10
de participer à sa liste locale mais le maire sortant ne voulant pas rompre avec ses soutiens de gauche, Jean Legendre est pressenti. Commence alors une double carrière pour le député-maire. La carrière de parlementaire dure 17 ans. Homme de la IV e République, Jean Legendre est un orateur redouté, dont les talents hypothèquent la stature de ministrable : en 1953, il obtient, l’espace d’une nuit, le portefeuille du commerce dans le gouvernement René Mayer. Intransigeant de droite, il défend la grande agriculture picarde, dénonce la politique du parti communiste et de ses alliés, refuse les abandons consécutifs à la décolonisation. Ses relations avec de Gaulle sont orageuses : entré au comité directeur du R.P.F. en 1948, il soutient Antoine Pinay en 1952 contre les ordres du Général ; il approuve la Constitution de la V e République, mais refuse l’autodétermination de l’Algérie, et brise son avenir national en 1962. Européen enthousiaste, il siège dans l’ensemble des instances supranationales et ratifie tous les traités d’union, y compris celui insti- tuant la Communauté Européenne de Défense. La carrière municipale évolue symétriquement, l’homme mettant au service de la cité son sens de l’événement, ses ambitions du possible et de l’histoire. Réélu maire en avril 1953, Jean Legendre doit, mino- ritaire, démissionner en janvier 1954. Il revient aux affaires en 1959 et y reste 28 ans. De 1973 à 1976, il représente la ville au Conseil régional, préside l’assemblée picarde et initie l’indispensable voie industrielle de la vallée de l’Oise. Plébiscité en 1971 et 1983, l’amoureux comblé note : Quand je fais le bilan de ma vie publique, je me demande parfois si l’écharpe de maire ne me convient pas mieux que celle de député. La rencontre de Jean Legendre avec Compiègne a duré 50 ans. Des noces d’or qui permettent à la ville d’épouser son temps. 151 150 orsqu’il s’implante dans le Compiégnois, Jean Legendre (1906-1994) est un trentenaire de droite de la III e République finissante. Né à Paris dans l’arrière boutique d’un marchand de couleurs du 11 e arrondissement, l’homme devient journaliste poli- tique quand, au sortir de l’École des Enfants de troupes de Rambouillet, il rencontre Henri de Kérillis, le patron de presse du vénérable Écho de Paris puis de L’Époque. Il s’ancre dans l’Oise comme rédacteur politique de trois hebdomadaires. Lors des législatives de 1936, ce délé- gué départemental du Parti Social Français du colonel de La Rocque est responsable de la propagande des Républicains Nationaux, adversaires du Front popu- laire. Prisonnier de guerre libéré pour raisons médicales le 7 août 1943, il contacte mouvement de résistance Libération-Nord, puis fonde à Compiègne, à la demande de l’Organisation Civile et Militaire, le jour- nal Oise Républicaine en septembre 1944. Bénéficiant de l’appui des milieux agricoles, notamment bettera- viers, Jean Legendre est élu à la première assemblée constituante en octobre 1945. Inscrit au Parti Répu- blicain de la Liberté en 1946, il s’allie au Rassemble- ment du Peuple Français (R.P.F.) et emporte les élec- tions municipales d’octobre 1947. Deux carrières menées de front : parlementaire et municipale La conquête de la mairie résulte de tractations subtiles: le R.P.F. avait proposé à James de Rothschild L J EAN LEGENDRE REMPLACE J AMES DE R OTHSCHILD Le 25 octobre 1947, le député Jean Legendre est élu maire par quatorze voix contre dix au baron James de Rothschild. 1947 MÉMOIRE DE COMPIÈGNE 1947 Affiche pour le R.P.F. Jean Legendre accueillant le général de Gaulle le 7 mars 1948. Coll. Lecuru.

EAN EGENDRE REMPLACE JAMES DE ROTHSCHILD - utc.frabernard/documents/150-169.pdf · Se voulant le continuateur de Gabriel, il remodèle une cité royale. Le nouvel ordonnan-cement

Embed Size (px)

Citation preview

de participer à sa liste locale mais le maire sortant nevoulant pas rompre avec ses soutiens de gauche, JeanLegendre est pressenti. Commence alors une doublecarrière pour le député-maire.

La carrière de parlementaire dure 17 ans. Hommede la IVe République, Jean Legendre est un orateurredouté, dont les talents hypothèquent la stature deministrable : en 1953, il obtient, l’espace d’une nuit,le portefeuille du commerce dans le gouvernementRené Mayer. Intransigeant de droite, il défend lagrande agriculture picarde, dénonce la politique duparti communiste et de ses alliés, refuse les abandonsconsécutifs à la décolonisation.

Ses relations avec de Gaulle sont orageuses : entréau comité directeur du R.P.F. en 1948, il soutientAntoine Pinay en 1952 contre les ordres du Général ;il approuve la Constitution de la Ve République, maisrefuse l’autodétermination de l’Algérie, et brise sonavenir national en 1962. Européen enthousiaste, il

siège dans l’ensemble des instances supranationales etratifie tous les traités d’union, y compris celui insti-tuant la Communauté Européenne de Défense.

La carrière municipale évolue symétriquement,l’homme mettant au service de la cité son sens del’événement, ses ambitions du possible et de l’histoire.Réélu maire en avril 1953, Jean Legendre doit, mino-ritaire, démissionner en janvier 1954.

Il revient aux affaires en 1959 et y reste 28 ans. De1973 à 1976, il représente la ville au Conseil régional,préside l’assemblée picarde et initie l’indispensablevoie industrielle de la vallée de l’Oise. Plébiscité en1971 et 1983, l’amoureux comblé note : Quand je faisle bilan de ma vie publique, je me demande parfois sil’écharpe de maire ne me convient pas mieux que celle dedéputé.

La rencontre de Jean Legendre avec Compiègne aduré 50 ans. Des noces d’or qui permettent à la villed’épouser son temps.

151150

orsqu’il s’implante dans le Compiégnois, JeanLegendre (1906-1994) est un trentenaire dedroite de la IIIe République finissante. Né à Paris

dans l’arrière boutique d’un marchand de couleurs du11e arrondissement, l’homme devient journaliste poli-tique quand, au sortir de l’École des Enfants de troupesde Rambouillet, il rencontre Henri de Kérillis, le patronde presse du vénérable Écho de Paris puis de L’Époque.Il s’ancre dans l’Oise comme rédacteur politique de troishebdomadaires. Lors des législatives de 1936, ce délé-gué départemental du Parti Social Français du colonelde La Rocque est responsable de la propagande desRépublicains Nationaux, adversaires du Front popu-laire. Prisonnier de guerre libéré pour raisons médicalesle 7 août 1943, il contacte mouvement de résistanceLibération-Nord, puis fonde à Compiègne, à lademande de l’Organisation Civile et Militaire, le jour-nal Oise Républicaine en septembre 1944. Bénéficiantde l’appui des milieux agricoles, notamment bettera-viers, Jean Legendre est élu à la première assembléeconstituante en octobre 1945. Inscrit au Parti Répu-blicain de la Liberté en 1946, il s’allie au Rassemble-ment du Peuple Français (R.P.F.) et emporte les élec-tions municipales d’octobre 1947.

Deux carrières menées de front : parlementaire et municipaleLa conquête de la mairie résulte de tractations

subtiles : le R.P.F. avait proposé à James de Rothschild

L

JEAN LEGENDRE REMPLACE

JAMES DE ROTHSCHILD

Le 25 octobre 1947, le député Jean Legendreest élu maire par quatorze voix

contre dix au baron James de Rothschild.

1947MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1947

Affiche pour le R.P.F.

Jean Legendreaccueillant le généralde Gaulle le 7 mars1948. Coll. Lecuru.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 150

betta, un quartier de maisons individuelles le longde la rue de Paris, une nouvelle répartition des ser-vices publics et de la fonction militaire, une zoneindustrielle sur la plaine de Choisy, une trémie pro-longeant la rue d’Amiens sous la voie ferrée, unsecond pont en aval de Venette, et enfin, un boule-vard périphérique.

Le plan de reconstruction marque égalementune ambition patrimoniale. Tout ce qui présenteun intérêt artistique ou historique est préservé oumagnifié : les rives de l’Oise, promues monumenthistorique, doivent ainsi accueillir un prestigieuxmémorial Jeanne d’Arc. Mais Philippot réinventela tradition en mobilisant un goût — le moderneclassicisme — et un sens de la ville — la symbioseavec la forêt. Se voulant le continuateur de Gabriel,il remodèle une cité royale. Le nouvel ordonnan-cement prévoit un accès du château au centre dela forêt, des perspectives comme la voie triomphaleSolférino - Saint-Lazare, des échappées sur lescoteaux de Margny, des grandes places, demi-lunes,ronds-points et coulées vertes. Ces réaménage-ments nécessitent des destructions ou le réaligne-ment des façades intéressantes. Pour rappeler lesimmeubles du XVIIIe siècle, un cahier des chargesstrict homogénéise aussi l’architecture : hauteurlimitée à deux étages, construction en pierres detaille apparentes, toit à la mansart, ouvertures etmoulurations réglementées.

Une identité réinventée dans la vieille villeSi Jean Philippot ne dirige personnellement

que la reconstruction du pont et de ses abords,son talentueux adjoint, Claude Charpentier, etl’architecte des bâtiments de France, MichelLegendre, veillent à la concrétisation de ses direc-tives. Mais le projet se trouve réinterprété ou res-treint par le manque de crédits, la pénurie deslogements opposée aux destructions, les protesta-tions des commerçants et du Groupement desSinistrés. La reconstruction s’achève vers 1955.Limitées à l’hyper-centre, les réalisations vontconférer une identité indubitable à la vieille ville,que respectent les constructions tardives desplaces Saint-Nicolas et du Marché.

153152

e 4 Juin 1949, le pont neuf sur l’Oise est inauguréen présence de Pierre Pflimlin, ministre de l’agri-culture. L’événement résume l’impératif de

l’après-guerre : reconstruire le pont Séjourné et le centre

ville bombardé ou incendié en 1940, rebâtir le quartierde la gare détruit en 1944. La reconstitution du pontLouis XV, commencée en mars 1942, et les quatreimmeubles monumentaux qui ponctuent ses angles des-

sinent, aujourd’hui encore, une belleentrée de ville où les frontons sculp-tés par Georges Muguet restituent desscènes de chasse forestières à proxi-mité de la rivière.

Pour assurer la reconstruction, lamunicipalité fait appel dès 1940 àJean Philippot (1901-1988). Né àCompiègne, cet architecte parisienest le gendre de Raoul Dautry.Devenu architecte en chef en octobre1941, il propose un plan, voté endécembre 1943 et déclaré d’utilitépublique le 12 mai 1945.

Un projet d’urbanismeambitieux et visionnaire pourune ville de 35000 habitantsLe plan Philippot est plus qu’un

programme de reconstruction: il anti-cipe des habitations collectives dans lecentre élargi jusqu’au boulevard Gam-

L

JEAN PHILIPPOT

ET LA RECONSTRUCTION

Au lendemain de la guerre, l’une des préoccupations vitales,avec celle du ravitaillement, est la reconstruction.Le quart des immeubles compiégnois est sinistré.

1949MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1949

La rue Solférino avant la guerre (haut), détruite par lesbombardements (milieu) et après les travaux de Jean Philippot(bas). Cartes postales et photos. Coll. Lecuru.

Place du 54e régiment en reconstruction.Photographie. Coll Lecuru.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 152

favorisent les mesures étatiques de 1954, ainsi que desimplantations des firmes transnationales sur les mar-chés français et européens. La dynamique spatiale ducapitalisme confronte la vieille cité impériale au for-disme et ouvre aux nouveaux salariés une régulationlongtemps réservée aux verriers de Thourotte. La tailledes entreprises s’accroît, les lignes hiérarchiques s’étof-fent — 18 % des actifs de la ZIN relèvent de l’enca-drement et de la maîtrise. Les revenus, garantis, éten-dus aux femmes et assortis de primes — le 13e moischez Cadum-Palmolive — élèvent le pouvoir d’achatpour le bonheur des commerces de gros et de détaildont les effectifs gonflent de 20 à 50 % tant dans l’ali-mentaire que dans le non alimentaire ; le taux de chô-mage est réduit à 1,5 %.

Deux faiblesses hypothèquent ces mutationsD’une part, s’implantent principalement des

chaînes de fabrication de produits standardisés qui génè-rent des emplois subalternes. Cette taylorisation provo-que une inadéquation croissante entre les qualificationsoffertes et demandées. D’autre part, le redéploiementdes grandes firmes ne décentralise, dans un premiertemps, ni sièges sociaux, ni centres de recherches : ladépendance économique expose environ 45 % desemployés locaux aux décisions étrangères.

La conversion qu’inaugure l’implantation del’unité Cadum-Palmolive est profonde et sera maîtri-sée par la greffe d’industries propres et diversifiées surle support aristocratique.

155154

u sortir de la Seconde Guerre mondiale, lesperspectives d’emplois sont inégales. L’échec desprojets de circuits de l’Automobile Club et du

Bol d’Or en 1953 clôt définitivement l’ère de l’indus-trie résidentielle. L’espoir de transférer l’école deSaint-Cyr pour conforter une fonction militaire, tra-ditionnelle et puissante, tourne court en 1953.

Une option et un paripour lancer l’industrieDès 1921, Fournier-Sarlovèze avait envisagé de

convertir la plaine de Choisy en zone industrielle.Mais le projet, reconnu d’utilité publique en 1945,reste à concrétiser. La ville ne compte que trois unitésnotables : La Nourylande, la Biscuiterie Nantaise et lesAteliers de Construction. Le démarrage industriel seproduit en septembre 1953 lorsque Jean Legendreconvainc Monsieur de Lanauze, un ancien élève ducollège, PDG de Cadum-Palmolive, de préférerCompiègne à Reims pour l’implantation d’une nou-velle usine, et règle en un mois la question des désen-clavements routier et ferroviaire.

L’industrialisation se développe en deux phases :d’abord par implantation cadencée d’unités exogènes,parfois liées techniquement à l’entreprise motrice(Sifraco en 1959, Allard et Blanchard en 1964), puis,à compter de 1966, par extension sur place des capa-cités productives. La Zone Industrielle Nord (ZIN)passe ainsi de 460 emplois en 1955 à 3150 en 1975.

Cette croissance du secteur secondaire participe deprocessus technico-économiques datés. Compiègnebénéficie alors de la déconcentration parisienne queA

UN DÉMARRAGE INDUSTRIEL

TARDIF MAIS RÉUSSI

Une rencontre et un pari décidentde l’implantation de Cadum-Palmolive,

l’unité motrice qu’attendait la première zone industrielle.

1953MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1953

Chromolithographiedes années 1920.Coll. Musée du papierd’Angoulême.

Photo aérienne de laZIN avec Colgate aupremier plan.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 154

Un contraste flagrant entre le nouveau Compiègne et le centre historique

Le bilan est stupéfiant. Compiègne devient une villeneuve à la sociologie renouvelée : le nombre de loge-ments double et passe de 6 178 en 1954 à 13 556 en1975, au rythme accru de 2 953 entre 1959 et 1968,

3829 entre 1968 et 1975; le parc immobilier, postérieurà 1948 à 75 %, compte 50 % d’HLM. La greffe urbainepose toutefois des problèmes car tout distingue le nou-veau Compiègne de la vieille ville. Aux contrastes archi-tecturaux s’ajoutent les différences entre catégoriessociales et professionnelles — indépendants et rentiers

versus salariés — les distinctions entre natifset les autres, les disparités dans les équipe-ments publics… L’urbanisation linéaire sur10 km, alliée à des articulations médiocres,pose la question de la centralité, d’autant quele centre historique, asphyxié, se dégrade.L’ensemble urbain tient néanmoins grâce à lapersonnalité du maire et au contrat legen-driste, incontestés à partir de 1965 : le nou-veau Compiègne bénéficie de la régulationqu’assurent entreprises fordistes et emploipublic, tandis que l’ancien Compiègneengrange les retombées de la croissancerapide d’une demande encore quantitative etcaptive.

157156

n 1950, l’irruption de la croissance aggrave lesproblèmes de la reconstruction : Compiègne estconfrontée à la crise du logement. La program-

mation de 1000 logements à proximité de la forêt et duchâteau Fournier-Sarlovèze, d’abord sur 13 hectares deterres agricoles, constitue unesolution imaginée dès 1951 parles architectes Philippot et Char-pentier. Avec leurs murs enpierres, leurs toits d’ardoises, leursgrandes baies vitrées et le confortoffert à tous, les bâtiments de laGlacière, que parachèvent l’égliseSaint-Paul-des-Sablons et uncentre commercial, ornés de bas ethauts reliefs, constituent un nou-veau quartier réussi, dénommé LaVictoire en 1960.

L’urbanisme et les exigencesde la croissanceLe bilan se limite toutefois à

397 nouveaux logements pour lapériode 1954-1959. Aussi, lamunicipalité legendriste mise-t-elle sur une urbanisation massive et rapide. Le ministrede la Construction, Pierre Sudreau, arrête le 15 avril1960 la création d’une zone à urbaniser par priorité, de84 hectares, jouxtant la vieille ville. Dès mai 1960, Jean

Legendre sollicite Jean Philippot comme architecte enchef et maître d’œuvre de l’îlot rue de Paris – rue Saint-Joseph.

L’étude Biset conçoit finalement le plan de masse,divisé en trois secteurs A, B, C, dénommés en février

1966, La Victoire, Les Jardins et leClos des Roses. Le projet, amendé,est moins original que souhaité etles contraintes financières impo-sent la densification en B et C :sont prévus 3 200 logements etnon plus 2 500. La réalisation,déléguée en général par lots de200 logements à divers promo-teurs, dure la décennie 60. Le Closdes Roses démarre avec le pro-gramme des rapatriés d’Algérie enjuin 1961, La Victoire s’achève en1970.

En novembre 1969, l’antici-pation de l’implantation de l’Uni-versité provoque un remaniementdu plan de la ZUP puis la créationde la Zone d’AménagementConcerté de Royallieu; celle-ci ac-

cueille 1000 logements à compter de 1972. À ces deuxopérations majeures s’ajoutent des initiatives restreintesmais emblématiques : les résidences Les Frênes, Carnotet Saint-Lazare.

E

GREFFE D’UN NOUVEAU

COMPIÈGNE

Le 29 mai 1959, la municipalité Legendredécide de créer une zone d’urbanisme prioritaire (ZUP)

et de porter la population à 50 000 habitants

1959MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1959

Le quartier de laVictoire jouxte le parcdu château Fournier-Sarlovèze.

Le quartier de laVictoire constitue uneopérationurbanistiqueexemplaire, prélude àune urbanisationnouvelle (en haut àdroite).

Toute la façade del’église Saint-Paul-des-Sablons, sculptée parG. Muguet, relate lavie de l’apôtre Paul.Ici, la scène se situe àDamas : le chrétienAnanias baptise Saulde Tarse.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 156

tion du centre universitaire à Royallieu et étirent dèsdécembre 1969 la ville sur la rive gauche. En 1975,l’ouverture du pont sud, et surtout la programmationd’un pôle commercial périphérique, destiné à renfor-cer l’emploi tertiaire insuffisant ainsi que le rayonne-ment régional de la cité, provoquent une bipolarisa-tion de l’agglomération où les métriques pédestres etautomobiles tendent à opposer la rive gauche urbaineà la rive droite périurbaine, la vieille ville au nouveau

Compiègne. Enfin, la conjoncture se retourne.L’idée d’un grand Compiègne restera néanmoins

matricielle. L’élaboration du SDAU marque durable-ment les acteurs locaux, leur représentation de l’agglo-mération, comme leurs interventions. Et la constitu-tion du SIVOM crée une communauté de destin,sous l’autorité compiégnoise longtemps incontestée.

En 1983, Michel Woimant succède à Jean Legen-dre à la présidence de l’intercommunalité.

159158

lors que s’élabore le VIe plan, les aménageurs duBassin parisien retiennent la région de Com-piègne comme zone d’appui et proposent à la

ville un pari sur l’avenir : 150000 habitants en 2000.Jean Legendre relève le défi. Il importe de donner à lacollectivité locale deux instruments permettant deformuler une politique d’équipements compatibleavec le développement urbain et les moyens financiers

disponibles : un Plan deModernisation et d’Équipe-ment, un Schéma Directeurd’Aménagement et d’Urba-nisme (SDAU).

Le projet d’intercommunalitéLa Société de Recherche

et d’Étude Pluridisciplinaired’Aménagement déterminedeux territoires. L’aire duSDAU proprement dit re-groupe les quinze communesfaisant partie de la commis-sion mixte instituée par arrêtépréfectoral le 16 mai 1969 ; le périmètre d’investigations’élargit à douze communeslimitrophes. L’intéressementdoit favoriser la coopération

entre acteurs locaux. Pour Compiègne, l’enjeu est detrouver des réserves foncières en composant avec la géo-graphie administrative ; pour les autres communes, ils’agit de s’allier à un pôle dynamisant et dominant afinde maîtriser son influence dans les 10-15 ans à venir, àl’aide de moyens accrus.

Portée par de fortes personnalités, la dynamique ins-taurée conduit à la constitution du SIVOM présidé parJean Legendre le 30 décembre 1970, et de cinq com-missions chargées de l’aménagement et de l’urbanisme.Mais les mises en garde du sous-préfet, la sanction élec-torale d’une proposition de fusion entre Margny etCompiègne, ou la farouche indépendance de Bienville,témoignent des peurs et des attraits qui fondent alorscette expérience pionnière d’intercommunalité.

L’analyse prospective fixe deux schémas d’interven-tion. À l’échelle du Bassin parisien, elle érige la valléede l’Oise en axe structurant, tangentiel au développe-ment francilien. À l’échelle de l’agglomération, leSDAU, approuvé le 8 mars 1973, retient le scénariod’un centre fort franchissant l’Oise qui nécessite la réa-lisation d’un second pont urbain entre le boulevardGambetta et la prairie de Venette, ainsi que la rénova-tion et la restructuration des rives.

Trois aléas dérangent ces prévisionsLa disponibilité de 34 hectares et la libération

escomptée des terrains militaires arrêtent l’implanta-

UN GRAND

COMPIÈGNE

L’arrêt préfectoral du 10 décembre 1970 instituele Syndicat à Vocation Multiple de Compiègne

entre dix communes intéressées.

1970MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1970

L’aire du SDAU,du SIVOM.Graphique réalisé parS. Grieu.Source : SOREPA

ALe député-maireJean Legendre aucrépuscule d’unebrillante carrière.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 158

D’autre part, la ville mesuresa vocation à accueillir un ensei-gnement supérieur de hautequalité. Déjà en 1803, le Pre-mier Consul avait logé dans lePalais, rue d’Ulm, la nouvelleÉcole Supérieure des Arts etMétiers pour former jusqu’en1806 les sous-officiers de l’in-dustrie française. Et en 1928,Fournier-Sarlovèze avait envi-sagé une académie anglo-saxonne susceptible d’enrayer ledéclin d’une colonie britan-nique autour de l’église angli-cane. Aussi, le conseil municipalsaisit-il l’opportunité le 20novembre 1969, affecte 40 %de la ZUP au projet, et luiassure un soutien indéfectible.

Programmatique, l’ancrage dans la citéexpérimente deux formesL’insertion sociale lève aisé-

ment les préventions post-soixante-huitardes : le jeuneGroupe d’action culturelle deCompiègne accueille une com-mission et un Suisse poète quifont connaître l’établissement(1972), et l’association Come-nius organise des conférencesuniversité-ville (1974).

L’insertion matérielle ap-pelle du pragmatisme : l’UTCs’égaille dans dix-huit implan-tations provisoires, l’offre d’hé-berger la présidence dans l’hôtelde Songeons suscitant la créa-tion de l’Association des Amis duMusée Vivenel. En 1973, un pre-mier bâtiment est inauguré àRoyallieu, mais la livraison du futur centre BenjaminFranklin, place Jean Mermoz, tarde. Aboutie, l’œuvre del’architecte Adrien Fainsilber provoque les contemp-teurs.

Les pionniers — des personnels et étudiants aty-piques, riches de capitaux sociaux et spatiaux, fédéréspar la personnalité charismatique du président Guy

Denielou — effectuent leur première rentrée universi-taire le 17 septembre 1973. Quand l’établissementdélivre pour la première fois le diplôme d’ingénieur àquarante Utécéens (1977), Jean Legendre s’opposantau transfert des réserves de la Bibliothèque Nationaledans les locaux du Centre de Recherches de Royallieu(1978), l’aventure fondatrice s’achève.

161160

‘idée d’un établissement pilote de sciences appli-quées, propre à rénover l’enseignement supérieurfrançais, émane de Pierre Guillaumat (1961) et

Pierre Aigrain (1966). Le concept est approfondien 1970-1971 sous le patronage de Bernard Delapalme,directeur de recherche ELF-ERAP. L’ambition, mar-quée par la réussite bostonienne de la Route 128, le col-bertisme gaulliste et un saint-simonisme rhône-alpin,vise à fonder l’équivalent français du Massachusetts Ins-titute of Technology. Officiellement présenté endécembre 1970, le projet organise l’original établisse-

ment en université comprenant trois départementsd’ingénierie — le génie mécanique, le génie biologique,le génie chimique — ainsi qu’un Institut de Technolo-gie des Villes. Le législateur lui accorde des dérogationsà la loi d’orientation de 1968 (juillet 1971).

Le choix de Compiègne participe d’un double mouvementD’une part, suite aux préconisations de l’Organisme

Régional des Études de l’Aire des Vallées de l’Aisne et del’Oise, Jérôme Monod, délégué général à l’Aménage-ment du Territoire et à l’Action Régionale, retient le28 octobre 1969 la création d’une université à Com-piègne comme l’une des trois grandes interventionspubliques dans le Bassin parisien ; on escompte 9 000étudiants en 1980-1985.

L

L’UNIVERSITÉ

DANS LA VILLE

Le 2 octobre 1972, Olivier Guichard,ministre de l’Éducation nationale, signe le décret

qui crée l’Université de Technologie de Compiègne.

1972MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1972

Le CentreuniversitaireBenjamin-Franklin,remarquable exempled’architecturefonctionnaliste.

Guy Denielou présenteles plans du centreBenjamin Franklin àJean-Pierre Soissons.À l’extrême droite,l’architecte AdrienFainsilber.

Première rentrée à la Maison de l’Europe.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 160

lieu II (1989) et le parc technologique. Le projet d’allierles bassins creillois et compiégnois, imaginé dès lesannées trente, repris en 1988, s’inspire des réussites duRensselaer Polytechnic Institute et du Research TrianglePark pour donner corps à la Technopole Sud-Oise. En1989 naît l’institution Oise la Vallée, reconnue réseaude villes par la DATAR.

Une « edge-city »À l’aube des années quatre-vingt-dix, la cité s’en-

orgueillit d’un modèle de développement local effi-cace. La dynamique de tertiairisation soutenue parl’industrie s’avère plus endogène qu’exogène, surfonds de relative indépendance à l’égard des transfertspublics, avec deux performances.

D’abord, le pôle compiégnois s’individualisecomme l’un des deux foyers circumparisiens de hautecroissance. Il assure 41 % des gains d’emplois sur l’en-semble du département de l’Oise pour la période1982-1990, abaissant le taux de chômage à 7 %.Ensuite, à 75 km de Paris, l’agglomération constitue

un exemple singulier de contremétropolisation ; seuls6,7 % des locaux travaillent en Ile-de-France.

Ainsi, par ses alliances avec des acteurs fortementdotés en capitaux sociaux, économiques et culturels,Compiègne se trouve alors en phase avec les muta-tions articulant innovation et organisation réticulaire,décentralisation et métropolisation : une réussite quiatténue la dualisation de la ville et obère la montée desvotes protestataires.

163162

ranquille, la succession participe de la rénova-tion engagée dix ans plus tôt. En effet, face à laconjoncture négative qui défie les Com-

piégnois, Jean Legendre a choisi en 1977 de s’entourerde personnalités nouvelles,propres à incarner et à assu-mer les mutations en cours :les diplômés des grandesécoles et les membres desgrands corps font une entréeremarquée à la mairie.

La personnalité de Phi-lippe Marini, sénateur maireRPR depuis 1992, reste emblé-matique. Né en 1950, cebrillant énarque, inspecteurdes finances, d’abord directeurdes services financiers duCommissariat à l’Énergie Ato-mique et de la Société CEA-Industrie (1982-1989), puisintroduit dans les cercles éco-nomiques privés (ARJIL,Kleinwort, Benson, Gimar etCie), s’illustre comme Rappor-teur Général de la Commis-sion des finances du Sénatdepuis 1998. En janvier 1987,la question de la succession

implique aussi l’Université dont la présidence échoit àMichel Lavalou, ancien directeur général de laRecherche-Développement du groupe Rhône-Poulenc,proche collaborateur du ministre Hubert Curien.

Un nouveau départLa relève des hommes s’ac-

compagne d’une relance ur-baine. Au sud de la ville, l’achè-vement de la voie industrielle etl’ouverture de l’échangeur deChevrières (1986) favorisent lasaturation de l’aire de Mer-cières — vitrine de la nouvelleéquipe — et le démarrage de lazone industrielle du Meux.

L’université se structure en« groupe UTC ». La politiqued’essaimage implique le ren-forcement de la filiale de Seve-nans-Belfort, et l’émergenced’une seconde génération d’en-treprises technologiques telleETIA. Des partenariats public-privé autorisent la constitutionde trois outils idoines : Diver-gent, société de portage et deconseil (octobre 1987), lecentre de transfert de Royal-

T

UNE RÉUSSITE UNIQUE

AU NORD DE PARIS

Le 23 octobre 1987,Philippe Marini succède à Jean Legendre qui,

démissionnaire, reste fort actif.

1987MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1987

À droite :Philippe Marini.

À gauche :Michel Lavalou,président de l’UTC.

Enserrée entre la villecentre et la zoned’activité du Meux (à l’arrière plan), la plaine alluvialeménage une coupureverte et lefranchissement de larivière pour le parctechnologique.

Vue aérienne del’entrée sud de la villesur la C.D. 200. Àl’arrière plan, l’aire deMercières saturée.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 162

va se jouer à la suite du débat parlementaire… enfonction de l’intérêt qu’y attacheront les chargeursd’une part et l’Europe d’autre part.

Un site fluvialLa nécessité de doter l’agglomération d’un centre

fort, alliant Compiègne, Margny et Venette, impose laprogrammation d’un pont urbain, rue du port à bateauxen 2002, ainsi qu’un hypothétique franchissement versl’île des Rats. Sur la rive gauche, d’importants aména-gements articulent cette problématique avec la protec-tion contre les inondations, et la requalification urbaine.Le quartier populaire des anciens abattoirs et les maisonsbasses des mariniers sont ainsi rasés pour édifier un frontde l’Oise (1994-1997). Des liaisons vertes et bleues insè-rent aussi la rivière comme la forêt dans la ville : les bordsde l’Oise offrent des cheminements et des échappées àtravers mails, jeu d’Arc et parc de Songeons, balisés pardes témoignages patrimoniaux et le port de plaisance.

Cette redécouverte de la rivière suscite des débatset pose la question de l’intercommunalité. Les clivagesentre villes-centres sur la localisation du pont urbainou l’affectation des zones d’activités sont alorsmajeurs, de même que les différends entre bassincompiégnois et amont oisien sur la gestion des crues.

165164

es années soixante aux années quatre-vingt, Com-piègne s’accommode de la rivière. Mais, pendantla décennie quatre-vingt-dix, l’Oise impose trois

défis : s’en suit une bifurcation urbaine.

Compiègne sauvée des eauxAvec la crue de 1993, la rivière se rappelle dange-

reusement aux Compiégnois : 400 foyers sont sinistrés,2000 emplois de la plaine de Choisy connaissent le chô-mage technique. Les alertes de février 1995 et 2001banalisent cette exception. Deux décisions sont doncprises. D’abord, à l’aube de l’hiver 1995, un puissantendiguement, soutenu par des enrochements, aména-

gements de postes de crues et bassins tampons, protègeles 47 km de berges du SIVOM. Ensuite, en 1996, unplan de prévention des risques d’inondation est adoptéconformément à la loi Barnier de 1995 : la vallée setrouve partiellement réservée aux espaces naturalisés ouactivités récréatives, et le plateau de la rive droite doitdésormais accueillir l’essentiel de l’urbanisation.

Le canal Seine-NordDepuis 1969, un consortium présidé par Roland

Nungesser travaille sur un projet visant à créer unecontinuité fluviale entre la Seine et le Nord européen.Le réseau navigable à grand gabarit de la France sep-tentrionale se divise en effet en deux ensembles malreliés : le canal Dunkerque-Escaut complété par laDeûle et la Lys d’une part, la Seine prolongée parl’Oise canalisée jusqu’à Compiègne en 1971 d’autrepart. En octobre 1993, le parlement de Strasbourgapprouve le projet Seine-Nord qui, reliant Com-piègne au canal de la Sensée sur 134 km, constitueune priorité du schéma directeur des voies navigablesd’intérêt communautaire. Philippe Marini devientprésident de la Commission territoriale VoiesNavigables de France pour la Seine en 1996. Mais lesinterrogations surgissent : faut-il accueillir des unitésde 1500 tonnes ou des convois de 4500 tonnes, élar-gir le canal du Nord ou celui de Saint-Quentin, plani-fier tracés et zones industrialo-portuaires, prévoir untirant d’air de 5,5 ou de 7 mètres ? L’avenir du projet

D

LA REDÉCOUVERTE

DE LA RIVIÈRE

Le 28 décembre 1993,les conjonctions de l’Aisne et de l’Oise

provoquent une crue mémorable.

1993MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1993

Des travaux deprotection sontentrepris par la mairieafin de lutter contreles inondations.

L’endiguement de la rivière a préservé le charme du quartier desmariniers, à proximité de l’île des Rats.

Vue aérienne de larive droite lors desinondations de 1993.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 164

contrats ; la société anonyme Divergent assure le conseilaux entreprises et la gestion déléguée ; Sécant fournit lecapital risque d’amorçage ; UTC Dynamique Entre-prendre, une adhocratie née en 1998, détecte les pro-jets innovants, évalue leurs faisabilités technique et éco-nomique avec l’aide du comité de valorisation, etsoutient les start-up. Si le passage à l’entrepreneu-riat — l’incubation — est dématérialisé, le centrede transfert de Royallieu, en voie de doublement,regroupe la Direction aux Relations Industriellesde l’UTC, les services d’appui dont l’ANVAR, unepépinière d’entreprises et un centre de congrès. Lebilan est triple.

La troisième génération d’entreprises techno-logiques émerge, comptant vingt-cinq pousses néesentre 1998 et 2002. Trente-six entreprises et troiscent cinquante emplois dynamisent désormaisl’environnement direct de l’Université. L’espacecompiégnois se recompose selon le schéma d’ur-banisme adopté en 2000 : le raccordement à lamégapole parisienne dessine un mall technolo-

gique jusqu’aux friches de Royallieu, recyclées dans lacité. Enfin, l’intégration des proximités géographiques,technologiques, financières, organisationnelles et insti-tutionnelles, donne corps à un milieu innovateur. Latechnopole Sud Picardie est devenue une réalité.

167166

a double expérience de la métropolisation etd’une conjoncture négative met Compiègne àl’épreuve. Entre 1993 et 1998, la concurrence

du pôle Saint-Denis s’ajoute aux restructurations desfirmes transnationales et à la réorganisa-tion de la fonction militaire — deux régi-ments sont supprimés. En 1999, les indi-cateurs de croissance démographique serévèlent fort médiocres. Aussi, au regarddes enjeux, les acteurs du développementlocal exigent des mesures étatiques com-pensatrices, puis engagent, avec l’électiondu Grenoblois François Peccoud à la prési-dence de l’UTC (1995), un programmemobilisateur de relance technopolitaine.Les nouvelles technologies de l’informa-tion et de la communication vont soutenirl’avantage concurrentiel local à l’échelleglobale. La formation se rénove par recom-

binaison des compétences internes et externes. Enmatière de formation initiale, le département Géniedes Systèmes Urbains constitue l’alternative au projetd’école d’architecture (1996), après la création duGénie des Systèmes Mécaniques. La formation conti-nue développe l’enseignement non présentiel et samarchandisation. Les campus numériques organisentdes réseaux de taille critique tandis que la structura-tion d’une plate-forme au Brésil assure une internatio-nalisation crédible.

La valorisation de la rechercheLa recherche vise la reconnaissance en articulant

trois dimensions géographiques qu’illustrent les qua-rante-sept contrats conclus par le Laboratoire de Tech-nologie Enzymatique : vingt-cinq émanent de l’Ile deFrance, sept de la Picardie et six de l’étranger. Intégréau complexe francilien, Compiègne participe du sys-tème d’innovation picard par les plates-formes coopé-ratives telles « Agro-industrie », les laboratoires com-muns comme PROCEDIS alliant UTC et InstitutNational de l’Environnement Industriel et des Risques,ou les huit pôles thématiques financés par la région.

La valorisation de la recherche implique diverses ins-titutions intégrées. L’association Gradient accueille les

L

UN NOUVEL IMPÉRATIF

TECHNOPOLITAIN

En initiant la société de capital d’amorçage SECANT,l’UTC veut créer cent entreprises

et mille emplois en dix ans.

1997MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

1997

Vue aérienne de laZAC de Royallieu, descentres de recherches etde transfert reliés parune passerelle.

Le centre de transfert.

François Peccoud,Présidentde l’Université deTechnologie deCompiègne.

Le centre PierreGuillaumat del’UTC.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 166

3. Le milieu innovateur

L’université innerve le fait urbain, appelant l’im-plantation d’entreprises propres à valoriser les oppor-tunités locales, dans le secteur des industries culturellesnotamment.

4. La recomposition urbaineLe recyclage des friches militaires est bien engagé

à Royallieu. In fine, marché de l’immobilier et poli-tique municipale réorganisent la ville selon l’accessibi-lité et les aménités : extension et densification ducentre, embourgeoisement des quartiers des annéescinquante-soixante désormais péri-centraux, transi-tion forestière couplant villas et verdure, intégrationsud autour de services avancés et de nouveaux lieuxmonumentaux tels le musée-mémorial de l’interne-ment et de la déportation.

5. Le patrimoine revivifié

L’appropriation du cloître Saint-Corneille estemblématique. Si la politique de réhabilitation s’étendà l’intégralité de la vieille ville désignée triangle d’or,les fleurons dynamisés, le palais, les musées Vivenel etde la Figurine, ou les programmations du théâtreimpérial de l’espace Jean Legendre, des divers festivals,revisitent l’imaginaire compiégnois.

Une ville – carré magiqueL’ancienne cité de cour, de chasse et d’épée détient

un carré d’atouts magique : un aéroport internationalproche, un support urbain noble, une université dehaute technologie, un environnement garantissantune certaine qualité de vie quotidienne. Aussi, lesCompiégnois mobilisent judicieusement ce capitalpour inventer l’avenir.

169168

es Compiégnois entrentdans le XXIe siècle, con-fiants. Ils reconduisent

triomphalement PhilippeMarini à l’hôtel de ville en2001, mesurent les tentationstribunitiennes lors des électionsprésidentielles de 2002. Destendances maîtrisées fondentcette sérénité.

Compiègne tient de la« edge-city », la ville lisière-villeinversée qui émerge à la péri-phérie des mégalopoles, maisdiffère des centres villes et desbanlieues traditionnelles par sesoffres en travail, commerces etloisirs. Trois constats appellentcette désignation. 1) Compiègnese situe aux franges externes del’étalement francilien et de laceinture verte parisienne. 2) Lamétropolisation s’affirme en1999, 10,5 % des locaux tra-vaillent en Ile de France. 3) Néanmoins, la cité fixe unbassin d’activités important et dynamique : l’offre d’em-plois (32174) dépasse le nombre d’actifs (29454), 2046personnes supplémentaires y ont trouvé un travail entre1990 et 1999.

Au regard des évolutionspossibles, cinq orientations des-sinent le futur souhaité :

1. La nouvelle intercommunalitéSuite à la loi de juillet 1999,

le SIVOM est devenu la Com-munauté de Communes de larégion de Compiègne pour abri-ter 90000 habitants en 2020.Mais, l’Association du Bassincompiégnois, formée avec lescollectivités territoriales de laplaine d’Estrées et de la BasseAutomne, anticipe la défense etla promotion de l’arrière-pays.

2. Le nouveau zonageL’espace compiégnois s’or-

donne selon trois bandes paral-lèles à la rivière Oise. Au sud-est,le secteur boisé et sa cons-tellation de communes fores-

tières dévolus aux fonctions douces. Au nord-ouest, lavoie industrielle et la RN 31 qui fixent le développementéconomique : l’essentiel des 320 hectares de zones d’ac-tivités nouvelles. Entre deux, cours d’eau, villes, bosquetset coteaux s’entrelacent, exigeant le respect des paysages.

L

AUX AVANT-POSTES

DE LA MÉTROPOLISATION

Les analyses de l’INSEEfont de Compiègne

une « edge-city » européenne.

2020MÉMOIRE DE COMPIÈGNE

2020

Le site compiégnois àl’aube d’unebifurcation : la rivedroite accueilleradésormais l’essentiel del’urbanisation.

Affiche pour le1er festival du film deCompiègne.L’imaginairecompiégnois revisité.

p092-176 24/10/06 16:05 Page 168