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BAPTISTE DORVAL LEGRAS
EFFET DE LA TENEUR EN HUMIDITE DU BOIS
SUR LA PERFORMANCE DES ASSEMBLAGES BOIS
BOULONNÉS DE PIN GRIS
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en Sciences du Bois
pour l’obtention du grade de maître ès sciences
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DU BOIS ET DE LA FORÊT
FACULTÉ DE FORESTERIE ET DE GÉOMATIQUE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2009
© Baptiste Dorval Legras, 2009
Résumé
Ce projet porte sur la problématique de l’influence de l’humidité sur la performance
des attaches boulonnées des charpentes en bois. Afin d’améliorer la justesse des règles de
calcul des charpentes en bois présentées dans la norme canadienne CSA-O86, nous
vérifions, dans cette étude, la pertinence du coefficient de service (KSF) appliqué aux
attaches dans des teneurs en humidité (TH) variables. Pour ce faire, nous utilisons cinq
types d’attaches assemblées de bois sec (TH ≈ 12%) et humide (TH ≥ 19%) et testées en
trois conditions d’humidité (TH ≈ 8%; TH ≈ 12%; TH ≥ 19%). Toutes les attaches sont
constituées d’une membrure de pin gris (Pinus banksiana) de 89 mm d’épaisseur et de
plaques de jonctions en acier de 6,4 mm d’épaisseur, le tout assemblé de boulons de 12,7
mm de diamètre de grade 2 et, dans certains cas, de grade 5. Les attaches sont à un, deux et
six boulons; pour ce dernier, on fait varier l’espacement entre les rangées et entre les
boulons. Chaque série inclut six éprouvettes, avec un joint à chacune des deux extrémités,
pour un total de 198 tests de traction parallèle au fil du bois en double cisaillement. Les
paramètres suivants sont déterminés pour chaque test : la limite de proportionnalité, le seuil
de plasticité, la charge maximale, la rigidité, la ductilité et le mode de rupture.
Les résultats de cette étude révèlent que c’est l’humidité du bois lors du test et non pas
lors du montage qui est plus importante pour la performance des attaches. La rigidité
augmente en proportion de la diminution de l’humidité en dessous du point de saturation
des fibres, qui est accompagnée par une transition du mode de rupture de ductile à fragile.
Les attaches assemblées et testées humides (TH > 19%) sont les plus faibles, mais les plus
ductiles. Le séchage du bois a un plus grand effet sur les attaches avec un espacement plus
petit entre connecteurs : en plus de la rupture fragile, leur résistance est réduite 15% en
condition très sèche (TH ≈ 8%). La diminution de la résistance d’attaches en conditions très
sèches est observée; néanmoins, pour les modes de rupture fragiles, le coefficient de service
(KSF) est jugé trop conservateur. Des propositions sont faites et justifiées pour le
remplacement du KSF par le coefficient de service en cisaillement et en traction
longitudinale (KSv et KSt) dans les cas de rupture fragile, comme il est couramment
recommandé dans la norme américaine National Design Specification.
ii
Abstract
This research is focused on the effect of moisture on the performance of bolted
connections in timber structures. To improve the accuracy of the engineering design of
timber structures based on the Canadian standard CSA-O86, we studied the relevance of
the service factor (KSF) as applied to the lateral resistance of fastenings in different
moisture conditions (MC). To reach this goal, we used five connection configurations
assembled with seasoned (MC ≈ 12%) and unseasoned (MC ≥ 19%) timber and tested at
various moisture conditions: wet (MC ≥ 19%), dry (MC ≈ 12%) and very dry (MC ≈ 8%).
All connections were 89-mm thick jack pine (Pinus banksiana) sawn lumber and 6.4-mm
thick steel side plates assembled with 12.7-mm diameter bolts of grade 2 and, in some
cases, of grade 5. The joints included one, two or six bolts; in the latter, the fasteners were
installed in two rows with various spacing between the rows and between the bolts in a
row. Each series consisted of six specimens, with a joint at both ends, with a total of 198
tests in tension parallel to grain of wood in double shear. The following parameters were
determined from each test: proportional limit, yield point, maximum load, stiffness,
ductility and failure mode.
Results of the study revealed that it was moisture content at test and not at the time of
assembly that influenced the performance of the tested connections the most. The stiffness
increased in direct proportion with the decrease of moisture content below the fibre
saturation point, which was accompanied with a transition from ductile to brittle failure.
Connections assembled and tested unseasoned (MC > 19%) were the weakest but the most
ductile. Seasoning had the highest effect on the connections with the minimum spacing of
fasteners within and between the rows: not only were they the most brittle, their load
capacity was reduced 15% in very dry conditions (MC ≈ 8%). The reduction of load
capacity of connections in very dry conditions was observed; yet for brittle failure modes,
the service factor KSF was found to be overly conservative. Proposals are put forward and
justified to replace the KSF by service condition factors in longitudinal shear and tension
(KSv and KSt) in case of brittle failure modes, which is the current recommended practice in
the US National Design Specification.
Avant-propos
Cette maîtrise m’a permis de me spécialiser dans le domaine de la structure bois, tout
particulièrement dans l’utilisation des connexions en construction.
Ce mémoire de maîtrise a été possible grâce à la supervision et à la participation de mon
directeur Dr. Alexander Salenikovich de l’Université Laval, ainsi que mon co-directeur Dr.
Mohammad Mohammad de FPInnovations.
Merci à Alexander d’avoir passé de nombreuses heures à trouver de nouvelles idées pour
améliorer cette maîtrise. Ses connaissances et son savoir-faire m’ont beaucoup aidé.
Je tiens aussi à remercier les techniciens qui m’ont aidé durant ce travail de maîtrise. Pour
la préparation des échantillons, merci à Luc Germain, David Lagneux et Daniel Bourgault.
Pour les tests, un grand merci à Sylvain Auger et ses « setups ».
Merci aussi à Aziz Laghdir pour son aide dans les opérations de séchage.
Merci aux étudiants de premier cycle qui on fait certaines séries de tests, et à Frédéric
Nepton pour son aide lors de l’expérimentation.
Merci à l’équipe du Service de Consultation Statistique (SCS) de l’Université Laval et tout
particulièrement à Sama Sleiman pour sa patience.
Merci à Williams Muñoz pour ses conseils et son expertise.
Pour leur entraide et leur soutien tout au long de ce cheminement, j’aimerais finalement
remercier mes collègues, mes amis, mes parents, et tout particulièrement Ophélie.
Table des matières
Résumé.....................................................................................................................................i
Abstract.................................................................................................................................. ii
Avant-propos ........................................................................................................................ iii
Table des matières .................................................................................................................iv
Liste des tableaux...................................................................................................................vi
Liste des figures ................................................................................................................... vii
1 Introduction.....................................................................................................................1
1.1 Problématique .........................................................................................................1
1.2 Cadre théorique (revue de littérature) .....................................................................4
1.3 Objectifs................................................................................................................12
1.4 Limites de l’étude .................................................................................................13
2 Méthode expérimentale.................................................................................................14
2.1 Dispositif expérimental.........................................................................................14
2.2 Contrôle d’humidité..............................................................................................19
2.3 Estimation des résistances pondérées et modes de rupture...................................22
2.4 Analyses des courbes charge/déplacement ...........................................................24
2.5 Analyse statistique ................................................................................................28
3 Analyse et discussions des résultats..............................................................................30
3.1 Résultats en présentation graphique. Modes de rupture. ......................................30
3.2 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la charge maximale des assemblages (Pmax) ............................................................................................................37
3.2.1 Toutes attaches confondues ..............................................................................37
3.2.2 Comparaison par type d’attaches......................................................................39
3.2.3 Effet du grade des boulons sur la charge maximale .........................................40
3.2.4 Regroupement par groupes significativement différents ..................................41
v
3.3 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la charge à la limite de proportionnalité des assemblages (PPL) ............................................................................43
3.3.1 Toutes attaches confondues ..............................................................................43
3.3.2 Comparaison par type d’attaches......................................................................43
3.3.3 Effet du grade des boulons sur la charge à la limite de proportionnalité..........46
3.4 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la rigidité des assemblages (K)...47
3.5 Effets de l’humidité et des types d’attaches sur la ductilité des assemblages (DFAIL/DYIELD et DFAIL/DPL) ..............................................................................................50
3.6 Propositions ..........................................................................................................52
4 Conclusion ....................................................................................................................66
4.1 Rappel des objectifs ..............................................................................................66
4.2 Rappel des principaux résultats ............................................................................66
4.3 Recommandations et travaux futurs .....................................................................68
Bibliographie ........................................................................................................................69
Liste des tableaux
Tableau 1.1: Coefficient de condition d'utilisation, KSF, pour les attaches (selon tableau
10.2.1.5 (CSA-O86-01, 2007)). ......................................................................................3
Tableau 1.2 : Synthèse des tableaux 5.4.2 et 6.4.2 de la norme CSA-O86 ............................8
Tableau 1.3: Wet service factor, CM, for connections (AF&PA, 2005, Table 10.3.3) ...........9
Tableau 1.4: Synthèse des tableaux 4A et 5A de la norme NDS (AF&PA, 2005).................9
Tableau 1.5: Synthèse des valeurs de Kmod pour bois massif, lamellé collé, LVL et
contreplaqué (adapté de L’Eurocode 5, 2005, p. 23 et 30) ...........................................11
Tableau 2.1: Matrice des tests...............................................................................................15
Tableau 2.2: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture (boulons Gr2). .....23
Tableau 2.3: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture (boulons Gr5). .....24
Tableau 3.1: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture et proposition
(boulons Gr2). ...............................................................................................................54
Tableau 3.2: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture et proposition
(boulons Gr5). ...............................................................................................................55
Tableau 3.3: Comparaison des charges maximales expérimentales avec des résistances
prédites (boulons Gr2). .................................................................................................56
Tableau 3.4: Comparaison des limites de proportionnalité expérimentales avec des
résistances prédites (boulons Gr2). ...............................................................................57
Tableau 3.5: Comparaison des seuils de plasticité expérimentales avec des résistances
prédites (boulons Gr2). .................................................................................................58
Tableau 3.6: Comparaison des charges maximales expérimentales avec des résistances
prédites (boulons Gr5). .................................................................................................59
Tableau 3.7: Comparaison des limites de proportionnalité expérimentales avec des
résistances prédites (boulons Gr5). ...............................................................................60
Tableau 3.8: Comparaison des seuils de plasticité expérimentales avec des résistances
prédites (boulons Gr5). .................................................................................................61
Liste des figures
Figure 1.1 : Exemples de structures soumises à des changements d’humidité.......................2
Figure 1.2: Modes de rupture fragiles (Quenneville, 2008) ...................................................7
Figure 2.1: Montage du banc d’essais ..................................................................................17
Figure 2.2: Dimensions d’assemblage et placement des capteurs LVDT ............................18
Figure 2.3 : Protocole de chargement a) selon le temps b) selon le déplacement (ISO
6891:1983) ....................................................................................................................18
Figure 2.4: Profil d’humidité du bois humide.......................................................................20
Figure 2.5: Profil d’humidité du bois sec .............................................................................21
Figure 2.6: Profil d’humidité du bois très sec.......................................................................21
Figure 2.7 : Graphiques de charge/déplacement pour un cas de rupture ductile ..................26
Figure 2.8 : Graphiques de charge/déplacement pour un cas de rupture fragile ..................26
Figure 3.1 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour la série témoin dans
les trois conditions d’humidité : humide (T-H), sec (T-S) et très sec (T-TS)...............30
Figure 3.2 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour les séries 1, 2 et 3
dans les conditions de tests « HH » et « HS » avec des boulons de grade 5 et de grade
2 ....................................................................................................................................32
Figure 3.3 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour les séries 1, 2, 3 et 4
dans toutes les conditions d’humidité. ..........................................................................33
Figure 3.4 : Exemples des boulons fléchis en mode G.........................................................35
Figure 3.5 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité ...................................................................................................37
Figure 3.6 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les quatre
attaches..........................................................................................................................38
viii
Figure 3.7 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité pour l’attache de type A (série 1) .............................................39
Figure 3.8 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité pour l’attache de type C (séries 2,3 et 4) ..................................40
Figure 3.9: Regroupement des séries selon l’ANOVA.........................................................42
Figure 3.10: Valeurs du cinquième centile normalisées .......................................................42
Figure 3.11 : Résultats des comparaisons statistiques de charge à la limite de
proportionnalité entre les six conditions d’humidité pour l’attache de type A (série 1)
......................................................................................................................................43
Figure 3.12 : Résultats des comparaisons statistiques de charge à la limite de
proportionnalité entre les six conditions d’humidité pour l’attache de type C (séries 2,3
et 4) ...............................................................................................................................44
Figure 3.13 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les attaches
de type C (séries 2, 3 et 4) ............................................................................................45
Figure 3.14 : Résultats des comparaisons statistiques de rigidité entre les six conditions
d’humidité.....................................................................................................................47
Figure 3.15 : Résultats des comparaisons statistiques de rigidité entre les quatre attaches .48
Figure 3.16 : Évolution de la rigidité en fonction de l’humidité ..........................................49
Figure 3.17 : Effet des configurations d’attaches sur la ductilité .........................................51
Figure 3.18 : Effets des conditions d’humidité sur la ductilité .............................................51
1 Introduction
1.1 Problématique
Actuellement, le bois est sous-utilisé dans le secteur de la construction non résidentielle
au Canada. Pourtant, les structures en bois sont souvent plus économiques, plus esthétiques
et surtout plus écologiques que l’acier ou le béton. Elles utilisent un matériau naturel et
permettent de réduire substantiellement les impacts de la construction sur l’environnement.
De plus, le caractère exceptionnel de ces réalisations contribue généralement à l'économie
touristique de la région où elles sont construites. Conçues adéquatement, les structures en
bois peuvent aussi démontrer une longévité et une durabilité souvent sous-estimées.
Lorsque des structures en bois sont utilisées à l’extérieur (Figure 1.1a) ou dans des
infrastructures de génie civil, notamment des ponts et des passerelles (Figure 1.1b), le
problème du comportement du bois dans des environnements à humidité variable se pose.
Les aspects de dégradation biologique, les phénomènes de fluage et de mécano-sorption,
ainsi que les risques de fissuration, sont encore mal maîtrisés. Ces connaissances sont
nécessaires aux concepteurs de structures en bois pour les guider dans leurs choix de
conception et d'entretien. Les problèmes liés à ces constructions sont souvent dus à la
méconnaissance de la variation de l’humidité dans les assemblages, particulièrement durant
la phase de construction. Peu de données bibliographiques sont disponibles à l’heure actuelle
pour comprendre ces phénomènes, et aucun modèle d’aide au dimensionnement intégrant les
effets de l’humidité n’a été proposé à notre connaissance.
Ce projet porte sur la problématique de l’influence de l’humidité sur la performance des
attaches boulonnées des charpentes en bois massif. Actuellement, selon la norme canadienne
des Règles de calcul des charpentes en bois (CSA-O86-01, 2007), la résistance des attaches
est pondérée à l’aide du coefficient de condition d’utilisation, KSF, dont les valeurs se
trouvent au tableau 10.2.1.5 de la norme (voir Tableau 1.1). Pour les attaches boulonnées, le
coefficient varie entre 1,00 et 0,27 en fonction de la teneur en humidité (TH) lors de la
fabrication et utilisation ainsi que de la configuration de l’attache. Le KSF prend en compte
2
la diminution de la résistance due à l’augmentation de la teneur en humidité et due aux
retraits dimensionnels.
Figure 1.1 : Exemples de structures soumises à des changements d’humidité.
3
Tableau 1.1: Coefficient de condition d'utilisation, KSF, pour les attaches (selon tableau 10.2.1.5 (CSA-O86-01, 2007))1
Une proposition pour modifier le principe de calcul de la résistance des attaches et,
entre autres, la façon de pondération pour les conditions de service a été faite (Quenneville,
2008). Selon cette proposition le coefficient KSF devrait être appliqué à la résistance à
l’enfoncement du bois pour les modes de rupture ductiles et à la résistance d’assemblage
pour les modes de rupture fragiles, dont l’arrachement par rangée, l’arrachement par groupe
et l’effondrement perpendiculaire au fil. Malgré tout, les valeurs du KSF ne sont pas révisées
1 Tiré de la CAN/CSA-O86-F01 – Règles de calcul des charpentes en bois et reproduit avec la permission de Normes CSA (aussi connue sous le nom de CSA), qui en détient les droits d’auteurs, et dont les bureaux se situent au 5060, Spectrum Way, bureau 100, Mississauga (Ontario) L4W 5N6. Bien que la CSA ait accordé le consentement de publier ces informations, elle ne peut être tenue responsable de la manière que l’information a été présentée, ni des interprétations qui peuvent en découler.
4
dans la nouvelle proposition, c’est-à-dire, les valeurs indiquées au tableau 10.2.1.5 de la
norme actuelle sont appliquées pour tous les modes de rupture.
Avant de discuter le contenu de notre recherche et proposer des modifications des règles
de calcul, rappelons le cadre théorique et les recherches antécédentes.
1.2 Cadre théorique (revue de littérature)
La performance des assemblages bois boulonnés a été étudiée expérimentalement par
Trayer (1932). Cette étude a mis en évidence les effets des différents diamètres de boulon de
6 à 25 mm (de ¼ à 1 pouce), et de leur élancement. Cinq espèces d’arbres ont été testées
dans cette étude (3 conifères et 2 feuillus). Différentes épaisseurs de la membrure en bois
ont été étudiées (de 2 à 12 fois le diamètre du boulon) ainsi que différents types de
connexion et des tests parallèles et perpendiculaires au fil. Certains tests ont été faits avec
des plaques de jonctions en bois de la moitié de la taille de la membrure principale, et
d’autres avec des plaques de jonctions en acier de 6,4 mm (¼ de pouce). L’espacement des
boulons et la disposition sur la membrure pour maximiser la résistance ont aussi été étudiés.
Une des conclusions nous indique que la distance minimale à utiliser entre les boulons dans
une même rangée est de 4 fois le diamètre du boulon. Pour une série de tests, ils ont cherché
l’effet du retrait dû au séchage. Pour maximiser l’effet du retrait, des tests perpendiculaires
au fil du bois ont été faits. Les assemblages étaient constitués de quatre boulons de 12,7 mm
(½ pouce) installés lorsque le bois était vert et ils étaient testés une fois séchés. Il faut noter
qu’après le séchage du bois les boulons n’étaient plus aussi serrés, et il n’y a pas eu de
resserrage avant les tests. Le fendillement dû au retrait du bois a diminué la charge à la
limite de proportionnalité entre 25 et 40% de la charge aux conditions normales et la charge
maximale a diminué de moitié. Les recommandations de ce rapport concernant la répartition
des boulons et les conditions de service des connexions sont adoptées par les normes
actuelles au Canada (CSA-O86) et aux États-Unis (National Design Specification (AF&PA,
2005)).
Selon des études postérieures, il est apparu que la résistance des assemblages dépend de
deux phénomènes conjugués : la résistance du connecteur métallique, et la portance locale
5
du bois. L’une des méthodes pour prédire la résistance des assemblages de type goujon à
partir de leur géométrie et des propriétés des matériaux est la théorie de l’analyse limite
européenne (Johansen, 1949; Larsen, 1973; Whale et al. 1987). Selon cette méthode, la
rupture d’un assemblage est induite soit par la compression du bois, soit résultant du
développement simultané de la plasticité en compression dans le bois et de rotules plastiques
dans la broche fléchie. Le mode de rupture exact est déterminé par la géométrie de
l’assemblage et les propriétés des composants. Ces propriétés correspondent au moment
plastique de l’organe d’assemblage et à la résistance en portance locale (résistance à
l’enfoncement) du bois ou des produits dérivés. Dans ces analyses, le comportement des
matériaux est supposé rigide plastique parfait. La contrainte appliquée par l’organe sur le
bois est considérée uniforme. Le jeu de perçage et le frottement entre les pièces sont
supposés inexistants. Le principe de la méthode consiste à rechercher le schéma de
déformation qui engendre l’effort résultant critique sur les pièces du bois. Cette charge
définit une capacité limite de l’assemblage lors de son entrée dans le domaine plastique.
De nombreuses études complétées par les travaux de Möller (1951), McLain et
Thangjitham (1983), Soltis et Wilkinson (1987), Hilson et al (1990), etc. ont permis de
valider les équations européennes de plasticité. Dans chaque cas, l’expérience et la théorie
donnent des résultats concordants à condition de minimiser les phénomènes de frottement et
le développement d’efforts axiaux dans les tiges. Cette méthode de calcul de la résistance
d’assemblage a été adoptée dans les normes européennes et puis nord-américaines. Les
détails de la procédure de la norme canadienne CSA-O86 sont présentés à l’annexe A.
Selon l’étude de Wilkinson (1971) qui portait sur la résistance à l’enfoncement des
boulons de 19 mm (¾ de pouce) et des clous, cette résistance diminue avec l’augmentation
de la teneur en humidité, mais pas la charge maximale. Selon cette étude, la résistance à
l’enfoncement pour les boulons de 19 mm (¾ de pouce) serait de 40% inférieure, et pour les
clous la diminution serait de 20%. Ces résultats sont pris en compte dans la norme
américaine NDS (AF&PA, 2005).
Rammer et Winistorfer (2001) ont étudié trois espèces de bois, cinq teneurs en humidité
(4%, 6%, 12%, 19% et vert) des clous et des boulons de 12,7 mm (½ pouce) de diamètre.
6
Pour chaque test, ils ont placé le connecteur sur la face transversale du bois et ont mesuré la
pénétration du connecteur en fonction de la charge appliquée. Ces tests ont permis de
trouver la résistance à l’enfoncement du bois selon le type de connecteur, l’essence de bois,
et l’humidité du bois. Les résultats ont montré que la résistance à l’enfoncement (Fe)
diminue quand l’humidité (m) augmente selon l’équation de régression suivante :
(1.1)
Cette régression linéaire est valable jusqu’à une teneur en humidité du bois de 25%. Au
dessus de cette humidité il n’y a plus de changement. Ces résultats ne sont pas dépendants
de l’espèce, ni du type d’attache utilisé dans cette étude. Ces variations perturbent ainsi
l’équilibre mécanique de l’assemblage. En effet, un assemblage dont le mode de rupture est
prévu par déformation du connecteur peut voir son mode de rupture passer en mode
d’enfoncement du bois par humidification des éléments bois. Rammer et Winistorfer (2001)
ont conclu qu’il est préférable d’utiliser le facteur réduisant la résistance à l’enfoncement du
bois à la place de réduire la résistance de l’assemblage.
Smith et Foliente (2001) ont aussi discuté l’influence de placement de facteurs de
modification de la résistance pondérée des assemblages. L’influence la plus importante aux
résultats de calcul est évidente pour le mode III (deux rotules plastiques dans le goujon) pour
les conditions humides et le chargement de longue durée. Dans ce cas, on sous-estime la
résistance d’assemblage d’environ 20% car les facteurs intrinsèques au bois sont appliqués à
la résistance contrôlée, en principe, par un organe métallique.
La proposition de Quenneville (2008) vise à modifier la clause 10.4 de la norme CSA-
O86. Ces modifications portent sur le principe de calcul de la résistance à l’enfoncement des
attaches, sur la façon de pondérer pour les conditions de service, et le plus important, sur le
calcul des modes de rupture de type fragile. Des modifications sont apportées sur le
placement des attaches : la distance minimale d’entraxe des rangées de boulons permise
passe à trois fois contre deux fois le diamètre dans la norme en vigueur. Pour le calcul de la
résistance à l’enfoncement, une des principales modifications est l’application des
coefficients de durée de charge (KD), de service (KSF) et de traitement (KT) qui ne se fait
7
plus après avoir trouvé la résistance de l’attache, mais au niveau de la portance locale du
bois. La plus grande modification est l’introduction des calculs des modes de rupture
fragiles. Jusqu’à maintenant pour les chargements parallèles au fil du bois, le seul mode de
rupture fragile calculé est la rupture par tension nette « Net Tension » (Figure 1.2 a). Les
deux nouveaux modes de rupture fragiles calculés en chargement parallèle au fil du bois
sont l’arrachement par rangée « Row Shear » et l’arrachement par groupe « Group Tear-
out » (Figure 1.2 b et c) avec un facteur de pondération Ф de 0,7. La valeur minimale des
résistances ductiles est pondérée avec un facteur Ф de 0,8 et comparée avec les valeurs de
résistance fragile pour que la valeur la plus faible soit utilisée comme résistance de l’attache.
Cette nouvelle méthode de calcul permet d’éliminer les coefficients de groupe (JG) et de la
distance de bout réduite (JL) ainsi que de prévoir le mode de rupture, ce qui n’est pas
possible avec la norme en vigueur.
a) Tension nette b) Arrachement par rangées c) Arrachement par groupe
Figure 1.2: Modes de rupture fragiles (Quenneville, 2008)
Selon la norme en vigueur au Canada (CSA-O86-01, 2007), l’effet de l’humidité sur les
assemblages boulonnés est pris en compte par un facteur de service KSF réduisant la
résistance jusqu'à 0,27 selon les conditions d’humidité du bois lors du montage et en service
ainsi que la configuration d’attaches (voir Tableau 1.1). Selon la norme, le bois est considéré
humide lorsque la teneur en humidité est supérieure à 15%.
8
En ce qui concerne les éléments de charpentes, les résistances sont pondérées pour les
conditions humides selon le type de sollicitation, la taille d’élément et le type de produit
(bois de sciage ou lamellé-collé). Les valeurs de coefficient de service sont données aux
tableaux 5.4.2 et 6.4.2 de la norme CSA-O86 et sont présentées au Tableau 1.2.
Selon la National Design Specification for Wood Construction (NDS), la norme en
vigueur aux États-Unis, l’effet de l’humidité sur les assemblages est pris en compte par un
facteur de service humide « wet service factor », CM (AF&PA, 2005, p. 59). Comme pour la
norme canadienne, le facteur CM varie suivant les conditions d’humidité du bois durant le
montage, en service et le type d’attaches (voir Tableau 1.3). Les valeurs du facteur CM
ressemblent beaucoup au KSF sauf pour les deux principales différences suivantes : on
applique le même facteur pour un service humide (CM = 0,7) que le bois soit assemblé sec
ou humide; et pour les modes de rupture fragiles, la valeur de CM est déterminée selon le
type de contrainte, cisaillement ou tension, qui contrôle la rupture (voir Tableaux 1.3 et 1.4).
De plus, selon la NDS, le bois est considéré humide à partir d’une teneur en humidité de
19%.
Tableau 1.2 : Synthèse des tableaux 5.4.2 et 6.4.2 de la norme CSA-O86
KS
Bois de sciage Bois lamellé‐collé
Utilisation en milieu humide: face étroite du bois de sciage, de pilots et de poteaux
Utilisation en milieu humide
89 mm ou moins plus de 89 mm
KSB Flexion à la fibre extrême 0,84 1,00 0,80
KSv Cisaillement longitudinal 0,96 1,00 0,87
KSc Compression de fil 0,69 0,91 0,75
KScp Compression de flanc 0,67 0,67 0,67
KSt Traction de fil 0,84 1,00 0,75
KSE Module d'élasticité 0,94 1,00 0,90
9
Tableau 1.3: Wet service factor, CM, for connections (AF&PA, 2005, Table 10.3.3) Courtoisie, American Forest & Paper Association, Washington, D.C.
Tableau 1.4: Synthèse des tableaux 4A et 5A de la norme NDS (AF&PA, 2005)
CM
Bois de sciage Bois lamellé‐collé
TH> 19% TH>16%
Fb Flexion à la fibre extrême 0,85 0,80
Fv Cisaillement longitudinal 0,97 0,875
Fc Compression de fil 0,80 0,73
Fcp Compression de flanc 0,67 0,53
Ft Traction de fil 1,00 0,80
E et Emin Module d'élasticité 0,90 0,833
10
Selon la norme en vigueur en Europe (CEN Eurocode 5, 2005), l’effet de l’humidité sur
les assemblages est pris en compte par un facteur appelé Kmod qui varie en fonction de la
durée de chargement et de la classe de service de structure. L’utilisation du facteur Kmod est
différente des facteurs KSF et CM. Contrairement aux normes nord-américaines, il n’y a que
des valeurs Kmod spécifiées pour différents matériaux bois et il n’y a pas de valeurs
spécifiques pour les attaches ni pour les conditions d’humidité lors du montage. Pour
appliquer le facteur Kmod, il faut connaitre la classe de durée de chargement et la classe de
service. Les classes de service sont définies dans la section 2.3.1.3 de l’Eurocode 5 à base de
conditions d’environnement – la température et l’humidité relative de l’air – auxquelles
l’humidité moyenne dans des bois résineux ne dépasse pas certaines limites. Selon ces
définitions, l’humidité du bois dans les classes de service 1 et 2 n’excède pas 12% et 20%,
respectivement, et les humidités supérieures correspondent à la classe 3. Les classes de
service 1 et 2 dans les cas du bois massif, lamellé-collé, LVL et contreplaqué donnent les
mêmes résultats (voir Tableau 1.5). Ainsi, lorsque l’humidité du bois n’excède pas 20%, on
applique le facteur Kmod plus fort et sinon, on applique les valeurs plus faibles selon la classe
de durée de chargement définie dans la section 2.3.1.2 de l’Eurocode 5 (voir Tableau 1.5).
Les valeurs caractéristiques dans l’Eurocode 5 correspondent à une durée de chargement
comprise entre le court terme (moins d’une semaine) et l’instantané (vent et action
accidentelle). La durée de chargement serait donc de quelques minutes lors des essais
normalisés aux conditions sèches où le facteur Kmod = 1,00. Selon les valeurs actuelles de
Kmod dans Eurocode 5, l’influence de l’humidité élevée sur la résistance du bois est évaluée
à environ 0,8 dans tous les cas sans considération pour le type de contrainte (voir Tableau
1.5). Alors, l’Eurocode 5 ne tient pas compte spécialement de l’influence de l’humidité sur
la résistance des assemblages. Il faut noter que pour les panneaux de particules, de fibres,
OSB et MDF, les valeurs Kmod sont plus faibles et l’utilisation de ces produits à l’extérieur
(classe 3) n’est pas prévue.
11
Tableau 1.5: Synthèse des valeurs de Kmod pour bois massif, lamellé collé, LVL et
contreplaqué (adapté de L’Eurocode 5, 2005, p. 23 et 30)
Classe de durée de chargement
Exemple de chargement et ordre de grandeur de durée
Kmod Kmod (classe 3) / Kmod (classes1, 2)
Classe de service
1 et 2 3
Action permanente Poids propre (t > 10ans) 0,60 0,50 0.83
Action long terme Stockage (6 mois < t < 10ans) 0,70 0,55 0.79
Action moyen terme
Charge d'occupation, neige (1 semaine < t < 6 mois)
0,80 0,65 0.81
Action court terme Neige, vent (t < 1 semaine) 0,90 0,70 0.78
Action instantanée Vent et action accidentelle 1,10 0,90 0.81
Les recherches les plus récentes par Sjödin et Johansson (2007) ont mis en évidence la
diminution de la résistance des attaches multi goujons par organes métalliques lorsque le
bois est en milieu très sec (TH = 8%). Les assemblages utilisés pour cette étude, ont été en
bois lamellé-collé d’épinette de Norvège de 30 mm d’épaisseur. Deux configurations
d’assemblages ont été étudiées en trois conditions d’humidité du bois : A) assemblés à
TH = 12% et chargés jusqu’à rupture à cette même humidité; B) assemblés après 110 jours
de stockage du bois en conditions sèches (20°C, 30% HR), puis testés; et C) assemblés à
TH = 12% et testés après 110 jours de stockage des assemblages en conditions sèches. Les
résultats ont montré que la diminution de la teneur en humidité diminue la résistance, et
lorsque l’effet du retrait s’ajoute, la diminution de la résistance est encore plus importante à
cause d’effondrement du bois. Les règles de calcul des charpentes en bois ne tiennent pas
compte de ces perturbations importantes de la performance d’attaches en conditions très
sèches. La teneur en humidité basse n’est pourtant pas si exceptionnelle, bien souvent le bois
à l’intérieur des bâtiments chauffés en hiver atteint ces conditions d’humidité.
12
Alors, la revue de littérature nous montre que l’influence de l’humidité variable sur la
performance des assemblages n’est pas encore bien maitrisée dans les normes de calcul et
les études de ce phénomène sont rares. Cependant, il y a des exemples de collapse majeurs
de structures où ces effets ont été négligés lors de la conception (Frühwald et al, 2007). Les
ajustements dans les normes actuelles sont très approximatifs et ne sont pas harmonisés. Une
étude ciblée à découvrir plus d’informations sur la performance des assemblages dans les
conditions hydriques variables est nécessaire afin d’améliorer la justesse des règles de calcul
des charpentes en bois au Canada et ailleurs.
1.3 Objectifs
L’objectif de ce projet est d’étudier la performance des assemblages boulonnés aux
différentes conditions d’humidité afin de proposer une procédure de pondération de la
résistance qui intervient en fonction des conditions de service et du mode de rupture
d’assemblage. Pour arriver à ce but, on évalue et compare la performance des assemblages,
dont la résistance, rigidité, ductilité et mode de rupture dans les conditions d’humidité
suivantes :
Fabriqués en condition humide (TH>19 %) et testés en condition humide (TH>19%)
Fabriqués en condition humide (TH>19 %) et testés en condition humide (TH>19%)
après un cycle de séchage;
Fabriqués en condition humide (TH>19 %) et testés en condition sèche (TH≈12 %);
Fabriqués en condition sèche (TH≈12 %) et testées en condition sèche (TH≈12 %);
Fabriqués en condition sèche (TH≈12 %) et testés en condition humide (TH>19 %);
Fabriqués en condition sèche (TH≈12 %) et testés en condition très sèche (TH≈8 %).
Les résultats sont comparés avec la norme de calcul CSA-O86-01 (2007) en vigueur et
avec la nouvelle méthode proposée (Quenneville, 2008).
13
1.4 Limites de l’étude
Cette étude est limitée à une seule essence de bois, le pin gris, en épaisseur de 89 mm (4
pouces nominal), et un diamètre de boulon de 12,7 mm (½ pouce) assemblés à l’aide des
plaques de jonctions en acier et testés en double cisaillement parallèle au fil du bois. Même
s’il y a des indications dans les études antérieures que les observations peuvent être valables
pour d’autres essences de bois de groupe épinette-pin-sapin (SPF), pour d’autres dimensions
de bois et d’autres diamètres des boulons, on ne peut pas extrapoler nos résultats à d’autres
configurations d’attaches sans études supplémentaires, par exemple, des chargements
perpendiculaires ou obliques au fil ou des essences plus denses. Également, il faut noter que
tous les essais dans cette étude ont été effectués sous des charges de courte durée, entre cinq
et dix minutes. L’influence de la durée de charge fait le sujet d’une étude séparée.
14
2 Méthode expérimentale
2.1 Dispositif expérimental
Le choix des configurations des attaches est fait en utilisant des matériaux et des
configurations usuelles qui répondent aux objectifs de recherche en gardant toujours à
l’esprit que les charges de rupture ne dépassent pas la capacité du banc d’essai (445 kN)
disponible au laboratoire. Les tests sont limités à des attaches boulonnées à doubles plans de
cisaillement chargées en traction parallèle au fil. Les membrures principales sont du bois de
pin gris dont la densité est d’environ 0,42. Ce type de bois est commercialisé dans le groupe
d’essences épinette-pin-sapin (É-P-S) utilisé communément dans la construction en
Amérique du Nord. Les membrures latérales sont en acier de 6,4 mm d’épaisseur,
conforment à la norme ASTM A 36 (2008a). Les attaches sont faites avec des boulons de
12,7 mm de diamètre de grade 2, soit le grade le plus commun, conforment à la norme
ASTM A 307 (ASTM, 2008b) sauf certaines séries où des boulons de grade 5, soit 60% plus
résistants, conforment à la norme ASTM A 449 (ASTM, 2008c), sont utilisés.
Pour minimiser les phénomènes de frottement et le développement d’efforts axiaux dans
les tiges, on utilise la méthode coutumière de serrage des boulons où il faut visser l’écrou à
la main, puis faire un quart de tour avec une clé. Pour simplifier la procédure, nous avons
pris une clé dynamométrique pour trouver le moment de torsion équivalant à cette méthode,
et nous l’avons appliqué à chaque boulon (≈ 7 N.m).
Le Tableau 2.1 montre la matrice des tests. Six répétitions sont faites pour chaque cas
(configurations combinées aux conditions). Pour chaque essai, on a les joints assemblés aux
deux extrémités de l’échantillon et le chargement est terminé lorsque le plus faible des joints
a cédé. On a testé trois séries de joints témoins à boulon simple aux différentes humidités.
Ensuite, on a testé quatre configurations d’attaches, dont trois de type C et une de type A
(voir Tableau 1.1). Les joints de chacune des quatre configurations sont testés dans les six
combinaisons de teneur en humidité suivantes : 1) assemblés humides - testés humides :
15
« HH »; 2) assemblés humides - testés secs : « HS » ; 3) assemblés secs - testés secs :
« SS »; 4) assemblés secs - testés très secs : « STS »; 5) assemblés secs - testés humides :
« SH » ; et 6) assemblés humides - testés humides après un cycle de séchage : « HSH ».
Tableau 2.1: Matrice des tests.
Testé Assem
blé
Configuration
Condition HH
Condition HS
Condition SS
Condition STS
Condition SH
Condition HSH
Total
T
6(Gr5) ‐ 6(Gr5) 6(Gr5) ‐ ‐ 18
1 6(Gr2)
+6(Gr5)
6(Gr2)
+6(Gr5) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr5) 48
2
6(Gr2)
+6(Gr5)
6(Gr2)
+6(Gr5) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr5) 48
3 6(Gr2)
+6(Gr5)
6(Gr2)
+6(Gr5) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr5) 48
4
6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 6(Gr2) 36
Total 48 42 30 30 24 24 198
TH > 19%
TH > 19%
TH ≈ 12%
TH > 19%
TH ≈ 12%
TH ≈ 12%
TH ≈ 12%
TH > 19%
TH ≈ 12%
TH ≈ 8%
10Ø 4Ø 4’’x 4’’
4’’x 6’’ 4Ø 10Ø 4Ø
3Ø
10Ø 4’’x 4’’
4Ø 10Ø 4Ø 4’’x 6’’
5Ø
4’’x 6’’ 5Ø 10Ø 5Ø
5Ø
TH > 19%
TH > 19%
16
Pour les conditions d’humidité, les niveaux suivants sont ciblés: la condition humide
(TH > 19 %), la condition sèche (TH ≈ 12%) et la condition très sèche (TH ≈ 8 %). Pour un
total de quatre configurations dans six conditions, il y a 24 combinaisons différentes testées
avec les boulons de grade 2. En plus de trois séries témoins (boulon simple), trois
configurations sont testées dans deux conditions avec des boulons de résistances supérieures
(grade 5) pour un total de 33 combinaisons multipliées par le nombre de répétitions (6) pour
un nombre total de 198 tests.
Les échantillons sont testés sur une presse Tinius Olsen dont la capacité maximale est
de 445kN (voir Figure 2.1). La vitesse de chargement est appliquée selon la norme ASTM
D 5652-95(2008f), pour une charge maximale obtenue en 10 min. environ (moins de 20 min,
mais en plus de 5 min). La vitesse de déplacement de la tête de chargement devrait être
d’environs 1mm/min. à plus ou moins 50 %. Les déplacements dans les joints sont lus par
quatre capteurs LVDT situés de chaque côté de la membrure pour chaque plaque métallique.
Les dimensions des assemblages et le placement des capteurs sont donnés à la Figure 2.2.
Le protocole de chargement suit la norme ISO 6891 (1983) (voir Figure 2.3). Selon
cette norme, un chargement mécanique jusqu’à 40% de la charge maximale estimée est fait,
suivi d’un plateau de 30 secondes. Ensuite, on fait un déchargement jusqu’à 10% de la
charge maximale estimée, suivi d’un autre plateau de 30 secondes. Pour finir, un chargement
par déplacement imposé est appliqué jusqu’à la rupture.
Dans notre étude, les 40% de la charge maximale sont estimés comme des résistances
pondérées des attaches calculées selon la norme CSA-O86-01 (2007). Les tableaux A.1 à
A.5 de l’annexe A présentent ces valeurs calculées selon la norme CSA-O86-01 (2007) qui
est actuellement en vigueur au Canada (« méthode actuelle »), et celles calculées selon la
méthode proposée par Quenneville (2008) qui est adoptée pour la prochaine édition de la
CSA-O86 (« nouvelle méthode »). Dans les calculs, les valeurs du KSF sont utilisées selon le
Tableau 1.1.
17
Figure 2.1: Montage du banc d’essais
18
Figure 2.2: Dimensions d’assemblage et placement des capteurs LVDT
Figure 2.3 : Protocole de chargement a) selon le temps b) selon le déplacement (ISO
6891:1983)
19
2.2 Contrôle d’humidité
Pour simuler les différentes conditions d’humidité lors de l’assemblage et lors du
service, les procédures suivantes sont développées. Le bois débité est livré au laboratoire et
raboté à l’état vert. Une fois le bois reçu, on commence par faire l’assemblage de la moitié
des échantillons, pour les séries « assemblées humides » (TH > 19%). Par la suite, on
commence les premiers tests, soit séries « assemblées humides et testées humides » (HH) et
on débute le séchage du reste du bois et des assemblages au séchoir à haute température.
Après le séchage (TH ≈ 12%), on fait les tests des séries « assemblées humides et testées
sèches » (HS), on complète les assemblages de l’autre moitié des échantillons, pour les tests
des séries « assemblés secs » et on réalise les séries « assemblées sèches et testées sèches »
(SS). Après un séchage supplémentaire (TH ≈ 8%) sur des échantillons assemblés secs, on
fait les tests des séries « assemblées sèches et testées très sèches » (STS). Par la suite, on fait
une humidification des échantillons prévus pour les séries « assemblées sèches et testées
humides » (SH) et pour les séries « assemblées humides testées humides avec un cycle de
séchage » (HSH). L’humidification est faite dans une chambre de climatisation 20°C et 95%
HR durant huit semaines pour que le bois atteigne l’humidité d’équilibre d’environ 24%
selon la norme ASTM D 4933 (2008e). Les procédures de manipulation des échantillons, de
séchage et de mesures d’humidité sont décrites en détail dans l’annexe B.
Pour mesurer l’humidité et la densité du bois, on prélève systématiquement après
chaque essai mécanique deux carottes selon l’épaisseur de l’échantillon. Ces carottes sont
prélevées proche des attaches de l’échantillon. La première carotte est pesée puis séchée à
l’étuve (103°C) et repesée à nouveau pour déterminer la teneur en humidité moyenne de
l’échantillon. La deuxième carotte est débitée en deux moitiés. Une moitié est coupée en
quatre morceaux égaux qui sont ensuite pesés, séchés à l’étuve (103°C) et pesés à nouveau
pour déterminer la teneur en humidité. Ceci permet alors d’obtenir le profil de la teneur en
humidité dans l’épaisseur de l’échantillon. L’autre moitié sert également pour déterminer la
teneur en humidité moyenne de l’échantillon. Les mesures de la masse et du volume des
carottes séchées nous permettent de calculer la densité du bois selon la norme ASTM D2395
(2008d).
20
Dans les Figures 2.4 à 2.6, on retrouve trois cas typiques du profil d’humidité. Pour le
premier, le bois est vert et l’humidité moyenne est supérieure à 19% (Figure 2.4). Pour le
deuxième, l’humidité moyenne se situe entre 12 et 15% avec un certain gradient de la
surface au centre de l’éprouvette (Figure 2.5). Pour le troisième cas, l’humidité se situe
autour des 8% (Figure 2.6). Tous les profils d’humidité se trouvent dans l’annexe C.
Figure 2.4: Profil d’humidité du bois humide
21
Figure 2.5: Profil d’humidité du bois sec
Figure 2.6: Profil d’humidité du bois très sec
22
2.3 Estimation des résistances pondérées et modes de rupture
Le Tableau 2.2 présente des estimations des résistances pondérées pour chaque
configuration et condition de service d’attaches utilisées lors de cette étude avec des boulons
de grade 2 (fy = 310 MPa). Les valeurs sont calculées pour chaque mode de rupture possible
selon la norme CSA-O86-01 (2007) en vigueur et selon la nouvelle méthode qui fait partie
de la prochaine édition de la norme (CSA-O86-09) telle que proposée par Quenneville
(2008). Les procédures de calculs sont présentées dans l’annexe A.
Dans ce tableau, les cellules ombrées indiquent les valeurs minimales prévues qui sont
utilisées comme référence pour la première étape du chargement des assemblages (voir
Figure 2.3) et pour les analyses des résultats expérimentaux. En outre, en police grasse sont
les valeurs proches aux minimales (à l’intérieur de 20% de différence) qui indiquent la
possibilité d’autres modes de rupture. Par exemple, selon la norme CSA-O86-01, le mode G
donne les résistances minimales pour toutes les séries; néanmoins, les valeurs du mode C
sont raisonnablement semblables. Selon la nouvelle norme (CSA-O86-09), les modes
fragiles (« RS » et « GT ») sont les plus probables; cependant, les modes C et G sont
possibles dans le cas de l’attache avec un boulon simple (séries T).
Ce qui nous étonne avec les prévisions des résistances pondérées dans le Tableau 2.2 ce
sont les valeurs plus hautes pour des attaches avec moins de boulons dans certaines
conditions. Selon les deux méthodes, des attaches à deux boulons dans une rangée (type A)
sont plus fortes que des attaches à six boulons dans deux rangées (type C) si elles sont
fabriquées de bois humide : c’est le cas si l’on compare, par exemple, les séries 1 et 2 aux
conditions « HS » et « HH ». Selon la méthode CSA-O86-01, les séries 3 et 4 sont aussi plus
faibles que la série 1 dans les mêmes conditions. En outre, selon la nouvelle norme CSA-
O86-09, l’attache T (un boulon) est toujours plus forte que l’attache 1 (deux boulons) dans
toutes les conditions et même plus forte que les attaches 2 et 3 (six boulons) assemblées
humides. On a choisi toutes ces configurations dans cette étude afin de vérifier les
contradictions des méthodes de calcul.
23
Tableau 2.2: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture (boulons Gr2).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09
Mode de rupture* Mode de rupture*
Condition Attache C D G RS GT NT C D G RS GT NT
SS T(Gr2) 14.6 30.6 12.4 ‐ ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4
1(Gr2) 27.3 57.5 23.2 ‐ ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4
2(Gr2) 58.2 120 49.2 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 34.2 25.2 63.8
3(Gr2) 58.2 120 49.2 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 34.2 36.2 63.8
4(Gr2) 60.8 128 51.5 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 42.7 40.4 63.8
SH T(Gr2) 9.8 20.5 8.3 ‐ ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 9.5 ‐ 41.5
1(Gr2) 18.3 38.5 15.5 ‐ ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 7.6 ‐ 41.5
2(Gr2) 39.0 80.4 33.0 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 22.9 16.9 53.6
3(Gr2) 39.0 80.4 33.0 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 22.9 24.2 53.6
4(Gr2) 40.8 85.5 34.5 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 28.6 27.1 53.6
HS T(Gr2) 14.6 30.6 12.4 ‐ ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4
1(Gr2) 27.3 57.5 23.2 ‐ ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4
2(Gr2) 23.3 48.0 19.7 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 13.7 10.1 63.8
3(Gr2) 23.3 48.0 19.7 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 13.7 14.5 63.8
4(Gr2) 24.3 51.0 20.6 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 17.1 16.2 63.8
HH T(Gr2) 9.8 20.5 8.3 ‐ ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 9.5 ‐ 41.5
1(Gr2) 18.3 38.5 15.5 ‐ ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 7.6 ‐ 41.5
2(Gr2) 15.7 32.4 13.3 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 9.2 6.8 53.6
3(Gr2) 15.7 32.4 13.3 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 9.2 9.8 53.6
4(Gr2) 16.4 34.4 13.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 11.5 10.9 53.6
* Pour la notation des modes de rupture, voir la section 2.4.
Tableau 2.3 présente des calculs additionnels des résistances pondérées et les modes de
rupture des attaches fabriquées avec des boulons de grade 5 (fy = 500 MPa) afin de comparer
avec ceux de grade 2. Selon les prévisions de la norme CSA-O86-01, on voit la transition de
mode G à mode C quand on utilise des boulons plus résistants; cependant, la résistance
d’attaches n’augmente au plus que de 10%, car c’est la résistance d’enfoncement du bois qui
contrôle la résistance à ce mode. Les prévisions selon la norme CSA-O86-09 ne changent
pas du tout (sauf l’augmentation des valeurs aux modes G et D), car les modes de rupture en
arrachement par rangée et par groupe qui sont prévus sont indépendants de la résistance du
boulon. Alors, on ne peut pas anticiper de différences significatives en résistance d’attaches
fabriquées de deux grades de boulons dans cette étude; cependant, ces expériences nous
24
montrent si les modes de rupture varient ou non en fonction de la résistance du boulon tel
que prévu dans les normes.
Tableau 2.3: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture (boulons Gr5).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09
Mode de rupture* Mode de rupture*
Condition Attache C D G RS GT NT C D G RS GT NT
SS T(Gr5) 14.6 33.8 15.7 ‐ ‐ 49.4 16.6 35.6 20.0 14.2 ‐ 49.4
1(Gr5) 27.3 63.3 29.4 ‐ ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4
2(Gr5) 58.2 135 62.6 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 34.2 25.2 63.8
3(Gr5) 58.2 135 62.6 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 34.2 36.2 63.8
4(Gr5) 60.8 141 65.4 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 42.7 40.4 63.8
SH T(Gr5) 9.8 22.6 10.5 ‐ ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 9.5 ‐ 41.5
1(Gr5) 18.3 42.4 19.7 ‐ ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 7.6 ‐ 41.5
2(Gr5) 39.0 90.1 41.9 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 22.9 16.9 53.6
3(Gr5) 39.0 90.1 41.9 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 22.9 24.2 53.6
4(Gr5) 40.8 94.2 43.8 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 28.6 27.1 53.6
HS T(Gr5) 14.6 33.8 15.7 ‐ ‐ 49.4 16.6 35.6 20.0 14.2 ‐ 49.4
1(Gr5) 27.3 63.3 29.4 ‐ ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4
2(Gr5) 23.3 53.8 25.0 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 13.7 10.1 63.8
3(Gr5) 23.3 53.8 25.0 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 13.7 14.5 63.8
4(Gr5) 24.3 56.3 26.2 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 17.1 16.2 63.8
HH T(Gr5) 9.8 22.6 10.5 ‐ ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 9.5 ‐ 41.5
1(Gr5) 18.3 42.4 19.7 ‐ ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 7.6 ‐ 41.5
2(Gr5) 15.7 36.3 16.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 9.2 6.8 53.6
3(Gr5) 15.7 36.3 16.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 9.2 9.8 53.6
4(Gr5) 16.4 38.0 17.7 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 11.5 10.9 53.6
* Pour la notation des modes de rupture, voir la section 2.4.
2.4 Analyses des courbes charge/déplacement
Toutes les analyses des paramètres de performance des joints sont faites à partir des
données brutes des tests qui sont les valeurs de déplacement des quatre capteurs résistifs
combinés à la valeur de charge de la presse. Ces valeurs sont utilisées pour construire les
graphiques de charge/déplacement. Les Figures 2.7 et 2.8 montrent des exemples de ces
25
courbes avec un cas de la rupture ductile et fragile, respectivement. Chaque graphique
montre deux courbes qui représentent les déplacements moyens pour chaque extrémité de
l’assemblage, la charge maximale (triangle sur la courbe), les seuils de plasticité (ronds) et
les limites de proportionnalité (croix). Pour estimer la rigidité, une régression linéaire des
données est calculée pour chaque attache dans une rangée des déplacements linéaires, ce qui
est illustré par les droites sur les graphiques. La pente des droites représente la rigidité de
l’attache. Le point d’intersection de la courbe et de la droite décalée à 5% du diamètre du
boulon (0.64 mm) représente le seuil de plasticité de l’attache selon la norme ASTM D 5652
(2008f). Les points d’intersection des droites avec l’abscisse nous servent pour ajuster
(« tarer ») les déplacements afin de calculer la ductilité et les charges à 0,5 et 1,0 mm
(losanges sur les courbes).
Sur ces figures, on peut voir que les courbes de charge/déplacement ne commencent pas
à l’ordonnée à l’origine, mais environ de 5 à 10 kN pour 0 mm de déplacement. Ce
phénomène est récurrent sur tous nos tests et il est dû à la précharge appliquée aux
échantillons avant le test. Cette précharge nous a permis d’accoter nos boulons sur le bois
pour que la mise en place soit faite avant le début de la prise de mesure. Un autre
phénomène est visible sur ces courbes. Sur la Figure 2.7, on voit que la charge et le
déplacement augmentent linéairement dès le début du chargement. Ce type de courbe est
typique pour les échantillons ayant subi un retrait du bois et donc les plaques métalliques ne
sont pas serrées (séries HS; HSH et STS). Cependant, sur la Figure 2.8, on peut voir un
plateau dans la première partie du chargement. Ce type de courbe est typique pour les
échantillons n’ayant pas subi de retrait du bois ou alors ayant subi un gonflement et les
plaques métalliques sont donc serrées sur le bois durant le test et créent un phénomène de
friction (séries HH; SS et SH). Ce phénomène de friction est plus fort que la précharge, et
empêche les boulons de se poser sur le bois avant le début de la prise de mesure. Toutes les
courbes de charges/déplacement se trouvent dans l’annexe D.
26
187
37.5
89.9
0.60, 25.6
1.10, 48.6
0.10, 0.0 0.03, 0.00
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
220
0 2 4 6 8 10 12
Charge (kN
)
Déplacement (mm)
4‐HSH‐6
Pmax (kN) =
Mode de rupture : G
Figure 2.7 : Graphiques de charge/déplacement pour un cas de rupture ductile
136
51.7
84.4
1.59, 38.4
2.09, 69.4
1.09, 0.0 0.92, 0.00
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
220
0 2 4 6 8 10 12
Charge (kN
)
Déplacement (mm)
2‐SS‐5
Pmax (kN) =
Mode de rupture : GT
Figure 2.8 : Graphiques de charge/déplacement pour un cas de rupture fragile
27
Les données sont utilisées pour étudier plus spécifiquement les courbes et calculer tous
les paramètres à l’aide d’une feuille de calcul (template) fait avec le logiciel MS Excel 2007.
Cette dernière nous donne les caractéristiques suivantes pour chaque test :
Charge maximale (PMAX) ;
Déplacement à la rupture (moyenne du déplacement des deux LVDT du côté de la
rupture) (DFAIL);
Déplacement à la rupture après tarage (DFAIL moins le déplacement de l’intersection
de l’abscisse et de la droite qui correspondent à la pente de la partie linéaire de la
courbe charge/déplacement) (DFAIL TARED);
Déplacement correspondant à PMAX (DMAX);
Déplacement correspondant à PMAX après tarage (DMAX TARED);
Charge à la limite de proportionnalité (PPL);
Déplacement à la limite de proportionnalité (DPL);
Déplacement à la limite de proportionnalité après tarage (DPL TARED);
Rigidité de l’attache du côté où la rupture s’est produit (la pente de la partie linéaire
de la courbe charge/déplacement) (K1(FAIL));
Rigidité de l’attache du côté opposé de la rupture (K2);
Charge au seuil de plasticité de l’attache qui a subi la rupture (calculée selon la règle
du « 5% du diamètre de boulon ») (P1YEILD(FAIL));
Charge au seuil de plasticité de l’attache du côté opposé de la rupture (P2YEILD);
Déplacement correspondant au seuil de plasticité de l’attache qui a subi la rupture
(D1YIELD(FAIL));
Déplacement correspondant au seuil de plasticité de l’attache du côté opposé de la
rupture (D2YIELD);
28
Intersection de l’axe Y et de la droite qui correspond à la pente de la partie linéaire
de la courbe charge/déplacement (Y12-intercept, kN; Y34-intercept, kN);
Intersection de l’axe X et de la droite qui correspond à la pente de la partie linéaire
de la courbe charge/déplacement (X12-intercept, mm; X34-intercept, mm);
Le côté de rupture (12 ou 34) ainsi que le mode de rupture, l’humidité et la densité du
bois sont ajoutés après les calculs du logiciel pour compléter l’étude de chaque échantillon.
On retrouve tous ces résultats dans les annexes C et D.
Les différents modes de rupture observés lors de nos tests avec les symboles utilisés
pour les représenter sont les suivants :
« C » représente les ruptures ductiles en mode C soit un enfoncement du bois;
« G » représente les ruptures ductiles en mode G soit plastification du boulon;
« NT » représente les ruptures fragiles en tension nette du bois;
« RS » représente les ruptures fragiles en arrachement par rangée de boulons;
« GT » représente les ruptures fragiles en arrachement par groupe de boulons;
« SP » représente les ruptures fragiles de type fente (« split ») dû à l’excentricité; et
« NŒUD » représente les ruptures fragiles dues aux nœuds du bois.
2.5 Analyse statistique
L’analyse statistique est faite à l’aide du logiciel SAS. On commence par vérifier les
postulats de l’analyse de la variance. Les tests statistiques ne sont valides que dans des
conditions déterminées, car ils sont construits en partant de postulats bien définis. Il faut
donc connaitre les limites de validité des différents tests.
Les deux premiers postulats qui sont l’additivité des effets et l’indépendance des erreurs
expérimentales dépendent du plan d’expérience choisi. Pour chaque analyse statistique, on
vérifie s’il y a homogénéité de la variance de l’erreur expérimentale. On vérifie aussi si la
distribution de l’erreur expérimentale suit une courbe normale.
29
Pour analyser nos données, on fait une analyse factorielle à deux facteurs. Les facteurs
pour cette analyse sont les conditions d’assemblages (six niveaux : « HH »; « HS »; « SS »;
« STS »; « SH »; et « HSH ») et les configurations d’attaches (quatre niveaux : attache 1; 2;
3; et 4). Des comparaisons de l’effet du grade des boulons sont aussi faites. L’analyse d’une
expérience factorielle est l’une des formes les plus efficaces d’expérimentation, c’est une
méthode très utile pour les études exploratoires comme la nôtre. De plus, la structure
factorielle permet l’obtention d’informations sur l’effet d’interaction, ce qui permet
d’évaluer l’importance relative des facteurs. La structure factorielle constitue aussi un test
d’indépendance de facteurs en présence. Cette analyse nous permet de voir les effets
significatifs de ces différents facteurs sur la résistance maximale. Cette même étude est
reproduite pour voir les effets significatifs de ces facteurs sur la limite de proportionnalité de
la charge et sur la rigidité des attaches. Pour chaque cas, on vérifie si l’humidité finale ou la
densité sont significativement dépendantes des facteurs (condition, configuration) et si c’est
le cas, on les prend comme covariables. Pour comparer les groupes, le Least Squares Errors
« lsmeans » dans la procédure « mixed » de SAS est utilisé. Le « lsmeans » estime les
moyennes pour les facteurs à effets fixes. Dans l’annexe E le code utilisé dans SAS et les
résultats de ces analyses sont présentés.
30
3 Analyse et discussions des résultats
3.1 Résultats en présentation graphique. Modes de rupture.
Dans cette section, on fournit les résultats d’essais en forme graphique avec des
commentaires généraux sur la performance des attaches, dont des comparaisons avec les
prévisions de leur résistance pondérée. Pour illustrer la performance moyenne des attaches,
les graphiques sont construits à partir des paramètres moyens de chaque série des six tests
dont : la rigidité initiale (K1(FAIL)), la limite de proportionnalité (PPL, DPL), le seuil de
plasticité (P1YIELD(FAIL), D1YIELD(FAIL)), le point de la charge maximale (PMAX, D1YIELD(YIELD))
et le point de rupture (PFAIL, D1(FAIL)). Le début de la courbe reproduit la réponse typique de
l’attache au départ du chargement, ce qui aide à expliquer le phénomène de frottement.
Alors, sur chaque courbe, la croix représente la limite de proportionnalité, le rond représente
le seuil de plasticité, et le triangle - la charge maximale. Les types de ruptures et leur
fréquence (nombre des cas par série) sont notés en bas à droite (voir la notation dans la
section 2.4).
25,5
22,116,6
0
10
20
30
40
50
0 4 8 12 16 20 24
T‐H(Gr5)
6: C
42,1
34,9
24,3
0
10
20
30
40
50
0 4 8 12 16 20 24
T‐S(Gr5)
5: G; 1: SP
46,0
35,6
25,8
0
10
20
30
40
50
0 4 8 12 16 20 24
T‐TS(Gr5)
5: G;1: SP
Figure 3.1 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour la série témoin dans
les trois conditions d’humidité : humide (T-H), sec (T-S) et très sec (T-TS)
La figure 3.1 montre les graphiques pour les attaches avec un boulon simple de grade 5
assemblées et testées dans trois différentes conditions d’humidité. D’après ces graphiques, la
rigidité initiale, la limite de proportionnalité, le seuil de plasticité et la charge maximale de
31
l’attache diminuent autour de 40-50% lorsque le bois est plus humide (série T-H). En
revanche, la ductilité diminue de moitié avec la diminution de l’humidité et le mode de
rupture change du mode G (plastification de boulon) à mode C (enfoncement du bois). Ces
tendances correspondent à nos attentes et aux observations de Rammer et Winistorfer
(2001). Le bois sec est plus fort et plus rigide, ce qui rend sa résistance d’enfoncement plus
élevée, tandis que le bois humide est plus faible et plus souple, ce qui permet de développer
des déformations sous le boulon plus importantes. Tel que discuté dans la section 2.3, ce
scénario est bien possible à prévoir à l’aide de deux méthodes de calcul, car les valeurs de
résistance pour les modes C et G au cas de CSA-O86-01 et C et RS au cas de CSA-O86-09
sont semblable et se trouvent autour de 15 kN pour les conditions sèches et autour de 10 kN
pour les conditions humides (voir tableau 2.3). Alors, le rapport des résistances aux états
secs et humides est relativement bien prédit; la marge de sécurité (le rapport de la valeur
moyenne de la charge maximale expérimentale à la résistance pondérée) se trouve autour de
3.0 pour les conditions sèches et autour de 2.5 pour les conditions humides.
La Figure 3.2 permet de comparer la performance des attaches assemblées avec des
boulons de grade 5 (Gr5) et de grade 2 (Gr2) en trois configurations et dans deux conditions
d’humidité. Les graphiques indiquent que les résistances des deux grades sont très
semblables si comparés aux mêmes conditions et configurations. La rigidité des connexions
de la série « HS(Gr2) » est légèrement plus basse, ce qui est plutôt lié au fait que le bois de
la série « HS(Gr5) » a été plus sec. Une analyse statistique est effectuée pour détecter
d’éventuelles différences significatives, ce qui est discuté dans les sections suivantes.
Dans les conditions « HH », on voit souvent la flèche des boulons de grade 2 (mode G)
en contraste des boulons de grade 5 qui restent toujours droits (mode C), ce qui est bien
prévu selon la norme CSA-O86-01 (voir section 2.3). Cependant, la rupture fragile en
arrachement par rangée aux conditions sèches est explicitement prédite seulement par la
nouvelle méthode (CSA-O86-09): l’arrachement par rangée pour séries 1 et 3 et
l’arrachement par groupe pour série 2. Les deux normes prévoient une diminution de la
résistance d’un tiers entre les conditions « HS » et « HH », ce qui n’est observé que pour
l’attache 1. Dans le cas des attaches 2 et 3, la diminution moyenne est autour de 15%. Il faut
32
noter toutefois une grande sous-estimation des résistances pour ces conditions : les
résistances moyennes expérimentales varient de 8 à 18 fois la résistance pondérée de la
norme.
48,1
44,0
30,6
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HH(Gr5)
6: C
42,8
37,026,9
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HH(Gr2)
3: G;3: C
77,1
73,6
48,1
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HS(Gr5)
6: RS
67,8
60,6
40,6
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HS(Gr2)
5: RS; 1: C
126,7
116,9
75,8
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HH(Gr5)
6: C
121,3
112,8
77,9
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HH(Gr2)
5: C; 1: G
121,9
121,9
111,5
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HS(Gr5)
6: GT
146,8
146,6
117,1
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HS(Gr2)
4: GT; 2: SP
130,1
116,8
78,6
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HH(Gr5)
5: C; 1: NOEUD
129,5
114,7
72,3
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HH(Gr2)
6: G
155,8
154,6
134,8
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HS(Gr5)
4: RS; 2 NT
155,4
153,9
108,0
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HS(Gr2)
4: RS; 1: SP; 1: NOEUD
Figure 3.2 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour les séries 1, 2 et 3
dans les conditions de tests « HH » et « HS » avec des boulons de grade 5 et de grade 2
La figure 3.3 résume les graphiques des essais des assemblages des quatre
configurations dont la plupart sont effectuées avec des boulons de grade 2. Tout d’abord, il
faut noter que l’influence du frottement au début des tests est de beaucoup diminuée après le
conditionnement des assemblages. Dans les séries « HH » et « SS », le serrage des boulons a
de l’influence sur la courbe de résistance jusqu’à 20 kN et même plus dans les séries « SH »
où le bois a gonflé et augmenté la pression sur les plaques de jonction. Par contre, dans les
33
séries « HS », « STS » et « HSH », le frottement a disparu à cause du retrait du bois et les
assemblages sont déformés sans obstacle, ce pourquoi les courbes sont droites dès le début
du test. Le phénomène de frottement est exclu des analyses des déplacements des
assemblages par tarage (voir la section 2.4).
En ce qui concerne les modes de rupture, les observations sont les suivantes. Pour les
attaches du type A (série 1), on trouve les mêmes tendances que pour la série « T » avec un
boulon simple. Le bois humide au moment du test a produit les ruptures ductiles, tandis que
les mêmes attaches ont produit les modes de rupture fragile une fois le bois séché. Il faut
noter que cette tendance s’est produite, peu importe les conditions d’humidité initiales. Par
exemple, les séries «1- HH », « 1-SH » et « 1-HSH » ont des ruptures en mode G, en
majorité, et les séries « 1-HS », « 1-SS » et « 1-STS » ont des ruptures en arrachement par
rangée. Ce dernier est prévu selon la nouvelle norme CSA-O86-09 peu importe les
conditions d’humidité, tandis que les essais montrent encore une fois que le mode de rupture
change selon les conditions de tests : bois sec – arrachement par rangée, bois humide –
modes ductiles : C et G.
42,8
37,026,9
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HH(Gr2)
3: G;3: C
121,3
112,8
77,9
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HH(Gr2)
5: C; 1: G
129,5
114,7
72,3
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HH(Gr2)
6: G
127,0
106,8
66,8
0
50
100
150
200
0 4 8 12
4‐HH(Gr2)
5: C; 1: G
67,8
60,6
40,6
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HS(Gr2)
5: RS; 1: C
146,8
146,6
117,1
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HS(Gr2)
4: GT; 2: SP
155,4
153,9
108,0
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HS(Gr2)
4: RS; 1: SP; 1: NOEUD
179,6
163,6
102,9
0
50
100
150
200
0 4 8 12
4‐HS(Gr2)
3: NT; 2: SP; 1: RS
Figure 3.3 : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour les séries 1, 2, 3 et 4
dans toutes les conditions d’humidité.
34
74,0
63,4
41,7
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐SS(Gr2)
6: RS
162,2
155,2
104,7
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐SS(Gr2)
3: NT; 2 GT; 1: FIL
173,3
168,8
113,4
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐SS(Gr2)
2: RS; 2 NT; 1: SP; 1: NOEUD
176,3
156,5
105,0
0
50
100
150
200
0 4 8 12
4‐SS(Gr2)
3: RS; 1 GT; 1: SP; 1: NT
69,3
61,4
43,2
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐STS(Gr2)
4: RS; 1: NT; 1: NOEUD
127,8
124,3106,5
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐STS(Gr2)
3: SP; 2: GT; 1: NT
157,0
153,9
119,7
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐STS(Gr2)
4: RS; 1: NT; 1: NOEUD
159,8
155,6
118,2
0
50
100
150
200
0 4 8 12
4‐STS(Gr2)
2: RS; 2: NT; 2: SP
73,4
61,6
43,2
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐SH(Gr2)
6: G
165,3
163,7
116,5
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐SH(Gr2)
6: GT
184,8166,0
117,9
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐SH(Gr2)
4: G; 1:NT; 1: NOEUD
182,0
163,7
126,5
0
50
100
150
200
0 4 8 12
4‐SH(Gr2)
5: G; 1: NOEUD
73,8
56,8
39,9
0
20
40
60
80
100
0 4 8 12
1‐HSH(Gr5)
6: G
151,3
140,7
105,9
0
50
100
150
200
0 4 8 12
2‐HSH(Gr5)
4: GT; 2: SP
163,2
139,5
103,1
0
50
100
150
200
0 4 8 12
3‐HSH(Gr5)
3: RS; 2: NT; 1;C
167,7
122,1
81,6
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
0,0 4,0 8,0 12,0
4‐HSH(Gr2)
6: G
Figure 3.3 (suite) : Courbes moyennes de charge/déplacement (kN/mm) pour les séries 1, 2,
3 et 4 dans toutes les conditions d’humidité.
Dans le cas des attaches de type C (séries 2, 3 et 4), les tendances sont plus complexes.
Pour la série 4, avec les entraxes de boulons de 5d dans la rangée et de 5,5d entre les
rangées, on observe les mêmes tendances que pour la série 1 : des ruptures ductiles lorsque
35
le bois est humide et des ruptures fragiles lorsque le bois est sec (voir séries « 4-HH »,
« 4-SH » et « 4-HSH » vs. « 4-HS », « 4-SS » et « 4-STS »). De plus, une transition du
mode C en série « 4-HH » au mode G en séries « 4-SH » et « 4-HSH » est évidente à cause
de diminution de l’humidité du bois : dans le premier cas, le bois est à l’état vert
(TH ≈ 30%) et, dans les deux autres cas, le bois est conditionné et ré-humidifié (TH ≈ 20%).
Les profiles d’humidité montrent le taux d’humidité au centre de la section du bois plus
faible qu’à la surface (voir l’annexe C), ce qui donne un bois plus rigide et force la
plastification des boulons. La figure 3.4 montre quelques boulons fléchis lors des essais qui
se sont rendus au mode G.
Pour la série 2, avec les entraxes de boulons minimaux (4d dans la rangée et 3d entre les
rangées), l’influence de l’humidité sur les modes de rupture est minimale. La plupart des
attaches ont cédées en arrachement par groupe, tel que prévu selon la nouvelle méthode de
calcul, sauf la série « 2-HH » où le mode C est dominant. On peut noter qu’aux conditions
sèches et très sèches (séries « 2-HS », « 2-SS » et « 2-STS »), les attaches sont moins
déformables et plus rigides, alors les ruptures sont plus soudaines et très proches de la limite
de proportionnalité, tandis qu’à l’état humide, elles sont déformées un peu plus est se sont
rendues au seuil de plasticité avant la rupture (voir séries « 2-SH » et « 2-HSH »).
Figure 3.4 : Exemples des boulons fléchis en mode G
36
La performance des attaches de la série 3, avec les entraxes de boulons intermédiaires
(4d dans la rangée et 5,5d entre les rangées), se trouve entre les séries 2 et 4. En conditions
humides, les modes de rupture dominants sont ductiles (voir séries « 3-HH » et « 3-SH »)
sauf la série « 3-HSH » où on observe l’arrachement par rangée plus souvent. Cette série est
assemblée avec des boulons de grade 5 et le taux d’humidité finale est plus bas qu’en série
« 4-HSH », ce qui explique la fragilité et la rigidité plus élevée. En conditions sèches (séries
« 3-HS », « 3-SS » et « 3-STS »), l’arrachement par rangée est dominant tel que prévu par
les calculs selon la nouvelle méthode (CSA-O86-09).
En conclusion, on peut constater que toutes les attaches à six boulons testées lors de
cette étude ont été toujours plus fortes que les attaches à deux boulons et à un boulon simple
contrairement aux prévisions des normes discutées dans la section 2.3. La norme CSA-O86-
01 ne donne pas des prédictions explicites de modes de rupture fragiles tandis que la
nouvelle méthode donne des prévisions des modes de rupture assez juste pour les conditions
sèches. Cependant, l’application de KSF aux modes de rupture fragiles en conditions
humides ne correspond pas à nos observations au laboratoire. Les modes ductiles sont
dominants aux conditions humides. Les résultats de tests et la comparaison des résistances
pondérées suggèrent que le taux de pondération des modes fragiles doit être moins important
que pour les modes ductiles. Nos propositions sont discutées dans la section 3.6. Avant de
procéder aux propositions, discutons les caractéristiques quantitatives de la performance des
assemblages, dont la résistance, la rigidité et la ductilité y sont étudiées statistiquement pour
déterminer où se trouvent les différences significatives. Les sections suivantes traitent de ces
analyses statistiques.
37
3.2 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la charge
maximale des assemblages (Pmax)
3.2.1 Toutes attaches confondues
Figure 3.5 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité
La Figure 3.5 représente les résultats des comparaisons statistiques de charge maximale
entre les six conditions d’humidité où les valeurs obtenues pour quatre séries d’attaches sont
confondues. Toutes les séries montrées dans la Figure 3.3 sont incluses dans cette analyse.
Les barres verticales sur le graphique représentent les erreurs types. L’analyse statistique
montre dans ce cas une influence significative de la densité du bois, ce pourquoi les analyses
sont effectuées pour la densité moyenne ainsi que pour le premier et le troisième quartile de
la distribution de densité. Pour la condition « HH » (assemblé humide - testé humide), les
valeurs de charge maximale sont d’environ 75% des valeurs des autres conditions. Pour les
cinq autres conditions, il n’est pas possible de définir une tendance définitive. En effet, les
conditions qui présentent une capacité supérieure pour certaines densités montrent une
38
capacité inférieure ou égale à d’autres densités. Ainsi, nous ne pouvons pas distinguer de
façon sécuritaire une condition plus ou moins forte. Il faut tout de même noter une tendance,
pour la condition « SH » (assemblé sec - testé humide). Les boulons ont été serrés lors du
montage avec la technique habituelle, et la pression exercée par les boulons et les plaques
métalliques sur le bois a fortement augmenté à cause de l’humidification et du gonflement
du bois. Cette augmentation de la pression a probablement créé un effet de corde qui a pu
provoquer une augmentation de la capacité résistante de l’assemblage. Nous savons que plus
le bois est dense plus son gonflement est important, donc l’effet de corde pour le bois plus
dense augmente, et avec lui la capacité de la charge résistante (voir les résultats de l’analyse
statistique dans l’annexe E).
Figure 3.6 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les quatre
attaches
La Figure 3.6 représente les résultats de l’analyse statistique de charge maximale selon
le type d’attaches où les conditions d’humidité sont confondues. Évidemment, l’attache 1
qui est constituée de deux boulons est significativement plus faible que les autres constituées
de six boulons. Ainsi, les séries 2, 3 et 4 ne sont pas comparables à la série 1, même si les
deux méthodes de calcul (actuelle et nouvelle) suggèrent qu’en conditions « HH », « HSH »
39
et « HS », l’attache 1 est plus forte que l’attache 2 à cause de la forte pondération des
connexions de type C (voir l’annexe A, Tableaux A2 et A3). Pour ces trois attaches, nous
ne voyons pas de différences significatives tout en restant sécuritaires. Malgré que pour des
densités plus fortes, l’attache 4 est plus forte que les deux autres (possiblement, grâce à
l’effet de la corde plus fort), aucune différence significative n’est observée pour une densité
plus faible (voir les résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
3.2.2 Comparaison par type d’attaches
Type A
Figure 3.7 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité pour l’attache de type A (série 1)
La Figure 3.7 représente la même étude que la Figure 3.5, mais uniquement pour
l’attache de type A (série 1). Selon cette analyse, la condition « HH » est significativement
différente et se situe a environ 55% des autres conditions qui ne montrent aucune tendance
forte liée à la densité (voir les résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
40
Type C
Figure 3.8 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les six
conditions d’humidité pour l’attache de type C (séries 2,3 et 4)
La Figure 3.8 représente la même étude que la Figure 3.5 mais uniquement pour les
attaches de type C (séries 2, 3 et 4). La condition « HH » se situe à environ 75% des autres
conditions. La condition « SH » montre la même tendance que dans la Figure 3.5 (voir les
résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
3.2.3 Effet du grade des boulons sur la charge maximale
Nous avons étudié l’effet du grade des boulons sur la charge maximale (Figure 3.2). Les
charges maximales pour des conditions et des attaches faites avec des boulons de grade 2 ne
sont pas statistiquement différentes des charges maximales pour les mêmes attaches dans les
mêmes conditions d’humidité avec des boulons de grade 5. Il faut noter que nos
comparaisons ne sont effectuées que pour trois configurations et dans deux conditions
41
(« HH » et « HS ») (voir les résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E). De plus, la
condition « HS » présente des différences d’humidité, ce qui provient d’une erreur
d’utilisation du séchoir (voir les profils d’humidité dans l’annexe C). La teneur en humidité
finale pour les échantillons avec des boulons de grade 5 était plus proche de la teneur en
humidité des échantillons testés très secs « TS ».
3.2.4 Regroupement par groupes significativement différents
Sans prendre en considération l’effet de la covariable densité, nous pouvions distinguer
les séries significativement différentes et les classer par groupes. Bien que non convenable
d’un point de vue statistique, cette comparaison nous permet de sortir le coefficient de
pondération observé lors nos tests.
La Figure 3.9 représente quatre groupes de configurations de tests qui sont
significativement différents. Deux types d’attaches, le type A (série 1) et le type C (séries 2,
3 et 4), qui sont déjà reconnus différents sont testés pour toutes les conditions d’humidité et
sont divisés selon les différences significatives dans les groupes « forts » et « faibles » à
l’aide de l’analyse de variance (ANOVA). Dans le groupe type « A faible » se trouvent les
deux séries « HH » avec des boulons des grades 2 et 5, et dans le groupe type « A fort »,
toutes les autres séries de type A. Le groupe type « C faible » inclut toutes les séries « HH »,
la série « 2-STS » (très sèche) et une série « 2-HS(Gr5) » et le groupe type « C fort »
contient toutes les autres. Dans chaque groupe, les résistances ne sont pas statistiquement
différentes ce qui nous permet de quantifier un coefficient de pondération par groupe.
Après avoir développé les courbes de distribution selon une loi de Weibull de deux
paramètres, la valeur du 5eme centile est relevée pour chaque groupe. En utilisant la valeur du
5eme centile du groupe fort comme référence, on détermine la valeur de pondération pour les
attaches faibles de chaque type. La Figure 3.10 montre que le groupe faible pour les attaches
de type A est à 55% de la valeur du groupe fort, ce qui est équivalent au facteur KSF de 0,55.
Pour les attaches de type C, le groupe faible est à 85% de la valeur du groupe fort, ce qui
correspond au facteur KSF de 0,85.
42
2‐HS(Gr2)
2‐SS(Gr2)
2‐SH(Gr2)
2‐HSH(Gr5)
3‐HS(Gr5)
3‐HS(Gr2)
3‐SS(Gr2)
3‐STS(Gr2)
3‐SH(Gr2)
3‐HSH(Gr5)
4‐HS(Gr2)
4‐SS(Gr2)
4‐STS(Gr2)
4‐SH(Gr2)
4‐HSH(Gr2)
2‐HH(Gr5)
2‐HH(Gr2)
2‐STS(Gr2)
2‐HS(Gr5)
3‐HH(Gr5)
3‐HH(Gr2)
4‐HH(Gr2)
1‐HS(Gr5)
1‐HS(Gr2)
1‐SS(Gr2)
1‐STS(Gr2)
1‐SH(Gr2)
1‐HSH(Gr5)
1‐HH(Gr5)
1‐HH(Gr2)
Figure 3.9: Regroupement des séries selon l’ANOVA
Figure 3.10: Valeurs du cinquième centile normalisées
43
3.3 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la charge à la
limite de proportionnalité des assemblages (PPL)
3.3.1 Toutes attaches confondues
Certains postulats de l’ANOVA ne sont pas respectés et nous ne pouvons pas analyser
statistiquement l’effet des variables sur la limite de proportionnalité de toutes les attaches
confondues. Cependant, l’étude peut être réalisée séparément sur les attaches de type A des
attaches de type C.
3.3.2 Comparaison par type d’attaches
Type A
Figure 3.11 : Résultats des comparaisons statistiques de charge à la limite de
proportionnalité entre les six conditions d’humidité pour l’attache de type A (série 1)
44
La Figure 3.11 représente la même étude que dans la Figure 3.7 et concerne donc
uniquement l’attache de type A (série 1), mais pour la charge à la limite de proportionnalité.
La comparaison de cette figure avec la Figure 3.7 reflète une similitude indéniable. Les
mêmes observations sont faites pour cette figure, la condition « HH » est significativement
différente des autres conditions et se situent à environ 60% des autres conditions (voir les
résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
Type C
Figure 3.12 : Résultats des comparaisons statistiques de charge à la limite de proportionnalité
entre les six conditions d’humidité pour l’attache de type C (séries 2,3 et 4)
La Figure 3.12 représente la même étude que dans la Figure 3.8 et concerne donc
uniquement les attaches de type C (séries 2, 3 et 4), mais pour la charge à la limite de
proportionnalité. Comme pour les attaches de type A, le comportement des attaches de type
C à la limite de proportionnalité est similaire au comportement à la charge maximale. La
condition « HH » se situe à environ 65% des autres conditions. La condition « SH » montre
45
la même tendance que dans le cas de la charge maximale pour les attaches de type C (voir
les résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
Figure 3.13 : Résultats des comparaisons statistiques de charge maximale entre les attaches
de type C (séries 2, 3 et 4)
Les résultats de l’analyse statistique de charge à la limite de proportionnalité entre les
attaches de type C (séries 2, 3 et 4) sont présentés à la Figure 3.13. L’attache 1 est
significativement plus faible que les autres comme dans la Figure 3.6, elle n’est donc pas
représentée dans cette figure. Pour les trois autres attaches, aucune tendance n’est définie, ce
qui est semblable aux conclusions concernant la charge maximale. En effet, pour des
densités plus fortes, l’attache 4 est plus forte que l’attache 2, mais pour une densité faible la
tendance inverse est observée. Il semble donc impossible de distinguer de façon sécuritaire
une configuration plus ou moins forte (voir les résultats de l’analyse statistique dans
l’annexe E).
46
3.3.3 Effet du grade des boulons sur la charge à la limite de
proportionnalité
L’effet du grade des boulons sur la charge à la limite de proportionnalité est présenté
dans la Figure 3.2. Les analyses statistiques ont révélé que les charges à la limite de
proportionnalité pour des conditions et des attaches faites avec des boulons de grade 2 en
condition « HH » ne sont pas significativement différentes des charges pour les mêmes
attaches dans la même condition d’humidité avec des boulons de grade 5. Toutefois, une
différence significative est observée pour la condition « HS ». Cette différence, qui ne se fait
pas sentir sur la charge maximale, pourrait s’expliquer par une déformation plus importante
des boulons de grade 2. Cette déformation entraine une limite de proportionnalité plus
rapide, même si cette différence n’influençait pas la résistance maximale (voir les résultats
de l’analyse statistique dans l’annexe E). De plus, comme indiqué auparavant, l’humidité du
bois de série « HS(Gr5) » était plus faible et ainsi plus rigide. Cette différence d’humidité
pourrait expliquer la différence de charge à la limite de proportionnalité entre les conditions
« HS(Gr5) » et « HS(Gr2) ».
47
3.4 Effet de l’humidité et des types d’attaches sur la rigidité des
assemblages (K)
Figure 3.14 : Résultats des comparaisons statistiques de rigidité entre les six conditions
d’humidité
Pour l’analyse de la rigidité, chaque résultat de test est transformé en rigidité par boulon
pour pouvoir comparer toutes les attaches testées. Les résultats de comparaison sont
présentés sur la Figure 3.14 avec en ordonnée la rigidité en kN/mm/boulon, et en abscisse la
densité. Les barres verticales représentent les erreurs types. L’analyse statistique montre une
influence significative de la densité et une augmentation de la rigidité avec la diminution de
l’humidité. En effet, la condition la plus sèche « STS » donne les résultats de rigidité les plus
forts, et la condition la plus humide « HH » présente les résultats les plus faibles. De plus, on
peut conclure que le conditionnement du bois après l’assemblage donne une rigidité plus
haute que dans le cas de l’assemblage du bois conditionné, ce pourquoi les attaches des
séries « HS » et « HSH » sont apparues plus rigides que celles de la série « SS ». Alors,
l’effet du conditionnement joue un rôle important pour la rigidité des attaches (voir les
résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
48
Figure 3.15 : Résultats des comparaisons statistiques de rigidité entre les quatre attaches
La Figure 3.15 représente les résultats de l’analyse statistique de la rigidité selon le type
d’attaches où les conditions d’humidité sont confondues. Puisque les valeurs sont comparées
par boulon, il est possible de comparer les quatre types d’attaches entre elles. Aucune
différence nette n’est visible. La tendance donne une rigidité meilleure pour l’attache de type
1, possiblement grâce au nombre des boulons plus petit avec une meilleure distribution de
force entre les boulons (voir les résultats de l’analyse statistique dans l’annexe E).
49
Figure 3.16 : Évolution de la rigidité en fonction de l’humidité
La Figure 3.16 présente la rigidité des attaches en kN/mm/boulon en fonction de l’humidité
pour chaque test. On sait que les propriétés mécaniques du bois sont constantes en dessus du
50
point de saturation de fibres (PSF). Évidemment, la même conclusion peut être faite pour les
attaches. On voit que la rigidité est linéairement croissante en dessous du PSF. Pour
quantifier cette tendance, on utilise la régression linéaire. Une première fois (Figure 3.16a),
on partage les données autour de ≈ 30% d’humidité puisque la plupart de données se
trouvent en dessous de ce point. Une très forte régression (R2 = 0.43) indique l’augmentation
linéaire de la rigidité en fonction de l’humidité. Une deuxième fois, on essais la régression
avec le point de démarcage autour de ≈ 25% d’humidité, ce qui est utilisé par Rammer et
Winistorfer (2001) pour le bois résineux. La tendance est très semblable. Dans les deux cas,
il est évident que la rigidité d’attache ne dépend pas de l’humidité au dessus du PSF (R2 ≈
0). Cependant, il nous manque des données pour pouvoir détecter clairement cette tendance.
3.5 Effets de l’humidité et des types d’attaches sur la ductilité
des assemblages (DFAIL/DYIELD et DFAIL/DPL)
L’analyse statistique des résultats de ductilité n’a pas été possible puisque la
distribution des données n’était pas normale. En effet, nos résultats proviennent de ratios, et
des transformations complexes auraient été nécessaires pour les analyser statistiquement.
C’est pourquoi seule la comparaison des moyennes de nos résultats avec leurs écarts types
est effectuée.
Deux façons de calculer la ductilité sont présentées dans cette section. Dans la première
méthode, on calcule le ratio du déplacement de l’attache au moment de la rupture (DFAIL) et
du déplacement au seuil de plasticité (DYIELD). La deuxième méthode donne le ratio de DFAIL
et du déplacement à la limite de proportionnalité (DPL). Comme expliqué auparavant
(section 2.3), les valeurs des déplacements sont tarées lors des calculs pour éliminer le biais
associé au phénomène de frottement au début du test.
51
Figure 3.17 : Effet des configurations d’attaches sur la ductilité
Figure 3.18 : Effets des conditions d’humidité sur la ductilité
Les moyennes présentées dans la Figure 3.17 ont été calculées à partir de toutes les
conditions d’humidité par série pour comparer la ductilité des différentes attaches. Cette
figure montre que la tendance est la même pour les deux méthodes de calcul. Les attaches 1
52
et 4 semblent plus ductiles que les deux autres, mais avec une vaste variation qui est
expliquée par la figure suivante.
Ces résultats sont prévisibles, puisqu’au moment du choix des configurations
d’attaches, nous avons volontairement choisi les attaches 2 et 3 pour que leur mode de
rupture soit fragile. En effet, l’attache 2 selon les calculs de la nouvelle norme CSA-O86
(Quenneville, 2008) doit se rompre en rupture fragile de type arrachement par groupe et
pour l’attache 3, son mode de rupture privilégié doit être l’arrachement par rangées (voir
l’annexe A).
La Figure 3.18 présente l’effet des conditions d’humidité du bois sur la ductilité des
assemblages et explique la variabilité de la ductilité. Les quatre attaches ont été prises en
compte dans le calcul des moyennes selon la condition d’humidité. D’après la Figure 3.18,
les deux méthodes de calcul présentent des tendances semblables et très fortes qui résument
ce qu’on a déjà discuté dans la section 3.1. Les attaches testées en conditions sèches et très
sèches (« SS », « HS » et « STS ») sont nettement fragiles comme prévu par la nouvelle
méthode CSA-O86. Cependant, dès que l’humidité du bois augmente (série « SH »), la
ductilité augmente aussi. Les attaches assemblées et testées en conditions humides (« HH »
et « HSH ») démontrent une ductilité importante, même après le cycle de séchage, et tel que
discuté dans la section 3.1, ceci change le mode de rupture, ce qui n’est pas considéré dans
la norme. Cela nous amène à de nouvelles propositions en vue de révision de la norme des
calculs des charpentes CSA-O86.
3.6 Propositions
Au Tableaux 2.2 et 2.3, les prévisions des résistances on montré que selon les modes de
rupture calculées à l’aide de la norme actuelle CSA-O86-01 et selon la nouvelle méthode
CSA-O86-09 pour toutes les attaches testées lors de cette étude. Nos analyses et nos
résultats expérimentaux ont illustré que certains aspects de ces prédictions sont
contradictoires. Par exemple, les prévisions de la nouvelle méthode s’éloignent de modes
ductiles pour les conditions de service humides, ce qui contredit nos observations
53
expérimentales. De plus, avec le KSF de 0,27 à 0,67 appliqué aux résistances à l’arrachement
par rangée et par groupe, les valeurs pondérées se montrent excessivement conservatrices.
Aux Tableaux 3.1 et 3.2, on résume ces prédictions et on ajoute les valeurs calculées
selon les principes de la norme CSA-O86-09, sauf que la pondération pour les conditions de
service est appliquée selon les principes de la norme américaine NDS 2005 (AF&PA, 2005).
Autrement dit, on applique le KSF qu’aux cas de ruptures en modes ductiles (C, D et G) et on
applique les coefficients de service associés aux contraintes de calcul aux cas de ruptures en
modes fragiles, soit KSv de 0.96 pour le cisaillement et KSt de 0.84 pour la tension parallèle
au fil selon le Tableau 1.2. Une fois cette approche appliquée, on voit que le mode C vient
en contrôle de la résistance d’attaches 1, 3 et 4 en condition « HH », ce qui est proche à nos
observations expérimentales. De plus, les valeurs de résistance en conditions « SH » et
« HS » augmentent pour les attaches de type C (séries 2, 3 et 4) ce que les amène aussi plus
proche de nos résultats expérimentaux.
Dans les Tableaux 3.3 à 3.8, on résume les valeurs moyennes des charges maximales
(Pmax), au point de la limite de proportionnalité (PPL) et au seuil de plasticité (PYIELD) pour
les attaches testées lors de cette étude dans les différentes conditions d’humidité et on les
compare avec les valeurs pondérées calculées à l’aide des trois méthodes et avec les valeurs
caractéristiques (5e centile), c’est-à-dire, les valeurs ajustées à la durée de chargement de 5
min. (KD = 1.25) et sans coefficient de tenue (φ) selon le cas. On trouve que les
comparaisons sont très favorables pour la méthode proposée pour deux raisons.
Premièrement, elle fournit des prédictions de mode de rupture plus proches à la réalité, et
deuxièmement, les prédictions de la résistance ont une marge de sécurité beaucoup plus
uniforme que dans les deux autres méthodes et ce dans toutes les conditions de service.
C’est le cas si l’on compare, par exemple, les résultats et les prédictions des modes de
rupture pour les conditions « HH » et « HS » et surtout, les prévisions des résistances pour
les séries 1 et 2 à ces conditions.
54
Tableau 3.1: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture et proposition (boulons Gr2).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Mode de rupture* Mode de rupture* Mode de rupture*
Condition Attache C D G RS GT NT C D G RS GT NT C D G RS GT NT
SS T(Gr2) 14.6 30.6 12.4 ‐ ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4
1(Gr2) 27.3 57.5 23.2 ‐ ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4
2(Gr2) 58.2 120 49.2 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 34.2 25.2 63.8 99.5 194 94.4 34.2 25.2 63.8
3(Gr2) 58.2 120 49.2 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 34.2 36.2 63.8 99.5 194 94.4 34.2 36.2 63.8
4(Gr2) 60.8 128 51.5 ‐ ‐ 63.8 99.5 194 94.4 42.7 40.4 63.8 99.5 194 94.4 42.7 40.4 63.8
SH T(Gr2) 9.8 20.5 8.3 ‐ ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 9.5 ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 13.6 ‐ 41.5
1(Gr2) 18.3 38.5 15.5 ‐ ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 7.6 ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 10.9 ‐ 41.5
2(Gr2) 39.0 80.4 33.0 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 22.9 16.9 53.6 66.6 186 77.5 32.8 23.7 53.6
3(Gr2) 39.0 80.4 33.0 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 22.9 24.2 53.6 66.6 186 77.5 32.8 32.8 53.6
4(Gr2) 40.8 85.5 34.5 ‐ ‐ 53.6 66.6 186 77.5 28.6 27.1 53.6 66.6 186 77.5 41.0 36.8 53.6
HS T(Gr2) 14.6 30.6 12.4 ‐ ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4 16.6 32.3 15.7 14.2 ‐ 49.4
1(Gr2) 27.3 57.5 23.2 ‐ ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4 33.2 64.7 31.5 11.4 ‐ 49.4
2(Gr2) 23.3 48.0 19.7 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 13.7 10.1 63.8 39.7 177 60.0 34.2 25.2 63.8
3(Gr2) 23.3 48.0 19.7 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 13.7 14.5 63.8 39.7 177 60.0 34.2 36.2 63.8
4(Gr2) 24.3 51.0 20.6 ‐ ‐ 63.8 39.7 177 60.0 17.1 16.2 63.8 39.7 177 60.0 42.7 40.4 63.8
HH T(Gr2) 9.8 20.5 8.3 ‐ ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 9.5 ‐ 41.5 11.1 30.9 12.9 13.6 ‐ 41.5
1(Gr2) 18.3 38.5 15.5 ‐ ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 7.6 ‐ 41.5 22.2 61.9 25.8 10.9 ‐ 41.5
2(Gr2) 15.7 32.4 13.3 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 9.2 6.8 53.6 26.9 172 49.4 32.8 23.7 53.6
3(Gr2) 15.7 32.4 13.3 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 9.2 9.8 53.6 26.9 172 49.4 32.8 32.8 53.6
4(Gr2) 16.4 34.4 13.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 172 49.4 11.5 10.9 53.6 26.9 172 49.4 41.0 36.8 53.6
* Pour la notation des modes de rupture, voir la section 2.4.
55
Tableau 3.2: Estimation des résistances pondérées et modes de rupture et proposition (boulons Gr5).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Mode de rupture* Mode de rupture* Mode de rupture*
Condition Attache C D G RS GT NT C D G RS GT NT C D G RS GT NT
SS T(Gr5) 14.6 33.8 15.7 ‐ ‐ 49.4 16.6 35.6 20.0 14.2 ‐ 49.4 16.6 35.8 20.0 14.2 ‐ 49.4
1(Gr5) 27.3 63.3 29.4 ‐ ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4
2(Gr5) 58.2 135 62.6 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 34.2 25.2 63.8 99.5 219 120 34.2 25.2 63.8
3(Gr5) 58.2 135 62.6 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 34.2 36.2 63.8 99.5 219 120 34.2 36.2 63.8
4(Gr5) 60.8 141 65.4 ‐ ‐ 63.8 99.5 219 120 42.7 40.4 63.8 99.5 219 120 42.7 40.4 63.8
SH T(Gr5) 9.8 22.6 10.5 ‐ ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 9.5 ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 13.6 ‐ 41.5
1(Gr5) 18.3 42.4 19.7 ‐ ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 7.6 ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 10.9 ‐ 41.5
2(Gr5) 39.0 90.1 41.9 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 22.9 16.9 53.6 66.6 208 98.5 32.8 23.7 53.6
3(Gr5) 39.0 90.1 41.9 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 22.9 24.2 53.6 66.6 208 98.5 32.8 32.8 53.6
4(Gr5) 40.8 94.2 43.8 ‐ ‐ 53.6 66.6 208 98.5 28.6 27.1 53.6 66.6 208 98.5 41.0 36.8 53.6
HS T(Gr5) 14.6 33.8 15.7 ‐ ‐ 49.4 16.6 35.6 20.0 14.2 ‐ 49.4 16.6 35.8 20.0 14.2 ‐ 49.4
1(Gr5) 27.3 63.3 29.4 ‐ ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4 33.2 71.1 40.0 11.4 ‐ 49.4
2(Gr5) 23.3 53.8 25.0 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 13.7 10.1 63.8 39.7 197 76.3 34.2 25.2 63.8
3(Gr5) 23.3 53.8 25.0 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 13.7 14.5 63.8 39.7 197 76.3 34.2 36.2 63.8
4(Gr5) 24.3 56.3 26.2 ‐ ‐ 63.8 39.7 197 76.3 17.1 16.2 63.8 39.7 197 76.3 42.7 40.4 63.8
HH T(Gr5) 9.8 22.6 10.5 ‐ ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 9.5 ‐ 41.5 11.1 34.7 16.4 13.6 ‐ 41.5
1(Gr5) 18.3 42.4 19.7 ‐ ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 7.6 ‐ 41.5 22.2 69.5 32.8 10.9 ‐ 41.5
2(Gr5) 15.7 36.3 16.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 9.2 6.8 53.6 26.9 191 62.7 32.8 23.7 53.6
3(Gr5) 15.7 36.3 16.9 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 9.2 9.8 53.6 26.9 191 62.7 32.8 32.8 53.6
4(Gr5) 16.4 38.0 17.7 ‐ ‐ 53.6 26.9 191 62.7 11.5 10.9 53.6 26.9 191 62.7 41.0 36.8 53.6
* Pour la notation des modes de rupture, voir la section 2.4.
56
Tableau 3.3: Comparaison des charges maximales expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr2).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache Pmax Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
SS 1(Gr2) 74.0 23.2 41.4 3.2 1.8 11.4 20.4 6.5 3.6 11.4 20.4 6.5 3.6 2(Gr2) 162 49.2 87.9 3.3 1.8 25.2 45.0 6.4 3.6 25.2 45.0 6.4 3.6 3(Gr2) 173 49.2 87.9 3.5 2.0 34.2 61.1 5.1 2.8 34.2 61.1 5.1 2.8 4(Gr2) 176 51.5 92.0 3.4 1.9 40.4 72.1 4.4 2.4 40.4 72.1 4.4 2.4
SH 1(Gr2) 73.4 15.5 27.7 4.7 2.7 7.6 13.6 9.7 5.4 10.9 19.5 6.7 3.8 2(Gr2) 165 33.0 58.9 5.0 2.8 16.9 30.2 9.8 5.5 23.7 42.3 7.0 3.9 3(Gr2) 185 33.0 58.9 5.6 3.1 22.9 40.9 8.1 4.5 32.8 58.6 5.6 3.2 4(Gr2) 182 34.5 61.6 5.3 3.0 27.1 48.4 6.7 3.8 36.8 65.7 4.9 2.8
HS 1(Gr2) 67.8 23.2 41.4 2.9 1.6 11.4 20.4 5.9 3.3 11.4 20.4 5.9 3.3
2(Gr2) 147 19.7 35.2 7.5 4.2 10.1 18.0 15 8.1 25.2 45.0 5.8 3.3 3(Gr2) 155 19.7 35.2 7.9 4.4 13.7 24.5 11 6.4 34.2 61.1 4.5 2.5 4(Gr2) 180 20.6 36.8 8.7 4.9 16.2 28.9 11 6.2 39.7 62.1 4.5 2.9
HH 1(Gr2) 42.8 15.5 27.7 2.8 1.5 7.6 13.6 5.6 3.2 10.9 19.5 3.9 2.2 2(Gr2) 121 13.3 23.8 9.1 5.1 6.8 12.1 18 10 23.7 42.3 5.1 2.9 3(Gr2) 130 13.3 23.8 9.7 5.5 9.2 16.4 14 7.9 26.9 42.0 4.8 3.1 4(Gr2) 127 13.9 24.8 9.1 5.1 10.9 19.5 12 6.5 26.9 42.0 4.7 3.0
HSH 4(Gr2) 168 13.9 24.8 12 6.8 10.9 19.5 15 8.6 26.9 42.0 6.2 4.0 STS 1(Gr2) 69.3 23.2 41.4 3.0 1.7 11.4 20.4 6.1 3.4 11.4 20.4 6.1 3.4 2(Gr2) 128 49.2 87.9 2.6 1.5 25.2 45.0 5.1 2.8 25.2 45.0 5.1 2.8 3(Gr2) 157 49.2 87.9 3.2 1.8 34.2 61.1 4.6 2.6 34.2 61.1 4.6 2.6 4(Gr2) 160 51.5 92.0 3.1 1.7 40.4 72.1 4.0 2.2 40.4 72.1 4.0 2.2
Notes : Pmax = charge maximale expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
57
Tableau 3.4: Comparaison des limites de proportionnalité expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr2).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache PPL Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
SS 1(Gr2) 41.7 23.2 41.4 1.8 1.0 11.4 20.4 3.7 2.0 11.4 20.4 3.7 2.0 2(Gr2) 105 49.2 87.9 2.1 1.2 25.2 45.0 4.2 2.3 25.2 45.0 4.2 2.3 3(Gr2) 113 49.2 87.9 2.3 1.3 34.2 61.1 3.3 1.9 34.2 61.1 3.3 1.9 4(Gr2) 105 51.5 92.0 2.0 1.1 40.4 72.1 2.6 1.5 40.4 72.1 2.6 1.5
SH 1(Gr2) 43.2 15.5 27.7 2.8 1.6 7.6 13.6 5.7 3.2 10.9 19.5 4.0 2.2 2(Gr2) 116 33.0 58.9 3.5 2.0 16.9 30.2 6.9 3.9 23.7 42.3 4.9 2.8 3(Gr2) 118 33.0 58.9 3.6 2.0 22.9 40.9 5.2 2.9 32.8 58.6 3.6 2.0 4(Gr2) 127 34.5 61.6 3.7 2.1 27.1 48.4 4.7 2.6 36.8 65.7 3.4 1.9
HS 1(Gr2) 40.6 23.2 41.4 1.7 1.0 11.4 20.4 3.6 2.0 11.4 20.4 3.6 2.0
2(Gr2) 117 19.7 35.2 5.9 3.3 10.1 18.0 12 6.5 25.2 45.0 4.6 2.6 3(Gr2) 108 19.7 35.2 5.5 3.1 13.7 24.5 7.9 4.4 34.2 61.1 3.2 1.8 4(Gr2) 103 20.6 36.8 5.0 2.8 16.2 28.9 6.3 3.6 39.7 62.1 2.6 1.7
HH 1(Gr2) 26.9 15.5 27.7 1.7 1.0 7.6 13.6 3.5 2.0 10.9 19.5 2.5 1.4 2(Gr2) 78 13.3 23.8 5.9 3.3 6.8 12.1 11 6.4 23.7 42.3 3.3 1.8 3(Gr2) 72 13.3 23.8 5.4 3.0 9.2 16.4 7.9 4.4 26.9 42.0 2.7 1.7 4(Gr2) 67 13.9 24.8 4.8 2.7 10.9 19.5 6.1 3.4 26.9 42.0 2.5 1.6
HSH 4(Gr2) 81.6 13.9 24.8 5.9 3.3 10.9 19.5 7.5 4.2 26.9 42.0 3.0 1.9 STS 1(Gr2) 43.2 23.2 41.4 1.9 1.0 11.4 20.4 3.8 2.1 11.4 20.4 3.8 2.1
2(Gr2) 106 49.2 87.9 2.2 1.2 25.2 45.0 4.2 2.4 25.2 45.0 4.2 2.4
3(Gr2) 120 49.2 87.9 2.4 1.4 34.2 61.1 3.5 2.0 34.2 61.1 3.5 2.0
4(Gr2) 118 51.5 92.0 2.3 1.3 40.4 72.1 2.9 1.6 40.4 72.1 2.9 1.6
Notes : PPL = charge à la limite de proportionnalité expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
58
Tableau 3.5: Comparaison des seuils de plasticité expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr2).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache PYIELD Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
SS 1(Gr2) 63.4 23.2 41.4 2.7 1.5 11.4 20.4 5.6 3.1 11.4 20.4 5.6 3.1 2(Gr2) 155 49.2 87.9 3.2 1.8 25.2 45.0 6.2 3.4 25.2 45.0 6.2 3.4 3(Gr2) 169 49.2 87.9 3.4 1.9 34.2 61.1 4.9 2.8 34.2 61.1 4.9 2.8 4(Gr2) 157 51.5 92.0 3.0 1.7 40.4 72.1 3.9 2.2 40.4 72.1 3.9 2.2
SH 1(Gr2) 61.6 15.5 27.7 4.0 2.2 7.6 13.6 8.1 4.5 10.9 19.5 5.6 3.2 2(Gr2) 164 33.0 58.9 5.0 2.8 16.9 30.2 9.7 5.4 23.7 42.3 6.9 3.9 3(Gr2) 166 33.0 58.9 5.0 2.8 22.9 40.9 7.2 4.1 32.8 58.6 5.1 2.8 4(Gr2) 164 34.5 61.6 4.7 2.7 27.1 48.4 6.0 3.4 36.8 65.7 4.4 2.5
HS 1(Gr2) 60.6 23.2 41.4 2.6 1.5 11.4 20.4 5.3 3.0 11.4 20.4 5.3 3.0
2(Gr2) 147 19.7 35.2 7.4 4.2 10.1 18.0 15 8.1 25.2 45.0 5.8 3.3 3(Gr2) 154 19.7 35.2 7.8 4.4 13.7 24.5 11 6.3 34.2 61.1 4.5 2.5 4(Gr2) 164 20.6 36.8 7.9 4.4 16.2 28.9 10 5.7 39.7 62.1 4.1 2.6
HH 1(Gr2) 37.0 15.5 27.7 2.4 1.3 7.6 13.6 4.9 2.7 10.9 19.5 3.4 1.9 2(Gr2) 113 13.3 23.8 8.5 4.8 6.8 12.1 17 9.3 23.7 42.3 4.8 2.7 3(Gr2) 115 13.3 23.8 8.6 4.8 9.2 16.4 12 7.0 26.9 42.0 4.3 2.7 4(Gr2) 107 13.9 24.8 7.7 4.3 10.9 19.5 9.8 5.5 26.9 42.0 4.0 2.5
HSH 4(Gr2) 122 13.9 24.8 8.8 4.9 10.9 19.5 11 6.3 26.9 42.0 4.5 2.9 STS 1(Gr2) 61.4 23.2 41.4 2.6 1.5 11.4 20.4 5.4 3.0 11.4 20.4 5.4 3.0
2(Gr2) 124 49.2 87.9 2.5 1.4 25.2 45.0 4.9 2.8 25.2 45.0 4.9 2.8
3(Gr2) 154 49.2 87.9 3.1 1.8 34.2 61.1 4.5 2.5 34.2 61.1 4.5 2.5
4(Gr2) 156 51.5 92.0 3.0 1.7 40.4 72.1 3.9 2.2 40.4 72.1 3.9 2.2
Notes : PYIELD = charge au seuil de plasticité expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
59
Tableau 3.6: Comparaison des charges maximales expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr5).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache Pmax Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
Pr 5%LEL Pmax /Pr
Pmax /5%LEL
SS T(Gr5) 43.2 14.6 26.1 3.0 1.7 14.2 25.4 3.0 1.7 14.2 25.4 3.0 1.7 TS T(Gr5) 46.1 14.6 26.1 3.2 1.8 14.2 25.4 3.2 1.8 14.2 25.4 3.2 1.8 HH T(Gr5) 25.4 9.8 17.5 2.6 1.4 9.5 17.0 2.7 1.5 11.1 17.3 2.3 1.5 HH 1(Gr5) 48.1 18.3 32.7 2.6 1.5 7.6 13.6 6.3 3.5 10.9 19.5 4.4 2.5 2(Gr5) 127 15.7 28.0 8.1 4.5 6.8 12.1 19 10 26.9 42.0 4.7 3.0 3(Gr5) 130 15.7 28.0 8.3 4.6 9.2 16.4 14 7.9 26.9 42.0 4.8 3.1
HS 1(Gr5) 77.1 27.3 48.8 2.8 1.6 11.4 20.4 6.8 3.8 11.4 20.4 6.8 3.8 2(Gr5) 122 23.3 41.6 5.2 2.9 10.1 18.0 12 6.8 25.2 45.0 4.8 2.7 3(Gr5) 156 23.3 41.6 6.7 3.7 13.7 24.5 11 6.4 34.2 61.1 4.6 2.6
HSH 1(Gr5) 73.8 18.3 32.7 4.0 2.3 7.6 13.6 9.7 5.4 10.9 19.5 6.8 3.8 2(Gr5) 151 15.7 28.0 9.6 5.4 6.8 12.1 22 12 26.9 42.0 5.6 3.6 3(Gr5) 163 15.7 28.0 10 5.8 9.2 16.4 18 9.9 26.9 42.0 6.1 3.9
Notes : Pmax = charge maximale expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
60
Tableau 3.7: Comparaison des limites de proportionnalité expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr5).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache PPL Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
Pr 5%LEL PPL /Pr
PPL /5%LEL
SS T(Gr5) 24.4 14.6 26.1 1.7 0.9 14.2 25.4 1.7 1.0 14.2 25.4 1.7 1.0 TS T(Gr5) 25.2 14.6 26.1 1.7 1.0 14.2 25.4 1.8 1.0 14.2 25.4 1.8 1.0 HH T(Gr5) 16.9 9.8 17.5 1.7 1.0 9.5 17.0 1.8 1.0 11.1 17.3 1.5 1.0 HH 1(Gr5) 30.6 18.3 32.7 1.7 0.9 7.6 13.6 4.0 2.3 10.9 19.5 2.8 1.6 2(Gr5) 75.8 15.7 28.0 4.8 2.7 6.8 12.1 11 6.2 26.9 42.0 2.8 1.8 3(Gr5) 78.6 15.7 28.0 5.0 2.8 9.2 16.4 8.5 4.8 26.9 42.0 2.9 1.9
HS 1(Gr5) 48.1 27.3 48.8 1.8 1.0 11.4 20.4 4.2 2.4 11.4 20.4 4.2 2.4 2(Gr5) 112 23.3 41.6 4.8 2.7 10.1 18.0 11 6.2 25.2 45.0 4.4 2.5 3(Gr5) 135 23.3 41.6 5.8 3.2 13.7 24.5 10 5.5 34.2 61.1 3.9 2.2
HSH 1(Gr5) 39.9 18.3 32.7 2.2 1.2 7.6 13.6 5.3 2.9 10.9 19.5 3.7 2.1 2(Gr5) 106 15.7 28.0 6.7 3.8 6.8 12.1 16 8.7 26.9 42.0 3.9 2.5 3(Gr5) 103 15.7 28.0 6.6 3.7 9.2 16.4 11 6.3 26.9 42.0 3.8 2.5
Notes : PPL = charge à la limite de proportionnalité expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
61
Tableau 3.8: Comparaison des seuils de plasticité expérimentales avec des résistances prédites (boulons Gr5).
CSA‐O86‐01 CSA‐O86‐09 Proposition
Condition Attache PYIELD Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
Pr 5%LEL PYIELD /Pr
PYIELD /5%LEL
SS T(Gr5) 35.9 14.6 26.1 2.5 1.4 14.2 25.4 2.5 1.4 14.2 25.4 2.5 1.4 TS T(Gr5) 35.2 14.6 26.1 2.4 1.4 14.2 25.4 2.5 1.4 14.2 25.4 2.5 1.4 HH T(Gr5) 22.2 9.8 17.5 2.3 1.3 9.5 17.0 2.3 1.3 11.1 17.3 2.0 1.3 HH 1(Gr5) 44.0 18.3 32.7 2.4 1.3 7.6 13.6 5.8 3.2 10.9 19.5 4.0 2.3 2(Gr5) 117 15.7 28.0 7.4 4.2 6.8 12.1 17 9.6 26.9 42.0 4.3 2.8 3(Gr5) 117 15.7 28.0 7.4 4.2 9.2 16.4 13 7.1 26.9 42.0 4.3 2.8
HS 1(Gr5) 73.6 27.3 48.8 2.7 1.5 11.4 20.4 6.5 3.6 11.4 20.4 6.5 3.6 2(Gr5) 122 23.3 41.6 5.2 2.9 10.1 18.0 12 6.8 25.2 45.0 4.8 2.7 3(Gr5) 155 23.3 41.6 6.6 3.7 13.7 24.5 11 6.3 34.2 61.1 4.5 2.5
HSH 1(Gr5) 56.8 18.3 32.7 3.1 1.7 7.6 13.6 7.5 4.2 10.9 19.5 5.2 2.9 2(Gr5) 141 15.7 28.0 9.0 5.0 6.8 12.1 21 12 26.9 42.0 5.2 3.4 3(Gr5) 140 15.7 28.0 8.9 5.0 9.2 16.4 15 8.5 26.9 42.0 5.2 3.3
Notes : PYIELD = charge au seuil de plasticité expérimentale (moyenne de la série);
Pr = résistance pondérée selon les règles de calcul;
5%LEL = valeur caractéristique (5e centile de la résistance ajustée à l’aide de KD=1.25 et φ=0.8 ou 0.7, selon le cas).
62
La proposition pour le calcul de la résistance d’attaches peut être exprimée de deux
façons techniquement équivalentes : A) les calculs de modes fragiles sont formulés comme
dans la méthode de CSA-O86-09, sauf le coefficient KSF qui est remplacé par KCv et KSt
selon le cas; et B) la pondération est faite lors de calculs des résistances en cisaillement et en
tension longitudinale pour des modes fragiles selon le cas, comme fait dans la norme NDS
2005. Les deux propositions sont présentées ci-dessous.
Alors, pour les modes ductiles, le calcul présenté dans la nouvelle norme ne change
pas (voir l’annexe A pour les notations et les détails de calcul) :
Nr = y nu ns nf (3.1)
Où :
y = 0.8, facteur de la résistance pour une rupture ductile
La résistance à l’enfoncement du bois selon l’angle par rapport à l’axe longitudinal est
calculée comme suit:
TSFD2iQ
2iP
iQiPi KKK
cosfsinf
fff
(3.2)
La résistance pondérée à l’arrachement par rangées d’une attache est calculée comme une
somme des résistances pondérées en cisaillement de toutes les membrures bois qui résistent
au chargement selon les équations suivantes (voir l’annexe A pour les notations et les détails
de calcul) :
PRr T = ∑(PRr i) (3.3)
La résistance en cisaillement pondérée dans une membrure « i » est calculée comme
suit:
A) PRr i = w PRij min nR(KD KSv KT) (3.4A)
Où :
63
w = facteur de résistance en rupture fragile,
= 0,7
KSv = coefficient de service pour le cisaillement longitudinal (voir Tableau 1.2).
PRij min= résistance minimale d’une rangée en cisaillement pour toutes les rangées de
l’attache de PRi1 à PRinR
nR = nombre de rangées
PRij = résistance en cisaillement de la rangée “j”, dans la membrure “i”, N
= 1.2 fv Kls t nC acr i
fv = résistance prévue au cisaillement longitudinale de la membrure “i”, MPa
B) PRr i = w PRr ij min nR (3.4B)
Où :
w = facteur de résistance en rupture fragile,
= 0,7
PRr ij min= résistance pondérée minimale d’une rangée en cisaillement pour toutes les
rangées de l’attache de PRi1 à PRinR
nR = nombre de rangées
PRr ij = résistance pondérée en cisaillement de la rangée “j”, dans la membrure “i”, N
= 1.2 Fv Kls t nC acr i
Fv = résistance pondérée au cisaillement longitudinale de la membrure “i”, MPa
= fv (KD KSv KT)
fv = résistance prévue au cisaillement longitudinale de la membrure “i”, MPa
KSv = coefficient de service pour le cisaillement longitudinal (voir Tableau 1.2).
64
La résistance pondérée à l’arrachement par groupe d’une attache est calculée comme une
somme des résistances pondérées en arrachement par groupe de toutes les membrures bois
qui résistent au chargement selon les équations suivantes :
PGr T = ∑(PGri) (3.5)
La résistance totale en arrachement par groupe pondérée des attaches dans une membrure
en bois “i” avec nR rangées est calculée comme suit:
A) (3.6A)
Où :
w = facteur de résistance en rupture fragile,
= 0,7
PRr i1= résistance pondérée au cisaillement de la rangée “1” de la membrure “i” à la
limite du groupe d’attache, N
= 1,2 fv (KD KSv KT) Kls t nC acr 1
PRr inR= résistance pondérée au cisaillement le long de la rangée “nR” de la membrure “i”
à la limite du groupe d’attache, N
= 1,2 fv (KD KSv KT) Kls t nC acr nr
ft = résistance prévue à la tension de la membrure “i”, MPa
KSt = coefficient de service pour la traction au fil (voir Tableau 1.2).
B) (3.6B)
Où :
w = facteur de résistance en rupture fragile,
= 0,7
65
PRr i1 = résistance pondérée au cisaillement de la rangée “1” de la membrure “i” à la
limite du groupe d’attache, N
= 1,2 Fv Kls t nC acr 1
PRinR= résistance pondérée au cisaillement le long de la rangée “nR” de la membrure “i” à
la limite du groupe d’attache, N
= 1,2 Fv Kls t nC acr nr
Ft = résistance pondérée à la tension de la membrure “i”, MPa,
= ft (KD KSF KT)
ft = résistance prévue à la tension de la membrure “i”, MPa
KSt = coefficient de service pour la traction au fil (voir Tableau 1.2).
La résistance pondérée à la tension nette est vérifiée de la même façon que dans la
méthode actuelle CSA-O86-01, soit selon l’article 5.5.9 pour le bois de sciage ou 6.5.11
pour le bois lamellé collé avec le KSt selon le cas.
66
4 Conclusion
4.1 Rappel des objectifs
Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer la performance des assemblages boulonnés
aux différentes conditions d’humidité afin d’amélioration des méthodes de calcul de
charpentes en bois. Pour ce faire, nous avons utilisé cinq types d’attaches assemblées de bois
sec (TH ≈ 12%) et humide (TH ≥ 19%) et les avons testées à trois conditions d’humidité
(TH ≈ 8%; TH ≈ 12%; TH ≥ 19%). Les attaches sont composées d’une membrure de pin gris
de 89 mm d’épaisseur et de plaques de jonctions en acier de 6,4 mm d’épaisseur, le tout
assemblé de boulons de 12,7 mm de diamètre de deux grades différents à un, deux et six
boulons; pour ce dernier, nous avons fait varier l’espacement entre les rangées et entre les
boulons. La rigidité, la résistance, la ductilité et les modes de rupture ont été étudiés et
comparés avec les normes de calcul en vigueur.
4.2 Rappel des principaux résultats
On ne voit pas d’influence de l’humidité du bois lors du montage sur la résistance de
l’attache en conditions d’humidité variables. Seule l’humidité finale semble avoir un impact
sur la capacité portante de l’attache. La norme européenne (EN 1995-1-1 Eurocode 5, 2004)
ne prend en considération que l’humidité du bois durant la vie utile, pas durant
l’assemblage. Nos tests concordent avec cette approche.
L’humidité du bois influence la rigidité de l’attache linéairement en dessous du point de
saturation de fibres où la diminution de l’humidité entraînait une augmentation de la rigidité
significative. Les attaches en condition très sèche (≈ 8%) sont environ deux fois plus rigides
que les attaches de bois vert. Il faut noter que le conditionnement du bois après l’assemblage
produit une rigidité plus élevée que dans le cas de l’assemblage du bois conditionné
précédemment.
67
L’humidité du bois lors du test a influencé clairement la ductilité de l’attache et cette
tendance est opposée à celle de la rigidité. Les attaches testées en conditions humides sont
plutôt ductiles tandis que les attaches sèches et surtout très sèches sont exceptionnellement
fragiles. Portant, cette conclusion n’est valable que pour les configurations d’attaches testées
lors de cette étude.
L’impact des différents grades de boulon ne s’est pas fait ressentir sur la capacité
maximale de résistance d’attaches en trois configurations dans deux conditions d’humidité.
Ceci n’est pas surprenant, car la résistance d’attaches dans les configurations étudiées est
contrôlée plutôt par l’arrachement ou par la portance locale du bois que par la résistance du
boulon. Pourtant, en conditions humides (« HH »), les boulons de grade 2 (plus faible) sont
plastifiés en mode G, les boulons de grade 5 (plus fort) restent droits pour produire le mode
C contrôlé par la résistance d’enfoncement du bois.
La configuration d’attache 4 avec des boulons espacés dans la même file de cinq fois le
diamètre n’a pas présenté de différence significative en résistance par rapport aux attaches
de type 3 qui ont un espacement de seulement quatre fois le diamètre, ce qui correspond aux
prédictions des normes. Cependant, on voit l’augmentation de la ductilité de ce type
d’attache surtout aux conditions humides, ce qui produit un assemblage plus sécuritaire.
La configuration d’attache 2 avec deux rangées de boulons espacés de trois fois le
diamètre est beaucoup plus faible et fragile en conditions très sèches par rapport aux attaches
3 et 4 où les rangées sont espacées 5,5 fois le diamètre. La diminution de la résistance est
prévue dans la nouvelle norme CSA-O86-09, mais pour les assemblages fabriqués de bois
humide les prédictions sont trop conservatrices.
La performance de l’attache 1 (avec deux boulons) par rapport à l’attache 2 (avec six
boulons) mérite notre attention, car selon les normes actuelles et nouvelles, il y a deux
situations de service (« HH » et « HS ») où la résistance de la première dépasse la deuxième
(voir Tableau 2.2). Nous n’avons jamais observé ce phénomène lors de nos études et notre
proposition semble être capable de rectifier cette contradiction.
68
4.3 Recommandations et travaux futurs
Nos propositions au comité technique CSA-O86 sont présentées brièvement dans la
section 3.6. Selon cette proposition, les coefficients de service humide doivent être appliqués
en fonction du type de rupture en considération : KSF pour les modes ductiles, KSv pour
l’arrachement par rangée, KSt pour la traction nette et une combinaison de KSv et KSt pour
l’arrachement par groupe. Cette proposition est bien appuyée par nos résultats
expérimentaux et par la norme NDS 2005 (AF&PA, 2005).
Pour l’avenir, il est proposé d’appliquer ces calculs aux différentes configurations
d’attaches pour vérifier le fonctionnement de la méthode. On inclura les comparaisons avec
la norme NDS (AF&PA, 2005) et avec l’Eurocode 5 (EN 1995-1-1 Eurocode 5, 2004). On
développera les procédures expérimentales pour simuler l’exposition d’assemblages aux
conditions de service plus réalistes y compris les conditions très sèches et humides.
Certains de nos échantillons étaient considérés humides selon la norme canadienne (TH
> 15%) mais parfois, nous n’avons pas vu de différence significative de résistance avec les
échantillons testés secs. La norme américaine NDS 2005 (AF&PA, 2005) considère le bois
humide lorsque la teneur en humidité dépasse 19%. Pour la norme européenne, (EN 1995-1-
1 Eurocode 5, 2004) le bois est considéré humide lorsque la teneur en humidité dépasse
20%. Les profiles d’humidité présentés à l’annexe C montrent que certaines éprouvettes ne
ce conforment pas tout à fait aux notions des normes américaines et européennes au niveau
de l’humidité. Cependant, l’exposition de nos échantillons à l’humidité a été très sévère et
on l’assume adéquate pour arriver aux conditions humides. Pourtant, on est conscient que
plusieurs cycles de séchage et d’humidification sont nécessaires pour suivre les phénomènes
de vieillissement et de détérioration des assemblages. Le phénomène du fluage doit être
étudié dans le futur ainsi que les configurations d’attaches obliques et perpendiculaires au fil
du bois.
69
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