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Médecine des maladies Métaboliques - Octobre 2013 - Vol. 7 - N°5 471 Quoi de neuf ? Brèves Afin de tester cette hypothèse, C. Jackness et al. ont étudié la sécré- tion et la sensibilité à l’insuline chez 11 patients diabétiques de type 2 (DT2) ayant bénéficié d’un bypass gastrique, et chez 14 patients DT2 qui ont été soumis à un régime de 500 kcal/j (avec une com- position en macronutriments similaire à celle habituellement consommée après la chirurgie). Les patients étaient similaires pour l’HbA 1c , l’indice de masse corporelle (IMC) et la durée connue du diabète de type 2. Les deux groupes ont été étudiés avant, et 21 jours après la chirurgie ou la diète hypocalorique. Les résultats montrent que l’amélio- ration de la sécrétion d’insuline, de la sensibilité à l’insuline, des profils gly- cémiques et de la fructosamine est superposable pour les deux groupes, suggérant fortement qu’il est possible de reproduire les effets (au moins ini- tiaux) du bypass gastrique par un régime pauvre en calories. F. A. Jackness C, Karmally W, Febres G, et al. Very low- calorie diet mimics the early beneficial effect of Roux-en-Y gastric bypass on insulin sensitivity and E-cell function in type 2 diabetic patients. Diabetes 2013;62:3027-32. Effets néfastes des fluctuations pondérales De nombreux patients en surpoids ou obèses présentent des fluctuations pon- dérales au cours de leur vie, suite à des régimes restreints et des rebonds de poids. Ces fluctuations peuvent aboutir à des cycles de pertes/reprises de plusieurs dizaines de kilos au cours de la vie. Les recommandations déconseillent ce type de fluctuations, car elles participent à l’ag- gravation du surpoids. Mais, en pratique, il s’agit d’une complication fréquente de la prise en charge des patients en surpoids. E.-K. Anderson et al. ont souhaité étudier les effets métaboliques et inflammatoires des fluctuations pondérales chez la sou- ris C57Bl6J. Pour cela, deux groupes de souris ont été comparés : - l’un avec une prise de poids progressive au cours du temps sous régime gras ; - l’autre avec des fluctuations de poids induites par des restrictions alimentaires imposées suivies de ré-alimentation en plusieurs cycles. Les résultats montrent que les souris dont le poids a fluctué ont, au cours du temps, une détérioration plus importante de leur tolérance au glucose et de la sen- sibilité à l’insuline du tissu adipeux par rapport à l’autre groupe. Si l’infiltration du tissu adipeux par les macrophages était comparable dans les deux groupes, il était constaté un plus grand nombre de cellules T CD4+ et CD8+ dans le tissu adipeux, ainsi que du sous- groupe de cellules T CD8+ mémoires, et une expression plus importante des cytokines inflammatoires dans le tissu adipeux des souris avec fluctuations de poids. Ceci suggère que les fluctuations pon- dérales ont un rôle important dans la genèse et/ou l’aggravation de l’altéra- tion de l’homéostasie glucidique et des processus inflammatoires observés au cours de l’obésité. F. A. Anderson EK, Gutierrez DA, Kennedy A, et al. Weight cycling increases T-cell accumulation in adipose tissue and impairs systemic glucose tole- rance. Diabetes 2013;62:3180-8. Diabète Diabète de type 1 et insuffisance cardiaque On considère que les patients présen- tant un diabète de type 1 (DT1) ont classiquement un morphotype mince. Même si ceci reste vrai, on observe progressivement une hausse de la cor- pulence de cette population, témoignant de la tendance générale de la population à la prise pondérale. Daniel Vestberg et al. ont souhaité savoir si l’indice de masse corporelle (IMC) pouvait influencer les hospitalisations pour insuffisance cardiaque dans une population de 20 985 patients DT1, inclus dans le Swedish National Diabetes Registry, entre 1998 et 2003 (moyenne d’âge de 38,6 ans ; IMC moyen de 25 kg/m 2 ). Les données concernant les hospitalisations pour insuffisance car- diaque, les hospitalisations pour autre raison et les décès ont été recueillies jusqu’au 31 décembre 2009. Les résultats montrent que 635 patients ont été hospitalisés pour insuffisance cardiaque. Après ajustement sur les paramètres confondants (dont le taba- gisme et l’hypertension artérielle), les auteurs montrent une corrélation significative entre l’IMC et le risque d’hospitalisation pour insuffisance car- diaque atteignant un hazard ratio (HR) de 2,90 pour la catégorie d’IMC > 35 kg/ m 2 . Ce risque était inexistant pour les patients en surpoids (IMC 25-30 kg/m 2 ) ou de poids normal. On savait que l’obésité était un facteur de risque de survenue d’une insuffisance cardiaque. Les auteurs concluent que cela est vrai également dans une popu- lation de patients DT1. F. A. Vestberg D, Rosengren A, Olsson M, et al. Relationship between overweight and obesity with hospitalization for heart failure in 20,985 patients with type 1 diabetes: a population-based study from the Swedish National Diabetes Registry. Diabetes Care 2013;36:2857-61. Comment traiter les patients diabétiques de type 2 naïfs ? Les recommandations concernant la prise en charge pharmacologique des patients diabétiques de type 2 (DT2) ont conduit à personnaliser le traitement et les objectifs en fonction d’un certain nombre de paramètres, tels que l’âge, la présence de complications, l’excès de poids, l’espérance de vie… Néanmoins, on retrouve, malgré tout, la notion d’esca- lade thérapeutique basée sur une valeur d’HbA 1c non atteinte justifiant l’ajout de classes pharmacologiques supplémen- taires. Il s’agit donc d’une stratégie basée sur l’échec d’obtention d’une valeur cible. Ralph A. DeFronzo propose une autre stratégie basée sur la physiopatho- logie du DT2. Plutôt que d’observer la progression de la pathologie vers l’aggravation et la nécessité d’une escalade thérapeutique, DeFronzo pro- pose que les thérapeutiques puissent retarder l’aggravation de la pathologie, à la condition qu’elles soient prescrites

Effets néfastes des fluctuations pondérales

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Médecine des maladies Métaboliques - Octobre 2013 - Vol. 7 - N°5

471Quoi de neuf ?Brèves

Afin de tester cette hypothèse, C. Jackness et al. ont étudié la sécré-tion et la sensibilité à l’insuline chez 11 patients diabétiques de type 2 (DT2) ayant bénéficié d’un bypass gastrique, et chez 14 patients DT2 qui ont été soumis à un régime de 500 kcal/j (avec une com-position en macronutriments similaire à celle habituellement consommée après la chirurgie). Les patients étaient similaires pour l’HbA1c, l’indice de masse corporelle (IMC) et la durée connue du diabète de type 2. Les deux groupes ont été étudiés avant, et 21 jours après la chirurgie ou la diète hypocalorique.Les résultats montrent que l’amélio-ration de la sécrétion d’insuline, de la sensibilité à l’insuline, des profils gly-cémiques et de la fructosamine est superposable pour les deux groupes, suggérant fortement qu’il est possible de reproduire les effets (au moins ini-tiaux) du bypass gastrique par un régime pauvre en calories.

F. A.

Jackness C, Karmally W, Febres G, et al. Very low-calorie diet mimics the early beneficial effect of Roux-en-Y gastric bypass on insulin sensitivity and -cell function in type 2 diabetic patients. Diabetes

2013;62:3027-32.

Effets néfastes des fluctuations pondérales

De nombreux patients en surpoids ou obèses présentent des fluctuations pon-dérales au cours de leur vie, suite à des régimes restreints et des rebonds de poids. Ces fluctuations peuvent aboutir à des cycles de pertes/reprises de plusieurs dizaines de kilos au cours de la vie. Les recommandations déconseillent ce type de fluctuations, car elles participent à l’ag-gravation du surpoids. Mais, en pratique, il s’agit d’une complication fréquente de la prise en charge des patients en surpoids.E.-K. Anderson et al. ont souhaité étudier les effets métaboliques et inflammatoires des fluctuations pondérales chez la sou-ris C57Bl6J. Pour cela, deux groupes de souris ont été comparés :- l’un avec une prise de poids progressive au cours du temps sous régime gras ;- l’autre avec des fluctuations de poids induites par des restrictions alimentaires

imposées suivies de ré-alimentation en plusieurs cycles.Les résultats montrent que les souris dont le poids a fluctué ont, au cours du temps, une détérioration plus importante de leur tolérance au glucose et de la sen-sibilité à l’insuline du tissu adipeux par rapport à l’autre groupe. Si l’infiltration du tissu adipeux par les macrophages était comparable dans les deux groupes, il était constaté un plus grand nombre de cellules T CD4+ et CD8+ dans le tissu adipeux, ainsi que du sous-groupe de cellules T CD8+ mémoires, et une expression plus importante des cytokines inflammatoires dans le tissu adipeux des souris avec fluctuations de poids.Ceci suggère que les fluctuations pon-dérales ont un rôle important dans la genèse et/ou l’aggravation de l’altéra-tion de l’homéostasie glucidique et des processus inflammatoires observés au cours de l’obésité.

F. A.

Anderson EK, Gutierrez DA, Kennedy A, et al. Weight cycling increases T-cell accumulation in adipose tissue and impairs systemic glucose tole-rance. Diabetes 2013;62:3180-8.

Diabète

Diabète de type 1 et insuffisance cardiaque

On considère que les patients présen-tant un diabète de type 1 (DT1) ont classiquement un morphotype mince. Même si ceci reste vrai, on observe progressivement une hausse de la cor-pulence de cette population, témoignant de la tendance générale de la population à la prise pondérale.Daniel Vestberg et al. ont souhaité savoir si l’indice de masse corporelle (IMC) pouvait influencer les hospitalisations pour insuffisance cardiaque dans une population de 20  985 patients DT1, inclus dans le Swedish National Diabetes Registry, entre 1998 et 2003 (moyenne d’âge de 38,6  ans  ; IMC moyen de 25 kg/m2). Les données concernant les hospitalisations pour insuffisance car-diaque, les hospitalisations pour autre

raison et les décès ont été recueillies jusqu’au 31 décembre 2009.Les résultats montrent que 635 patients ont été hospitalisés pour insuffisance cardiaque. Après ajustement sur les paramètres confondants (dont le taba-gisme et l’hypertension artérielle), les auteurs montrent une corrélation significative entre l’IMC et le risque d’hospitalisation pour insuffisance car-diaque atteignant un hazard ratio (HR) de 2,90 pour la catégorie d’IMC > 35 kg/m2. Ce risque était inexistant pour les patients en surpoids (IMC 25-30 kg/m2) ou de poids normal.On savait que l’obésité était un facteur de risque de survenue d’une insuffisance cardiaque. Les auteurs concluent que cela est vrai également dans une popu-lation de patients DT1.

F. A.

Vestberg D, Rosengren A, Olsson M, et al. Relationship between overweight and obesity with hospitalization for heart failure in 20,985 patients with type 1 diabetes: a population-based study from the Swedish National Diabetes Registry. Diabetes Care 2013;36:2857-61.

Comment traiter les patients diabétiques de type 2 naïfs ?

Les recommandations concernant la prise en charge pharmacologique des patients diabétiques de type 2 (DT2) ont conduit à personnaliser le traitement et les objectifs en fonction d’un certain nombre de paramètres, tels que l’âge, la présence de complications, l’excès de poids, l’espérance de vie… Néanmoins, on retrouve, malgré tout, la notion d’esca-lade thérapeutique basée sur une valeur d’HbA1c non atteinte justifiant l’ajout de classes pharmacologiques supplémen-taires. Il s’agit donc d’une stratégie basée sur l’échec d’obtention d’une valeur cible.Ralph A. DeFronzo propose une autre stratégie basée sur la physiopatho-logie du DT2. Plutôt que d’observer la progression de la pathologie vers l’aggravation et la nécessité d’une escalade thérapeutique, DeFronzo pro-pose que les thérapeutiques puissent retarder l’aggravation de la pathologie, à la condition qu’elles soient prescrites