1
N°12 - 24 avril 2020 Une fois de plus, le gel a sévi dans notre département à la période la plus critique dans le cycle de végétation. Les impacts sont nombreux et parfois avec des pertes totales ! Toutes les productions végétales de notre département sont impactées. La Chambre d'agriculture a alerté la DDTM et poursuit son travail de recensement des dégâts. Nous n'avions pas besoin de ce type d'épisode dans un contexte de crise sanitaire planétaire qui ne nous épargne pas, avec un effondrement du marché du vin ! Après le ralentissement en Chine, les taxes Trump, le coronavirus vient aggraver la situation, au point qu'il y aurait un nombre significatif de vin en trop sur le marché. Jean-Claude PELLEGRIN, élu de la Chambre d’agriculture 13. Edito En Direct DE LA CHAMBRE D’AGRICULTURE Publi information La certification vous assure la qualité de notre service. La Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône est agréée par le Ministère en charge de l’agriculture pour son activité de conseil indépendant à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sous le numéro IF01762, dans le cadre de l’agrément multisites porté par l’APCA. Chambre d’agriculture 13. 22, rue Henri Pontier 13626 Aix-en-Provence cedex 01 Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h30 (vendredi 16h30). www.chambre-agriculture13.fr 3 Zoom sur le Pôle Végétal En bref... Moscou-Paris Le gel sur les plantes cultivées est un vieux compagnon de l’agricul- ture dont on aimerait pourtant bien se débarrasser. Nous subissons ses effets depuis longtemps, mais la nuit du 24 au 25 mars 2020 a été marquée par des conditions tout à fait atypiques. On connait le gel blanc (ou gel par rayonnement), qui survient au printemps par temps calme et ciel dégagé. Différentes stratégies de protection existent (chaufferettes, tours à vent…). On connait aussi, même s’il est plus rare, le gel noir (ou gel par advection), qui corres- pond à une masse d’air froid venue du nord qui « brûle » les cultures sur son passage. La nuit du 25 mars, certains secteurs ont perdu la couverture nuageuse vers minuit, les tempéra- tures sont alors descendues brutalement jusqu’à -2, -3°C, ce qui a entraîné un gel blanc, avec des dégâts importants sur abricotiers, poiriers ou amandiers. Ces dégâts ont été d’autant plus impor- tants que ce gel a duré entre 5 et 7 heures. Dans d’autres secteurs, un vent glacial venu du nord- est a emprunté certains couloirs aériens pour entraîner des dégâts irrémédiables aux cultures. Les spécialistes appellent cela le « Moscou-Paris ». Dans la même nuit, et de manière exceptionnelle, on a ainsi observé des dégâts de gel blanc et des pertes importantes liées au gel noir. Des secteurs habituellement protégés (certaines zones de la Crau) ont ainsi été touchés par cette combinaison quasi inédite. D’autres zones, réputées sensibles, ont bénéficié d’un effet « micro-par- celle » qui les a protégées. Notre département a été très touché, mais d'autres secteurs de production l'ont été également, par exemple : le sud Luberon avec des températures dévastatrices de -5 à -6 °C (au printemps !) et la Drôme qui a perdu la production de centaines d'hectares d'abricotiers. Le Concours Général Agricole a récompensé cette année le travail de nos vignerons par un total de 126 médailles. Félicitations aux vignerons pour la qualité de leurs vins ! Chiffre clé Le projet REVATRA consiste à accompagner le développement récent de la filière amande où de nombreux vergers sont actuellement plan tés. Les estimations font état d’un doublement des surfaces dans le sud de la France et d’un triplement des volumes en cinq ans. Notre département est très concerné sur des terroirs comme le pays d’Aix, les Alpilles ou la Crau. Parmi les préoccupations actuelles, la réduc tion des traitements en amandiculture est considérée comme une priorité et le verger REVATRA a pour objet de proposer de nouvel les stratégies permettant cette baisse. Il est composé de 2 jeunes vergers d’aman diers plantés à la Station La Pugère en 2019. Le premier, dit « verger de référence » représente, sur 1 ha, la pratique classique d’un amandiculteur de notre région. Il est conduit en gobelet traditionnel. Les traitements contre les ravageurs et les maladies sont appliqués en fonction des seuils établis (par exemple le nombre de feuilles occupées par les pucerons). On peut parler de protection raisonnée mais non innovante. Le second verger, dit « verger innovant », également d’une surface de 1 ha, est là pour identifier tous les leviers permettant de baisser au maximum les interventions phytosanitaires, sans pénaliser les rendements. Un challenge de taille ! Sur ce verger, nous avons ainsi sélectionné une variété performante en termes de rendement mais donnée moins sensible aux bioagresseurs. Le mode de conduite est la haute densité (4 m x 1.2 m) pour permettre la pose directe d’un filet pour empêcher le ravageur majeur de l’amandier Eurytoma amygdali (ou guêpe de l’amande) de parasiter les fruits. Ce type de filet est utilisé contre le carpocapse du pommier avec succès (mais avec un maillage différent). Sur amandier, il faut encore valider cette hypothèse en verger. D’autres leviers sont prévus dans le verger inno- vant, comme le broyage des feuilles à l’automne, pour limiter l’inoculum fongique, ou l’utilisation d’une bâche tissée au sol (130 gr/m2), qui remplace les herbicides et permet une meilleure gestion de l’eau. Dans tous les cas, le projet REVATRA montre que la profession sait se mobiliser pour répondre au défi du « produire mieux », c'est-à-dire combiner toutes les stratégies innovantes pour limiter fortement les traitements (et ouvrir la voie à l’agriculture biologique) sans pénaliser le ren- dement. Gel du 25 mars Retrouvez la page facebook de la Chambre d'agriculture sur www.facebook.com/agri13 Vendredi 24 avril 2020 - L’AGRICULTEUR PROVENÇAL 8 Dans la nuit du 24 au 25 mars, les températures sont descendues jusqu’à -4°C (parfois plus, localement). Ce gel a débuté très tôt dans la nuit (minuit/1 heure du matin) pour se prolonger jusqu’au lever du jour. Cette intensité et cette durée du froid ont provoqué de très importants dégâts sur les cultures fruitières et viticoles du département. En arboriculture, la zone sinistrée s’étend au nord d’une ligne allant de Tarascon à Mallemort avec un fort impact sur les fruits à noyau (cerise précoce, prune, amande, pêche/nectarine, abricot…) où les pertes dépassent souvent le taux de 90 %. En fruit à pépins, les dégâts sont variables selon les variétés et la localisation géographiques des vergers. En viticulture, la plupart des zones de production ont subi des dégâts (Pays d’Aix, Cassis…), mais c’est sur les coteaux du Nord Alpilles (Saint-Rémy-de-Provence, Orgon…), et la région d’Arles que les conséquences du gel sont les plus importantes avec des taux de pertes dépassant souvent les 80 %. En maraîchage, des dégâts sont présents sur certaines cultures (asperge de plein champ par exemple), mais à des niveaux beaucoup moins élevés que sur les fruits ou la vigne. Face à ce sinistre, la Chambre d’agriculture a alerté la DDTM pour déclencher la procédure de reconnaissance du caractère des calamités agricoles en arboriculture (l’aléa gel sur vigne n’est pas éligible au fonds national des calamités agricoles). Les missions d’expertise seront mises en place après la période de confinement. Dans le même temps, afin de quantifier au mieux l’ampleur des dégâts (territoire, cultures, taux de perte…), la Chambre d’agriculture invite tous les agriculteurs concernés à se faire recenser auprès de ses services. Votre contact : Jérôme ANGE : 06 30 51 43 65 [email protected] La même démarche est à effectuer auprès de chaque mairie afin que celle-ci adresse un courrier à la DDTM pour demander une reconnais- sance du caractère de calamités agricoles. Amandiers, la profession se mobilise Agriculteurs, toutes les réponses à vos questions Afin de vous informer au mieux des mesures de soutien aux entreprises et des initiatives en faveur de l’agriculture, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône a créé une page web dédiée, accessible depuis sa page d’accueil, qui recense ces dispositifs. Actualités, informations, documents à télécharger..., cette page est régulièrement mise à jour. N'hésitez pas à y revenir. www.chambre-agriculture13.fr/covid-19-relais-dinformations La Chambre d'agriculture se mobilise pour vous assurer la continuité de ses services, malgré les mesures de prévention. Pendant cette période et pour continuer à vous accompagner au mieux, tous nos conseillers sont joignables par téléphone et par mail. Le verger d’amandier « innovant » combine de nouvelles stratégies pour baisser les traitements, sans pénaliser les rendements.

Edito En bref lé - paca.chambres-agriculture.fr

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Edito En bref lé - paca.chambres-agriculture.fr

N°1

2 -

24

avril 2

02

0

Une fois de plus, le gel a sévi dans notre département à la période la plus critique dans le cycle de végétation. Les impacts sont nombreux et parfois avec des pertes totales ! Toutes les productions végétales de notre département sont impactées. La Chambre d'agriculture a alerté la DDTM et poursuit son travail de recensement des dégâts. Nous n'avions pas besoin de ce type d'épisode dans un contexte de crise sanitaire planétaire qui ne nous épargne pas, avec un

effondrement du marché du vin ! Après le ralentissement en Chine, les taxes Trump, le coronavirus vient aggraver la situation, au point qu'il y aurait un nombre significatif de vin en trop sur le marché.

Jean-Claude PELLEGRIN, élu de la Chambre d’agriculture 13.

Edito

En DirectDE LA CHAMBRE D’AGRICULTURE

Publi information

La certification vous assure la qualité de notre service. La Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône est agréée par le Ministère en charge de l’agriculture pour son activité de conseil indépendant à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sous le numéro IF01762, dans le cadre de l’agrément multisites porté par l’APCA.

Chambre d’agriculture 13. 22, rue Henri Pontier 13626 Aix-en-Provence cedex 01 Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h30 (vendredi 16h30).

www.chambre-agriculture13.fr

3

Zoom sur le Pôle Végétal

En bref...Moscou-Paris Le gel sur les plantes cultivées est un vieux compagnon de l’agricul-ture dont on aimerait pourtant bien se débarrasser. Nous subissons ses effets depuis longtemps, mais la nuit du 24 au 25 mars 2020 a été marquée par des conditions tout à fait atypiques. On connait le gel blanc (ou gel par rayonnement), qui survient au printemps par temps calme et ciel dégagé. Différentes stratégies de protection existent (chaufferettes, tours à vent…). On connait aussi, même s’il est plus rare, le gel noir (ou gel par advection), qui corres-pond à une masse d’air froid venue du nord qui « brûle » les cultures sur son passage. La nuit du 25 mars, certains secteurs ont perdu la couverture nuageuse vers minuit, les tempéra-tures sont alors descendues brutalement jusqu’à -2, -3°C, ce qui a entraîné un gel blanc, avec des dégâts importants sur abricotiers, poiriers ou amandiers. Ces dégâts ont été d’autant plus impor-tants que ce gel a duré entre 5 et 7 heures. Dans d’autres secteurs, un vent glacial venu du nord-est a emprunté certains couloirs aériens pour entraîner des dégâts irrémédiables aux cultures. Les spécialistes appellent cela le « Moscou-Paris ». Dans la même nuit, et de manière exceptionnelle, on a ainsi observé des dégâts de gel blanc et des pertes importantes liées au gel noir. Des secteurs habituellement protégés (certaines zones de la Crau) ont ainsi été touchés par cette combinaison quasi inédite. D’autres zones, réputées sensibles, ont bénéficié d’un effet « micro-par-celle » qui les a protégées. Notre département a été très touché, mais d'autres secteurs de production l'ont été également, par exemple : le sud Luberon avec des températures dévastatrices de -5 à -6 °C (au printemps !) et la Drôme qui a perdu la production de centaines d'hectares d'abricotiers.

Le Concours Général Agricole

a récompensé cette année

le travail de nos vignerons

par un total de

126

médailles.

Félicitations aux vignerons

pour la qualité de leurs vins !

Chiffre clé

Le projet REVATRA consiste à accompagner le développement récent de la filière amande où de nombreux vergers sont actuellement plan tés. Les estimations font état d’un doublement des surfaces dans le sud de la France et d’un triplement des volumes en cinq ans. Notre département est très concerné sur des terroirs comme le pays d’Aix, les Alpilles ou la Crau. Parmi les préoccupations actuelles, la réduc tion des traitements en amandiculture est considérée comme une priorité et le verger REVATRA a pour objet de proposer de nouvel les stratégies permettant cette baisse. Il est composé de 2 jeunes vergers d’aman diers plantés à la Station La Pugère en 2019. Le premier, dit « verger de référence » représente, sur 1 ha, la pratique classique d’un amandiculteur de notre région. Il est conduit en gobelet traditionnel. Les traitements contre les ravageurs et les maladies sont appliqués en fonction des seuils établis (par exemple le nombre de feuilles occupées par les pucerons). On peut parler de protection raisonnée mais non innovante. Le second verger, dit « verger innovant », également d’une surface de 1 ha, est là pour identifier tous les leviers permettant de baisser au maximum les interventions phytosanitaires, sans pénaliser les rendements. Un challenge de taille ! Sur ce verger, nous avons ainsi sélectionné une variété performante en termes de rendement mais donnée moins sensible aux bioagresseurs. Le mode de conduite est la haute densité (4 m x 1.2 m) pour permettre la pose directe d’un filet pour empêcher le ravageur majeur de l’amandier Eurytoma amygdali (ou guêpe de l’amande) de parasiter les fruits. Ce type de filet est utilisé contre le carpocapse du pommier avec succès (mais avec un maillage différent). Sur amandier, il faut encore valider cette hypothèse en verger. D’autres leviers sont prévus dans le verger inno- vant, comme le broyage des feuilles à l’automne, pour limiter l’inoculum fongique, ou l’utilisation d’une bâche tissée au sol (130 gr/m2), qui remplace les herbicides et permet une meilleure gestion de l’eau. Dans tous les cas, le projet REVATRA montre que la profession sait se mobiliser pour répondre au défi du « produire mieux », c'est-à-dire combiner toutes les stratégies innovantes pour limiter fortement les traitements (et ouvrir la voie à l’agriculture biologique) sans pénaliser le ren -dement.

Gel du 25 mars

Retrouvez la page facebook de la Chambre d'agriculture sur www.facebook.com/agri13

Vendredi 24 avril 2020 - L ’ A G R I C U L T E U R P R O V E N Ç A L8

Dans la nuit du 24 au 25 mars, les températures sont descendues jusqu’à -4°C (parfois plus, localement). Ce gel a débuté très tôt dans la nuit (minuit/1 heure du matin) pour se prolonger jusqu’au lever du jour. Cette intensité et cette durée du froid ont provoqué de très importants dégâts sur les cultures fruitières et viticoles du département. En arboriculture, la zone sinistrée s’étend au nord d’une ligne allant de Tarascon à Mallemort avec un fort impact sur les fruits à noyau (cerise précoce, prune, amande, pêche/nectarine, abricot…) où les pertes dépassent souvent le taux de 90 %. En fruit à pépins, les dégâts sont variables selon les variétés et la localisation géographiques des vergers. En viticulture, la plupart des zones de production ont subi des dégâts (Pays d’Aix, Cassis…), mais c’est sur les coteaux du Nord Alpilles (Saint-Rémy-de-Provence, Orgon…), et la région d’Arles que les conséquences du gel sont les plus importantes avec des taux de pertes dépassant souvent les 80 %. En maraîchage, des dégâts sont présents sur certaines cultures (asperge de plein champ par exemple), mais à des niveaux beaucoup moins élevés que sur les fruits ou la vigne. Face à ce sinistre, la Chambre d’agriculture a alerté la DDTM pour déclencher la procédure de reconnaissance du caractère des calamités agricoles en arboriculture (l’aléa gel sur vigne n’est pas éligible au fonds national des calamités agricoles). Les missions d’expertise seront mises en place après la période de confinement. Dans le même temps, afin de quantifier au mieux l’ampleur des dégâts (territoire, cultures, taux de perte…), la Chambre d’agriculture invite tous les agriculteurs concernés à se faire recenser auprès de ses services. Votre contact : Jérôme ANGE : 06 30 51 43 65 [email protected] La même démarche est à effectuer auprès de chaque mairie afin que celle-ci adresse un courrier à la DDTM pour demander une reconnais -sance du caractère de calamités agricoles.

Amandiers, la profession se mobilise

Agriculteurs, toutes les réponses à vos questions Afin de vous informer au mieux des mesures de soutien aux entreprises et des initiatives en faveur de l’agriculture, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône a créé une page web dédiée, accessible depuis sa page d’accueil, qui recense ces dispositifs. Actualités, informations, documents à télécharger..., cette page est régulièrement mise à jour. N'hésitez pas à y revenir. www.chambre-agriculture13.fr/covid-19-relais-dinformations La Chambre d'agriculture se mobilise pour vous assurer la continuité de ses services, malgré les mesures de prévention. Pendant cette période et pour continuer à vous accompagner au mieux, tous nos conseillers sont joignables par téléphone et par mail.

Le verger d’amandier « innovant » combine de nouvelles stratégies pour baisser les traitements, sans pénaliser

les rendements.