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Easton

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Analyse du système politique – David Easton

1. Introduction

Ce sont les écrits de David Easton qui ont amené l’analyse systémique dans l’étude du

monde politique. Cette démarche était particulièrement développée dans le monde de la

biologie et de la physique. Mais Easton n’a pas été le seul à le faire, des auteurs ont

également travailler sur cette matière comme notamment Apter et Shils, qui eux, mettent

l’accent sur le processus de modernisation du système.

La question centrale est : comment un système se maintient-il lors des périodes successives

de stabilité et de changement ?

La vie politique est un système ouvert soumis aux influences d’autres systèmes. Celui-ci doit

réagir aux perturbations et à l’environnement et continuellement s’adapter. Ils vont avoir la

capacité de régler leur comportement, transformer leur structure interne, voire même

modifier leurs buts fondamentaux.

Lorsque l’on parle d’équilibre, on évoque souvent la capacité à rétablir un équilibre ancien

ou à en créer un nouveau, c’est la recherche de la stabilité. Le chemin parcouru pour faire

face aux changements semble être secondaire.

2. Notion de système politique

Easton cherche un modèle qui permettrait d’étudier dans leurs globalités les phénomènes

politiques. Pour lui, le système politique est immergé dans un environnement qui l’influence

et auquel il est obligé de répondre. C’est ainsi qu’Easton considère le système politique

comme une “boîte noire”. Il ne soucie pas de ce qui peut s’y passer, le plus important ce

sont les relations qu’entretient cette “boîte noire” avec son milieu. D’après Easton, le

système politique n’est pas un circuit fermé, il est au contraire ouvert aux influences des

autres systèmes qui l’entourent et qui résident avec lui dans la société.

Ce milieu est de deux sortes : d’un côté le milieu intra-sociétal qui est composé des autres

systèmes sociaux (système écologique, le système biologique, le système psychologique). De

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l’autre côté il existe un milieu extra-sociétal qui comprend les systèmes sociaux

internationaux (ces milieux vont influencer le comportement du système politique).

Le système va réagir aux actions des autres systèmes environnants. Cela veut dire que le

système politique va, à la suite de ces influences, changer de comportement, transformer sa

structure interne dans le seul but de s’adapter à son environnement et garantir sa survie.

“Le système politique est ainsi décrit par Easton comme une entité dynamique se

transformant en réagissant à son environnement par un échange constant de flux”.

3. Notion de flux

Easton considère que le système politique reçoit de son environnement des inputs et secrète

vers celui-ci des outputs. Ainsi le système est alimenté par des flux (inputs = demandes des

citoyens) et produit des flux (outputs = lois) qui à leur tours alimentent le milieu où il est

immergé.

Schéma : voir syllabus

a. Les inputs

Les inputs sont de deux sortes : les exigences d’un côté et le soutien de l’autre.

i. L’exigence

L’ exigence est définie par Easton comme étant “l’expression d’une opinion” qu’une certaine

action devrait être faite ou pas par les responsables. Un milieu social peut avoir vis-à-vis du

système politique des exigences telles que les revendications salariales. La somme des

exigences souvent contradictoires, peut amener le système politique à une situation de

surcharge. En effet, le système a une certaine capacité d’absorption des exigences. Dépassé

ce seuil il devient incapable de les gérer. Cette surcharge est de deux types : l’une

quantitative et l’autre qualitative.

La surcharge est quantitative quand le système politique reçoit trop d’exigences. Le système

est débordé du fait que ces structures internes ne sont plus capables de traiter ces

demandes. Pour illustrer ses propos, Easton donne ensuite l’image de la tour de contrôle

d’un aéroport encombré. Il lui devient impossible de s’occuper de tous les avions en même

temps. De ce fait les délais d’atterrissage s’allongent.

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La surcharge qualitative est liée à la complexité des demandes ou exigences qui parviennent

au système politique de son milieu. Généralement ces exigences portent sur des problèmes

délicats et donc difficiles à traiter. Le système doit ainsi être capable d’ajuster les exigences à

ces capacités de traitement (le système ne traitera une demande que si elle est pertinente).

Ainsi Easton distingue dans ce sens trois fonctions essentielles.

- La première fonction est l’expression même des exigences.

- La deuxième est la fonction de régulation des exigences qui essaye de filtrer et de

canaliser le flux des exigences.

Easton dénombre deux types de régulation, l’une structurale et l’autre culturelle. La

première se fait à travers des “portails” placés à l’entrée du système. Ils ont pour fonction de

canaliser, filtrer et parfois même éliminer les demandes (ils sont constitués par les notables,

les partis politiques, les syndicats, les parlementaires). La régulation culturelle quant à elle,

découle des valeurs et croyances de la société qui font que certaines demandes ne peuvent

être acceptées. Ces inhibitions culturelles peuvent toucher le contenu des exigences ou leur

mode de formulation.

- La troisième fonction est celle de réduction des exigences. Le système va

commencer par traiter les exigences en les classant par sujet ou types. De cette

façon, il va être amené à réduire un grand nombre d’exigences à un nombre limité.

Le système ne fait ainsi que résumer l’ensemble des exigences du milieu. C’est

d’après Easton ce qu’il appelle la “combinaison des demandes”.

ii. Le soutien

Si le système politique reçoit de la part de son environnement des exigences, il obtient aussi

du soutien. Les soutiens vont clairement renforcer le système politique. Ils se matérialisent

par des attitudes ou des comportements favorables au système (Ex : affiliation à un parti).

Easton dénombre trois types de soutiens :

- Celui dirigé vers la communauté politique toute entière tel que l’attachement à la

communauté nationale.

- Il existe aussi un soutien au régime politique qui englobe les valeurs (liberté

d’opinion), les normes (constitutionnelles) et les structures (parlement) sur

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lesquelles repose le système politique.

- Il existe enfin le soutien aux autorités, c’est-à-dire aux titulaires des rôles d’autorités

dans un système politique. Ce soutien devient très important dans le cas de

personnalisation du pouvoir.

b. Les outputs

Ayant assimilé les inputs, le système politique va les traiter (voir schéma syllabus). Ce travail

intérieur va se matérialiser pour l’environnement en des décisions prises (obligatoires, force

de loi) ou des actions entreprises par le système politique. C’est donc toute la production du

système politique (= produit final). Le système répond ainsi aux inputs par des outputs.

Easton est très bref sur ce type de flux. Ces outputs vont eux-mêmes alimenter les exigences

et les soutiens et donc se transformer en inputs. C’est ainsi que la boucle de crée : C’est le

feed-back ou rétroaction. Le circuit est de cette façon ininterrompue car le flux est continu.

Chaque exigence ou soutien ouvre la voie à une décision ou une action qui engendre de

nouvelles exigences ou soutiens.

Ex : plusieurs citoyens belges (environnement = Belgique, francophones, neérlandophones,

et germanophones) ont une demande (input exigence) : ils veulent une belgique unie et

un gouvernement. Les acteurs du système politique (SP.A, N-VA et PS) analysent la demande

et tentent de trouver un accord. Une fois les négociations terminées, on obtiendra un

résultat (output). Ce résultat (qui dépend toujours d’un environnement) peut lui-même

engendrer de nouvelles demandes (inputs) comme par exemple une autonomie flamande

encore plus grande, … le système va à nouveau étudier la demande … etc, etc.