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EAU DOUCE RESPECTEE EAU DOUCE PARTAGEE EAU DOUCE ENFIN POUR TOUS FORUM INTERNATIONAL ‘‘AFRIQUE ET EAU’’ SYNTHESE DES ANALYSES D’ACTIONS DE TERRAIN DANS LE CADRE DU FORUM ‘‘AFRIQUE ET EAU’’ REALISEE A PARTIR DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE DE WHITEHEAD PRESENTEE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP) Janine Marin (ISOCARP) Mars 2014

EAU DOUCE RESPECTEE EAU DOUCE PARTAGEE EAU DOUCE … GOUTTE D EXPERIENCE.pdf · EAU DOUCE RESPECTEE . ... la divinité des sources et des rigoles, pour toutes ces faveurs : Simbi

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EAU DOUCE RESPECTEE

EAU DOUCE PARTAGEE

EAU DOUCE

ENFIN POUR TOUS

FORUM INTERNATIONAL

‘‘AFRIQUE ET EAU’’

SYNTHESE DES ANALYSES D’ACTIONS DE TERRAIN

DANS LE CADRE DU FORUM ‘‘AFRIQUE ET EAU’’

REALISEE A PARTIR DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

DE WHITEHEAD PRESENTEE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Janine Marin (ISOCARP) Mars 2014

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SOMMAIRE

En guise de Préface : ‘‘Le Chant de l’Eau’’ de Paula Clermont Péan (Haïti)

Synthèse des 5 analyses selon la ‘‘Goutte d’expérience’’ de Whitehead Présentée au Groupe de préparation du Forum international ‘‘Afrique et Eau’’

par Philippe Vaillant (ISOCARP)

Analyse : ‘‘La peur de l’eau en Moldavie’’ d’après Dany Bosom (CMP) (Région Europe orientale)

Analyse : ‘‘Pisciculture en milieu lacustre en Côte d’Ivoire’’, d’après D. Coulibaly (APDRA/CI)

(Région Afrique subsaharienne)

Analyse : ‘‘Tank Project’’ en Papouasie-Nouvelle Guinée, d’après E. Newman (CIF/Australie) (Région Asie et Pacifique)

Analyse : ‘‘Agua Riobamba’’ en Equateur, d’après Marlene Barba-Ramirez (AVSF)

(Région Amérique latine et Caraïbes)

Analyse : ‘‘Femme, Enfant, Eau’’ en Tunisie, d’après MC Gries de La Barbelais (S. I.) (Région arabe)

En guise de Postface : ‘‘Le Maître du Lac’’, conte africain

LE CHANT DE L’EAU

CONTE

1 (HAÏTI)

Les maracas déchirent l’air Le doigt frémit sur le mannouba La main saigne sur le tam-tam La voix fuse des profondeurs de la terre Le clairon gémit Et je vous dis bonsoir messieurs et dames, la société Je vous dis bonsoir et je dis Cric ! Qui me répond Crac ? ‘‘Messieurs et dames la société, le merveilleux est un personnage qui voyage. Il voyage

beaucoup et il voyage très loin. Il a traversé tous les océans et tous les continents. Il est en

Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique. Chez nous, en Haïti, il prend toutes les formes et

toutes les couleurs. …

… Messieurs et dames, la société, asseyez-vous confortablement. Si votre chaise est

trop haute, enlevez lui les pieds ou asseyez-vous à même le sol pour mieux écouter l’histoire

d’une femme mère.

Dlo koule, dlo koule Depi tan la pli pa tonbe Dlo koule Kannari a la papa Kannari a la papa Manman Ile Ile Ile Imamou

Jadis, dans une région d’Haïti, non loin de la frontière, habitait une femme d’une

aveuglante et extraordinaire beauté. On l’appelait Maîtresse dlo. Elle vivait dans l’eau. Elle en

était la gardienne. On raconte qu’elle avait la peau blanche, le corps perlé, la chevelure jusqu’aux

orteils. Quand elle sortait de l’eau, à midi, elle aveuglait tout le village. Le soir, elle l’illuminait.

La demeure de Maîtresse dlo était resplendissante. Elle s’étendait calme et unie comme

un grand miroir et était assez éloignée du village le plus proche. Elle formait, le long de ses

rives, un magnifique tapis bordé d’un cristal étincelant et de pierres précieuses.

Maîtresse dlo était aussi une mère. C’est dans ses yeux que l’on découvrait l’intensité de

son amour pour les enfants d’Haïti. Elle s’offrait généreusement à tous ceux qui la cherchaient

et savaient l’apprécier.

1 Conte extrait du volume de contes ‘‘Le Chant de Miraya’’ de Paula Clermont Péan, conteuse, Haïti (et avec

son autorisation).

De temps en temps, elle contemplait son domaine, heureuse à l’idée de pouvoir aider les

hommes avec son précieux aliment.

Les jeunes du village, garçon et filles, se munirent de calebasses, jarres, barriques,

drums, cruche, sellèrent les chevaux et partirent au lever du soleil vers la maison de Maîtresse

dlo avec, à la tête de la file, les vieux et les prêtres des temples.

C’était la joie ! Déjà, de loin, le souffle humide et parfumé de Maîtresse dlo venait

caresser les bras nus et les poitrines légèrement décolletées des jeunes filles.

Maîtresse dlo, en les voyant arriver, sentait une pointe d’anxiété. Elle s’adressa à ce

bouquet de filles et garçons :

- C’est la première fois que vous venez ici, je me donne volontiers à vous. Prenez de moi

ce dont vous avez besoin, mais n’oubliez pas de me traiter avec respect. L’eau est l’un des

éléments sacrés de notre mythologie. L’eau, c’est le commencement de tout. On s’en sert pour la

bénédiction comme pour la malédiction. La vieille Margot a passé toute son existence à se

mettre tous les matins en face du soleil levant avec un verre d’eau pour demander à St Nicolas

de jeter un mauvais sort sur un fiancé qui lui avait fait faux bond. Le puits de Zèzète a été

asséché pendant cent un jours parce qu’elle l’avait souillé. L’assassinat de Manuel a permis la

germination de la terre des gouverneurs de la rosée.

Ils répondirent :

- Maîtresse dlo, tu es pour nous une mère. Nous sommes heureux que tu sois parmi nous,

que tu te sois donnée à nous. Nous te faisons la promesse de te traiter comme il faut. Nous te

remercions.

Et la fête commença. Le vert clair, l’azur et l’argenté de l’eau chantaient et dansaient

avec les enfants. Le soleil regardait curieusement la fête et ses yeux scintillaient sur les

visages souriants des enfants.

Ils rentrèrent au village avant la tombée de la nuit. Dans les temples furent placées des

cruches d’eau pour remercier Simbi, la divinité des sources et des rigoles, pour toutes ces

faveurs :

Simbi dlo yèwe Simbi dlo yèwe Simbi yo poko konnen mwen Papa Simbi yo poko konnen mwen la Simbi dlo yèwe

Après huit jours il n’y avait plus une goutte d’eau au village. Ils reprirent le chemin de la

demeure de maîtresse dlo. A leur retour, cette fois-ci, la prière s’adressa à Dambala Wèdo, le

protecteur des sources :

Dambala Wèdo lasous o m prale Dambala Wèdo lasous o m prale M poko rive m tande teta nan dlo M mande kote ya wè mwen Badyaloulou anye o Badyaloulou anye o anye o o

Savez-vous, messieurs et dames, la société, que cette fois-ci, il ne resta plus une goutte

d’eau après quatre jours. Ils reprirent la roue de l’eau. Et deux jours après, ils devaient y

retourner. Ce n’est que maintenant qu’on comprend l’anxiété de Maîtresse dlo. Elle savait qu’à

partir du moment où les hommes pouvaient se procurer aisément ce dont ils avaient besoin, il y

aurait du gaspillage puis de l’irrespect et du mépris.

En effet, dès le troisième voyage il n’y avait plus de prière. Les chefs et les prêtres

n’accompagnaient plus les jeunes. Dans l’eau, ce n’était plus les ébats juvéniles et purs, on

trouvait du crachat, des détritus, du pipi et même du… Certains disaient que la faute revenait

aux délices de l’eau, qui chatouillaient leur peau. D’autres pensaient que c’était à cause du banjo

de Simalo, une arme de séduction qui blessait le cœur des jeunes filles.

Maîtresse dlo était fâchée au point de fermer sa porte à tous les habitants du village. Sa

demeure, jadis si jolie, devint une maison grotesque barricadée par de gros rochers touchant

presque le ciel. Aucune larme, aucun gémissement, aucune prière ne pouvait la faire sortir.

Après pèlerinage sur pèlerinage, les habitants du pays faisaient corps avec la sécheresse.

Ils ne savaient où donner de la tête. Un vent de panique commençait à souffler sur le pays. La

soif, la faim, la sécheresse, la maladie, la mort secouaient les entrailles des êtres, des plantes

et des animaux. La terre grilla jusqu’à devenir cendre. Les prêtres et les croque-morts

travaillèrent sans arrêt.

Un beau matin, ils décidèrent d’aller chercher Maîtresse dlo par delà les montagnes de

rochers. Ils s’armèrent de piques, de couteaux, de machettes et de haches. La route leur

semblait plus longue qu’avant. Contrairement à la première fois, un flot de poussière venait les

accueillir et un bruit assourdissant leur déchirait le tympan. Ils voulurent rebrousser chemin,

mais, piqués par la soif et le remords, ils décidèrent d’arriver jusqu’à Maîtresse dlo pour

implorer son pardon.

Au bout du chemin, de gros morceaux de cailloux volaient de toute part et venaient

heurter nos voyageurs. Maîtresse dlo avait disparu. Elle était passée de l’autre côté de l’île. Son

domaine s’était transformé en un véritable chantier. Bulldozer, perceuse, massue, marteau-

piqueur étaient présents au rendez-vous. De gros engins à plusieurs roues étaient alignés au

milieu du lac avec de gros tubes à pression en caoutchouc. Eh oui, messieurs et dames la

société ! Sur chacun de ses camions on pouvait lire :

Lol/eau, Rosol/eau, Waterl/eau, Chatod/eau, Jetd/eau, Okamp/eau, Sautd/eau, Manol/eau, Chuted/eau, Bell/eau, Bokit/dlo, Camel/eau, Cristal/eau, Cascad/eau, Pointd/eau, Intel/eau, Chal/eau, Lal/eau Poir/eau, Dlo/dous, Dlo/lol/eau etc.

On dirait une eau en lambeaux.2

2 Paula Clermont Péan, ‘‘Le Chant de l’Eau’’, in ‘‘Le Chant de Miraya’’ ; conte, pages 33 à 46. Editions

Mémoire 2001.

SYNTHESE DES ANALYSES DES 5 ACTIONS REGIONALES

MENES SELON LA GOUTTE D’EXPERIENCE

PRESENTEE PAR PHILIPPE VAILLANT

(voir schéma reproduit en début de chacune des 5 analyses d’actions de terrain)

AVANT PROPOS

Cette méthode d’analyse des actions de terrain a le mérite de permettre des comparaisons

entre les différents points des différentes parties de la spirale proposée. L’objectif est double

dans la mesure où il permet de voir, à partir du terrain, le rôle de l’éducation dans l’évolution des

mentalités, en ce qui concerne le droit pour tous d’accès à l’eau, mais aussi de dégager, dans un

premier temps, des conclusions qui peuvent présenter un certain intérêt pour les jeunes qui

souhaiteraient se pencher sur le problématiques de l’eau en conciliant la participation des

pratiques traditionnelles et de la recherche actuelle pour trouver des solutions pérennes qui

s’inscrivent dans les perspectives d’un développement humain durable.

INTRODUCTION

Présentation : finalité de cette synthèse

Cette synthèse, à partir de 5 exemples d’action de terrain (une par régions) ne prétend pas

constituer un travail scientifique, mais vise seulement à mettre en parallèle des actions de

terrain qui peuvent être porteuses de solutions, parfois innovantes, prises en compte ailleurs,

dans la mesure où elles sont transférables en d’autres lieux d’une même région (voire d’autres

régions), toujours en les adaptant au contexte local. L’analyse suivant une même grille

scientifique permet d’établir des comparaisons dont les enseignements peuvent être utiles.

Problématique : le terrain peut-il être porteur de solutions

Ces comparaisons nous conduisent, dans le cadre du Forum ‘‘Afrique et Eau’’, à envisager de quels

enseignements ces analyses peuvent être porteuses, vis-à-vis de qui, au niveau tant individuel

que collectif, et dans quelle mesure elles pourraient être intégrées à la préparation du Forum ?

Plan proposé à partir des l’analyses selon la ‘‘Goutte d’expérience’’

Si l’on s’en tient aux différentes parties de la ‘‘goutte d’expérience’’ de Whitehead, présentée

au Groupe par Philippe Vaillant, on peut essayer, à partir de ce plan de base et des différents

points qui le composent, dans chaque analyse d’action de terrain, de dégager quelques

enseignements fort utiles.1

A - A PARTIR DE L’ETAT DES LIEUX

1 Mon objectif était, en fait, double : dans le document de travail ‘‘Education et évolution des mentalités

face aux problématiques de l’eau’’ que j’avais proposé de donner au Groupe de préparation (et qui a été

accepté), cette forme d’analyse favorisant les comparaisons et permettant à tous de s’y référer.

Chaque action de terrain propose un point de départ qui constitue un véritable état des lieux,

quelquefois complété ultérieurement, permettant de dégager quelques constantes, tout en

prenant en compte la diversité des situations.

1. Localisation géographique : quel écosystème ?

Quel que soit le lieu envisagé, quel que soit l’environnement naturel ou construit concerné,

monde rural ou milieu urbain, face au droit d’accès pour tous à une eau saine ou potable, on se

heurte à une lacune fondamentale du respect de ce droit, que ce soit en Afrique ou dans une

autre région. 2

2. Quel type de sensibilisation à l’origine du projet ?

Que ce soit une action de sensibilisation en faveur d’un changement d’optique économique, en

région rurale, de la décision d’entreprendre une information sur la santé bucco-dentaire, en

région périurbaine, de faire face au manque d’eau potable ou même courante, en région insulaire,

d’initier au partage de l’eau qui ne manque pas mais risque d’être confisquée, pour tout un basin

versant, de faire face aux épidémies transmises par l’eau, sur les bords d’un fleuve réputé ;

dans tous les cas, c’est la rencontre avec les populations concernées, sur le terrain, qui a permis

de rêver puis d’envisager un mieux être pour chacun…

3. Quels objectifs intégrés dans les programmes de l’UNESCO ?

Au départ, la mise en œuvre de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et

particulièrement le respect de l’égale dignité humaine de chaque personne, y compris les

enfants, est un moteur déterminant pour les ONG. La volonté de l’UNESCO de répondre aux

attentes des femmes a mis l’accent sur les ‘‘revendications’’ des ONG en ce qui concerne les

femmes, la corvée d’eau et le temps perdu pour l’éducation des enfants ou une activité lucrative

utile à la famille. Les perspectives de souci d’éducation au développement durable et les

objectifs de développement du millénaire ont favorisé des attitudes plus dynamiques.

B - A PARTIR DE LA VISION

Au fil des expériences positives, menacées faute de gestion efficace prévue à l’avance, l’idée

s’est donc affirmée, que pour trouver des solutions pérennes qui soient gérées par les

populations concernées, il fallait impérativement aussi bien agir dans l’urgence que voir loin, et

donc partir d’une vision à long terme.

1. Formation des populations concernées

Toutes les ONG ont entrepris une formation adaptée au problème empêchant l’accès pour tous à

une eau saine ou potable : droit d’accès à l’eau, mais respect de l’eau ; nécessité de la rencontre

2 Il aurait été souhaitable de pouvoir travailler sur deux ou trois cas par région, mais le temps nécessaire

à une analyse selon la goutte d’expérience, pour éviter des erreurs en particulier, a été de 5 à 7 heures ;

il devenait donc indispensable de se limiter à un cas par région.

de ‘‘l’autre’’ pour intégrer la négociation ; mais aussi, repenser une finalité qui dépasse le

quotidien et s’orienter vers des solutions réalistes et possibles ; prévoir une planification qui

détermine des priorités à long terme ; sensibiliser aux conséquences économiques et sociales de

la corvée d’eau quotidienne ; mettre en place un modèle respectueux de l’environnement ; rendre

sensible au lien entre eaux usées bien gérées et respect de la nappe phréatique ; toutes prises

de conscience qui permettent d’aller plus loin.

2. Une volonté de durabilité : s’inscrivant dans un développement durable

Quel avenir pour l’écosystème face à une pollution grandissante ? Comment engager des

pourparlers à différents niveaux, du local à l’international, pour mettre en place des

partenariats qui deviennent des synergies dans un plaidoyer pour un accès pour tous à l’eau ?

Comment utiliser, même un petit programme de coopération, pour parvenir à des solutions

pérennes ? Comment organiser des rencontres en utilisant les valeurs associatives pour faire

évoluer les mentalités face aux problématiques de l’eau ? Comment, enfin, intégrer les valeurs

universelles, si ce n’est dans un slogan affiché partout, comme celui proposé par FEE :

‘‘L’économie d’eau est un comportement citoyen’’ ?

3. Prise de conscience >>> changement de comportements et de mentalités

Chaque analyse montre que la prise de conscience, individuelle, de la gravité de la situation et de

l’urgence de solutions pérennes, peut être mise en relation avec la volonté de mettre en place

une véritable ‘‘culture de l’eau’’. Mais pour en arriver à une telle décision il est indispensable de

créer une véritable dynamique, sur le terrain, en utilisant la langue maternelle ou une langue

comprise par tous, pour comprendre que réaliser les espoirs justes permet de contribuer à la

paix sociale. Mettre en relation les conséquences des actions à court terme dans une

perspective de plusieurs décennies, pour en montrer les ravages, mène à l’idée que le long terme

est souhaitable, mais ne peut se faire que grâce à une éducation à la gestion conduite en

partenariats.

C - A PARTIR DES PROPOSITIONS

Lorsqu’elles sont bien ancrées dans une situation vécue, un futur souhaité, une vision maîtrisée,

les propositions qui pourraient paraître utopiques, revêtent une autre réalité pour aboutir une

prise de décisions acceptées par tous. Par ailleurs, toutes supposent des partenariats à

différentes échelles.

1. Fédérer autour d’un projet débouchant sur une action collective

Un groupe de villageois, lycéens, veulent comprendre : ils sont déterminés et proposent leur

problème autour d’eux : lycée, proviseur, jusqu’à créer une équipe de recherche locale. On est

toujours sur le terrain, mais village concerné et ville du lycée sont en relation. A partir de ce

point local, une action de plaidoyer vis-à-vis d’autorités nationales, peut être proposée. Des

partenariats qui se mettraient en place au sein d’une ONG internationale, font passer les

propositions à une échelle supérieure susceptible de créer des synergies avec d’autres ONG. La

dimension sociale d’un projet, en relation avec les droits de la personne humaine, fédère les

volontés et favorise les propositions collectives.

2. Eduquer les bénéficiaires pour coopération et suivi

La rencontre avec les futurs bénéficiaires du projet s’accompagne, dans tous les cas, d’un désir

de mieux comprendre et d’une proposition d’éducation à ce que suppose une coopération positive,

en toute égalité, et aux impératifs pour un suivi à long terme. Une telle éducation, qui implique

les bénéficiaires, permet des propositions rationnelles prenant en compte tradition et

recherche. Des propositions, où chacun a compris qu’il a un rôle à jouer, seront acceptées par

tous, dans la mesure où tous sont autour de la table et où leur point de vue est pris en compte.

Proposer ‘‘pour’’ les autres semble alors une vision dépassée, où proposer ‘‘avec’’ montre le

respect de la parole de ceux que l’on n’a pas l’habitude d’écouter.

3. Associer à l’éducation préscolaire en éduquant les familles

De plus en plus, les femmes, qui ont la charge des enfants en bas âge, sont étroitement

associées à toute formation qui leur permette de modifier leur comportement, mais aussi de

transmettre de nouveaux concepts et de nouveaux comportements à leurs enfants. Par exemple,

ne plus boire l’eau fraîche de ces belles fontaines qui propage des épidémies. Dans le cas de

jeunes n’ayant pas accès à une langue internationale, les anciens peuvent aider les plus jeunes

mères dans une éducation, dès le plus jeune âge, au respect dû à l’eau, source de vie. Lorsqu’on

vise la sécurité alimentaire associée au souci d’un développement durable, les familles doivent

être informées pour participer à l’élaboration des propositions.

D - A PARTIR DES DECISIONS

Toutes les décisions prises au niveau du terrain s’intègrent dans la perspective d’un

développement humain durable, ce qui dénote la prise de conscience de l’intérêt de la vision. Les

décisions prises, à partir d’un projet local, si elles s’appuient sur un réseau, peuvent permettre

une extension régionale, voire mondiale du projet ; c’est ce qui est clairement visible dans le

projet ‘Danubius’’, en Moldavie.

1. Premières opérations souhaitables dans l’urgence

Bien comprendre la situation présente et la finalité du projet pour prendre ensemble les

décisions qui s’imposent. La création d’un ‘‘comité de l’eau’’ pour une gestion concertée de la

problématique de l’eau, apparaît comme une décision fondamentale sur laquelle pourront

s’appuyer les autres décisions. Pour ce faire, la décision de campagnes d’information, sur le lien

entre eau saine et sécurité alimentaire, aussi bien qu’entre eaux usées et eau saine, apparaît

incontournable. Décider de rendre actives les solidarités féminines face au problème de l’eau

leur permet d’éviter de se sentir ‘‘sans appuis’’ et d’être plus déterminées.

2. Etudes de faisabilité orientées vers le développement humain durable

On rejoint ici l’aspect plus scientifique de la recherche de solutions pérennes. Pour rendre le

projet de pisciculture en milieu lacustre, en Côte d’Ivoire, faisable, il fallait convaincre, mais

aussi prendre la décision de former la population à ce nouveau métier… Pour une gestion durable,

la décision de former les personnes concernées est en général prise autour d’une table où toutes

les parties prenantes sont consultées, ce qui est un gage de volonté et de confiance réciproque.

3. Prévoir un suivi qui assure l’autonomisation

Dans toutes les décisions, l’expérience montre qu’il faut prévoir ‘‘l’après partenariats’’ en

formant les populations concernées, non seulement à la gestion, mais aussi à l’évaluation de

l’action qui en permet le suivi. Ainsi la décision de construire une ‘‘Maison de l’eau’’ à vocation

pédagogique interactive, permettrait-elle d’y envisager le suivi du projet et de l’action par

rapport à leur durabilité. Rendre évidente la dimension sociale de l’accès pour tous à une eau

saine et potable, dimension qui permet de gommer les clivages face à un progrès global

profitable à l’ensemble de la communauté, a permis en Equateur d’aboutir au partage de l’eau

entre monde rural et milieu urbain, dans une autonomie ‘‘partagée’’.

E - A PARTIR DE L’ACTION

L’action mise en route contribue à faire évoluer les mentalités en rendant les personnes plus

sensibles aux réalités et aux nécessités impératives ; elle contribue aussi au progrès de

connaissances et par là à une meilleure gestion de la biodiversité ; elle contribue enfin à

améliorer l’image de marque de projets qui s’intègrent dans les priorités et programmes de

l’UNESCO.

1. Des solutions diverses mais transférables en les adaptant

La mise en commun des savoirs et des ressources locales peut se faire en n’importe quel lieu,

elle montre la part des personnes de terrain dans le démarrage de l’action. La construction des

infrastructures indispensables est une action facilement transférable en d’autres lieux, à

condition de pouvoir l’adapter aux matériaux locaux disponibles qui en assurent la durabilité. La

publication de brochures ou journaux d’information et de suivi doit être rendue possible pour

maintenir le lien et préserver le dynamisme des générations qui suivent. Les réunions de

concertation pour des décisions prises en commun, associant terrain, experts, autorités et

ONG, ont une valeur universelle et sont gages de développement durable.

2. Des partenariats véritables synergies pour le succès de l’action

Dès l’état des lieux, le terme ‘‘interactions’’ laisse supposer des interactions entre les humains,

donc la nécessité de partenariats devant l’urgence du problème à résoudre et pour la durabilité

des solutions envisagées. Ces partenariats ne s’établissent pas tous de la même façon. Ils

peuvent exister au sein d’une même ONG (internationale) entre branches nationales, ou à des

niveaux différents, du local à l’international ; ils peuvent aussi se mettre en place entre une

ONG internationale et une association locale. Mais pour le succès de l’action, le suivi et la

pérennité des solutions, les partenariats doivent aussi toucher experts, éducateurs et

décideurs à différents niveaux.

3. Renforcement des capacités des femmes et des jeunes dans la prise de décision

C’est l’association ou la conjonction de différentes attitudes : information claire et précise,

prenant en compte les connaissances des femmes et des jeunes, prise de conscience du

problème et de ses droits légitimes, rencontre avec tous ceux qui se penchent sur le problème

(qui correspond ici à un droit non respecté) et participation à la prise de décision collective,

sont les conditions nécessaires au renforcement des capacités des femmes et des jeunes,

renforcement qui pourra être effectif dans d’autres problèmes à résoudre, car il aura apporté

aux bénéficiaires travaillant sur le terrain une méthode d’analyse et de résolution de problèmes

qui les concernent.

ELEMENTS DE CONCLUSION SUR CES 5 EXEMPLES

Tous ces cas partent d’une situation dramatique pour la santé, pour l’agriculture, destructrice

du tissu social, appelant des solutions d’urgence.

Tous ces cas montrent la décision de donner la parole aux ‘‘sans voix’’, donc reconnaissent la

connaissance des plus démunis, qui connaissent bien la situation, comme ayant valeur d’expertise.

La plupart des partenaires sont sensibles à la nécessité d’une éducation associée à la formation,

à la volonté de l’UNESCO d’une éducation au développement durable dans le respect de l’égale

dignité de tous les humains.

Etant donné l’importance de la corvée d’eau dont sont victimes les femmes et les filles, le

respect de ce droit pour tous d’accès à l’eau leur permet, pour les femmes, d’accéder à une

activité lucrative et, pour les filles, le respect de leur droit à l’école de façon régulière.

Cinq cas plein d’enseignement pour des jeunes qui voudraient se lancer dans l’aventure d’un

projet pour le respect du droit d’accès à l’eau, du respect de l’eau que cela suppose et de la

gestion concertée et intégrée des ressources en eau, comme le préconise l’UNESCO.

Janine MARIN (ISOCARP)

Paris, 18 mars 2014

MISE EN ŒUVRE DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

(PROPOSEE PAR PHILIPPE VAILLANT)

UN EXEMPLE DE PROBLEMATIQUE DE L’EAU DANS LE DELTA DU DANUBE

‘‘LA PEUR DE L’EAU EN MOLDAVIE’’

D’après Danièle BOSOM (Conseil Mondial de la Paix)

RAPPEL DU SCHEMA PROPOSE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Goutte d’expérience et Développement durable.

Cet exemple veut s’inscrire dans une perspective de prise de conscience des

problématiques de l’eau douce par la mise en évidence de problèmes quotidiens et vécus

qui deviennent des réalités ‘‘évidentes’’. Un complément d’éducation, en général non

formelle, demandée par ceux-mêmes qui ont pris conscience de l’anomalie qui pose

problème, permet d’envisager une action, en sollicitant des partenariats qui constituent

de vraies synergies dans la lutte pour l’accès de tous à une eau potable, source de vie

pour tous.

Mais, le choix de l’exemple veut aussi rendre hommage à l’un des membres fondateurs du

Groupe de travail sur l’eau, nommé GROUPEAU, Danièle Bosom (CMP), dont l’éducation

aux problèmatiques de l’eau était une finalité dans l’accompagnement de la ‘‘promotion

d’une culture de la paix et de la non violence au bénéfice des enfants du monde’’.

Il semble que cet article illustre bien le propos de la ‘‘Goutte d’expérience’’, qui, utilisant

la méthode spiralaire, si utile en éducation, peut avoir valeur d’expertise.

a - INTERACTIONS

Une présence de l’eau trompeuse :

L’un des éléments environnementaux qui sont en amont de ce cas, en Moldavie, est

d’abord la présence de puits, privés ou publics, magnifiques œuvres d’art, où chacun peut

s’arrêter pour ‘‘étancher sa soif’’ et qui jalonnent villes et campagnes. Ce qu’aucun de ces

puits n’indique, c’est que l’eau, si désaltérante, n’est pas traitée, et peut donc être

source d’épidémie.

Un rêve de chacun, dont le coût financier est l’obstacle majeur :

‘‘L’eau potable dans les maisons est encore un rêve pour la majorité de la population’’. L’assainissement de l’eau représente un investissement finacier que ni l’Etat ni les

particuliers ne peuvent financier. Mais l’eau est source de vie, donc indispensable à

chaque être humain ; le problème doit trouver des solutions appropriées au droit d’accès

à l’eau potable pour tous.

La volonté de lycéens de trouver un autre moyen de lutter contre l’eau polluée :

Les lycéens de Giurgiulesti, village situé au Sud de la Moldavie, près de la frontière

entre Moldavie et Ukraine, décident de comprendre pourquoi l’eau entraine des

épidémies, de sensibiliser et de conscientiser ensuite la population afin d’aboutir à une

action concertée.

b - UNE VISION A MOYEN ET A LONG TERME

Comment penser autrement le problème d’une eau saine pour tous ?

Penser autrement le problème, avec une finalité qui dépasse la soif quotidienne et la

peur de l’épidémie, pour s’orienter vers la problématique d’un investissement de tous

dans la recherche de solutions réalistes et possibles, du niveau local au niveau

international, grâce à des partenariats permettant d’élever le débat et de constituer

des synergies et permettre ainsi la recherche de solutions concertées et pérennes.

Quel avenir pour l’écosystème face à la pollution ?

La recherche de l’origine de la provenance de l’eau polluée, qui alimente les puits et

fontaines, représente l’analyse de l’eau des lacs et des cours d’eau susceptibles de

fournir l’eau consommée par la majorité de la population des espaces concernés,

représente un point de départ incontournable de l’évolution vers des solutions positives.

Comment conserver une biodiversité indispensable à l’écosystème planète Terre ?

La mise en perspective de la situation actuelle (qui perturbe l’écosystème), des projets à

court terme et de leurs conséquences, la simulation de tels projets à long terme,

alimentent une vision qui peut avoir un impact sur les 3 ou 4 décennies à venir.

Cependant, le succès d’une telle vision ne peut devenir réalité que si une éducation aux

réalités de base et à leur gestion est conduite en parallèle et en partenariat.

c - PROPOSITIONS

Des lycéens de Giurgiulesti à l’équipe ‘‘Danubius’’ du lycée ASACHI de Chisinau :

Les lycéens du village de Giurgiulesti sont parvenus à sensibiliser non seulement les

autres lycéens de leur Lycée Asachi, situé à Chisinau, mais aussi le Proviseur du lycée, ce

qui a abouti à la création de l’équipe locale ‘‘Danubius’’, aux ambitions qui pourraient

paraître utopiques, mais bien ancrées dans la réalité.

Partenariat local et national en Moldavie :

En Moldavie ce partenariat local d’un village, Giurgiulesti, et d’une ville, Chisinau, devient

un partenariat national lorsque le partenariat intègre les autorités représentant le

Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, à Giurgiulesti et à

Chisinau. Le projet jouit donc, à cette étape, d’une crédibilité accrue.

Partenariat international :

Le travail de l’équipe ‘‘Danubius’’ s’inscrit alors dans un projet international ‘‘initié par le Pôle national de compétence Education au Développement durable du réseau Scérén (CNDP/CRDP) français de l’Académie d’Amiens et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Ce projet partant de lycéens ou de jeunes scientifiques en France (Picardie), s’est étendu au Cameroun, au Maroc, en Roumanie, créant un véritable réseau international. d – DECISION EN VUE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE

Mettre en évidence la pollution de l’eau dès le cours du Prut à Giurgiulesti :

Les lycéens habitant le village de Giurgiulesti se sont engagés dans un travail double à

partir de la constatation de la pollution de l’eau du Prut, distribuée dans le réseau de

fontaines, sans qu’aucune mention ne soit faite du danger représenté par cette eau

‘‘fraiche’’ mais non potable ! Comprendre le phénomène et mobiliser la population.

Etudier les eaux du Lac Beleu, une des plus grandes surfaces lacustres du pays :

Le Prut affluent du Danube, qui l’effleure, et qui est en relation avec le Lac Beleu, ils ont

décidé d’orienter leur étude en ce sens, et découvert les projets de terminal pétrolier

et de ligne de chemin de fer, ‘‘mplantés au mépris de toute prise en compte de la pollution de l’eau et de la destruction de l’écosystème comme de l’étude de faisabilité’’. Voir l’impact de la construction d’un terminal pétrolier et du chemin de fer :

C’est la mise en évidence du danger de ces constructions qui a entrainé, de la part de

chacun, la prise de conscience en chaîne de leur lien avec les épidémies tant redoutées

par la population de Giurgiulesti, et l’engagement successif des divers partenaires.

e – ACTION

Sur les mentalités par la publication de brochures :

‘‘Le but principal de notre projet, qui a comme thème d’étude la biodiversité, se propose de publier des brochures afin de sensibiliser la population locale sur les graves problèmes de l’environnement.’’ De telles publications, en lien avec l’environnement vécu

et vérifiable, ne peuvent avoir que des aspects bénéfiques dans l’évolution des

mentalités et la diffusion des connaissances acquises autour de soi, de façon informelle. Sur les connaissances par l’éducation à la gestion de la biodiversité :

Connaître les problèmes constitue un premier pas vers l’action ; cependant la

connaissance de la gestion des problèmes, pour aboutir à leur trouver des solutions

pérennes, constitue un autre pas décisif, où, par le biais de réunions d’information et

d’ateliers, en partenariat avec ‘‘ceux qui savent et qui savent transmettre’’, les solutions

pérennes pourront se faire jour.

Sur l’image de marque d’un projet qui s’inscrit dans les actions de l’UNESCO :

‘‘Toutes les actions que nous envisageons de réaliser seront peut-être considérées comme trop ambitieuses ou irréalistes, cependant elles reflètent notre volonté de nous inscrire dans les actions développées par l’UNESCO, dans le cadre de la Décennie pour l’éducation en vue d’un développement durable’’, telle était la conclusion apportée par ces

lycéens de l’équipe ‘‘Danubius’’ en 2009.

On peut tirer au moins deux conclusions positives pleines d’enseignement :

La description de cette expérience, menée en Moldavie par des lycéens intrigués

puis ‘‘indignés’’, semble s’intégrer dans le modèle proposé par Philippe Vaillant de

‘‘La goutte d’expérience’’, mais peut aussi être transférable, en d’autres lieux, à

condition de suivre une réelle prise de conscience du problème, et de l’adapter au

contexte environnemental et sociétal du lieu concerné où qu’il se situe.

Mettant en évidence le rôle fondamental de l’éducation, cet exemple offre un

‘‘plus’’ tout à fait digne de considération : le lien qui peut (et devrait toujours)

exister entre éducation formelle (systèmes éducatifs nationaux) et non formelle

(apanage des ONG et autres associations de la société civile), ce qui est porteur

de solutions issues de concertation entre actions de plaidoyer et prise de

décision.

Janine Marin (ISOCARP)

D’après les notes de Dany Bosom (CMP) synthétisées dans le document de travail :

‘‘Eau douce respectée. Eau douce partagée. Eau douce enfin pour tous’’

(Pour une ‘‘Approche systémique d’éducation à l’eau’’, GROUPEAU), publié en 2009.

MISE EN ŒUVRE DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

(PROPOSEE PAR PHILIPPE VAILLANT)

UN EXEMPLE DE PROBLEMATIQUE DE L’EAU EN PAYS BETE

‘‘PISCICULTURE EN MILIEU LACUSTRE EN COTE D’IVOIRE’’

D’après Dramane COULIBALY (APDRA/CI)

RAPPEL DU SCHEMA PROPOSE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Goutte d’expérience et Développement durable.

Cette analyse à partir de la ‘‘Goutte d’expérience’’ devrait permettre de mettre en

évidence une autre forme de changement de mentalités, devant l’urgence de la situation,

mais aussi grâce aux synergies mises en place pour faire face au double défi : surcharge

démographique et impérieuse nécessité d’autosuffisance alimentaire par le travail de

chacun.

Dramane Coulibaly, Ivoirien, Responsable du projet de pisciculture associée à

l’agriculture, dans le respect de l’eau et de l’environnement, en pays Bete, au Sud Ouest

de la Côte d’Ivoire, s’est totalement investi dans un projet porté par APDRA/CI, en

partenariat avec PCI/CCFD, afin que chacun se sente concerné et fier d’avoir participé à

l’émergence d’une profession, innattendue dans cette région.

a - INTERACTIONS : EAU – ALIMENTATION – DEMOGRAPHIE

Une surcharge démographique à laquelle il faut faire face

Le pays Bete, rural forestier, situé au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire, est une terre

d’immigration d’Ivoiriens du Nord et du Centre, ainsi que de populations venues des pays

limitrophes. Afin d’augmenter la production et de créer des emplois, la mise en valeur

devait être repensée.

Un déficit alimentaire chronique : lacunes de la plantation ‘‘cacao–café’’

Une variété de riz plus productive était souhaitable ; la viande, rare, devait être

remplacée par le poisson qui fournirait les protéines indispensable à l’équilibre

nutritionnel. La surcharge démographique rendait le problème alimentaire crucial,

particulièrement pour éviter les heurts entre communautés.

La volonté de parvenir à l’autosuffisance alimentaire

Un tel constat obligeait à une politique volontariste pour produire soi-même, qui allait se

heurter à la résistance face à la tradition ; la mère du responsable du projet s’inquiétait

de constater que sa belle-fille cuisine un riz différent ‘‘comme si le sien n’était pas bon’’

… Il fallait donc convaincre pour recueillir le maximum de suffrages.

b - UNE VISION A MOYEN ET A LONG TERME

Mettre en place un modèle technique respectueux de l’environnement

La maîtrise de la mise en eau pour la pisciculture doit permettre l’élevage, mais aussi de

contrôler les espèces de poissons et leur taille, pour respecter les plus jeunes, futurs

reproducteurs. Prévoir la maîtrise du barrage qui doit permettre d’inonder une rizière

et de contribuer à l’autosuffisance alimentaire en épargnant l’eau.

Utiliser les valeurs associatives pour faire évoluer les mentalités

Mettre en place des réunions régulières de concertation, au sein d’une association où

chacun serait sollicité, et donner ainsi le sentiment que l’on n’est pas invité à une réunion

où l’on se rend par politesse, mais y prendre conscience que l’on y a une réelle utilité.

Créer une dynamique où chacun se sente concerné

Permettre, lorsque chacun se sentira concerné, de créer une véritable dynamique

ndispensable à la réalisation concrète des espoirs naissants et favoriser ainsi la paix

sociale entre les différentes communautés, chacun y voyant son propre intérêt.

c - PROPOSITIONS

Favoriser l’émergence d’une profession originale pour la région

Créer en pays bete, où ce n’était pas la tradition, une nouvelle profession, en assurer la

formation pour l’ensemble de la population, locale ou immigrée, mettre en place une

véritable équipe où les barrières linguistiques et ethniques soient brisées par la

dimension sociale du projet.

Convaincre l’ensemble de la population pour une participation active

Montrer que chaque personne a un rôle à jouer dans la maîtrise d’une situation, dans la

mise en œuvre du projet, que ce soit au niveau de la pisciculture qui est un nouveau

métier pour les hommes, qu’au niveau des femmes qu’il faut associer à la

commercialisation des surplus et à la gestion de la production.

Faire en sorte que l’Association devienne un lieu de vie

En organisant des réunions où chacun se sente concerné, dans le cadre de la vie

associative et des valeurs universelles qui sont les siennes, chacun se sentira reconnu

dans sa dignité humaine et utile à l’ensemble de la communauté. La participation de tous

‘‘est un honneur pour l’Association tout entière’’.

d - DECISION EN VUE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE

Mettre en action un partenariat qui redonne espoir et dynamisme

Pour pouvoir autonomiser et pérenniser l’action, alors que la situation devenait critique,

la possibilité d’un partenariat devenait indispensable. C’est un partenariat modeste avec

PCI/CCFD Terre solidaire qui a permis à cacun de reprendre espoir de de poursuivre.

Mettre en place une véritable formation à ce nouveau métier

L’accent principal du projet a été de mettre en œuvre la formation à un métier où

chacun, se sentant concerné, peut réussir. Faire comprendre que c’était le seul moyen de

remplacer la plantation traditionnelle avoir une production locale et un métier honorable

et parvenir à l’autosuffisance alimentaire pour tous.

Mettre en évidence une dimension sociale dépassant les clivages

Terre en situation critique, terre d’immigration qu’il fallait intégrer à la communauté, la

prise de conscience de chacun apparaissait comme la meilleure voie pour lever les

barrières géographiques, en prévoyant un lien régulier entre les pisciculteurs.

e - ACTION

Sur l’information : publication d’un journal de la profession liée à l’eau saine

Pour consolider le lien autour d’un intérêt commun, pour donner une dimension sociale au

projet, la publication d’un Journal de la profession de pisciculteur, accompagne la

formation au métier pour tous, fait le point sur les réalisations et les difficultés,

encourage à poursuivre.

Sur le lien entre eau saine et respectée et autosuffisance alimentaire saine

L’eau est devenu le point central du projet : en amont du barrage, l’eau saine pour

l’élevage ; en aval du barrage, une eau récupérée et contrôlée pour l’alimentation de la

rizière qui fournit l’autre base de la nourriture, à la place du maïs, et pour l’arrosage des

jardins maraîchers sur les parcelles particulières et l’usage domestique.

Sur le rôle des femmes : gestion du maraîchage, des surplus, de la trésorerie

Les femmes, travaillant sur les parcelles de leur mari, gèrent la production maraîchère,

mais participent à la transformation des surplus de poisson, par la restauration et le

fumage.Gérant aussi la trésorerie familiale, elles réservent le petit ‘‘plus’’ dégagé pour

l’achat de fournitures scolaires pour leurs enfants.

‘‘La pisciculture lacustre est apparue ici comme un facteur positif de prise de

conscience et de brassage social autour du respect de l’eau, de sa réutilisation pour

les cultures et du maintien de la forêt qui se dégradait’’

‘‘le nombre de pisciculteurs professionnels a plus que décuplé en 10 ans, tandis que

sur la même période la production était multipliée par 200, passant de quelques

tonnes à 240. Le marché du poisson est loin d’être saturé et fournit une nourriture

saine, grâce à la qualité de l’eau sous surveillance, et une autosuffisance

alimentaire riche en protéines’’

A la suite de ce succès, grâce à un petit partenariat, mais surtout à la politique

volontariste menée menée par tous et à l’évolution des mentalités, l’expérience vient

d’être reprise au Togo.

Janine Marin (ISOCARP)

D’après les notes de Dramane Coulibaly

Chef du Projet APDRA/CI

MISE EN ŒUVRE DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

(PROPOSEE PAR PHILIPPE VAILLANT)

UN EXEMPLE DE PROBLEMATIQUE DE L’EAU EN PAPOUASIE-NOUVELLE GUINEE

‘‘TANK PROJECT’’

D’après les notes de Elizabeth Newman, relatées par Brigitte Le Gouis (CIF)

RAPPEL DU SCHEMA PROPOSE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Goutte d’expérience et Développement durable.

Cette 3e analyse à partir de la ‘‘Goutte d’expérience’’ correspond à l’aspectinterégional qui peut

être utile à titre de comparaison devant une problématique identique : comment faire face au

défi majeur de l’accès à l’eau potable pour tous dans la conscience du respect de cette source

de vie, cadeau fait aux humains, dans la mesure où c’est une source de vie, la seule sur laquelle

les êtres humains peuvent agir et la détruire, détruisant par là même la vie sur terre.

Les responsables d’Australie et de Papouasie-Nouvelle Guinée, branches nationales du Conseil

International des Femmes en Asie et Pacifique, ont décidé de mettre en place ces Projets de

Réservoirs dans deux villages de Papouasie-Nouvelle Guinée : cette facilité de qualité de vie a

été accompagnée d’une formation indispensable au respet dû à l’eau. Cette action fait partie des

exemples de terrain qui accompagnent le document ‘‘Eau douce respectée, Eau douce partagée,

Eau douce enfin pour tous’’ document pour une approche systémique d’éducation à l’eau, produit

dans le cadre de l’ancien Groupe Eau.

a - INTERACTIONS

Deux villages difficiles d’accès

Situés dans la Province d’Oro, au Sud-Est de la Papouasie-Nouvelle Guinée, les villages de Waiva

et de Borou sont difficiles d’accès et abritent des communautés pauvres vivant de la pêche et

de la vente du surplus de légumes cultivés par les femmes ainsi que de leur artisanat.

Un manque crucial d’eau potable ou même courante

Aucun village ne dispose d’accès à l’eau courante, d’installations sanitaires, d’électricité. Dans

ces conditions, la corvée d’eau est déterminante et, les femmes, même âgées, doivent parcourir

chaque jour jusqu’à 15 Km pour se rendre jusqu’à la rivière pour la baignade ou la lessive.

L’eau facteur déterminant de la vie sociale

Bien que l’essentiel des problèmes tournent autour de la pénurie d’eau, les familles n’en sont pas

moins soucieuses de l’éducation de leurs enfants : ils reçoivent tous une éducation primaire, mais

pour l’enseignement secondaire, il faut se rendre à la capitale, Popondetta, donc les filles n’y

vont pas.

b - UNE VISION A MOYEN ET A LONG TERME

En finir avec la corvée d’eau

Les femmes et les filles étant les premières victimes du temps nécessaire ‘‘perdu’’ pour d’autres

activités familiales ou sociales indispensables, il devenait urgent d’envisager une solution à long

terme. Les deux villages étant très liés, une réflexion s’est mise en place en ce sens.

Utiliser un petit programme du CIF pour atteindre une solution pérenne

Les deux villages sont isolés : Waiva, village de pêcheurs, est accessible uniquement par bateau

et par beau temps ; Borou n’est accessible que par une piste. Cependant, leur situation a attiré

l’attention de la branche nationale du Conseil International des Femmes d’Australie.

Surmonter le problème de la langue officielle

Le CIF finance, grâce aux dons de ses membres, de petits programmes indispensables à

l’amélioration de la qualité de vie de populations en difficultés. Mais, l’installation d’un accès

pérenne à l’eau potable supposait une éducation à son usage et au respect de l’eau ; 800 langues

étant parlées, l’anglais est une langue peu pratiquée, une autre solution devait être trouvée.

c – PROPOSITIONS

Mettre en place un partenariat à l’intérieur de l’ONG

Le Conseil National des Femmes (CNF) de Victoria (Australie), branche du CIF, a donc envisagé

un partenariat entre villages de Papouasie-Nouvelle Guinée, branche australienne du CIF et

niveau international du Conseil, pour impulser une synergie au sein de l’ONG.

Elargir ce partenariat à la Royal Commonwealth Society

Pour financer la construction des deux réservoirs, il fallait chercher une autre source de

financement. Un partenariat avec la Royal Commonwealth Society Victoria branch pourrait

permettre de faire face aux dépenses, œuvrant dans le sens du développement durable.

S’inscrire dans la perspective du Dévelopement durable

Cette perpective de financement pouvait permettre de lier le projet au développement durable

et à son éducation auprès des populations. Le lien avec les populations plus jeunes pourrait être

assuré par les personnes âgées et le prêtre, seules personnes s’exprimant en bon anglais. Cet

aspect devait permettre de renforcer le lien social des villageois.

d - DECISION EN VUE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE

Financer parallèlement les deux villages

Les deux villages étant très liés, il devenait intéressant de mener les deux constructions en

parallèle et de former à l’usage raisonné et au respect de l’eau potable, au respect aussi de la

personne qui serait chargée de la responsabilité de l’ouverture quotidienne du réservoir.

Créer des synergies entre local, national et international

Le partenariat entre les deux villages et la branche australienne du CIF a bien fonctionné : la

responsable du CNF s’est elle-même rendue dans les villages pour entrer en concertation avec la

population et bénéficier des compétences traditionnelles des villageois.

Compter sur la solidarité des femmes devant un problème commun

Faire participer les femmes est le propre de l’ONG ; mais les femmes de Waiva et Borou, toutes

confrontées aux mêmes problèmes de temps gaspillé pour accéder à l’eau, de santé pour leur

famille, d’éducation pour leurs enfants, avaient toutes des idées à proposer pour l’action.

e – ACTION

Mise en commun du savoir et des ressources locales

Des réunions régulières ont permis de confronter savoir local et propositions en fonction de la

tradition avec les nécessités de mise en œuvre plus modernes, montrant que la conjonction des

deux visions donnait des résultats positifs pour un développement humain durable.

Travail sans distinction entre les participants

Toutes les personnes, au sein de ces partenariats, du niveau local à l’international, villageois ou

citadins, sont parvenus à élaborer ensemble un plan d’action qui a porté ses fruits et les

fetivités qui ont accompagné la mise en service des réservoirs sont la preuve d’un succès

commun.

Distribution d’eau potable deux fois par jour

Il a été décidé que la personne responsable des clefs, pour assurer une distribution rapide et

rationnelle d’une eau précieuse, ouvrirait le réservoir deux fois par jour, ce qui présente

l’avantage d’éviter le gaspillage, mais aussi la pollution de l’eau pendant la journée.

Les villageois, directement associés à l’étude et à la réalisation du projet ont pu faire la

preuve que la collaboration de tous a permis de réaliser ce qui apparaissait comme un rêve.

Grâce à cette réalisation, non seulement les femmes ont pu disposer de plus de temps

auprès de leur famiile, de l’éducation des enfants et de travaux d’artisanat apportant une

activité lucrative, mais aussi la santé de tous s’est améliorée, créant une meilleure qualité

de vie pour chacun.

L’éducation au respect de l’eau, qui a dû surmonter le poblème de la multiplicité des

langues, a été accompagnée d’une mesure efficace contre le gaspillage et la pénurie,

confiée à une personne du village qui détient la clef du réservoir et veille au respect de

l’engagement de chacun. Les solidarités librement consenties mettent en évidence une vie

sociale liée à la présence de l’eau douce et de valeurs partagées.

Janine Marin (ISOCARP)

D’après les notes de Elizabeth Newman (CNF, Australie),

Relatées par Brigitte Le Gouis (CIF/UNESCO)

MISE EN ŒUVRE DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

(PROPOSEE PAR PHILIPPE VAILLANT)

UN EXEMPLE DE PROBLEMATIQUE DE L’EAU EN AMERIQUE LATINE/CARAIBES

‘‘AGUA RIOBAMBA’’

D’après la présentation par l’Association Vétérinaires sans Frontières (AVSF)

Projet sélectionné dans le cadre de la Journée des Droits de l’Homme ‘‘Article 31’’

RAPPEL DU SCHEMA PROPOSE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Goutte d’expérience et Développement durable.

Cet exemple d’analyse, qui se situe en Amérique latine et Caraïbes, fait entrer cette région dans

les exemples d’actions de terrain permettant de faire face aux problématiques de l’eau,

particulièrement de l’accès à l’eau saine et potable dans un secteur qui met en présence besoins

d’une ville de 200000 habitants (Riobamba) et d’une zone rurale située en amont (Chimborazo)

où vivent 1600 familles indigènes qui ont obtenu la possibilité d’irriguer les terres qui leur ont

été redistribuées en 1990.

Cette action de terrain se situe, par ailleurs, de façon résolue, dans le respect de trois articles

de la Déclaration universelle des droits de l’homme : le droit à la propriété (Article 17), le droit

à un développement économique et social dans le respect de la dignité humaine (Article 22), le

droit à un niveau de vie suffisant (Article 25). Enfin, en ce qui concerne particulièrement le

Forum international ‘‘Afrique et problématiques de l’eau’’, on peut noter qu’elle se situe dans le

cadre des objectifs du Grand Programme II (Sciences exactes et naturelles), Axe d’action 5 :

Gestion de l’eau.

a - INTERACTIONS : UN ETAT DES LIEUX ORIGINAL

Une zone à double vocation urbaine et rurale

L’action se situe dans la Cordillère des Andes, en Equateur, et s’étend à tout le Bassin-Versant

de la rivière Chambo, dans la province de Chimborazo (le Chimborazo est le volcan qui domine

l’ensemble de la région) et concerne aussi bien des espaces urbains (Riobamba, 200000h. et

Licto) que des espaces ruraux (terres en amont, exploitées par des communautés autochtones).

Un état des lieux réalisé conjointement par populations concernées et experts

Afin de sensibiliser l’ensemble des populations concernées, AVSF a fait un état des lieux de

l’accès à l’eau (saine et potable) en associant, dans les réunions d’information, population et

experts, permettant ainsi à chacun de bénéficier du savoir de l’autre. Cet état des lieux

‘‘concerté’’ a permis de comprendre que l’eau disponible est suffisante pour envisager la

construction d’un canal d’irrigation des terres paysannes.

Une sensibilisation aux droits à différentes échelles

D’autre part, une sensibilisation aux droits de chaque personne humaine (DUDH), aux devoirs de

chacun dans le cadre de la solidarité et du partage, a commencé dans les écoles, ciblant enfants

et enseignants, ce qui devait permettre de faire évoluer la mentalité vers le dialogue, et ce dès

le plus jeune âge. Afin d’avoir un impact plus immédiat et important, AVSF a associé les médias à

cette sensibilisation. Ceci a rendu les négociations possibles.

b - UNE VISION A MOYEN ET A LONG TERME DANS UN SOUCI DE JUSTICE

Une planification qui détermine les priorités à long terme

AVSF a décidé de prévoir une planification qui détermine les priorité face à la double

problématique : accès pour tous à l’eau potable, accès des paysans à l’eau nécessaire à

l’irrigation de leurs terres, terres qui leur ont été redistribuées en 1990, mais qui sont sans vie

si l’eau saine nécessaire ne parvient pas jusque dans les espaces cultivés. Or, nous venons de voir

qu’il y a assez d’eau…

Envisager une gestion durable de l’environnement

Pour que la gestion de l’eau soit durable, il fallait prévoir des partenariats entrainant des

synergies à plusieurs niveaux : ainsi, au niveau international AVSF travaille avec le Centre

International de Coopération pour le Développement Agricole (CICDA), des pourparler ont été

envisagés avec les ministères au niveau national, avec les collectivités locales et avec les

populations concernées.

Prendre en considération le Bassin versant et les villes en aval

Prendre en compte les besoins des 1600 familles paysannes du bassin-versant et des populations

urbaines serait un gage non seulement de succès de l’action, mais surtout de justice sociale et

économique qui permettrait de faire face à la volonté des autorités urbaines de Riobamba

d’exproprier des paysans, de construire une usine de potabilisation de l’eau à la place d’un

réservoir pour l’irrigation et de construire un canal plus important pour dévier l’eau vers

Riobamba.

c – PROPOSITIONS DECOULANT DE LA VISION CONCERTEE

Elaboration d’une politique nationale de l’eau plus équitable

Pour une politique plus juste, il s’agit de respecter les droits de la Constitution de 2009, c'est-

à-dire un texte officiel qui existe. La Constitution accorde de nouveaux droits pour les paysans,

d’une part, et pour la protection de l’environnement, d’autre part. A la suite de l’information et

de la sensibilisation de tous, il s’agit d’entreprendre une action de plaidoyer vis-à-vis des

autorités compérentes.

Partage des savoir-faire locaux et modernes

Ce partage doit se faire au moment de la sensibilisation des populations urbaines et rurales et

associer les deux aspects justice sociale et respect de l’environnement. Dans les deux cas

l’objectif visé est la sécurité alimentaire de l’ensemble des populations de la province, dans la

mesure où une importante partie des cultures et de l’élevage, ainsi que l’entretien des forêts,

dépendent de l’agriculture des zones irriguées cultivées par les paysans.

Adaptation de la durée de mise en œuvre du projet aux nécessités

AVSF met son expertise au service de la gestion des problèmes liés à l’agriculture dans 18 pays

et y anime 80 programmes de développement. Bien que les résultats soient positifs depuis 2000,

la tranche de programme prévue 2007-2013, pourrait être prolongée jusqu’en 2015, afin

d’assurer la durabilité d’une gestion partagée de l’accès à l’eau, au bénéfice de l’ensemble des

populations concernées.

d - DECISION EN VUE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE

Création d’un Comité de gestion de l’eau

Afin d’améliorer la répartition des ressources en eau entre les besoins de la population urbaine

de Riobamba, de celle de la paroisse (plus petite unité teritoriale du pays) de Licto et des

paysans exploitant les terres en amont, la décision de gestion concertée de l’eau apparaît comme

une solution équitable. La situation exceptionnelle des paysans autochtones, qui ont obtenu

l’irrigation des terres qui leur ont été redisribuées, a conduit à une telle décision.

Liaison entre accès à l’eau saine et sécurité alimentaire

La campagne d’information et de sensibilisation, l’écoute collective admise par tous, les

partenariats (ONG locales de développement rural, la Centrale équatorienne de Services

Agricoles – CESA – le Groupement de 280 organisations d’usagers d’eau potable et ‘‘d’irriguants’’

- INTERJUNTAS – de la province de Chimborazo) ont fait prendre conscience de l’objectif

fondamental d’accès à l’eau saine et potable.

Amélioration de la répartition de l’eau entre villes et campagnes

L’équipe travaille à rendre possible un partage équitable de l’eau du Licto entre Riobamba (dont

la nappe phréatique s’épuiserait) et les Indiens (dont le financement du système d’irrigation

actuel pourrait être menacé). Une telle répartition de l’eau du Licto, dans la mesure où ville et

campagne, qui sont complémentaires, sont menacées, serait compensée par la prise en charge de

l’entretien du système d’irrigation par la ville. Ceci ne sera rendu possible que parce que tous les

intéressés ont pris l’habitude d’être autour de la table des négociations, fait unique et donc

innovant en Equateur.

e – ACTION

Construction d’infrastructures indispensables à la durabilité de l’action

Chacun ayant reconnu la nécessité d’accès à leau potable pour tous, la construction d’une

centrale de traitement des eaux est un aspect de la gestion intégrée des ressources en eau

dans un souci de plus grande équité entre les usagers. De leur côté, les paysans ont construit

eux-mêmes un canal de 24 Km de long pour l’irrigation de leurs terres, le tout étant lié à une

alimentation saine (eau et cultures) de la population.

Accès à l’eau potable pour 150000 usagers de Riobamba

Les populations ciblées à Riobamba représentent les ¾ de la population urbaine. Cet objectif a

été accepté par les paysans du versant du Chimborazo : en effet, AVSF intervient comme

médiateur reconnu et respecté dans les négociations. D’autre part, la concertation réunissant

tous les groupes concernés, AVSF cite l’une des participantes paysanes ‘‘une Indienne d’en haut’’

qui remarque : ‘‘Après tout, nos enfants vivent à Riobamba et ont aussi besoin d’eau potable…’’…

Accès pérenne à l’eau saine pour les communautés de Licto

Les 1600 familles indiennes et métisses (qui ont construit de leurs mains les 24 Km de leur canal

d’irrigation) peuvent apprécier les bienfaits de l’accès à l’eau saine pour l’irrigation des terres

qui prennent vie, résultats positifs pour eux et pour leurs enfants : plusieurs récoltes par an,

des productions qui se sont diversifiées, des possibilités d’associer l’élevage aux cultures ; mais

surtout, souci majeur des familles, un accès possible de leurs enfants à l’éducation.

Les partenariats internationaux, le souci du dialogue entre tous ceux qui ont un savoir, un

savoir-faire ou une expérience à offrir, ont conduit la province à souhaiter voir ce qui se

passe ailleurs pour régler des problèmes similaires. Dans le cadre de la coopération

Nord/Sud, une délégation équatorienne (un élu de la municipalité de Riobamba, un

représentant des organisations d’irrigants du Chimborazo, un Indien de Licto) a été reçue

à Gap (France) où la ville de 40000 habitants, utilise les eaux du canal d’irrigation et paie

pour le service rendu par les irriguants.

Le respect de l’autre, comme son égal, la concertation comme méthode de travail de base,

la reconnaissance de la valeur des savoirs de l’échelle locale à l’échelle internationale, le

recours à la médiation d’une ONG appréciée et efficace, ont non seulement permis l’accès

à une eau saine et potable pour tous, mais aussi de vivre de façon concrète la mise en

œuvre de pusieurs articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme liés à

l’inclusion sociale et au souci d’équité au bénéfice de l’ensemble des populations concernées.

Une action pleine d’enseignements, quelle que soit la région du monde où l’on se trouve.

AGUA RIOBAMBA / BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE CHAMBO

Cultures des populations locales, irriguées sur les pentes du Chimborazo ; Le canal d’irrigation réalisé par le village de Licto pour ses 1600 familles

a permis la mise en culture de 1200 ha de petites parcelles.

Ce croquis extrait du projet ‘‘Agua Riobamba’’, présenté lors de la Journée du 6 mars 2014,

sur le droit d’accès à l’eau,tant pour l’agriculture irriguée des populations rurales de Licto,en amont de Riobamba, que pour l’alimentation des populations urbaines de la capitale provinciale Riobamba

(150000 h),en surmontant les situations conflictuelles préjudiciables pour tous.

MISE EN ŒUVRE DE LA GOUTTE D’EXPERIENCE

(PROPOSEE PAR PHILIPPE VAILLANT)

UN EXEMPLE DE PROBLEMATIQUE DE L’EAU EN REGION ARABE

‘‘FEMME – ENFANT – EAU’’

D’après le projet et l’action de la branche SOROPTIMIST/TUNISIE

relatés par Marie Christine Griès de La Barbelais (SI/UNESCO)

dans le cadre du projet ‘‘Article 31 : Agir pour les Droits de l’Homme’’

RAPPEL DU SCHEMA PROPOSE PAR PHILIPPE VAILLANT (ISOCARP)

Goutte d’expérience et Développement durable.

Cette analyse (la 5e) selon la goutte d’expérience, se situe en région arabe et nous permet

d’avoir un exemple dans une 5e région. Ce projet et cette action ont été présentés dans le cadre

du Groupe de préparation ‘‘Article 31 : Agir pour les Droits de l’Homme’’ : ‘‘Education, Sport,

Diversité culturelle : de nouvelles attitudes pour promouvoir les droits humains dans le monde’’.

Marie-Christine Griès, qui a présenté ce projet, réalisé en Tunisie, a accepté qu’il soit analysé

selon la méthode comparative de la ‘‘goutte d’expérience’’ car c’est un projet ‘‘dont les

Soroptimist tunisiennes sont très fières’’ : ce projet a en effet été initié dans un secteur où il

apporte des éléments novateurs autour d’un travail sur l’eau dont le point de départ est une

action en relation avec la santé des enfants … Eau, source de vie …

Ce programme précis ‘‘Initiative FEE’’ a été initié dans le cadre des priorités et programmes de

l’UNESCO, mais aussi de programmes internationaux et nationaux du SOROPTIMIST, en vue

d’une meilleure gouvernance de l’eau grâce à la gestion intégrée des ressoures en eau. Il est

d’autre part en relation directe de la mise en œuvre, sur le terrain, de la Déclaration universelle

des droits de l’homme. A l’évidence, un tel projet, entré en action, s’inscrit dans une perspective

de développement humain durable.

a – INTERACTIONS : UN ETAT DES LIEUX IMPLIQUANT D’ABORD LES FEMMES

Un village situé à 25 Km au Sud-Est de Tunis et une extension rapide

Ksibi, village relevant du Gouvernorat de Ben Arous, est situé à 25 Km au SE de Tunis. Premier

village où le projet a été mis en œuvre, il a donné son nom à l’action entreprise ; cependant, un

second village à 5 Km de Ksibi, Borj Soughi ainsi que les douars avoisinants, ont été intégrés

dans le projet. La situation, dans les deux cas, fait état d’un manque fondamental d’accès à l’eau

saine ou potable dans les foyers ou à l’école, dans ces zones rurales, ce qui oblige les femmes (et

souvent les filles) à une corvée d’eau – non potable – dans l’oued au pied de la montagne.

Un projet issu d’une opération de sensibilisation à l’hygiène

Le projet se met en place à l’occasion d’une action de sensibilisation, du Club Soroptimist de

Tunis, à l’hygiène bucco-dentaire. En effet, le Club découvre que seule une borne fontaine

fonctionne pour tout le village et l’eau courante n’arrive ni dans les maisons, ni à l’école qui

comprend près de 300 élèves. La situation à Borj Soughi est comparable mais l’évaluation des

possibilités de participation des familles met en évidence que la population comporte une dizaine

de familles (les plus pauvres) dans l’impossibilité de financer tout branchement.

Une intégration dans les objectifs et programmes de l’UNESCO et de la DUDH

Cet état des lieux met en évidence un manquement à la mise en œuvre des Droits de l’Homme,

particulièrement le droit d’accès à une eau potable en quantité suffisante, mais aussi

l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, ou l’approche inclusive par la gestion

participative et la gestion intégrée des ressources en eau ; le tout dans le cadre d’action du

Grand Programme III de l’UNESCO ‘‘Ethique des sciences’’.

b - UNE VISION A MOYEN ET A LONG TERME : EAU SAINE = VIE SAINE

Une formation des villageois à la gestion de l’eau pour tous

Dès la mise en œuvre du projet, en 2005 à Ksibi, en 2007 à Borj Soughi et dans les environs,

une formation de la population villageoise à la gestion de l’eau doit permettre la durabilité.

L’objectif est de montrer le lien entre rejet des eaux usées et pollution de la nappe phréatique

supposée fournir l’eau saine. Le problème est complexe mais les différents aspects sont

envisagés : la récupération des eaux pluviales, les fosses septiques, la décantation des eaux

troubles pour arroser les vergers ou le traitement des eaux usées, fumiers et bouses pour

produire du gaz.

Un slogan de durabilité : ‘‘L’économie d’eau est un comportement citoyen’’

Ainsi, prévoir un slogan de respect de l’eau, associé au travail de l’ONG, visible en permanence,

peut devenir une forme d’éducation. Par exemple, le slogan ‘‘L’économie d’eau est un

comportement citoyen’’ peut être porteur de valeurs universelles de respect, de partage, de

solidarité avec ceux qui suivront. L’apanage d’éducation non formelle des ONG est ainsi mis en

lumière ; mais, comme dans ce cas, cette éducation est en lien avec le système éducatif formel,

les parents et l’école s’en trouveront valorisés.

Une action visant à promouvoir une ‘‘culture de l’eau’’ vécue au quotidien

Dès la réalisation de projets, l’objectif sera de lier chaque réalisation à la volonté de durabilité

et donc de mettre en œuvre la volonté d’aboutir à une véritable ‘‘culture de l’eau’’ dans la mesure

où elle est vécue, et ce dès le plus jeune âge. Le respect de l’eau, de la source de vie dont nous

sommes composés au 2/3, a souvent été oublié ; il s’agit donc de le revivifier dans le cadre du

respect de l’autre, mais aussi du respect de la vie. La culture de l’eau a existé dans toutes les

civilisations traditionnelles.

c – PROPOSITIONS ASSOCIANT NIVEAU LOCAL ET INTERNATIONAL

Fédérer différents Clubs Soroptimist autour de l’initiative FEE

Dès 2007, lors de la perspective d’étendre l’action à Borj Soughi, l’idée de fédérer autour du

projet des Clubs tunisiens, français, italiens, devait permettre une action de plaidoyer

concertée pour des démarches auprès de nouvelles structures. Les exemples fournis par

d’autres peuvent s’avérer de bons moyens de plaidoyer. Cette initiative s’inscrit dans la mission

du SOROPTIMIST au niveau international : ‘‘inspirer des actions et créer des opportunités pour

transformer la vie des femmes et des filles à travers un réseau mondial de membres et de

partenariats internationaux’’.

Eduquer les bénéficiaires à une gestion plus rationnelle de cette source de vie

Apporter une meilleure visibilité de la dimension sociétale de l’éducation à l’eau : une approche

systémique qui permet de mettre en évidence les dimensions économique, sociale et culturelle et

le lien qui existe entre ces différents aspects. Eduquer les bénéficiaires à la gestion

rationnelle de l’eau, ressource rare, en impliquant les femmes, aux différents niveaux, jusqu’à la

participation à la prise de décision. Renforcer les capacités des femmes afin qu’elles puissent

maîtriser et prendre en charge la problématique du projet ‘‘femme, enfant, eau’’.

Entreprendre des actions de sensibilisation dès l’âge préscolaire

La création d’une ‘‘culture de l’eau’’, du sentiment de respect dû à l’eau que l’on ne doit pas

gaspiller, peut prendre naissance parmi les femmes et les filles qui ont participé au programme.

Mais, pour aboutir à de nouvelles attitudes, signes d’un changement de mentalités nécessaire et

irreversible, l’éducation doit commencer dès le plus jeune âge, c'est-à-dire en âge préscolaire,

au sein de la famille ou de la communauté du village ou du douar. C’est la prise de conscience de

ce qu’est une source de vie, l’habitude d’une pratique positive et le sentiment de faire bien, qui

conditionnent l’évolution de mentalité.

d - DECISION EN VUE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE

Aduction d’eau pour le village et bloc sanitaire pour l’école

Dès le constat d’absence d’accès à l’eau saine et potable, le Club de Tunis a entrepris de

financer l’adduction d’eau depuis l’unique borne fontaine existant dans le village et aussi de

créer un bloc sanitaire pour l’école du village. De même, dès 2007, le Club de Tunis installerait,

avec l’aide des autorités, 8 bornes fontaines, puis, grâce à la fédération de 13 clubs (Tunisie,

France, Italie), la décision est prise de pourvoir à l’adduction d’eau de la centaine de maisons et

de l’école du village, en installant un robinet dans la cour de chaque maison.

Etudes de faisabilité permettant des solutions durables

Toujours dans un souci de promotion de la culture de l’eau, l’étude de faisabilité du projet à Borj

Soughi, consulterait, en association avec les autorités et les experts, les familles concernées.

Chaque famille aurait un branchement à partir des 8 bornes fontaines construites ; l’objectif

était de savoir les possibilités de participation des familles. Une telle étude a l’avantage de

mettre en évidence l’impossibilité de financement des familles les plus pauvres, et d’actionner la

solidarité du Club. Pour une gestion durable, la formation des villageois devenait indispensable.

Construction ultérieure d’une ‘‘Maison de l’Eau’’ à vocation pédagogique

Décider de la construction d’une ‘‘Maison de l’Eau’’ qui sera un espace à vocation pédagogique

interactive offre un prolongement souhaitable au travail de sensibilisation et de formation.

Associant découverte, aspects de recherche et applications innovantes possibles, cette Maison

de l’Eau doit susciter l’engagement, la volonté de participer, dès le plus jeune âge. Une

scénographie permanante devra permettre de faire prendre conscience des thématiques et du

lien avec le dévelopement durable. Gérée par des femmes, cette Maison, ouverte à tous, devra

aussi permettre l’écoute et d’éventuels conseils.

e – ACTION

Des solutions diverses visant toutes le développement durable

Volonté affirmée de s’inscrire dans le cadre du développement durable associé à l’éthique des

comportements, l’action des Clubs, en concertation avec toutes les parties intéressées, conduit

à tout envisager sous cette double finalité : droit pour tous d’accès à l’eau saine ou potable,

éducation à l’usage et au respect de l’eau, par la participation des femmes investies dans le

programme à la prise de décision, le partenariat avec les autorités nationales et locales, la prise

de conscience des conséquences sur la qualité de vie, le niveau de vie des familles et l’éducation

des enfants.

Des partenariats associant autorités, experts et populations, à différents niveaux

Partie d’un Club, celui de Tunis, le projet, qui associait les populations, a obtenu, dans un premier

temps, le patenariat d’autorités nationales (Ministère de l’Environnement) et d’autorités locales

(Gouvernorat). L’étape suivante semble repartir de Clubs locaux, mais réunis en partenariat

international (Tunisie, France, Italie) grâce à 13 clubs fédérés, et permet d’obtenir des

partenariats diversifiés, grâce à l’investissement personnel de membres de l’ONG : Ministère de

l’Agriculture et des Ressources hydrauliques, Instutitut Tunisien des Technologies appropriées

(le projet s’inspirant d’une réalisation de cet Institut), Office National de l’Assainissement. Le

partenariat avec un Club français a induit celui de la Fédération départementale du Lot et

Garonne.

Renforcement des capacités des femmes dans la décision et l’information

L’association des femmes au projet, dès sa conception, la formation appuyant le travail de

sensibilisation aux problèmes d’accès à l’eau saine liée à la santé, a permis à chacune d’entre

elles de se sentir concernée et de s’investir dans l’action. L’intégration des femmes dans la

gestion intégrée des ressources en eau, dans la prise de décision, la confiance qu’on leur

témoigne en leur laissant la gestion de la Maison de l’Eau, témoignent de la mise en œuvre de

l’engagement des Soroptimist dans la promotion et l’autonomisation des femmes, et font de

cette action un exemple transférable, en l’adaptant au contexte local, il va de soi.

Les résultats obtenus dès la mise en route du projet correspondent aux objectifs de

base : amélioration de la santé des enfants grâce à l’eau saine, fin de la corvée d’eau pour

les femmes qui dégagent ainsi du temps pour d’autres activités. Au-delà, les droits

humains visés entrent en application grâce à l’action des femmes au sein de partenariats

multiples. Au niveau local se met en place une attitude nouvelle : celle d’un comportement

citoyen face à la problématique de l’eau, faisant naître une réelle ‘‘culture de l’eau’’, qui

suppose ce respect de l’eau qui s’est perdu au fil des décennies…

Dans cet exemple, nous voyons une fois de plus que c’est la campagne, confrontée aux

problématiques de l’eau, qui va mettre en œuvre des solutions multiples, pérennes, pour

une meilleure qualité de vie des populations, entraînant un meilleur niveau de vie… On voit

bien que lorsqu’on fait appel aux populations concernées, celles-ci s’investissent et trouvent

des solutions durables car c’est leur vie qui est en jeu… Mais l’exemple nous enseigne aussi

que des programmes bien pensés supposent des partenariats susceptibles de créer les

synergies indispensables à différentes échelles.

Enfin, l’exemple montre que pour réaliser la finalité visée, ou la vision à long terme du

projet : ‘‘gestion intégrée des ressources en eau’’, le rôle des ONG est fondamental, dans

la mesure où il associe éducation/formation et où les nouveaux formés, conscients de leurs

droits, mettent un point d’honneur à animer la sensibilisation qui permet la durabilité des

solutions trouvées au bénéfice de tous, et ce dans le cadre du Grand Programme III de

l’UNESCO ‘‘Ethique des Sciences’’.

Paris, 4 mars 2014

Janine Marin (ISOCARP)

D’après le Projet ‘‘Article 31’’ proposé par Marie Christine Griès

représentant le SOROPTIMIST International auprès de l’UNESCO

PROGRAMME ‘‘FEMME, ENFANT, EAU’’, SOROPTIMIST CLUB TUNIS

© Soroptimist Club Tunis Fondateur

Ecole de Ksibi où le projet ‘‘Femme, Enfant, Eau’’ s’est mis en place après la prise de conscience ‘‘Pas d’eau saine et potable, pas de possibilité de formation à la santé buccale’’.

L’inscription sur le mur de l’école, près des toilettes ‘‘saines’’ est une invitation au respect dû à l’eau en tant que ‘‘source de vie’’ menacée par une utilisation non responsable :

‘‘L’économie d’eau est un comportement citoyen’’

Carte du Nord de la Tunisie, où à 25 Km au SE de Tunis, dans le Gouvernorat de Ben Arous, se situent les villages de Ksibi et Borj Soughi, ainsi que les différents douars où le projet

‘‘Femme, Enfant, Eau’’ a débuté, partant de programmes de l’UNESCO et de préoccupations relatives à la santé des enfants des Clubs SOROPTIMIST.

© Flora Thomy-Martin

Eau sacrée alimentant les bassins où viennent se purifier en famille les habitants de Bali

© Flora Thomy-Martin

Fontaine d’où jaillit “l’eau sacrée” aux valeurs curatives. Ces fontaines sont partout présentes aux abords des temples de l’eau

Document de travail Forum international Afrique et Eau Avril 2014