EEE2013 Conf1 Le Commerce International OCDE

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    LE COMMERCE

    INTERNATIONAL

    LES ESSENTIELS DE LOCDE

    PAT R I C K L O V E R A L P H L AT T I M O R E

    Libre, quitable et ouvert ?

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    Le commerceinternational

    Libre, quitable et ouvert ?

    Patrick Love et Ralph Lattimore

    LES ESSENTIELS DE LOCDE

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    ORGANISATION DE COOPRATION

    ET DE DVELOPPEMENT CONOMIQUES

    LOCDE est un forum unique en son genre o les gouvernements de30 dmocraties uvrent ensemble pour relever les dfis conomiques, sociaux etenvironnementaux que pose la mondialisation. LOCDE est aussi l'avant-gardedes efforts entrepris pour comprendre les volutions du monde actuel et lesproccupations quelles font natre. Elle aide les gouvernements faire face dessituations nouvelles en examinant des thmes tels que le gouvernement dentreprise,lconomie de linformation et les dfis poss par le vieillissement de la population.LOrganisation offre aux gouvernements un cadre leur permettant de comparer leurs

    expriences en matire de politiques, de chercher des rponses des problmescommuns, didentifier les bonnes pratiques et de travailler la coordination despolitiques nationales et internationales.

    Les pays membres de lOCDE sont : lAllemagne, lAustralie, lAutriche, la Belgique,le Canada, la Core, le Danemark, l'Espagne, les tats-Unis, la Finlande, la France, laGrce, la Hongrie, lIrlande, lIslande, lItalie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, laNorvge, la Nouvelle-Zlande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Rpubliqueslovaque, la Rpublique tchque, le Royaume-Uni, la Sude, la Suisse et la Turquie. LaCommission des Communauts europennes participe aux travaux de lOCDE.

    Les ditions OCDE assurent une large diffusion aux travaux de l'Organisation. Cesderniers comprennent les rsultats de lactivit de collecte de statistiques, les travauxde recherche mens sur des questions conomiques, sociales et environnementales,ainsi que les conventions, les principes directeurs et les modles dvelopps par lespays membres.

    Publi en anglais sous le titre :

    OECD Insights

    International Trade

    Traduit de langlais par Emmanuel Dalmenesche.Les corrigenda des publications de lOCDE sont disponibles sur :www.oecd.org/editions/corrigenda.

    OCDE 2009

    Vous tes autoriss copier, tlcharger ou imprimer du contenu OCDE pour votre utilisation personnelle. Vous pouvezinclure des extraits des publications, des bases de donnes et produits multimdia de l'OCDE dans vos documents,prsentations, blogs, sites Internet et matriel d'enseignement, sous rserve de faire mention de la source OCDE et ducopyright. Les demandes pour usage public ou commercial ou de traduction devront tre adresses [email protected]. Lesdemandes d'autorisation de photocopier une partie de ce contenu des fins publiques ou commerciales peuvent treobtenues auprs du Copyright Clearance Center (CCC) [email protected] du Centre franais d'exploitation du droitde copie (CFC) [email protected].

    Cet ouvrage est publi sous la responsabilit du Secrtaire gnral

    de lOCDE. Les opinions et les interprtations exprimes ne refltent

    pas ncessairement les vues de lOCDE ou des gouvernements de ses

    pays membres.

    http://www.oecd.org/editions/corrigendamailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://www.oecd.org/editions/corrigenda
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    Par consquent, mme sil est sduisant court terme de suivreune approche individualiste et de repli sur soi, un engagement ne pas adopter de mesures protectionnistes coordonn lchelleinternationale offrirait un moyen bien plus efficace et durable derduire les dommages causs par la crise actuelle. Une plus grandelibralisation des changes constituerait mme une meilleureoption dans le cadre dune rponse plus large la crise.

    Il va de soi quaccrotre la libralisation, et mme assurerlouverture des marchs qui ont dj t libraliss, exigera unecoordination internationale portant sur un vaste ensemble dequestions allant des plans de relance la rforme du secteur

    financier, en passant par la protection sociale.La politique commerciale librale nen a pas moins un rle

    important jouer, que ce soit pour renforcer les solutions axes surle march ou instaurer les conditions dune reprise conomiqueplus solide quelle ne le serait en son absence. Cela tant, toutprogrs implique de faire des compromis et des arbitrages entredivers intrts, ce qui tend tre ardu.

    Cest dans le cadre dun systme multilatral que chaquepays peut le mieux faire valoir sa position sur la faon dontsont mens les changes. Il existe toutefois une grande latitudepour dbattre des modalits prcises dune telle mise en uvre.Concrtement, quest-ce qui peut tre fait ? Au premier semestre2008, dans une conjoncture conomique pourtant relativementplus sereine quaujourdhui, aucun accord na pu tre conclu surle Programme de Doha pour le dveloppement de lOrganisationmondiale du commerce, et ce, malgr une implication importantedes principales parties prenantes. La conclusion du Cycle deDoha constituerait pourtant une tape importante pour instaurer

    la confiance indispensable une saine relance de lconomiemondiale.

    Avec une volont politique forte, un accord est possible dansdes domaines o des progrs notables ont dj t raliss,notamment laccs des biens et services aux marchs, lesinitiatives de facilitation des changes et les mesures permettantaux pays les moins dvelopps de tirer pleinement bnfice dela mondialisation. Toutefois, la libralisation nest pas une finen soi. Elle fait partie dune stratgie visant promouvoir ledveloppement conomique et lamlioration du bien-tre socialen rendant les ressources de la plante plus facilement accessibles tous. Faire progresser la libralisation des changes enverraitun signal fort : en rponse la crise, les gouvernements peuventcollaborer de faon positive avec succs.

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    Ce nouvel ouvrage de la srie Les essentiels de lOCDEsefforcede prsenter les enjeux avec objectivit, en montrant les avantagesde louverture des marchs, mais aussi les limites de ce que leschanges et la politique commerciale permettent datteindre.Tout en constituant une introduction lhistoire des changesinternationaux et aux mcanismes et institutions qui faonnentaujourdhui le commerce mondial, ce livre aborde les liens entreles changes et de nombreuses questions cls telles que lemploi,lenvironnement et le dveloppement.

    Mon souhait est que les informations prsentes ici vous soientutiles et que les arguments avancs stimulent votre rflexion.

    Angel Gurra Secrtaire gnral de lOCDE

    Remerciements

    Les auteurs tiennent remercier Susan Sachs pour sa contributionditoriale et les personnes suivantes pour leurs prcieux conseils etleur participation : Dale Andrew, Morvarid Bagherzadeh, NicholasBray, Emmanuel Dalmenesche, Mark van Duijn, Gary Hawke,Masato Hayashikawa, Brian Keeley, Kumi Kitamori, AnthonyKleitz, Jane Korinek, Przemyslaw Kowalski, Frans Lammersen,Xavier Leflaive, Wilfrid Legg, Andreas Lindner, Douglas Lippoldt,

    Sbastien Miroudot, William Nicol, Stefano Scarpetta, TraceyStrange et Frank van Tonge-ren.

    Des remerciements particuliers sont adresss Ken Ash, CarmenCahill et Katherine Kraig-Ernandes. Lauteur remercie galementEmmanuel Dalmenesche qui a traduit cet ouvrage de langlais versle franais.

    Les essentiels de lOCDEest une srie de livres de la Direction

    des relations extrieures et de la communication de lOCDE.Ils sappuient sur les recherches et les analyses de lOCDE pourprsenter et rpondre aux principales questions conomiqueset sociales de notre temps.

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    TABLE DES MATIRES

    1. Introduction 8

    2. Cultiver du raisin en cosse 20

    3. Le commerce mondial : tat des lieux 40

    4. Protectionnisme ?Tarifs douaniers et autres barrires aux changes 62

    5. Les cycles de ngociations commerciales et lOMC 88

    6. Le commerce et lemploi 108

    7. Le commerce et lenvironnement 126

    8. Le commerce et le dveloppement 144

    9. Le commerce et la croissance 162

    10. Le commerce et linnovation 178

    11. Quai-je y gagner ? 198

    Rfrences 212

    Ce livre contient des...

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    Les StatLinkssont de plus en plus rpandus dans les publications de lOCDE.

    Note sur les monnaiesSauf indication contraire, il est fait rfrence au dollar amricain.

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    Introduction

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    1. Introduction

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    ne pouvaient servir qu un seul produit, alors que celles de sesconcurrents taient flexibles.

    Cela tant, en termes demploi, dlocaliser la production auMexique a un cot vident pour les tats-Unis et le Canada.

    Il y a diffrentes faons de voir les choses. On peut penser quelentreprise a sacrifi des emplois pour conomiser de largent.Mais on peut aussi adopter une perspective plus large : en crantdes emplois au Mexique, on renforce lconomie dun partenairecommercial et, partant, sa capacit importer des biens et desservices.

    Lconomie amricaine a ainsi cr des emplois mesurequelle souvrait davantage aux changes internationaux. Celaa beau tre une ralit, cest une maigre consolation pour lestravailleurs licencis. Ces derniers sont avant tout soucieux detrouver rapidement un nouvel emploi, en dpit des difficultsdordre matriel rencontres par ceux qui doivent sinstaller dansune autre ville, inscrire leurs enfants dans une nouvelle cole ouperdre de vue leurs amis et leurs camarades de travail. Toutefois,

    selon une tude mene en Europe, les quatre cinquimes despersonnes qui quittent leur emploi en retrouvent aussitt unnouveau.

    Si les changes expliquent la disparition de certains emplois, cenest pas la principale cause du chmage. Linternationalisation dela production entrane en effet moins de pertes demplois que lamobilit normale du march du travail, cest--dire les personnesqui changent volontairement demploi et les dparts la retraite.

    Le principal impact des changes sur la production, et donc surlemploi, est le suivant : ils permettent de diviser la production endiffrentes oprations pouvant tre effectues travers le mondeet qui, une fois rassembles, dbouchent sur les produits finauxque nous achetons.

    De nombreux pays situs hors des centres industrielstraditionnels ont ainsi pu entrer sur les marchs mondiaux.De fait, cela devient un non-sens de considrer que les pays de

    lOCDE sont industrialiss et que les pays non membres sont en dveloppement . Par exemple, la Chine nest presque jamaisqualifie de pays industrialis, alors que la part de lindustrie dansle PIB y est plus forte que dans tout pays de lOCDE.

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    1. Introduction

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    La seconde option rside dans les accords commerciauxprfrentiels, gnralement nomms accords rgionaux ou

    bilatraux, selon le nombre de partenaires impliqus. De telsaccords sinscrivent parfois dans le systme multilatral, et ilsconstituent une amlioration par rapport la foire dempoigne dela premire option. Le risque existe nanmoins que les intrts despartenaires les plus puissants lemportent sur ceux des partenairesde plus petite taille.

    Les grandes conomies continuent de dominer les changes etpar consquent le systme multilatral. Mais elles ne peuvent pas

    tout faire leur guise.Des nations plus petites peuvent sallier afin de faire entendre

    leur voix, et les victoires remportes par lune delles peuventbnficier aux autres.

    Cela a t prcisment le cas durant les ngociations duProgramme de Doha pour le dveloppement. Les pays endveloppement en particulier se sont runis et regroups avecun certain succs autour de diffrentes questions comme celles

    relatives aux subventions alloues la filire du coton ou autraitement spcial des pays les plus pauvres.

    Certains sopposent aux changes internationaux au motifquils nuisent lenvironnement et nencouragent gure ledveloppement durable. Leurs deux arguments principaux sontles suivants. Premirement, les entreprises sexpatrient dans des havres de pollution , comme on les appelle, afin de tirer profitde normes environnementales moins exigeantes. Deuximement,

    le fait de transporter les biens travers la plante accrot lesmissions de CO2et entrane dautres effets secondaires.

    Nous y reviendrons sous peu, mais attardons-nous dabord surla dfinition du dveloppement durable. Il ne sagit pas seulementdenvironnement, comme le souligne le titre dun ouvragepubli prcdemment dans Les essentiels de lOCDE : Ledveloppement durable : la croise de lconomie, de la socitet de lenvironnement.

    Il faut aussi de largent pour financer les services ncessaires toute vie panouie, tels quune alimentation suffisante, une eaupropre, des soins de sant ou lducation. Une structure socialeefficace, qui offre des opportunits chacun et gre les conflits, est

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    1. Introduction

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    galement essentielle. Si on nglige un de ces trois piliers de ladurabilit, cela entranera des rsultats non durables.

    Concernant les proccupations dordre strictementenvironnemental, il existe peu de preuves des effets quun havrede pollution peut concrtement avoir. Une des consquences deschanes internationales de production est la standardisation desquipements et des pratiques. En outre, le respect des normesenvironnementales ne reprsente quune infime fraction des cotsdune nouvelle usine, et cela peut mme entraner des conomies plus long terme, par exemple en rduisant les factures de carburant

    ou les problmes de sant et de scurit.Dun point de vue conomique, cela na donc gure de sens quune

    multinationale conoive et construise une usine dans le seul butdexploiter un avantage environnemental , en particulier parcequelle risque de devoir effectuer ultrieurement de coteusesmises niveau de ses quipements antipollution.

    Les transports sont videmment une source de pollution :les notions de kilomtre-aliment et d empreinte carbone

    des aliments ont attir lattention sur cette proccupation.Mais les changes internationaux daliments nuisent-ils plus lenvironnement que la production locale ? On ne peut le savoirquen examinant lensemble des impacts. Ainsi, il peut tre plusrespectueux de lenvironnement dexpdier par avion ce qui estproduit dans un pays o on na pas besoin dutiliser des serreschauffes et des engrais chimiques, ou autant dintrants nuisiblesque dans le pays dimportation.

    Dans loptique de la durabilit, les bnfices peuvent tre plusimportants si on permet aux producteurs des pays pauvres daccderaux marchs des pays riches, plutt que de les en exclure afin derduire les missions de carbone. Et si les pays riches se priventde ces importations moindre cot, cela frappe plus durement lespersonnes dmunies que leurs compatriotes plus aiss.

    La question des changes de produits prfrables pourlenvironnement se pose galement. Peu de pays ont les

    moyens, scientifiques, technologiques et financiers, de mettreau point et de fabriquer les technologies vertes daujourdhui.Et le dveloppement des technologies futures, comme celles quireposent sur lhydrogne, est plus coteux encore. Les changescrent cependant un march potentiel immense, ce qui, dun

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    1. Introduction

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    point de vue conomique, justifie deffectuer les investissementsncessaires et favorise laccs aux produits eux-mmes.

    Vu limportance quont les changes dans des domaines aussinombreux et diffrents, on serait tent den conclure quil fautrecourir la politique commerciale pour sattaquer un trs largeventail de problmes (par exemple en imposant des quotas, destarifs douaniers voire des embargos).

    La politique commerciale est une arme puissante. Mais dans biendes cas, ce nest pas la meilleure. De plus, elle peut tre dtournepar des lobbyistes cherchant protger leurs intrts personnels

    immdiats ou des politiciens voulant mettre des difficults internessur le dos des trangers .

    Quand un pays perd des emplois, il devrait recourir la politiquede lemploi et la politique sociale pour aider les gens se recycler,les informer des opportunits demploi et les accompagner durantla priode de transition.

    Pour mieux prserver lenvironnement, mieux vaut prvenir ourduire tout impact la source, plutt quessayer de corriger leschoses en venant perturber le fonctionnement des changes.

    Ce nest pas en imposant lchelle globale des droits de douaneou dautres barrires aux technologies, aux fournisseurs ou auxventes, quon incitera le mieux les industries nationales prosprerdans un monde interdpendant.

    De quoi est-il question dans ce livre ?Emplois, environnement, relations entre pays riches et pauvres

    sont autant de domaines sur lesquels influent les changes,mme si ce nest pas toujours comme nous le penserions ou lesouhaiterions.

    Lambition de ce livre est de dresser un tableau objectif de ltatdu commerce mondial, des facteurs qui linfluencent et de la faondont, en retour, les changes influent sur des aspects importants

    de nos vies.Sans les changes internationaux, les ordinateurs qui ont permis

    de faire les recherches pour ce livre, de lcrire, de limprimeret de le distribuer, nexisteraient pas, du moins pas un prix

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    1. Introduction

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    abordable pour beaucoup dentre nous. En ralit, tous les objetsque nous possdons ou presque impliquent un moment donn

    des changes internationaux.Ce livre soutient que, de manire gnrale, les changes

    contribuent considrablement notre bien-tre. Essayonsdimaginer ce qui se passerait si tout change nous tait interdit.Cest lapproche quutilise Paul Krugman, le spcialiste ducommerce international et laurat du prix Nobel, dans ses analyses sans (but-foranalyses), comme il les appelle : quel rsultatobtient-on si on retire les changes de lquation ? On trouve de

    nombreux exemples dans la vie courante : sans les changes, lesbananes ne seraient pas le fruit le plus populaire dans le monde ou sans les changes, nous aurions encore une industrie textile .

    Bien sr il y a aussi des inconvnients et des limites, desgagnants et des perdants, et les gouvernements doivent parfois agirpour venir en aide ceux qui subissent certains effets dfavorablesou pour sassurer que les bnfices sont rpartis dans lconomieentire. Ce livre traite galement de ces questions de manireapprofondie.

    Le chapitre 2analyse lhistoire du commerce mondial. Nous nesavons pas exactement quand il a commenc mais les archologuescroient que des rseaux dchange de biens existaient dj il y a10 000 ans en Europe et probablement ailleurs dans le monde.Lhistoire nous apprend galement que nombre des questionsdont nous dbattons aujourdhui encore remontent une poquelointaine.

    Le chapitre 3examine certaines des caractristiques importantesdes changes internationaux actuels. Quelle est la valeur de ce quiest chang, et limportance relative des diffrents produits quisont achets et vendus ? Enfin, quelle est limportance des changesdans les diffrentes parties du monde, et comment volue-t-elle ?

    Le chapitre 4 sintresse aux moyens quutilisent lesgouvernements pour essayer de contrler les changes. Le modedintervention le plus direct consiste imposer des droits de

    douane sur les importations. Mais il existe dautres moyensimportants, notamment loctroi de subventions aux producteurs etexportateurs nationaux ou les mesures non tarifaires telles que lesnormes de produit et les rgimes douaniers.

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    1. Introduction

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    Ce livre, nous lesprons, vous aidera mieux comprendre cesenjeux, tout en vous permettant de vous faire votre propre opinion

    sur ces questions, ainsi que sur les appels lancs en faveur de lalibralisation ou de la restriction des changes internationaux.

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    1. Introduction

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    Les changes lOCDE

    Lors de sa cration, en 1961, lundes principaux objectifs de lOCDEtait lexpansion des changesmondiaux sur une base multilatraleet non discriminatoire, conformmentaux obligations internationales.

    Son approche privilgie le dbat informel,le consensus et la coordinationdes mesures politiques entre responsablesgouvernementaux, et laisse gnralementles ngociations commerciales formelles dautres organisations telles quelOrganisation Mondiale du Commerce(OMC).

    Du fait de la mondialisation des activitsindustrielles et des interactions entrela politique commerciale et les autresdomaines de laction gouvernementale,

    les travaux de lOCDE ne sont plus centrssur le commerce des biens, maisprivilgient une vision plus interdisciplinairedes questions commerciales.

    Afi n daider le grand public mieuxcomprendre les bnfi ces et les dfi sde la libralisation des changes, lOCDEorganise des consultations informellesavec les organisations de la socit civile

    et les reprsentants des milieux daffaireset les syndicats. Elle mne galementun dialogue anim sur les problmeslis aux changes avec dimportantesconomies mergentes non membres.

    En gnral, les travaux de lOCDE surles changes visent prvenir les tensionset les confl its en menant des analysesnovatrices destines clarifi er lesquestions et identifi er les solutions quifaussent le moins les changes, ouvrantainsi la voie des ngociations mieuxinformes, lOMC notamment.

    La crise conomique en cours posedes dfi s particuliers aux dcideurs publics.En quoi la politique commerciale peut-ellecontribuer la rsoudre ? Dansdes circonstances aussi exceptionnelles,pourquoi les gouvernements devraient-ilsviter dadopter des mesuresprotectionnistes pour soutenir les industrieset les travailleurs affects ? Quelles sontles autres options offertes par la politiquecommerciale pour aider les pays, et la

    plante entire, retrouver une croissanceconomique plus stable ?

    LOCDE semploie aujourdhui trouver desrponses ces questions, afi n de dgagerles meilleures solutions pour lavenir.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    Le site Web de lOCDE sur les changes(www.oecd.org/echanges) est le lieuprivilgi pour accder aux contenusde lOCDE sur ces questions et biendautres. Vous y trouverez galementun grand nombre de donns statistiques,de rapports analytiques, de documentsde travail et de synthses librement

    tlchargeables.

    http://www.oecd.org/echangeshttp://www.oecd.org/echangeshttp://www.oecd.org/echanges
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    Plusieurs traits de lconomie moderne, dont la mondialisation etles crises fi nancires, existent depuis des millnaires. Et les dbatsentourant la meilleure faon de sattaquer ces problmes remontent plusieurs sicles. Cela vaut aussi pour les changes internationaux :aujourdhui encore, les travaux mens par les spcialistesdes changes et les dcideurs publics reposent sur nombre danalyseset de concepts labors aux XVIIIeet XIXesicles. Dans tout dbatsur les relations conomiques internationales, il y a donc un intrtmajeur connatre les grandes lignes de lhistoire et des ides qui ontfaonn les changes internationaux et leur analyse.

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    Cultiver du raisinen cosse

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    En guise de prambule

    Quinqurme de Ninive en provenance de la lointaine OphirRegagnant force de rames le havre de la Palestine ensoleille,Avec une cargaison divoire,De singes et de paons,De bois de santal et de cdre et vin blanc doux.

    Majestueux galion espagnol venu de lIsthmeTanguant au passage des Tropiques prs des rivages vertsde palmiers

    Avec une cargaison de diamants,Dmeraudes, damthystes,De topazes, de cannelle et de modores en or.

    Caboteur britannique, sale, au tuyau de chemine incrust de sel,Qui se fraye un chemin dans la Manche pendant lesjournes furieuses de mars,Avec une cargaison de charbon de la Tyne,De rails, de gueuses de plomb,De bois de chauffage, de quincaillerie et de plateaux dtainbon march !

    John Masefi eld, Cargaisons

    Quest-ce quun quinqurme ? Cest sans doute la premireraction que suscite cette vision potique de lhistoire du commercemondial chez la plupart des lecteurs. Les quinqurmes taientdimmenses vaisseaux de guerre ; une fois quils avaient accueillileur contingent de rameurs et de marins, ainsi que leurs armes,munitions et provisions, il ne devait pas rester beaucoup de placepour la cargaison. Une cargaison de singes sbattant sur le pontdevait sans doute ajouter du piment aux batailles navales, maiscela naugmentait pas vraiment vos chances de lemporter. Lesallusions Ninive et Ophir ne sont probablement pas trs clairesnon plus. Ninive tait situe dans ce qui est aujourdhui lIrak,mais lemplacement exact dOphir reste incertain ; de nombreuxhistoriens voquent le Ymen, ou peut-tre le Pakistan ou lInde,

    tandis que dautres la situent au Zimbabwe.Sil est possible dergoter sur les dtails techniques, historiques

    ou gographiques de ce pome, Masefield vise juste sur troispoints essentiels. Tout dabord, les biens ont circul travers le

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    monde grce aux navires (et autres moyens de transport) depuisdes millnaires, en fait durant lessentiel de lhistoire connue. On

    changeait dj le silex et lobsidienne pendant lge de pierre,et lgypte faisait le commerce des produits de luxe il y a 5 000 ans.Cest peu prs cette poque quapparurent les routes commercialesreliant les civilisations du Tigre et de lEuphrate celle de lIndus.Quant aux marchands phniciens (originaires des rgions qui sontdevenues la Syrie, le Liban et Isral), ils naviguaient dans toute laMditerrane et mme jusquen Angleterre.

    Ensuite, les marchandises susceptibles dtre changes ont

    volu au fil des sicles. lorigine, la valeur de revente desbiens transports devait tre extrmement leve, comme pourlivoire et les paons, car rien ne garantissait quon parviendraitjusquaux vendeurs, ni quon pourrait revenir et les offrir dventuels acheteurs. Aprs la rvolution industrielle, les modesde transport sont devenus plus fiables et meilleur march, lescots des changes ont considrablement baiss, et les marchssont devenus bien plus vastes. On pouvait ds lors faire des profitsen expdiant des marchandises en vrac (comme les gueuses de

    plomb et les plateaux dtain bon march) destines lindustrieet aux consommateurs.

    Enfin, le centre du commerce mondial et les nations qui lecontrlent ont chang. Aussi puissant soit-il, aucun empire nedomine indfiniment lconomie mondiale. Si de vastes zonesdu globe ont un temps t contrles par Rome, la Mongolie,lEspagne, les Pays-Bas, lEmpire ottoman et la Grande-Bretagne,aucun pays nexerce aujourdhui lui seul une telle domination.

    Le pouvoir conomique est prsent concentr dans trois centresprincipaux Amrique du Nord, Europe et Japon , mais ce nesera pas ternel : de nouvelles puissances mergent ou, comme laChine, retrouvent leur rang.

    La justesse du pome de Masefield tient galement unedimension plus subjective. Son rythme, lent au dbut, sacclregraduellement pour culminer dans une apothose haletante.Aujourdhui, en cas de besoin, il suffirait de quelques heures pour

    expdier jusqu la Palestine ensoleille le vin blanc doux dOphir,et ce, o que puisse se trouver Ophir.

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    Dans quelle mesure les marchandises changes dans le mondeantique entreraient-elles dans la classification moderne du

    commerce international ? Nous ne le savons pas exactement. lpoque des premires dynasties pharaoniques, lconomie taitun monopole royal, et lgyptien navait pas de mot pour dsignerles commerants . Peut-tre les animaux et les bois exotiquestaient-ils des prsents destins renforcer des liens diplomatiques.Et les nombreuses amphores retrouves dans les pavesappartenaient peut-tre tout simplement de riches propritairesterriens qui expdiaient leur propre vin dune proprit lautre.De tels changes taient pour lessentiel locaux dans un monde

    o presque tous vivaient de lagriculture de subsistance, o lesressources quon pouvait consacrer au superflu taient rares et oles cots des changes taient levs. Il est cependant largementattest que les Romains importaient des animaux sauvages engrand nombre pour leurs jeux. On peut donc raisonnablementsupposer que les spcialistes de ce commerce changeaientgalement dautres biens. Nous savons que des impts taientlevs sur les changes : on devait payer des droits au souverain ou

    aux brigands pour traverser un territoire ou un fief, ou y pntrer.Jusqu une date trs rcente, les impts levs sur les changes ontconstitu une source de revenus majeure pour les gouvernements,et cest encore vrai aujourdhui dans les pays les plus pauvres.

    Cependant, nous rencontrons ici une question qui reviendrargulirement dans les pages qui suivent : la question des donnesempiriques. On a retrouv des ossements de lions dans des pavesantiques, mais bien dautres marchandises moins rsistantes ontdepuis longtemps disparu. Quy avait-il dautre dans les calesdes navires ? Hormis les mentions apparaissant dans les textes(par exemple la laine fine dEspagne), il nen reste aucune trace.Aujourdhui, si nous disposons de chiffres sur ce qui est chang,nous ne savons pas toujours clairement quel est limpact deschanges. Depuis des sicles, les conomistes ont labor desthories sur le fonctionnement de lconomie et perfectionn desmodles mathmatiques extrmement sophistiqus pour tester leshypothses qui en dcoulent. Bien souvent, pourtant, les donnes

    disponibles chiffres sur les importations et les exportations, PIB,salaires, etc. ne nous permettent pas daffirmer avec certitudequune explication ou interprtation est plus juste quune autre.Cela ne signifie pas quelle est fausse, mais simplement que nousne le savons pas, comme pour lAntiquit.

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    Dans ce chapitre, nous examinerons certaines des thorieslabores par les conomistes pour expliquer le rle des changes

    dans lconomie capitaliste. Nous verrons dans les grandes lignescomment lconomie mondiale a volu depuis les dbuts ducapitalisme, tels que les ont tudis les premiers conomistescomme Adam Smith et David Ricardo. Nous prsenterons galementcertains concepts clairants pour comprendre ce qui suit et sefaire sa propre opinion. Enfin, nous expliquerons la terminologieparticulire utilise dans cet ouvrage et, de faon gnrale, dans lesrecherches consacres aux changes internationaux.

    La main invisibleDe nombreux aspects des changes et de ce que nous considrons

    comme la science conomique moderne remontent trs loin dansle temps. Au IIIesicle, lEmpire romain a t frapp par une crisefinancire majeure entranant un effondrement des changes etune contraction de lconomie. Ses effets auraient dur plusieurs

    sicles et auraient mme eu des rpercussions jusquau Moyenge. Par exemple, les villes fortifies remplacrent les grandescits ouvertes, tandis que les biens manufacturs furent produitssur le domaine des seigneurs au lieu dtre achets auprs desspcialistes. Cest une leon que nous ne devons pas oublier : lamondialisation nest pas un processus linaire, elle peut sarrteret mme faire machine arrire. Autre leon retenir, les changesont tendance tre influencs par des facteurs non commerciaux tels que les dpenses militaires et linflation dans le cas de Rome

    et non linverse.Les poques suivantes prsentent galement des similitudes

    avec la ntre. LEurope mdivale a connu un boom conomiquetir par la consommation qui, travers les innovations touchant lacomptabilit et dautres services, influence aujourdhui encore lafaon de mener les changes. nos yeux, la division internationaledu travail et la dlocalisation des services marchands caractrisentlconomie moderne. Pourtant, ds lan 1200, les activits des

    grandes familles de commerants italiens staient dveloppes une chelle telle que la spcialisation des services marchandstait devenue le moyen le plus efficace de ngocier et de grer lesmarchs. Les marchands eux-mmes ne voyageaient plus, mais sefiaient des agents et des convoyeurs pour le transport de leurs

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    marchandises. Ils avaient galement mis au point de nouvellesmthodes de comptabilit et, ds le milieu du XIVe sicle,

    souscrivaient des contrats dassurance.La demande de biens de consommation surtout des produits

    de luxe comme la soie ou le th en provenance dOrient napas uniquement stimul les changes. Les centres urbains ontgalement commenc prosprer, et lindustrie locale sest mise produire la fois des biens de luxe pour les nantis et des objetsplus courants destins la population urbaine en croissancerapide. Do laugmentation de la demande de matires premires,

    ainsi que de la demande de nourriture pour les citadins. Si la routede la soie est la plus connue des routes commerciales de lreprindustrielle, dautres produits que les populations urbaines nepouvaient pas produire elles-mmes, comme les crales, le sel oules pices, commencrent galement tre changs en quantitsimportantes.

    Les changes favorisrent la diffusion non seulement des biensmatriels, mais aussi de nouvelles faons de faire les choses (desinnovations organisationnelles comme nous les appellerionsaujourdhui) et de nouvelles connaissances sur la faon de faire leschoses (diffusion de la technologie), mais le rythme du changementrestait lent. Il fallut plusieurs sicles avant que le capitalismeindustriel remplace lorganisation socio-conomique mdivale,fonde sur la proprit hrditaire des terres et la richesseagricole. Les historiens ne saccordent pas sur le moment exacto commence la rvolution industrielle. Selon certains, la presse imprimer et les horloges mcaniques annonaient le dbut de

    la production de masse standardise. Dautres estiment quil fautremonter la mcanisation de lindustrie textile dans la secondemoiti du XVIIIesicle. Pour ce qui est de la science conomique,la date cl est 1776, anne o Adam Smith publie la Recherche surla nature et les causes de la richesse des nations.

    Luvre de Smith allait devenir aussi importante pour la scienceconomique que celle dIsaac Newton pour la physique ou celle deKarl Marx pour la politique. Lexpression science conomique

    nexistait pas lorsquil crivit ce livre, sur la couverture duquel ilest du reste prsent comme un ancien professeur de philosophiemorale de lUniversit de Glasgow . Le terme capitalisme lui-mme est postrieur. Cest Adam Smith quon doit la maininvisible , une expression devenue dusage courant (du moins

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    grand nombre de boulons dune qualit acceptable dans un lapsde temps donn. Peu peu, il apparat vident que lun deux est

    bien plus qualifi, ou plus adroit ; il fabrique des boulons avecrgularit, alors que son rival, en essayant daller plus vite, abmele fer, manque ses coups et dune faon gnrale gche tout sontravail. Mais, comme Zola le souligne perfidement, dans un ateliersitu quelques mtres de l, une machine assourdissante cracheles boulons par centaines.

    Smith non seulement examine les facteurs contribuant lenrichissement dun pays, mais il sattaque aussi deux thses

    du mercantilisme (terme quil invente galement), la doctrineconomique alors dominante : la ncessit de tarifs douaniersprotectionnistes et limportance pour une nation de possder degrandes rserves dor (ou de tout autre mtal prcieux). Selon lesmercantilistes, pour quune nation tire profit des changes, il fautquune autre nation y perde : le gouvernement devrait donc fairetout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir les exportations etdcourager les importations, do le protectionnisme. Deuximethse, toutes les nations cherchant se procurer de lor et de

    largent, et ces deux mtaux pouvant servir acqurir dautresbiens, il est essentiel daccumuler des lingots (a fortiori unepoque o les puissances commerciales sont constamment enguerre). Le grand conomiste David Ricardo sest inspir de cesnotions pour concevoir sa thorie de lavantage comparatif, quiest la base de la thorie des changes internationaux. Smith enjette les fondations en donnant lexemple suivant, qui donne sontitre ce chapitre.

    Au moyen de serres chaudes, de couches, de chssisde verre, on pourrait faire crotre en cosse de fort bonsraisins, dont on peut faire aussi de fort bon vin avectrente fois peut-tre autant de dpenses quil en coteraitpour sen procurer de tout aussi bon de ltranger. Or,trouverait-on bien raisonnable un rglement qui prohiberaitlimportation de tous les vins trangers, uniquement pourencourager faire du clairet et du bourgogne en cosse ?

    [] Tant que lun des pays aura ces avantages, et quilsmanqueront lautre, il sera toujours plus avantageux pourcelui-ci dacheter du premier, que de faire soi-mme .

    Adam Smith, La richesse des nations

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    Alors que Smith voque lavantage absolu dun pays sur unautre dans la production dun bien donn la France par rapport

    lcosse pour le vin , Ricardo pousse le raisonnement plus loindans les Principes de lconomie politique et de limptpublisen 1817. Selon lui, mme si un pays peut produire lui-mmeplus efficacement tout ce dont il a besoin, il a cependant intrt se spcialiser dans les domaines o il est le plus comptitif et utiliser les profits pour acheter dautres biens de ltranger. Cest ceque les conomistes appellent lavantage comparatif, qui, commenous lavons dit, est le fondement de la thorie des changesinternationaux (pour plus de dtails, voir lencadr Quelques

    concepts cls ). Plus surprenant encore, ceci est galementvrai dans le cas inverse : la spcialisation et la participation auxchanges restent avantageuses pour un pays qui ne peut rienproduire plus efficacement que les autres.

    Comme Smith, Ricardo pense que les droits de douane sontgnralement nuisibles. lpoque, la question des tarifs douaniersagricoles tait trs controverse et le dbat reste dactualit plusieurs sicles de distance. En Grande-Bretagne, le Corn Laws

    (lois sur les crales) imposaient alors des tarifs douaniers sur lesimportations agricoles. Les propritaires terriens, qui dominaientle Parlement, les avaient fait adopter en 1815 afin de se protgercontre la chute des prix des produits agricoles qui avait suivi la findes guerres napoloniennes. Les manifestations de mcontentementqui en rsultrent forcrent larme protger les Chambres duParlement, scnes qui rappellent les meutes survenues en 1999lors du sommet du G8 de Seattle.

    Ricardo sopposait aux Corn Laws pour deux raisons. Toutdabord, parce quelles faussaient la valeur des terres, quiatteignaient des prix artificiellement levs, rendant ainsiprofitable lexploitation de parcelles moins productives. Ensuite,parce que les investissements attirs par lagriculture auraient tmieux employs si on les avait consacrs au dveloppement delindustrie. Ces questions restent lordre du jour. En 2008, unrapport de lOCDE analysait, dans des termes que Ricardo nauraitpas renis, la faon dont les subventions affectent la valeur desterres. Comme nous le verrons dans les chapitres consacrsaux barrires commerciales et aux ngociations commercialesmultilatrales, la controverse sur les tarifs douaniers agricoles estaussi vive aujourdhui quau dbut du XIXesicle.

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    Grandeurs et dcadencesComme nous lavons vu, largument des industries naissantes

    est apparu aux tats-Unis et en Allemagne, une poque oces pays taient moins comptitifs que la Grande-Bretagne.Dans Lconomie mondiale : Une perspective millnaire, AngusMaddison dcrit comment la puissance britannique a pris son essoret comment dautres puissances en sont venues la remplacer.En Grande-Bretagne, le revenu par habitant sest accru trois foisplus vite durant la priode 1820-1913 quentre 1700 et 1820, enraison de lacclration du progrs technique, de laccroissement

    rapide du capital physique et de lamlioration de lducation etdes comptences de la main-duvre. Mais, comme lexpliqueMaddison, lvolution de la politique commerciale a galementjou un rle important. En 1860, la Grande-Bretagne avaitnon seulement aboli les Corn Laws, mais galement supprimunilatralement toutes ses barrires commerciales et douanires.Elle imposa ainsi le libre-change lInde et ses autres colonies,ainsi que dans son empire officieux .

    Outre la Chine, dautres pays tels que la Perse, la Thalandeet lEmpire ottoman taient galement obligs de maintenir destarifs douaniers peu levs et daccorder des droits spciaux auxtrangers. Ce systme dimprialisme libre-changiste favorisait lesexportations britanniques. Mais il fut moins nuisible aux intrtsdes colonies que les politiques du XVIIIesicle : la Jamaque nepouvait alors commercer quavec lAngleterre et ses colonies, et laGuadeloupe seulement avec la France.

    La politique britannique de libre-change et la dispositiondu pays importer la plupart de ses produits alimentairesont eu des effets positifs sur lconomie mondiale.Elles favorisrent le progrs technique et le diffusrentlargement. Cest en Amrique du Nord, dans le cne Sudet en Australasie quelles eurent leffet le plus favorable,car ces rgions possdaient dabondantes ressourcesnaturelles et bnfi ciaient de larges entres de capitaux ;mais il y eut aussi quelques retombes positives en Inde,

    qui tait la partie la plus grande, mais aussi la plus pauvre,de lempire .

    Lconomie mondiale : Une perspective millnaire

    http://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-fr
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    2. Cultiver du raisin en cosse

    La Grande-Bretagne jouait dj un rle important dans lesfinances internationales, et son empire jouissait dun systme de

    droits de proprit qui semblait tre aussi fiable que celui dontbnficiaient les dtenteurs de titres britanniques. partir de1870, on assista des sorties massives de capitaux britanniquesdestins financer les investissements outre-mer. La Grande-Bretagne orientait la moiti de son pargne vers les pays trangers.Les flux dinvestissement franais, allemands et hollandais taientgalement substantiels.

    Lancien ordre conomique mondial vola en clats avec les deux

    guerres mondiales. Les flux de capitaux, des migrations et deschanges seffondrrent, entranant un recul de la mondialisation.Entre 1913 et 1950, lconomie mondiale progressa bien pluslentement que durant la priode 1870-1913. Les changesmondiaux augmentrent bien moins que le revenu mondial, etle degr dingalit entre les rgions se creusa de faon notable,particulirement au dtriment de lAsie.

    Au cours de la priode 1950-1970, la plupart des empirescoloniaux disparurent. Aprs la Seconde Guerre mondiale,les tats-Unis apparaissaient lOuest comme la principalepuissance pouvant faire concurrence au bloc sovitique dans lestats dAsie et dAfrique nouvellement indpendants. Malgr lestensions politiques et militaires, lconomie mondiale connut unecroissance sans prcdent entre 1950 et 1973. En rythme annuel,le PIB mondial par habitant augmenta de prs de 3 % (soit undoublement tous les 25 ans), le PIB mondial de prs de 5 %, et leschanges mondiaux de prs de 8 %. Cest en Europe et en Asie que

    cette acclration fut la plus marque. Il y eut aussi une certaineconvergence entre les rgions, principalement un resserrement delcart entre les tats-Unis, dune part, et lEurope occidentale etle Japon, dautre part.

    Ces performances exceptionnelles durant l ge dor delaprs-guerre tiennent plusieurs raisons. Premirement, lespays capitalistes avancs crrent une sorte de nouvel ordreconomique libral international, reposant sur des codes de

    conduite explicites et rationnels, ainsi que des institutions decoopration telles que lOCDE, le Fonds montaire international(FMI), la Banque mondiale et lAccord gnral sur les tarifsdouaniers et le commerce (ou GATT le prdcesseur de lOMC).La guerre froide renfora lharmonisation des intrts des pays

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    CROISSANCE ANNUELLE DES EXPORTATIONS

    DE MARCHANDISES EN VOLUMEMonde et principales rgions, 1870-1998

    EXPORTATIONS DE MARCHANDISESEN POURCENTAGE DU PIBAux prix de 1990, monde et principales rgions, 1870-1998

    Source : Lconomie mondiale :Une perspective millnaire.

    12: http://dx.doi.org/10.1787/608057057202

    http://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/608057057202http://dx.doi.org/10.1787/608057057202http://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-fr
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    accompagns dun nouvel essor de la mondialisation et duneexpansion considrable des changes et des investissements

    mondiaux. Cependant, contrairement aux priodes prcdentes,il ny a pas eu daugmentation spectaculaire des migrations. Celatient en partie aux restrictions imposes aux mouvements depopulation lchelle internationale, mais ce constat est galementli au fait quun plus grand nombre de gens peuvent amliorer leursconditions de vie sans avoir migrer et tout laisser derrire eux.Au cours des 30 dernires annes, le nombre de personnes vivantdans des conomies o la croissance est forte ou dans des pays oles revenus par habitant sont quivalents ceux de lOCDE a t

    multipli par quatre, passant de 1 milliard 4 milliards.

    Les moyennes masquent des diffrences notables entre lessituations individuelles, diffrences auxquelles on doit sattaquer travers la politique sociale et la politique de lemploi, pluttquau moyen de la politique commerciale. Le commerce mondialpeut offrir de meilleures opportunits de croissance auxconomies, mais les gouvernements ne peuvent en profiter quesils accroissent les comptences de leur main-duvre, se dotent

    de bonnes infrastructures et adoptent des politiques attirant lesinvestissements et permettant den tirer le meilleur parti.

    2. Cultiver du raisin en cosse

    Quelques concepts cls

    La question des changes internationauxrenvoie un certain nombre de termes

    qui expriment avec concision des idescomplexes. Voici ceux qui reviennent le plussouvent dans les chapitres suivants.

    Avantage comparatifLe mathmaticien Stanislaw Ulam, qui ne

    tenait pas les sciences sociales en hauteestime, mit un jour au dfi Paul Samuelson,laurat du prix Nobel dconomie, de luinoncer une proposition, dans nimportequelle discipline des sciences sociales, qui

    soit vraie sans tre triviale. La rponsede Samuelson : lavantage comparatif. Cette notion est logiquement vraie carelle na pas besoin dtre dmontre unmathmaticien ; et elle nest pas triviale

    puisque des milliers dhommesimportants et intelligents nont jamais pu

    la comprendre deux-mmes ou y croireune fois quelle leur eut t explique.

    Samuelson avait raison. Si lavantage absolude Smith est une notion simple et intuitive que la France exporte du vin en cosse etimporte du whisky cossais relve du senscommun , lavantage comparatif est bienplus complexe. Ricardo lillustre en prenantlexemple du Royaume-Uni et du Portugal.Quil sagisse du vin ou des vtements,

    le Portugal est plus productif que leRoyaume-Uni. Intuitivement, on penseraitque le Portugal a donc intrt exporterces deux produits, tandis que lindustriebritannique a peu gagner commercer

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    Quelques concepts cls

    avec le Portugal. Chiffres lappui, Ricardodmontre pourtant que la production totalede ces deux biens augmenterait si chaquepays se spcialisait dans la production delun dentre eux.

    Pourquoi ? Parce que les ressourcessont limites, et que le Portugal nepeut pas consacrer la production du

    vin les ressources quil consacre aux

    vtements. Cest ce quon appelle les cots de renonciation . Autrementdit, si la production de 10 units de

    vin prive le Portugal de lopportunit deproduire 1 unit de vtements, alorsquau Royaume-Uni la production de10 units de vin cote 2 units de

    vtements (notamment pour payer lesserres), le Portugal devrait se concentrersur la production de vin et importer des

    vtements britanniques : ses ressources luirapportent en effet davantage sil les utilisepour produire du vin que sil les divise pourproduire la fois du vin et des vtements.

    Prenons un exemple plus moderne. Mmesi Bill Gates tape la machine plus vite quesa secrtaire, Microsoft se portera mieuxsil ne passe pas son temps le faire, maisse consacre plutt concevoir et vendredes logiciels. Cela suppose videmment que

    sa secrtaire ne soit pas un gnie cachde la conception et de la mise en marchdes logiciels. Cet exemple traduit les deuximplications importantes de lavantagecomparatif. Premirement, la Chinepourrait-elle dvelopper un avantagecomparatif pour tous les produits ?La rponse est non : le concept davantagecomparatif renvoie aux cots relatifs quil

    y a produire les choses ; il est donc

    comparativement plus ou moins avantageuxde les produire. Deuximement, si tousles pays ont un avantage comparatif,quen est-il des petits tats insulaires ?

    Pour approfondir cette question, voirhttp://internationalecon.com/Trade/Tch40/T40-0.php (site en anglais).

    conomies dchelleCe concept signifi e simplement quuneproduction plus grande chelle permetdobtenir des cots de production unitairesmoyens plus faibles. Par exemple, si lafabrique dpingles voque par Smith

    produit 10 millions dpingles par semaine,elle peut ngocier le fer un prix infrieur celui quobtiendrait une usine produisantseulement 1 million dpingles, se procurer de meilleures conditions lemballagedans lequel elles sont vendues, et ainsi desuite : chaque aiguille lui cote donc moins.De la mme faon, les changes peuventcrer des conomies dchelle : lorsqueles marchs saccroissent, les cots serpartissent entre un plus grand nombrede consommateurs.

    Facteurs de productionCe sont les ressources humaines etnaturelles ncessaires la productiondes biens et des services : la terre, le

    travail, le capital, la technologie et lespritdentreprise. Les dotations en facteursde production sont les ressources quepossde un pays.

    http://internationalecon.com/Trade/Tch40/T40-0.phphttp://internationalecon.com/Trade/Tch40/T40-0.phphttp://internationalecon.com/Trade/Tch40/T40-0.phphttp://internationalecon.com/Trade/Tch40/T40-0.php
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    Conclusionvoquant une poque o il nexistait ni nations ni tats,

    larchologue Barry Cunliffe explique le dveloppementconomique du bassin mditerranen par des dsquilibrescrateurs de changement . Des rseaux se sont alors crs pourpermettre aux diffrentes rgions dEurope dchanger leursressources ; les conomistes daujourdhui pourraient rapprocherces rseaux de la notion davantage comparatif qui sous-tendles changes entre les nations. Si la terminologie est diffrente,la raison dtre des changes est la mme depuis des sicles : se

    procurer auprs dautrui quelque chose dont on a besoin, ou quondsire, un meilleur prix que si on le fabriquait soi-mme, pourautant quon puisse le fabriquer.

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    Globalisation isreflected in increasinginternational trade,although open bordersare only one factor thatdetermine levels ofimports and exports.Others include the size

    of an economy and itsgeographical location.

    For data on all 30 OECD countriesuse the StatLink below

    RISING IMPORTS

    Imported goods and servicesas a percentage of domestic demand

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    2. Cultiver du raisin en cosse

    Pour en savoir plus

    OCDE

    Sur lInternet

    Pour dcouvrir les travaux de lOCDE surles changes, voir www.oecd.org/trade.

    Publications

    Lconomie mondiale : Une perspectivemillnaire(2006)Cet ouvrage fait uvre pionnire en

    examinant lvolution de lconomiemondiale depuis lan Mil et en quantifi antles performances conomiques des nationssur le trs long terme. Il identifi e les atoutsexpliquant le succs des pays riches ettudie les obstacles qui ont entravles rgions restes la trane. Il examinegalement la loupe les interactions entreles pays riches et le reste du monde,de faon valuer dans quelle mesure

    elles relevaient de lexploitation.

    Autre lecture conseille

    Dynamic Gains from Trade, Documentde travail de lOCDE sur la politiquecommerciale (2006)Le but de cette tude est dvaluer dansquelle mesure sont lis la croissanceobserve et lapprofondissement delintgration conomique internationale.

    doi:10.1787/276358887412

    AUTRES SOURCES

    Power and Plenty: Trade, War and theWorld Economy in the Second Millennium(2007, uniquement en anglais)Cet ouvrage analyse les vagues successivesde mondialisation et de dmondialisation survenues au cours du dernier millnaire,en soulignant les causes dordre politique

    et technologique de ces tendances longterme. Il montre comment lexpansionet la contraction de lconomie mondialesont directement lies au fl ux et au refl uxdes changes.

    Europe Between the Oceans: 9000 BCto AD 1000, Barry Cunliffe, Yale UniversityPress (2008, uniquement en anglais)Barry Cunliffe montre comment lEurope,cette petite pninsule du continenteurasien, est devenue lune des rgionsles plus novatrices de la plante, etcomment ses habitants ont explor le globepour sy livrer au commerce et, souvent,

    y fonder des colonies. Cunliffe nenvisagepas lEurope comme un ensemble dtatsaux frontires terrestres changeantes,mais comme une niche gographiqueunique bnfi ciant de nombreuses faadesmaritimes qui, avec les grands fl euves quila traversent, lui ont assur une diversitimportante de ressources naturelles, touten permettant la constitution de rseauxde communication et dchanges entredes peuples dynamiques.

    Power and Profit: The Merchant inMedieval Europe,Peter Spufford, Thames& Hudson (2005, uniquement en anglais)La rvolution commerciale du XIIIesiclea largement faonn lconomie quenous connaissons aujourdhui : socitsde portefeuille, actions, assurances,chquiers, comptabilit en partie doubleLes richesses taient alors concentres

    dans les cours aristocratiques et lescits fi nancires, ce qui est loriginedes changes fl orissants des biens deluxe. Spufford dcrit cette rvolution, ainsique les anciennes routes commercialesquempruntaient les pices asiatiques,le verre de Venise, les fourrures deRussie et les faucons dIslande, les vinsde Bordeaux et les tapisseries de Hollande.

    http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://www.oecd.org/tradehttp://www.oecd.org/tradehttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://www.oecd.org/tradehttp://dx.doi.org/10.1787/9789264289987-frhttp://dx.doi.org/10.1787/276358887412http://dx.doi.org/10.1787/276358887412
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    En guise de prambuleEn septembre 2008, la BBC a lanc lambitieux projet de suivre

    The Box un conteneur ordinaire sur lequel elle avait peint son logoet quelle avait quip dun metteur GPS dans ses dplacements travers le monde. (Le nom de ce projet vient dun livre de MarcLevinson qui dcrit la faon dont ces simples conteneurs ontchang laspect du commerce mondial.)

    En quelques semaines peine, The Box a fait le tour des lesbritanniques, travers la Mditerrane et long la cte africaineavant de gagner locan Indien. On la vue sur des routes, des trains

    et bien videmment sur des bateaux. Lintrt dun tel projet tientaux dveloppements modernes de la technologie et de lconomiequi lont rendu possible. Tout dabord, cela fait quelques annesseulement que les systmes de localisation des GPS sont devenussuffisamment petits et abordables pour y jouer un rle. Ensuite,le voyage de ce conteneur pique notre curiosit parce que nousnavons aucune ide de sa prochaine destination ni de ce quilcontiendra. Pendant la majeure partie de lhistoire du commerce

    mondial, telle que nous lavons dcrite dans le chapitre prcdent,les marchands savaient exactement ce que transportaient lesconteneurs et avaient une assez bonne ide de litinraire quilsallaient suivre.

    De nos jours, les expditeurs savent quelle sera la prochainetape dune cargaison, ainsi que ce quelle contient, mais celapeut changer selon les opportunits et les obstacles rencontrsen chemin. Un projet tel que The Box nous donne des images

    saisissantes de ce quon appelle les rseaux commerciaux, cest--dire les structures complexes que forment les flux de bienscirculant sur toute la plante.

    Dans le chapitre prcdent, nous avons vu que les gains tirsdu commerce reposent sur lavantage comparatif. Ce modleaussi simple que pntrant omet toutefois un point important :les mmes produits et services sont changs par les pays dansles deux directions. Comme The Economist le mentionnait en2008, 52 % des exportations allemandes vers la France sontconstitues de choses que la France produit elle aussi, et exportevers lAllemagne , par exemple des automobiles Renault etVolkswagen. La thorie ricardienne ne tient pas compte de lademande des consommateurs pour cette diversit de biens. Elle

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    est parfois considre comme superflue, mais les ventes desdiffrents modles de produits quasiment identiques suggrent

    que la plupart des consommateurs veulent en fait plus de choixde ce genre. La thorie labore par Paul Krugman, laurat du prixNobel dconomie 2008, sappuie sur les conomies dchelle pourexpliquer ces changes bidirectionnels. Pour pouvoir offrir cesvarits de produits recherches par les consommateurs, tout endiminuant leurs cots, les entreprises doivent tendre leurs cyclesde production hors des frontires de leur conomie nationale.

    Dans ce chapitre, nous examinerons les chiffres qui se cachent

    derrire ces modles dchanges. Nous verrons quelle est la valeurdes diffrents types de produits changs et quels pays dominentchaque type dchanges. Le nom de la BBC figure sur The Box, maissi un jour vous observez des conteneurs dans un port, vous verrezles noms dinnombrables entreprises crits dans des dizaines delangues. Cest pourquoi nous examinerons galement commentles modles dchanges voluent mesure que de nouveaux paysviennent contester la prdominance des pays de lOCDE.

    Avant daller plus loin, il est ncessaire de clarifier le sensdonn prdominance dans la phrase prcdente. Au coursdes 70 dernires annes, le volume total des changes mondiauxde produits et de services a augment plus rapidement que lacroissance conomique mondiale, et cette tendance devrait semaintenir. Les changes se sont accrus dans les pays de lOCDEcomme dans les pays non membres. Mais cest en dehors de lazone OCDE que leur croissance a t la plus forte au cours des deuxdernires dcennies. La part des pays non membres de lOCDEdans les changes a galement augment. Les efforts dploysdepuis 1945 pour stimuler le dveloppement conomique etrduire la pauvret dans ces pays portent finalement leurs fruits.La croissance rapide des changes en dehors de lOCDE reprsenteun important dividende mondial tir de ces investissements.

    Lagriculture et lalimentation

    Les changes de produits agricoles et alimentaires se caractrisentpar le fait que les importations ne reprsentent quune trs faiblepartie de la consommation. En moyenne, 95 % des aliments quenous mangeons viennent du pays o nous vivons. On retrouve

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    0 10 20 30 40 50 60

    Nouvelle-ZlandeNorvge

    tats-UnisAustralie

    Royaume-UniCanada

    PortugalGrce

    FranceJaponItalie

    Total OCDE

    IslandeEspagneFinlande

    TOTAL UE-15IrlandeSuisse

    MexiqueTurquieSude

    CoreDanemark

    Pays-basAllemagne

    PologneAutriche

    Rpublique tchqueBelgique

    Rpublique slovaqueHongrie

    Luxembourg

    PART DES CHANGES DANS LE PIB

    Diffrence entre les ratios de 2006 et 1993 en pointsde pourcentage

    Calculer la part que les changes internationaux reprsentent dans le PIBest un bon moyen de saisir leur importance. Ils ont tendance avoir uneplace plus importante dans les petits pays (en termes de taille gographiqueou de population) dont les voisins ont des rgimes dchanges ouverts quedans les grands pays relativement autosuffisants ou dans ceux qui sont isolsgographiquement et donc pnaliss par des cots de transport levs.Lhistoire, la culture, la politique commerciale, la structure de lconomie et

    la prsence de multinationales sont dautres facteurs dterminants susceptiblesdexpliquer les diffrences de ratios commerce/PIB dun pays lautre.

    Source : Panorama des statistiques de lOCDE 2008 :conomie, environnement et socit.

    12: http://dx.doi.org/10.1787/608103268274

    http://dx.doi.org/10.1787/factbook-2008-frhttp://dx.doi.org/10.1787/factbook-2008-frhttp://dx.doi.org/10.1787/608103268274http://dx.doi.org/10.1787/608103268274http://dx.doi.org/10.1787/factbook-2008-fr
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    Dans ce contexte gnral, si le nombre de pays participant aucommerce agricole saccrot, quelques-uns seulement assurent la

    plupart des changes. En 2004, les 20 principaux pays exportateursreprsentaient prs de 80 % des exportations, contre moins de 1 %pour les pays les moins avancs (PMA), un groupe qui fait lobjetdune attention spciale dans le Programme de Doha. Les paysde lOCDE continuent dominer les changes agricoles, mmesi leur part a quelque peu diminu au cours des deux derniresdcennies. La plupart des gains sont revenus aux pays du G20, legroupe runissant les conomies les plus puissantes.

    Selon les donnes, la croissance du commerce agricole concerneprincipalement les produits transforms, qui gnrent les profitsles plus levs : une tonne de ptes se vend beaucoup plus cherque les crales qui la composent. Les changes de ces produitsprogressent de prs de 9 % par an, un taux de croissance comparable celui des produits non agricoles, do laugmentation rgulirede leur part dans les changes agricoles. linverse, ce sont lesdenres en vrac qui connaissent la croissance la plus lente (2.6 %par an). Dans le mme temps, leur part dans les changes agricoles

    dcline, mme si certaines dentre elles (dont les crales et le soja)figurent toujours parmi les produits agricoles les plus changs.

    La valeur des changes mondiaux de produits agricoles varieselon quon comptabilise ou non les changes entre les 27 paysde lUnion europenne. LUE en effet possde un march intrieurunique au sein duquel le commerce a librement cours et elleapplique des mesures communes ses frontires. Elle ngocieen tant quentit globale pour toutes les questions relatives la

    politique commerciale. Pour lanne 2004, par exemple, le montantdes exportations agricoles mondiales se verrait rduit dun tierssi on excluait les changes commerciaux intra-europens. Lesmembres de lUE commercent principalement entre eux. euxseuls, les changes au sein de lUE-15 (les 15 pays membresde lUE avant mai 2004) ont reprsent 36 % des exportationsagricoles mondiales entre le milieu des annes 80 et le milieu desannes 2000. La part des changes intra-europens tait mme plusimportante encore pour les produits horticoles et transforms :43 % du total des exportations mondiales.

    Dans un pays donn, lavantage comparatif existant pour lesproduits agricoles traduit la disponibilit relative des terresagricoles par rapport aux autres facteurs de production. Par

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    exemple, si le Japon possde un certain nombre de terresagricoles, il est bien mieux dot en biens dquipement : il tend

    par consquent avoir un dsavantage comparatif pour un grandnombre de produits agricoles. limage de nombreux autres paysen dveloppement, le Kenya se trouve dans la situation inverse :la main-duvre et les terres, dont il dispose en abondance,lui procurent un avantage comparatif dans lagriculture forteintensit de main-duvre et de terres. Autre situation possible,des pays disposant dimportantes ressources minrales, comme leptrole ou le minerai de fer, peuvent rencontrer des difficults avoir des avantages comparatifs hors de ces produits.

    mesure que les conomies croissent et accumulent desressources, le capital humain et le capital physique occupentune place plus importante par rapport aux terres et aux ouvriersagricoles. Lavantage comparatif ne provient en gnral plus delagriculture, mais des services et des produits manufacturs. Dansle domaine des changes agricoles, on emploie souvent les termesde produits bruts, semi-transforms et de consommation finale (outransforms). Le bl, par exemple, est un produit brut. On lutilise

    pour faire de la farine, un produit semi-transform, qui est sontour utilis pour faire du pain, un produit final.

    Les PMA et les pays faible revenu ont en gnral un avantagecomparatif pour les produits horticoles et agricoles bruts dorigineterrestre. Les pays revenu lev de lOCDE dominent le secteur desproduits transforms, produits dont les exportations connaissentle plus haut taux de croissance, et pour lesquels ils ont un avantagecomparatif considrable. Mais cette prdominance devrait faiblir

    dans le futur : de nombreux pays revenu intermdiaire de latranche infrieure ont dsormais un avantage comparatif pour lesproduits semi-transforms.

    Nombre des plus grands pays exportateurs figurent aussi parmiles plus grands importateurs, souvent pour des produits similaires,ce qui suggre lexistence dchanges bidirectionnels de produitsagroalimentaires. Ce commerce bidirectionnel peut tre favorispar la varit des produits, les mthodes de production et les gots

    des consommateurs, mais aussi par le fait que les produits sontmrs diffrents moments de lanne travers le monde.

    Les droits applicables aux produits agricoles demeurentrelativement levs. Dans la plupart des pays, la protection

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    des produits transforms semble bnficier dune protectionsuprieure la moyenne, alors que les droits sont en moyenne

    les plus bas pour les produits semi-transforms. La protection dusecteur agricole stablit des niveaux infrieurs la moyennemondiale dans les PMA, tandis que la protection de lagriculturedans les pays du G10 est suprieure la moyenne, bien que lespays riches accordent aussi des taux prfrentiels certains deleurs partenaires. Si on tient compte de ces taux, la moyennepondre des droits des pays de lOCDE est comparable celle despays en dveloppement.

    De nombreux PMA ont un avantage comparatif danslagriculture, ce qui laisse penser quune plus grande libralisationdes changes pourrait stimuler leur croissance. Cela tant, dansle pass, cet avantage provenait principalement de leurs produitsbruts, le segment de lagriculture o lexpansion est la plus faible.De nombreux pays revenu lev ou revenu intermdiairede la tranche suprieure qui ont un avantage comparatif danslagriculture ont aussi un avantage comparatif dans la productionde produits semi-transforms et transforms. Pourvu quon rduise

    de faon proportionnelle la protection de tous les produits, unepart considrable des gains rsultant dune telle libralisationdu commerce devrait leur revenir. Cependant, comme dans toutediscussion sur les politiques, le diable se cache dans les dtails .Les PMA produisent aux prix les plus bas des produits, tels quele sucre, le coton, les bananes et le riz, qui bnficient dune trsforte protection dans certains pays revenu lev. Plus importantencore, les avantages comparatifs voluent lentement maisconstamment, comme lillustre le dplacement de la productionde fleurs coupes de pays comme Isral (qui manque deau) versdes pays africains comme le Kenya.

    Les autres matires premiresCe groupe comprend les produits nergtiques, comme le ptrole,

    le gaz, llectricit et le charbon, produits dont les changesrapportent le plus, ainsi que les minerais et le bois duvre. Leurvolume dchanges est considrable en raison de leur rpartitioningale sur la plante et de leur trs grande importance dans lafabrication de produits forte demande. Si nous utilisons deformidables quantits dnergie, de petites quantits de mtaux

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    prcieux divers sont galement indispensables pour fabriquerordinateurs, ou autres produits des technologies de linformation,

    automobiles et avions. Les produits base dacier et daluminiumsont profondment ancrs dans notre vie quotidienne.

    Ce groupe de produits se caractrise par la faiblesse de laprotection limportation. Les droits appliqus aux importationsde produits minraux sont ainsi trs faibles et, souvent, nuls. Trssouvent, les pays dpendent entirement des importations, etaucune industrie domestique ne vient concurrencer les produitsimports et exercer de pression sur les tarifs douaniers. En outre, le

    prix de ces produits a des effets profonds sur la structure des cotsdes pays importateurs, notamment sur le cot de la vie. En un sens,ces produits sont trop importants pour tre assujettis des taxesaux frontires. Toutefois, on peut sinquiter du fait que certainesindustries tiennent pour acquis leur approvisionnement fiable enmtaux et minerais stratgiques qui, linstar de la colombotantalite(coltan) utilise dans des produits lectroniques, ne sont produitsque dans un petit nombre de pays.

    Les composants et produits manufactursCe groupe de produits reprsente la plus grande part des

    changes mondiaux de marchandises. Il comprend les ordinateurs,tlvisions, lecteurs vido, automobiles, avions, machines,produits chimiques, vtements, chaussures et pratiquementtout ce que vous pouvez imaginer. Une grande partie de cecommerce ne concerne pas les produits finaux que vous trouvez

    dans les rayons des magasins. Pour fabriquer le produit quelleva effectivement vendre, une entreprise manufacturire a besoindun certain nombre de composants qui peuvent aller des puceshautement sophistiques des ordinateurs de vulgaires botiersen plastique. Il existe par consquent deux sources de demandeen biens manufacturs : la demande des consommateurs enproduits de consommation finale et la demande en composants dediffrents types dentreprises. Certaines usines ne fabriquent quedes botiers ou des puces, ce qui fait du secteur manufacturier ungrand consommateur de ses propres produits.

    Pour dcrire le commerce des composants, on peut utiliser lamtaphore dune chane reliant les entreprises travers des liensvers lamont et laval. Prenons lexemple dune entreprise qui

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    fabrique des botiers en plastique. En aval, elle fournit des botiers des entreprises qui les utilisent comme composants dans des

    tlvisions, des ordinateurs ou tout autre produit. En amont, uneautre entreprise lui fournit les poudres ou les colorants quelleutilise dans la fabrication du plastique des botiers.

    Les chanes logistiques sont devenues de plus en plus complexesces dernires dcennies. Par exemple, Intel, le fabricant depuces dordinateur, peut demander une entreprise dingnieriesudoise de concevoir une nouvelle puce. Les plans de conceptionsont envoys par courrier lectronique un fabricant de puces de

    Taipei, qui exporte ces puces en Malaisie auprs dun fabricant decircuits imprims, qui lui-mme exporte ces circuits en Irlande oils sont assembls dans des ordinateurs, leur tour exports danslUE, le service aprs-vente tant assur par un centre dappelsitu Bangalore, en Inde. La liste de tous les acteurs et de toutesles tapes ncessaires la fabrication dun ordinateur rempliraitplusieurs pages de ce livre. Il est donc difficile de dcrire lecommerce de tels produits. En 2006, les ordinateurs taient lesproduits dexportation plus haute valeur de la Chine, et les

    circuits intgrs numriques lun des produits quelle importaitle plus. Pour compliquer encore les choses, les circuits intgrsnumriques taient galement lun de ses principaux produitsdexportation. En fait, aprs le ptrole, les circuits intgrs ont tle produit le plus export au monde en 2006.

    Les statistiques sur les industries manufacturires montrent quel point les composants sont devenus importants. Aux tats-Unis, ils entraient dans la composition des produits du secteur

    manufacturier hauteur de 35 % en moyenne, contre moins de9 % pour les produits du secteur non manufacturier. On retrouve peu prs les mmes proportions dans les autres pays de lOCDE :par exemple 40.8 % dans le secteur manufacturier et 8.5 % dansle secteur non manufacturier en Allemagne. Dans les conomiesmergentes comme le Brsil et la Chine, la part des composantsmanufacturs se situait entre 40 % et 50 % dans le secteurmanufacturier. Au sein du secteur manufacturier, les secteursutilisant le plus de composants taient, dans les pays de lOCDE :les vhicules automobiles (58.6 %) et les machines informatiques,comptables et de bureau (54.3 %) ; et dans les conomiesmergentes : les machines et les appareils lectriques (55.8 %) etles vhicules automobiles (53.1 %).

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    Ces dernires annes, on a assist une augmentationspectaculaire du nombre de chanes logistiques mondiales

    et des volumes circulant au sein des chanes existantes. Lesmoteurs de cette croissance ont notamment t la baisse des prixet laugmentation de lefficacit des communications et de labureautique. Cela a permis aux multinationales et aux alliancesstratgiques dentreprises de diviser efficacement la chanelogistique et de produire un plus grand nombre de composantsdans diffrents pays en fonction de leurs avantages comparatifs.Cependant, dautres facteurs, qualifis de facteurs de lconomierelle , ont galement jou : par exemple le prix du ptrole, qui

    affecte les cots de transport et, par consquent, le choix des lieuxde production optimaux selon les marchs dcoulement.

    Comme nous la rappel sans ambigut la crise des marchsfinanciers mondiaux qui a dbut au milieu de lanne 2007,lconomie relle et le commerce rel sont aussi affects par lesmarchs financiers et la performance des systmes bancaires.Cette crise sest traduite par une instabilit touchant les tendancesdes investissements sur toute la plante, et donc les mouvements

    des taux de change, do la difficult pour les multinationales deplanifier les volutions de leurs chanes logistiques mondiales.Tous les pays sont affects par la baisse de la demande de leurspartenaires commerciaux, ce qui provoque une rduction de laproduction non seulement dans les usines des pays de lOCDE,mais aussi en Chine et dans les autres conomies mergentes.

    Une des raisons expliquant ces turbulences est la disponibilit,aprs 2001, dun financement bon march dans certains pays

    de lOCDE, dont des entreprises ont profit pour effectuer desinvestissements plus risqus que de coutume dans des marchsmergents. En rsum, lexpansion des chanes logistiques mondialesaprs 2001 a t bien plus forte que ce que nous connatrons aucours de la prochaine dcennie, et nous risquons mme dobserverune certaine contraction en raison de laugmentation du cotdu capital (les taux dintrt que les entreprises doivent payer).En 2007, au moment o la crise a frapp, on constatait un replivers des investissements plus srs ainsi quun certain recul de lacapacit de production dans quelques conomies. Les marchsfinanciers peuvent avoir dimportants effets sur lconomie rellefonde sur les changes commerciaux.

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    Modliser les fl ux commerciaux

    La littrature consacre lanalyse des fl uxcommerciaux voque frquemmentles modles informatiques dquilibregnral (IEG) et les modles de gravit.

    Les modles IEG utilisent des informationsdtailles sur les structures des politiqueset des conomies slectionnes pourles intgrer dans un cadre d quilibre

    des marchs multi-pays et multi-secteurs,accompagn dune reprsentationsophistique des relations offre-demande.

    Lquilibre des marchs renvoie lideque les marchs vont tt ou tard sedbarrasser de leur offre excdentaireou combler leur demande insatisfaite.Cette approche sert prvoir les effetsfuturs dun jeu de politiques conomiqueset permet de faire une analyse

    approfondie des scnarios de libralisationdes changes diffrents niveaux.

    linverse de lapproche par gravit,lanalyse IEG apporte une valuationdirecte des effets sur le bien-tredes rformes lies au commerce.Depuis chaque rsultat, il est possible deremonter jusquaux hypothses thoriqueset aux caractristiques structurellesdes conomies analyses.

    Dans un modle de gravit, on utilisedes donnes historiques afi n dtudierla signifi cation et lampleur statistiquedes relations entre le commerce etdautres facteurs, notamment les effetsdes politiques commerciales.

    La version de base dun modle degravit met en relation le volume des fl ux

    commerciaux bilatraux et la taillede lconomie de deux pays qui fontdes changes, ainsi que la distance conomique, quon mesure grce diffrents cots commerciaux.

    Cette approche permet de mieuxcomprendre les tendances historiqueset en particulier de distinguer limpactdes changements de politique commercialedes autres facteurs infl uenantles volumes des changes commerciaux.Elle ne permet cependant pas dvaluerdirectement les consquences deschangements de politique commerciale sur

    le bien-tre, ni ses aspects distributionnels( gagnants et perdants dans le paysconcern).

    Notons quune expression telle que lanalyse des fl ux commerciaux renvoie une collecte et un traitement de donnesphnomnal. Les analyses des modles degravit sur lesquelles repose ce chapitre produites par les conomistes de lOCDEKowalski et Shepherd ont ncessitle traitement de 1.5 million de lignesde donnes.

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    relativement peu qualifie prsente des inconvnients ; mais, siles cots commerciaux continuent chuter, les faibles salaires

    peuvent se rvler suffisamment attirants pour les contrebalancer.Le groupe des pays industrialiss traditionnels reprsente encore

    la majeure partie de la production manufacturire mondiale, bienque sa part ait connu un recul, relativement faible, au cours dudernier quart de sicle : 81 % en 2002, contre environ 86 % en 1976.Ces chiffres masquent toutefois des changements importants danscertains sous-secteurs. Par exemple, pour le fer et lacier, la part deces pays a chut de plus de 70 % environ 50 % de la production

    mondiale. Le rachat du groupe sidrurgique anglo-nerlandaisCorus par lIndien Tata Steel, en 2007, montre comment lesmultinationales des pays en dveloppement commencent pesersur les marchs mondiaux.

    La littrature conomique sest rcemment intresse limpactde la chute des cots commerciaux sur la localisation de laproduction, en se penchant plus particulirement sur la questionde la localisation des diffrents stades de la production. Selon cesanalyses, la rduction des cots commerciaux devrait entranerune fragmentation accrue de la production (les entreprisesdissminent les diffrents stades de leur production diffrentsemplacements). Autrement dit, il peut tre plus rentable dassurerle montage final de composants quon importe de diffrents lieux,plutt que de concentrer lensemble de la production dans un seulet mme pays.

    Outre les cots commerciaux, dautres facteurs dterminentgalement la dcision de fragmenter la production. Ainsi, lestches standardises ncessitant peu dinvestissements enformation et en contrle de qualit sont plus susceptibles defaire lobjet dune dlocalisation (dplacement dune partie de laproduction dans un pays tranger). Quant aux pays qui ont le plusde chances dattirer ces dlocalisations, ce sont ceux qui disposentdun cadre institutionnel fiable, de bonnes infrastructures et duneadministration efficace (permettant, par exemple, de traverser lesfrontires ou de crer une entreprise rapidement).

    On ne dispose pas dlments probants et systmatiques surles facteurs qui dterminent la fragmentation. Cependant, selonles donnes sur la qualit des infrastructures, lenvironnementinstitutionnel et les frais administratifs, les pays faible revenu

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    sont mal positionns pour intgrer les rseaux de production, etce, en dpit de leur avantage en termes de cots. Les bas salaires ne

    suffiront pas convaincre les entreprises dinvestir sil est difficiledacheminer les biens sur les marchs internationaux en tempsvoulu et en se conformant aux normes prescrites.

    Le commerce des servicesOn utilise couramment le terme mondialisation pour dcrire le

    caractre interconnect de notre monde depuis 1945, quil sagisse

    des changes de biens et services, des migrations ou dautres facteurs.Comme lillustre le pome du chapitre 2, il ny a l rien de nouveau :les gens changent des ides et des produits depuis des millnaires.Toutefois, les changes ont connu un bouleversement majeur aucours des 60 dernires annes. La technologie permet dessaimer un degr ingal les chanes logistiques de nombreux produits dansdiffrents pays, et les entreprises peuvent dsormais implanter etrelocaliser rapidement les maillons de ces chanes dans de nombreuxpays. Avant le XXesicle, le commerce tait principalement le fait de

    pays important des matires premires et fabriquant tout le produitfinal sur leur territoire.

    Au cours des 50 dernires annes, les changes de pices etcomposants se sont intensifis, et la fragmentation internationalede la production qui laccompagne explique pourquoi la croissancedes changes est plus rapide que celle du PIB. Il est en effetimpossible de produire matriellement un bien sans la logistique,les services comptables et bancaires, la gestion du personnel et

    tous les autres services indispensables. Mais cela ne signifie pasque tous ces services doivent tre effectus au mme endroit ; defait, de nombreuses tches sont aujourdhui accomplies distance.On dl