est interdit de créer des syndicats retraités », celui-ci n’a pas non plus été retenu. La notion d’interdiction dans les statuts n’est pas envisageable. Par contre, nous tenons à rappeler notre volonté, et celle de l’UCR, de développer des sections « retraités » et de se renforcer avec des syndiqués retraités plus nombreux. Nous avons décidé de retenir les amendements qui demandent de rajouter dans l’article 34 le mot « nette », pour le taux de cotisation des retraités comme pour les actifs, c’est-à-dire : « la cotisa-tion est égale à 1 % du salaire net, toutes primes comprises de sa pension ou retraite nette (régime de base + complémentaire) ». En effet, cela a été un oubli de ne pas l’avoir inscrit au préalable. On peut donc remercier les camarades d’être vigilants. L’ajout est sur le document que vous avez sur table.

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AIT IDIR JAMIL 544 741 voix 97,65%

BARANSKI JEAN CLAUDE 544 741 voix 97,65%

CAGNARD LEOCADIE 544 741 voix 97,65%

CORNU CINDY 543 419 voix 97,41%

DUBOIS BERNARD 544 741 voix 97,65%

FASSIER DOMINIQUE 544 741 voix 97,65%

FOURE ERIC 544 209 voix 97,56%

GARIN MONIQUE 544 741 voix 97,65%

GUISTI DOMINIQUE 544 741 voix 97,65%

LARQUIER MICHEL 544 741 voix 97,65%

LECOMTE MAURICE 544 741 voix 97,65%

LEVEILLE CHRISTINE 544 741 voix 97,65%

MARICHAL CAROLINE 544 741 voix 97,65%

MENDOLA GIOVANI 544 047 voix 97,53%

MOUHAT MONIQUE 544 741 voix 97,65%

RODILLAT FRANCOISE 544 741 voix 97,65%

ZACHAYUS ROBERT 544 741 voix 97,65%

VOTE N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 21

Le résultat des votes

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VOTE SUR LE THEME 3 - DOC. ORIENTATION VOTE SUR LE THEME 4 - DOC. ORIENTATION

VOTE SUR LE THEME 5 - DOC. ORIENTATION VOTE SUR LE DOC. ORIENTATION VOTE SUR LES MODIFICATIONS STATUTAIRES DOM

VOTE SUR LA «RÉSOLUTION RETRAITÉS» VOTE SUR LES MODIFICATIONS STATUTAIRES «RETRAITÉS» RÉSULTAT COMITÉ COGÉTISE ÉLU

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LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL

Servir et protégerPréserver et valoriserRapprocher et accompagnerInvestir et impulser

ÇA COMMENCEAUJOURD’HUI

LA PROVENCEDE DEMAIN,

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DIRECTION N° 5 – Le Peuple – quotidien du 51e congrès – 22 avril 2016 23

Commission exécutive confédéraleCommission exécutive confédérale élueVoix exprimées : 573 172

ANGEI FABRICE 542 970 94,7%

AUBIN ERIC 525 395 91,7%

BEGIN LAMIA 555 089 96,8%

BINET SOPHIE 524 921 91,6%

BLANCO MANUEL 551 800 96,3%

BONAMY SYLVIE 554 639 96,8%

BOUVIER PASCAL 525 706 91,7%

BUAILLON SANDRA 556 248 97,0%

CAILLETAUD MARIE-CLAIRE 548 288 95,7%

CANET FABRICE 540 611 94,3%

CARLIER CHRISTINE 538 360 93,9%

CARROT MIREILLE 554 511 96,7%

CRU FABIENNE 537 205 93,7%

DEBAY PASCAL 522 681 91,2%

DUGUE DAVID 552 950 96,5%

ELIEZ JACQUES 540 882 94,4%

FOURNEL GILLES 528 419 92,2%

FOURNET PASCAL 523 483 91,3%

GENSEL-IMBRECHT VIRGINIE 514 802 89,8%

GEVAUDAN SIMON 549 187 95,8%

GISTAU DAVID 554 685 96,8%

GRANDCHAMPS DIANE 549 450 95,9%

GRAVOUIL DENIS 528 202 92,2%

IMBRECHT FRÉDÉRIC 485 329 84,7%

JOUCHTER OLIVIER 554 165 96,7%

KOTLICKI MARIE-JO 547 103 95,5%

LAGHA AMAR 546 572 95,4%

LANGLAIS BRIGITTE 553 208 96,5%

LE NEZET BRUNO 555 278 96,9%

LEFEBVRE-HAUSSMANN VALÉRIE 551 788 96,3%

LEROGERON LIONEL 532 716 92,9%

LESAGE VALÉRIE 550 448 96,0%

MARTIN VÉRONIQUE 549 901 95,9%

MARTINEZ PHILIPPE 547 080 95,4%

METCHE NICKLES NATHALIE 545 923 95,2%

MEYNARD ALEXANDRA 545 408 95,2%

OSSANT HERVÉ 554 541 96,7%

OUSSEDIK MOHAMMED 523 450 91,3%

PERRET CATHERINE 526 198 91,8%

PLAZZI BORIS 553 744 96,6%

RAMBAULT DAVID 538 249 93,9%

REVAULT SERVANE 539 780 94,2%

ROUX GRÉGORY 519 019 90,6%

SAAVEDRA MARIE 528 803 92,3%

SALHI NADIA 555 349 96,9%

VERDEIL NATHALIE 549 617 95,9%

VERSIGNY CORINNE 530 004 92,5%

VERZELETTI CÉLINE 552 169 96,3%

VIDALLET GISÈLE 513 401 89,6%

VIVENZA JÉRÔME 531 533 92,7%

Candidats à la CE non élusAMAR BENJAMIN 21 162

BIROBENT FRÉDÉRIC 26 658

BONNET FRANÇOIS 555

CREPEL PHILIPPE 46 254

DUBELLOY DAVID 3 690FAROU GAËL 555GODARD CHRISTOPHE 1 584

GACHE FABIEN 555

GUIDOU JEAN-ALBERT 11 899

LALYS DENIS 50 299

LEBLANC DENIS 555

MARCEL JÉRÔME 555

PAGNONCELLI DAMIEN 555

PETTAVINO THIERRY 9 458

RABHI MAURAD 555

RAGAZZACCI SERGE 15 499

SANCHEZ FRÉDÉRIC 555

SOUTY DANIEL 555

VACHERON THOMAS 8 736

VADEBOUT OLIVIER 14 678

VERITE JÉRÔME 555

YAZID AAMAR 15 677

Commission Financière et de Contrôle élueBOSSART PATRICE 537 221 93,7%

GAUTHERON VINCENT 554 157 96,7%

GODARD ISABELLE 554 157 96,7%

GODEC LAURA 548 087 95,6%

GUIDOU BERNARD 551 553 96,2%

TEJAS PATRICIA 554 714 96,8%

YALCIN NAIL 554 157 96,7%

CFC : non élusBOURNEUF ALAIN 2 538

CHEBOUT HAMID 10 462

PICARD PATRICK 4 070

TETEVUIDE LUDOVIC 1 599

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