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Ecosystème estuarien et système économique régional

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- faisabilité d'une intégration par modélisation Input-Output. Application au cas de l'habitat halieutique dans l'estuaire de la Seine Auteur: Mateo Cordier Thèse doctorale défendue en 2011 au CEESE-ULB et au REEDS-UVSQ.

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  • Membres du jury :

    Martin OConnor : Professeur lUVSQ (Codirecteur de thse) Walter Hecq : Professeur lULB (Codirecteur de thse) Christiane Lancelot : Professeur lULB (Codirectrice de thse) Paul Safonov : Professeur Saint Cloud State University (Rapporteur) Paul J. Thomassin : Professeur McGill University (Rapporteur) Bertrand Hamaide : Professeur aux Facults Universitaires Saint-Louis (Examinateur) Franois Valette : Ingnieur de recherche lUniversit de Montpellier 1 (Examinateur) Tom Bauler : Professeur lULB (Examinateur) Pierre Servais : Professeur lULB (Examinateur)

    ECOSYSTEME ESTUARIEN ET SYSTEME ECONOMIQUE REGIONAL : FAISABILITE DUNE INTEGRATION PAR

    MODELISATION INPUT-OUTPUT

    APPLICATION AU CAS DE L 'HABITAT HALIEUTIQUE DANS L ESTUAIRE DE LA SEINE

    THESE PRESENTEE PAR MATEO CORDIER

    en vue de lobtention du grade acadmique de Docteur en Sciences

    agronomiques et Ingnierie biologique

    lUniversit Libre de Bruxelles

    et

    Docteur en Sciences Economiques

    lUniversit de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

    5 juillet 2011

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    Cette tude a t cofinance par Ifremer et le GIP Seine-Aval. Deux bourses complmentaires ont

    galement t octroyes par le Fonds David & Alice Van Buuren ainsi que par le Dpartement des

    Relations Internationales de lUniversit Libre de Bruxelles.

    Photo de couverture : lestuaire de la Seine montrant, au loin, le Pont de Normandie et au-del, sur la droite, la vasire nord (nourricerie de juvniles de poissons haute capacit daccueil). Auteur : Grand Port Maritime du Havre (2007).

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    Remerciements Septembre 2004 signe la fin de mes tudes de bioingnieur et un march de lemploi plutt mou. Les employeurs ne se bousculent pas au portillon pour embaucher un jeune sans exprience. Une anne et demi scoule ensuite. Je la passe en Slovaquie, dans une usine de pellets renouvelables et dans une salle de classe donner des cours en anglais des tudiants parlant essentiellement le slovaque (une exprience inoubliable). Un mois avant mon retour en Belgique, je relance mes recherches demploi. Trs vite, je reois une rponse de Walter Hecq, directeur du Centre dEtudes Economiques et Sociales de lEnvironnement de lULB. Il se dcide me donner ma chance et mimplique dans des projets de recherche europens qui nous font voyager ensemble dans plusieurs pays dEurope. Durant nos sjours ltranger, Walter moffre une vritable initiation au monde scientifique. Je le remercie du fond du cur pour mavoir suivi et soutenu dans cette dmarche. Je garde aussi dexcellents souvenirs de nos soires et discussions dans les avions, dans les salles de confrences, dans les taxis Paris, dans les rues de Gand, de Brest et de Rome, dans les htels de Barcelone ou les gondoles de Venise. Cest en mars 2007 que je dcouvre Venise pour la premire fois. Nous nous rendons, Walter et moi, une runion scientifique du projet de recherche europen SPICOSA. Cest l que je rencontre Jos Prez pour la premire fois. Il est accompagn de ses collgues dIfremer-Brest, Denis Bailly, Rmy Montgruel, Pascal Raux et, plus tard, Daniel Roy et Harold Levrel. Une quipe extrmement sympathique. Un plaisir de travailler avec eux. Lors dune balade dans le splendide clotre o se tient notre runion, Jos et Denis me demandent si cela mintresserait de raliser une thse analogue aux thmatiques de recherche de SPICOSA, projet dont Denis assume la direction scientifique. Je les connais peine depuis quelques jours mais jai le sentiment que cela fait des annes que nous nous sommes rencontrs. Une connivence tant au niveau humain quintellectuel stait installe trs rapidement. Je ne rflchis pas trs longtemps. Laprs-midi mme je me balade dans le quartier juif de Venise avec Walter. Nous discutons longuement. La semaine daprs, le projet est lanc. Martin OConnor se joint galement au projet de thse en codirection avec Walter Hecq. Il dirige alors le C3ED, lactuel laboratoire de Recherche en Economie cologique, Eco-innovation et ingnierie du Dveloppement Soutenable (REEDS) de lUVSQ. Ma thse dmarre le 4 dcembre 2007. Trs vite, Martin mapporte son appui. Il me suit dans mes prgrinations intellectuelles et me donne un cadre de base qui confortera ma rflexion durant toute la thse. Nos runions de travail lUVSQ sont chaque fois trs enrichissantes et me permettent dintgrer le concept de flux de matire et dnergie aux interfaces entre le systme conomique et lcosystme. Un concept important en modlisation input-output tendue lenvironnement. Je remercie galement Jean-Paul Vanderlinden pour son cadrage durant les premiers mois. Ses conseils me sont alors essentiels. Jos Prez me soutient galement beaucoup. Ses connaissances du monde de la mer et de la pche maident considrablement dans llaboration dun article sur la modlisation input-output visant lintgration des interrelations conomie-environnement. Il suggre daborder ces interrelations par un angle dattaque prcis : celui des poissons de lestuaire de la Seine. Il me met en contact avec Olivier Le pape et Sbastien Rochette de lUniversit Europenne de Bretagne (Agrocampus Ouest), deux biologistes qui tudient linteraction entre les habitats aquatiques et les populations de poissons des zones ctires. Sur base de leurs tudes, nous parvenons tudier un deuxime niveau dinteraction, celui qui se produit entre les habitats aquatiques et lconomie rgionale. Jos et Walter me soutiennent dans cette dmarche. Les nuds qui empchent notre article dmerger se dnouent. Il est finalement accept pour publication en avril 2011. Comment ne pas tre reconnaissant envers Garry McDonald. Cest la runion SPICOSA de Venise que je le rencontre pour la premire fois. Nous discutons simplement au soleil, le temps dune pause caf, toujours dans ce clotre magnifique. Il participe une runion parallle organise par Martin dans le cadre du projet PASARELAS. Un an plus tard, grce Martin, je rencontre Garry pour la

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    deuxime fois en rgion parisienne au laboratoire REEDS. Garry mcoute et mapporte toutes les informations dont jai besoin pour mener bien la construction dun modle input-output. Il me recommande des lectures essentielles sans lesquelles ma thse naurait jamais vu le jour. Au bout dune heure trente de discussion intense, il se lve et minforme quil doit partir. Une multitude dautres rendez-vous lattendent dans la journe. Notre entrevue fut brve mais redoutablement efficace. Un an plus tard, toujours par lintermdiaire de Martin, il me reoit Auckland, en Nouvelle Zlande. Je reste un mois et demi dans son bureau dtude, Market Economics Ltd. Durant 42 jours, je le bombarde littralement de questions. Je suis intarissable en la matire. Lune aprs lautre, il y rpond patiemment. Il maide beaucoup dans lapprentissage des techniques de rgionalisation des matrices input-output nationales. Je lui suis infiniment reconnaissant pour cela. Viennent ensuite mes multiples discussions avec Loc Guezennec, directeur du GIP Seine Aval (GIPSA), et Louis Alexandre Romaa, prsident du Conseil Scientifique de l'Estuaire de la Seine. Nous discutons souvent entre deux confrences des sminaires scientifiques du GIPSA Rouen et au Havre. Sans eux, je naurais jamais acquis la comprhension ncessaire des processus cologiques de lestuaire de la Seine et des enjeux humains que lestuaire cristallise. Jai galement droit un ciblage particulier sur les processus hydro-sdimentaires par Antoine Cuvilliez, hydro-sdimentologue lUniversit du Havre. Ces processus tant au cur de la formation des habitats aquatiques, son apport est vital pour ma recherche. Je tiens galement remercier chaleureusement Luce Cadranel, Michel Cordier, Julie Cordier, Dominique Salomon, Maryvonne Maes, Kevin Marchal et Florence Bouton pour leur travail de relecture assidue. Un merci tout particulier Luce, Michel et Julie. Ce fut un plaisir pour moi dinclure ma mre, mon pre et ma sur dans la rdaction de ma thse. Leur soutien que je reois depuis maintenant 30 ans nest pas anodin dans cet accomplissement. Je remercie galement Kate Weir et Aline Martin pour leur aide dans les corrections linguistiques de larticle rdig en anglais. Je ne peux pas oublier mes collges du Centre dEtudes Economiques et Sociales de lULB. Aprs quatre annes et demi de recherche en leur compagnie, cela reste toujours un plaisir de partager le couloir, les pauses caf, les midis, les drinks et les restos avec eux. Un merci tout particulier Kevin Marchal. Contre toute attente et aprs des dbuts quelque peu houleux, une relation de collgue se transforme en une franche amiti. Esprons quelle se maintienne au-del des frontires. Merci aussi toute la famille Soprano pour son soutien lors des longues soires de rdaction des derniers mois. Je noublie pas non plus Laurence Holzemer et Antoine Thonnon pour leur aide. Sans les bnvoles de la CRER, ces trois annes et demi de thse nauraient pas t aussi riches et varies. Ils mont permis de garder un pied sur terre. Un merci tout particulier Oscar Flores, Thomas Evrard et Jeanne Depireux qui mont appris mengager. Je me souviens de ma discussion avec Michel Englert, du Bureau Fdral du Plan de Belgique (BFP). Il ma extrait de mon modle pour me ramener dans la ralit conomique. Ce fut galement un plaisir de connatre le reste de sa famille aprs en avoir rencontr une partie 26 ans auparavant, au 340 avenue du Kouter. Merci aussi Luc Avonds pour avoir partag son exprience dans la construction des matrices input-output au BFP. Je souhaite galement souligner la contribution des responsables du port de Rouen : Charles Bizien, Sandrine Samson et Patrice Tournier. Ils mont accord un long entretien sur les activits du port, les oprations de dragage et la gestion des sdiments. Nous avons galement initi un dbat sur les problmes cologiques lis la croissance conomique. Leurs points de vue en tant que gestionnaires dune activit portuaire furent pour moi trs enrichissants. Ronan Nedelec du SIAAP (station dAchres) ma galement reu pour discuter du cot de traitement des eaux uses de la rgion parisienne, un facteur important dans la pollution de lestuaire de la Seine. Jan Vandenbroeck de la Socit de Dragage International ma, quant lui, clair sur la problmatique des sdiments dans lestuaire de la Seine. Je me suis galement entretenu sur le sujet

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    avec Christophe Bessineton et Thomas Lecarpentier de la Maison de lEstuaire au Havre. Leurs informations sur lvolution sdimentaire et la restauration des habitats aquatiques furent capital pour lavance de mon tude. Merci galement Christiane Lancelot et Bertrand Hamaide pour leur participation aux comits daccompagnement. Jai rencontr Christiane dans le projet europen TRESHOLDS et Bertrand la Facult Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux o jai suivi son cours dconomie de lenvironnement. Mes changes avec eux furent toujours un plaisir et trs enrichissants. Merci galement aux membres du jury davoir accept de lire mon manuscrit et de se dplacer, parfois de loin : Paul Safonov, Paul Thomassin, Franois Valette, Jean-Louis Weber, Tom Bauler et Pierre Servais. Enfin, merci Gilles Naeije et Valrie Martinet de nous avoir offert le petit Ilan. Quel beau cadeau pour clturer une thse. Merci aussi pour leur comprhension durant les derniers mois de rdaction. Je ne pouvais attendre mieux. Je ne peux pas terminer ces remerciements sans citer mon frre, Manu Cordier. Un ami dont le simple fait dexister suffit. Un poisson qui nage contrecourant.

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    Abrviations et symboles

    , : la virgule dsigne le sparateur dcimal

    . : le point dsigne le sparateur des milliers

    AESN : Agence de leau Seine-Normandie

    BAU : Business as usual

    CAF : Cot, Assurance et Fret

    CAP : Consentement payer

    CAR : Consentement recevoir

    CBA : Cost-benefit analysis

    CIEM : Conseil international pour l'exploration de la mer

    CIF : Cost, Insurance and Freight

    CIQ : Cross-Industry Location Quotient

    cmh : Cote marine du Havre.

    CO2 : Dioxyde de carbone

    CPA: Statistical Classification of Products by Activity in the European Economic Community

    CPC : Central Product Classification

    DCE : Directive Cadre sur lEau

    DIREN : Direction rgionale de l'environnement

    DPSIR : Driving forces, Pressures, State, Impacts, Responses

    EGC : Modle dquilibre gnral calculable

    EU-ETS : European union emission trading scheme (systme europen dchange de quotas dmissions de CO2)

    FAB : Franco A Bord

    FBCF : Formation brute de capital fixe

    FOB : Free On Board

    FPB : Federal Planning Bureau (Bureau Fdral du Plan de Belgique)

    GFCF : Gross fix capital formation

    GIEC : Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat

    GIP Seine-aval : Groupement dintrt Public Seine-Aval

    GIZC : Gestion intgre des zones ctires

    GSP: Gross System Product (Produit Brut du Systme)

    h : Heures

    Ha : Hectares

    hab. : Habitants

    ICES : International Council for the Exploration of the Sea

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    ICZM : Integrated coastal zone management

    Ifremer : Institut franais de recherche pour l'exploitation de la mer

    Insee : Institut national de la statistique et des tudes conomiques

    I-O : input-output

    IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change

    ISIC : United Nations International Standard Industrial Classification of All Economic Activities.

    kg : Kilogrammes

    km : Kilomtres

    LCIQ : Logarithmic Cross-Industry Location Quotient

    m : Mtres

    MA : Millennium Ecosystem Assessment

    MEDDAT : Ministre de l''Ecologie, du Dveloppement Durable, de l'Amnagement du Territoire

    MEDDTL : Ministre de lcologie, du Dveloppement durable, des Transports et du Logement

    MEEDDAT : Ministre de l'cologie, de l'nergie, du Dveloppement durable et de l'Amnagement du territoire

    NACE: General Industrial Classification of Economic Activities within the European Communities

    NOx : Famille des oxydes dazote : monoxyde d'azote (NO), dioxyde d'azote (NO2), protoxyde d'azote (N2O), ttraoxyde diazote (N2O4), trioxyde d'azote (N2O3)

    OCDE : Organisation de Coopration et de Dveloppement conomiques

    OECD : Organisation for Economic Co-operation and Development

    ONG : Organisation non gouvernementale

    PIB : Produit intrieur brut

    PLQ : Purchases Only Location Quotient

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le dveloppement

    Pop. : population

    PRB : Produit rgional brut

    RAS : Technique dajustement matriciel biproportionnel (abbrviation lie la formule dans lquation, pas au nom de la technique)

    SEEA : System of Integrated Environmental and Economic Accounts

    SitraM : systme dInformation sur les transports de marchandises

    SLQ : Simple location quotient

    SNA : System of National Accounts

    t : Tonnes

    TVA : Taxe sur la valeur ajoute

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    SOMMAIRE

    INTRODUCTION 19

    RESUME DE LA THESE 27

    Resum court en franais 29

    Resum long en anglais 37

    PARTIE I REPRESENTATIONS DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES EN ANALYSE ECONOMIQUE : DE LEUR VALEUR MONETAIRE A LEUR NATURE PHYSIQUE 59

    I. Dfinition et catgorisation des Services cosystmiques : une tape ncessaire lvaluation 61 I.1. Dfinitions pour une meilleure catgorisation 61 I.2. Catgorisation pour une meilleure valuation 67

    II. Approches holistiques et gestion des incertitudes 85 II.1. Lincertitude nat de la complexit des cosystmes 85 II.2. Les hauts degrs dincertitude: inclure plutt quexclure 90

    III. Les outils danalyse conomique de lenvironnement 97 III.1. Des outils danalyse au service des processus de dcision 97 III.2. Lanalyse cot-efficacit 102 III.3. Lanalyse cot-bnfice et les outils dvaluation montaire 103 III.4. La modlisation input-output 109 III.5. PIB ajust par rapport lenvironnement 114 III.6. Modles dquilibre gnral calculable 125 III.7. Trois approches dintgration montaire des services cosystmiques dans les modles I-O 132

    IV. Une approche dIntgration hybride des services cosystmiques dans le modle ECO 141 IV.1. Diffrences par rapport lintgration par le biais de valeurs purement montaires 141 IV.2. Intgration des valeurs montaires au modle ECO 143 IV.3. Intgration des units physiques au modle ECO 146 IV.4. Inclure les thmatiques haut degr dincertitude 153

    V. Conclusion 159 V.1. Exclure deux services cosystmiques de lvaluation montaire 159 V.2. Modles holistiques et gestion de hauts degrs dincertitude 161 V.3. Place du modle ECO parmi les outils danalyse conomique de lenvironnement 163 V.4. Intgration des services cosystmiques dans le modle ECO 165

    PARTIE II METHODOLOGIE : DEVELOPPEMENT DU MODELE INPUT-OUTPUT ECO 167

    Introduction 169

    VI. Les modles Input-Output environnementaux : cadre mthodologique 171 VI.1. Introduction 171 VI.2. Revue critique des modles I-O environnementaux 173

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    VII. Le modle ECO 197 VII.1. Introduction 197 VII.2. Diffrence entre le modle ECO et le modle de Victor 199 VII.3. Lestuaire de la Seine et les frontires du systme modlis 201 VII.4. Mthodes de rgionalisation de tables I-O nationales 216 VII.5. Oprations de rgionalisation du modle ECO 229 VII.6. Formalisation mathmatique du systme conomique 286 VII.7. Formalisation mathmatique de lcosystme 293

    VIII. Synthse de la formalisation mathmatique du modle ECO 317 VIII.1. Impacts conomiques directs et indirects 317 VIII.2. Validation du volet conomique du modle ECO 322

    PARTIE III APPLICATION DU MODELE ECO AU CAS DE LESTUAIRE DE LA SEINE 331

    Introduction 333

    IX. Scnarios de restauration de surfaces de nourriceries subtidales potentielles 337 IX.1. Introduction 337 IX.2. Scnario business as usual 337 IX.3. Scnario de restauration financ par les destructeurs directs 342 IX.4. Scnario de restauration financ par les destructeurs directs et indirects de 2me ordre 349

    X. Rsultats et discussion 351 X.1. Introduction 351 X.2. Restauration de nourriceries et stock de soles 351 X.3. La restauration de nourriceries, un dilemme pour la croissance conomique ? 353 X.4. Les perdants et les gagnants de la restauration de nourriceries 355 X.5. Limites des donnes et du modle 358 X.6. Analyse de sensibilit et interprtation des rsultats 360

    XI. Le modle ECO dans une valuation multicritre et multi-acteurs : un voie vers un compromis ? 367 XI.1. Introduction 367 XI.2. Lapproche participative INTEGRAAL applique lestuaire de la Seine 369

    XII. Pertinence du choix des mesures de restauration de nourriceries dans une conomie en croissance 387 XII.1. Introduction 387 XII.2. Le dcouplage : mythe ou ralit ? 391 XII. 3. Limiter la croissance conomique en complment au dcouplage : analyse exploratoire 402

    PARTIE IV CONCLUSION 415

    XIII. Conclusion 417

    ANNEXE A 421

    A.1. Besoin doutils prospectifs 423

    A.2. La consultation dexperts : balayer le champ des possibles et rduire lincertitude 424 A.2.1. Lanalyse morphologique 424 A.2.2. La mthode Delphi 425 A.2.3. Labaque de Rgnier 425 A.2.4. Les mthodes dimpacts croiss probabilistes 425

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    A. 3. Erreurs de prospectives 426

    ANNEXE B 429

    B.1. Liste des techniques dvaluation montaire utilises dans la littrature pour chacune des catgories de services cosystmiques 429

    ANNEXE C 435

    C.1. Nomenlcature Statistique Transport NST (1974) 435

    ANNEXE D 445

    D.1. Construction du tableau des transports de marchandises par voie deau 448

    D.2. Allocation des cots de restauration 448

    D.3. Biais 449

    ANNEXE E 451

    E.1. Analyse de sensibilit 451

    BIBLIOGRAPHIE 457

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    TABLE DES FIGURES

    Figure 1. Environmental impacts of nursery restoration scenarios (2007-2015). ................................................ 52

    Figure 2. Macro-economic impacts of nursery restoration scenarios (2007-2015). ............................................. 53

    Figure 3. Sectorial impacts of nursery restoration scenarios in terms of gross operating surplus (2007-2015). . 54

    Figure 4. Lien entre lorganisation des cosystmes, leur fonctionnement et la production des services par les cosystmes. ......................................................................................................................................................... 63

    Figure 5. Catgorisation des services cosystmiques du Millennium Ecosystem Assessment (MA, 2005). ....... 68

    Figure 6. Valeur de la structure de lcosystme ( Primary or glue value) et valeur conomique totale (Total Economic Value) de lcosystme (Turner et al., 2004). ............................................................................ 75

    Figure 7. Exactitude et prcision, lanalogie de la cible. ....................................................................................... 85

    Figure 8. Les diffrents types dincertitudes et leurs origines dans le cas du modle ECO appliqu lestuaire de la Seine. ................................................................................................................................................................. 87

    Figure 9. Les outils danalyse conomique de lenvironnement dans les processus de dcision politique. ....... 100

    Figure 10. Choix de la mthode dvaluation conomique de lenvironnement approprie. ............................ 102

    Figure 11. Arbre de choix dcisionnel pour lintgration des valuations montaires et units physiques dans un modle input-output reposant sur le principe holistique de la Science Post-Normale et de la GIZC. ................ 146

    Figure 12. Flux de matires et dnergies aux interfaces entre des systmes conomiques et cosystmiques intgrs la matrice input-output. Exemple pour le service final dapprovisionnement en ressources halieutiques (poissons). ...................................................................................................................................... 150

    Figure 13. Place de la matrice input-output au sein de la chane de causalit DPSIR......................................... 151

    Figure 14. Systme conomique simplifi et interaction avec les habitats de nourriceries de poissons. .......... 172

    Figure 15. Secteur de la Manche-Est (zone de pche VIId du CIEM) et sous-divisions en 9 secteurs ctiers et estuariens. ........................................................................................................................................................... 202

    Figure 16. Evolution de la surface totale de nourricerie* dans lestuaire de la Seine entre 1834 et 2004. ....... 203

    Figure 17. Photo arienne de lestuaire de la Seine avec le Pont de Normandie et au-del du pont, les nourriceries intertidales de la vasire nord et le Port du Havre (en haut droite). Source : Grand Port Maritime du Havre (2007). ................................................................................................................................................. 203

    Figure 18. Cartes bathymtriques leves depuis 1677 (depuis 1834 carte SHOM). ........................................... 204

    Figure 19. Historique des amnagements de lestuaire de la Seine hors Port 2000 (AESNDIREN Haute-Normandie, 2004b). ............................................................................................................................................ 205

    Figure 20. Localisation gographique des amnagements de lestuaire raliss depuis 1970 (Cuvilliez et al., 2009). .................................................................................................................................................................. 205

    Figure 21. Le territoire de lestuaire. .................................................................................................................. 206

    Figure 22. Carte du sous-bassin Seine aval et de ses dpartements. ................................................................. 207

    Figure 23. Inondation de mars 2001 dans le sous-bassin Seine aval le long de la Seine dans la boucle dElbeuf (Figure 21). .......................................................................................................................................................... 214

    Figure 24. Modle conceptuel de lanthropo-cosystme de lestuaire de la Seine construit par les acteurs de lestuaire dans le cadre dune approche participative. ....................................................................................... 216

    Figure 25. Procdure mthodologique pour gnrer un modle I-O commodity by industry lchelle de la rgion de la Haute-Normandie. .......................................................................................................................... 230

    Figure 26. Estimation de la consommation finale des ONG en 2007 par rgression linaire sur les donnes annuelles observes entre 2001 et 2005. ........................................................................................................... 238

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    Figure 27. Comparaison de la population de soles par ge en Manche-Est pour la priode de rfrence t0 1996-2005 telle questime par le CIEM (ICES, 2006) et les rsultats de lquation de population utilise dans le modle ECO : ....................................................................................................................................................... 306

    Figure 28. Schma synthtique de la formalisation mathmatique de lcosystme construite dans la Supply et la Use table environnementalises. ................................................................................................................. 319

    Figure 29. Emplacement envisag pour le scnario de restauration de 24,38 km2 de nourriceries potentielles subtidales sur sdiments sableux (rectangle blanc lchelle). Source carte: Goportail (2010). ..................... 345

    Figure 30. Localisation des zones de dragage dans le chenal de navigation de lestuaire de la Seine. Note : La zone de lengainement et de la brche sont divises en zones 1, 2, 3 4, et 4 amont. Source : Port de Rouen Valle de Seine (2006a). ...................................................................................................................................... 346

    Figure 31. Volume annuel de sdiments apporter sur le site de restauration des nourriceries subtidales potentielles. ........................................................................................................................................................ 346

    Figure 32. Lignes bathymtriques -10 m et -20 m dans lestuaire de la Seine (Ifremer, 1999). ......................... 347

    Figure 33. Zone dinondation contrle (Flood Control Area ou FCA) avec Controlled Reduced Tide (CRT). ...... 348

    Figure 34. Impact environnemental de la restauration de nourriceries potentielles sur la priode 2004-2015. Les marges dincertitude sont indiques entre parenthses. ................................................................................... 352

    Figure 35. Impacts macroconomiques des scnarios de restauration des nourriceries potentielles (2004-2015). Les marges dincertitude sont indiques entre parenthses. ............................................................................. 354

    Figure 36. Impact sectoriel des scnarios de restauration de nourriceries potentielles (2004-2015) en termes dexcdent brut dexploitation (bnfices des entreprises). Les marges dincertitude sont indiques entre parenthses. ....................................................................................................................................................... 358

    Figure 37. Les cinq tapes de la mthode INTEGRAAL ....................................................................................... 369

    Figure 38. Matrice de Dlibration kerDST et ses trois axes : scnarios dactions, critres dvaluation, acteurs chargs dvaluer. ............................................................................................................................................... 376

    Figure 39. Tranche de la Matrice de Dlibration kerDST pour un scnario montrant lvaluation de lacteur 1 en fonction du critre de lenjeu 4 sur base de 3 indicateurs. ............................................................................ 376

    Figure 40. Evolution 1978-2004 des surfaces de nourriceries haute capacit daccueil de juvniles de sole (densit > 45 indiv./km2) en fonction du PRB par habitant ( prix constants en euros 2005). ........................... 390

    Figure 41. Evolution 1980-2004 des pertes annuelles de surface de nourriceries haute capacit daccueil de juvniles de soles (densit>45 indiv./km2) en fonction du PRB/habitant en Haute-Normandie (en euros constants aux prix 2005). .................................................................................................................................... 392

    Figure 42. Evolution 1985-2005 des pertes annuelles en nourriceries intertidale au sein de la vasire Nord en fonction du revenu moyen par habitant. ............................................................................................................ 393

    Figure 43. Consommations matrielles directes par unit de PIB dans 5 pays entre 1975 et 2000 (exprimes en base 100 = anne 1975). Un dcouplage relatif est observ. Source : Jackson (2009). ..................................... 401

    Figure 44. Consommations matrielles directes dans 5 pays entre 1975 et 2000 (exprimes en base 100 = anne 1975). Aucun dcouplage absolu nest observ. Source : Jackson (2009). .............................................. 401

    Figure 45. Evolution 1834-2004 des pertes annuelles de nourriceries haute capacit daccueil de juvniles de soles (densit > 45 indiv./km2) en fonction du temps. ....................................................................................... 404

    Figure 46. Evolution du taux de croissance annuel du PIB (prix constants) en France sur la priode 1950-2010. ............................................................................................................................................................................ 406

    Figure 47. Esprance de vie la naissance en fonction du PIB par habitant en parit de pouvoir dachat (en dollars 2005). ...................................................................................................................................................... 408

    Figure 48. Participation lducation en fonction du PIB par habitant en parit de pouvoir dachat (en dollars 2005). .................................................................................................................................................................. 408

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    Figure 49. Indice de bonheur et de satisfaction de la vie en gnral en fonction du PIB par habitant en parit de pouvoir dachat (en dollars 1995). ...................................................................................................................... 408

    Figure 50. Taux de chmage en fonction du du PIB par habitant en parit de pouvoir dachat (en dollars internationaux 2008). ......................................................................................................................................... 409

    Figure 51. Etude exploratoire de lvolution des surfaces de nourriceries haute capacit daccueil en 2025 avec et sans mesure de limite la croissance du PRB. ....................................................................................... 412

    Figure 52. Apprciation sur la justesse des prvisions effectues en 1963 lhorizon 1984 par Schwab (1989) pour la Rand Corporation.................................................................................................................................... 427

    TABLE DES TABLEAUX

    Tableau 1. Equivalence des termes utiliss dans la littrature sur les services cosystmiques ......................... 63

    Tableau 2. Relations conceptuelles entre les services cosystmiques intermdiaires et finaux ainsi que les bnfices tirs par les individus. ........................................................................................................................... 71

    Tableau 3. Catgorisation du service de rgulation de la qualit des eaux comme service intermdiaire de premier et de second ordres. ................................................................................................................................ 73

    Tableau 4. Table dquivalence entre trois systmes de catgorisation des services cosystmiques. .............. 75

    Tableau 5. Services cosystmiques lis linteraction entre les vasires et les poissons. ................................. 82

    Tableau 6. Reprsentation agrge dune matrice input-output de Leontief (industrie par industrie). Source : OECD (2006). ....................................................................................................................................................... 111

    Tableau 7. Flux de matires (en vert) entrant en jeu dans le service cosystmique dapprovisionnement en ressources halieutiques sur base du systme de catgorisation de Fisher et al. (2009) adapt. ....................... 149

    Tableau 8. Acteurs consults pour la construction du modle Input-output hybride ECO . ......................... 157

    Tableau 9. Table input-output environnementale de Cumberland (1966). ........................................................ 176

    Tableau 10. Table input-output environnementale de Daly (1968). .................................................................. 179

    Tableau 11. Table I-O environnemental de Ayres et Kneese (1969). .................................................................. 181

    Tableau 12. Table I-O environnementale de Leontief (1970). ............................................................................ 184

    Tableau 13. Table I-O environnementale dIsard (1968). ................................................................................... 191

    Tableau 14. Supply table simplifie : tableau de la production de produits conomiques (outputs) par secteur conomique. ....................................................................................................................................................... 192

    Tableau 15. Use table simplifie : tableau de la consommation de produits conomiques (input intermdiaires et finaux) par secteur conomique et catgorie de demande finale. ................................................................. 193

    Tableau 16. Table I-O environnementale de Victor (1972a). .............................................................................. 194

    Tableau 17. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne cible). ............. 220

    Tableau 18. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne de rfrence). 221

    Tableau 19. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne cible 1re itration). ............................................................................................................................................................ 221

    Tableau 20. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne cible 2me itration). ............................................................................................................................................................ 221

    Tableau 21. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne cible 3me itration). ............................................................................................................................................................ 222

    Tableau 22. Matrice de transaction dune table I-O industry by industry hypothtique (anne cible 4me itration). ............................................................................................................................................................ 222

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    Tableau 23. Supply table : tableau national des biens et services produits par secteur tel que structure par Eurostat (2009). .................................................................................................................................................. 231

    Tableau 24.Use table: tableau national des biens et services consomms par secteur et par la demande finale tel que structure par Eurostat (2009). .............................................................................................................. 233

    Tableau 25. Correspondance entre dune part, le systme NACE de catgorisation des secteurs des tables Supply-Use dEurostat (2009) et dautre part, le systme de catgorisation NES-114 (niveau 3) et NES-14 (Niveau 1) de lInsee. .......................................................................................................................................... 249

    Tableau 26. Correspondance entre le systme de catgorisation des 19 sections NST et des 176 positions NST. ............................................................................................................................................................................ 265

    Tableau 27. Correspondance entre le systme de catgorisation des 176 positions NST et des 59 produits CPA. ............................................................................................................................................................................ 266

    Tableau 28. Flux interrgionaux du produit i tous modes de transport confondus obtenus aprs rorganisation des donnes du SitraM (pour i = 59 et p = 22) .................................................................................................... 267

    Tableau 29. Flux interrgionaux du produit i tous modes de transport confondus entre la Haute-Normandie et le reste des 21 autre rgions de France mtropolitaine (R). .............................................................................. 267

    Tableau 30. Agrgation des 59 secteurs NACE et produits CPA en 35 secteurs et produits............................... 280

    Tableau 31. Supply table reprsentant la production de biens et services en Haute-Normandie en 2007 obtenue par rgionalisation de la table nationale 2005 (million 2007 au prix de base). ................................................... 281

    Tableau 32. Use table reprsentant lutilisation des biens et services en Haute-Normandie en 2007 obtenue par rgionalisation de la table nationale 2005 (million 2007 au prix de base). ......................................................... 282

    Tableau 33. Importations totales (internationales plus interrgionales) vers la Haute-Normandie en 2007 obtenues par rgionalisation des tables Supply-Use nationales 2005 (million 2007 au prix de base CAF). ........ 283

    Tableau 34. Importations internationales vers la Haute-Normandie en 2007 obtenues par rgionalisation des tables Supply-Use nationales 2005 (million 2007 au prix de base CAF). ............................................................. 284

    Tableau 35. Importations interrgionales vers la Haute-Normandie en 2007 obtenues par rgionalisation des tables Supply-Use nationales 2005 (million 2007 au prix de base CAF). ............................................................. 285

    Tableau 36. Supply Table environnementalise. ................................................................................................ 294

    Tableau 37. Use table environnementalise. ...................................................................................................... 295

    Tableau 38. Donnes et calculs correspondant la priode de rfrence t0 1996-2005 pour llaboration du graphique de la Figure 27. .................................................................................................................................. 307

    Tableau 39. Abondance de juvniles de soles dge 0 (< 12 mois) localiss dans les nourriceries de lestuaire de la Seine en 2004 avec projections 2015 suivant un scnario tendanciel (BAU) et un scnario de restauration. 308

    Tableau 40. Supply table environnementalise reprsentant la production de produits conomiques et cologiques en Haute-Normandie en 20207 (million 2007 au prix de base). ...................................................... 320

    Tableau 41. Use table environnementalise reprsentant lutilisation de produits conomiques et cologiques en Haute-Normandie en 2007 (million 2007 au prix de base). ............................................................................ 321

    Tableau 42. Calcul du pourcentage derreur li larchitecture conomique du modle ECO par rtrovalidation : comparaison des rsultats du modle des donnes observes de lInsee en 1999, 2005 et 2006 pour la Haute-Normandie. ......................................................................................................................................................... 327

    Tableau 43. Marges dincertitudes lies larchitecture conomique du modle ECO calcules sur base du Tableau 42. .......................................................................................................................................................... 329

    Tableau 44. Projections 2005-2015 des taux de croissance moyens annuels de la demande finale et des importations en France. ...................................................................................................................................... 342

    Tableau 45. Evolutions observes des surfaces de nourriceries faibles et hautes capacits daccueil (km2) sur la priode 1834-2004 et projections 2015 suivant un scnario tendanciel (BAU) et un scnario de restauration. ............................................................................................................................................................................ 343

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    Tableau 46. Allocation sectorielle du cot total de restauration des nourriceries (385.6 M2007) au prorata du transport par voie deau en 2006. ...................................................................................................................... 350

    Tableau 47. Rsultats donns par le modle input-output aprs avoir effectu une analyse de sensibilit sur 4 paramtres (capacit daccueil des nourriceries en juvniles de soles, surface de nourriceries en 2015, stock de soles en Manche-Est en 2007, croissance de la demande finale et des importations entre 2007 et 2015). ...... 365

    Tableau 48. Table des usages de services cosystmiques mutuellement exclusifs et des conflits potentiels entre acteurs dans lestuaire de la Seine (non exhaustif). .................................................................................. 372

    Tableau 49. Scnario sans mesures de restauration (BAU) : valuation multicritre et multiacteur hypothtique en Haute-Normandie. ......................................................................................................................................... 379

    Tableau 50. Scnario avec mesures de restauration et cots assums par les ports : valuation multicritre et multiacteur hypothtique en Haute-Normandie. ............................................................................................... 382

    Tableau 51. Scnario avec mesures de restauration et cots partags : valuation multicritre et multiacteur hypothtique en Haute-Normandie. ................................................................................................................... 383

    Tableau 52. Evaluation finale par scnario en fonction de chaque acteur. ........................................................ 386

    Tableau 53. Evolution de la surface de nourriceries, du PRB et de la population sur la priode 1978-2015 en Haute-Normandie (reprsentation graphique la Figure 51). ........................................................................... 395

    Tableau 54. Techniques dvaluation montaire utilises dans la littrature pour valuer les services cosystmiques (de Groot et al., 2002). ............................................................................................................. 431

    Tableau 55. Transport de marchandises par voie deau (voie navigables et mer) de et vers la Haute-Normandie en 2006. .............................................................................................................................................................. 447

    Tableau 56. Rsultat du calcul des marges de variation minimum et maximum dans le cadre du scnario BAU utilises pour lanalyse de sensibilit sur la surface de nourriceries en 2015. ................................................... 453

    Tableau 57. Variation observe du nombre de soles (Solea solea sp.) par classe dge en Manche-Est (zone de pche VIId) sur la priode 1996-2005 (en millions dindividus). ......................................................................... 454

    Tableau 58. Variation observe de la moyenne annuelle du poids dun individu (solea solea sp.) par classe dge en Manche-Est (zone de pche VIId) sur la priode 1996-2005 (en kg). ............................................................ 454

    Tableau 59. Variation observe des captures de soles (solea solea sp.) par pche en Manche-Est (zone de pche VIId) sur la priode 1996-2005 (en tonnes). ....................................................................................................... 454

    Tableau 60. Marges dincertitude pour le stock de soles (solea solea sp.) en Manche-Est en 2004. ................. 455

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    INTRODUCTION

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    La protection des eaux de surface, des eaux de transition1, des eaux ctires, des eaux souterraines et des cosystmes aquatiques lchelle de lensemble de lEurope est inscrite dans la Directive Cadre sur lEau (2000/60/CE), souvent plus simplement dsigne par son sigle DCE. La DCE est une directive du Parlement europen et du Conseil, entre en vigueur en 2000. L'objectif ultime et contraignant de la Directive Cadre est d'atteindre un "bon tat" de toutes les eaux communautaires d'ici dcembre 2015.

    Lampleur de la tche est consquente, notamment en termes de cots. Cest la raison pour laquelle des tudes pralables doivent tre ralises pour valuer ces cots et les moyens existants pour les financer ou les rduire. Un cot trop important peut, par exemple, tre rduit en talant les mesures environnementales sur une priode dpassant lchance de 2015 ou encore en diminuant les exigences environnementales. Cest dans ce cadre que le document officiel daide la mise en uvre de la DCE dans lUnion europenne prconise lutilisation de lanalyse cot-bnfice pour identifier les masses deau2 pour lesquelles le cot des mesures environnementales excderait les bnfices de manire disproportionne (European Communities, 2009). Pour les masses deau concernes, les dcideurs ont la possibilit de demander la Commission europenne de postposer les objectifs environnementaux ou den rduire le niveau dexigence. Bien que la DCE vise ainsi garantir une gestion conomique saine et quelle empche que les mesures environnementales ne mettent mal le budget de lEtat ou des acteurs privs, la Commission devrait considrer ces demandes avec circonspection. Il semble, en effet, que la difficult des mesures politiques aiguiller la socit vers un chemin durable soit en partie imputable lusage prdominant doutils et dapproches aux frontires danalyse trop troites tels que lanalyse cot-bnfice. Or, des dcisions de report des objectifs datteinte de bon tat cologique ont eu lieu : 51% des masses deau superficielles de sous-bassin Seine aval ont vu leurs objectifs reports de 2015 2021, voire 2027 pour certaines dentre elles (voir Encadr 1). Il semble donc lgitime de se demander dans quelle mesure lanalyse cot-bnfice na pas biais ces dcisions. Linfluence considrable doutils aux frontires danalyse trop troites semblerait constituer le problme de ces dernires dcennies. Ces outils ont t utiliss pour appuyer des politiques environnementales cloisonnes, centres sur des secteurs conomiques et des ressources environnementales, en lieu et place de rflexions plus globales visant la bonne sant des habitats et, plus globalement, des cosystmes. Le rsultat ne sest pas fait attendre. De nombreux efforts damlioration de la qualit environnementale se sont solds par un chec. Cest le cas des zones ctires europennes. Lchec sy expliquerait par le fait que les impacts environnementaux ont t analyss sparment alors que des analyses globales taient ncessaires (Commission europenne, 2001 ; UNESCO, 2001 ; Stojanovic et Ballinger, 2009 ; OHagan et Ballinger, 2009 ; Belfiore, 2000). Dans la gamme des outils aux frontires danalyse relativement troites, on retrouve lanalyse cot-bnfice. Il sagit dune technique exempte de proprits holistiques, qui exclut les problmatiques environnementales complexes et trop incertaines. De nombreuses recherches sur les limites de lanalyse cot-bnfice pourraient illustrer le problme (entre autres: Van den Bergh, 2000; Marchal, 2007 ; Munda et al., 1994). La critique la plus intressante pour notre propos concerne le caractre analytique plutt quholistique de lanalyse cot-bnfice (Ackerman, 2004 ; Gallopin et al., 2001 ; Stirling, 2001). Des proprits holistiques confrent une approche la capacit doffrir une perspective globalisante au sein de laquelle diffrents lments, habituellement considrs individuellement, sont runis pour tre tudis ensemble en incluant leurs interactions lintrieur

    1 Eaux de transition : masses d'eaux de surface proximit des embouchures de rivires, qui sont partiellement salines en raison de leur proximit d'eaux ctires, mais qui sont fondamentalement influences par des courants d'eau douce (Parlement europen et Conseil, 2000). 2 La masse d'eau est le dcoupage territorial lmentaire des milieux aquatiques, destine tre l'unit d'valuation de la Directive Cadre Eau (Sandre, 2007).

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    du systme auquel ils appartiennent (Gallopin et al., 2001). Lanalyse cot-bnfice ne possde que trs peu de proprits holistiques. Cela implique quelle prend en compte une gamme troite de causes et consquences et ne traite quune faible fraction de lanthropo-cosystme (systme global compos de lcosystme et des activits anthropiques). Elle restreint le champ des problmatiques une micro-chelle et exclut les interconnections. Cest pourquoi lanalyse cot-bnfice ne traite en rien les interdpendances entre services cosystmiques. Pourtant, ces interdpendances sont essentielles puisque les services cosystmiques qui bnficient directement lhomme pour ses activits et sa survie les services de rgulation, dapprovisionnement en ressources et les services culturels dpendent de lexistence du service cosystmique le plus vital : le service dauto-entretien (Figure 5) (Millennium Ecosystem Assessment, 2005). Les services dauto-entretien englobent, par exemple, les processus hydro-sdimentaires qui participent la formation naturelle des nourriceries estuariennes. Or, ces nourriceries constituent prcisment un habitat vital pour les jeunes alevins qui, une fois adultes, assureront un service dapprovisionnement en ressources halieutiques pour la consommation humaine. La formation des nourriceries permet non seulement la cration de services dapprovisionnement en ressources halieutiques3, elles assurent galement un habitat important pour les oiseaux limicoles. Ces derniers fournissent leur tour, un service culturel pour les chasseurs. Cet exemple illustre les diverses interdpendances qui existent entre services cosystmiques avant daboutir la production dun service directement utilisable pour les activits anthropiques. Lanalyse cot-bnfice nest pas la seule approche omettre les interdpendances entre services cosystmiques. Cest, en ralit, un inconvnient des approches indicateur unique et unit unique : PIB vert, pargne vritable (genuine saving), empreinte cologique, ratio cot-bnfice, etc. Un indicateur et une unit unique ne peuvent pas capturer toute la complexit inhrente aux cosystmes (Ashford, 1981). Pour rsoudre ce problme, la Science Post-Normale et la stratgie durable de Gestion Intgre des Zones Ctires (GIZC) recommandent dviter lhgmonie dun indicateur unique dans lanalyse des problmatiques environnementales. Elles suggrent donc dutiliser un panel dapproches complmentaires ( indicateurs uniques et multiples, analytiques et holistiques) pour compenser les biais et les faiblesses des unes et des autres (Giampietro et al., 2006). Au final, cela permet une approche globale dans laquelle diffrents lments, dhabitude dcoups en morceaux, sont tudis ensemble avec leurs interactions au sein dun systme (Gallopin et al., 2001). En rponse ce besoin doutils plus holistiques permettant de mieux couvrir la complexit des anthropo-cosystmes, nous dveloppons, dans cette tude, le modle conomico-cologique ECO sur base des dveloppements mthodologiques de Leontief (1970), Victor (1972a), Carpentier (1994) et Jin et al. (2003). Lobjectif vise valuer la contribution que la modlisation input-output peut apporter aux deux principes de base de la Science Post-Normale et de la GIZC. Ces deux principes consistent dvelopper des mthodes danalyse des problmatiques environnementales, qui i) permettent ltude des problmatiques haut degr dincertitude (Funtowicz and Ravetz, 1994), et ii) prsentent des proprits holistiques afin de prendre en compte les interdpendances entre services cosystmiques (Giampietro et al., 2006 ; OHagan and Ballinger, 2009 ; Cheong, 2008). Tel que recommand par la Science Post-Normale et la GIZC, le modle ECO fournit des rsultats sous forme de plusieurs indicateurs et dunits diverses. Par exemple, les rsultats peuvent sexprimer en termes dimpacts dune mesure environnementale sur le PIB (en euros), sur lemploi (en nombre de travailleurs), sur la surface dhabitats aquatiques (en hectares), sur la biomasse de poissons marins (en tonnes), etc. En outre, le caractre holistique du modle ECO lui permet de tenir compte des multiples interactions entre les diffrents lments de lanthropo-cosystme comme le

    3 Ressources halieutiques : ressources vivantes (animales et vgtales) des milieux aquatiques (mer et eau douce) exploites par l'homme (pche, aquaculture).

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    lien entre la production conomique du secteur de la pche et la biomasse de poissons marins, ou encore le lien entre cette biomasse et la surface dhabitats aquatiques. La complexit de lanthropo-cosystme est, en consquence, mieux prise en compte (bien que cela ne soit pas sans limite en raison de plusieurs incertitudes dveloppes plus bas). Pour tudier les interactions entre les divers lments de lanthropo-cosystme, il est utile de classer ces lments en diffrentes catgories de services cosystmiques dont lhomme tire des bnfices pour la production conomique et sa survie. Cest pourquoi le Chapitre I prsente plusieurs dfinitions du concept de service cosystmique ainsi que les diffrents systmes de catgorisation de services. Une rflexion est mene concernant les catgories de services cosystmiques pouvant faire lobjet dune valuation montaire et celles devant exclusivement tre values en units physiques. Cet aspect est important pour dterminer la manire la plus adquate dintgrer les services cosystmiques au sein dune modlisation input-output. On y explique galement la ncessit de prendre en compte plusieurs catgories de services cosystmiques dans lanalyse conomique de lenvironnement si lon souhaite reflter la complexit de lanthropo-cosystme. Cependant cette complexit nest pas sans poser de problme puisquelle gnre un degr dincertitude important. Ces problmes dincertitude et la faon de les grer dans le modle ECO sont dvelopps au Chapitre II. Les principes de base de la Science Post-Normale et de la GIZC y sont expliqus, notamment la manire de grer les hauts degrs dincertitude par des approches participatives qui incluent les acteurs, cest--dire les parties prenantes la problmatique considre. Le Chapitre III prsente les principes gnraux de diffrentes mthodes danalyse conomique de lenvironnement : analyse cot-efficacit, analyse cot-bnfice, modlisation I-O, modles dquilibre gnral calculable et PIB ajust par rapport lenvironnement. Ce chapitre permet de cerner les atouts, les faiblesses et les limites de la modlisation I-O par rapport aux autres mthodes. Il montre entre autres que lusage doutils aux frontires danalyse plus troites, comme les techniques dvaluation montaire infodes lanalyse cot-bnfice, constituent des outils complmentaires qui peuvent, dans certains cas, tre combins voire mme intgrs des outils plus holistiques comme le modle ECO. Ce chapitre constitue, en outre, un pralable ncessaire au Chapitre IV dans lequel est prsent un cadre mthodologique visant intgrer les rsultats des diffrentes mthodes dvaluation montaire de lenvironnement un modle I-O hybride. Le modle est dit hybride en ce sens quil mle units montaires et units physiques. Le cadre mthodologique guidant le dveloppement du modle hybride est celui employ pour le dveloppement du modle ECO. La conclusion du Chapitre V clture la Partie I de cette tude intitule Reprsentations des services cosystmiques en analyse conomique : de leur valeur montaire leur nature physique . La Partie II dveloppe le dtail de la mthode utilise pour construitre le modle ECO. Elle dbute avec le Chapitre VI qui prsente les principes gnraux des modles I-O environnementaux ainsi que les spcificits propres des principaux modles dvelopps depuis Cumberland en 1966 jusqu Victor en 1972. Le Chapitre VII rassemble lentiret des oprations de construction du modle ECO. Aprs une courte introduction (Section VII.1), les diffrences avec le modle de Victor sont brivement expliques la Section VII.2. La dlimitation du systme modlis est prsente la Section VII.3. Cette dlimitation concerne tant les frontires gographiques du systme considr par le modle que les secteurs dactivit conomique et les services cosystmiques. La Section VII.4 prsente les diffrentes mthodes de rgionalisation permettant de mettre lchelle les tables I-O nationales (les tables rgionales sont trs rares en France). La Section VII.5 dveloppe, tape par tape, chacune des oprations de rgionalisation effectues pour aboutir aux tables I-O qui constituent le cur du modle ECO. La Section VII.6 dveloppe ensuite les quations algbriques et matricielles dcrivant le systme conomique. Les paramtres de ces quations proviennent des tables I-O rgionalises la section prcdente. La Section VII.7 dveloppe, quant elle, les

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    quations dcrivant lcosystme li aux nourriceries de poissons de lestuaire de la Seine. En conclusion de la Partie II, le Chapitre VIII prsente une synthse des quations dcrivant le systme conomique et lcosystme. Cest galement dans ce chapitre que le volet conomique du modle est valid. Son volet cosystmique na pas pu tre valid si ce nest lquation de population de poissons utilise pour dcrire les stocks marins de soles (Figure 27 et Tableau 38). La Partie III constitue lapplication du modle ECO au cas des nourriceries de poissons de lestuaire de la Seine. Cette partie commence par le Chapitre IX dans lequel sont dcrits les deux scnarios de restauration de nourriceries subtidales lhorizon 2015 (zone subtidale : zone situe en permanence sous la zone de balancement des mares, cest--dire sous le niveau de la mer). Ces scnarios sont compars un scnario tendanciel sans mesures de restauration (scnario business as usual dit BAU ). Le Chapitre X prsente et discute les rsultats de la simulation des scnarios dans le modle ECO (Section X.1 X. 4). Les limites des donnes et du modle sont brivement rappeles la Section X.5, la plupart dentre elles ayant dj t prsentes la Section II.1 (avec des ciblages plus pointus aux Sections III.4 et III.6 et VIII.2). La Section X.6 consiste en une analyse de sensibilit des rsultats face une variation des paramtres du modle. Lanalyse de sensibilit est destine chiffrer lincertitude lie limprcision des donnes entres comme paramtre dans le modle. Le Chapitre XI illustre un cas dutilisation virtuel du modle ECO dans le cadre dune approche participative de type valuation multicritre et multiacteur (la ncessit des approches participatives est explique au Chapitre II). Nous y montrons, entre autres, comment le modle pourrait contribuer aboutir un compromis qui permette dattnuer les conflits entre acteurs causs par des usages antagonistes des services cosystmiques offerts par lestuaire. Le Chapitre XII discute la pertinence du choix de mesures de restauration de surfaces de nourriceries dans un contexte conomique croissance quasiment continue. Le risque est grand qu moyen terme, la croissance conomique contrebalance les gains de surfaces obtenus par restauration si la tendance observe depuis 1834 continue dans le futur. La Partie IV prsente la conclusion gnrale qui clture lensemble de cette tude. LAnnexe A rsume brivement quelques mthodes prospectives par consultation dexperts ; ces mthodes sont utilises pour estimer lvolution future du systme conomique ou de lcosystme en situation dincertitude prononce. A lAnnexe B, le Tableau 54 montre les diffrentes techniques dvaluation montaire utilises dans la littrature pour valuer chaque catgorie de service cosystmique. LAnnexe C prsente le systme de catgorisation des marchandises utilis dans les statistiques de transport (utilis au Chapitre III pour rgionaliser les importations et les exportations interrgionales). LAnnexe D explique dans le dtail la manire dont nous avons calcul les flux de transport de marchandises par voie deau, pour allouer, au Chapitre IX, les cots de restauration chaque secteur primaire et secondaire. A lAnnexe E, des tableaux prsentent en dtail les donnes utilises pour raliser lanalyse de sensibilit effectue la Section X.6. A la suite de cette introduction, vous trouverez un rsum court et un rsum long de cette tude. Le rsum court prsente les rsultats et les conclusions principales. Le rsum long est un article qui prsente le cas dtude, la mthodologie input-output, les rsultats et les conclusions de ce travail. Larticle diffre cependant de cette tude sur un point : les scnarios de restauration de surfaces de nourriceries ne couvrent pas 24,38 km2 de nourriceries subtidales mais 73,7km2 de nourriceries intertidales (nourriceries comprises dans la zone de balancement des mares)4. Le caractre intertidal de ces nourriceries prsente lavantage de diminuer trs fortement les cots de restauration. Cependant, des acteurs de lestuaire ont remis en question la faisabilit de la restauration de nourriceries intertidales sur une surface aussi importante. Ils ont soulign le manque

    4 Dfinition prcise du terme intertidal : zone comprise entre la plus haute et la plus basse mer de vive-eau (vive-eau : mare d'amplitude maximum correspondant aux priodes de pleine et nouvelle lune).

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    despace disponible au sein de lestuaire ( moins de dtruire des zones urbaines, ce qui semble inconcevable). Il nous semble toutefois quil nest pas ncessaire de localiser toutes les zones restaures au sein de lestuaire. Certaines dentre elles peuvent tre localises lextrieur de lestuaire : le long de la Seine en amont du Pont de Normandie ainsi que le long de la cte au sud de Villerville et au nord de Sainte-Adresse. Un inconvnient persiste toutefois : les nourriceries intertidales requirent que la zone restaure jouxte directement la cte. Or, cela pourrait gner les usages ctiers rcratifs qui sont souvent concentrs sur la plage et les premiers mtres de mer. Cest la raison pour laquelle, dans cette tude, les scnarios de restauration concernent des nourriceries subtidales. Celles-ci peuvent tre implantes 3 ou 4 kilomtres de la cte. Cependant, ce choix nest pas sans effet secondaire. Si la restauration de nourriceries subtidales prsente lavantage de ne pas gner les activits rcratives, elle pose cependant un inconvnient majeur : ses cots sont trs importants.

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    Encadr 1. Dans le sous-bassin Seine aval, 51% des masses deau superficielles drogent la Directive Cadre Eau sur base dune analyse cot-bnfice.

    Les documents dorientation pour la mise en uvre de la Directive Cadre Eau stipulent quune analyse cot-bnfice doit tre effectue avant la mise en uvre des mesures environnementales quand leur cot est jug disproportionn (European Commission, 2003 ; European Communities, 2009). Dans les masses deau o cette hypothse est vrifie par lanalyse cot-bnfice, les dcideurs peuvent demander la Commission europenne un report des objectifs environnementaux jusquen 2021 voire jusquen 2027 au lieu de 2015. Cest dans ce cadre quen 2007, une analyse cot bnfice est ralise sur le territoire du sous-bassin Seine aval par Rinaudo et al. (2007). Elle estime que les cots des mesures de rduction de la pollution par les nitrates, les pesticides et les polluants organiques dpassent les bnfices de manire disproportionne sur 30 masses deau. Sur base de ces rsultats, les pouvoirs politiques peuvent demander une drogation pour ces 30 masses deau. En 2010, un second rapport est publi mentionnant les masses deau pour lesquelles une drogation a effectivement t obtenue par la Commission Europenne. Il en ressort que sur un total de 228 masses deau superficielles dans le sous-bassin Seine aval (plan deau, littoral et rivires), 116 voient leurs objectifs de bon tat cologique5 postposs 2021 ou 2027 au lieu de 2015 (AESN, 2010). Cette drogation couvre 51% des masses deau superficielles. Une question bien lgitime se pose alors. Dans quelle mesure la technique de lanalyse cot-bnfice a influenc le nombre de drogations. Cette question est dlicate mais elle mrite nanmoins dtre souleve dautant plus que lanalyse cot-bnfice de Rinaudo et al. (2007) souffre de nombreux manquements. Le nombre de services cosystmiques valus en tant que bnfices est limit. Seuls les services suivants sont pris en compte : la pche de loisir lie lamlioration de la qualit des cours deau, laugmentation du nombre de touristes lie lamlioration de la qualit des eaux de baignade, les bnfices lis aux traitements vits dans la production deau potable grce lamlioration de la qualit des eaux de surface et souterraines, et les bnfices hdoniques (hausse de la valeur des biens immobiliers grce lamlioration qualitative de lenvironnement). Il en rsulte quun nombre important de services cosystmiques sont omis dans lanalyse cot-bnfice. Par exemple, Rinaudo et al. (2007) prennent en compte le bnfice issu de la pche de loisir mais partiellement seulement. En effet, il est valu par la satisfaction des pcheurs de loisir pcher dans un environnement quils savent plus propre. Cette satisfaction est elle-mme value par un consentement payer (valuation contingente). Donc seul le service cosystmique rcratif est pris en compte, non celui de lapprovisionnement en ressources halieutiques ni celui dauto-entretien en termes de cration dhabitats de qualit pour la faune aquatique. En outre, Rinaudo et al. (2007) supposent le stock de poissons constant malgr lamlioration de la qualit environnementale. Ils ne considrent donc pas que la hausse des stocks de poissons puisse attirer un plus grand nombre de pcheurs de loisir. Sans compter que les effets indirects en termes de frquentation des htels et restaurants par les pcheurs de loisir sont totalement omis. En outre, leffet de la hausse des stocks de poissons sur le secteur de la pche professionnelle est totalement omis lui aussi. Quant aux effets dune amlioration de la qualit de leau sur les activits conchylicoles, ils sont galement ngligs ; il en va de mme pour les bnfices lis la baisse de la contamination des sdiments de dragage. Lors de certaines temptes ou lors dactivits de dragage, ces sdiments peuvent tre remis en suspension et les polluants dissous nouveau dans leau. Cela sest dj produit par le pass en Haute-Normandie : aux mois de janvier et doctobre 2008, des poissons de la Seine ont t contamins aux PCB. Il sen est suivi une interdiction de pche et de consommation de poissons par la Prfecture du dpartement de Seine-Maritime (Prfecture de Seine-Maritime, 2008 ; FNE et FRAPNA, 2008). Or la diminution de ce risque la suite de mesures de rduction des missions polluantes nest pas prise en compte. De plus, certaines mesures de restauration des vasires, outre leur effet positif sur les populations de poissons, pourraient avoir un impact sur la protection contre les inondations et la fixation des polluants contenus dans leau sur les particules en suspension. Cela nest pas considr non plus. Nous constatons par consquent, de nombreux manquements dans lanalyse cot-bnfice de Rinaudo et al. (2007) qui, sils avaient t pris en compte, auraient peut-tre rduit le nombre de masses deau pour lesquelles les cots dpassent les bnfices de manire disproportionne.

    5 Ltat cologique est l'expression de la qualit de la structure et du fonctionnement des cosystmes aquatiques associs aux eaux de surface. Il est dtermin par ltat de chacun des lments de qualit biologique (elle inclut, entre autres, certains polluants non spcifiques comme les nitrites, nitrates, ammonium, phosphate, etc.), ainsi que de qualit physico-chimique et hydro-morphologique (AESN, 2010).

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    RESUME DE LA THESE

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    RESUME COURT EN FRANAIS 1. Les cots de restauration : la question nest pas comment payer mais qui va payer ? Le modle conomico-cologique dvelopp dans cette tude (modle ECO) permet destimer limpact de deux scnarios de restauration de surfaces de nourriceries potentielles, un habitat essentiel au dveloppement des populations de poissons marins. Ces scnarios ont pour objectif de restaurer 25% des nourriceries potentielles sableuses haute capacit daccueil6 dtruites entre 1834 et 2004, soit une surface de 24,38 km2, de manire retrouver les conditions naturelles qui rgnaient vers 1895. Cela reprsente une surface 12 16 fois suprieure la totalit des surfaces restaures dans le pass dans lestuaire de la Seine. Lampleur de ces scnarios que nous avons choisi de simuler est la mesure de lincertitude qui plane sur les stocks de poissons marins en Europe7. En consquence, ces scnarios refltent lexigence dappliquer le principe de prcaution aux problmatiques qui souffrent dincertitudes importantes tel que cela est recommand dans la Directive Cadre Stratgie pour le milieu marin (European Parliament and Council, 2008). Nos rsultats montrent que la restauration de surfaces de nourriceries permet la population de poissons produite par lcosystme marin de lestuaire daugmenter significativement : la biomasse de soles gnre par la mesure de restauration dpasse le scnario BAU (cest--dire le scnario sans mesures de restauration) de 14,8% 22,9%. Les rsultats montrent galement quil est possible de restaurer des surfaces de nourriceries trs importantes, tout en limitant limpact macroconomique un lger manque gagner par rapport ce que lon aurait pu attendre sans mesures de restauration. Ce manque gagner est chiffr en termes de produit rgional brut (PRB), de bnfice total des entreprises et de salaire brut8 total pay aux travailleurs. Dans les scnarios de restauration, ces trois indicateurs macroconomiques prennent tous une valeur infrieure au rsultat atteint dans le scnario BAU. Les rsultats sont exprims ci-dessous en pourcentages de variation calculs en 2015 entre le scnario de restauration et le scnario BAU :

    - PRB (Produit Rgional Brut) : -0,3% - Excdent brut dexploitation total (bnfice des entreprises) : -0,4%. - Salaire brut total des travailleurs: -0,4 et -0,5% (selon que lon partage les cots de

    restauration ou non). Cela signifie que sans rduction des salaires bruts, les scnarios de

    6 Nous avons dfini la haute capacit daccueil comme tant une densit observe suprieure la moyenne de lestuaire, savoir, > 45 juvniles de soles de moins dun an par km2. 7 Le CIEM (ICES, 2008) estime que 32% des stocks de poissons marins en Europe voient leur capacit de rgnration mise en danger. Dans lestuaire de la Seine et plus globalement en Manche-Est, ce problme concerne 3 des 9 espces de poisson commerciales prsentes : la sole, la plie, et le merlan. Cela ne signifie pas que le restant soit hors de danger : en effet pour 57% des stocks europens, les connaissances scientifiques sont insuffisantes pour statuer sur leur tat. Seuls 4% des stocks marins de poissons europens sont rputs hors de danger. 8 Le salaire brut = rmunration directement touche par le travailleur + impts sur le travail + contributions sociales (cotisations de soins de sant, chmage, etc.).

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    restauration gnreraient en 2015 de 0,4% 0,5% de postes de travail en moins quune situation sans restauration (BAU).

    Le manque gagner gnr par la restauration doit cependant tre nuanc. Premirement ce nest pas parce que le rsultat du scnario de restauration est infrieur au BAU quil ny a pas de croissance conomique entre 2007 et 2015. Sur cette priode et pour les deux scnarios de restauration, le PRB augmente de 9,1% 13,0%, ce qui reprsente un taux de croissance annuel moyen de 1,1 1,5% (soit un peu plus faible que la moyenne de la priode 2000-2009 pour la Haute-Normandie : 1,6% (Insee, 2009c)). Il en va de mme pour le salaire brut total des travailleurs qui augmente entre 2007 et 2015 de 1,3% 7,1% pour les deux scnarios de restauration. Seul lexcdent brut dexploitation semble susceptible de baisser lgrement, sa marge de variation 2007-2015 stendant de -3,9% +1,6%. Il y a une deuxime raison pour laquelle les cots dopportunit lis la restauration doivent tre nuancs voire mme leur existence remise en question. Nos rsultats doivent tre considrs comme partiels car si la majorit des cots de restauration ont pu tre pris en compte dans le modle, cela na pas t possible pour plusieurs services cosystmiques. Cela sexplique par labsence de donnes et de connaissances scientifiques appropries. En consquence, seuls deux services cosystmiques sont valus par le modle. Le premier concerne un service dauto-entretien : les processus hydro-sdimentaires qui participent la formation naturelle des nourriceries estuariennes pour juvniles de soles, une espce surpche dont la population est en danger en Manche-Est (ICES, 2008). Le second concerne le service dapprovisionnement en soles par lintermdiaire du secteur de la pche pour la consommation humaine, un service important fourni lconomie au vu de la haute valeur commerciale de la sole. Si nos rsultats ne montrent quune faible rduction des agrgats macroconomiques par rapport au scnario BAU alors que nous avons omis les bnfices de sept services cosystmiques9 lis aux nourriceries, tendre la modlisation conomico-cologique ces services dmontrerait probablement un effet positif de la restauration de nourriceries potentielles sur les agrgats macroconomiques. Notre modle est oprationnel et prt pour une telle extension condition que des donnes appropries soient produites par dautres experts biologistes, hydro-morpho-sdimentologues et conomistes. Si la restauration de surfaces importantes de nourriceries potentielles ne gnre quun lger impact ngatif au niveau macroconomique, ce nest pas le cas au niveau sectoriel. Certains secteurs sont lourdement pnaliss. Cela montre que le problme des cots de restauration levs peut tre envisag comme un problme dallocation des cots entre secteurs plutt que comme un problme en soi. Dans cette perspective, le modle ECO aide identifier les secteurs qui seraient les plus vulnrables si le principe pollueur-payeur tait appliqu comme recommand dans la Directive cadre Stratgie pour le milieu marin . Les secteurs ainsi identifis sont les suivants : les ports, les mines, et le secteur des manufactures de coke, raffineries de ptrole et de combustibles nuclaires (Section X.4). Identifier les secteurs vulnrables pourrait aider les dcideurs mettre en pratique le principe du pollueur-payeur en fonction de la ralit de terrain et modifier la rgle dallocation des cots, sils le souhaitent, pour viter de pnaliser trop fortement certains secteurs. Par exemple, les

    9 i) Le service dapprovisionnement en 8 espces de poissons commerciaux autres que la sole (bar, flet, plie, tacaud, merlan, sprat, hareng et limande), ii) le service dauto-entretien pour ces espces (processus hydro-sdimentaires qui participent la formation naturelle des nourriceries estuariennes o les jeunes alevins viennent se dvelopper), iii) le service dauto-entretien pour les oiseaux qui utilisent les zones de nourriceries de poissons come zone de sjour, iv) le service de rgulation de limpact des inondations (zone tampon de protection ventuellement joue par certaines nourriceries), v) le service culturel de la pche rcrative, vi) le service culturel de la chasse dans les zones de sjour pour oiseaux, vii) le service de rgulation de la qualit de leau (les nourriceries sont des zones tampons au sein desquelles les polluants sadsorbent sur les sdiments en suspension et peuvent ventuellement y subir un processus de dtoxification).

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    pollueurs indirects comme le secteur tertiaire et les consommateurs finaux (les mnages) pourraient participer aux cots de restauration puisque tous les deux bnficient du transport de marchandises par voie deau, une des activits les plus destructrices des surfaces de nourriceries. Au vu des bnfices consquents engendrs par le secteur tertiaire, une allocation partage au prorata de leur utilisation de produits primaires et secondaires permettrait dattnuer largement limpact sectoriel de la restauration. Ces impacts sectoriels ngatifs montrent quun compromis doit tre ralis entre lobjectif de maximisation des profits des entreprises et lobjectif environnemental de restauration de nourriceries potentielles. Cela reprsente un atout du modle I-O : il permet didentifier les compromis envisageables, reprer les secteurs les plus vulnrables et quantifier limportance du compromis en termes montaires pour les secteurs conomiques (excdent brut dexploitation) et en units physiques pour lenvironnement (tonnes de soles, km2 de nourriceries). Ces atouts constituent des avantages certains pour les processus de dcision participatifs. 2. Le modle ECO dans une valuation multicritre et multiacteur : une voie vers un compromis ? Le Chapitre XI illustre, dans un exemple virtuel, la manire dont le modle ECO pourrait contribuer aboutir des compromis en lutilisant au sein de la mthode participative dvaluation multicritre et multiacteur INTEGRAAL. Lexemple montre que deux lignes de conflit dusage de lestuaire pourraient tre identifies. La premire ligne de conflit opposerait les associations de dfense de lenvironnement aux responsables directs et indirects de la destruction des nourriceries (ports du Havre et de Rouen et industries primaires et secondaires bnficiant des services portuaires pour le transport de marchandises). La deuxime ligne de conflit opposerait les pcheurs aux responsables directs et indirects. Dans lexemple considr, les pcheurs ne sont pas satisfaits des mesures de restauration puisque, pour quelles affectent les prises de pche, il faudrait augmenter la surface totale restaure. Les ports du Havre et de Rouen ainsi que les industries primaires et secondaires peuvent difficilement accepter daugmenter la surface au-del de celle propose par le scnario tant donn les cots de restauration considrables quils devraient prendre en charge. Ces deux lignes de fracture refltent un conflit dusage de lestuaire entre, dune part, les acteurs qui utilisent ou dfendent les services cosystmiques de support de vie (habitats de nourricerie de poissons et doiseaux limicoles) et, dautre part, ceux qui utilisent lestuaire pour ses services cosystmiques dapprovisionnement en eau utilise comme moyen de transport (importations et exportations par bateau). Une manire de rgler le conflit qui oppose les associations de dfense de lenvironnement, dune part, et les ports du Havre et de Rouen et industries primaires et secondaires dautre part (essentiellement les raffineries de ptroles, les producteurs de gaz et de charbon et le secteur minier), consiste entamer une deuxime itration des cinq tapes de la mthode INTEGRAAL (Figure 37) pour valuer un troisime scnario de restauration. Dans ce scnario, ce ne seraient plus seulement les responsables directs et indirects qui assument les cots mais galement les responsables indirects de troisime ordre. Il sagit des secteurs des services qui bnficient des produits fabriqus par les secteurs primaires et secondaires partir dimportations transportes par voie deau. La charge des cots par secteur tant mieux rpartie, elle serait fortement allge. Par consquent, les acteurs invoqueraient moins darguments financiers et conomiques pour rejeter un scnario de mesures de restauration. Ce type de compromis ralis par les ports et les industries primaires et secondaires, consistant accepter la mesure de restauration condition dlargir lallocation des cots au secteur des services, est susceptible de faire merger un scnario acceptable pour la majorit des acteurs. En ce qui concerne le conflit qui oppose les pcheurs aux ports, au secteur minier ainsi quaux raffineries de ptrole et producteurs de gaz et de charbon, le dbat est dlicat parce que dans

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    lexemple de dlibration simul, il est suppos que les pcheurs font pression pour augmenter la surface de nourriceries restaurer. Or le cot de restauration tant trs important, cela pourrait mettre en pril la viabilit financire et, par consquent, lexistence des secteurs conomiques impliqus dans la Matrice de Dlibration. Ceci soulve la question de la lgitimit des activits de ces secteurs. Certes, dun ct, ils sont lorigine de la destruction de surfaces de nourriceries ainsi que de la biodiversit halieutique et avicole quelles abritent mais, dun autre ct, les ports et les secteurs qui y sont lis10 gnrent 24% du PRB de la rgion Haute-Normandie ainsi que 19% des emplois directs et indirects (Section XII.1). Une solution ventuelle ce conflit pourrait consister, dans la deuxime itration des tapes de la mthode INTEGRAAL, valuer un quatrime scnario comportant des mesures supplmentaires de rduction des rejets polluants ainsi que de traitement des sdiments des nourriceries. Les acteurs responsables des missions polluantes dans la Seine de Haute-Normandie mais galement en amont du barrage de Poses (rgion Ile-de-France) devraient tre invits participer pour envisager leur participation aux cots de mise en uvre de ces mesures supplmentaires. Un tel scnario est susceptible de dboucher sur une voie de compromis car comme Rochette et al. (2010) le montrent, la qualit des sdiments et de leau sont des facteurs importants de la perte de capacit daccueil des nourriceries de poissons. Rpartir les moyens entre laugmentation des surfaces de nourriceries et lamlioration de leur qualit constitue, par consquent, une bonne dmarche de rpartition plus quitable des cots de restauration de la qualit environnementale entre les secteurs conomiques ainsi quentre les rgions. En fin de compte, la Matrice de Dlibration utilise dans la mthode INTEGRAAL sert souvent rconcilier deux objectifs gnraux mutuellement exclusifs : dune part, la recherche de bien-tre ou de profits immdiats par les acteurs et, dautre part, lobjectif long terme de la qualit de lcosystme et des biens publics en gnral (Norgaard, 1988, 1994 ; OConnor, 2002 ; Guimaraes Pereira et O'Connor, 1999 ; Faucheux et OConnor, 2005). Pour sen rendre compte, il pourrait tre intressant de faire participer les acteurs lvaluation dun cinquime scnario de restauration. Il sagirait dun scnario dans lequel lhorizon de temps de la simulation serait prolong de 10 ans aprs la priode de restauration, ce qui nous amnerait en 2025. Forcment, ce moment -l, les impacts sectoriels des cots de restauration deviendraient nuls puisque la priode de restauration stendrait de 2004 2015. Il en dcoulerait que les dsavantages conomiques lis la mesure de restauration disparaitraient, alors quau contraire, les avantages coystmiques, eux, perdureraient ( condition que la croissance conomique ne les anihile pas voir section suivante). Ce scnario ne prsenterait aucune diminution de bnfices sectoriels dans le secteur portuaire ou les raffineries de ptrole, ni de diminution du PRB, ni de lemploi total dans la rgion. Cela promet un plus grand nombre dvaluations positives par les acteurs que lorsque lhorizon de temps de la simulation est fix 2015, cest--dire une anne durant laquelle les cots de restauration sont encore payer. 3. Restauration, dcouplage et limite la croissance conomique Mettre en lumire la simulation de scnarios de restauration de nourriceries potentielles face la problmatique des effets de la croissance conomique montre que des mesures de restauration prises seules nont pas beaucoup de sens sur le long terme. Cela fait 170 ans que la croissance conomique de la Haute-Normandie conduit la destruction des nourriceries. Sans modification de cette croissance, les efforts de restauration seront systmatiquement contrebalancs par des pertes dans les zones non restaures (et dans les zones restaures si aucun suivi nest men). Certes, un dcouplage entre la croissance conomique et les pertes de nourricerie est observable. Cependant il

    10 Les secteurs dont lexistence dpend directement de lactivit des ports du Havre et de Rouen sont le secteur de la pche, les raffineries de ptrole et producteurs de gaz et de charbon, la chimie, la mtallurgie, la construction automobile et le transport par voie deau (AESN et al., 2003).

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    est trop lent et, ce rythme, en 2025, lestuaire de la Seine continuera perdre chaque anne 0,91 km2 de nourriceries (contre 1,18 km2 en 2004) comme lillustrent la Figure 41, la Figure 45 et la Figure 51. Malgr le dcouplage, cela ne permettra pas aux acteurs locaux datteindre la qualit environnementale souhaite pour lestuaire (un retour aux conditions de la fin des annes 1970-dbut des annes 1980 en 2025) malgr leur programme relativement ambitieux de restauration dun total de 6 km2. Tout au plus, cela permettra de maintenir la surface existante en 2007 sans restauration. En consquence, il serait prudent de complter les mesures de restauration, qui sont des mesures dites end-of-pipe , par des mesures la source qui amliorent les processus de production conomiques comme par exemple (voir Section XII.2)11 :

    - Modifier la composition du PRB : rduire la consommation matrielle pour favoriser les consommations de services (sans substitution par les importations), rduire les importations par bateau, etc.

    - Augmenter lintensit dutilisation des produits : dvelopper des produits fonctionnalit multiple, dvelopper des systmes de partage (co-voiturage en entreprises), mdiathques, autres systme de prts et de location, etc.

    - Amliorer lefficacit environnementale de la production : dplacer le site de clapage des sdiments en mer, amliorer lefficacit nergtique des btiments pour rduire la consommation de combustibles transports par bateau, amliorer lefficacit des ports par une meilleure gestion du transbordement (pour accueillir le nombre actuel de bateaux par jour sur une superficie portuaire plus rduite), etc.

    Nanmoins, il ne faut pas compter uniquement sur ces mesures. Certes, elles aideront acclrer le dcouplage mais les tudes bases sur une analyse globale dun grand nombre de donnes et dannes montrent que le dcouplage relatif (rduction des pertes de nourriceries par unit de PIB) est en gnral compens par la croissance du PIB. Lindicateur de consommation matrielle directe par unit de PIB le montre trs bien. Alors que cet indicateur diminue entre 1975 et 2000 dans cinq pays12, la consommation matrielle directe (ressources naturelles), en valeur absolue, au mieux, reste constante quand elle naugmente pas (Jackson, 2009). Cet exemple nest pas sans lien avec les nourriceries puisque le transport des produits matriels par bateau est un des responsables de la destruction de surfaces de nourriceries. Il nest pas non plus anecdotique car il sagit dun indicateur agrg qui regroupe de nombreux matriaux (charbon, bois, ptrole, minerais divers, etc.), sans compter que dautres indicateurs environ