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E V A L U A T I O N D U P R O J E T « M O I J ’ A S S U M E … E T T O I ? L ’ É G A L I T E D A N S M O N L Y C É E »
Avec le soutien de
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PRESENTATION DU PROJET:
Il s’agit d’un programme de formation élaboré à partir d’un programme audiovisuel
d’éducation à la responsabilité sexuelle et affective, et à une utilisation responsable des
nouveaux médias dans un objectif de prévention des violences à l’adolescence en
réfléchissant aux conséquences individuelles et collectives des représentations stéréotypées
que l’on se fait de l’Autre.
OBJECTIFS DE L’EVALUATION
Nous avons souhaité mettre en place, dès le démarrage de l’action, une démarche évaluative.
Les objectifs de l’évaluation étaient multiples:
• juger de la pertinence des actions menées au regard des objectifs initiaux.
• mesurer l’efficacité et l’optimisation des moyens (analyse de la mise en œuvre) ;
• fournir des recommandations utiles pour de nouveaux projets (diffusion,
dissémination, voire transfert des actions)
Nous avons analysé les résultats et les impacts du projet en tenant compte du processus de
différenciation et hiérarchisation des rôles masculins et féminins de notre société. Nous avons
par conséquent tenté de repérer l’intériorisation par l’ensemble des acteurs et actrices du projet
(filles et garçons) des stéréotypes de genre en comparant les pratiques et représentations des
filles et des garçons.
Pour ce faire, deux types de questionnaire ont été distribués à l’ensemble des élèves ayant suivi
ces actions de sensibilisation (soit environ 1334 questionnaires, pour environ 667 élèves). Le
premier questionnaire a été diffusé en amont des interventions. Il avait pour objectif d’évaluer le
niveau d’intégration des stéréotypes de genre des élèves et de leurs relations avec les médias. Le
second a été transmis à l’issue de la session de sensibilisation afin de juger la pertinence de
l’action au regard des objectifs initiaux et d’évaluer l’impact du projet. Une restitution des
résultats de cette évaluation a été présentée aux équipes éducatives des lycées concernés.
Public cible : 667 élèves (45% de filles et 55% de garçons) de 2nde des lycées suivants :
Lycée d’enseignement général et technologique international Victor Hugo (Colomiers, 31),
Lycée professionnel Clément de Pemille (Grauilhet, 81), Lycée Pardailhan (Auch, 32),
Etablissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles (Ondes,
31).
Afin de parvenir à un équilibre filles-garçons (50% de filles et 50% de garçons), les résultats
qui suivent ont été pondérés.
Durée : 2 heures par classes (24 classes sensibilisées)
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PRESENTATION DES PRINCIPAUX RESULTATS DU QUESTIONNAIRE DISTRIBUE AVANT LA SENSIBILISATION
Utilisation des nouveaux médias :
On peut tout d’abord constaté que la très grande majorité des élèves interrogés (95% des
garçons et 93% des filles) utilisent les nouveaux médias de façon quotidienne. Ils et elles ont
des comptes actifs sur un ou plusieurs réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Skype,
Youtube ou encore Twitter. A noter que 88% des garçons et 79% des filles ont déjà publié
une photo ou vidéo d’eux/elles sur les réseaux sociaux. D’une manière générale, les filles
publient un plus grand nombre de photos ou vidéos. 30% d’entre elles ont déjà publié entre
10 et 50 photos ou vidéos contre 20% des garçons.
La mention « signaler cette photo » qui permet aux utilisateur-rice-s des réseaux sociaux
de supprimer les photos et/ou vidéos est rarement utilisée. En effet, seulement 9% des
filles et 8% des garçons ont été confronté à cette situation. Les raisons de cette demande
divergent selon le sexe. Il s’agit davantage d’une injonction à la pudeur et le résultat de la
tyrannie de l’apparence pour les filles. En effet, ces dernières nous indiquent avoir été dans
l’obligation de supprimer des photos ou des vidéos car elles ne se trouvaient pas assez belles
ou parce que le père, le frère ou le petit ami trouvait qu’elles étaient trop « vulgaires » ou
« sexy ». Du côté des garçons, les raisons du retrait des photos ou vidéos sont liées à une
potentielle atteinte à leur virilité car ces derniers étaient mis en dérision pour leurs
physiques frêles ou encore pour leur masculinité pas assez affirmée.
L’impact des stéréotypes de sexe
Réponse des élèves à la question suivante : « Penses-tu qu’il y a des différences entre les
filles et les garçons ? »
17%
19%
55%
9%
Fille
Je ne sais pas
Non
Oui
Pas deréponse
18%
24% 47%
11%
Garçon
Je ne sais pas
Non
Oui
Pas deréponse
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47% des garçons contre 55% des filles pensent qu’il y a des différences selon le
sexe. Pour la majorité des filles, ces différences sont culturelles. Elles estiment ne pas
disposer d’autant de liberté que les garçons dans leur épanouissement personnel, celui-ci
étant lié en grande partie au regard porté par les garçons sur elles : « Par exemple, une femme
qui aime faire l'amour avec beaucoup d'hommes c'est une pute alors qu'un homme c'est un don
juan », « Certaines formes à cacher chez la femme. »
Elles mettent en avant les inégalités que subissent les femmes :
« Les femmes subissent toujours des inégalités. »
« Les filles c'est le sexe faible mais elles doivent être respectées par les hommes. »
Elles soulignent aussi les contraintes qui pèsent sur elles :
« Pour les garçons, les filles doivent faire le ménage et à manger. »
Garçons et filles identifient les normes et valeurs qui les différencient ce qui engendre des
comportements différents :
« Une fille est plus appliquée et plus patiente. Un homme est plus "violent" et il a plus de
force. »
Lorsque les filles évoquent des différences d’origines biologiques, elles invoquent un sexe
manquant : « nous n’avons pas de pénis ». Tandis que les garçons expliquent « avoir » un pénis
contrairement aux filles. Comme si l’identité sexuée était liée au fait d’avoir ou ne de pas
avoir de pénis (plutôt qu’avoir ou ne pas avoir de poitrine, de vagin ou encore d’utérus si
l’on renverse le processus).
67% des filles contre 51% des garçons pensent que l’expression des sentiments
n’est pas similaire selon le sexe. Pour les élèves des deux sexes, les garçons
n’exprimeraient pas leurs sentiments par « fierté » et pour ne pas paraître « faibles ». Et
lorsqu’ils le font, ils le démontreraient en « étant violent et jaloux ». Quant aux filles, elles
n’auraient pas la possibilité de « faire le premier pas » afin de ne pas être apparentée à l’image
d’ « une fille facile ». De nombreux/se-s chercheur-e-s ont démontré que les garçons
éprouvent de grandes difficultés à exprimer leurs sentiments aux autres car leur éducation
ne les y a généralement pas préparés. La plus grande agressivité, violence des garçons que
l’on constate dans de nombreuses études peut naître ainsi d’une incapacité pour les garçons
à exprimer ce qu’ils ressentent dans une interaction « normale ». Elle peut être la
démonstration d’un intérêt éprouvé pour une jeune fille, intérêt qui ne trouve d’issue que
violente quand les autres moyens d’expression sont inconnus.
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Pour les élèves, les pires insultes pour un garçon sont:
- « fils de pute » (pour 41% des garçons et 28% des filles)
- « pas de couille, petit pénis » (pour 7% des garçons et 16% des filles)
- « PD, enculé, tapette, impuissant, faible » (pour 30% des garçons et 34% des filles)
Ces insultes à caractère sexiste et homophobe nous montrent qu’il importe autant pour les
filles que pour les garçons que ces derniers ne figurent pas dans la catégorie dévalorisée du
féminin ou de l’homosexuel. Les filles sont d’ailleurs légèrement plus nombreuses (34%
contre 30% pour les garçons) à utiliser les termes de « PD, enculé, tapette, impuissant,
faible » pour décrire la pire insulte pour un garçon. L’homosexualité est en effet
généralement associée au féminin, tout comme à une perversion du masculin, et est de ce
fait profondément opprimée c’est ce que Nicole-Claude Mathieu nomme « le tabou de la
similitude ». Au moment de la construction personnelle des adolescent-e-s, les garçons
revendiquent le statut d’homme, mais attendent de le devenir vraiment. Le discours
homophobe et le contrôle des filles marquent le signe pour certains d’une volonté de
conjurer les menaces sur une identité masculine précarisée.
En ce qui concerne les filles, les pires insultes sont dans l’ordre :
- «pute, catin, prostituée, fille facile, pétasse, suceuse» (pour 63% des garçons et 68%
des filles)
- « plate, laideron, grosse, moche, petite poitrine» (pour 6% des garçons et 15% des
filles)
Ce type d’insultes illustre donc très fortement l’injonction à la pudeur ou à la beauté qui
pèse sur les filles. Il est également très intéressant de constater que ce sont majoritairement
les filles qui sont le plus sensibles à ces injonctions. La beauté constitue un des éléments clés
de leur identité dans notre société, bien plus que pour les hommes, et chaque dénigrement
de l’apparence physique constitue donc une attaque de l’identité même des jeunes filles à un
âge où celle-ci est particulièrement fragile. A travers les insultes « pute, fille facile, etc… »,
on remarque de façon claire que les filles sont rangées dans deux catégories binaires : « la
fille bien » et la « salope » ce qui les enferment dans des rôles sociaux bien définis. Elles
doivent se soumettre alors au regard des garçons comme des autres filles et sont jugées par
certain-e-s comme responsables des violences qu’elles pourraient subir.
Cette même forme d’injonction se retrouve lorsque l’on questionne les élèves sur l’image
qu’ils et elles ont de la femme ou de l’homme idéal-e . 20% des garçons refusent de
répondre à la question « Définis en trois adjectifs l’homme idéal ». Pour justifier leur choix,
ils indiquent qu’ils ne sont pas « PD ». Pour ces derniers, il leur est donc impossible
d’imaginer à quoi peut ressembler l’homme idéal afin de ne pas mettre en doute leur degré
de masculinité et de virilité. La femme idéale est pour les deux sexes avant tout « belle,
coquette, sexy, bonne, mince ». On retrouve encore une fois la tyrannie de l’apparence pour
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les filles beaucoup plus forte que chez les garçons qui doivent être selon les critères de
l’homme idéal avant tout « attentionné, protecteur, gentil, riche» avant d’être « beau,
grand , musclé, fort » ou encore «mauvais garçon, jaloux, bon au lit ». La palette est donc
beaucoup plus large que pour les filles et ne fait pas uniquement référence à des
caractéristiques esthétiques.
Lorsque l’on demande aux garçons de nous indiquer « ce qu’(ils) regarde(nt) en premier
chez une fille », 46% d’entre eux observent dans un premier temps le visage des filles et 28%
contemplent en priorité leur corps (et plus particulièrement les « fesses » et les « seins ». )
Quant aux filles, elles portent avant tout (à 59%) leur regard sur le visage des garçons et plus
précisément sur leurs yeux. Seulement 13% d’entre elles regardent en premier le corps des
garçons (musculature, taille, « fesses ») La tendance reste donc la même. Les élèves portent avant
tout leur regard sur le visage du sexe opposé. Mais les garçons portent davantage d’attention aux
corps des filles que l’inverse.
Comme l’outil audiovisuel pédagogique utilisé pour le débat aborde la question de
l’homosexualité, nous avons également souhaité questionner les élèves sur leur vision de
cette orientation sexuelle.
Réponses des élèves à la question : « Qu’est-ce que l’homosexualité selon toi ? »
5%
61%
20%
1% 7%
6%
Fille Deux mecs qui ont desrelations sexuelles
Deux personnes dumême sexe quis'aiment
Ce n'est pas normal,c'est dégueulasse, c'estcontre-nature, c'estinterditDeux filles qui ont desrelations sexuelles
Un goût sexueldifférent
C'est naturel, c'estnormal commel'hétérosexualité
Pas de réponse ou je nesais pas
21%
46%
21%
1%
2% 2%
7%
Garçon Deux mecs qui ontdes relationssexuelles
Deux personnes dumême sexe quis'aiment
Ce n'est pas normal,c'est dégueulasse,c'est contre-nature,c'est interditDeux filles qui ontdes relationssexuelles
Un goût sexueldifférent
C'est naturel, c'estnormal commel'hétérosexualité
Pas de réponse ou jene sais pas
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La majorité des élèves sont tolérants avec l’homosexualité. En effet, 46% des garçons et 61%
des filles décrivent l’homosexualité comme étant l’union de « deux personnes du même sexe
qui s’aiment ». Même si nombreux-ses d’entre eux/elles n’envisagent que l’homosexualité
masculine. Les lesbiennes souffrent d’un paradoxe. Elles sont à la fois largement visibles dans
les fantasmes sexuels des hommes hétérosexuels à travers la pornographie et invisibles dans
l’espace public et dans l’imaginaire collectif. En effet, l’homosexualité c’est « deux mecs qui
s’enculent » ou « encore deux PD qui s’embrassent » pour 21% des garçons et seulement
4% des filles. Certains élèves (21% des garçons et 20% des filles) éprouvent une aversion
pour l’homosexualité qu’ils considèrent comme étant « une maladie », une façon de
vivre « inhumaine », « immorale » ou encore « non naturel ». Pour ces dernier-ère-s, « ça
ne devrait pas exister » ou « c’est dégueulasse ». Après deux ans de l’adoption de la loi du
« mariage pour tous », nous pouvons constater que la tolérance envers l’homosexualité n’est
pas encore totalement entrée dans les mœurs y compris chez les jeunes générations. La
complémentarité dite « naturelle » des sexes guide bien souvent leurs propos comme le
stipule cette jeune-fille :
« Je trouve ça dégoutant et ça ne devrait pas exister car deux hommes ou deux
femmes ne sont pas faits pour être ensemble. Un homme et une femme se
complètent. » (Fille)
PRESENTATION DES PRINCIPAUX RESULTATS DU QUESTIONNAIRE DISTRIBUE APRES LA SENSIBILISATION
Afin d’analyser les évolutions des élèves sur ces différentes questions, détecter
l’impact du débat et identifier l’état des connaissances des élèves sur la question
de l’égalité femmes-hommes, un second questionnaire a été distribué aux élèves
à l’issue de la séance de sensibilisation.
L’impact du débat sur les élèves
99% des filles et 94% des garçons sont très satisfait-e-s ou plutôt satisfait-e-s du débat. Pour
la moitié des filles et 58% des garçons, le débat abordait les questions d’exclusion, de
discrimination, de harcèlement, de sexisme ou encore des stéréotypes. On peut donc se
satisfaire de la compréhension générale des élèves sur les thèmes abordés lors du débat.
Même si ce constat est amené à être nuancé car seulement 5% des garçons et 7% des filles
ont identifié l’(in)égalité femmes-hommes comme thème principal du débat.
77% des filles contre 62% des garçons estiment que le débat leur a permis de « prendre
conscience des conséquences parfois lourdes de la diffusion de rumeurs à travers les réseaux
sociaux ». On note ainsi une prise de conscience plus importante des filles.
Suite au débat, 55% des filles et 39% des garçons refusent le fait que les différences hommes-
femmes soient innées et ne peuvent être modifiées.
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Réaction des élèves face à l’affirmation : « Les différences hommes-femmes sont
naturelles et définies à la naissance. Elles peuvent donc être modifiées »
Ils et elles sont également majoritaires
(72% des filles et 56% des garçons) à penser que les différences entre les femmes et les
hommes sont d’origines sociales et culturelles c’est-à-dire construites par l’environnement
social (média, famille, enseignant-e-s, etc…) La prise de conscience du système de
production et de reproduction des différences de sexe est donc plus forte chez les filles.
Cette nouvelle culture de l’égalité se manifeste également par un refus majoritaire (75% des
filles et 55% des garçons) de l’homophobie en étant « pas du tout d’accord » ou « plutôt pas
d’accord » avec l’affirmation suivante : « l'homosexualité n'est pas naturelle et ne
devrait pas exister ». Pourtant la plupart d’entre eux/elles faisaient référence à cet état de
fait pour décrire l’homosexualité au sein du premier questionnaire et pendant les séances de
sensibilisation.
Réponse des élèves face à l’affirmation: “L’homosexualité n’est pas naturelle et ne
devrait pas exister”
38%
24%
13%
17%
8%
Fille
Pas du toutd'accord
Plus ou moinsd'accord
Plutôt d'accord
Plutôt pasd'accord
27%
28% 19%
13%
13%
Garçon
Pas du toutd'accord
Plus ou moinsd'accord
Plutôt d'accord
Plutôt pasd'accord
60% 11%
5%
15%
9%
Fille
Pas du toutd'accord
Plus ou moinsd'accord
Plutôt d'accord
Plutôt pasd'accord
40%
23% 6%
16%
15%
Garçon
Pas du toutd'accord
Plus ou moinsd'accord
Plutôt d'accord
Plutôt pasd'accord
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L’état des connaissances
Nous notons également une bonne compréhension des élèves du terme « stéréotype »
qu’ils/elles définissent comme étant un
« Une idée toute faite correspondant à un modèle. » (fille, lycée d’Ondes)
« C'est une idée préconçue qui ne reflète pas la réalité. » (garçon, lycée d’Ondes)
« Généraliser les différences de chacun. » (fille, lycée d’Ondes)
« C’est ce qu’on est habitué à voir depuis qu’on est né. » (garçon, lycée de
Graulhet)
« C'est un cliché; Par exemple, "la femme doit faire le ménage". C'est un stéréotype
car les hommes peuvent aussi faire le ménage » (fille, lycée de Graulhet)
«Différence ancrée dès la naissance et nécessaire à la classification de la société et
dont notre but est de les faire changer. » (fille, lycée de Colomiers)
«Une idée reçue qui catégorise les personnes concernées dans des cases
difficilement modifiables. » (garçon, lycée de Colomiers)
Ils et elles citent quelques exemples comme : « Les filles sont censées faire les travaux
ménagers/ Les garçons font du foot et les filles de la danse. » (fille, lycée d’Ondes), « Donner
plus de lait à un garçon qu'à une fille, les filles aiment le rose, les garçons doivent se battre. »
(fille, lycée de Colomiers) ou encore « Les femmes sont les seules à savoir faire le ménage et
l'homme commande à la maison. » (garcon, lycée de Graulhet)
Rappelons qu’un stéréotype est une opinion toute faite, une représentation figée, une image
fixe insensible aux modifications de la réalité qu’il est censé décrire ou expliquer. Cette
caricature de la réalité est d’autant plus efficace qu’elle se présente sous la forme aveuglante
et simplifiée d’une évidence naturelle.
Cette prise de conscience est très importante à un âge où les stéréotypes sexués sont
particulièrement actifs à l’adolescence. En effet, il s’agit d’une période où l’on se cherche et
où l’on est très sensible à être admis par ses pairs.
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Leur regard sur le film « Moi j’assume … et toi ? » 1 et leurs évolutions sur les
questions traitées
Soit parce que l’élève (fille et garçon) s’identifie au personnage car il a lui même vécu des
situations de harcèlement : « c'est une situation que j'ai déjà vécue. » (fille), « elle me rappelle
beaucoup moi. » (garçon)
Certains élèves ont été davantage marqués par Maya soit par identification :
« Maya car ses réactions sont les mêmes que
celles qu'ont eu mes amis, Ils m'apprécient mais
ne l'assumaient pas. » (fille), soit par qu’ils/elles
sont révolté-e-s qu’elle n’assume pas ses
choix :
« Maya car elle change de comportement selon
ses fréquentations et elle n'assume rien. »
(garçon)
On peut ainsi pointer que les objectifs de l’action de sensibilisation sont en partie atteints car
cela a permis aux élèves de prendre du recul sur des situations vécues en tant qu’harcelé-e
ou harceleur-se. Il est aussi important de souligner que ce support de débat (dont l’histoire
a été écrite par des élèves) reflète bien la réalité des adolescent-e-s car ces dernier-ère-s
s’identifient aux personnages ce qui leur permet d’avancer dans leurs réflexions et
autocritiques.
Si les élèves pouvaient changer la fin de l’histoire entre Camille et Maya (les personnages
principaux de l’outil audiovisuel du débat 2 ), les élèves sont partagés entre « ne rien
changer » par fatalisme car « C’est bien comme ça. » (Garçon) , «ça se passe toujours comme ça
et même ça ne se finit pas aussi bien » (fille) ou par rejet de l’homosexualité : « Qu'elles n'aient
pas de rapprochement amoureux car c'est assez soudain et choquant. » ( garçon)
1 Résumé de l’histoire : Le film est un support de débats pour prévenir le harcèlement et les violences sexistes à l’adolescence. Il raconte l’histoire de Camille qui est une bonne élève. Isolée, jugée différente, elle est une cible idéale pour les autres. Maya la voit, mais ne la regarde jamais, perdue dans l’importance qu’elle attache à sa propre image…
Lorsque nous avons questionné les élèves
sur le personnage qui les a le plus marqué, la
très grande majorité d’entre eux/elles ont
évoqué Camille soit par compassion pour la
victime qui se fait harceler : « Camille car elle
se fait rejeter, insulter, maltraiter pour rien…
elle reste tout de même humaine même si elle
aime les filles. » (fille)
11
Toutefois, cette vision est minoritaire. La majorité des lycéen-ne-s souhaitent qu’«elles
ignorent le regard des autres et assument leur homosexualité» (garçon) ou encore que
« Camille et Maya restent ensemble et n’aient plus honte » (fille)
D’une manière générale, nous pouvons affirmer que le débat a permis aux élèves de
questionner certains pré-requis liés au sexe, d’échanger et surtout d’écouter les autres. Une
grande majorité d’entre eux/elles ont modifié leurs représentations et bouleversé leurs idées
reçues. L’analyse comparative des questionnaires d’avant et d’après la séance de
sensibilisation montre très nettement une évolution positive à la fois sur les questions
d’égalité filles-garçons que de l’utilisation des réseaux sociaux.
Afin d’atteindre de réelles évolutions sur la question, nous sommes conscient-e-s qu’il est
nécessaire d’enclencher un processus de sensibilisation durable et pérenne. C’est pourquoi il
a été demandé à l’équipe pédagogique des lycées concernés d’assister aux débats et à la
restitution des résultats de l’évaluation. L’adhésion des équipes fut totale ce qui nous a
permis de sensibiliser également ces professionnel-le-s de l’éducation. De plus, il a été
convenu de pérenniser l’action l’année prochaine dans l’optique d’inscrire ces actions de
sensibilisation dans un processus durable et efficace.
Afin d’atteindre une plus grande efficacité, nous préconisons de doubler la durée des séances
de sensibilisation pour l’année scolaire 2015-2016 en proposant à chaque classe 2 séances de
débat de deux heures.
Projet mené avec le soutien de