93
1 Chapitre I LA MYSTIFICATION : EFFETS SECONDAIRES DU « MAL CONGOLAIS » La mystification c’est en fait, comme le clame le psautier, l’art propre aux fils des ténèbres, qui consiste à posséder la parole mensongère et la main parjure (cfr Ps 144,11) ; à avoir la bouche plus honteuse que la crème, alors que leur cœur fait la guerre, à tenir des discours plus doux que l’huile, alors qu’ils sont en réalité des épées nues (ps55,22) ; à recevoir l’admiration et la louange des hommes, alors qu’on mérite leur blâme et leur mépris (Mt 6 :2ss). Et quant on parcourt l’histoire du Congo, on se rend compte qu’aucun des régimes tant coloniaux que nationaux n’a poussé le cynisme jusqu’à proclamer à haute voix son essence réelle et ses fins véritables, constituant un corps de doctrine qui ait pris pour principes publics et proclamé les exigences de l’exploitation humaine, les formules même de l’oppression. Plutôt désireux de soigner leur image et de légitimer leur conduite criminel, ils ont toujours veillé à gagner le consentement de l’opinion publique, utilisant toutes les ressources de la pensée et de la

EFFETS SECONDAIRES DU - Xooimageimg110.xooimage.com/files/8/2/7/le-conflit-ekonda-eswe-4bfc20d.pdf · 1 P. NIZAN, Les chiens de garde, p. 65. 3 ... Les chiens de garde, ... KONGA

  • Upload
    doanthu

  • View
    222

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

1

Chapitre I LA MYSTIFICATION : EFFETS SECONDAIRES DU

« MAL CONGOLAIS »

La mystification c’est en fait, comme le clame le psautier, l’art propre aux fils des ténèbres, qui consiste à posséder la parole mensongère et la main parjure (cfr Ps 144,11) ; à avoir la bouche plus honteuse que la crème, alors que leur cœur fait la guerre, à tenir des discours plus doux que l’huile, alors qu’ils sont en réalité des épées nues (ps55,22) ; à recevoir l’admiration et la louange des hommes, alors qu’on mérite leur blâme et leur mépris (Mt 6 :2ss).

Et quant on parcourt l’histoire du Congo, on se rend compte qu’aucun des régimes tant coloniaux que nationaux n’a poussé le cynisme jusqu’à proclamer à haute voix son essence réelle et ses fins véritables, constituant un corps de doctrine qui ait pris pour principes publics et proclamé les exigences de l’exploitation humaine, les formules même de l’oppression.

Plutôt désireux de soigner leur

image et de légitimer leur conduite criminel, ils ont toujours veillé à gagner le consentement de l’opinion publique, utilisant toutes les ressources de la pensée et de la

2

communication pour se présenter comme des promoteurs de l’humanité et du bonheur de ceux-là même qu’ils exploitent, dans un effort constant de donner de la réalité une image séduisante mais fausse.

Cette conciliation de l’opinion publique pour le mal est l’un des piliers dont les malfaiteurs ont besoin pour asseoir et pérenniser leur entreprise. Car, comme le dit P. Nizan, « la bourgeoisie divine que son pouvoir matériel exige le soutien d’un pouvoir d’opinion, ne subsistant en effet, que par le consentement général, elle doit inlassablement donner à ceux qu’elle domine des raisons valides d’accepter son Etablissement, son règne et sa durée. Elle doit faire preuve que son confort et sa domination, ses maisons et ses dividendes sont le juste salaire que la société humaine lui consent en échange des services qu’elle rend. Le bourgeois méritent d’être tout ce qu’il est, de faire tout ce qu’il fait, parce qu’il entraine l’humanité vers son plus haut, son plus noble destin. Travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’il travaille, qu’il exploite, qu’il massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste et elle-même doit le croire ».1

1 P. NIZAN, Les chiens de garde, p. 65.

3

De ce point de vue, l’histoire du Congo est une histoire dune longue mystification : le mythe de la civilisation, le mythe de l’Independence, le mythe de la révolution, le mythe de l’authenticité, le mythe de la libération, le mythe de la démocratie…

Cette histoire de la mystification est

inaugurée avec une expertise remarquable par le Roi Léopold II dans son discours d’ouverture de la conférence géographique de Bruxelles, laquelle se conclua avec la création de l’Association Internationale pour l’Exploration et la Civilisation de l’Afrique et conduira à la création de l’Etat Indépendant du Congo2

Alors que son seul but était de donner une colonie économiquement rentable à son petit Royaume, il se présenta plutôt comme un philanthrope et posera ainsi les bases du mythe de la colonisation comme civilisation.

En bon mystificateur, Léopold II qu’il n’est pas guidé par des vues égoïstes en organisant cette conférence, son seul rêve était de faire de Bruxelles, la capitale de la petite Belgique, le quartier général du mouvement civilisateur qui plantera

2 MUTAMBA MAKOMBO, L’histoire du Congo par les textes.

Edition universitaire Africaine, Kinshasa.

4

définitivement l’étendard de la civilisation sur le sol de l’Afrique Centrale.

Comme sous Léopold II, le mal congolais fonctionnera à coup de mystification. Cette mystification prendra plusieurs formes toutes ordonnées à imposer et à légitimer les vérités officielles pour fructifier le mal, tout en couronnant les oppresseurs et leurs œuvres d’une auréole des vertus qu’ils ne méritent pas :

1. LA MYSTIFICATION UTOPIQUE

Ordonnée à légitimer et à imposer

le mal en le dotant d’une assise des pseudo-promesses d’un avenir meilleur pour les victimes du mal congolais, destinée seulement à les enfermer dans l’attentisme et à les détourner du sentiment de la souffrance présente et de la révolte pour un autre monde, comme dans le cas de tous les projets de société que vendent les leaders politiques.

2. LA MYSTIFICATION IDEOLOGIQUE Ordonnée à légitimer et à

imposer le mal en le dotant d’une assise pseudo-intellectuelle de rationalité, comme

5

dans le cas du discours de la colonisation comme civilisation ou de la doctrine du mobutisme canitie authenticité africaine ;

3. LA MYSTIFICATION JURIDIQUE

Ordonnée à légitimer et à

imposer le mal en le dotant d’une assise pseudo-légale, qui consacre, dans l’injustice, le respect constitutionnel de la loi, et de la violation ; cas de la plupart des lois coloniales dénoncées par Patrice E.LUMUMBA ou des constitutions taillées sur mesure et manipulables à souhait ;

4. LA MYSTIFICATION

INSTITUTIONNLLE Ordonnée à légitimer et à

imposer le mal en le dotant d’une assise pseudo-démocratique, qui confère au pays les allures et les formes d’une nation moderne, comme dans le cas de toutes ces institutions importées d’Occident qui ne sont républicaines que de nom ;

5. LA MYSTIFICATION SYMBOLIQUE Ordonnée à légitimer et à

imposer le mal en le dotant d’une assise

6

pseudo-éthique destinée à l’exaltation de la personne du bourreau comme incarnation de haute valeur de l’humanité.

Comme dans le cas du culte du Blanc civilisé et civilisateur ou des président prédestiné, unificateur, pacificateur, démocratie, bienfaiteur…

Le plus grand ennemi de cette entreprise de mystification est ce que P. Nizan appelle la pensée dangereuse, c’est-à dire la pensée incapable de soumission à l’ordre du mal qui pèse sur les opprimés, de s’accommoder à l’esclavage de l’homme et engagée contre cet esclavage et contre ses soutiens dans une offensive théorique et pratique pour le bien3.

C’est pourquoi, les machines

étatiques de la mystification ont toujours monté des stratégies d’étouffement ou de mise en échec de la pensée libre, son contrôle, son brouillage, son interdiction. Pour ce faire, en dehors des indigènes qu’elle destinait au sacerdoce catholique, la colonisation s’est contenté d’une alphabétisation et d’une scolarisation fort élémentaires et encore seulement utile à la rentabilité de l’œuvre coloniale ; et il a fallu attendre la veille de l’indépendance pour qu’elle procède à la

3 NIZANP., Les chiens de garde, pp77 et 111-112.

7

reforme de l’enseignement et ouvre aux indigènes les portes de l’université, au point que la destinée du Congo indigène était entre les mains d’une poignée universitaire inexpérimentés et évolués souvent autodidactes qui savaient à peine lire te écrire4. Le pouvoir colonial n’hésitait pas à réprimer toute tendance ou toute critique de son régime.

Quant aux régimes

autochtones, nous avons déjà eu à évoquer le musèlement et la répression de la pensée libre sous la dictature de Joseph-D. MOBUTU. Il faudra aussi mettre sur ce compte la dégradation planifiée de l’enseignement, la répression des révoltes des étudiants et des intellectuels, la création du ministère de la mobilisation et propagande populaire, l’institutionnalisation de la loi et des groupes d’animation politique pour chanter les louanges du guide.

Il ne faut surtout pas se leurrer

sur l’avènement du pluralisme politique et médiatique. Car, loin de consacrer la fin de l’opacité sociale et le développement de la culture de la gestion rationnelle du pays, il a

4 KALONDA DJESSA J.G., Du Congo prospère au Zaïre en

débâcle, l’Harmattan, Paris, 1991, p94.

8

plutôt donné lieu au clientélisme idéologique avec l’inflation des débats pseudo-intellectuels, bruyamment médiatisés, et destinés à la démagogie, à l’endoctrinement, à la fanatisation et au brouillage de l’exercice sain de l’analyse sociale et critique de la politique5.

La mystification, dans le cas du

conflit EKONDA-ESWE, consiste dans le fait de tromper et se tromper jusqu’à soi-même, pour se donner bonne presse et bonne conscience, pour justifier et rentabiliser le mal, pour lui assurer une beauté de façade, afin d’accomplir ses œuvres mauvaises dans l’acceptation anesthésiée des victimes.

CHAPITRE II EKONDA-ESWE : UNE

AFFABULATION MEURTRIERE

Le virus qui ronge la conscience

identitaire des fils d’ONKUTSHU MEMBELE est

5 HALIMI, S., Les nouveaux chiens de garde. Paris, Raison

d’Agir, 2005.

9

un monstre créé par les acteurs sociaux contemporains pour un positionnement politique chevauchant arbitrairement les secteurs lignagers circonscrits de la tradition et de la modernité dans un cadre conceptuel peu satisfaisant. En survolant la petite histoire de cette affabulation à travers son argumentaire chaotique dans une prise en charge réflexive, nous aboutirons à la vanité de cette idéologie.

2.1. LA PETITE HISTOIRE DE

L’AFFABULATION La viabilité politique du peuple

Kusu-tetela commence en 1959 avec la tournée de propagande au Sankuru de P.E. LUMUMBA et l’installation des comités du M.N.C. dans chaque chef-lieu de territoire.

Les présidents de ces comités

sont tous Kusu-tetela originaires des 7 territoires administratifs du district du Sankuru d’alors : SHAKO Joseph et OHAMAMBOYA Emile de Lodja, WETSHOMBA Modeste et KIPOKE Pépin de Kole, ONYA Albert de Katako-Kombe, SOMBO Alexandre de Lusambo, KOYALODE Jean de Lomela, KAFUA Cyrille de Lubefu et LONGOMO André de Dekesse. C’est ce bloc qui inaugure l’entrée en politique des

10

AKUTSHU-MEMBELE sans aucune discrimination.

La première fissure apparaitra

dans la délégation de la province de Léopoldville au congrès des ANAMONGO de mars 1960. Dans la première liste des délégués, les membres de l’association des ressortissants du territoire de Lodja ne figuraient pas. Après leur protestation, certains noms furent insérés mais le soupçon commençait à s’installer, le groupe de Lodja voyait une certaine marginalisation de la part des autres et ils en ont gardé un pli.

Les travaux de Congrès des

ANAMONGO se sont déroulés normalement. Mais au moment de signer les noms des futurs candidats aux élections législatives, les 7 noms retenus par l’assemblée étaient ceux des ressortissants des seuls deux territoires KATAKO-KOMBE et LUBEFU. A la fin des travaux des murmures se sont levés de milieu des ressortissants de Lodja. Mais le Président de district de M.N.C/L, l’Abbé Athanase NDJADI avait minimisé les réactions6.

6 OHAMAMBOYA MATAMBWE E., La vie politique au

Sankuru, Inédit p.5

11

Au congrès provincial de Luluabourg où les chefs coutumiers et les représentant des partis politiques de l’époque de réunirent pour préparer les élections provinciales et la mise en route des futures institutions nationales, la délégation de district du Sankuru remit la liste proposée par le Congrès des ANAMONG de Lodja.

Là, les ressortissants de Lodja firent éclater leur colère et président national du M.N.C, P.E. LUMUMBA dû intervenir en envoyant Bonaventure LUTULA à Lodja chercher à insérer un ressortissant de Lodja sur la liste. Le choix est tombé sur DIOMASOMBO André7. La liste des 7 noms pour les 7 sièges aux institutions nationales attribués au Sankuru est la suivante : SHAKO Joseph, DIOMASOMBO André, LUTULA Bonaventure, KIHUYU Etienne, DIUMI Armand, LONGANGA Michel, et OKITO Joseph.

Pour les élections provinciales

sont retenus :

1. Lodja : WELO André, KONGA Paul, WELO Albert, et OMBALA KONDE Lambert.

2. Lomela : KOYALODI Jean 3. Katako-Kombe : OHEMBA Jean, INGA

Paul, OMANYONDO Emile.

7 Idem, p.6

12

4. Kole: WETSHONGA Modeste, OKEYA Justin, ETSHINDO Gustave.

5. Lubefu: KAFUE Cyrille 6. Lusambo: MBAYI Evariste, SUMBU

Alexandre, Ndekesse: LONGOMO André.

Au gouvernement provincial de Luluabourg, ce sont LUHATA Joseph et ONYA Albert qui représentent le M.N.C./district du Sankuru en qualité de Ministre de l’intérieur et de l’agriculture. Entre temps, l’Abbé Athanase NDJADI KOMBA était devenu le commissaire du district de Sankuru en remplacement du commissaire Jacques YULA nommé par Léopoldville.

Les conclusions du conclave de

Louvanium du 22/07/1962 aboutissent à l’érection de plusieurs régions en provinces. La loi du 14 aout 1962 portant la création de la province du Sankuru ouvre une nouvelle perceptive politique et une opportunité à la structuration de la communauté. La province du Sankuru sera constituée par les territoires de Kole, Lomela, Lodja, Katako-Kombe, Dekesse, Booke, Lubefu (sans le secteur des Basonge) ainsi que le secteur de Misumba en territoire de Mweka.

13

Les concertations entre les conseillers provinciaux pour la formation du bureau de l’assemblée provinciale se mirent en route immédiatement. Un conseiller représentant le groupe de Lodja Albert WELO ne participe pas aux concertations. Le bureau de l’assemblée provinciale verra le jour avec les membres suivants :

1. Président Joseph OHEMBA 2. Vice-président Joseph

LOHATA 3. Secrétaire André WELO 4. secrétaire rapporteur Charles

ON’OKOKO. Après la constitution du bureau

de l’assemblée provinciale, les conseillers commencent les consultations pour la désignation des candidats au poste du Président du gouvernement provincial. Les membres des institutions nationales, députés et sénateurs proposent à l’assemblée provinciale de confier ce poste à l’Abbé Athanase NDJADI, président du M.N.C/L et commissaire du district de Sankuru.

Une délégation conduite par le conseiller provincial Albert WELO, groupe de Lodja, ira demander à l’Abbé NDJADI de se désister en faveur d’Eugène LUTULA disposant

14

d’une audience politique nationale plus large. L’Abbé NDJADI se serait fait convaincre de briguer la vice-présidence, les résultats de la démarche étant parvenus auprès des autres représentants du Sankuru, une délégation amenée par le Ministre André DIOMASOMBO ira tenter de faire changer d’avis au candidat pressenti par la majorité.

Devant le refus de l’Abbé de revenir sur sa décision, André DIOMASOMBO se présentera comme candidat à la présidence du gouvernement provincial avec prétexte qu’Eugène LUTULA n’a pas participé à la lutte pour la constitution de la province et n’est pas connu au Sankuru. Pendant la campagne électorale, des tiraillements se font entre le camp NDJADI et le camp DIOMASOMBO et un clivage d’intérêts politico-claniques s’installe avec des velléités de division.

A l’issue des élections, André

DIOMASOMBO est élu Président de la province du Sankuru et l’Abbé Athanase NDJADI son vice-président. Les membres du gouvernement seront Sylvain LOKWA, Médard OLONGO, D. LONGNGULA, Michel EMUNGANYA, J. DJAKOLO, S. WEMBOLOWA, Paul SUMBU, J. MIKOBI et Justin KASONGO MUKUNDJI. Le nouveau Président se rendra à Léopoldville

15

(Kinshasa) pour faire légaliser son gouvernement.

Pendant qu’il était en mission,

le Président de l’assemblée provinciale prononce le discours d’installation du gouvernement dans lequel il met l’accent sur le développement du Sankuru et l’unité de sa population. Mais au sein de l’assemblée provinciale, la division s’était déjà installée et les conseillers étaient partagés en deux camps de 7 membres. Le groupe qui n’a pas accepté l’élection de DIOMASOMBO André avait constitué le parti de l’opposition à l’assemblée. Depuis l’élection du Président du gouvernement, la partie pro-gouvernementale tenait des propos provocateurs et vexatoires à l’endroit de l’autre partie. Celle-ci s’est mise à réagir violement et à contester la légalité de l’élection du Président qui n’a pu passer qu’avec l’unique voix du président de l’assemblée violant ainsi la loi fondamentale qui exigeait la majorité absolue.

Malgré la confirmation du

gouvernement provincial DIOMASOMBO par le gouvernement central, les conseillers de l’opposition prennent ombrage et passent dans la clandestinité jusqu’à se retirer à Lusambo avec le Vice-président du

16

gouvernement pour aller former un gouvernement parallèle dont la direction est confiée à Eugène LUTULA.

Ce groupe ira jusqu’à

Léopoldville en septembre 1962 faire des démarches pour renverser le gouvernement légalement installé mais ils n’y parviendront pas et seront obligés de revenir à la raison sous la pression du premier Ministre ADOULA.

C’est pendant cette période de

tiraillement que se produiront les incidents de Katako-Kombe qui provoqueront la mort de Clément NGANDU, Président de la milice passée du coté du gouvernement parallèle formé par l’opposition à Lusambo à la suite du Vice-président Abbé NDJADI. Ayant appris le passage de Katako-Kombe dans l’opposition, le Président du gouvernement provincial envoya un corps expéditionnaire des policiers pour rétablir la légalité à Katako.

A leur arrivée, les policiers sont

arrêtés, désarmés et enfermés par la milice locale. Pendant les tractations de la décision à prendre pour les prisonniers, le commissaire de police WEMBO Benoit qui avait gardé son revolver, sentant le danger d’être éliminé avec sa délégation décida de tirer à travers la

17

fenêtre sur le chef de la milice Clément NGANDU, il l’abattit et profita de la confusion créée pare la mort du chef du groupe pour sauter avec ses gens sur le camion et fuir vers Lodja. Cet incident sera interprété comme une agression flagrante du groupe de Lodja envers les autres groupes.

Les conseillers du groupe

parallèle reviendront de Léopoldville à Lodja le 2 avril 1963 pour la session ordinaire du parlement provincial. A cette occasion, le conseiller pro-gouvernement DIOMASOMBO, Paul KONGA présenta une motion écrite sur la neutralisation du secteur Batetela de Lodja, le paiement des chefs coutumiers, les statuts des agents des circonscriptions administratives et l’interpellation du Ministre des travaux Publics sur les fonds accordés par les Nations-Unies pour la réparation de la digue de la Lokenye et l’aéroport de Lodja. Au cours de la même session, plusieurs interpellations sur les détournements des fonds public ainsi que le dossier de la société commerciale Santos furent lancées aux membres du gouvernement.

Suite à une indiscrétion, le

texte de la motion était en circulation dans la cité et une conférence de presse serait tenue

18

par le conseiller Emile OMANYONDO au bureau du secteur Batetela autour de la neutralisation de ce secteur. L’auteur de la motion déposa alors une plainte à charge du secrétaire du parlement Charles ON’OKOKO auprès d’un O.P.J pour violation du secret professionnel.

Suite à ces incidents et à

d’autres charges qui pesaient sur lui (détournement des fonds publics et dossier Santo), le bureau de l’assemblée cherchait à entendre le conseiller WELO Albert, porte-parole de l’opposition, mais l’intéressé ne se présentait pas. Alors l’assemblée fit prévaloir sa compétence et après examen du dossier de son immunité parlementaire, et décréta sa mise en résidence surveillée. La réaction de l’opposition ne se fit pas attendre ; une foule menée par le membre du gouvernement provincial WEMBOLOWA organisa une marche de protestation vers la résidence du Président du gouvernement pour exiger la libération du conseiller WELO Albert.

Le 12 mai 1963, le Président du

gouvernement DIOMASOMBO André leva les mesures prises contre le conseiller WELO Albert. Une foule de ses partisans tous clans confondus vinrent le porter en triomphe à

19

travers la cité en chantant des chansons de victoire et de provocation envers l’autre camp et en brutalisant les gens sur leur passage8.

Le camp pro-gouvernemental, également tous clans confondus, organisa à son tour une contre-manifestation jusqu’au domicile du Conseiller WELO Albert. Dans la confusion, une grenade offensive aurait éclatée et fait deux victimes.

La foule se dispersa dans la

panique mais la milice du camp gouvernemental s’était retirée9 pour déclencher des représailles. Une bagarre faisant des morts, des blessés et d’importants dégâts matériels mettra la cité de Lodja sens dessus sans aucune raison apparente d’affrontement.

Les fils de NGANDO, Ndjovu et

Watambolo du secteur Batetela de Lodja s’entre-déchirent et fond couler le sang de la parentèle. Les clans périphériques ayant pris partie pour le camp gouvernemental commencèrent à menacer les partisans de l’autre camp composé essentiellement des gens de l’administration et des habitants des

8 OHAMAMBOYA MUTAMBWE. E., La vie politique au

Sankuru, inédit, p. 5. 9 C’est le congrès partisan d’OYOMBO avec M. DEVOS

20

villages périphériques des anciens auxiliaires de la colonie constituant le secteur Batetela.

Sous cette pression, ceux-ci

déménageront pour aller habiter à Djalo10. Ainsi sans dire son nom, un

clivage sociopolitique était né et une fracture culturelle s’est installée dans le tissu clanique des fils d’OKUTSHU-MEMBELE avec des stigmates profonds de cette lutte fratrivore.

2.2. UNE VACUITE

ARGUMENTAIRE Si l’idéologie séparatiste

EKONDA-ESWE11évolue dans une clandestinité conceptuelle et se développe dans un réseau émotionnel souterrain, c’est par manque d’arguments qui résistent à l’analyse. Depuis son éclosion et durant toute son évolution, elle n’a pas connu une élaboration

10

Ce nom désigne le plateau compris entre les rivières Deembe et Owadi à la frontière entre les Odjangi et le Yenge, Les déplacés de Lodja sont venus y construire leur cité qui a porté le nom, qui a ressemblé à l’inversion des syllabes de LODJA=DJALO. 11

L’expression signifie” FORET-SAVANE” pour designer l’opposition créée entre deux fractions de l’assemblée provinciale du Sankuru qui se sont affrontées en conflit en 1963.

21

épistémologique formelle ni une prise en charge réflexive soutenue.

Elle s’est généralement

manifestée par les effets secondaires d’un psychisme handicapé par le complexe d’auto-affirmation et d’une volonté de puissance anarchique de certains acteurs sociaux héréditaires d’une société segmentaire à mentalité de suffisance débridée.

Déjà la terminologie

idéologique EKONDA-ESWE manque de prise. Son transfert métaphorique de la flore tropicale à une appropriation socio-culturelle politiquement utile, en dehors de toute théorisation, pose problème.

Cette substitution analogique

ne se retrouve pas réellement dans le géotope des AKUTSHU-MEMBELE du Sankuru à moins d’une mystification. En effet, le territoire des KUSU-TETELA su Sankuru situé entre le 2ème et le 5ème parallèle depuis le 21ème jusqu’au 26ème méridiens, se trouve être une SAVANE-BOIS dont il est difficile d’établir une démarcation nette entre les essences.

Depuis la dispersion des fils

d’OKUTSHU-MEMBELE à partir de leur foyer

22

originel d’ENYAMBA A WADI dans le territoire du Sankuru-Lomami et leur fixation sur ce territoire après des luttes inter claniques, il n’y avait pas eu de découpage territorial. Chaque clan vivait sur sa terre. La colonisation et l’administration territoriale s’en sont servies de manière arbitraire, pour organiser la gestion rationnelle de la région. Le mythe EKOMDA-ESWE est donc imaginaire.

Le projet séparatiste est né

dans la cité de Lodja et se développe autour de ce territoire. Paradoxalement, les chefs de file de ce conflit sont tous des élus de cette circonscription. Les protagonistes fanatiques de cette idéologie se retrouvent surtout dans ce milieu.

C’est donc à partir de ce foyer

qu’une configuration foncière pourrait se concevoir pour départager éventuellement les groupes de manière à ce les forets soient d’un coté et les savanes de l’autre. Et puisque 8des 9 secteurs du territoire de Lodja ont implicitement pris partie pour le camp de la « foret »12, alors Lubefu et Katako-Kombe reviendraient aux ESWE.

12

Aucun referendum n’a été organisé pour recenser les partisans réels de cette partition.

23

Mais alors, où placer la frontière entre les EKONDA et les ESWE ? Hypothétiquement et considérant la genèse du conflit, plaçons la limite entre les territoires de Lodja avec les secteurs de KONDO-TSHUMBE, d’un coté et KATAKO-KOMBE avec les secteurs d’OKOLONGO et de NGANDO de l’autre.

Mais ce montage fictif est

démenti par la géographie physique car un regard attentif nous fait découvrir qu’il n’y a pas d’un coté la foret et de l’autre la savane. Le clivage est plutôt psychologique et mental. Poursuivant l’investigation, nous découvrons que le territoire de Lodja est à 70% dans la savane.

Il n’y a qu’en faire le tour en

commençant par la plaine de DJONDO dans le secteur des Nambelo Lohembe, celle d’Ongondo à Kondo-Tshumbe, de Mongolema et d’Oyomba chez les Olemba, celle de Lowale à Lotshimba-Eduo-Pete, celle de Ngembe dans les Lukfungu, celle de Diengenga-Esenge chez les Mvunge, etc. ou est la foret à laquelle s’identifieraient les fils d’OKUTSHU-MEMBELE qui habitent le territoire de Lodja ? Les galeries forestières bornent les rivières du territoire ne sont pas propres à un groupe clanique.

24

Et parlons-en des clans, le conflit du 12 mai 1963 qui a ébranlé la parentèle des AKUTSHU-MEMBELE a évacué le lien de sang par le manipulation du récit généalogique que la stratégie politique des prétendants au pouvoir ont mis en place.

LODJA-MPUTU, capitale des ANAMONGO, fondé en 1902 par PELZER (Pili pili) à Deko chez les Mvunge, était peuplé d’une constellation des clans des AKUTSHU-MEMBELE.

Les descendants de Ngando, Ndjovu et Watambolo ont reconstitué une confédération clanique dans le poste d’Etat élevé plus tard en secteur administratif dénommé Batetela13

En récupérant des terres sur les

Nambelo, les Mvunge, les Lotshimba et les Olemba, l’Etat a érigé un centre extra-coutumier entouré des villages des anciens auxiliaires et des anciens combattants14.

13

Ce nom vient de l’appellation donnée aux soldats KUSU-TETELA des NGONGO LETEETA qui ont mené les révoltes contre l’Etat pour l’occupation coloniale de la région. Démobilisés, ils habitaient autour des postes d’Etat comme Lubefu, Katako-Kombe, Kole, Lomela et Lodja 14

Autour de Lodja, il y avait: MBOO, ASOMELO, VIMBO KANDOL, TUNGUNGA, DISASHI, FUNDJI, AVOKI, ASHIKINGONDO, OMOMBO, KALEMA, ESENGE, LOMBOLE.

25

Les 8 secteurs du territoire de Lodja supposés appartenir aux EKONDA et présumés se liguer contre le secteur Batetela sont des clans des trois fils d’OKUTSHU-MEMBELE : de NGANDO descendent les olemba, les Nambelo, les Mvunge, les Lotshimba ; de NDJOVU on a les Kondo, les Wema, les Lukfungu ; de WATAMBOLO ce sont les Omuna, les Losa, les Kolombe, les Eduo, les Pete.

Ainsi le conflit EKONDA-ESWE

est doublement fratricide : ce sont les clans des fils d’OKUTSHU-MEMBELE résidant dans le territoire de Lodja, et entre eux, qui se sont affrontés pour une affabulation de positionnement politique de quelques individus.

CHAPITRE III

LA GESTION MEDIATIQUE CONJONCTURELLE DES

TROUBLES DE MARS 2014 A LODJA PAR DES PARTISANS

ENGANGES15

15

Nous reproduisons littéralement ici les articles de presse des protagonistes pour être le plus proche possible avec leurs point de vus sur les événements.

26

1. LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEUR DU KASAI-ORIENTAL SUITE A SA CONFERENCE DE PRESSE SUR LES EVENEMENTS DE LODJA (Honorable professeur Berthold ULUNGU LUKATA)

Monsieur le Gouverneur, Nous avons suivi avec

beaucoup d’intérêt l’essentiel du message que vous aviez voulu porter à la connaissance de la population congolaise par le biais de votre conférence de presse. Nous nous sommes engagés à observer le calme et le silence dans le déroulement de cette affaire qui n’honore personne dans notre province, notre district, nos territoires, nos secteurs et nos villages. Nous nous sommes limités aux appels à la retenue, au respect de l’ordre public, la confiance aux institutions de la République et l’espérance que justice sera faite dans l’Etat où nous vivons. Malheureusement le caractère partisan de certaines de vos prises de position nous inquiète. Pour rétablir tant soit peu la vérité, nous sommes contraints d’écrire cette lettre afin d’éclairer la lanterne de l’opinion nationale. Lorsqu’on écoute les dites prises de position, les termes leader, justice, division et régner reviennent à tout bout de champ.

27

UN KULUNA LEADER ? Dans votre message précité,

vous avez présenté sieur OYOMBO alias Eketo (Gorille), la terreur de nos compatriotes de Lodja, Lomela, Lubefu, Katako-Kombe comme le « leader » de la communauté des « Eswe » (gens de la savane non-originaire de Lodja) en conflit avec les « Ekonda » ( de la foret, originaires de Lodja), ce qui constitue une insulte au peuple du Sankuru en général et à la dite communauté en particulier.

En effet, cette personne

a été :

- Arrêté à Lodja de décembre 2013 à janvier 2014 à la suite des batailles rangées entre sa bande et celle rivale de Marino.

- Arrêté à Lomela le 18 janvier (voir

photos) pour vols avec violences et association des malfaiteurs.

- Poursuivi par la justice pour voies de

fait sur un Chef de secteur érection des barrages sur le voie publique et extorsion des biens.

28

A. DES EVENEMENTS a. Tout est parti d’une

dispute entre deux groupes dans l’association professionnelle des conducteurs des motos de Lodja, qui a entrainé une intervention de la police au cours de la quelle un certain OYOMBO alias « EKETO » (Gorille), chef d’une des deux factions en conflit a agressé l’administrateur du territoire et des policiers dont l’un a tiré sur lui, provoquant son décès.

De fait, vous ne dites pas la

vérité lorsque vous affirmer que la moto ravie per les « Ekonda » était propriété des « Eswe ». En effet, la moto dont question est la propriété de mon cousin DIWOKO (du secteur de Mvunge, territoire de Lodja). Au moment de sa saisie pour bris de grève per un motard Ekonda, ladite moto était conduite par monsieur Pierre LUFUDU, un autre Ekonda. Il n’y a dès lors jamais eu confiscation d’une moto des Eswe par des Ekonda comme vous vous évertuez à les faire croire avec beaucoup de légèreté.

b. Après la mort d’OYOMBO, des

membres de sa bande s’en sont pris à des « Ekonda », mettant le feu à près de 80 maisons et deux écoles. En réaction, des jeunes « Ekonda » ont incendié six maisons

29

dont une école primaire, propriétaire des « Eswe » ;

c. A peine arrivé à Lodja, 3 jours

plus tard, vous avez attribué dans les médias les incidents du 25 mars à un conflit ethnique entre « Ekonda » et « Eswe ». A la fin de votre séjour, vous ferez arrêter le président de la Notabilité Rénovée de Lodja (NORELO) et pour « équilibrer » vous incarcérez aussi son homologue de l’Union des ressortissants de Katako-Kombe et Lubefu à Lodja (UNIKALO).

Ramenés « manu militari » à Mbuji-Mayi, ils ont été écroués. Curieusement, l’auteur présumé du coup de feu mortel, un policier (voir réquisition n°125 du 26 mars 2014 du procureur de la République de Lodja) et les auteurs présumés des incendies de part et d’autres dénoncés par la société civile de Lodja n’ont pas été ramenés à Mbuji-Mayi.

d. Le 28 mars à Tshumbe, la

Révérende sœur Charlotte WALO et Monsieur Bruno WANDJE ont été enlevés. Battus et séquestrés de 14h à 20h00 par des personnes qui les prenaient faussement pour des « Ekonda ». Le lendemain, le logement de deux étudiants de Kole ont été incendiés. Le 1er avril, à Katako-Kombe, des malfrats ont

30

enlevés et séquestrés 4 commerçants, MM. NDJOVU OSOMBO, KONDE WELO, OSAKO DIMANDJA, NGELE TOWOSHI et leurs deux porteurs, tous originaires de Lodja en provenance de Kindu. Dépouillés de leurs marchandises, ligotés, lestés de pneus imbibés d’essence, les infortunés n’échapperont à la mort que grâce au commandant de la PNC Katako-Kombe qui les a arrachés des mains de leurs bourreaux qui blessèrent le commandant. On ne vous a pas entendu parler de ça.

B. LE GOUVERNEUR DE

PROVINCE FAIT-IL PARTIE DE L’ORDRE JUDICIAIRE ?

Nous avons déploré le fait que tout se passe comme si la notion de séparation des pouvoirs n’a aucun sens dans notre province du Kasaï-Oriental.

Plus d’une fois, je vous ai entendu déclarer « j’ai arrêté JACOB, j’ai aussi arrêté le président de l’UNIKALU OMANYONDO ».

Monsieur le Gouverneur, pensez-vous être dans votre rôle ? Depuis quand les fonctions de chef de l’exécutif provincial se confondent-elles avec celles de juge, d’officier du Ministère public ou de police

31

judiciaire ? Avez-vous le droit de divulguer sur la place publique tous les détails d’une affaire en instruction alors que l’instruction juridictionnelle est réputée secrète ? Ignorance ou volonté délibérée de nuire ?

Votre réquisitoire oublie d’évoquer les nombreux appels à la retenue de Jacob DIMANDJA de la NORELO qui semble être devenu votre bête noire. Parlant de tracts, vous accusez cet opérateur social, père de famille dont vous avez fait votre prisonnier personnel d’avoir rédigé pour saper votre autorité. Il s’est agit plutôt d’un entretien que vous avez eu avec M. DIMANDJA au cours duquel vous n’avez pas supporté qu’un « moins que rien » ose critiquer votre méthodologie comme si nous n’étions pas dans un pays démocratique.

Par ailleurs, les circonstances de l’arrestation de Jacob DIMANDJA sont sujettes à caution puisqu’il nous revient qu’un « mandat d’amener » n’a été versé dans le dossier par des magistrats indélicats que plusieurs jours après la déportation de votre prisonnier personnel à Mbuji-Mayi.

C. PARODIE DE JUSTICE Je suis au regret de constater

que, abusant de vos pouvoirs, vous avez arrêté, séquestré et transporté 4 citoyens à

32

Mbuji-Mayi contre leur gré, dans une tentative de les soustraire, le cas échéant, à leur juge naturel qui est à Lodja. Les motivations ne sont-elles pas dictées par une volonté de règlement de comptes personnel ?

En effet, vous n’avez pas arrêté, ni le tireur du coup de feu fatal, ni les pyromanes.

Que deviennent ceux qui étaient sensés représenter l’autorité de l’Etat à Lodja et par qui le drame est arrivé ? Innocentés par vous avant même le procès, ils ont simplement été soustraits de la justice par mutation vers d’autres juridictions.

Cette parodie de justice ressemble bien à une mise en scène de la fable « les animaux malades de la peste » de Jean de la fontaine. Car elle fait porter le poids de la culpabilité à des animateurs de mutuelles communautaires pour la simple raison que certains membres de leur communauté se sont mal comportés. « Si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère ». Semble être votre leitmotiv arbitraire et contraire à l’Etat de droit ou l’infraction est toujours individuelle.

33

D. LA POLITISATION DES EVENEMENTS DU 26 MARS 2014 A LODJA

Dans la plupart de vos déclarations, vous semblez, Monsieur le Gouverneur, ignorer ou méconnaitre les principes qui guident la répartition de postes de pouvoir au sein de la majorité à laquelle vous appartenez. Celle-ci ne se fait pas de manière arbitraire. Il y a des critères tels que l’appartenance à la famille MP, le poids politique c’est-à-dire non seulement le nombre de voix de préférence individuelle mais aussi le nombre d’élus venant à son parti ou regroupement politique (l’Assemblée Nationale) et bien sur la compétence et la géopolitique. Je vois très mal l’Autorité morale de la MP nommer des gens à des postes de responsabilité simplement parce qu’ils sont « Ekonda » ou « Eswe » comme vous tendez à le faire croire. D’où donc avez-vous tiré cette histoire de diviser pour régner ? Et qui donc divise qui, pour régner ? Il s’agit d’allégations purement dénouées de fondement.

Non Monsieur le Gouverneur, votre démarche de vouloir à tout prix « ethniser » un conflit entre des gens organisés dans une profession reconnue comme telle (les taxis-motos) mais mal gérée par vos propres services, induit l’opinion en erreur, et vous

34

tentez d’expliquer tout par n’importe quoi. Tenez, sous la 3ème République de nombreux fils du Sankuru ont occupé des fonctions de haute responsabilité : Directeur de cabinet du chef de l’Etat, Membres des bureaux de l’assemblée Nationale et du Sénat, Ministre, Gouverneur, ADG et j’en passe. Pouvez-vous nous dire qui avait en ces temps-là divisé pour régner sur qui ?

C’est plutôt votre lourde observation à ne vous en prendre qu’à une seule communauté qui nous plonge dans les risques de l’aggravation de la division.

Alors que la deuxième agglomération de votre province était à feu et à sang, n’est-il pas normal que certains de vos administrés critiquent la curieuse décision que vous avez prise d’aller passer 2 jours ailleurs pour inaugurer un centre de santé comme si cet acte protocolaire était plus urgent que le rétablissement de la paix et de la sécurité ? Faut-il pour autant les harceler et les torturer comme vous le faites ?

Monsieur le Gouverneur, il semble que vous avez horreur des gens qui ne vous obéissent pas au doigt et à l’œil mais il semble aussi que vous-même n’avez pas respecté l’ordre de votre hiérarchie : en effet, ce n’est pas un secret d’Etat que de révéler que, alors que le Ministre de l’intérieur et de la

35

sécurité vous a instruit d’aller le 28mars à Lodja toutes affaires cessantes pour restaurer l’autorité de l’Etat mise en mal par des gens bien identifiés, vous n’avez différé à cette injonction que trois jours plus tard pour des raisons que vous qualifiez de « tactiques ». Et qu’avez-vous fait dès votre arrivée à Lodja ? Vous avez : « divisé pour faire régner la paix » (sic).

Le dindon de cette farce sera un député provincial élu de Lodja, M. ESONGO A KOMBA, membre de la délégation qui est à ce jour très mal famé auprès de ses frères qui l’accusent de les avoir livrées à votre vindicte.

Monsieur le Gouverneur, ce jeu-là est malsain pour quelqu’un qui représente l’autorité suprême de notre pays. A moins que ce ne soit de la digression pour éviter les sujets qui fâchent : votre bilan des 8 ans de gouvernance, quelle école ou quelle action a été envisagée pour « civiliser » les fameux « mangeurs d’hommes » que vous auriez découverts à Lodja ? N’est-ce pas vous êtes accusé par vos administrés de Kabinda et du Sankuru d’orienter la quasi-totalité des projets de développement vers un seul district parmi les 3 qui composent notre province ? A titre d’exemple où sont passés les 42 millions d’Euros de la coopération technique Belge (CTB) initialement destinés en désenclavement

36

et réfection des routes de desserte agricole de (toue) la province du Kasaï-Oriental ?

Alors qui divise pour bien régner ?

En un mot comme en cent, il est très regrettable, alors que de tout évidence les événements du 26 mars à Lodja étaient nés d’une querelle interne à une association professionnelle et à la rébellion d’un membre de cette association contre la police, M. le Gouverneur, vous vous entêtez à en présenter la cause initiale comme un conflit ethnique. Il y a à craindre que pareille insistance de votre part à « ethniser » des incidents de délinquance ne fasse justement le lit de la haine ethnique.

Les mutualités NORELO ET UNIKALU étant à ce jour les seules structures crédibles d’encadrement communautaire au Sankuru, comme elles l’ont démontré en facilitant l’initiative de conciliation communautaire de l’Evêque catholique Nicolas DJOMO que vous êtes entrain de démolir systématiquement, la suspension de leurs activités et l’incarcération de leurs présidents à Mbuji-Mayi pour des motifs qui vous sont personnels ne sont de nature à ramener le calme, au contraire.

En guise de conclusion, je tiens à préciser que le but de la présente n’est

37

pas de polémiquer avec votre autorité. C’est un appel pathétique des populations de Lodja que je présente et qui ont besoin d’être prises en charge par un gouverneur provincial neutre et au service de tous les citoyens du Kasaï-Oriental quelles que soient leurs communautés d’origine.

Il est impossible d’éteindre un feu en y versant du pétrole.

Fait à Kinshasa, le 24 avril 2014.

Honorable professeur Berthold ULUNGU LUKATA

Député national élu de Lodja.

2. A PROPOS DE LA LETTRE OUVERTE DU PROFESSEUR HONORABLE DEPUTE NATIONAL BERTHOLD ULUNGU LUKATA, ELU DE LODJA (Secrétaire Exécutif du

gouvernement provincial du Kasaï-Oriental à Mbuji-Mayi)

Honorable, Quelle n’a été ma

stupéfaction, mon horreur et ma déception lorsque votre pamphlet ouvert à son Excellence Monsieur Alphonse NGOYI KASANJI, Gouverneur de votre province d’origine.

38

Ma première réaction ou du moins mon premier sentiment, fut celui d’amertume et de désolation ! Je me suis dit qu’il existe réellement un pas, alors un grand, entre un professeur d’université et Député National. Le premier étant un scientifique, donc un positiviste qui table son raisonnement sur l’objectivité et le rationnel et qui évite le plus possible de verser dans le sentimental et le sensationnel, le second est un politique, souvent comme c’est le cas pour vous, sans état d’âme, mais par l’instinct de conservation du pouvoir, et qui, comme tout le monde, a lu le Prince Nicolas de Machiavel, il n’est dicté, dans son comportement que par l’irrationnel et son souci constant est de se maintenir au pouvoir, de briguer et de s’assurer un nouveau mandat et dans votre cas, l’obtenir pour écraser et maintenir toute une population dans l’esclavagisme. Et vous le savez pertinemment bien Honorable, car j’écarte votre qualité de professeur scientifique dont je ne conteste nullement, au risque de constater que la science est au rabais. Qu’à cela ne tienne Honorable, vous êtes bien professeur d’université, et à ce titre, il y acertaines choses qui vous sont interdites de peur de devenir un vulgaire chantre d’un Ministre, en récompense du siège qu’l vous a gracieusement offert sur un plateau, un siège acquis au terme des

39

méthodes machiavéliques que vous avez utilisées pour l’arracher en déboulonnant votre frère LOWONDJI Alexis, celui-là même qui vous a servi en 2006 pour vous propulser Député avec ses propres moyens (vous vous rappelez fort bien de quelle manière vous êtes arrivés) à être plébiscité Meilleur élu du Sankuru ? Vous rappelez-vous Honorable de milices électorales que vous avez entretenues pendant la campagne pour terroriser les électeurs. C’est un simple rafraichissement de mémoire toutes ces méthodes dévoilent que les populations ne vous font plus confiance avec votre CCU.

Je reviens à vos diatribes qui, à mon humble avis, font la honte de votre profession de professeur d’Université.

Vous dites Honorable ou mieux, vous posez un questionnement : « un KULUNA leader ? »

Je constate tout simplement que vous manquez de maturité ! Vous êtes cruel. Pour vous un KULUNA peut être exécuté comme un chien sans avoir été condamné régulièrement par une juridiction compétente ? Mais Honorable, n’étiez vous pas par hasard un des commanditaires de la « messe noire » organisée au domicile de celui que vous qualifier de prisonnier du Gouverneur NGOYI KASANJI et au cours de laquelle vous aviez condamné OYOMBO à

40

mort ? Son exécution ne pouvait que vous satisfaire. Jean COMMIS n’était-il pas un KULUNA ? Pourriez-vous le condamner à mort s’il vivait encore ? Non professeur, je vous exhorte à revenir à vos réflexions d’éminent intellectuel et posez vos pieds sur terre ! Vous évoquez, soutenez et confirmez l’identification des BATETELA à partir de leur localisation, ceux qui habitent la savane vous les nommez ESWE, ceux qui habitent la foret vous les appelez les EKONDA ! Professeur, cette distinction n’est-elle pas une illustration manifeste de votre acharnement à diviser vos frères BATETELA ? Une question au professeur : entre le territoire de KATAKO-KOMBE et le votre, lequel possède le plus des forets ? Certainement celui de KATAKO-NOMBE ! Comprenez la bassesse de vos prises de position dans cette triste distinction entre les BATETELA !

Votre lecture des événements !

Là encore Honorable, Professeur, vous avez une drôle de façon de lire et de présenter les événements, une manière singulière à vous et qui rentre dans le droit chemin du raisonnement sinistre de votre maitre à penser. Les mêmes styles, les mêmes phrases, mêmes tournures à telle enseigne que l’on se demande ; qui plagie qui ? Est-c vous qui plagiez votre mentor ou vous qui mettez

41

dans la bouche de votre NGELO (entendez village) vos élucubrations verbales fondées sur la désinformation et des contre-vérités. Lorsque Jacob, le fameux, en compagnie de son peuple, le véritable KULUNA s’engage aux commandes d’une milice dont vous n’ignorez pas l’existence, une expédition punitive ou une attaque qu’il veut décisive pour exterminer « vos frères BATETELA » que vous nommez ESWE, lorsque, dis-je, cette opération est déjouée par la PNC, a suscité le courroux de votre Mentor qui s’est longtemps plu à diriger comme un empereur l’Empire de Lodja, cela fâche. Honorable, il était temps que l’on mette fin à cette anarchie et NGOYI KASANJI a eu le courage de l’arrêter et de restaurer l’autorité de l’Etat. Connaissez-vous la peur bleue qui s’emparait des fonctionnaires, des agents de l’ordre des animateurs des entités à l’annonce du nom de NGELO ! Entendez MENDE ?

Le feu qui a ravagé LODJA a été allumé par des personnes que vous connaissez parfaitement bien, et vous en faites partie Professeur. Cessez de distraire l’opinion. Votre comptabilité des conflits en province et votre minimisation de celui de LODJA et surtout sa réduction à un conflit corporatiste est surprenante ! Comme l’un des artisans de ce conflit, vous auriez eu le courage d’avouer l’existence d’antagonisme que vous provoquez

42

entre vos ESWE et EKONDA pour régner. On ne bâtit jamais sa puissance sur le sang de ses frères. Si jusqu’à ce stade, ce conflit ne dégénère pas, c’est tout simplement parce que les populations profondes ne vous suivent pas. C’est à ce titre que vous vous évertuez à organiser une milice pour terroriser des populations. Votre désarroi, c’est le début du démantèlement de votre milice NGELO MUTOMBOKI par NGOYI KASANJI. C’est cela la vérité ! Et comment expliquez le revirement de la CCU, Monsieur le Professeur.

Au lendemain du conflit, les députés, Sénateurs et Ministres ressortissants du Sankuru sont allés voir le Ministre de l’intérieur pour des dispositions sécuritaires à Lodja.

Au sortie du cabinet de S.E. Monsieur le Ministre de l’Intérieur, S.E. Monsieur le Ministre MENDE, président national de votre formation politique a déclaré que la situation à Lodja était préoccupante, que le Gouverneur de province a reçu instruction du Ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité de se rendre sur le lieu et de prendre des mesures qui s’imposent, pour rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat, que les auteurs de ces actes odieux soient sanctionnés conformément à la loi.

43

Et moi de me poser la question :

Est-ce par imposition ou pour plaire à l’opinion qu’il a fait cette déclaration ? Et quel est alors le mobile de votre acharnement, pendant que les décisions prises étaient impersonnelles et visaient à ramener le calme ? C’est une démonstration manifeste que vous êtes tacitement commanditaires et auteurs intellectuels de ces crimes odieux. La justice devra s’en saisir et vous poursuivre. Vos griefs sont en fait des griffes sans impacts car vous êtes profanes dans la gestion des entités.

En effet, les décisions prises dans ce dossier ont fait l’objet d’une réunion du comité provincial de sécurité tenue à LODJA.

Monsieur l’Administrateur, sachez-le, est mis à la disposition de la justice et il y répond. C’est aussi méchant de votre part de l’abandonner. De vous acharner sur son sort après des loyaux services qu’il vous a rendus comme relais de la police de la CCU. Voici que vous le remerciez en monnaie de singe.

Vous remarquez qu’il y a des sottises que vous évoquez et auxquelles je ne saurais vous répondre.

44

Téléguidage de la destination de l’Honorable Député provincial Charles PONGO du poste de Vice-président de l’assemblée provinciale.

Votre apitoiement sur son sort est cynique, ce monsieur ne fait que payer les revers de ses propres turpitudes. Qui ne sait pas que c’est votre relais à l’assemblée provincial, l’exécutant de votre politique ségrégationniste au SANKURU et qui a sa place en prison tout comme vous-même. Cet Honorable élu sur la liste du PPRD, on l’a vu lors des élections 2011, battre campagne pour NGELO au détriment de Jean Charles OKOTO du PPRD comme lui et qu’il a vilipendé tout au long de la campagne.

Pour clore Honorable, Parodie de justice ! Non,

justice réelle. Comment un Député National peut-il dénigrer à ce point la justice de son pays ? Leçon à tirer !

Vous vous plaisez beaucoup, professeur à citer les noms de vos compatriotes. Cela gène vos compatriotes au risque que vous deveniez ridicule. Qui sont les frères au Député Provincial ESONGO AKOMBA ? C’est vous et votre clique. La bande à Jacob qui l’ont séquestré parce qu’il vous persuadé à venir à la raison.

45

Vous attestez et témoignez par cette attitude que tous les ressortissants de LODJA ne partagent pas vos points de vue.

Le Professeur s’interroge sur l’utilisation des 42 millions d’Euros de la coopération Technique Belge (CTB) initialement destinés au désenclavement et réfection des routes de desserte agricole de (toute) la province du Kasaï-Oriental ? Ce qui est pénible et regrettable est que le Professeur ignore les procédés utilisés par les partenaires pour financer des projets ; notre très distingué Honorable ne sait même pas vers où diriger sa question. Eh bien, Honorable, adressez-vous carrément à la CTB, certainement elle vous fournira les détails sur vos fameux 42 millions d’Euros.

A ma connaissance, et c’est véritable, la CTB a entrepris et réhabilité le tronçon MUKAMBA-LUSAMBO avec un ouvrage de franchissement, soit un total de 300 km. C’est juste à titre d’information.

Revenons aux mentalités professeur.

Cessez de distraire les gens, les mutuelles sont des associations sans but lucratif d et donc apolitiques.

Pouvez-vous me dire, la main sur votre cœur, que la NERELO est apolitique ? Le mémorandum remis au

46

Gouverneur de province par le sieur DIMANDJA Jacob a-t-il un caractère apolitique ? Vous appartenez à l’organe qui crée les lois, sauriez-vous avaliser indéfiniment qu’un Asbl nargue une autorité établie ? J’attends de vous un cours ex-cathedra sur les Asbl pour être édifié. Vous savez pertinemment bien que cette NORELO est la caisse de résonnance des vos funestes plans visant l’épuration de vos frères d’autres territoires, des plans dont en votre qualité d’éminence grise, vous auriez savamment établis avec la bénédiction de votre mentor, notre bienfaiteur.

Votre conclusion ! Vous semblez décidément

déterminé à vous moquer des populations de Lodja en alléguant de telles affirmations. Vous représentez la population de Lodja ? C’est une vaste blague !

Moi, je conclue par ceci Professeur !

Respectez votre Gouverneur ;

Restez scientifique et rationnel,

Demeurez courtois au risque de jeter l’opprobre sur la qualité de Professeur d’Université.

47

Cessez vos intrigues et œuvrez pour le développement de votre territoire.

Respectez les institutions de la République représentées en province.

Evitez de verser dans le ridicule.

Merci. Fait à Mbuji-Mayi, le

29/04/2014. Le Secrétaire Exécutif du

Gouvernement provincial en charge des questions politiques et administratives.

3. GESTION MALADROITE DES INCIDENTS DE 26 MARS A LODJA. Tirs croisés sur NGOYI KASANJI ! (« Forum des As » N° 4612 du 28/04/2014, Gustave KABEYA) Ça vol bas au centre du

pays ! A Lodja dans le Sankuru, la tension monte de plusieurs crans. Non en raison des violences du 25 Mars 2014. Mais à la suite de la gestion jugée maladroite de ces incidents. Au banc des accusés : Alphonse Ngoyi Kasanji, Gouverneur du Kasaï-Oriental, réagissant à cette maldonne, un connaisseur des arcanes du grand Kasaï place le curseur sur le hic du

48

problème. A savoir le surdimensionnement des événements à base somme toute corporaliste de Lodja par l’autorité provinciale alors que l’espace kasaien charrie quantité de conflits ethniques ou communautaires autrement plus dangereux. Conséquence de ce qui apparait comme une « sur-réaction », Lodja le cosmopolite voit ressurgir les conflits entre autochtones et allochtones. Un mauvais signal à l’heure de la cohésion nationale. Ce n’est pas tout. Connu pour être le nec plus ultra de la Kabilie en pays tetela, Lodja risque de ne pas bien diriger politiquement les retombées de ce qui n’était au départ qu’un acte de banditisme comme toutes les villes du monde en connaissent.

GESTION INCONSCIENTE DES CONFLITS AU KASAI-ORIENTAL Les25 mars 2014, un conflit

au sein d’une association privée des taxis-moto a dégénéré en des violences à la suite de l’intervention de la police locale, un acte de rébellion envers les forces de sécurité lors de cette intervention commis par un certain OYOMBO, alias « EKETO » (Gorille) provoqua une fusillade au cours de laquelle il fut mortellement blessé par un policier après avoir

49

brutalisé l’Administrateur de Territoire et deux éléments de forces de l’ordre ? La mort d’OYOMBO servi de prétexte à une bande de jeunes de la communauté « ESWE » (gens de la savane, non originaires de Lodja), à la quelle il appartenait, pour s’en prendre aux Ekonda (gens de la foret, originaires de Lodja) habitant le quartier Okitandeke dont ils ont incendié volontairement 90 maisons et 2 écoles. Ce qui provoquera des représailles à une bande de jeunes « Ekonda » qui mirent le feu à 6 maisons et incendié les écoles primaires propriétés des « Eswe ».

Le Gouverneur du Kasaï-Oriental Alphonse NGOYI KASANJI s’est rendu à Lodja le 31mars. Dans une déclaration largement médiatisée faite dès son arrivée, il a attribué les incidents (mort d’OYOMBO et incendies) à un conflit ethnique par des policiers de la foret et tetela de la savane.

Cette affirmation est contestée par nombre d’originaires de Lodja qui ont rappelé dans des tracts que les incidents concernaient les jeunes motards et non « les communautés ethniques », invitant le Gouverneur réputé proche des « Eswe » à plus d’objectivité. Furieux, l’irascible Ngoyi Kasanji a, après une longue séance de travail, ordonné l’arrestation de Jacob Dimandja Elola, Président de la mutuelle des notables de Lodja

50

(NORELO). Motif : manque de respect envers l’autorité (pour avoir critiqué son intervention et ses positions jugées partisanes). Pour faire bonne figure, il fera aussi incarcérer le Président de l’union de Katako-Kombe, Lubefu à Lodja (UNIKALU), Jean-Paul OMANYONDO.

Sans plus s’intéresser à l’auteur du coup de feu fatal et aux pyromanes qui avaient incendié des maisons de part et d’autre, Ngoyi ramène les deux notables ligotés comme des saucissons vers Mbuji-Mayi à bord de son avion. Il avait auparavant muté, par mesure disciplinaire, l’Administrateur de territoire de Lodja, le colonel de la police et le chef des renseignements généraux. Quant au chef de la cité de Lodja et à celui du quartier Okitandeke lieu des affrontements, tous deux originaires, ils ont été simplement limogés et remplacés par des non originaires. Pour étouffer le mécontentement prévisible de la population locale devant des provocations, le Gouverneur a déployé des contingents militaires et policiers qui ont érigé des « road blacks » sur tous les axes d’entrée et de sortie de Lodja, les passants sont quotidiennement rançonnés. Une panoplie de mesures musclées tout à fait inédite per rapport à des incidents similaires, voire plus graves, qui ont eu lieu à profusion au Kasaï-Oriental sans susciter un tel

51

roulement des mécanismes institutionnelles et répressives du boulant gouverneur.

Fin janvier 2012, la section des affaires civiles de la mission de la MONUSCO, a identifié plus d’une centaine de conflits communautaires dans la province du Kasaï-Oriental, dont certains remontent à plus de 40 ans.

Un atelier de deux jours organisé par la MONUSCO, avec la participation du gouvernement provincial du Kasaï-Oriental et de la société civile avait conclu que ces déflagrations tiraient leurs origines des conflits fonciers, d’exploitation du commerce et de ressources naturelles ainsi que des querelles autour du pouvoir coutumier.

Pour prendre les cas récents à Katanda (District de Tshilenge) en 2007, une véritable guerre ethnique avait mis aux prises les Bena-Shimba d’une part et les Bena-Mwemba et Bene-Kupuya d’autre part. Bilan : 34 morts dont un bébé de 3 mois découpé à la machette, plus de 400 maisons incendiées.

En 2009, au lac Mukamba (Kabeya-Kamwanga), les Bena-Kasudi s’opposent aux populations « non-originaires » de Dibelenge : Bilan : 100 maisons brulées, 6 morts, 45 blessés.

52

Ces échauffourées seront suivies d’autres en 2010 (150 maisons brulées, 60 blessés, 2 morts) puis en 2012 (26 maisons brulées, 1 mort, 34 blessés).

A Ngandjika entre les Bena-Nzadi et les Ben-Kande, des affrontements interethniques ont éclatés en 2011 causant 3 morts à la suite d’un conflit pour chefferie Bakwa-Mulumba.

A Kabinda, en 2010 un conflit entre Muyenga et Kelambo provoqua la mort de 5 personnes dont un policier et l’incendie de 400 maisons. Un an plus tard (2011) le conflit entre Minda et Ntungulu fera trois morts.

Tout au long des années 2009, 2010, 2010, 2011, 2012, 2013 jusqu’à ce jour, des affrontements récurrents entre Bene-Kazadi, Bena-Buka, ou encore entre autochtones de la région du lac Mukamba et allochtones de Dimbelenge au Kasaï-Occidental voisin ont occasionné mort d’hommes, incendies de centaines, voire de milliers des maisons.

Dans le territoire de Katako-Kombe, district du Sankuru en 2011, un conflit entre les Ahamba et Sambala dégénéré provoquant 2 morts, une trentaine de maisons brulées.

53

Les 28 mars à Tshumbe, siège de l’évêché en territoire de Lubefu, deux jours après les événements de Lodja, la révérende sœur Charlotte WALO et Monsieur Bruno WANDJE ont été enlevés et séquestrés de 14 heures à 19 heures par des personnes les prenant faussement pour des « EKONDA ». Le lendemain, les logements de 2 étudiants de KOLE ont été incendiés. Le 1er Avril à Katako-Kombe, des malfrats ont enlevé, séquestré 4 commerçants MM. NDJOVU OSOMBO, KOMDE WELO, OSAKO DIMANDJA, NGELE TOWOSHI et leurs deux porteurs, tous originaires de Lodja en provenance de Kindu, dépouillés de leurs marchandises, ligotés et lestés de pneus imbibés d’essence, les infortunés n’échapperont à la mort que grâce au commandant de la PNC/Katako-Kombe qui les a arrachés des mains de leurs bourreaux qui blessèrent grièvement le commandant.

Cette évocation de conflits « ethniques » ou « communautaires » dans la province administrée par Alphonse Ngoyi Kasanji est loin d’être exhaustive.

De manière générale, la gestion de ce conflagrations par le Gouverneur a été caractérisée par une approche toute en

54

nuance consistant à rapprocher les (vrais) protagonistes pour les encourager à vivre leur proximité la convivialité. Plusieurs rencontres intercommunautaires ainsi que des initiatives de reconstruction des infrastructures détruites et/ou de réhabilitation…

GRIEFS Le manque total de sens de

la mesure affiché par le Gouverneur face aux problèmes de même nature et de moindre intensité survenus à Lodja le 25 Mars a surpris plus d’un. Se comportant comme en pays ennemi et conquis…..

1. Il a infligé une mutation-sanction à l’Administrateur de territoire de Lodja qui avait eu le courage d’affronter les jeunes délinquants le 25 Mars pour les calmer, se faisant même molesté alors que son collègue de Katako-Kombe resté indifférent au sort des six « Ekonda » menacés de mort le 1er Avril au chef-lieu de son territoire (il a même d’abord nié les faits sur Radio Okapi) est resté dans son poste.

2. Il a, après une séance de travail au cours de la quelle avait été critiqué ses propos partisans contre les « originaires » de Lodja, fait arrêter le Président de la mutualité des notables de Lodja (NORELO), le très respecté Jacob DIMANDJA, propriétaire de

55

la clinique Lokandola, qui était pourtant intervenu efficacement pour ramener le calme. Plus tard, il l’a accusera de lui avoir « manqué de respect ( !), pour « faire équilibrer » (sic), il a fait aussi arrêter le chef de l’Association des notables de Katako-Kombe et Lubefu « UNIKALO », Monsieur Jean-Paul OMANYONDO. Les deux, ramenés « Manus militari » à Mbuji-Mayi, ont été accusés sans aucune forme de procédure par une magistrate « aux ordres ». Curieusement, l’auteur présumé du coup de feu mortel, un policier (voir réquisition n°125 du 26 mars 2014 du procureur de la République de Lodja) et les auteurs présumés des incendies de part et d’autre dénoncés par la société civile locale n’ont pas été ramenés à Mbuji-Mayi par le Gouverneur.

3. Il a limogé la chef de cité de Lodja pour « avoir envoyé un SMS au Ministre du gouvernement central Lambert MENDE » sur les événements du 26 mars (comme si cela était un crime). Pour lui succéder, il imposera le secrétaire de la cité, Monsieur Polycarpe OLEKO un originaire du territoire voisin de Katako-Kombe (une véritable provocation pour les originaires de Lodja) alors qu’il existe bien un chef de cité Adjoint Blaise EKONGOLA (originaire) qui

56

devient ainsi l’adjoint de son ancien collaborateur pour être « né du mouvais coté).

4. Il a limogé la chef du quartier OKITANDEKE, M. Mathieu EPOLE, originaire, que rien ne lie aux incidents ayants couté la vie au sieur OYOMBO (il fut victime car sa maison a été incendiée) pour le remplacer par un M. Albert LONGE (non originaire), confortant ainsi la campagne d’épuration de la bande à OYOMBO qui avait annoncé sa détermination de « vider » ce quartier de Lodja de tous les originaires de Lodja qui y habitent… Des attitudes qui sèment les germes des confrontations « communautaires ».

5. Il a téléguidé la destitution illégale de l’Honorable Charles PONGO DIMANDJA (élu PPRD de Lodja), vice-président de l’Assemblée Provinciale sans qu’il n’ait pu faire valoir ses droits de la défense (absent régulièrement excusé pour participation au congrès du PPRD de Mbandaka). Le véritable grief fait par le Gouverneur à l’élu de Lodja est d’avoir questionné publiquement la méthodologie subjective et erratique du N° ! du Kasaï-Oriental sur les événements de Lodja.

6. Il a multiplié les déclarations publiques largement médiatisées sur sa propre lecture des événements du 25 Mars dernier à Lodja, alors que l’affaire a été

57

bel et bien prise en charge par les cours et tribunaux dans le but d’imposer une cause « politico-ethnique » à ces événements et obtenir l’affaiblissement politique de certains leaders qui gênent ses ambitions démesurées.

MOTIVATIONS Il y a plus beaucoup de

doutes sur les motivations réelles qui poussent le Gouverneur Ngoyi Kasanji à marcher sur le plus grand vivier électoral de la majorité présidentielle au Kasaï-Oriental qu’est Lodja avec le tact d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Deux hypothèses se juxtaposent : ici le diamantifère tente son va-tout pour imposer son petit parti, l’ACDD au delà du Baluba (district de Tshilenge) et qu’il considère pour cela le Sankuru comme un espace a conquérir en y affaiblissant la CCU de Mende et le PPRD représenté per le jeune député provincial PONGO DIMANDJA ; soit en politicien roué et retors. Il exécute une sorte de « crime parfait » qui lui permettrait en même temps de jouir du pouvoir au sein de la majorité jusqu’en 2016 tout en ménageant ses arrières auprès de son frère ethnique, l’opposant en chef Etienne TSHISEKEDI, en démobilisant avec zèle le premier vivier Kabiliste du Kasaï-Oriental qu’est le territoire de Lodja. Une troisième hypothèse reste

58

plausible cependant : Celle selon laquelle Alphonse Ngoyi Kasanji ne réalise tout simplement pas les conséquences politiques de ses actes étourdis.

4. DROIT DE REPONSE : « METHODE NGOYI KASANJI PASSE AU PEIGNEFIN » LE KASAI-ORIENTAL SOUS COUPE REGLEE. Africa News : 30/04/2014 OTETE W’AFUMBA Le journal Afrique News

dans ses livraisons du mercredi 30 avril au jeudi 01mai, publie un article signé par Mr Tino MABADA qui, visiblement s’attaque frontalement à Alphonse Ngoyi Kasanji dévoilant, ce sont ses propres termes, les méthodes peu orthodoxes de ce dernier et qu’il crypte avec beaucoup de compétence. Seulement voilà, Mr T. MABADA, non seulement verse dans le subjectivisme, mais aussi révèle être militant ou fanatique d’un intérêt qu’il a du mal à nommer. Je tente, peut- être pas avec le même exercice que lui, de ramener les choses à leur dimensions réelle :

- Mainmises sur les pierres précieuses de sa

59

province par le Gouverneur Ngoyi Kasanji. Les services provinciaux des

mises peuvent démentir une telle allégation. En effet, le CEE et division des mines sont disposés à lui fournir des renseignements objectifs là-dessus.

Avant de devenir Gouverneur, NGOYI KASANJI était diamantifère et l’est toujours, c’est un opérateur économique comme tous ses paires et ses conforme à la législation en vigueur.

- La gestion des finances de la province

L’opinion doit savoir que la province rend compte de la gestion de ses finances aux institutions habiletés à la contrôler, à savoir l’Assemblée provinciale et la cours des comptes, émanation de la Représentation Nationale : et l’inspection générale des finances. Pour ce faire, le gouvernement provincial est régulièrement contrôlé par ces organes. Les archives de ces organes (PV des contrôles) témoignent que la DPR, depuis son existence n’a jamais atteint le montant imaginaire des recettes par vous évoqué. La province dispose d’un compte en banque où sont drainées toutes les recettes, si vous voulez être édifié, vous pouvez vous y référer. La DPR Lodja, l’un des postes les plus

60

importants était sous la coupe de la CCU et toutes les recettes allaient dans la caisse de ce parti. C’est l’un des griefs formulés à l’endroit de l’Honorable Député Provincial Charles PONGO DIMAMBDJA et cela lui a valu son poste de vice-président à l’Assemblée Provinciale du Kasaï-Oriental, payant ainsi sa propre turpitude.

Où passent les statistiques de la production artisanale du diamant. Le territoire de Lodja reste jusqu’à ce jour territoire du Kasaï-Oriental et son dédouanement obéit à son affranchissement de l’esprit séparatiste et claniste de certains politiciens connus pour leur attitude manifestement insensée et enclin à l’acharnement sur la personne d’Alphonse NGOYI KASANJI qui croit fermement en l’unité de la République et en la cohésion nationale.

- Le score électoral Nul n’ignore que pendant la

campagne électorale de 2011, la seule personne qui a tenu haut l’étendard de Joseph KABILA KABANGE pendant que ceux qui constituent des cerveaux de certains cabinets ministériels, demandaient aux électeurs de voter pour Etienne TSHISEKEDI et pour eux-mêmes.

Pour votre gouverne ; l’interfédéral du PPRD qu’est Alphonse NGOYI

61

KASANJI, dans son rapport après les élections avait relevé et dénoncé le comportement de la quasi-totalité des Présidents des bureaux de vote tous d’une formation politique de l’opposition et qui ont tous une formation politique, ont obligé les électeurs à voter pour le candidat n° 11 au risque d’être battus, violés et tués.

Parler mal de ce compatriote serait cracher dans la main qui vous sert. Cela fait très mal et nous ramener nos hommes et nos femmes violées dont l’une est atteinte du cancer de la matrice et ne compte que quelques jours de survie.

Au nom de quelle majorité parlez-vous !

Il y a lieu de rappeler ici que le bon score électoral réalisé dans ce territoire par le candidat Kabila ne doit pas constituer un fond de commerce, une autorisation accordée à la CCU pour prendre la population en otage et exercer sa dictature. Après sa réélection, Joseph Kabila est devenu le Président de tous les congolais sans discrimination.

Dans le cas d’espèce, ramener la paix aux compatriotes de Lodja, arrêter les incendies, des casses, assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, est d’impérieuse nécessité ; qu’est ce que cela a avoir avec les élections ?

62

Pourquoi vous obstinez-vous à vilipender un compatriote ? Est-ce que une affirmation que la restauration de l’autorité de l’Etat vous met mal à l’aise ? Il n’y a que les criminels qui peuvent l’entendre de cette manière.

La volonté de se faire passer pour Dieu le Père et de soumettre toute une population à votre seule compréhension, de l’avilir en gardant prisonnière et esclave d’une certaine catégorie des politiciens nostalgiques de l’union sacrée de l’opposition, est votre leitmotiv.

Alphonse NGOYI KASANJI est un compatriote qui s’est investi corps et âme pour le maintien du pouvoir. L’on sait que certains ont adhérer à la majorité, parlent au nom de Joseph KABILA, parce qu’ils sont au pouvoir et qu’au moindre effritement, le discours changera.

Qui est alors de l’opposition. Analyse et dits.

- DU CHARROI AUTOMOBILE

Quelle absurdité, quelle idiotie que de croire que le Gouverneur de province utilise abusivement le véhicule de la province. C’est simplement par envie et

63

jalousie que des personnes sensées réfléchir se ramènent à des bassesses pareilles. Un gouverneur de province qui circule avec un véhicule officiel de la Province cela devient une utilisation abusive ! Qui ne veut pas de son chien l’accuse de rage.

Pour votre information, le service de relais et de représentation de la province utilise ce véhicule pour des missions officielles. Point n’est besoin de vous rappeler que l’épouse de son Excellence Monsieur le Gouverneur de Province, Honorable Députée Nationale de son état, dispose des véhicules privés pour ses mouvements.

- dotation véhicules L’opinion doit savoir que le gouvernement central n’a jamais doté le Gouverneur Provincial des moyens de déplacement ; C’est bien le Gouvernement Provincial qui, en 2008, avait doté ses ministres des jeeps NISSAN neuves. Cette dotation fut renouvelée en 2011. Il s’apprête à commander une nouvelle dotation dans les tous prochains jours sur fonds propres pour presque un million de dollars disponibles à cet effet.

- LES PROJETS SOCIAUX QUI PARTIRAIENT SEULEMENT DANS LE DISTRICT DE

64

TSHILENGE. UNE CONTRE VERITE.

Le District le mieux servi est celui du Sankuru. En effet, ce district a

bénéficié de plus des projets venant du Gouvernement central et provincial ainsi que des partenaires en développement.

Sur l’ensemble de trois districts, 45% des réalisations ont eu lieu au Sankuru, 30% dans le district de Kabinda, 25% pour le district de Tshilenge.

Ces projets ont trait à la santé, à l’éducation, à l’eau et aux infrastructures routières. Lodja, à notre connaissance, reste partie intégrante du Kasaï Oriental où donc et à qui sont destinés les statistiques de la production des diamants de cette contrée ? L’Honorable Charles PONGO en sait quelque chose, car ce fut une chasse gardée, gardée par qui ? Là encore l’Honorable précité vous fournira des explications. Où sont passés les montant de 38000 USD du Gouvernement central destinés à l’hôpital Général de Référence de Lodja ? Et l’échographie et le matériel médical don de la Turquie sont où ?

Ce qui gène les uns et les autres, membres déguisés ou affichés de la Convention des Congolais Unis, c’est l’équité et

65

l’intégrité affichée par NGOYI KASANJI dans le traitement des dossiers du Sankuru, cela à plus d’une raison :

- NGOYI KASANJI met fin à la confiscation, à la domestication du territoire de Lodja par un Monsieur Ministre soit-il qui s’est employé à la déstabilisation de ce coin.

- NGOYI KASANJI casse le monopole de la CCU qui, jusque là, contrôlait tous les rouages de l’appareil de l’Etat dans le territoire de Lodja ;

- NGOYI KASANJI a décidé de mettre fin à la politisation à outrance du territoire de Lodja à l’implantation d’un parti unique : la CCU dans cette partie de la province.

- Cela fait mal et fera encore davantage mal aux uns et aux autres.

- N’en déplaise, l’autorité de l’Etat doit être rétablie et les fauteurs des troubles et les tireurs des ficelles seront démasqués et mis hors d’état de nuire.

Finie la polémique. Evitez de verser dans le ridicule. Merci. S/é OTETE W’AFUMBA Secrétaire Exécutif du Gouvernement, chargé des

66

questions politiques et administratives.

5. MEMO A L’ATTENTION DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE DE L’ASSEMBLEE PROVINCIALE DU KASAI-ORIENTAL A LODJA. (Honorable Alexis

LOWONDJE OKITASOMBO) Je me permets en mes

qualités d’élu avéré du peuple, leader politique incontesté, fils averti et éclairé du territoire de Lodja/Sankuru, témoins du vécu quotidien, de vous mettre au parfum de ce dont vous êtes chargés de recueillir auprès de la population pour une nouvelle gouvernance et une nouvelle gestion de la puissance publique à Lodja.

Pour votre gouverne, mon intervention va s’articuler sur les points ci-après :

1. Le confit EKONDA-ESWE 2. La gestion politico-

administrative de Lodja 3. L’Evénement du 25

mars 2014. A. Le Conflit EKONDA-

ESWE.

67

Il est judicieux de souligner de prime à bord que cette terminologie est mal indiquée en ceci que, les forets (EKONDA) comme les savanes (ESWE) sont parsemées à travers tout le district du Sankuru. Elle avait été conçue pour une fin politique, dans l’intention d’identifier les fils et filles de Lodja, Lomela, Kole appelés EKONDA d’une part et ceux de KATAKO, LUBEFU et LUSAMBO appelés ESWE d’autre part.

En effet, les Sankurois ou mieux les ATETELA se reconnaissent descendants d’OKUTSHU MEMBELE, lequel a engendré NDJOVU, NGANDO et WATAMBOLO dont les descendants ont occupé tous les territoires du Sankuru et une grande partie du Maniema. Ils se sont installés ça et là partant du bosquet d’Enyamba la Wadi, lequel dénote le berceau des ATETELA et c’est où, Son Excellence Monseigneur Albert YUNGU, ancien Evêque du diocèse de Tshumbe, d’heureuse mémoire, avait réuni les sankurois pour un pardon mutuel en vue de dépasser les conflits internes et de rétablir la cohésion et l’unité entre les Sankurois.

Cette grande messe de réconciliation a été largement positive d’autant plus qu’après les événements malheureux de 1961-1963, l’ordre et la cohabitation pacifique ont régné.

68

En exécution des recommandations des assises d’Enyamba la Wadi, il a été Etabli un conseil des sages, composés des notables afin de veiller à la paix et la cohésion entre fils et filles d’OKUTSHU MEMBELE.

Toutefois, contre toute attente, la politique tirant malheureusement profit de l’événement de la démocratie et du multipartisme n’a mieux trouvé que de disloquer cette structure d’unité de la résolution d’Enyemba, avec la création d’autres structures telles que la NORELO et l’UNIKALU, qui deviennent organes d’exécution ou des caisses de résonnance des partis politiques, en plus, se servant des accords de Lusaka, lesquels accordaient la gestion administrative des entités territoriales à certains partis politiques, abusivement appelée QUOTA. Ajouter à ces deux éléments (démocratie et quota), la gestion des instruments médiatiques publics qui n’ont fait que jouer le rôle semblable à « la radio mille collines » pour revenir aux événements de 1963.

En réalité, lorsque le processus électoral commence en 2005, avec l’enrôlement des électeurs par la CEI, les membres de la Convention des Congolais Unis (CCU) ont décidé de créer la Notabilité

69

Rénovée de Lodja (NORELO) en vue de gérer le territoire de Lodja et se placer au-dessus de la puissance politique. La première démarche entreprise par la Norelo était d’abord d’organiser une marche contestant l’engagement ou l’affectation des non-originaires de Lodja aux postes de la CEI, ensuite, la non postulation de ces derniers à la députation tant nationale que provinciale.

Ainsi, cette Norelo visait à restreindre même les droits et libertés fondamentaux des citoyens. Qu’il s’agisse d’opinion, de religion, de la politique ou autres. La conquête s’est étendue dans tous les secteurs de la vie.

L’Unikalu comme association de non originaires s’est servi de contre poids en utilisant les mêmes méthodes et mêmes pratiques derrière le RDC en 2006 puis l’UCP en 2011. Quoique dans une moindre mesure se servant du quartier Okitandeke comme base, ne pouvant pas résister devant l’impérialisme de la Norelo du parti NGELO (CCU).

B. LAGESTION ADMINISTRATIVE

70

DU TERRITOIRE DE LODJA

Se basant sur le principe sus-évoqué, la CCU s’est érigée en distributeur des postes. Le système devient alors celui d’alignement pour assurer la gestion de tous les secteurs de la vie tant publique que privée du territoire par les alignés. Pour ce faire, elle ciblera les chefs de secteurs, de sorte que tous ceux qui ne sont pas d’obédience, de l’une manière ou d’une autre, seront évincés au profit des siens. Un cas parmi tant d’autres, est celui du secteur des KONDO-TSHUMBE. Monsieur NKOYI KASHAMA Jérôme nommé par Arrêté du ministre national de l’intérieur, s’est heurté à une opposition farouche et sauvage de la part de la CCU, ses femmes et les filles violées, lui-même sérieusement molesté. Ces actes demeurent impunis jusqu’à ce jour.

La RTNC/LODJA qui se veut chaine officielle est largement détournée de sa mission. Ses animateurs (journalistes) étant de la CCU, seuls les membres de ce parti et ceux qui en sont inféodés y accèdent. Le concept clé de la campagne de 2011 dénote bel et bien de l’idée du triomphalisme au travers du slogan : NGELO ATE MENDE, MENDE ATE NGELO, littéralement ce qui voudrait dire que LODJA c’est MENDE, MENDE c’est LODJA. Trahir Mende, c’est trahir Lodja. L’Etat céda alors sa

71

place à Norelo qui en est le représentant attitré. De ce fait, toutes les structures tant publiques que privées lui doivent obéissance. La population de Lodja mécontente de ce comportement, développe une attitude de peur, de désespoir et de frustration. Car abandonnée à son triste sort.

En outre, le phénomène KOBO qui a consisté à terroriser les villages majoritairement acquis pour la cause des autres partis politiques, ce phénomène étant dirigé par EMONGO WEMAMBOLO jeune frère biologique du Ministre NGELO, a causé plusieurs dégâts au vu et su des autorités en place sans aucune interpellation. Parmi ces dégâts, on peut citer entre autres les incendies et pillages du groupement Tshunu (plus de 50 maisons brulées) ; incendies du village Kangaka (plus de 60 maisons) ; les incendies des villages Ndjeka, village Kongonyumbe, village Dikonda, village Wamandala pour ne citer que ceux là.

Cette oppression a pris d’envergure jusqu’au niveau de la mine d’Oleko à la rivière Lubefu où l’Administrateur du territoire, le Redoca, le colonel de la PNC… se sont vus assignés dès leur arrivée pour n’être libéré qu’après quelques heures et ordonné de quitter le lieu le plus tôt possible (soit deux heures après) par le président de KOBO au slogan TOSA PREZO ! (C'est-à-dire

72

respecte le président). Le cas le plus récent est celui de la saisie au parquet de la moto du Magistrat Asani par les jeunes du quartier Essence pour être acheminée au siège de la Norelo, suite à l’arrestation par ce magistrat d’un des membres de cette structure. La moto ne fut remise au magistrat que moyennant paiement par ce dernier de 50$ à titre de rançon à la Norelo. Quant à l’Unikalu, n’ayant pas des racines en dehors de la cité de Lodja, dispose que de quelques chefs de quartier dont celui d’Okitandeke, celui du quartier Asami etc. ou elle installa sa vision séparatiste d’ESWE.

C. L’EVENEMENT DU 25 MARS 2014

Après s’être imposé dans tous les villages, groupement et secteurs composant le territoire de Lodja, c’est alors le tour de la cité de Lodja ; après l’installation du chef de quartier Lokenye à l’Essence, ce sera le tour de celui d’Okitandeke en la personne de Mathieu Pole, contesté par les habitants de ce quartier qui se reconnaissent majoritairement de l’Unikalu. A la suite de cette résistance, il fallait s’attendre à une épreuve de force.

73

Fidèles aux idéaux de leurs maitres à penser, il convient de noter que la structure mise à l’avant-garde par la Norelo était celle du président des jeunes de la cité de Lodja, car le premier affrontement fut celui de Moreno, président des jeunes de la cité de Lodja contre OYOMBO-Fils autour d’une jeune fille. C’est là qu’on connaitra le nom d’EKETO. Cette foi-là, ni vainqueur ni vaincu et tous deux furent arrêtés. L’Unikalu et la Norelo se sont convenus pour leur libération de la prison car tous deux étaient leurs enfants disaient-ils. La deuxième stratégie fut montée avec un tournant décisif. Cette foi-ci avec les taximen car il faut noter que le président de cette association est un fidèle de la Norelo et comme tel militant avéré de la CCU et domicilié à sa permanence. Ce groupe de taximen avait eu, en date du 24 mars 2014, une altercation avec un jeune à Okitandeke, car il faut le dire, les jeunes d’Okitandeke et l’association de taximen montée de toute pièce par la Norelo se reconnaissent comme telle. De cette altercation, le président des taximen organisera une incursion punitive à Okitandeke pour la première fois sans succès, et la deuxième fois appuyé par toutes les structures politico-administratives et la société civile surviendra malheureusement la mort de celui qu’on appelait EKETO. A la suite de cet

74

assassinat, les jeunes du quartier Okitandeke ont vengé le leur en incendiant les maisons des originaires de Lodja habitant ce quartier. Simultanément, ceux du quartier Lokenye ont fait de même aux originaires de Katako et Lubefu.

En dépit de la structure étatique légalement installée à Lodja, un mutisme inavoué a élu domicile dans le chef de toutes les autorités (politico-administratives, juridiques, policières, etc.). N’eut été la prompte intervention du comité provincial de Son Excellence Monsieur le Gouverneur, l’ordre et la paix ne seraient pas rétablis avec le commencement d’une enquête consistant à étudier les faits infractionnels perpétués à Lodja. Cela a une signification : l’absence de l’autorité à Lodja, les notabilités l’ont asphyxiée.

Fait à Lodja, le 23 mai 2014

Honorable Alexis LOWONDJI OKITASOMBO

Président Fédéral du MSDD et Ambassadeur de la paix.

4. DECLARATION OFFICIELLE DU GOUVERNEMENT

75

PROVINCIAL AUTOUR DES EVENEMENTS DE LODJA.

(HYPOLITE MUTOMBO MBWEBWE, Ministre de l’Intérieur et Porte-parole du Gouvernement provincial)

Le Gouvernement Provincial constate non sans étonnement, une certaine effervescence, teintée de nervosité autour des événements survenus à Lodja, Katako-kombe et Tshumbe dans le district du Sankuru du 25 au 28 mars dernier. Certains milieux, certaines personnalités et autres compatriotes se sont exprimés sur « ces événements ». Le gouvernement Provincial, par la voix de son chef a largement éclairé et édifié l’opinion nationale sur ces malheureux événements. Le Gouvernement Provincial dénonce la légèreté, l’insuffisance intellectuelle, le fanatisme et le caractère subjectif, offensant et injurieux de certains commentaires de ces drames. Et le Gouvernement s’interroge sur l’acharnement des membres d’un parti politique de la nostalgie du tristement célèbre parti Etat de traite mémoire, pour se comporter en potentat dans cette partie de la province. Il rappelle aux uns et aux autres que « l’Etat ne reculera pas, en dépit de leur diatribes, devant

76

aucun groupe, parti politique d’où qu’il vienne, dans la résolution du conflit de Lodja. Il se réserve le droit d’user des prérogatives régaliennes dévolues à l’Etat pour mettre hors d’état de nuire cette bande des malfrats instrumentalisés par des mains obscures qui commencent à s’afficher les unes après les autres. Le Gouvernement Provincial réaffirme et exhorte ce qui suit :

1). Les événements de Lodja du 25 mars 2014 relèvent bel et bien d’un conflit communautaire orchestré et entretenu par des politiciens intérieurs et extérieurs à la province.

2). La procédure judiciaire a été respectée ; l’enquête et l’instruction du dossier suivent leur cours normal. Les prévenus qui sont sous la responsabilité de la justice sont poursuivis par l’Etat Congolais représenté par la Province.

3). Il ne se laissera pas intimider par des menaces et tout autre procédé utilisées présentement pour salir l’image de marque de son Gouverneur par la publication des lettres ouvertes des états majors des partis politiques et Cabinets des Ministres à partir de Kinshasa.

4). Sa détermination de mettre hors d’état de nuire tous ces tireurs de ficelles ainsi que leurs bandes et à restaurer,

77

par tous les moyens légaux, l’autorité de l’Etat bafouée dans cette contrée.

5). Les donneurs de leçons, les éminents professeurs ainsi que les Honorables Députés devront œuvrer pour la résolution du conflit et non verser dans des propos inconsidérables à l’endroit du représentant du Chef de l’Etat dans leur Province ; ce qui dénote de leur subjectivité et du caractère troqué de leurs analyses qui, du reste, est leur droit.

6). Le mal est profond, il faut l’extirper ; c’est cela qui doit être le souci de tous dans ce dossier, et non de faire preuve des intentions délibérées d’obstruer la justice, de désinformer et déterminer l’opinion nationale sur les causes à l’origine de ces conflits dans l’intention funeste d’effacer les traces des commanditaires confortablement assis dans leurs bureaux luxueux et climatisés à Kinshasa.

7). Demande aux uns et aux autres, épris de paix, d’amour et de fraternité, d’éviter de verser dans l’intox de l’opinion et d’œuvrer pour la tenue d’une conférence de paix sur le Sankuru, un cadre où les sankurois seront conviés à contribuer objectivement à la résolution de leur conflit.

8). Invite tous à respecter la justice de notre pays pour faire la lumière sur

78

ces événements et le cas échéant condamner les auteurs de ces crimes.

9). Rappelle à l’opinion que le Gouvernement Provincial rend compte de sa gestion à l’Assemblée Provinciale et est contrôlée régulièrement par la cour des comptes et l’inspection Générale des Finances. A ce tire, il demande aux uns et aux autres de s’abstenir de tenir des propos désobligeants, diffamatoires et discourtois à l’endroit de son chef et se réserve le droit de les traduire en justice.

Fait à Mbuji-Mayi, le 3 mai 2014.

CHAPITRE IV.

LES AVATATRS D’UNE MYSTIFICATION SOCIO-

POLITIQUE Le clivage « Ekonda-Eswe »

est un des derniers avatars et créatures dont s’est servi le colonialisme aux abois et dont se servent encore le néocolonialisme et ses chantres pour laminer une unité de vie plusieurs fois séculaires qui va au-delà des clivages occasionnels issus des circonstances de la vie des AKUTSHU-ANAMONGO, fidèles en cela à sa politique de diviser pour régner.

79

Les causes lointaines de la faiblesse de la culture communautaire tetela ont déjà été stigmatisée par le pouvoir colonial notamment dans l’ouvrage de Luc De Heusch intitulé : « Autorité et prestige dans la société Tetela » à travers l’affirmation selon laquelle les groupement sociaux bien dessinés dans la communauté KUSU-TETELA sont des lignages maximaux, l’autorité appartient certes, à l’ainé investi, mais il ne repose sur aucune base sacrée car on peur y accéder à la faveur des valeurs culturelles16.

Le Gouverneur de Province J.LAMBORELLE intéressé par la culture communautaire Kusu-Tetela fera observer « qu’il y a un compromis entre la tendance individualiste et anarchique, et la tendance communautaire qui se partagent l’âme indigène »17.

On peut rappeler ici le proverbe Tetela selon lequel « LOKOMBE HOOTO LO ONYO WA WONYALO » (un tam-tam ne pénètre pas dans un autre tam-tam) dénotant du complexe d’auto-affirmation et d’une volonté de puissance anarchiques des

16

DE HEUSCH, L. Autorité et prestige dans la société traditionnelle tetela, in Zaïre n°10, VIII, 1945, p.1012. 17

NGUWO NDJOVU, A., La société traditionnelle Kusu-Tetela du Sankuru-Lomami, CERCA/Lakaso, Katako-Kombe, 1986, p. 16.

80

acteurs d’une société segmentaire et à mentalité de suffisance débridée.

A la veille de l’indépendance, la première élite Ankutshu-Anamongo a sent venir la division et clivage avec les possibilités inouïes qu’offrait la compétition dans le cadre des élections démocratiques multipartites ; elle a eu l’intelligence de prévenir le recours à des fins purement politiciennes, à ce type de clivage clairement néfaste à l’unité, à la paix et au développement autogène et émancipatoire de toute communauté dans le cadre global d’une communauté nationale transethique, cheval de bataille d’un des dignes fils du Sankuru : P. E. LUMUMBA.

Les résolutions du Congrès de Lodja qui a regroupé 70 membres du territoire de Katako-Kombe, 10 du territoire de Kole, 2 de Lusambo, 33 du territoire de Lubefu, 55 du territoire de Lomela, 70 de Lodja et de nombreuses autres délégations, ont été sans équivoques sur cette question18. Il en sera de même plusieurs décades après l’indépendance de la cérémonie de réconciliation à Enyamba-a-Wadi conduit par feu Monseigneur YUNGU19.

18

NGUWO NDJOVU, A., le Congrès des Ankutshu-anamongo, CERCA/Lakaso, 2013. 19

YUNGU,A. (Mgr), ENYAMBA à l’intersection de l’authenticité et de l’œcuménisme, Kinshasa, 1975.

81

La récurrence dans certains milieux confrontés à l’adversité de la vie et des risques des polymorphes impose une interrogation qui ne peut être que plurielle tant ses ressorts sont complexes.

Ainsi, en raison de son caractère transversal, des forment que prennent ses apparences, de son expression modernisée en problème majeur de « justice distributive » et de son absence quasi-totale dans la vie des populations, ces clivages ont fait l’objet de plusieurs analyses détaillées dans les différentes publications que nous avons initiées sur le développement autogène du Sankuru20.

Il a été convenu d’élaborer une série de réflexions pour pallier au déficit de connaissance déploré par les uns et les autres sur cette question sans cesse vivifiée lors des enjeux électoraux et des postes à pourvoir.

Sans épuiser tous les détails, on peut relever à son sujet les éléments phénoménologiques et historiques suivants :

20

NGUWO NDJOVU, A., Le SANKURU, fondement d’une province au cœur de la R. D. Congo, CERCA/Lakaso, 2012. Défi de la fondation de l’unité des Kusu-Tetela, CERCA/Lakaso, 2006, Le Pari pour le développement durable du Sankuru, CERCA/Lakaso, 2013.

82

Le clivage « Ekonda-Eswe » est né dans un contexte bien particulier qui ne laisse aucun doute sur les ressorts de son exploitation judicieuse par ses différents chantres. Les termes de référence, on les trouve dans les discours et les écrits des hommes politiques bien connus qui en ont fait un fonds de commerce né du ressentiment destiné à l’auto-empoisonnement21 . On peut noter ici la globalisation de l’antagonisme né lors des campagnes électorales.

Ce politicien situait cet antagonisme dans la « tyrannie de Ngongo Leeteta » et n’hésitait pas d’avaliser malgré sa culture, la thèse d’un parent qui ne s’empêcha pas de l’exhorter en ces termes : « Si vous abandonnez la lutte, nous serons des esclaves pour toujours, car un Eswe n’a que deux instincts, tuer et dominer ». Plus loin, notre acteur politique affirme que fort de tout cela, « il prend l’engagement de servir en tout temps et en tout lieu, pour l’honneur et la grandeur du territoire de Lodja et de ses habitants et c’était disait-il, un argument solide qu’il opposait à ses concurrents ».

La suite de cet engagement est connue. Ce qui reste cependant à

21

KABONGO, Ar. ET KANDA, B.N, DIUMASOMBU OMOTE LENEHEKA André, Sa lutte pour la justice et l’unité du Sankuru, Groupe l’exemple, Kinshasa, 2005.

83

connaitre, c’est la justesse et la vérité d’un jugement moral réducteur sur la conduite présumée de tous les jours d’un Eswe.22

L’origine d’un sentiment comme celui-là à été décrite par un auteur allemand dans un ouvrage intitulé : « L’homme de ressentiment » ; car à proprement parler, cela n’est pas étrange à l’humanité ; ce qui peut nous intéresser, c’est le fait qu’il présente le ressentiment comme un auto-empoisonnement psychologique qui par un refoulement systématique libère certaines émotions et certains sentiments de soi normaux et inhérents aux fondements de la nature humaine et tend à provoquer une déformation plus au moins permanentes du sens de valeurs comme celui de la faculté de jugement.

Et à Max Scheler de citer parmi les émotions et sentiments qui entrent en ligne de compte : Il faut placer avant tout la rancune et le désir de se venger, la haine, la méchanceté, la jalousie, l’envie, la malice. Le problème du ressentiment c’est celui d’altérer le barème des valeurs, de déséquilibrer le jugement. Aussi est-il impérieux de travailler technologiquement les jugements sur lesquels

22

KABONGO, KADILMA, A.R, KANDA MUJINGA, ., DIUMASOMBU OMOTE LENEHEKA André, Groupe l’exemple, Kinshasa, 2005, pp175 ;310.

84

les uns et les autres se basent par défaut de connaissance.

A ce sujet, notre réflexion chargée d’examiner les opportunités dérivées de l’indépendance, à savoir l’indépendance, les 50 ans de l’indépendance du Congo, les élections et la décentralisation, à constaté avec justesse que le conflit « EKONDA-ESWE » est un pseudo-conflit, un artifice crée à des fins politiciennes, car elle n’a normalement et objectivement ni fondement historique ni fondement socioculturel, ni un fondement juridico-économique. La preuve la plus éclatante est apparue à une date récente par l’accueil et solidarité, à toute épreuve, dont les habitants des zones périphériques du chef lieu du territoire de Lodja ont fait montre à leurs frères insécurisés par les tristes événements du 10 avril 1999 ( la prise de la cité de Lodja par RCD).S’il y a antagonisme, c’est au sein d’une classe politique trahissant les aspirations du peuple, plus préoccupée par la distribution de l’avoir et du pouvoir que les intérêts majeurs des gouvernés sankurois.

Paradoxalement, les élites modernes méconnaissent la primogéniture du district sur tous les territoires et le fondement non traditionnel, purement étatique des structures des pouvoirs constitutives des territoires du Sankuru.

85

Prenant en compte la phrase lumineuse du « Débout Congolais » qui renseigne que les congolais sont unis par le sort et unis dans l’effort pour l’indépendance, nous avons constaté que l’entrée des missionnaires catholiques et protestants au Sankuru par les voies du sud, et l’implantation subséquente des premières écoles respectivement dans les centres de Tshumbe et Wembonyama, ouvertes à tous, ne devraient pas constituer un motif sur lequel on pourrait se fonder pour assoir une pseudo-volonté d’assujettissement de l’ouest par l’Est puisque d’autres opportunités scolaires se sont dégagées entre-temps dans le territoire de Lodja avec l’implantation des nombreuses écoles ouvertes à tous notamment les nombreuses écoles primaires, les écoles de métiers d’auxiliaires de santé ; dans le territoire de Katako-Kombe les écoles primaires, l’EAP (Ecoles d’Apprentissage Pédagogique), à Lusambo, les écoles professionnelles, l’école de la colonie pour la formation des enfants des chefs coutumiers. Indiscutablement, il ressort que ces opportunités d’origine coloniale relèvent du sort dont nul n’est responsable à l’Ouest comme à l’Est.

De plus, sur base des analyses faites sur l’évolution politique du Congo dans

86

son accession à l’indépendance, nous avons constaté aussi que le Congrès des Akutshu-Anamongo de mars 1960 à Lodja et celui de mai 1961à Katako-Kombe ont consolidé l’unité des Ankutshu-Anamongo au Sankuru et de par le Congo, et que les démons de la division sont apparus plus tard non pas au sein de la population, mais dans la classe politique au travers de ses préoccupations pour simplement accéder au pouvoir d’Etat et s’y maintenir. Ce fut le début de l’amalgame au niveau de la classe politique 50 ans durant, amalgame entretenu qui finira par devenir un fonds de commerce chaque fois qu’il y a des postes à pourvoir et que les élections pointent à l’horizon.

L’impératif du cinquantenaire

du pays nous impose le devoir de mémoire qui rappelle les nombreuses opportunités historiques précoloniales, coloniales et modernes dont une meilleur connaissance de leurs développement, peut aider à une meilleure auto-organisation des communautés du Sankuru, tant ces opportunités ont marqué significativement le dessein des dites communautés.

Nous avons épinglé à cette fin le vent qui a soufflé sur toute l’étendue des actuelles frontières du Sankuru et même au-

87

delà, et dont l’amplitude, en dehors de son épicentre situé au Maniema ancien avec Hamed ben Mohamed ben Jama ben Rajad el Murjebi, alias Tippo-tip comme Wali (Gouverneur) et son fils Sefu ben juma, sultan de Kassongo sous l’autorité de qui évolua Mwanza-a-Kasongo, alias Ngongo Leeteta, dont l’aptitude disions-nous, a gagné les axes Ikela-Boende au Nord-ouest, Panya-Mutombo en pays Songye et Baisambo en pays Kuba Sud-ouest.

La tempête de la conquête pour la configuration du nouvel Empire était si violente qu’elle n’épargna aucune des communautés. Hétéroclite par sa forme, cette tempête était constituée des hommes des horizons ethniques les plus divers dont la somme était connue sous le nom générique des « BASAMBALA ». Il s’agit entre autre des Tetela, Songe, Kela, Kuba, Swahili.

La force de cet empire fut telle que même le nouvel occupant, (EIC) Etat Indépendant du Congo reconnu son autorité et finit par composer avec lui dans la perspective de la pacification du territoire par le création des postes d’Etat. Cette logique concourut à la dissémination des différentes communautés qui seront ultérieurement dénommées chefferies dans les différents points du district du Sankuru : MULENDA, à Lubefu,

88

WEMBONYAMA à Ewango, LOHATA à Katako-Kombe, MBOO à Lodja, WETSHINDJADI à Kole, SHOTSHA à Lomela, KALEMA à Panya-Mutombo ; de sorte que la plus grosse erreur qui en découlera sera celle d’imputer ces nouvelles implantations à volonté de domination des communautés de l’Est sur les communautés de l’Ouest notamment, pour parler le langage né des divisions entretenues parles politiciens en mal de positionnement, les communautés Eswe sur les communautés Ekonda.

C’est une erreur monumentale que de penser imputer aux habitants des régions dites Eswe, qui ont connu les mêmes affres, la même tyrannie, une quelconque volonté d’assujettir les habitants des régions dites Ekonda, dès lors que ces opportunités là ont été délibérément créées par l’Etat Indépendant du Congo (EIC) pour pouvoir réaliser son dessein. De plus, les entités territoriales sont des créatures purement coloniales qui dans leur configuration n’ont nullement pas tenu compte ni de la généalogie de la géo-politique d’origine ancestrale et géophysique.

Ces entités territoriales sont nées tardivement dans un cadre historique, contexte de fondation d’un nouvel Etat transethnique dont on ne peut nier la nature

89

sans se perdre dans une suite infinie des contradictions historiques, économiques et politiques. La culture ancestrale et moderne devrait aider les uns et les autres à rééquilibrer le jugement sur les raisons des clivages modernes.

CHAPITRE V.

DEBOUT SANKURU !.. La véritable Renaissance du Sankuru passe par la solidarité pour peser d’un poids collectif et lourd sur les ruses et les manœuvre qui maintiennent chroniques le sous-développement et la misère du peuple.

On doit admettre et enseigner à la lumière de l’histoire générale du pays que le Sankuru, riche en ressources matérielles et humaines avait développé des civilisations au sein des clans, des chefferies, des familles florissantes, dans les savanes, le long des rivières, à la lisière des forets.

Il y a là des expériences humaines de gestion de démocratie, de solidarité, de débat public dans l’intérêt collectif. Et des valeurs d’hospitalité, de respect, d’égalité et de dignité qui ont constitué l’humanisme des sociétés africaines précoloniales.

Si le tableau n’en était qu’idyllique, les africains d’autrefois n’auraient

90

guère tenu des siècles et des siècles à travers la traite négrière occidentale et orientale, le malheur de la longue et durable nuit coloniale qu’un jeune Sankuroi de 35 ans, Patrice Emery LUMUMBA avait su caractériser devant le jeu mou des compromis. On la massacra sauvagement pour son idéal africain de liberté et de fraternité humaine.

Nous aurons toujours cela en mémoire, cinquante ans après et même après des siècles, car la conscience sankuroise est toujours meurtrie.

Il faudra malgré tout retenir les leçons d’unité, de patriotisme exigeant, d’amour sans compromis du pays, de travail et de développement pour la marche en avant de la communauté toute entière. C’est-à-dire que la Renaissance du Sankuru implique au moins deux choses, à savoir une claire rupture épistémologique radicale avec les facilités et clichés ambiants des politiciens préoccupés par la distribution de l’avoir et du pouvoir, d’une part ; d’autre part, un effort solidaire débat des intérêts politiques particuliers, car la communauté est à ériger au-dessus de tout projet singulier.

Le débat national n’abolit pas la solidarité, la fraternité, l’amour du pays, le travail pour le peuple. Les valeurs d’écoute, de confiance en soi, de réconciliation, de

91

dialogue, de travail, sont des valeurs de base pour la construction de la renaissance du Sankuru.

La Renaissance est un engagement, un mouvement de solidarité en vue de l’émergence d’une nouvelle société, foret, savanes, ressources naturelles, créativité intellectuelle, apports scientifiques, technologiques…, tout doit y contribuer pour une vie sociale, politique, économique et culturelle sankuroise de grandeur et de puissance.

Les parties politiques, les organisations syndicales, les confessions religieuses, les hommes et les femmes d’affaires, la justice sociale, l’école, l’université, la santé, le commerce, le transport, les technologies informatiques te communicationnelle, les arts et métiers, les sports, les intellectuels, etc…, tous doivent se mobiliser adéquatement autour de l’idée de la Renaissance du Sankuru pour changer les contenus de notre histoire et de notre existence contemporaine au cours du 21ème siècle, 5o ans après les indépendances. Il s’agit de survie et de sécurité des peuples du Sankuru. La vie par délégation n’est pas une vie pleine.

Le message de la Renaissance du Sankuru concerne par conséquent toutes

92

les forces vives de la société : urbains et ruraux, jeunes et adultes, femmes et hommes, ouvriers et momentanément sans emploi, civil et militaires, etc, tous sont des acteurs responsables et déterminants de la Renaissance du Sankuru.

L’Afrique contemporaine et le Sankuru avec elle aura alors compris que son développement ne dépend fondamentalement d’aucune aide extérieure.

Alors, et alors seulement l’histoire de l’Afrique et du Sankuru sera conforme au génie africain, depuis la Namibie et l’Egypte pharaonique, depuis Chaka Zulu et Nelson Mandela, depuis Ngongo Leeteta et P. E. LUMUMBA.

Oser ce que l’on pense, penser ce que l’on ose, vivre ce que l’on ose et ce que l’on pense, comme l’on ose et l’on pense en véritable être raisonnable comme dirait Kant, c’est-à-dire en homme dont la loi morale intérieure montre un but final qui fait croire en l’existence d’un auteur morale du monde. Le Sankuru, a urgemment besoins de tels hommes et de telles femmes raisonnables, c’est-à-dire des personnes de conviction et d’audace, de qualité et de vertu, pour faire vivre de hautes ambitions, de hautes exigences et de hautes urgences. La Renaissance du

93

Sankuru est une exigence africaine moderne qui implique :

. La connaissance historique agissante ;

. La confiance des sankurois en eux-mêmes pour eux-mêmes ;

. La formation de très haut niveau des élites sankuroises dans tous les domaines du savoir ;

. La protection et la sécurité des intérêts supérieurs du peuple sankurois contre toutes sortes de convoitises.

L’intensification des liens de solidarité, de fraternité et de coopération dans des ensembles régionaux et dynamiques ;

. La promotion inconditionnelle de la jeunesse sankuroise, levier de l’avenir ;

. L’ouverture au monde moderne dans une pédagogie éclairée.

. Tout est possible aux sankurois, notamment le meilleur, dans la réflexion et le travail, dès aujourd’hui et pour demain.

. La Renaissance du Sankuru sera l’heureux travail de toutes les générations dans le flux et le reflux du temps, et non point présomption gratuite.