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E CHOS M aristes Institut des Frères Maristes Numéro 47 – Année 17 - Mars 2004 CHEMIN DE CONVERSION Le message de Jean-Paul II pour le carême 2004 s’inspire des paroles de Jésus : « Celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. » (Mt 18, 5) Les pères et les éducateurs sont des exemples d’accueil. Mais il existe des manières de ne pas « accueillir » les enfants, les victimes de la violence des adultes qui les abusent sexuellement, les incitent à la prostitution, à la contrebande et à la consommation de drogues, les obligent à travailler, les enrôlent pour combattre, les transforment en victimes de l’infâme trafic d’organes et des êtres humains ou les laissent mourir du sida. Le Pape a formulé cette question : « Quel mal ont commis ces enfants pour mériter autant de souffrance ? » Il semble impossible de répondre à cette question inquiétante dans une perspective humaine. Seulement la foi nous aide à pénétrer ce profond abîme de douleur. À la lumière de ces situations, le charisme de Marcellin est d’une actualité fulgurante. Frères et laïcs maristes, hommes et femmes, nous ne pouvons pas croiser les bras devant ce spectacle désolant. Notre conversion du carême consiste à découvrir Jésus dans la douleur de l’enfant qui souffre et à faire tout ce que nous pouvons pour lui. L’esprit de sacrifice durant le carême Il y a quelques années, lors d’une visi- te dans une école d’Australie méri- dionale, je parlais de la promotion des vocations avec un groupe d’étudiants. Je leur ai dit : « Aidez-moi à com- prendre pourquoi si peu de jeunes de ce pays,de mon pays et d’autres pays se font religieux aujourd’hui. » Un jeune homme prénommé Geor- ge m’a immédiatement répliqué : « Seán, une partie du problème vient de ce que ta génération ne parle plus de sacrifice à la nôtre. » Sa réponse m’a étonné. George a poursuivi : «Votre vie est une vie de sacrifice. Il faut que vous soyez clairs sur ce su- jet. Ce n’est pas une vie comme les autres, pourquoi alors devrais-je y consacrer ma vie ? » Esprit de sacrifice ! Certains peuvent déjà l’écarter comme une vertu dé- modée. Mais le passage des ans nous apprend que, démodé ou non, le sa- crifice est au cœur de toute vie bien vécue. Le parent éveillé au milieu de la nuit par les cris d’un enfant sait fort bien que le sacrifice est une vertu de tous les temps. Il en est de même pour l’athlète, le danseur ou l’enseignant. Marcellin Champagnat en savait long sur le sacrifice. Cette vertu s’était in- corporée au tissu de sa vie et elle l’a ai- dé à établir ses priorités. Il avait un rêve et il l’a transformé en une réalité grâce au sacrifice et au dur labeur. Dans l’Église, la tradition associe le sa- crifice avec le temps du carême. Avant Vatican II, la pratique du sa- crifice durant le carême était uniforme et universel- le. Durant ce carême, bien qu’il appartienne da- vantage à chacun de nous de déterminer les sacrifices qui ac- compagnent ce temps, gar- dons présent à l’esprit ce principe fondamental : le sacrifice est au cœur d’une vie bien vécue. Agissons donc en conséquence. Fr. Seán D. Sammon, Supérieur général E CHOS M aristes Le Frère Seán, Supérieur général Une acrobatie, fruit de sacrifice et de discipline

ECHOS Maristes - Champagnat

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Page 1: ECHOS Maristes - Champagnat

ECHOSMaristes

Institut des Frères Maristes Numéro 47 – Année 17 - Mars 2004

CHEMIN DE CONVERSION

Le message de Jean-Paul II pourle carême 2004 s’inspire desparoles de Jésus : « Celui quiaccueillera un enfant commecelui-ci en mon nom, c’estmoi qu’il accueille. » (Mt 18,5) Les pères et les éducateurssont des exemples d’accueil.Mais il existe des manières dene pas « accueillir » les enfants,les victimes de la violence desadultes qui les abusentsexuellement, les incitent à laprostitution, à la contrebande età la consommation de drogues,les obligent à travailler, lesenrôlent pour combattre, lestransforment en victimes del’infâme trafic d’organes et desêtres humains ou les laissentmourir du sida. Le Pape aformulé cette question : « Quelmal ont commis ces enfantspour mériter autant desouffrance ? » Il sembleimpossible de répondre à cettequestion inquiétante dans uneperspective humaine.Seulement la foi nous aide àpénétrer ce profond abîme dedouleur.À la lumière de ces situations, lecharisme de Marcellin est d’uneactualité fulgurante. Frères etlaïcs maristes, hommes etfemmes, nous ne pouvons pascroiser les bras devant cespectacle désolant. Notreconversion du carême consisteà découvrir Jésus dans ladouleur de l’enfant qui souffreet à faire tout ce que nouspouvons pour lui.

L’esprit de sacrifice durant le carême

Il y a quelques années, lors d’une visi-te dans une école d’Australie méri-dionale, je parlais de la promotion desvocations avec un groupe d’étudiants.Je leur ai dit : « Aidez-moi à com-prendre pourquoi si peu de jeunes dece pays, de mon pays et d’autres paysse font religieux aujourd’hui. » Un jeune homme prénommé Geor-ge m’a immédiatement répliqué :« Seán,une partie du problème vientde ce que ta génération ne parle plusde sacrifice à la nôtre. » Sa réponsem’a étonné. George a poursuivi :«Votre vie est une vie de sacrifice. Ilfaut que vous soyez clairs sur ce su-jet. Ce n’est pas une vie comme lesautres, pourquoi alors devrais-je yconsacrer ma vie ? » Esprit de sacrifice ! Certains peuventdéjà l’écarter comme une vertu dé-modée. Mais le passage des ans nousapprend que, démodé ou non, le sa-crifice est au cœur de toute vie bienvécue.Le parent éveillé au milieu de lanuit par les cris d’un enfant sait fortbien que le sacrifice est une vertu detous les temps. Il en est de même pour

l’athlète, le danseur ou l’enseignant.Marcellin Champagnat en savait longsur le sacrifice. Cette vertu s’était in-corporée au tissu de sa vie et elle l’a ai-dé à établir ses priorités. Il avait unrêve et il l’a transformé en une réalitégrâce au sacrifice et au dur labeur.Dans l’Église, la tradition associe le sa-crifice avec le temps du carême. AvantVatican II, la pratique du sa-crifice durant le carêmeétait uniforme et universel-le. Durant ce carême, bienqu’il appartienne da-vantage à chacun denous de déterminerles sacrifices qui ac-compagnent ce temps,gar-dons présent à l’esprit ceprincipe fondamental : lesacrifice est au cœur d’une viebien vécue. Agissons donc enconséquence. ◆

Fr. Seán D.Sammon,Supérieur général

ECHOSMaristes

Le Frère Seán, Supérieur général

Une acrobatie, fruit de sacrifice et de

discipline

Page 2: ECHOS Maristes - Champagnat

quance, la prostitution, la destitution, les drogues, l’alcoolétaient son pain quotidien. Il avait pour fidèles compagnonsla malnutrition, le manque d’hygiène, une santé plus oumoins précaire et des poux qui pullulaient sur sa petite tê-te. Manuel était un enfant comme les soixante-dix autresenfants qui viennent au Centro Compatir, qui vivent dansun environnement familial semblable au sien. Un enfant nédans une société où les adultes se farcissent de beaux dis-cours en disant que nous sommes tous égaux et que nousjouissons tous des mêmes droits et libertés. Mais de quoiparlons-nous, nous les adultes ?Vous aurez remarqué que je parle de Manuel au passé par-ce qu’il y a deux ans il est mort écrasé dans la rue, son vrai

chez-soi... Manuel sera tou-jours dans notre cœur. Pourcette raison mes compa-gnons et moi continuons detravailler pour faire en sorteque des situations sem-blables à celle de Manuelne se répètent pas. Quelquechose m’a fait comprendreque ces enfants allaient êtremes enfants, nos enfants.J’ai pensé à Marcellin, à sonoeuvre, à Montagne dont j’aisi souvent lu l’histoire. Je nesais pas si j’ai perdu la tête,mais j’ai décidé de consa-crer ma vie à ces enfants. Je

travaille aussi dans des tâches semblables au Casal de CaN’oriol, dans des projets qui s’occupent de familles etd’enfants àrisque, et avecCaritas commeassistante so-ciale chargéede l’accueil. Au-jourd’hui, je nepourrais tra-vailler ailleursparce que c’estma vie. ◆

Il y a mainte-nant environdix ans que desamis et moi, at-tachés au col-lège mariste deRubí, sommesarrivés à « el Pi-nar », un quar-tier marginalde notre ville.Là j’y ai connu

Manuel, un enfant de huit ans, au regard perdu, triste, peuaccessible, mais qui, lui, ten-tait d’attirer votre attentionpar n’importe quel geste ouexcuse. Il recherchait tou-jours une bise, une étreinte,une caresse. J’ai interrogédes voisins au sujet de safamille et j’ai appris que sesparents étaient séparés, quela mère avait abandonnéses enfants pour les laisser àun père alcoolique, drogué,chômeur… Manuel survivait comme il lepouvait.Quand il n’avait rienà manger, il trouvait un pré-texte pour se présenter à lamaison d’un voisin. Lui et sa sœur se nourrissaient ainsi. Unjour il est venu au Centre avec les poches pleines de frian-dises et de jeux électroniques sophistiqués. Cela nous a in-trigués puisque nous ne pouvions pas comprendre commentManuel avait pu se procurer tout cela.Une autre fois, je suis allée dans le quartier à l’heure desclasses afin de parler avec son père et, à ma grande sur-prise, j’ai trouvé Manuel et un autre enfant au milieu d’uncercle de jeunes adultes à qui ils essayaient de vendre dessachets de cocaïne. Manuel était revendeur ou dealer, et ilobtenait toujours un peu de coke pour son père ; nous avonsalors su comment il s’était procuré les jeux et les friandises.Manuel pouvait m’enseigner,malgré mes quarante-trois ans,comment survivre dans un environnement où la délin-

2 TEMOIGNAGES FMS Echos Maristes

À E L P I N A R D E R U B Í , E S P A G N E

Volontariat, une expérience vécueVolontariat, une expérience vécueKary Lumbreras, Association Compartir, inspirée de Marcellin Champagnat - Rubí, Espagne

Contempler l’avenir avec espoir

Numéro 47 – Année 17 – Mars 2004INSTITUT DES FRÈRES MARISTES

DIRECTEUR : Fr. Lluís SerraTRADUCTEURS : français : Gilles Beauregard; anglais : FF. GerardBrereton, Joseph Belanger et Mario Colussi; espagnol : FF. MiguelÁngel Sancha et Josep Roura ; portugais : João Fagherazzi et VirgilioBalestro.PHOTOGRAPHIE : Fr. Lluís Serra et archives

MAQUETTE ET CLICHÉS : TIPOCROM S.R.L. – Via G.G. Arrivabene, 24Rome. Italie

RÉDACTION ET ADMINISTRATION : Piazzale Marcellino Champagnat, 2 C.P. 10250, 00144 - Rome. Italie.Tél : (39) 06545171 - Fax : (39) 0654517217

E-MAIL : [email protected] WEB : www.champagnat.orgEDITEUR : Institut des Frères Maristes. Maison générale – Rome. Italie.IMPRIMEUR : C.S.C. GRAFICA, s.r.l – Via G.G. Arrivabene, 40 – Rome. Italie.

Donner la joie aux enfants

Page 3: ECHOS Maristes - Champagnat

NOUS SOMMES DANS L’ANNÉE DU

FRÈRE FRANÇOIS. QUI ÉTAIT LE

FRÈRE FRANÇOIS ?Gabriel Rivat (Frère François)est né en 1808. À dix ans il serale sixième frère de laCongrégation. À dix-huit ansMarcellin l’appelle àl’Hermitage comme directeurde la maison. Vite il devient sonsecrétaire, son conseiller, sonremplaçant. De 1839 à 1860 ilguide une congrégation enpleine expansion. Puis seretrouve directeur de la maisonde l’Hermitage. Il meurt en1881.

QUELS ASPECTS DE SA PERSONNALITÉ

ATTIRENT LE PLUS ? D’abord l’amour qu’il porteaux frères ; ses lettres le disentsouvent et avec lui laCongrégation passe de 280 à2086 frères. Puis la volontéd’être le portrait vivant duFondateur. François traduit lecharisme de Marcellin enstructures solides : Règles,Constitutions… Ouvert à laculture, il laisse des milliers depages où nous retrouvonsMarcellin et les origines. Habileinfirmier, à la fois médecin et

maman, il cultive les plantesmédicinales et protége lesoiseaux.

SA SPIRITUALITÉ A-T-ELLE QUELQUE

CHOSE À DIRE AUX FRÈRES ET AUX

LAÏCS MARISTES : HOMMES ET

FEMMES ?Selon le style de son temps, ondécouvre sa passion pour leChrist, sa grande confiance àMarie, son sens fraternel.Attentif aux pauvres, il lesvisite, leur apportemédicaments et conseils.Mystique, il dit la joie derencontrer Dieu. Il lance leculte du Fondateur et fait del’Hermitage le sanctuairemariste.

TU NE CROIS PAS QU’ON SOIT TRÈS

IGNORANT DE LA VIE ET DE LA

PENSÉE DU FRÈRE FRANÇOIS ?Oui, et on a des préjugés. Il estvrai que des aspects de sonstyle ont vieilli, mais pas satendresse, ni l’énergie mise àservir la Congrégation. À 52ans il était épuisé, commeMarcellin qui meurt à 51 ans.

FMS Echos Maristes ENTREVUE 3

Le Frère François : portrait vivant du FondateurEntrevue du Frère Giovanni Bigotto par le Frère Lluís Serra

OÙ EN EST LA CAUSE DU FRÈRE

FRANÇOIS ?Le titre de vénérable reconnaîtqu’il est chemin vers leSeigneur, homme d’amour, deservice, d’effacement, modèlepour tout chrétien. C’estbeaucoup. Nous attendons un miraclepour la béatification.

VAUT-IL LA PEINE DE FAIRE TANT

D’EFFORTS POUR OBTENIR LA

CANONISATION ?Faisons-nous beaucoupd’efforts ? La canonisationserait une grande grâce pournotre famille : un Frère Maristecanonisé, ce serait le premier !

FAIRE UNE NEUVAINE AU FRÈRE

FRANÇOIS, EST-CE QUE CELA A DU

SENS ?Une neuvaine requiert une foiadulte, un cœur profondémenthumain qui aime la personnepour qui on prie et qui estfamilier du saint invoqué.

QUELS SONT LES BUTS DE CETTE

ANNÉE DU FRÈRE FRANÇOIS?Redécouvrir François et lafraîcheur de notre identité defrères. Le prier en faveur desvocations maristes. S’il plaît à Dieule miracle de labéatification...pour 2008 ?

Le Frère Giovanni Maria Bigotto, 65 ans, est né à San Giorgio di Nogaro, Udine, Italie. Il a travaillé 33 ans à Madagascar et 7 à Nairobi, Kenya.

Actuellement il est Postulateur général à Rome, chargé des causes de sainteté de l’Institut Mariste.

Les Frères Giovanni et Diogène avec des

frères malgaches à Nairobi

Frère François (Gabriel Rivat)

Frère Giovanni

Bigotto,

Postulateur

général

Page 4: ECHOS Maristes - Champagnat

EN CHEMIN AVEC DIEU

Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! » Je commence ce simple articlesous cette forme, car cette semaine le peuple portugais et les amateurs de football en général ont été confrontés àun événement inattendu. Quelqu’un, dans la fleur de l’âge, est mort au jeu, sans avertissement, en direct, à la télé.Confrontés à cet événement brutal, beaucoup ont commencé à chercher des explications possibles.Dans le for intérieur de plusieurs, la question que Marthe a posée à Jésus il y a deux mille ans semble une ques-tion bien appropriée. Mais le silence s’est révélé la seule réponse compréhensible et adaptée devant le mystère decette mort.J’ai débuté ainsi cet article parce que je comprends que lorsque nous sommes confrontés à la question de la recherchede Dieu, nous devons d’abord prendre conscience que nous explorons un mystère. Mystère qui nous semble parfoistout proche, mais qui, d’autres fois, semble ne pouvoir vraiment être expliqué que par des mots qui expriment unegrande distance.Néanmoins, sur ce chemin compliqué et ardu de la foi, une lumière nous est indiquée, une lumière qui nous permetd’emprunter le chemin de la recherche.Je suis conscient que Dieu est présent dans ma vie, dans les choses simples qui m’arrivent au jour le jour, et non seu-lement dans les grands événements. Je cherche toujours à le remercier pour les amis, les joies, le travail, la possibili-té de l’avoir, ma famille, et tant d’autres choses inattendues qui m’arrivent. Je mentirais si je ne disais pas que, par-fois, je fais aussi des demandes, parce que je comprends que demander est aussi un acte qui nourrit une relation entreamis. Et avec Dieu c’est aussi le sens de cette relation.Dans cette relation, il y a aussi des moments où, parfois, j’ai comme la certitude que nous ne sommes pas proches.Quand parfois la vie m’éprouve, la question de Marthe me vient à l’esprit, comme si Dieu, pour quelques instants,avait oublié que j’existe.Je me demande souvent si ce n’est pas plutôt nous, vous et moi, qui oublions Dieu.Oui, parce que ma foi me dit que c’est toujours lui qui me cherche. Il est dommage que je ne puisse pas toujours enavoir la certitude. Mais, n’est-ce pas là aussi ce qui est inhérent à notre condition humaine ?

Eurico SantosProfesseur à l’Externat Mariste de Lisbonne

Province de Compostelle

Marie et Joseph rentrent de la fête de Jérusalem. Jésus, âgé de 12 ans,ne va pas avec la caravane. Ses parents le cherchent et ne le trouventpas. Ils retournent dans la ville. Ils parcourent des rues et des lieux

connus. Leur angoisse se termine le troisième jour, lorsqu’ils le voientparmi les docteurs. Ses parents ne comprennent pas la réponse: « Nesaviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père? », mais ilsla gardent dans leur cœur. Pour nous, frères et laïcs, la chose n’est pasfacile, non plus. Il est des moments où l’on dirait que Jésus disparaît,

mais nous pouvons le chercher comme l’a fait Marie.

« POURQUOI NOUS AC H E R C H E R J É S U S

Page 5: ECHOS Maristes - Champagnat

UNE VITALITÉ RETROUVÉE

Je pars d’une histoire que vous connaissez probablement. Un monastère traversait une période difficile. Il ne res-tait que cinq moines, tous âgés de plus de 70 ans. Non loin du monastère, un rabbin de la ville voisine avait amé-nagé un petit ermitage. Un jour, le Père Abbé qui se désolait de la mort prochaine de sa congrégation eut l’idée derendre visite au rabbin pour lui demander s’il n’avait pas quelques conseils à lui donner pour sauver le monastère.Le rabbin ne put que compatir au sort prévisible du monastère et lui dit : « La même chose se produit dans ma vil-le. Presque plus personne ne vient à la synagogue. » Après avoir compati ensemble, ils lurent certains passages dela Torah. Avant de quitter l’ermitage, le Père Abbé redemanda au rabbin : « Ne pouvez-vous pas me donner le moindreconseil qui m’aiderait à sauver ma congrégation? » « Non, je suis désolé », répondit le rabbin, « je n’ai pas de conseilà vous donner. Je peux seulement vous dire que le Messie est l’un de vous. »De retour au monastère, les moines entourèrent le Père Abbé et lui demandèrent : « Alors, que vous a dit le rabbin ? »« Il a été incapable de m’aider. Il m’a seulement dit une chose très étrange : le Messie serait l’un d’entre nous. J’igno-re ce que ça veut dire. »Au cours des semaines qui suivirent, les vieux moines ruminèrent les paroles du rabbin. Tout en réfléchissant de lasorte, ils se mirent à faire preuve d’un grand respect dans leurs rapports mutuels, au cas où l’un d’entre eux seraitle Messie. Chacun commença à traiter l’autre avec un infini respect. À leur insu, les moines semblaient irradier deleur personne et transformaient l’esprit des lieux. Le phénomène avait quelque chose d’attirant. Les gens se rendi-rent plus souvent au monastère. Puis, il arriva que quelques jeunes, en visite au monastère, reprirent contact avecles moines. L’un d’eux demanda s’il pouvait se joindre à eux. Puis un autre.Grâce au cadeau du rabbin, le monastère redevint un lieu vibrant de spiritualité et de lumière.Ces moines avaient retrouvé une vitalité, jusque là, insoupçonnée.POURQUOI ? COMMENT ? À chacun, chacune, d’interroger son cœur dans le secret.

Réal Cloutier fmsProvincial

Province du Canada

DIALOGUE EN GROUPE:

1-Est-ce que j’ai vécu, comme Marie,un moment d’obscurité dans

ma vie spirituelle ?

2- Quelle signification et quelles conséquencesl’histoire du Frère Réal a-t-elle

pour notre vie ?

S AS-TU FAIT CELA ? »S C O M M E M A R I E

Page 6: ECHOS Maristes - Champagnat

La spiritualité et la mission de saintMarcellin sont sources d’inspirationpour beaucoup de chrétiens,hommes et femmes.Le MouvementChampagnat de la Famille Maristeoffre des orientations de base et unprojet de vie pour que les personnesintéressées puissent partager leurfoi dans de petits groupes, appelésfraternités. De manière progressi-ve mais constante, ces fraternitésont été créées dans différents paysdu monde sur les cinq continents.La spiritualité personnelle et l’en-gagement social trouvent le cadreadéquat dans la fraternité mariste.On favorise ainsi la collaborationavec d’autres personnes qui parta-gent des objectifs semblables.Marcellin Champagnat est une ins-piration pour qui veut vivre sa foidans un contexte séculier et multi-culturel. Les valeurs de la personne,comme l’amour, la foi, la solidarité,etc. sont tellement fondamentalesqu’elles apparaissent au sein de

6 FRATERNITES MARISTES FMS Echos Maristes

Des fraternités, un style contemporain de vie chrétienne

comprendre nos élèves,de les aiderà découvrir leur personnalité etleurs espoirs et de leur permettrede surmonter leurs difficultés, enun mot, de les accompagner dansleur maturation. Ce qui pour nousapparaît très positif, c’est qu’à traversnos courtes causeries suivies de laprière,nous cultivons notre confian-ce à Marie, nous découvrons mieuxnotre saint Fondateur, nous vivonsplus près du Christ.Nous, les membres du groupe,sommes motivés par un profond etsincère désir de nous approcher leplus possible de nos élèves, surtoutdes plus démunis.De les écouter,departager leurs préoccupations,danset en dehors de l’établissement sco-laire.De leur faire comprendre que« Dieu les aime et qu’Il les aimetous également. » Le moment leplus fort de nos rencontres est sansaucun doute, le moment de la priè-re partagée.Chaque membre rentrechez lui plus motivé, plus serein etplus fortifié,pour répondre à sa mis-sion auprès des enfants.Nous souhaitons que d’autres col-lègues, et même des élèves, vien-nent agrandir notre groupe. Nousespérons que le grain que noussommes en train de semer porterades fruits.

Kostas BarkoglouProfesseur de français, membre du groupe

Marist Cityhouse, Sydney,AustralieMarist Cityhouse forme une com-

chaque culture.Pour cemotif, la personnalité deMarcellin continue d’at-tirer des gens de diffé-rents pays à diversesépoques historiques. Lavie, enracinée dans l’es-sentiel, n’a pas besoinde commentaires in-utiles. Elle parle d’elle-même. Les fraternitésmaristes se laissent in-terpeller par saint Mar-cellin pour vivre plus

pleinement leur foi chrétienne dansle monde contemporain.

Un groupe du MouvementCHAMPAGNAT à caractèreoecuméniqueUn groupe de réflexion, de partageet de prière au Lycée Léoninde Patissia, Athènes.Cela fait bientôt deux ans que nous,un petit groupe de frères et d’en-seignants laïques, décidions de sor-tir du préau scolaire et des salles declasse afin de nous retrouver unpeu autrement. Il s’agissait de pro-fesseurs enseignant différentes ma-tières : cours de langue, de littéra-ture grecque, de mathématiques,etc. Certains d’entre nous sont dedogme catholique et d’autres dedogme orthodoxe.Ce qui nous a poussés à nous grou-per, c’est le besoin vital que nousressentions d’approfondir encoreplus notre mission éducative maris-te, de nous entraider afin de mieux

La fraternité mariste, un travail d’équipe

SIMPLICITÉ ET HUMILITÉLa pratique des vertus de simplicité et d’humilité forme le troisième élément essentiel dela spiritualité de notre Fondateur. La simplicité caractérisait Marcellin Champagnat. Il étaitdirect, enthousiaste, confiant. Il encourageait ses frères à développer les mêmes traits.Marcellin était un homme humble ; en grandissant, il en est venu à se connaître et às’accepter. Le Fondateur n’était pas prétentieux. De même, il nous a mis au défi, nous sesfrères, d’être sincères et simples.Les relations du Fondateur avec les enfants révèlent vite ces deux qualités. Il a expriméson amour des enfants et des jeunes en des façons étonnamment directes. On leconsidérait excellent catéchiste, parlant facilement au cœur des jeunes pour rejoindre leurspréoccupations. Il se renseignait sur leur éducation et leur catéchisation ; souvent onl’entendait dire : « Je ne puis voir un enfant sans éprouver l’envie de lui faire le catéchisme,sans désirer lui faire connaître combien Jésus-Christ l’a aimé. » (V 549)

Fr. Seán Sammon, Une Révolution du Cœur, p. 63)

Page 7: ECHOS Maristes - Champagnat

munauté mariste plutôt inhabituel-le. On n’y trouve aucun frère maisnotre but est semblable à celui den’importe quelle communauté dansle monde,et c’est de faire connaîtreet aimer Jésus-Christ. Cityhouseest une communauté de six jeunesadultes qui vivent et prient en-semble.Nous sommes étudiants outravailleurs à temps plein. Notremission est de former une commu-nauté d’accueil pour d’autres jeunesadultes. Notre énoncé de missionl’exprime clairement.Cityhouse est une communauté ma-riste formée de jeunes adultes quis’engagent à se soutenir les uns lesautres en offrant un lieu d’accueil etd’appartenance où la spiritualité dechacun est valorisée et nourrie.Une fois par mois nous avons une ac-tivité appelée « Porte ouverte » quirassemble de jeunes adultes et desfrères autour de notre communau-té pour un temps de prière ou d’Eu-

FMS Echos Maristes FRATERNITES MARISTES 7

ACCUEILLIR LESENFANTSJe voudrais rappeler ici les parentsqui n’hésitent pas à prendre encharge une famille nombreuse, lesmères et les pères qui, au lieud’avoir comme priorité larecherche de leur succèsprofessionnel et de leur carrière,se préoccupent de transmettre àleurs enfants les valeurs humaineset religieuses qui donnent le sensvéritable à l’existence.Je pense avec une admirationpleine de gratitude à ceux quiprennent soin de la formation desenfants en difficulté et quisoulagent les souffrances desenfants et de leurs prochescausées par les conflits et laviolence, par le manque d’eau et denourriture, par l’émigration forcée,ainsi que par les nombreusesautres formes d’injustice quiexistent à travers le monde.Face à une telle générosité, il fautnéanmoins constater égalementl’égoïsme de ceux qui« n’accueillent » pas les enfants.Il existe des mineurs qui sontprofondément blessés par laviolence des adultes : abus sexuels,engagement dans la prostitution,implication dans le trafic et laconsommation de drogue ; desenfants obligés à travailler ouenrôlés pour combattre ; desenfants innocents marqués pourtoujours par la désagrégationfamiliale ; des petits enfantsdétruits par le trafic abjectd’organes et d’êtres humains. Etque dire de la tragédie du sida avecses conséquences dévastatrices enAfrique ? Il est question désormaisde millions de personnes touchéespar ce fléau et, parmi elles,nombreuses sont celles qui ont étécontaminées dès leur naissance.L’humanité ne peut pas fermer lesyeux devant un drame aussipréoccupant.

Message de Jean-Paul II pour le Carême

charistie ou de conférence. Nouschoisissons des sujets qui touchentnos vies et, parfois, des sujets enrapport avec le temps liturgique.

Colloque sur la Mission Maristeen EuropeUne rencontre enrichissante à Notre-Dame de l’HermitageÀ la fin de l’année 2003,nous avonseu la chance de participer à un col-loque sur la Mission Mariste en Eu-rope, organisé à l’Hermitage du 26au 31 décembre par la Commissionde la Mission du Conseil général.C’était pour nous tous, frères etlaïcs,une occasion de commémorerle centenaire de la loi Combes, unmoment dur pour l’Institut qui apourtant aidé la Mission Mariste à« fleurir » dans de nouveaux pays,cequi nous mène à être vraiment re-connaissants envers les Maristesfrançais.Aussi sommes-nous parvenus pen-dant ces quatre jours de travail in-tense et fructueux, à l’aide des ren-contres et des propositions re-cueillies par groupe ou par Province,à faire une synthèse finale qui met enévidence nos aspirations et nospoints de vue sur la mission mariste,face au futur, au niveau continental.À la fin de ce colloque, nous tousqui avons participé à cette ren-contre enrichissante, nous noustournons vers le Ciel pour rendregrâce de ces dons précieux que leSeigneur a offerts à la jeunesse :Saint Marcellin Champagnat et l’Ins-titut Mariste.

Angela SestriniLycée Léonin de Patissia, Athènes

Saint Marcellin, une lumière pour le monde

d’aujourd’hui

Intervention du Frère Seán au Colloque européen

Page 8: ECHOS Maristes - Champagnat

La compassion est une bonne ver-tu, mais elle est stérile si elle nemène pas à l’action contre l’injus-tice et tout ce qui dégrade l’hom-me.Marcellin Champagnat l’a biencompris. Dès ses premiers jours àl’école, la brutalité d’un enseignantl’a révolté. Dans sa petite têtetournait la question – program-me : « pourrait-on avoir des en-seignants qui éduquent par amourplutôt que par contrainte ? » Ain-si plus tard allait-il émettre le prin-cipe pédagogique selon lequel« Pour éduquer les enfants il fautles aimer. » Principe concrétisédans la « Pédagogie de la présen-ce. » Il est contre tout ce qui hu-milie l’enfant.Encore séminariste, Champagnatoccupe ses vacances à affronterl’ignorance religieuse chez les en-fants et les jeunes d’après la Ré-volution. Il ne peut en voir aucunsans éprouver l’envie de lui faire lecatéchisme. L’événement décisifdu 29 octobre 1816, au chevet dujeune Jean-Baptiste Montagne, ago-nisant sans espoir de rencontrerun Dieu aimant, sert de starterpour s’associer un groupe dejeunes qui deviendront les pre-miers Frères Maristes.Les difficultés financières, les cri-tiques acerbes des confrères etmême des autorités ecclésias-tiques, les suspicions de ceux quipensent qu’il est en train de fonderune nouvelle secte, les menacesde dissolution de l’Institut nais-sant, les intempéries, les excès dela Révolution, etc., rien ne peut ledécourager. Il est convaincu duprojet : « Dieu le veut. » Il répèteà ses Frères : « Quand on a Dieupour soi, quand on ne compte quesur lui, rien n’est impossible. »Sa confiance absolue en Marie qu’ilappelle la « Bonne Mère », lui at-tire des vocations et son œuvrecontinue. Les « Semeurs d’espé-rance », frères et laïcs, continuentà prouver que la compassion doitêtre agissante si elle puise dans lecœur de Dieu.

8 SAINT MARCELLIN FMS Ecos Maristas

Champagnat, homme à la compassion agissanteFrère Eugène KABANGUKA, Provincial – Province d’Afrique Centre-Est. Kigali – Rwanda

Homme de cœur et d’action,Champagnat insiste aujourd’huisur l’appel du 20e Chapitre géné-ral: « Aller de l’avant en-semble, Frères et Laïcs, de fa-çon résolue et manifeste, ennous rapprochant davantagedes enfants et des jeunes pluspauvres et exclus, à travers denouveaux chemins d’éduca-tion, d’évangélisation et de so-lidarité » (Message n° 31).Ayonsune sensibilité créative face auxbesoins des enfants et des jeunesde notre temps ! Là où les familleset les gouvernements se désenga-gent, suscitons la joie de vivre. Et,plus nous donnons la joie auxautres, davantage nous en avons.Plus nous en sommes avares, plusnous en manquons. Et commeChampagnat, ayons un horizon as-sez ouvert : « Tous les diocèsesdu monde en-trent dansnos vues »,disait-il.

PUBLICATIONS

Spiritualité apostoliquemaristeUne Commissioninternationale, formée de 14membres des cinqcontinents, s’est réunie àRome du 12 au 16 févrierpour poser les bases à larédaction d’un document quiprésentera les grandes lignesde la spiritualité apostoliquemariste.

Visites du ConseilgénéralDe mars à mai, le Conseilgénéral effectura la visite desfrères, des communautés etdes œuvres de la région duPacifique. Du 12 au 15 mai, ily aura une session duConseil général élargi àBrisbane en Australie.

La page web de l’InstitutÀ l’adressewww.champagnat.org onpourra trouver la nouvellepage web de l’Insitut desFrères Maristes. On yretrouvera des nouvellesd’actualité et de nombreuxdocuments d’intérêt dans lesquatre langues officielles del’Insitut.

Le rêve de Marcellin :vis-le !Voici le slogan choisi pour lacélébration de l’annéevocationnelle mariste quicommencera en septembreprochain, à l’occasion de laFête de la Nativité de Marie.

Bulletin maristeCe Bulletin d’informationpublié au moins chaquesemaine est offertgratuitement par courrierélectronique à toutepersonne intéressée.On peut y souscrire à :www.champagnat.orgStatue de saint Marcellin à Gualalajara,

Jalisco, Mexique