33
Kenza HASSOUNI Kenza HASSOUNI Kenza HASSOUNI Kenza HASSOUNI High Technologie School In Morocco 3 ème année Management

Economie Industrielle - Partie I

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Economie Industrielle - Partie I

Kenza HASSOUNIKenza HASSOUNIKenza HASSOUNIKenza HASSOUNI

High Technologie School In Morocco

3ème

année Management

Page 2: Economie Industrielle - Partie I

2

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

PLAN

I- Quelques rappels....…………………………………………………….. 4

A. Marché pertinent……………………………………………….. 4

B. Concurrence pure et parfaite…………………………………… 5

C. Concurrence efficace…………………………………………... 6

D. Structures de marché…………………………………………... 6

E. Economies d’échelles………………………………………….. 9

II- L’industrie et ses spécificités…………………………………………. 9

A. Présentation des différents secteurs……………………………. 9

B. Présentation de l’industrie……………………………………... 9

C. Caractéristiques du secteur secondaire………………………… 10

III- Présentation de l’économie industrielle…………………………….. 11

A. Origines de l’économie industrielle……………………………. 11

B. Définition de l’économie industrielle………………………….. 12

C. A quoi sert l’économie industrielle?...…………………………. 12

Synthèse……………………………………………………………… 13

IV- Objectifs de l’économie industrielle et remise en cause de l’approche néoclassique……………………………………………...

14

A. Objectifs de l’économie industrielle…………………………… 14

B. Remise en cause de l’approche néoclassique………………….. 20

V- Les écoles de pensées………...……………………………………….. 22

A. L’école de Harvard………………...…………………………... 23

1. Le paradigme Structure-Comportement-Performance ...… 23

Page 3: Economie Industrielle - Partie I

3

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

B. L’école de Chicago…………………………………………….. 25

C. L’école française……………………………………………….. 26

VI- Les surplus……………………………………………………………. 26

A. Le surplus des consommateurs….....…………………………... 26

B. Le surplus des producteurs…………………………………….. 26

C. Le surplus total d’un secteur…………………………………… 27

VII- Le monopole………………………………………………………... 27

A. Définition du monopole………………………………………... 27

B. Un problème de politique économique………………………… 28

C. Les sources du monopole……………………………………… 28

D. La stabilité des monopoles 30

E. Les politiques prix du monopole 30

F. Monopole et discrimination 31

G. Monopole et innovation 31

Bibliographie 33

Page 4: Economie Industrielle - Partie I

4

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

I- Quelques rappels

A. Le marché pertinent

Avant de définir la notion de marché pertinent, il est important de bien définir la notion de

marché elle-même.

Ainsi, le marché est un ensemble d'interactions entre des vendeurs et des acheteurs potentiels

d'un bien économique, interactions constituées d'échanges d'information, de négociations et

de transactions se déroulant dans des conditions de concurrence homogène.

Le marché est donc un système d'échanges où se rencontrent l'offre (les vendeurs) et la

demande (les acheteurs).

Le marché pertinent, quant-à lui, permet d’identifier et de définir le périmètre à l’intérieur

duquel s’exerce la concurrence entre entreprises.

Pour analyser le marché pertinent, il faut prendre en compte deux dimensions:

1- Le marché de produits;

2- Le marché géographique.

1. La dimension du produit englobe tous les biens et services qui constituent des substituts

proches. Ces derniers font donc partie du même marché.

La dimension de produits permet de préciser quelles variétés de produits sont considérées

comme appartenant au même marché.

On dit de deux produits «a» et «b» sont substituables si une augmentation du prix de «a»

pousse les consommateurs à acheter moins du produit «a» et plus du produit «b».

Ex: l’huile et le beurre.

2. Dimension géographique concerne le territoire sur lequel les entreprises concernées sont

engagées dans l'offre des biens et des services en cause, sur lequel les conditions de

concurrence sont suffisamment homogènes.

On se demande si le bien ou service produit par une entreprise dans la région x peut-être

substitué, sans hausse excessive de coût, par le même bien ou service produit par une

entreprise située dans une autre région.

Page 5: Economie Industrielle - Partie I

5

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

B. Concurrence pure et parfaite

Un marché de concurrence pure et parfaite est un marché qui satisfait les conditions suivantes

(Knight, 1921):

1. Atomicité: il existe un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs, aucun ne pouvant

influencer le marché.

2. Homogénéité des produits: le produit est considéré comme identique par tous les

acheteurs (aucune caractéristique particulière). Le seul critère de choix est donc le prix.

3. Libre entrée et libre sortie: tout producteur et tout acheteur sont libres d’entrer sur un

marché et d’en sortir.

4. Mobilité des facteurs de production: facteurs de production (travail, capital) peuvent se

déplacer librement d’un marché d’un produit à un autre marché.

5. Transparence de l’information: l’information est libre, gratuite et symétrique pour tous

les acteurs.

Mais les conditions d'une concurrence pure et parfaite semblent difficiles à atteindre:

1. Atomicité: un nombre réduit de producteurs ou d'acheteurs peuvent imposer leur prix.

2. Homogénéité des produits: une Mercedes et une Renault ne sont pas strictement

identiques.

3. Libre entrée et sortie sur le marché: protectionnisme, permis d'exploitation, coût de

recherche et développement, brevets sont des entraves à l'entrée de nouveaux

producteurs.

4. Mobilité des facteurs de production: les travailleurs bougent difficilement.

5. Transparence de l’information: l'existence même du métier de courtier (ex: les

courtiers dans l’immobilier) prouve que l'information n'est pas gratuite.

Le modèle de concurrence pure et parfaite est donc un modèle qui se trouve peu dans la réalité

mais qui doit servir de référence.

Page 6: Economie Industrielle - Partie I

6

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

C. Concurrence pure et parfaite

La concurrence efficace favorise l’innovation et le progrès technique, une offre étendue, un

rapport prix-prestation plus compétitif pour les produits et services ainsi qu’un accroissement

de la prospérité en général.

Du point de vue macroéconomique, il faut privilégier des solutions concurrentielles,

également lorsqu’elles impliquent des changements et des adaptations pour les individus

concernés.

La concurrence efficace prévient les abus de position dominante. Toutefois, la puissance sur

le marché n’est pas nécessairement le reflet d’un abus, elle peut être la conséquence d’une

force d’innovation spéciale ou de l’excellence d’une prestation.

D. Structures de marché

Les structures de marché que l’on peut rencontrer sont les suivantes:

� Monopole: situation de marché où il existe de nombreux acheteurs et un seul

vendeur (barrières à l’entrée).

Ex: OCP pour le phosphate.

� Oligopole: situation de marché où se rencontre un nombre très faible d'offreurs

(vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients).

Ex: le secteur des télécoms (IAM, Méditel, Inwi).

� Monopsone: marché sur lequel un seul demandeur se trouve face à un grand nombre

d'offreurs.

Ex: Dar sekka et BAM.

� Monopole-Monopsone: une entreprise qui détient une position d’intermédiaire entre

l’offre et la demande.

Ex: les cabinets de recrutement.

� Concurrence monopolistique: les entreprises présentes sur le marché cherchent à

obtenir un certain pouvoir sur le marché en différenciant leur produit.

Ex: le marché de l’automobile.

Page 7: Economie Industrielle - Partie I

7

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Tableau récapitulatif (Tableau de Stackelberg)

Offre / Demande Un seul acheteur Quelques acheteurs

Un grand nombre

d'acheteurs

Un seul vendeur Monopole bilatéral Monopole contrarié

Monopole

Quelques vendeurs Monopsone contrarié Oligopole bilatéral

Oligopole

Un grand nombre de vendeurs

Monopsone Oligopsone

Concurrence pure et

parfaite

E. Les économies d’échelles

Les économies d’échelles sont généralement des économies réalisées sur le coût d’un produit

par la baisse de la quotité des charges fixes unitaires qui lui sont imputables, du fait de

l’augmentation du volume de production pour une même quantité de charges fixes.

Les économies d’échelles proviennent également d’effets d’apprentissage et d’économies

réalisées sur les coûts d’approvisionnement.

Ex: Années Quantité

produite Charges fixes

unitaires Economies d’échelles

Charges fixes

1 1000 400 - Loyer 100000

400000

2

1500 266 134

Redevance leasing 100000

3 2500 160 106 Amortissement 200000 4 4000 100 60

1ère année: - Production 1000 voitures.

- Charges fixes: - Loyer de 100000 dhs, - Redevance leasing de 100000 dhs, - Amortissement de 200000 dhs. - Total: 400000 dhs.

- Charges unitaires fixes: 400000 / 1000 = 400 dhs.

Page 8: Economie Industrielle - Partie I

8

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

2ème année: - Production 1500 voitures. - Charges fixes: - Loyer de 100000 dhs,

- Redevance leasing de 100000 dhs, - Amortissement de 200000 dhs. - Total: 400000 dhs.

- Charges unitaires fixes: 400000 / 1500 = 266 dhs.

- Economie d’échelle: 400 - 266 = 134 3ème année: - Production 2500 voitures.

- Charges fixes: - Loyer de 100000 dhs, - Redevance leasing de 100000 dhs, - Amortissement de 200000 dhs. - Total: 400000 dhs.

- Charges unitaires fixes: 400000 / 2500 = 160 dhs.

- Economie d’échelle: 266 - 160 = 106 4ème année: - Production 4000 voitures.

- Charges fixes: - Loyer de 100000 dhs, - Redevance leasing de 100000 dhs, - Amortissement de 200000 dhs. - Total: 400000 dhs.

- Charges unitaires fixes: 400000 / 4000 = 100 dhs.

- Economie d’échelle: 160 - 100 = 60 Graphique représentatif

Conclusion: Plus ma production augmente et plus mes charges fixes unitaires diminuent.

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

1 2 3 4

Années

Quantité produite

Charges fixes unitaires

Page 9: Economie Industrielle - Partie I

9

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

II- L’industrie et ses spécificités

A. Présentation des différents secteurs

Vers le milieu du 20ème siècle, Jean Fourastié -Le grand espoir du XXème siècle, 1949-, Colin

Clark et Allen Fisher ont mis en avant une subdivision de l'appareil productif d'un pays en 3

sous-systèmes appelés les trois secteurs:

1- Le secteur primaire: ensemble des entreprises assurant la première transformation

des ressources naturelles (l’agriculture);

2- Le secteur secondaire: regroupe les entreprises de transformation des biens

primaires en produits plus élaborés, jusqu'aux produits prêts à être consommés

(l’industrie);

3- Le secteur tertiaire: lieu de la production de services -produits et consommés

directement, sans stockage et sans transformation de biens- (les services).

Aujourd’hui, on peut rajouter à cette subdivisons un quatrième secteur:

Le secteur quaternaire: regroupe les produits du savoir et de la communication et reposant

sur et reposant sur la propriété intellectuelle (les technologies de l’information et de la

communication).

B. Présentation de l’industrie

L'industrie joue un rôle central dans les économies développées, depuis la révolution

industrielle qui a vu le développement extraordinaire de la puissance productive des

économies occidentales à partir de la deuxième moitié du 18ème siècle, ainsi que le

développement de nouvelles structures sociales et notamment de la classe ouvrière.

Durant environ deux siècles, le poids de l'industrie dans l'économie s'est accru de manière

continue pour représenter, durant les trente glorieuses (1945 et 1973), près de la moitié de

l'activité économique en France et dans les pays comparables, que ce soit en termes de produit

(part des produits industriels dans la production totale) ou en termes d'utilisation des facteurs.

Page 10: Economie Industrielle - Partie I

10

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Cependant, depuis les années 1970, le rôle de l'industrie a régressé de manière considérable.

Les économies développées entrent dans une ère post-industrielle caractérisée par une

dématérialisation des activités, une croissance forte des secteurs de service, et un poids

toujours plus fort des technologies de l'information.

C. Caractéristique du secteur secondaire

Le secteur secondaire comprend donc l'ensemble des secteurs de l'industrie manufacturière.

Se distingue nettement des autres secteurs selon 3 caractéristiques:

1- Le recours au facteur capital (capital matériel ou la mécanisation): très important

dans les secteurs industriels alors que l'agriculture et les services traditionnels sont

peu mécanisés.

2- Progrès technique rapide dans le secteur secondaire, alors que dans le secteur

primaire cette vitesse est faible et quasi-nulle dans les services traditionnels.

3- La taille des entreprises: en raison de la mécanisation, la taille absolue s’accroît et

les firmes géantes l’apparaissent.

Il est important de noter que certaines activités de service, donc hors du traditionnel secteur

secondaire, partagent ces mêmes caractères: connaissent aussi des structures liées au capital et

à la présence de firmes géantes.

Ex: l'industrie du logiciel, l’industrie du transport aérien.

Ses activités seront donc soumises aux mêmes formes d'analyse et l'économie industrielle s'y

intéressera comme aux industries traditionnelles.

Page 11: Economie Industrielle - Partie I

11

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

III- Présentation de l’économie industrielle

A. Origines de l’économie industrielle

Au début du 20ème siècle, et encore plus nettement depuis la seconde guerre mondiale,

l'économie industrielle a connu un remarquable essor.

Cette essor correspond tout autant à un souci de rejet des schémas théoriques mal adaptés

pour rendre compte de la réalité industrielle qu'à un besoin de forger des instruments

opératoires nouveaux dans le cadre des théories radicalement nouvelles.

Le père de l‘économie industrielle est incontestablement Alfred Marshall (Grande-Bretagne).

Mais, il serait fondamentalement injuste de passer sous silence les apports déterminants des

auteurs tels Jean Batiste Say (France), List (Allemagne) qui ont consacré d'importants

développements à l'analyse des premiers systèmes industriels.

Dans ses principaux ouvrages, Marshall étudie l'organisation industrielle, cette forme

d'entreprise nouvelle qui vient remplacer la manufacture et lui est très supérieure en efficacité.

Il analyse concrètement cette nouvelle organisation du travail et de la production et en déduit

certains concepts permettant de comprendre la domination de certaines firmes sur d'autres.

Marshall présente une analyse des phases de développement des industries et s'efforce

d'intégrer les apports des écoles descriptives dans un ensemble de développement théorique

plus complexe, de façon à créer un cadre réaliste d'analyse, d'inspiration à la fois classique et

néo-classique.

La démarche de Marshall révèle déjà très bien ce que sera par la suite toute la démarche de

l'économie industrielle. Elle ne constitue pas en effet une stricte rupture par rapport à l'analyse

qui sera dominante. Elle correspond seulement au souci de confronter les prédictions de

l'économie pure avec les faits quotidiens.

Malheureusement certains auteurs (ses successeurs) vont progressivement faire perdre à cette

démarche marshallienne son souci d'intégrer les faits dans un cadre théorique plus vaste

simplifiant l'analyse d'une manière drastique, pour donner l'allure d'un système plus

rigoureux, plus scientifique mais bien appauvri.

Page 12: Economie Industrielle - Partie I

12

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

B. Définition de l’économie industrielle

L’économie industrielle est la partie des sciences économiques qui étudie le fonctionnement

des industries et des entreprises en tenant compte des phénomènes d'information imparfaite,

d'incertitudes, de coûts de transaction, barrières à l'entrée…

Le mot «industrie» signifie dans ce cadre, «marché», c'est-à-dire, un ensemble d'entreprises

en concurrence pour offrir un bien ou un service.

L’économie industrielle s’intéresse:

1- Au fonctionnement des marchés;

2- A la façon dont les firmes se font concurrence sur ces marchés.

Elle approfondit l’analyse de la concurrence entre firmes en mettant l’accent aussi sur les

variables non tarifaires (stratégies publicitaires, de différenciation, investissements en

Recherche et Développement...) et se concentre sur l’analyse des situations de concurrence

imparfaite, entre la vision utopique de la concurrence pure et parfaite et le contre-exemple du

monopole.

Ainsi, l’économie industrielle n'est ni de la microéconomie, ni de la gestion, même si ses

affinités sont grandes avec ses disciplines et si ses spécialités y puisent une grande partie de

leurs aspirations.

C. A quoi sert l’économie industrielle?

L’économie industrielle sert à fournir des outils d’analyse conceptuelle pour analyser les

marchés et les stratégies des firmes: comprendre, évaluer, anticiper

� Pour les entreprises et les cabinets de conseil en stratégie (ex: BCG, McKinsey)

qui analysent et anticipent les comportements des entreprises sur les marchés.

� Pour les autorités de régulation et les autorités de la concurrence (ex: conseil de

la concurrence) qui interviennent pour éviter les conséquences négatives auxquelles

peut conduire le pouvoir de marché.

Page 13: Economie Industrielle - Partie I

13

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

� Pour les banques et autres apporteurs de capitaux qui veulent se forger une

opinion sur la rentabilité et la solvabilité présente et à venir des firmes engagées dans

un secteur d'activité.

� Pour les fournisseurs de biens et services, dont l'activité est étroitement liée à un

secteur-client, pour estimer le rapport de forces dans lequel ils sont placés face à

leurs clients et pour apprécier le potentiel de croissance de leurs débouchés.

� Pour les syndicats professionnels qui veulent pourvoit estimer l'efficacité du

fonctionnement de leur industrie, sa capacité à résister à la concurrence étrangère.

� Pour les syndicats de salariés qui veulent pour apprécier la création et la répartition

des richesses émanant de leur industrie.

� Pour toute personne intéressée à comprendre le fonctionnement concret de telle ou

telle industrie.

Synthèse

Peut-on dire que l'économie industrielle perd de sa pertinence avec le déclin de l’industrie?

Une telle appréciation serait erronée. Car en tant que champ d'étude, l’économie industrielle

est d'un domaine qui a connu un fort développement depuis les années 1960-70.

Les problèmes concrets qui se posent en économie industrielle sont nombreux et de plus en

plus complexes, et le besoin d'une compréhension appropriée des phénomènes, émanant non

seulement des spécialistes mais de nombre de décideurs des secteurs public comme privé,

rend indispensables les efforts de recherche que l'économiste consacre à cette discipline.

En conclusion, il est important de retenir que l'économie industrielle n'est pas l'analyse

économique de l'industrie; par les problèmes auxquels elle s'attaque et par les méthodes

qu'elle met en jeu, elle dépasse largement le cadre de la connaissance des seuls secteurs

industriels.

Page 14: Economie Industrielle - Partie I

14

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

IV- Objectifs de l’économie industrielle et remise en cause de l’approche néoclassique

A. Objectifs de l’économie industrielle

L’économie industrielle est l’«Etude de la structure des entreprises et des marchés, ainsi que

de leurs interactions». Carlton et Perloff in Economie industrielle, De Boeck Université, 1998.

Elle sert à analyser les comportements et les stratégies des entreprises et de la concurrence sur

les marchés.

L’économie industrielle s’intéresse également à la régulation des marchés et à l’organisation

interne des entreprises.

De nos jours, la mondialisation exerce des pressions concurrentielles sur chaque firme. De ce

fait, toute firme qui veut adopter une politique industrielle donnée, doit prendre en

considération les spécificités de l’économie mondiale.

L’étude de la mondialisation est donc nécessaire pour comprendre toute dynamique

industrielle.

Aujourd’hui, toute firme doit nécessairement élaborer sa stratégie de croissance. Or,

l’élaboration d’une telle stratégie, nécessite l’utilisation de méthodes, d’outils et de modèles

précis. L’économie industrielle fournit à l’analyse stratégique ces outils et ces modèles.

On peut citer comme exemple, les outils et modèles suivants:

� La chaîne de valeurs: le concept de chaîne de valeur a été introduit par Michael Porter

dans son ouvrage L'avantage concurrentiel (1986).

La chaîne de valeur permet de décomposer l'activité de l'entreprise en séquence d'opérations

élémentaires et d'identifier les sources d'avantages concurrentiels potentiels.

La chaîne se compose d'une série d'activités génératrices de valeur. Michael Porter distingue

ces activités en deux grandes familles:

Page 15: Economie Industrielle - Partie I

15

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

1. Les activités principales:

- Logistique Interne: dans cette phase les matières premières et les marchandises

sont réceptionnées des fournisseurs. Elles sont stockées jusqu'à l’affectation des

moyens de production nécessaires aux produits (manutention, contrôle des stocks,

renvoi aux fournisseurs…).

- Production: ici les biens sont transformés en produits finis (y compris l'entretien

des machines, l’emballage, le contrôle qualité…

- Logistique Externe: les marchandises sont collectées, stockés et envoyées aux

grossistes, aux distributeurs ou directement aux consommateurs.

- Ventes et Marketing: il s'agit des activités commerciales qui incitent la clientèle à

acheter un produit ou un service. Comme la publicité, la promotion, la force de

vente, les relations publiques, la sélection des circuits de distribution ou la

fixation des prix.

- Services: cette activité comprend tous les services visant à accroître ou à

maintenir la valeur du produit tels que l'installation, la réparation, les pièces de

rechanges, le service après-vente, la formation…

2. Les activités de soutien:

- Approvisionnement: l'entreprise doit acheter des moyens de production tels que

les matières premières, autres biens et services. Le but de cette fonction est

d'obtenir le rapport meilleure qualité /bon prix.

- Recherche et Développement: toute activité nécessite des technologies, Les

entreprises ont besoin donc d'innover pour réduire leurs coûts, se protéger et

maintenir leur avantage concurrentiel.

- Gestion des Ressources Humaine: le personnel de chaque entreprise représente

une ressource vitale et coûteuse, c’est la raison pour laquelle la GRH doit être

basé sur le recrutement, l'embauche, la formation, le développement personnel, la

rémunération et les gratifications.

- Infrastructure de l'entreprise: regroupe tous les services nécessaires pour le bon

fonctionnement d’une entreprise (administration, finances, contrôle de la qualité,

planification, comptabilité …).

Page 16: Economie Industrielle - Partie I

� Le cycle de vie d’un produit:

biologique, selon lequel le produit est une chose vivante et connaît donc plusieurs étapes de

la naissance à la mort. La plupart des produits ont une certaine durée de vie et passent par

quatre phases principales: le lance

Zaïm Ouaffa in Le marketing au Maroc, Concepts et Réalités, Al Madariss, 2002.

Représentation graphique

� Les types de croissance: on distingue deux types de croissance:

1. La croissance interne

production.

2. La croissance externe: l’entreprise rachète ou prend le contrôle d'autres entreprises.

Economie industrielle

Le cycle de vie d’un produit: «Le cycle de vie du produit repose sur un concept

biologique, selon lequel le produit est une chose vivante et connaît donc plusieurs étapes de

la naissance à la mort. La plupart des produits ont une certaine durée de vie et passent par

quatre phases principales: le lancement, la croissance, la maturité et le déclin». Ghannam

Zaïm Ouaffa in Le marketing au Maroc, Concepts et Réalités, Al Madariss, 2002.

on distingue deux types de croissance:

La croissance interne: l’entreprise s'agrandit en créant de nouvelles unités de

: l’entreprise rachète ou prend le contrôle d'autres entreprises.

16

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

du produit repose sur un concept

biologique, selon lequel le produit est une chose vivante et connaît donc plusieurs étapes de

la naissance à la mort. La plupart des produits ont une certaine durée de vie et passent par

ment, la croissance, la maturité et le déclin». Ghannam-

Zaïm Ouaffa in Le marketing au Maroc, Concepts et Réalités, Al Madariss, 2002.

l’entreprise s'agrandit en créant de nouvelles unités de

: l’entreprise rachète ou prend le contrôle d'autres entreprises.

Page 17: Economie Industrielle - Partie I

17

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

� Les barrières à l’entrée: les obstacles qu'a à surmonter une entreprise désirant se lancer

sur un marché nouveau.

On peut distinguer deux types de barrières à l'entrée:

1. Les barrières naturelles: barrières qui ne dépendent pas de la volonté des acteurs: ce

peut être des coûts fixes importants décourageants pour des entrants potentiels, des

coûts de Recherche et Développement importants pour démarrer (ex: industrie

aéronautique)...

2. Les barrières artificielles: barrières qui sont le produit d'une stratégie: des dépenses de

publicité qui orientent les choix de consommation, des dépenses de marketing, de

développement de l'innovation produit...

� Le modèle BCG: La méthode a été mise au point au cours des années 70 par le Boston

Consulting Group. Les produits sont représentés dans une matrice.

La matrice BCG est construite autour de 2 critères:

1. Le taux de croissance du marché: permet de juger du dynamisme de l’activité.

2. La part de marché relative: indicateur qui permet de positionner l’importance d’une

marque ou d’un produit par rapport à la marque ou produit concurrent le plus fort sur

une période donnée.

PMR = ventes marque A / ventes marque B (ou la moyenne de celles de l’ensemble des concurrents)

Page 18: Economie Industrielle - Partie I

Représentation graphique

1. Les «Etoiles» ou «Vedettes»

Globalement, elles s’autofinancent. Elles créent, en effet beaucoup de liquidités mais

exigent de gros investissements pour faire face à l’augmentation de la demande et pour

maintenir le statut de leader.

2. Les «Vaches à lait»

croissance faible du marché, les investissements nécessaires au maintien de la position

de leader ne sont pas très élevés. Elles dégageant des flux financiers importants qui

devront être réinvesti intelligemment sur les vedettes et les dilemmes.

3. Les «Dilemmes»: contribuent à la croissance mais pas aux bénéfices. Elles semblent

prometteuses avec un potentiel de vente intéressant, bien que l’entreprise ne soit pas en

bonne situation par rapport aux fi

4. Les «Poids morts»: ne contribuent ni à la croissance, ni au bénéfice. Il faut, toute

chose égale par ailleurs, abandonner ou maintenir sans investissement et s’interroger sur

les raisons du déclin.

Economie industrielle

Les «Etoiles» ou «Vedettes»: sont à la base de la croissance de l’entreprise.

Globalement, elles s’autofinancent. Elles créent, en effet beaucoup de liquidités mais

exigent de gros investissements pour faire face à l’augmentation de la demande et pour

maintenir le statut de leader.

Vaches à lait»: contribuent aux bénéfices de l’entreprise. Du fait de la

croissance faible du marché, les investissements nécessaires au maintien de la position

de leader ne sont pas très élevés. Elles dégageant des flux financiers importants qui

ntelligemment sur les vedettes et les dilemmes.

contribuent à la croissance mais pas aux bénéfices. Elles semblent

prometteuses avec un potentiel de vente intéressant, bien que l’entreprise ne soit pas en

bonne situation par rapport aux firmes en tête, vu sa faible part de marché relative.

ne contribuent ni à la croissance, ni au bénéfice. Il faut, toute

chose égale par ailleurs, abandonner ou maintenir sans investissement et s’interroger sur

18

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

sont à la base de la croissance de l’entreprise.

Globalement, elles s’autofinancent. Elles créent, en effet beaucoup de liquidités mais

exigent de gros investissements pour faire face à l’augmentation de la demande et pour

contribuent aux bénéfices de l’entreprise. Du fait de la

croissance faible du marché, les investissements nécessaires au maintien de la position

de leader ne sont pas très élevés. Elles dégageant des flux financiers importants qui

ntelligemment sur les vedettes et les dilemmes.

contribuent à la croissance mais pas aux bénéfices. Elles semblent

prometteuses avec un potentiel de vente intéressant, bien que l’entreprise ne soit pas en

rmes en tête, vu sa faible part de marché relative.

ne contribuent ni à la croissance, ni au bénéfice. Il faut, toute

chose égale par ailleurs, abandonner ou maintenir sans investissement et s’interroger sur

Page 19: Economie Industrielle - Partie I

19

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

L’économie industrielle est multidimensionnelle car sa dynamique est liée à

l’interdépendance de plusieurs variables dont notamment:

1. L’offre;

2. La demande;

3. Les structures de marché;

4. Les comportements des acteurs.

Ces différentes variables évoluent en fonction des résultats recherchés. Mais en même temps,

les résultats obtenus vont se répercuter sur les quatre variables.

Environnement géopolitique

Structure des marchés - Nombre de vendeurs, nombre d’acheteur; - Différenciation des produits; - Les barrières à l’entrée; - La structure des prix; - L’intégration verticale2.

Résultats Efficacité recherchée - Production; - L’allocation des ressources; - Progrès technique et l’organisation.

1 Elasticité de la demande par rapport aux prix: le coefficient qui mesure le degré de sensibilité de la demande par rapport à la variation des prix.

2 Intégration verticale: politique d’une entreprise qui consiste à intégrer dans son activité première, des

activités complémentaires en amant ou en aval.

Conditions de base Offre Demande

- Matières premières; - Technologies; - La durée de vie des produits; - Rapport Valeur / Produit; - Les règles de la profession; - Les conditions syndicales.

- Elasticité1 de la demande par rapport aux prix; - Le taux de croissance; - Possibilité de substitution; - Les conditions de commercialisation; - Les méthodes d’achat; - Les caractéristiques cycliques de la demande.

Page 20: Economie Industrielle - Partie I

20

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Les chercheurs en économie industrielle, ont donc donné au système productif un rôle

fondamental dans l’explication des phénomènes économique.

Ils ont eu la volonté de ne pas sacrifier le réalisme dans leur analyse. Ce souci de réalisme est

à l’œuvre aussi bien dans les travaux de Marshall qui voulait expliquer les grandes

transformations du système productif engendrées par la révolution industrielle que dans ceux

de ses successeurs qui ont également observé des mutations cette fois liées à la crise des

années 30, ainsi qu’à la croissance démesurée de certaines firmes.

En effet, la grande dépression de 1930 a mis en lumière l’existence de grande firmes qui grâce

à leur grande taille peuvent ne plus respecter la loi du marché. En effet, l’opinion publique,

mais aussi de nombreux économistes affirment que ces entreprises fixent leurs prix à des

niveaux trop élevés par rapport à l’intérêt général pour augmenter leurs profits de façon indue.

On peut donc essayer de définir précisément l’objet de l’économie industrielle comme l’étude

des entreprises selon trois axes:

1. Leur comportement en matière de production et de vente;

2. Les interactions qu’elles entretiennent entre elles et avec leur environnement;

3. Les conséquences des résultats précédents sur la structure des marchés.

B. Remise en cause de l’approche néoclassique

Lorsque l’on se place dans le contexte du modèle néoclassique de concurrence pure et

parfaite, théoriquement aucune firme ne peut se développer suffisamment pour acquérir un

pouvoir de marché ou empêcher l’entrée d’autres firmes sur le marché.

Si cela se produit malgré tout, il s’agit d’aberrations qui ne peuvent être que temporaires et

l’Etat est dans l’obligation d’intervenir pour accélérer le retour aux conditions «naturelles» de

la concurrence pure et parfaite.

Ce modèle néoclassique de la concurrence pure et parfaite a suscité de nombreuses critiques:

accusé de manquer de réalisme: l’entreprise n’est pas «preneuse de prix», elle n’est pas

prisonnière d’un comportement quasi-automatique consistant à associer une quantité produite

au prix donné par le marché.

Page 21: Economie Industrielle - Partie I

21

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Au contraire, l’entreprise peut-être active, développer des stratégies pour accroitre sa part de

marché et son profit, et de nombreux économistes voient ces comportements comme faisant

partie intégrante du processus concurrentiel.

Le modèle néoclassique ne correspond donc ni aux mutations observées dans la réalité ni aux

nouveaux comportements des firmes qui en découlent.

Ainsi ce modèle, n’explique pas pourquoi:

- Certaines firmes dominent leur secteur;

- Certaines de ces firmes dominantes font des accords. Par ailleurs, ce modèle, ne fait aucun cas:

- Des relations complexes qui existent au sein des firmes;

- Ni aux politique mises en place par elle (prix, promotion, vente, diversification

des produits…).

Enfin, il ne s’interroge pas:

- Sur la nature de la concurrence que se livrent les entreprises sur le marché;

- Ni sur la structure industrielle la plus efficace.

Cette liste d’interrogations auxquelles l’économie industrielle tente de répondre n’est pas

exhaustive mais elle permet d’affiner la conception que l’on peut avoir de ce domaine de

l’économie.

Des auteurs comme Joan V. Robinson (1903-1983, économiste britannique) ou Edward H.

Chamberlin (1899-1967, économiste américain) ont donc tenté d’élaborer des modèles plus

réalistes, «concurrence imparfaite» pour le premier et «concurrence monopolistique» pour

le second, pour décrire des situations plus subtiles que les deux situations polaires de

concurrence pure et parfaite et de monopole.

Ces auteurs affirment la prise en compte d’autres variables que le prix comme la nature du

produit ou les dépenses de promotions.

Page 22: Economie Industrielle - Partie I

22

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

En marge de ces travaux, on retrouve ceux de Joseph A. Schumpeter (1883-1950,

économiste autrichien) qui se place dans une perspective radicalement différente.

Selon Schumpeter, l’économie est perpétuellement en évolution, elle suit un «processus de

destruction créatrice» sans lequel l’innovation joue un rôle central.

Les innovations et les technologies nouvelles qui en résultent peuvent donner un avantage

temporaire à certaines firmes, qui en profitent alors pour affirmer un pouvoir de marché,

tandis que d’autres périclitent ou même disparaissent; mais cet avantage disparaît dès lors que

de nouvelles technologies apparaissent et supplantent progressivement les précédentes,

favorisant d’autres firmes et affaiblissant les firmes qui étaient auparavant dominante.

Or, c’est dans la lutte des firmes pour obtenir ou conserver une position dominante que celles-

ci vont trouver la volonté d’innover (soit en osant de nouvelles «combinaisons» soit en

investissant dans le recherche d’innovations). Ce «processus de destruction créatrice» ne peut

donc prendre place que dans le cadre concurrentiel.

A terme, selon Schumpeter, ce «processus de destruction créatrice» ne peut qu’augmenter le

bien-être global de la société même si, individuellement et à court terme, certains sont lésés

(ex: chômage dû à la faillite des firmes dépassées).

V- Les écoles de pensées

A la fin du 19ème siècle est votée aux Etats-Unis d’une loi «antitrust» (Sherman Act du

2 juillet 1890: première tentative du gouvernement américain de limiter les comportements

anticoncurrentiels des entreprises):

1. Pour préserver la concurrence sur les marchés et lutter en particulier contre les

ententes;

2. La politique de la concurrence cherche aussi à lutter contre les tentatives de

d’abus de position dominante.

Page 23: Economie Industrielle - Partie I

23

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

A. L’école de Harvard

Les premiers travaux d’économie industrielle se sont développés dans les années 30, autour

du courant structuraliste, appelé aussi école de Harvard, dont les figures emblématiques

sont Edward S. Mason (1899-1992, économiste américain), Joe S. Bain (1912-1991,

économiste américain) et Edward H. Chamberlin (1899-1967, économiste américain).

Les économistes se réclamant de l’école de Harvard vont multiplier les études de cas (sur des

entreprises ou des secteurs) afin de comprendre et d’inférer l’impact des facteurs structurels

sur les comportements et la rentabilité des entreprises.

Ces travaux sont essentiellement empiriques et s’articulent autour du paradigme Structure-

Comportement-Performance (SCP).

1. Le paradigme Structure-Comportement-Performance

Le paradigme Structure-Comportement-Performance a été développé par Edward S.

Mason (1899-1992, économiste américain) à partir de 1939, puis poursuivi par ses collègues

et étudiants dont Joe S. Bain (1912-1991, économiste américain).

Un paradigme est un système de représentation du monde, un modèle de pensée.

Le paradigme SCP est considéré comme le schéma de base de l'économie industrielle

américaine, appelée Industrial Organization (et de l’économie industrielle de façon générale).

C'est une approche descriptive du fonctionnement de l'entreprise, qui stipule que la

Performance d'une industrie (ex: sa capacité à satisfaire les consommateurs) dépend du

Comportement (ou conduite) des entreprises, laquelle est déterminée par la Structure du

marché, c'est-a-dire l'ensemble des facteurs qui concourent a sa compétitivité.

Page 24: Economie Industrielle - Partie I

24

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Selon ce paradigme les conditions de l’offre et de la demande et la Structure du marché

déterminent donc les Comportements des entreprises qui eux-mêmes déterminent les

Performances du marché.

1. Structure: facteurs environnementaux: offre, demande, intensité

concurrentielle, existence de barrières à l'entrée, caractéristiques des produits,

normes et réglementations...

2. Comportement: ce que font les entreprises, et la manière dont elles le font

(investissements, stratégies publicitaires, de positionnement, de prix, de R & D,

de distribution...).

Cela inclus les pratiques de collusion entre acteurs, les fusions et les

acquisitions.

3. Performance: fait référence aux résultats des secteurs industriels et des

entreprises. Sont en général mesurés en termes de rentabilité, de croissance,

d'efficacité, de qualité des produits, de progrès technique...

Le paradigme SCP est un cadre explicatif large, qui nous servira de grille d'analyse des

entreprises, des marchés et de leurs relations.

Page 25: Economie Industrielle - Partie I

25

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

B. L’école de Chicago

Dans les années 1970 l’approche structuraliste de l’école Harvard, pour son manque de

fondements théoriques et de rigueur sur le plan méthodologique, va être contestée par l’école

de Chicago dont les principaux auteurs sont Robert Bork (1er mars 1927, juriste américain),

Richard Posner (né le 11 janvier 1939, juge américain), George Stigler (1911-1991,

économiste américain: prix Nobel d'économie en 1982) et Henry Demsetz (né en 1930,

économiste américain).

Trois idées sont avancées:

1. Le monopole peut être une structure de marché naturelle en présence de fortes

économies d’échelles.

2. La concentration industrielle n’est que le résultat d’un processus de sélection.

La rente dont dispose les vainqueurs n’est qu’une juste récompense qui doit

disparaître rapidement sous l’effet de la concurrence. Ils ne croient pas au

paradoxe de la concurrence selon lequel une concurrence laissée sans règle

s’autodétruirait.

3. Le pouvoir de marché est propice à l’innovation à la Joseph Schumpeter (1883-

1950, économiste autrichien: définie l’innovation comme la capacité pour

l'entrepreneur à mettre en œuvre de nouvelles «combinaisons» dans le

processus de production).

Page 26: Economie Industrielle - Partie I

26

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

C. L’école française

L’économie industrielle se diffuse en France selon deux principales orientations

correspondant aux deux voies suivies par la discipline:

1. Un premier courant prolonge l’approche américaine où l’économie industrielle

reste centrée sur les questions des structures de marché et sur l’évaluation de

leur efficacité en matière d’allocation des ressources. L’Institut d’Economie

Industrielle à Toulouse constitue le fleuron de cette démarche, grâce à

l’implication de deux universitaires français, Jean-Jacques Laffont (1947-

2004, économiste français) et Jean Tirole (né le 9 août 1953, économiste

français).

2. Un deuxième courant va développer une approche de l’économie industrielle

plus orientée vers la question productive que sur celle du marché. Prenant

appui sur l’Association pour le Développement d’Etudes sur la Firme et

l’Industrie et sur la Revue d’Economie Industrielle, l’étude des systèmes

productifs devient centrale dans ces travaux.

VI- Les surplus

Il y a trois sortes de surplus:

1. Le surplus des consommateurs;

2. Le surplus des producteurs;

3. Le surplus total d’un secteur.

A. Le surplus des consommateurs

Le surplus des consommateurs est la différence entre la somme maximale qu’ils seraient

prêt et ce qu’ils payent effectivement.

B. Le surplus des producteurs

Le surplus des producteurs dans un secteur est simplement la somme des profits (et pertes)

réalisés par l'ensemble des producteurs.

Page 27: Economie Industrielle - Partie I

27

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

C. Le surplus total d’un secteur

Le surplus total est la somme des surplus des consommateurs et des surplus des producteurs.

ST = SC + SP

VII- Le monopole

A. Définition du monopole

Une entreprise bénéficie d'une situation de monopole lorsque, sur un marché intégrant un

grand nombre de demandeurs, elle est l'unique offreur d’un bien ne présentant aucun

substitut proche (K. Huynh et D. Besancenot).

Le monopole est une firme qui est l’offreur unique sur un marché; c’est le cas extrême

d’absence de concurrence (J-M de Bornier).

Une entreprise qui domine tout le marché (ou presque tout le marché) (M. Bourreau et M.

Verdier).

Le monopole désigne la situation d'un marché dans lequel il y a de nombreux acheteurs et un

seul vendeur qui, n'ayant pas à subir la concurrence d'autres producteurs, est libre de fixer

ses prix.

L'acheteur peut parfois avoir la possibilité d'acquérir un produit de substitution (ex: l'avion ou

la voiture face au monopole du transport ferroviaire).

On parle de quasi-monopole lorsqu’un vendeur domine très largement le marché.

Page 28: Economie Industrielle - Partie I

28

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

B. Un problème de politique économique?

Les pouvoirs publics mènent généralement des politiques vis-à-vis des monopoles:

- L’article 8 du Traité de Rome (25 mars 1957) contre les abus de position

dominante s’adresse, entre autres, aux monopoles;

- Le Sherman Act (du 2 juillet 1890) comporte un délit de «monopolization»;

- Les monopoles qui sont à l’abri de toute concurrence (monopole naturels) sont

réglementés ou directement gérés par les pouvoirs publics.

C. Les sources du monopole

La situation de monopole peut-être due à diverses causes; les quatre causes suivantes

expliquent comment cette situation d’exception par rapport à la loi générale de la concurrence

peut perdurer:

1. La rareté absolue de ressources: une capacité ou des ressources que le monopole est le

seul à posséder

� Une ressource matérielle:

- Une matière première;

- Une terre rare dont les produits ne peut pas être imitée.

� Une ressource immatérielle:

- Un talent particulier protégé par des droits d’auteur (ex: un écrivain est le

monopoliste de ses productions);

- Une méthode de fabrication protégée ou non par un brevet.

- Un investissement immatériel (ex: nom de marque).

2. Le monopole naturel: résulte de l'existence d'économies d'échelle telles que seule une

entreprise unique peut fournir l'ensemble du marché, tout en étant plus compétitive que si

elle avait des concurrents. C'est le cas notamment lorsque la production nécessite de

lourdes infrastructures (ex: eau, électricité, chemins de fer...).

Page 29: Economie Industrielle - Partie I

29

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Les monopoles naturels sont souvent des services publics. Des situations de monopole

naturel peuvent néanmoins disparaître du fait d'évolutions technologiques. C'est le cas des

télécommunications avec l'arrivée de la téléphonie mobile par rapport aux lignes de

cuivre (ex: Office national des postes et télécommunications -ONPT-).

3. Le monopole local: entreprise qui dispose d'une situation de monopole dans une sous-

partie de l'espace géographique ou de l'espace des produits. Ce concept sert à désigner les

entreprises qui sont en pratique en situation de monopole vis-à-vis de leur demande,

même si elles sont d'une taille réduite au regard du marché d'ensemble pour un bien.

Ex: on peut prendre le cas d'une station-service dans une région isolée, sans concurrents à

moins de 50 kilomètres. Une telle station-service peut augmenter ses prix d'autant que

cela coûte aux automobilistes de faire les 50 kilomètres pour aller chez le concurrent.

Ce type de rente est conceptuellement équivalent à celui des rentes issues d'un monopole.

On peut aussi penser aux restaurants de plage, ou aux cafés de certains musées ou sites.

Dans l'espace des produits, on peut penser à une entreprise servant des biens très

spécialisés, par exemple en étant la seule à importer un bien exotique dont la demande est

faible.

4. Le monopole institutionnel: exclusivité accordée par contrat ou par réglementation

(un privilège): on devient le seul producteur autorisé sur tel ou tel marché.

Le privilège n’existe que s’il est accordé à la personne (personne physique ou morale).

� Contrat: un producteur qui accord une exclusivité territoriale à ses revendeurs leur

confère un monopole (ex: commercialisation des voitures avec les concessions).

� Privilège: Les pouvoirs publics mettent en place une réglementation interdisant à

tout autre opérateur qu’une certaine firme, de produire ou de distribuer un bien ou un

service. De telles réglementations ont été à l’origine des monopoles des

télécommunications (1837) et de l’électricité (1948) en France.

Page 30: Economie Industrielle - Partie I

30

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

D. La stabilité des monopoles

Les monopoles ne sont pas nécessairement stables. Des menaces pèsent sur les monopoles:

- Des clients infidèles s’il existe des substituts plus ou moins étroit au produit du

monopole;

- Des évolutions techniques qui éliminent certains monopoles naturels;

- Des évolutions réglementaires quand les autorités veulent faire régner plus de

concurrence;

- Le passage du temps pour les monopoles issus de brevets.

E. Les politiques prix du monopole Le monopole, face à une multitude d’acheteurs est faiseur de prix mais, il peut exercer ce

pouvoir de deux manières différentes:

1. Le monopole peut pratiquer un prix uniforme: en fixant un prix unique,

identique pour touts les acheteurs;

2. Des prix différenciés selon les clients (ou autres critères): chaque

consommateur ou chaque achat étant soumis à des conditions tarifaires

particulaires: c’est la discrimination discriminant.

F. Monopole et discrimination

Différents acheteurs sont prêts à payer des prix différents pour des biens identiques. Les

entreprises ayant le pouvoir de déterminer leur prix de vente cherchent souvent à différencier

les prix selon les clients: c’est la discrimination .

Ex: tarifs étudiant, rabais, coupon…

Si le monopole connait le prix maximum que chaque acteur est prêt à payer, il pourrait gagner

beaucoup en imposant à chacun un tarif particulier. Si le monopole vend chaque unité de

produit au prix maximum que l’acheteur est prêt à débourser, il empoche le surplus sous

forme de profit.

Page 31: Economie Industrielle - Partie I

31

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

On distingue trois formes de discrimination:

1. La discrimination du premier degré (tarification personnalisée);

2. La discrimination du deuxième degré (comprend les rabais au volume);

3. La discrimination du troisième degré ou les consommateurs sont séparés en

marchés avec des prix différents.

G. Monopole et innovation

Deux thèses sont en présence:

1. La thèse de la capacité: Schumpeter;

2. La thèse de l’incitation.

La relation entre la structure du marché et la capacité innovatrice de la firme est posée par

Schumpeter. La recherche d'un pouvoir de marché et de la rente de monopole pousse

l'entreprise à innover. Une fois, la position de monopole acquise, l'innovation constitue le

moyen de conservation de la position qui écarte les concurrents potentiels.

Ainsi, l'incitation à innover dépend de l'aptitude de l'innovation:

1. A monopoliser le marché;

2. A dégager la profitabilité escomptée au travers de la rente de monopole;

3. A assurer la conservation de la position acquise par l’existence de droits de

propriété.

Dans, l'hypothèse où elle ne pourrait pas par les gains monétaires attendus couvrir et même

dépasser les frais engagés, l'incitation a innover devient inexistante. Cette situation devient

effective à partir du moment où les informations sont divulguées ou dès que l'innovation est

copiée.

Les autres firmes qui ont eu connaissance des informations ou qui ont imité l'innovation se

retrouvent alors dans la situation du passager clandestin, «free rider» qui profite sans en

supporter le coût et empêchent la firme innovatrice de rentabiliser son initiative

Page 32: Economie Industrielle - Partie I

32

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

La protection contre cette stratégie, qualifiée de «Hit and Run», terme emprunté au

vocabulaire militaire des troupes commandos dont la principale mission consiste à frapper

l'ennemi sur son terrain puis à se retirer, pour les entreprises, il s'agit de capter le marché puis

de le quitter une fois les profits engrangés, consiste dans la mise en place d'un marché de

droits de propriété.

Le droit de propriété reconnu à l’entreprise innovatrice lui donne la paternité et la jouissance

de l’innovation. Elle peut en conserver l’exclusivité d’exploitation ou consentir un droit

d’utilisation moyennent une rétribution monétaire.

Ainsi, le brevet apparaît à la fois comme un dispositif protecteur de la propriété de

l'innovation à son initiateur mais aussi comme un dispositif incitatif parce que protecteur.

Comme l'écrit E. Mansfield (1977): «La rentabilité de l'innovation, l'existence et la durée du

brevet portant sur le produit et la taille de l'investissement requis pour produire l'innovation

semblent avoir l'effet prévu sur le taux d'imitation».

Il s'agit d'une stratégie dite de la protection légale pour garantir l'incitation à innover. Pour le

brevet, la production d'externalités positives au bénéfice de concurrents adoptant un

comportement de passagers clandestins, en imitant, se trouve contrôlée.

Mais d'autres stratégies génériques peuvent assurer l'incitation à innover et la conquête d'un

pouvoir de marché:

- La stratégie de domination par les coûts,

- La stratégie de différenciation de produits;

- La stratégie de barrières à l'entrée.

Page 33: Economie Industrielle - Partie I

33

Economie industrielle

Année Universitaire: 2010-2011 3ème année

Bibliographie

CARLTON Denis W ., PERLOFF Jeffer M., Economie industrielle, De Boeck, 2008.

CHAPPELLE Karine, Economie industrielle, Vuibert, 2009.

CHEVALIER Jean-Marie, L'économie industrielle des stratégies d'entreprises,

Montchrestien, 2000.

HANANE Larbi, Firme et Marché, Daressalam, 2004.

TIROLE Jean, Théorie de l’Organisation Industrielle, Economica, 1995.