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L , ESPRIT DE L , OURS Présence Image Editions

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L,ESPRIT DE L

,OURS

Présence Image Editions

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Photos, textes, croquis : Daniel Pouget

Empreinte de couverture d’après un moulage

original de Jean-Louis Orengo

ISBN : 2-914452-01-2Droits de reproduction réservés pour tous pays.

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L,ESPRIT DE L

,OURS

Croyances et magie Inuit

DANIEL POUGET

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Ethnologue, fondateur du musée des civilisations à

Saint-Just-Saint-Rambert dans la Loire, conservateur des

Musées Foréziens, Daniel Pouget s’est toujours intéressé aux

ethnies les plus menacées de la Terre.

Il a participé, ces quarante dernières années, à de nom-

breuses missions pour le musée de l’homme et les musées

foréziens, en Asie du Sud-Est, Asie Centrale, Chine, Océanie,

Indonésie, Afrique, Groenland, Canada, Sahara, Laponie…

De ces voyages, il rapporte des milliers de photographies, des

témoignages, de nombreux films, mais aussi des objets d’art et

de vie quotidienne, mis en valeur lors d’expositions.

Daniel Pouget a également publié plusieurs livres,

notamment sur les indiens Oyampis de Guyane, les Bushmen

du Kalahari, les Papous de Nouvelle-Guinée, les Inuit, les

Hommes Bleus du Sahara.

Dans un ancien couvent restauré du Forez, Daniel

Pouget vous reçoit et vous invite à partager ses souvenirs de

voyage à travers des expositions largement documentées.

Renseignements : Le Couvent 42560 Chazelle sur Lavieu

Tél/fax : 04.77.76.59.29

Daniel Pouget

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À Noulajiouk, Déesse de la mer.

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Laura

" Vivre et découvrir chaque matin le jour merveilleux qui se

lève et la lumière qui se répand sur le monde. "

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Remerciements

C’est le plaisir qui a précédé la conception de ce livre.

La générosité manifestée par de nombreuses personnes,

le temps et le soin qu’elles ont accordés à ce travail

sont inimaginables.

Que Marie Cuadros Pouget, pour l’aide apportée à

la rédaction finale de ce texte, trouve ici l’expression

de toute ma gratitude.

Mes remerciements s’adressent aussi à :

Fabienne Malavasi,

Hélène Grosmollard,

Jane Fassolette,

Christelle France,

Michèle Poncet.

J’exprime ma profonde gratitude à celle qui fut le témoin

privilégié de cette vie inuit. « Laura la chamane ».

Dès notre première rencontre, elle m’a accordé toute sa

confiance, les informations qu’elle a toujours accepté de me

fournir contribuèrent à donner à ce récit une ampleur qui

n’était pas prévue au départ.

Daniel Pouget

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Le Groenland

Régime politique : division administrative autonome du Danemark à l’étranger.Capitale : Nuuk (Godthåb)Superficie : 2 186 000 km carrés, soit 4 fois la FranceMonnaie : couronne danoiseClimat : polaire avec des hivers très frais et des étés frais à froids

Près de cinquante fois plus vaste que le Danemark, sa "mère patrie", le Groenland ne représente que 1% de sa population. La plus grande des îles de la planète est couverte à 85% par un manteau de glace qui présente une épaisseur moyenne de 1500 m. Les zones libres de glace abritent des plaines argileuses et sablonneuses, mais seules les côtes rocheuses sont habitées.

C’est le Viking Erich le Rouge qui lui donne le nom de Groenland, et y établitune colonie, en 980, qui atteindra une population de 5000 habitants, maisdisparaîtra au XVe siècle lorsque le climat connaîtra un chute sensible. L’île devient colonie danoise en 1721, puis partie intégrante du Danemark en 1973, avant d’obtenir un statut d’autonomie interne totale en 1981.

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Aujourd’hui, la plupart des groenlandais sont d’origine inuit et danoise etvivent difficilement entre ces deux mondes. Dans les villes, l’alcoolisme, lesmaladies vénériennes et le suicide sont omniprésents. La moitié des recettespubliques provient de subventions de l’État danois.

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Anok

" Notre bonheur est de ne rien désirer d’autre qui ne soit offert par

la nature à chaque saison. Cette nature ne peut ni se tromper,

ni nous tromper. "

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AVERTISSEMENT

ESKIMO : terme qui signifie « ceux qui man-gent de la viande crue ». Ce surnom fut donné auXVIIIe siècle par les indiens Algonquins qu’un mis-sionnaire français avait évangélisés et qui propageacette appellation pour les populations vivant dansle Grand Nord canadien et au GROENLAND.

L’orthographe de ce terme est des plus fantai-sistes. Comme le précise Paul-Emile Victor, actuelle-ment, il convient d’écrire le mot tel qu’il s’écrit enethnologie soit : un eskimo – une eskimo – deseskimo – mais dans le langage courant, nousécrivons un eskimo – une eskimo – des eskimos.

La plupart des termes eskimos employés dansl’ouvrage sont retranscrits phonétiquement enfrançais, ceci peut donc entraîner quelques modifi-cations d’orthographe, que le lecteur veuille biennous en excuser.

Aujourd’hui nous utilisons le terme INUITqui signifie « les hommes ».

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PROLOGUE

Un jour de Juin 1995, à Rodebay(Côte ouest du Groenland).

Je n’étais pas revenu en ces lieux depuis près detrente ans, c’est à la fois un temps très long et

très court, selon les événements ou les étapes qui ontmarqué tout ce temps de vie.

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Il est à peine huit heures du matin. L’héli-coptère qui fait la liaison entre la base deSondrestomfjord et Rodebay vient juste de medébarquer dans ce petit village de la côte ouest duGroenland. Toute la région qui entoure cette modesteagglomération a pour nom « baie de Disko ». À cetteheure matinale du mois de juin, le soleil illuminedéjà les sommets montagneux leur donnant unecouleur rose tout à fait curieuse, alors que les glacierssont encore peints d’un bleu très sombre. Le fjord,lui, est encombré d’icebergs qui étincellent tels despoignées de diamants. Le moment est féerique etmajestueux, d’autant que, pendant la courte nuit, levent s’est tu. Il se repose, mais tout à l’heure ilreparlera. Les goélands profitent de cette accalmiepour repartir, dans un discret bruissement d’ailes,vers le large. Leur image se reflète dans l’eau miroir.

L’atterrissage de l’hélicoptère a réveillé les trèsnombreux chiens qui, tout en s’étirant, pleurent encrescendo, mais soudain ils font un silence curieuxet inattendu, pour ensuite repartir de plus belle enun véritable concert de jappements.

Mon émotion est grande de retrouver ces lieuxaprès une si longue absence. Mon regard dérouté nesait où se poser. La lumière qui, peu à peu s’inten-sifie, transforme les espaces et les volumes.

Je reste là, contemplatif, comme si, depuis madernière visite, tout s’était figé durant ces longues

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années, cela pour mon seul plaisir. Un bruit insoliteme ramène à la réalité, c’est le grondement del’énorme chaos des glaces qui, poussées les unescontre les autres, se chevauchent pour ensuite sefracasser contre les rives. Ces morceaux de banquise,toujours en mouvement, sont émaillés d’icebergs,grands comme des maisons de dix ou vingt étages.Les chiens aussi ont recommencé à gémir, de plus enplus fort. Attachés en groupe et par traîne, ilscommencent à avoir très faim et le font savoir.

L’Inuit n’est pas un lève-tôt. Aucune silhouetten’est visible autour des maisons. Les longues soiréespassées à parler, à danser, à boire et à s’amuser nelaissent que peu d’heures de sommeil, aussi les réveilssont-ils difficiles.

Je saisis l’occasion pour redécouvrir ce village,où je constate que peu de choses ont changé depuisma dernière et lointaine visite. Il porte le nom deOqaitsut, ce qui signifie « les cormorans ». J’avoueque malgré le froid intense de l’hiver, il est préférabled’arriver à Rodebay à cette saison-là car le lieu estencore tout recouvert de neige et de glace. Dans cetunivers de cristal, seules se détachent les petitesmaisons de bois, aux couleurs vives. Le paysage estalors un merveilleux tableau, tandis qu’en cettepériode quasi estivale de l’année, les glaces et la neigeont fondu autour des maisons, laissant place à denombreux détritus et objets en tout genre dont

Prologue...

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personne ne prend la peine de se débarrasser. Mêmeles rochers du village sont recouverts de matidak, lavieille graisse pourrie, plus collante que la glue. Toutest poisseux, tout dégage une odeur fétide, écœu-rante. Plus je m’approche des maisons, plus leschiens grondent. Ne connaissant pas mon odeur, ilsexpriment leur hostilité. Aussi j’évite leur proximité,restant attentif à ceux qui, par hasard, n’auraient pasété attachés. Comme personne ne donne encore pasde signe de vie, j’en profite pour me promener dansle village.

Les maisons assez éloignées les unes des autres,ont une forme presque identique, seule leur couleurdiffère. Devant chacune d’elles des claies de bois deplus de deux mètres de haut ont été construites,dessus y sont remisés les traîneaux, les kayaks ou toutsimplement le squelette de ceux-ci. S’ils sont disposésaussi haut, c’est pour les soustraire à la voracité deschiens. D’autres claies sont utilisées pour faire sécherle poisson.

Je recherche surtout une maison de couleurjaune, celle où j’ai vécu lors de mes derniers séjours.Il s’agit de la maison d’Anok et Cécilia, ce couplequi m’avait si bien accueilli et qui m’avait prodiguéune chaleureuse amitié. Heureusement, autrefois,j’avais fait une multitude de photos, et grâce à cestémoignages, je n’ai pas eu de mal à repérer la petite

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habitation qui n’a absolument pas changé, à undétail près, la couleur jaune mal entretenue estdevenue bien pâle. En m’approchant, je m’aperçoisque c’est la seule maison du village dont la cheminéelaisse échapper un mince filet de fumée. J’en conclusque la maison est toujours habitée. Cela m’incite àfrapper à la porte. N’obtenant aucune réponse, jedécide d’aller m’asseoir au soleil pour attendre lasortie de l’un des occupants. Je me souviens alors demes amis qui m’ont tout appris des règles nécessairespour vivre et, surtout survivre, dans cet univers defroid qu’est le Groenland. À l’époque ils m’ont faitdécouvrir les gestes indispensables du quotidien, touten m’initiant aux coutumes d’hier et d’aujourd’hui.

Par la parole, ils m’ont transmis l’histoire deleur peuple. Anok et Cécilia, et leurs trois enfants,n’étaient pas originaires de cette région, ils venaientmême de très loin, c’est-à-dire de la côte Est duGroenland, et plus précisément de la région d’Ikateq.Suite à un différent avec le pasteur d’Angmagssalik,ils avaient été contraints de venir s’installer sur lacôte ouest du Groenland. Anok, homme d’expé-rience, formidable chasseur de phoques et debaleines, avait très vite été apprécié dans son nouveauvillage, il y avait même acquis une grande notoriété.D’ailleurs, grâce à sa générosité, on l’avait désignéchef du village et depuis, sa réputation était devenuelégendaire.

Prologue...

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Avec Anok, j’avais alors appris à approcher leschiens, à me servir d’un traîneau, d’un kayak, d’unharpon, à me déplacer sur tous les types de terrains.Il m’avait même initié à la circulation entre lesicebergs au moment où les eaux sont libres de glace.De son pays qu’il connaissait parfaitement, il m’avaitfait approcher la faune, découvrir la flore, connaîtreles conditions et les réactions climatiques. Il m’avaitégalement enseigné comment faire les prévisions dutemps à court terme, ceci afin d’éviter certainsrisques au moment des déplacements qui s’avèrentêtre toujours délicats par mauvais temps. Avide deconnaissances, j’avais profité pleinement de l’expé-rience de ce merveilleux maître.

Grand consommateur d’alcool, Anok, au coursdes longues soirées, développait une verve sans égaleet s’avérait posséder des talents de conteur incontes-tables. En plus de l’intérêt de tout connaître sur lepassé, il savait déclencher les rires et les émotions.Souvent ivre mort la veille, dès le lendemain, il étaittoutefois frétillant pour repartir à la chasse ou à lapêche. À chaque fois, il déclarait : « Je suis le seulInuit à avoir tué deux baleines d’un seul coup ! ».

La vie de Cécilia, elle, était plus calme. En plusde s’occuper de leurs trois enfants, grâce à sesconseils, et aux soins médicaux et paramédicauxqu’elle avait appris auprès d’un angakok, un sorcier,de la côte ouest, elle rendait de nombreux services

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aux habitants du village. Rapidement, sa réputationde guérisseuse avait dépassé les limites de Rodebay.On venait de très loin pour se faire soigner par cettefemme qui avait le don de guérir ou, tout au moins,de diminuer la souffrance. De ce temps-là, je mesouviens aussi d’un danois Block Poulsen, lefondateur et l’instituteur de la petite école du village.Un personnage haut en couleur, dont le rire toni-truant faisait hurler les chiens et Dieu sait s’ils sontnombreux à Rodebay ! Ce grand buveur de bière,auquel je m’étais lié d’amitié, me transmit saconnaissance en matière de langue inuit. Les

Prologue...

En avril, le soleil devient incandescent. Sa lumière réverbère sur la neige étin-celante, la faisant disparaître au-delà des crêtes. L’ivik, l’herbe par excellence,apparaît sur les pentes recouvertes l’hiver d’un épais manteau de neige.Lorsque le sol s’y prête, l’herbe forme un épais tapis. Pour les Inuit, l’ivik estimportante, ils la ramassent, la font sécher pour pouvoir l’utiliser plus tard,en hiver, souvent pour mettre aux fonds des bottes.

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quelques rudiments appris me furent bien néces-saires pour m’immerger dans cette population. Detous ces personnages, j’ai toujours gardé dessouvenirs fabuleux. Malheureusement, les obliga-tions de la vie m’ont empêché d’être un visiteurassidu et un ami fidèle.

En 1980, quelques années après, je suis retournéà Rodebay. Poulsen, l’instituteur, toujours présent,était sur le point de repartir au Danemark, afin deprofiter d’une retraite bien méritée. Au cours de cettevisite, il m’annonça le décès d’Anok. Malgré songrand âge, l’homme n’avait jamais hésité à pour-suivre les baleines en kayak. Aussi, un jour, n’ayantpas pris la précaution de mettre son tablier de kayak,il avait eskimoté, c’est-à-dire qu’il avait embarqué de

Rorqual

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l’eau glacée, et il y était resté dedans durant tout letemps du retour jusqu’au village. Il était mort de cecoup de froid. Cécilia, longtemps demeurée prostrée,n’avait pas tardé à dépérir et était morte de chagrin.

Leurs enfants qui jusqu’alors vivaient près deleurs parents s’étaient dispersés. Le Danois savait queLaura était retournée à Angmagssalik, sa régiond’origine. Depuis aucun n’avait plus jamais donnésigne de vie. Ces disparitions avaient plongé levillage dans la tristesse, car quasiment d’un seulcoup, Rodebay avait perdu toute une famille unani-mement appréciée. Moi-même, affligé par d’aussimauvaises nouvelles, j’ai réagi violemment enaffirmant que jamais je ne reviendrais dans ce villageoù j’avais passé d’excellents moments grâce à Anok etCécilia, et à tous les autres.

Bien souvent, on dit que le temps apaise lesplus grandes douleurs. Cela est certainement vrai,puisque quelques années après, me voici de retour,méditant sur mes souvenirs, qui, bons ou mauvais,sont tous auréolés des brumes du passé.

Prologue...

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RENCONTRE AVEC LAURA

Avec pour fond sonore les hurlements des chiensdevenus presque continus, plongé dans ma

méditation, j’ai perdu la notiondu temps. Mon regardfréquemment se pose sur laporte d’entrée de la petitemaison jaune, lorsque,soudain, il est accrochépar l’apparition d’unesilhouette qu’il m’estdifficile de reconnaîtreau premier coup d’œil.Je n’hésite donc pasà m’approcher decette personne. C’estelle qui m’accueille,en prononçant lepetit nom que jadis Laura, jeune fille

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m’avaient donné ses parents : Danou ! Subitement, jecomprends que je suis en présence de Laura.

Je ne résiste pas au plaisir de la serrer dans mesbras et de frotter mon nez contre le sien, commenous avions coutume de le faire au bon vieux tempset comme le veut la pratique inuit.

Bien sûr, je ne lui dis pas que physiquement, jela trouve changée. Il se peut d’ailleurs qu’elle ait lemême sentiment à mon égard. L’un et l’autre, nousresterons discrets sur la question. Pour l’instant, noussommes tout à la joie de cette rencontre, l’échangedes nouvelles est engagé.

J’éprouve une certaine difficulté à me réadapterà ce langage. Je demande donc à Laura de s’exprimerplus lentement, af in que je puisse comprendrel’essentiel de ce qu’elle a à me dire. Tout en parlant,elle m’entraîne à l’intérieur de la maison. Là aussi,rien n’a changé, je retrouve les espaces toujours aussiencombrés, peut-être un peu plus encore, car lerangement n’est vraiment pas la préoccupationpremière de nos amis Inuit, et Laura n’échappe pas àla règle.

Comme si tout se bousculait, tellement la joiedes retrouvailles est grande, d’une manière chao-tique, désordonnée, elle me redit plusieurs fois lesmêmes choses en insistant sur son âge, presquesoixante ans déjà, la mort de ses parents, puis la diffi-culté à vivre à Angmagssalik, ses études sur la magie

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et la médecine traditionnelle, et enfin son retour àRodebay. Actuellement, elle cherche à faire revivre samère, en pratiquant, comme elle, la médecine tradi-tionnelle auprès de gens qui, parfois, viennent laconsulter de très loin. Son flot de paroles sembleintarissable. Amusé, je l’observe, quand soudain,reprenant son souffle, elle pose son regard sur moi,et, avec un brin d’inquiétude me demande :

« Combien de temps vas-tu rester à Rodebay ? ».Pris un peu de court par cette simple question,

je lui réponds que je ne suis que de passage. Face à latristesse qui alors inonde son visage, je regrette cetteréponse hâtive, je me sens obligé d’ajouter que jeresterai certainement un peu plus que prévu.

Tandis que le village s’anime, un ami de Lauravenu en quête d’un conseil et intrigué par maprésence, s’en est allé porter la nouvelle. Sans perdrede temps, certains, attirés par l’étranger n’hésitentpas à franchir le seuil de la maison jaune, sans mêmefrapper, telle est la coutume inuit. Chacun s’avancedans le minuscule corridor, et lance d’une voix toni-truante son nom, son surnom. Personnellement, j’aidu mal à reconnaître les gens, surtout les jeunes.Laura leur explique qui je suis et, à mon attention,désigne les nouveaux arrivants en précisant :

« C’est le fils ou le petit-fils d’un tel ».Toute cette première journée ne sera qu’un

incessant défilé d’hommes et de femmes parmi

Rencontre avec Laura...

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lesquels je reconnais quatre anciens ; eux aussiaffirment se souvenir de moi. À chaque fois, tandisque les bières circulent, des accolades chaleureusessont échangées. Les rasades d’alcool sont suscep-tibles de raviver encore plus les souvenirs. Pour lesnuits à venir, tous souhaitent m’accueillir chez eux,mais connaissant les inconvénients d’une telle invi-tation, je leur réponds que je préfère, si possible,demeurer seul dans une maison libre, s’il y en a. J’aide la chance car, actuellement l’une d’entre elles estinhabitée depuis plusieurs mois. Son propriétaire esten voyage au Danemark.

Pendant le repas que je prends en tête à têteavec Laura, je me réadapte peu à peu à la nourriturebien différente de nos saveurs européennes. Aumenu, viande d’ours bouillie dans l’eau de mer, letout accompagné de nageoires de phoques frites àl’huile, dans laquelle Laura a pris soin de rajouter dugras de baleine !

Au cours de notre conversation, j’ai promis àLaura de rester plusieurs jours. J’ai pris cettedécision lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle prendraitdu temps pour me parler de ses activités de guéris-seuse et de magicienne. Elle précise que les habi-tants de la région l’appellent familièrement la« chamane ». Il n’en fallait pas plus pour attiser macuriosité et donc me donner l’envie de prolongermon séjour.

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Au moment où, enfin je me retrouve seul, etbien qu’un peu brumeux, compte tenu des quantitésd’alcool absorbées, je m’organise du mieux que jepeux pour passer ma première nuit dans une maisonhumide et peu accueillante, et cela à cause des fortesodeurs qui se sont imprégnées depuis le départ dupropriétaire peu soigneux.

Dès le lendemain, avant de retrouver Laura, jem’en vais reconnaître le petit village et ses environsproches. Blotti dans le fond d’une ancienne valléeglaciaire, le fjord est dominé par une petite montagneaux sommets toujours enneigés. Cet ensemble, ycompris les glaciers étincelants, se reflète dans les eauxapaisées du fjord. En cette période de l’année, les eauxsont désormais débarrassées des glaces, toutefois, deloin en loin, on peut apercevoir des icebergs quidérivent, et qui, au soleil, scintillent tels de véritablesjoyaux.

Parfois, des craquements sinistres se fontentendre, ils sont suivis de l’envol de tous les oiseauxde mer présents, en quête de poissons. Puis, soudain,dans un fracas étourdissant, l’un des énormesmorceaux de glace plonge dans la mer, créant ainsid’énormes vagues que les chasseurs de phoquesredoutent tant. La rupture des glaces, phénomènegénéralement d’une rare violence, déclenche un raz-de-marée engloutissant tout sur son passage y compris lesfrêles embarcations que sont les barques et les kayaks.

Rencontre avec Laura...

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Le chaud soleil de juin incite les hommes etles femmes à s’activer plus que durant la saisonhivernale. Pendant le bref répit que leur accorde lafroidure de l’hiver, tous en profitent pour effectuerles multiples réparations nécessaires autour desmaisons : entre autres, il faut renforcer les soubasse-ments à l’aide de tourbe, et repasser plusieurs couchesde peinture sur les parties en bois.

Le Groenlandais est d’un naturel plutôt prag-matique, il ne s’encombre pas de problèmes intellec-tuels pouvant le perturber. De par son aspectphysique, il ne peut renier ses ancêtres mongols. Petit,de taille moyenne, trapu, plutôt gras, le poil brun, levisage plat aux pommettes saillantes, les membrescourts, il est solidement bâti pour résister aux condi-tions climatiques exceptionnelles. D’un tempéramentgai, voire moqueur, il est doté d’une patience à touteépreuve. D’autre part, il possède un sens de l’orien-tation, de l’observation et de l’adaptation à toutes lessituations, qui sont hors du commun. L’Inuit est unêtre sensible, grand poète, il sait arranger toutes leshistoires, le moindre événement est susceptible d’en-gendrer un conte ou une légende. Profondémentsuperstitieux, il s’attache aux manifestations insolites.D’ailleurs, avant d’agir, il s’inquiète des momentsfavorables ou défavorables. Attaché aux croyancestraditionnelles, il n’hésite pas, malgré les interdits des

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pasteurs protestants, à fréquenter les chamanes, àparticiper à des séances de magie et à se rendre dansdes lieux considérés magiques et bénéfiques à sasurvie. Cette manière d’être inuit nous fait mieuxcomprendre l’importance de Laura, « la chamane »,héritière d’une importante connaissance qu’elle-même a développée grâce à un don naturel mais aussigrâce à sa capacité à vivre ces pratiques.

Voyant que l’heure a tourné, je me dirige ànouveau vers la petite maison jaune, bien décidé àinterroger Laura sur ses croyances qui, à plus oumoins brève échéance, sont vouées à la disparition.Les Inuit, à présent, participent totalement à notremonde moderne : depuis quelques décennies, ils ontvu apparaître les produits européens et américains etsont totalement au fait des techniques de pointe.Ainsi, peu à peu, ils se sont détournés des coutumesancestrales. Malgré tout, dans certains villages, desfamilles ont freiné cette avancée, parfois même ellesl’ont complètement dédaignée. Des hommes et desfemmes, comme Laura, ont vu leurs pouvoirs s’ac-croître, leurs connaissances se développer au pointd’être très respectés par tous. Chez ceux qui les recon-naissent, peu de gens hésitent à les fréquenter et àutiliser leur savoir.

Face aux religions officielles, le chamanisme etses pratiques auraient, depuis longtemps, dû

Rencontre avec Laura...

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disparaître, mais au fond de chacun de nous, lesracines qui nous relient aux mondes obscurs dontnous sommes issus sont toujours bien présentes.Aussi, de ce fait, tous les enfants inuit nés dans notremonde de l’internet savent encore qui estNouliajouk, déesse de la mer et de tout être vivant.Sans cesse, ils y font référence dans leurs jeux, dansleurs moments de joie ou de peine. Plus tard,devenus adultes, et toute leur vie, ils garderont àl’esprit la force de cette croyance.

Arrivé au seuil de la maison, Laura est là, quim’attend, souriante, accueillante, égale à elle-même.Je la retrouve et l’observe un moment, une vraieinuit, courte, trapue, avec son visage rond, des yeuxde laque, bridés, les ans n’ont pas trop ravagé sestraits. Surtout, à l’inverse de beaucoup de femmes deson âge, elle a gardé toutes ses dents, pas encore uséesà mâcher les peaux. Bien qu’il soit rare, son sourirereste lumineux. Comme il y a un beau soleil, nousrestons devant la petite habitation de bois et ainsi,nous profitons pleinement des chauds rayons del’astre divin. L’été est tellement court qu’il faut enjouir pleinement. Je sors mon carnet de notes car jesais que, maintenant et les jours suivants, Laura vadevenir l’intarissable conteuse de son histoire.

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HISTOIRE D|UNE VIE ...

Sans doute te souviens-tu encore de l’histoire dema naissance que Cécilia, ma mère t’a racontée

maintes fois. Les douleurs de l’accouchementl’avaient prise à un moment où Anok, mon père,était parti à la chasse à l’ours. Mes parents, en cetteannée 1942, habitaient sur la côte est du Groenland,à Angmagssalik. C’était ledébut de l’aussauvok,l’été. La saison d’hiver,qui s’était attardéede manière inhabi-tuelle, avait laisséune banquise trèsépaisse, empêchantles grandes chassesaux phoques qui,généralement, sedéroulent durant le Laura enfant

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printemps. De ce fait, les réserves de nourritureétaient presque épuisées. Mes parents, comme tous lesautres, attendaient le dégel des lacs et des rivières et lafracture de cette banquise, pour pouvoir s’appro-visionner en phoques et en poissons.

À cette époque, Anok recherchait tout ce quipouvait être chassé, et notamment les animaux àfourrure. Il lui fallait une grande quantité de peauxpour rembourser les nombreuses dettes qu’il avaitcontractées dans l’unique boutique du village, où ilavait acheté un fusil et d’autres marchandises trèschères. Tous ces produits arrivaient d’Europe, où laguerre faisait rage alors.

Si Anok osait affronter la force des ours, c’estque leur peau d’un blanc immaculé représentaittoujours un bon prix. Les ours, véritables forces de lanature, savent très bien se défendre des hommes etdes chiens.

Aussi, bien que mon père possédât un bonfusil, les munitions étaient de mauvaise qualité,souvent donc la chasse s’achevait par une lutte decorps à corps, entre l’homme et l’ours. Cette fois-ci,Anok avait beaucoup bataillé. Ce fut grâce à l’aide deses chiens qu’il avait réussi à maîtriser l’ours ; à boutde forces, épuisé, dans un ultime sursaut, il avaitpoignardé l’animal. Le combat avait été titanesque,d’ailleurs le corps tout entier d’Anok était couvert deblessures et plusieurs de ses chiens avaient été tués.

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Table

Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Rencontre avec Laura . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Histoire d’une vie… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

La vie à Ikateq . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Installation à Rodebay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

La baie des Cormorans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Une chasse exceptionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

Après la chasse, la fête ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Anok, un chasseur de légende . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

Apprentissage chez Hilla la chamane . . . . . . . . . . . 109

Une mauvaise aventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Toujours vers le Grand Nord… . . . . . . . . . . . . . . . . 175

Une autre vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

Retour au Groenland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

À la rencontre des ours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

La chasse à l’ours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

Laura, la chamane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225

Le départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

Crise chamanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

Note de l’Editeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

Médecine de l’Ours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244