1

EL KIRAT, H. Analyse des besoins de formation des intervenants en

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Centre collaborateur de l’OMS

CYCLE DE MASTERE EN ADMINISTRATION SANITAIRE ET SANTE

PUBLIQUE

FILIERE : GESTION DES PROGRAMMES DE SANTE

PROMOTION (2011-2013)

Mémoire de fin d’études

- ELABORE PAR : HOUDA EL KIRAT

- ENCADRE PAR : Pr. HIND FILALI

ENSP, Rue Lamfadel Cherkaoui, Madinat Al Irfane, Rabat Tél. : 05.37.68.31.62 - Fax 05.37.68.31.61 - BP : 6329 Rabat -

Royaume du Maroc Ministère de la Santé

Ecole Nationale de Santé Publique

المغربية المملكة وزارة الصحة

المدرسة الوطنية للصحة العمومية

ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION DES INTERVENANTS EN SANTE MENTALE

( Préfecture de Rabat)

I

REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à mon encadrante, Pr Hind

FILALI pour sa disponibilité, son accompagnement, ses orientations et son

soutien.

Je remercie Dr Mina ABBACROUCHE, directrice des études pour le

dévouement qu’elle porte au perfectionnement des compétences des participants

de l’INAS

Toute ma reconnaissance au staff enseignant et au personnel de l’INAS

pour nous avoir facilité notre passage.

Je tiens à exprimer ma gratitude au Pr Abderehmane MAAROUFI pour

nous avoir enseigné la méthodologie de la recherche et le pragmatisme.

Mes remerciements au Dr Fatima ASSOUAB et Dr Soumaya Rachidi

pour la qualité de la documentation fournie et le temps précieux qu’elles m’ont

accordé

Enfin, Je remercie tous les professionnels de la santé mentale de la

préfecture de Rabat pour leur accueil et leur collaboration.

II

DEDICACE

À ma famille, en particulier mes parents, veuillez trouver dans ce travail

l’expression de ma tendresse.

À mon mari avec toute mon affection.

À tous ceux qui vont lire ce travail.

III

Résumé :

Au Maroc, la santé mentale est confrontée à deux défis majeurs, la pénurie

des ressources humaines et la qualité insatisfaisante de la prise en charge. De ce

fait, elle constitue une priorité dans la stratégie 2012-2016 du Ministère de la

Santé.

Afin, de pallier à ces défis, la formation des intervenants en santé mentale

constitue l’un des moyens pour améliorer la qualité de prise en charge.

L’approche par compétence constitue la meilleure approche pédagogique

pour améliorer les pratiques professionnelles. D’où l’importance d’une analyse

des besoins pour identifier les compétences nécessaires pour améliorer la prise en

charge.

Notre recherche exploratoire descriptive vise à identifier ces besoins par

une approche qualitative. Nous avons mené des entretiens semi- directifs auprès

des professionnels de la santé mentale, des gestionnaires centraux et des

enseignants de psychiatrie afin d’identifier les besoins institutionnels, les besoins

démontrés et les besoins ressentis.

Les besoins en compétences des intervenants non spécialisés concernent

surtout la communication, la collaboration et l’actualisation des connaissances

(diagnostic, manipulation des psychotropes, addictologie). Les besoins de

compétences en pédopsychiatrie et la géronto-psychiatrie sont prioritaires pour les

intervenants spécialisés.

Le développement des compétences des intervenants garantirait la réussite

de l’intégration de la santé mentale dans les établissements de soins de santé de

base.

IV

ABSTRACT:

In Morocco, shortage of human resources and insufficient quality of care

is challenging senior executives mental health. Thus, the mental health has

become a priority of the Ministry of Health Agenda.

The training of mental health workers is an effective policy to improve the

quality of care and to overcome human resources shortage.

In addition, the competency-based approach is the main approach to

improve the quality of practitioner’s skills. Consequently, the cornerstone of an

effective training program is the training need assessment.

Our descriptive and exploratory research aims to identify these needs

through a qualitative approach. We have conducted semi-structured interviews

with chief executives in Mental Health department at the Ministry of Health,

professors of psychiatry and mental health professionals

The main training needs for non-specialists are the communication, the

collaboration and upgrading psychiatric core knowledge (diagnosis, handling

psychotropic and addiction). Specific focus on child psychiatry and geriatrics is

the main concern for psychiatric specialists.

Skills development mental health professionals would ensure the success

of mental health integration in primary health care facilities.

V

ملخص

في نقص: رئيسيين تحديين المغرب في العقلية الصحة تواجه

ج البرنام ياتولأو من تعتبر ولهذا. العالج جودة وفي البشرية الموارد

2102ـ2102 لسنة االستراتيجي

الطرق أنجع من العقلية الصحة مجال في العاملين تكوين يعتبر

الطرق أفضل الكفاءات على القائم التعليمي المنهج إن .العالج لتحسين

هي المهنية االحتياجات دراسة فإن لهذا المهنية، الممارسات لتحسين

دراسة حول االستكشافي البحث هذا في. الكفاءات هذه لتحديد السبيل

مسؤولين و القطاع مهني مع مقابالت بإجراء قمنا المهنية االحتياجات

.النفسي الطب أساتذة و الصحة بوزارة العقلية الصحة مصلحة في

في تتمثل المتخصصين غير المهنيين عنها عبر التي المهارات

تطوير ضرورة الى إضافة المهنين مختلف مع التنسيق و التواصل

طب و الطبية لوصفات وتقديم التشخيص حول المكتسبة المعارف

.اإلدمان

أولويات فان العقلية الصحة في المتخصصين للمهنيين بالنسبة أما

.للمسنين النفسي لطب و لألطفال النفسي الطب تضم التكوين

إدماج سياسة نجاح بضمان كفيل الصحة نييمهن مهارات تحسين

.األساسية الصحية بالمراكز العقلية الصحة

VI

TABLE DES MATIERES :

I. INTRODUCTION : .......................................................................................... 1

II. MATERIEL ET METHODE : ......................................................................... 4

1) Contexte de l’étude :.................................................................................... 4

2) Collecte de données : ................................................................................... 5

3) Analyse des données: .................................................................................. 6

III. RESULTATS : ............................................................................................... 8

1) Formation de base : ..................................................................................... 8

2) Besoins d’actualisation et d’adaptation des connaissances : ................... 10

3) Besoins de collaboration : ......................................................................... 12

4) Besoin de communication : ....................................................................... 13

5) Besoins d’une approche biopsychosociale du malade mentale ................. 13

6) Besoins de nouveaux profils en santé mentale: ......................................... 14

7) Besoins de formation individuelle :........................................................... 15

IV. DISCUSSION :............................................................................................. 17

2) La collaboration :....................................................................................... 19

3) La communication : ................................................................................... 19

4) L’intégration des soins de santé mentale au niveau des ESSB : ............... 20

VII

LISTE DES ANNEXES

REVUE DE LA LITTERATURE :....................................................................... 27

1) Concept de besoin et analyse de besoin de formation: .............................. 27

2) Concept de santé mentale : ........................................................................ 28

3) Intervenants en santé mentale : ................................................................. 29

4) Politique de santé mentale : ....................................................................... 31

5) Formations en santé mentale : .................................................................. 32

GUIDES D’ENTRETIENS : ................................................................................ 35

Grille d’entretien destinée aux : médecins généralistes, psychiatres, infirmiers

polyvalents, infirmiers spécialisés en psychiatrie, psychologues, assistants

sociaux............................................................................................................... 37

Grille d’entretien destinée aux : enseignants en psychiatrie et enseignants à

IFCS .................................................................................................................. 38

Grille d’entretien destinée aux responsables centraux : .................................... 39

BESOINS DE FORMATION IDENTIFIES CHEZ LES INTERVENANTS EN

SANTE MENTALE : ............................................................................................ 40

VIII

LISTE DES FIGURES :

FIGURE 1 : INTERACTION DE FACTEURS BIOLOGIQUES, PSYCHOLOGIQUES ET

SOCIAUX DANS LA SURVENUE ET L'ÉVOLUTION DES TROUBLES MENTAUX ET DU

COMPORTEMENTS(OMS 2001) ....................................................................... 29

FIGURE 2: MÉLANGE OPTIMAL DE SERVICES DE SANTÉ MENTALE: PYRAMIDE CADRE

DÉFINIE PAR L'OMS(2008) ............................................................................. 30

FIGURE 3: COMPÉTENCES À DÉVELOPPER CHEZ LES INTERVENANTS EN FONCTION DE

LEURS NIVEAU D'INTERVENTION (INSPIRÉ DE L'OMS) .................................... 33

FIGURE 4 : CADRE CONCEPTUEL DE L'ANALYSE DES BESOINS EN SANTÉ MENTALE . 34

1

I. INTRODUCTION :

La santé mentale est responsable d’une importante charge de morbidité et

d’un coût économique et social importants. Le rapport de OMS de 2001 a mis en

évidence cette charge de morbidité grandissante : les troubles mentaux sont

responsables de 12,3 % de la charge de morbidité totale dans le monde et serait de

15% d’ici 2020(1). L’Organisation Internationale du Travail (OIT) a déclaré que

les coûts consécutifs aux maladies mentales représentent entre 3 et 4 % du produit

intérieur brut (PIB) de l’Union européenne(2).

En plus de cette charge de morbidité importante, la majorité des malades

qui présentent des troubles de santé mentale ne sont pas pris en charge. En effet,

la proportion des malades non pris en charge s’élève de 40% à 70% dans les pays

développés et à 90% dans les pays en voie de développement ; de plus 35% à 50%

des cas graves des troubles mentaux dans les pays développés et 76% à 85% dans

les pays en développement n’ont bénéficié d’aucun traitement au cours des 12

mois précédant (2).

Le Maroc se trouve confronté à une charge de morbidité importante.

L’Enquête Nationale de Prévalence des Troubles Mentaux dans la population

générale âgée de 15 ans et plus (ENPTM, 2003-2006) a mis en évidence que la

prévalence de la dépression est de 26,5%, les troubles d’anxiété généralisée de

9%, les troubles psychotiques de 5,6% et la dépendance à l’alcool et aux

substances psychoactive de 0,1% et 2% respectivement.

Conscient de l’importance de la santé mentale et soucieux d’assurer

l’accessibilité et la qualité des soins en santé mentale, le Ministère de la santé a

définit les axes stratégiques suivants :

Intégration des soins de santé mentale au niveau des soins de santé

de base

Mise en place de la filière de soins en sante mentale

La normalisation des structures de psychiatrie

2

Cependant, L’enquête d’investigation du Comité National des Droits de

l’Homme (CNDH) (3) sur les établissements hospitaliers psychiatriques a

soulevé les faits suivants :

Une pénurie en ressources humaines, au Maroc, on compte 2,6

professionnelles pour 100 000 habitants alors que dans la région EMRO ce

ratio s’élève à 8,8 professionnels pour 100 000 habitant et dans la région

de l’Europe il est de 43,9 professionnels pour 100 000 habitants(4).

un manque de certains profils : les assistants sociaux et

psychologues cliniciens.

une absence des profils : ergothérapeutes, éducateurs spécialisés.

les soins prodigués aux patients sont basiques et aucun effort n’est

déployé pour développer des méthodes plus récentes

Pour faire face à ces défis, la stratégie recommandée par l’OMS s’articule

autour du développement des ressources humaines et met l’accent sur

l’importance du volet de la formation. En effet le rapport de L’OMS de 2001,

2006 et de nombreuses études internationales(5,6) ont souligné l’importance de la

formation pour améliorer la prise en charge des patients, palier au manque des

ressources humaines spécialisées et accompagner l’intégration des soins de la

santé mentale au niveau des établissements de soins de santé primaire.

Aussi, le Ministère de la santé, dans le cadre de la stratégie 2008-2012

a accordé une attention particulière à la formation des praticiens en santé mentale.

En effet, le Ministère de la santé a lancé depuis 2010 un programme de formation

en santé mentale destiné aux professionnels non spécialisés en santé mentale.

Cependant, d’après nos entretiens avec des responsables centraux, cette formation

reste insuffisante pour répondre aux besoins de la population. Cette insuffisance

en formation nuit à la qualité de la prise en charge en santé mentale.

En vue d’améliorer la qualité et la continuité de la prise en charge des

patients avec des troubles de santé mentale, quels sont les besoins en

formation des professionnels en santé mentale ?

3

La Formation est l’action qui permet l’acquisition de nouvelles

connaissances et le développement des compétences pour être réactif face aux

nouvelles tâches et aux modifications de l’environnement. J-M PIRETTI définit la

formation comme : « un ensemble d’actions, de moyens, de méthodes et de

supports planifiés à l’aide desquels les salariés sont incités à améliorer leurs

connaissances, à modifier leurs comportements, à acquérir les compétences

nécessaires à la fois pour atteindre les objectifs de l’organisation et ceux qui leur

sont personnels, pour s’adapter à leur environnement et pour accompagner leurs

tâches actuelles et futures »

Pour garantir le succès de la formation, l’analyse des besoins de formation

est une étape primordiale.

Bourjois(7) définit le besoin de formation comme une construction mentale

articulée autour de trois pôles distincts et étroitement liés :

le pôle de la représentation de la situation actuelle dans lequel le besoin est

exprimé en termes de problème, de dysfonctionnement et de nécessité ;

le pôle de la représentation de la situation attendue dans lequel le besoin

est exprimé en terme de désir, de souhait et de motivation.

le pôle de la représentation des perspectives d’action dans lequel le besoin

est exprimé en terme d’action à mener pour transformer une situation

actuelle en une situation attendue.

L’analyse des besoins en formation identifie trois niveaux d’analyse(8).

Le premier niveau concerne l’organisation, l’analyse porte alors sur les besoins

institutionnels, C’est à dire, les besoins exprimés par les responsables

stratégiques. Le deuxième niveau concerne le travail : l’analyse porte alors sur les

compétences, C’est à dire, les besoins démontrés par les experts sur la base de

l’évaluation des pratiques professionnelles. Enfin, le troisième niveau concerne

l’individu, il repose sur l’analyse des besoins ressentis ou exprimés par les

professionnels.

Notre étude vise à analyser les besoins de formation (institutionnelles,

démontrés et ressentis) des intervenants en santé mentale et à identifier les

domaines de compétences prioritaires.

4

II. MATERIEL ET METHODE :

Nous avons mené une étude qualitative, exploratoire descriptive.

Nous avons choisi cette approche vu le manque de connaissances sur la réalité des

besoins de formation en santé mentale au Maroc.

L’étude de cas multiples à niveaux d’analyse imbriqués est le design

approprié pour répondre à l’objectif de l’étude et pour s’adapter à la multiplicité

des intervenants(9).

Ce design permet de généraliser les résultats avec plus de confiance

selon une logique de réplication (validité externe) (selon YIN), et La

multiplication des niveaux d’analyses garanties un potentiel élevé de validité

interne.

1) Contexte de l’étude :

Nous avons choisi de réaliser notre étude à Rabat, parce que le site

nous offre la possibilité de mener l’étude auprès de différents acteurs du système

de santé mentale: les responsables centraux du service de santé mentale, les

enseignants et les praticiens.

Le choix est justifié aussi par la diversité des structures

intervenantes en santé mentale (ESSB1, CHU2, centre d’addictologie, IFCS) et

par la disponibilité des intervenants. Le choix du site nous a permis également

d’interviewer des intervenants de même profil exerçant dans des établissements

différents, ce qui nous a permis de neutraliser le biais de contamination.

La population cible est représentée par les intervenants en santé

mentale de la préfecture de Rabat. Nous avons inclus dans notre étude les

professionnels des structures suivantes :

un centre de santé avec unité de santé mentale

Un centre de santé sans unité de santé mentale.

1 ESSB : Etablissement de soins de santé de base 2 CHU : Centre hospitalier universitaire

5

le centre régional d’addictologie.

L’hôpital ERRAZI du Centre hospitalier universitaire Ibn SINA de Rabat.

Le service de santé mentale au niveau de la Direction d’Epidémiologie et

Lutte contre les Maladies (DELM)

L’Institut de Formation aux Carrières de Santé de rabat. (IFCS)

Au total, nous nous sommes entretenues avec 22 intervenants

répartis comme suit : 04 médecins généralistes, 04 infirmiers polyvalents, 02

psychiatres, 02 infirmiers spécialisés en psychiatrie, 02 assistantes sociales, 01

psychologue, 01 administrateur du centre d’addictologie, 01 professeur

psychiatre, 02 enseignants à l’Institut de Formation aux Carrières de Santé, 02

responsables au service de santé mentale à la Direction de l’Épidémiologie et la

Lutte contre les Maladies.

2) Collecte de données :

Pour la réalisation de notre étude, nous avons choisi de réaliser des

entretiens semi-directifs. Cette méthode permet de créer une interaction avec

l’interviewé (flexibilité et adaptation), d’instaurer un climat de confiance,

d’approfondir et d’orienter l’échange. Elle permet aussi de vaincre les

mécanismes de défense de l’interviewé. L’entretien semi directif est une source

d’abondance de l’information. Pour réaliser nos entretiens nous avons élaboré des

guides d’entretiens pour chaque catégorie d’intervenants.

Dans notre guide d’entretien nous avons abordé quatre thèmes : Le

concept de santé mentale et pratique professionnelles, les intervenants en santé

mentale, la formation reçue et les besoins en formation. (Voir annexe)

Nous avons classé les profils en trois catégories :

1) les praticiens :

Non spécialisés en santé mentale : médecins généralistes et infirmiers

polyvalents, psychologues et assistants sociaux.

professionnels de santé mentale : psychiatres et infirmiers spécialisés en

psychiatrie,

6

2) les gestionnaires : les responsables du service de santé mentale à la DELM

3) les enseignants : un professeur en psychiatrie et des enseignants à l’IFCS

Nous avons réalisé une pré-enquête pour tester notre guide d’entretien, ce

qui nous a permis de reformuler certaines questions et adapter les thèmes aux

profils. Pour avoir l’adhésion des intervenants une autorisation a été demandée

aux responsables hiérarchiques.

Les entretiens ont eu lieu au niveau du lieu du travail des enquêtés, parfois

sur rendez-vous.

En général les entretiens se sont déroulés dans une ambiance de confiance.

Chaque fois que c’était possible l’entretien a été enregistré (nous avons

réalisé 15 enregistrements sur 22 entretiens).

Au début de chaque entretien nous avons présenté la consigne à

l’interviewé : l’objectif de l’entretien, la retombée de l’étude, le respect de

l’anonymat et le caractère confidentiel des informations. La durée moyenne des

entretiens était de 25 minutes.

La phase de collecte de données s’est étalée sur deux mois.

3) Analyse des données:

Nous avons réalisé une retranscription des entretiens, et élaboré

une grille d’analyse. Nous avons réalisé une analyse de contenu selon la

méthodologie décrite par Miles et Huberman : D’abord, nous avons effectué une

lecture flottante du corpus puis une condensation, une codification des données et

une identification thématique et catégorielle (l’analyse verticale). Ensuite nous

avons procédé à une analyse transversale, elle consiste à identifier des

thématiques qui se répètent dans les entretiens du même profil.

Enfin, nous avons fait une multi triangulation des résultats. La

triangulation consiste en la confrontation entre les données recueillies de source à

différents niveaux d’analyse (gestionnaires, professionnels, enseignants) et les

7

différents profils d’intervenants (médecins généraliste, psychiatres, infirmiers,

assistantes sociales et psychologues)

8

III. RESULTATS :

L’analyse des besoins en formation tend à identifier l’écart entre

les compétences actuelles et les compétences requises. Les compétences actuelles

résultent essentiellement de la formation de base. Les compétences requises ou

besoins en formation représentent la solution aux problèmes rencontrés dans la

pratique.

Nous allons, en premier lieu, aborder la représentation de la formation de

base par les intervenants, ensuite nous allons présenter les besoins de formation

identifiés.

1) Formation de base :

La formation de base, conditionne les aptitudes et les compétences des

professionnels et leurs capacités à répondre aux besoins de la population. La

formation de base des professionnels non spécialisés en santé, comporte pour les

médecins généralistes, des cours théoriques (psychologie, sémiologie

psychiatrique, et psychiatrie) et une courte période de stage. Pour les infirmiers

polyvalents, la formation de base est partagée entre un module théorique de

psychiatrie et des séances de travaux dirigés en soins infirmiers psychiatriques. Le

cursus de base des psychologues, ne porte pas sur la psychologie clinique mais sur

la psychologie générale. Et enfin, les assistants sociaux n’ont pas reçu de

formation spécifique à la santé mentale.

Par contre, la formation de base des professionnels spécialisés est

plus étoffée. En effet, le cursus de formation des psychiatres comporte une mise

en situation professionnelle de quatre ans couplée à des séminaires et des cours

théoriques en psychiatrie. Les infirmiers spécialisés en psychiatrie reçoivent une

formation plus approfondie en pathologie et en soins infirmiers psychiatriques.

Cette différence dans l’ampleur de la formation de base se traduit,

d’une part, par une mauvaise perception de la qualité de la formation reçue par les

9

intervenants non spécialisés, et d’autre part, par une satisfaction des

professionnels spécialisés.

Les professionnels spécialisés en santé mentale affirment l’adéquation

entre la formation de base et les exigences de terrain. Cependant, les

professionnels non spécialisés en santé mentale (PNSSM) perçoivent la

formation de base comme insuffisante et inadéquate pour la pratique

professionnelle. Un médecin généraliste a déclaré que :

« La formation reçue est insuffisante, un cours pathologie et stage en 5éme

année. Une fois sur le terrain j’ai sentis qu’il y avait une inadéquation entre la

formation reçue et les exigences du terrain »

Cette inadéquation se traduit sur le terrain par des difficultés de diagnostic,

de prise en charge, de manipulation des psychotropes, d’accueil et d’orientation

des malades. En effet, les cas pris en charge par les médecins généralistes se

limitent aux troubles d’anxiété et de dépression légère alors que les autres

pathologies sont référées au psychiatre. Un médecin généraliste affirme :

« Je ne prend que les pathologies simples…la majorité du temps je réfère

au psychiatre ».

Un autre généraliste a déclaré :

« … le généraliste ne prend pas en charge les psychoses essentiellement

par manque de formation dans la manipulation des neuroleptiques. »

En effet, les difficultés de prise en charge et de diagnostic, se traduisent

dans la pratique par des références abusives et des diagnostics incomplets. C’est

ce que a souligné un psychiatre :

« Les entretiens du médecin généraliste sont incomplets et pas bien faits. Il

faudrait former les généralistes en psychiatrie particulièrement dans la

démarche du diagnostic et du diagnostic différentiel ».

D’où l’intérêt de renforcer les compétences des généralistes dans le

diagnostic et la prise en charge des malades psychiatriques, ceci va améliorer la

10

qualité des références aux services spécialisés et de ce fait une meilleure

collaboration comme le souligne un psychiatre :

« Il faudrait former les généralistes en psychiatrie ( les diagnostic

différentiels, démarche diagnostic), comme ça la coopération et la collaboration

sera une réussite…former les médecins généralistes pour une meilleure

collaboration. »

Ces difficultés de diagnostic, de prise en charge thérapeutique du malade

atteint de troubles de santé mentale soulignent, l’importance de la formation des

PNSSM3.

2) Besoins d’actualisation et d’adaptation des connaissances :

En santé mentale, les connaissances évoluent, les classifications et

nosographies changent, et les nouvelles thérapeutiques apparaissent. Dans ce

contexte de changement, l’actualisation et l’adaptation des connaissances sont les

seules garanties pour une prise en charge de qualité conforme aux

recommandations internationales(2,10)Aussi, tous les professionnels de santé

interviewés ont insisté sur l’importance d’adapter leurs connaissances par rapport

aux évolutions des bonnes pratiques professionnelles.

Conscients de l’importance de mettre à jour leurs connaissances,

des médecins généralistes ont exprimé la nécessité de bénéficier de formation en

pathologie psychiatrique, pratiques cliniques, manipulation des psychotropes et

utilisation des nouvelles techniques thérapeutiques. Un généraliste affirme que

« Toutes les connaissances que nous avons eu doivent être mises à jour,

quand tu vois la littérature, tout a changé… ».

De plus, des professionnels nouvellement affectés au centre

d’addictologie ont exprimé leurs besoins de suivre une formation en addictologie

pour adapter leurs connaissances à leurs nouvelles attributions.

3 PNSSM : professionnels non spécialises en santé mentale

11

Les professionnels spécialisés en santé mentale ont exprimé à leur tour

des besoins de formation plus spécifiques : les nouvelles techniques

thérapeutiques, la géronto-psychiatrie, et la pédopsychiatrie.

Un psychiatre affirme: « On a toujours besoin de formation, de se

recycler, de connaître les nouveautés en psychiatrie, les nouvelles thérapies

comme EMDR/TAI (traitement adaptatif de l’information) ».

Un autre psychiatre affirme avoir suivi une formation en pédopsychiatrie

à son compte pour adapter ses pratiques cliniques.

Les deux infirmiers spécialisés en psychiatrie interviewés ont aussi

exprimé leur besoin de formation en pédopsychiatrie et en géronto-psychiatrie.

L’une des infirmières a énoncé :

« Ce qui manque ce sont les stages ou formations en pédopsychiatrie et en

géronto-psychiatrie »

Non seulement l’actualisation et la réadaptation des connaissances

est un besoin ressenti, mais il est aussi un besoin institutionnel. Les gestionnaires

centraux du service de santé mentale ont insisté sur l’importance de la mise à

niveau des connaissances pour amélioration de la qualité de la prise en charge. Un

responsable central affirme l’importance de la formation comme outil

d’adaptation aux changements des besoins de la population, et aux progrès

thérapeutiques et comme outil d’accompagnement des stratégies du Ministère de

la santé :

« …Actuellement il y a une inadéquation dans la pratique par rapport aux

avancées scientifiques, aux programmes de santé mentale implantés et aux

nouveaux besoins de la population. Maintenant il y a l’approche

pédopsychiatrique, prise en charge des troubles de l’enfant, il y a aussi les

troubles addictifs…».

Dans le même sens, un professeur en psychiatrie a mis en évidence la

nécessité de dispenser de nouvelles formations aux psychiatres pour répondre

aux nouvelles pratiques, il s’agit de l’éthique professionnelle, la criminologie et la

psycho-traumatologie.

12

Enfin, certains intervenants ont souligné l’importance de la collaboration

entre les professionnels des différents niveaux et sa contribution dans

l’actualisation des connaissances.

3) Besoins de collaboration :

Les difficultés des professionnels non spécialisés en santé mentale

dans la prise en charge s’expliqueraient, non seulement par l’insuffisance de la

formation de base et de l’actualisation des connaissances mais, aussi par le

manque de collaboration avec les psychiatres. La pratique du médecin généraliste

est d’autant plus facilitée lorsque ce profil est en étroite collaboration avec le

psychiatre. Celui-ci l’oriente et l’informe sur les modalités de prise en charge. Ce

constat est corroboré par les affirmations de la majorité des médecins généralistes.

En effet, Un médecin déclare :

« Quand on travaillait avec le psychiatre c’était bien… quand il était à

côte, tu vas le voir pour discuter d’un malade, si c’est pas grave je le prends en

charge, sinon je le lui adresse; mais maintenant non, tu adresses la patient et il

n’y a pas de feed-back. »

La collaboration entre psychologues et psychiatres est aussi

problématique, en effet, elle n’existerait pas dans la prise en charge des malades.

C’est ce que a affirmé le psychologue interviewé :

« La coopération et la collaboration avec le psychiatre sont absentes et

négligeables ».

La qualité de la prise en charge en santé mentale dépend non

seulement des compétences des intervenants, de la qualité de la collaboration

mais aussi de la qualité de la communication aussi bien entre les prestataires du

service qu’avec les malade présentant des troubles de santé mentale et leurs

familles.

13

4) Besoin de communication :

La complexité de la santé mentale et de la maladie psychiatrique mettent

l’accent sur la multiplicité des intervenants d’un côté, et sur la fragilité et la

spécificité de la relation entre le patient et les intervenants d’un autre côté, d’où la

nécessite de développer les compétences en communication.

La qualité de l’accueil du malade en psychiatrie dépend des habilités de

communication des intervenants en santé mentale.

Un psychiatre affirme :

« Ici au centre, il n’y a pas d’accueil, cela retentit sur la qualité de la

communication avec le patient. D’où l’intérêt de disposer d’un personnel

spécialisé qui communique bien avec le patient. »

Pour les praticiens en santé mentale, la maitrise des techniques d’entretien

est capitale pour assurer la qualité de la prise en charge et l’adhésion du patient

au traitement(11). En plus, La qualité de la communication entre les différents

intervenants conditionne la qualité de la collaboration et la globalité des soins en

santé mentale. Ainsi l’intégration des techniques de communication dans la

pratique du praticien va lui permettre une approche centrée sur le patient, c’est à

dire une approche bio-psycho-sociale.

5) Besoins d’une approche biopsychosociale :

Les troubles en santé mentale résultent d’un déséquilibre entre le

biologique, le psychologique et l’environnement(1,12)La prise en charge du

malade présentant un trouble de santé mentale doivent prendre en compte

l’histoire personnelle, familiale et son interaction avec l’environnement. La

pratique professionnelle des intervenants en santé mentale est dominée par

l’approche biomédicale. C’est à dire la focalisation des praticiens sur le

symptôme, le diagnostic et le traitement.

Ce constat est corroboré par la description des professionnels de

leurs pratiques, par l’évaluation des pratiques de soins infirmiers par les

14

enseignants de l’IFCS et par les affirmations des gestionnaires centraux du service

de santé mentale. En effet, un médecin généraliste a affirmé :

« La prise en charge du malade dépend de la pathologie….Et c’est

l’interrogatoire qui permet de voir de quelle pathologie il s’agit : névrose ou

psychose, on demande les symptômes…».

Un enseignant à l’IFCS a déclaré :

« …Parmi les lacunes que nous avons constatées : l’approche utilisée

dans la prise en charge de la maladie mentale est essentiellement biomédicale ».

À côté de ces besoins en formation liés aux profils existants, les

enseignants et les responsables centraux ont soulevé l’absence de certains profils

d’intervenants en santé mentale.

6) Besoins de nouveaux profils en santé mentale:

La pathologie liée à la santé mentale requiert l’intervention de plusieurs

profils qui participent au diagnostic, à la prise en charge, au suivi et à la

réinsertion socio-professionnelle du malade.

Le Ministère de la santé ne dispose d’aucun profil d’ergothérapeute ni

d’éducateur spécialisé. Les ergothérapeutes sont des professionnels de la santé,

ils interviennent auprès des patients souffrant de troubles mentaux et d’handicaps

physiques. En santé mentale, ils évaluent l’impact des troubles mentaux, et

interviennent pour aider à la réadaptation (autonomie dans les activités

quotidiennes), et la réinsertion sociale (habilité relationnelle) du patient. En

France, La formation des ergothérapeutes s’étale sur 3 ans, l’enseignement est

fait d’une formation théorique (cours magistraux et TD) et d’une formation

clinique et situationnelles. L’ergothérapeute travaille essentiellement en équipe

multidisciplinaire pour assurer une prise en charge intégrée et centrée sur le

patient.

Les éducateurs spécialisés sont des travailleurs sociaux, leur formation se

déroule sur 3 ans. Ils interviennent auprès des enfants, adolescents « inadaptés »

15

et auprès des adultes avec handicaps psychiques et physiques pour faciliter leur

intégration sociale

Un gestionnaire central affirme :

« Il manque actuellement les ergothérapeutes et les éducateurs spécialisés,

ce sont des acteurs importants qui doivent être introduits ».

L’introduction de ces profils va assurer une prise en charge intégrée et

globale du malade. Aussi, le travail en équipe pluridisciplinaire va permettre

d’intégrer l’approche bio-psycho-social dans la pratique des intervenants.

7) Besoins de formation individuels :

Certains intervenants ont évoqué des besoins de formations

spécifiques qui répondraient à leurs besoins spécifiques et au développement de

leurs projets personnels. Parmi ces besoins nous citons l’approche différenciée

selon le sexe, les outils de plaidoyer, la psychologie de comportement et « l’

Empowerment. »

L’approche différenciée selon le sexe est un besoin ressenti par une

infirmière hospitalière spécialisée en psychiatrie. Elle a mis l’accent sur la

différence de la pathologie chez l’homme et la femme, et l’intérêt de suivre une

formation qui l’aiderait à maitriser cette différence (culturelle et sociale) dans la

prise en charge des patients.

La maitrise des outils de plaidoyer est un domaine de compétence

ressentie par un intervenant exerçant au niveau du centre d’addictologie. Sa

motivation à suivre cette formation est liée au besoin de développer des

partenariats avec les associations et réussir ainsi la réadaptation et la réinsertion

des patients.

Enfin, « l’Empowerment » ou appropriation du pouvoir par les

malades est une compétence soulevée par le psychologue et qui vise à impliquer

et à responsabiliser le patient dans le projet thérapeutique.

16

La majorité des interviewés ont été très récepteurs à notre intervention et

ont exprimé leurs engagements pour le développement de compétences en santé

mentale.

17

IV. DISCUSSION :

L’analyse des besoins de formation des intervenants en santé

mentale, nous a permis de constater une similitude entre les besoins exprimés par

les gestionnaires centraux et les professionnels spécialisés en santé mentale

(psychiatres et infirmiers spécialisés en psychiatrie). Par contre, les besoins

exprimés par les professionnels non spécialisés différent des besoins définit par

les gestionnaires.

En effet, les besoins identifiés par les gestionnaires et les

professionnels spécialisés sont liés au développement des pratiques modernes de

psychiatrie notamment la pédopsychiatrie, la géronto-psychiatrie, l’addictologie.

Ces besoins de formation s’inscrivent dans les préoccupations du Ministère pour

cibler les besoins spécifiques des populations vulnérables (enfant, sujet âgé et

toxicomanes).

Or, les besoins exprimés par les professionnels non spécialisés en

santé mentale sont liés à la pratique quotidienne. Cette pratique se caractérise par

un manque en connaissances actualisées en santé mentale, un manque de

compétences dans la conduite de l’entretien psychiatrique, dans le diagnostic des

pathologies psychiatriques communes et dans la manipulation des psychotropes.

Enfin, ce manque de compétence est parfois responsable d’une attitude de

désintérêt vis à vis de la santé mentale.

De plus, ces intervenants ont exprimé leur insatisfaction par

rapport à la formation de base et son inadéquation par rapport aux exigences de la

pratique professionnelle. Le manque de compétence de ces intervenants constitue

une source de références abusives et d’orientations inadéquates des malades

atteints de troubles de santé mentale. Ces références résultent aussi d’un manque

de coordination et de collaboration entre professionnels non spécialisés et

psychiatres.

18

Notre analyse a permis d’identifier trois thèmes de formation

fondamentaux pour améliorer la pratique professionnelle des intervenants:

1) Actualisation et adaptation des connaissances :

Le premier thème concerne l’actualisation et l’adaptation des

connaissances en psychiatrie. Les résultats de notre étude concordent avec le

résultat de deux études menées auprès des médecins généralistes et des infirmiers

polyvalents(13,14). La première étude menée auprès des médecins généralistes en

grande Bretagne a identifié des besoins similaires à notre étude concernant la prise

en charge des urgences psychiatriques, des troubles psychosomatiques, des

compétences dans la promotion de la santé mentale, dans la manipulation des

psychotropes.

L’étude menée auprès des infirmiers polyvalents a également trouvé des

résultats identiques à notre enquête à savoir la formation dans l’accueil et

l’orientation des malades atteint de troubles de la santé mentale, le développement

des connaissances par rapport à la pathologie psychiatrique, dans la sensibilisation

et dans la promotion de la santé mentale.

Aussi, R.MASSE(15) a réalisé une étude d’analyser des besoins des

intervenants en santé mentale a trouvé d’une part, des besoins identiques à notre

étude à savoir l’actualisation des connaissances dans la prise en charge des

maladies psychiatrique, la manipulation des psychotropes, l’addictologie, le

développement de la collaboration pour les PNSSM, et des besoins de formation

en géronto-psychiatrie pour les professionnels spécialisés. Et d’autre part des

besoins non retrouvés dans notre étude, il s’agit de la formation dans la prise en

charge des violences conjugales, la maltraitance et les abus sexuels. Cet écart

serait dû à l’absence de demande de soins par la population. En effet, la violence

conjugale et abus sexuel sont des sujets tabous.

19

2) La collaboration :

Nous avons identifié le besoin de collaboration chez tous les intervenants

interviewés. La collaboration est retrouvée dans toutes les démarches

d’amélioration de l’offre de soins de santé mentale, dans la dispensation de soins

partagé et l’intégration des soins de santé mentale. (16). En effet, les soins de

santé mentale partagés se fondent sur la collaboration entre le généraliste et le

psychiatre, la responsabilité du soin de santé mentale est répartie entre les deux,

en fonction du traitement requis pour le patient, et l’évolution du problème de

santé mentale.

La collaboration constitue une assise pour assurer l’accès et la continuité

des soins pour les patients présentant des troubles de santé mentale(17). Le besoin

de développement de la collaboration a été retrouvé dans différentes études

portant sur l’évaluation de l’implantation d’un réseau de santé mentale(18), sur

l’intégration des soins de santé mentale au niveau des soins de santé de base(19),

sur l’amélioration de la qualité de la prise en charge des troubles mentaux par les

médecins généralistes, et sur assurer la formation et la supervision par les

spécialistes(20). Elle devrait être développée et intégrée dans la pratique des

praticiens spécialisés et non spécialisées. Enfin, on peut considérer que la

collaboration est une culture et un mode de fonctionnement qui tend vers une

prise en charge optimale en soins de santé mentale. Pour réussir cette

collaboration L’OMS à définit des compétences à développer chez les

professionnels à savoir le travail d’équipe, la négociation et la gestion de conflit.

3) La communication :

Le développement des compétences en communication est un volet

important dans la prise en charge des malades avec troubles de santé mentale et il

est aussi un besoin récurrent chez les intervenants non spécialisées en santé

mentale. COLE & SILVERMAN(21) ont développé un modèle de formation en

communication destiné aux professionnels de santé mentale. Ce modèle définie

les étapes du déroulement de la consultation en santé mentale (introduction,

interrogatoire, explication et planification du projet thérapeutique et enfin la

20

clôture de la consultation) et le processus (établissement d’une relation de

confiance entre le professionnel et le patient).

Le but de ce modèle est d’assurer une adhésion du patient au

traitement et la réussite du projet thérapeutique. La réalisation de ce modèle de

communication nécessite l’acquisition d’un certain nombre de compétence à

savoir le développement de l’écoute, l’utilisation des questions ouvertes et

fermées, la relance, la communication non verbale.

Une étude mené par JULIOUS (21) a mis en évidence que le

développement des compétences en communication s’accompagne d’une prise

charge centrée sur le patient, une adhésion au traitement, une réduction de la

durée d’hospitalisation et la réduction des rechutes. Aussi HASSAN.al(11) ont

procédé à une revue de la littérature sur 16 études pour évaluer l’impact de la

qualité de la communication entre les professionnels de santé et les patient, a mis

en évidence que les rechutes sont fréquentes chez les patients suivi chez des

professionnels qui communiquaient mal (hostilité, manque d’intérêt)

Les professionnels de la santé mentale ont également exprimé leurs

besoins de formation en communication interpersonnelle. C’est un besoin

exprimé pour l’accueil et la sensibilisation à la santé mentale (22). En effet,

différentes études ont mis en évidence l’intérêt des techniques de communication

interpersonnelles entre les professionnels pour faciliter la collaboration et

améliorer le climat du travail d’un côté, et avec le patient et la famille pour

pouvoir interagir et vulgariser l’information sanitaire en fonction du « taux

d’alphabétisation sanitaire »4 d’un autre côté.

4) L’intégration des soins de santé mentale au niveau des ESSB :

Les médecins généralistes voient quatre fois plus de malades présentant

des troubles de santé mentale que les psychiatres. Ainsi, la place des intervenants

non spécialisés en santé mentale dans le système de santé est primordiale et ce

d’autant plus que la stratégie d’intégration adoptée par le Ministère de la santé en

4 capacités de lecture d’une personne, ses compétences linguistiques et son niveau

d’études, son bagage culturel et sa faculté à recevoir une information sanitaire.

21

matière de santé mentale requiert de repositionner leur rôle dans la prise en

charge.

Par conséquent, le développement des compétences des intervenants non

spécialisés dans la collaboration, la communication, et l’actualisation des

connaissances en pathologie psychiatrique permettent d’assurer la globalité et la

continuité des soins et garantissent la réussite de l’intégration des soins de santé

mentale au niveau des ESSB. En effet l’intégration des soins de santé mentale au

niveau des soins de santé primaire est une politique de santé mentale développée

par l’OMS qui vise, par l’intermédiaire d’une équipe pluridisciplinaire, de

prodiguer des soins continus et globaux au niveau de la communauté. Or les

gestionnaires des services de santé ont souligné l’absence des profils

d’ergothérapeutes et d’éducateurs spécialisés dont le rôle est primordial dans la

réadaptation et la réinsertion des patients. L’action du Ministère de la Santé

s’oriente vers le développement de la formation de ces profils, et leurs formations

au niveau de l’IFCS.

Notre étude, nous a permis de considérer, en se basant sur le modèle de

formation en santé mentale développé pour les pays à revenu modéré et

faible(23), que les connaissances fondamentales ou « core knowledge »

nécessaires pour garantir la qualité de la prise en charge sont la collaboration, la

communication et l’actualisation des connaissances. La formation spécifique

s’oriente vers des domaines plus pointus tels l’addictologie, la pédopsychiatrie,

l’ergothérapie.

Enfin, notre étude tente de contribuer à fournir des données empiriques

sur les besoins de formation des intervenants en santé mentale. Cependant elle

présente des limites liées à la représentativité des intervenants exerçant en milieu

rural et les nouvellement diplômés.

Proposition pour l’action :

Afin d’accompagner le projet du Ministère de la santé relatif à

l’intégration de la santé mentale dans les établissements des soins de santé de

base, la formation constitue un axe facilitant la mise en œuvre des activités

d’intégration et un support de conduite de changement. Il serait d’autant plus

22

efficace si elle rejoint les attentes des praticiens en santé mentale. Nous

proposons d’abord de revoir la formation de base jugée insatisfaisante et

inadéquate pour la pratique professionnelle des intervenants non spécialisés en

santé mentale.

Ensuite le développement des domaines des connaissances fondamentales

suivantes :

La formation en communication :

La communication interpersonnelle facilite d’une part, l’accueil,

l’implication de la famille dans la prise en charge et l’approche centrée sur le

patient. Et d’autre part, elle améliore le climat de travail et facilite la

collaboration.

La formation dans les techniques d’entretien psychiatrique permet

d’améliorer le diagnostic, la prise en charge et l’adhésion du patient.

La formation facilitant la collaboration :

La formation dans les techniques de négociation, de travail d’équipe, de

résolution de problèmes, permettrait l’amélioration de la qualité des références et

de l’orientation des malades, favoriserait les soins partagés et la formation croisée

des intervenants en santé mentale.

L’actualisation et l’adaptation des connaissances en santé mentale :

Ce volet de formation regroupe un ensemble de besoins exprimés par les

professionnels. En particulier, les démarches diagnostic, la manipulation des

psychotropes, la gestion des risques liés à l’agressivité du malade, la prise en

charge des cas urgents. Ces formations peuvent être dispensées dans le cadre de la

formation continue ou sous forme de supervisions régulières réalisées par les

psychiatres.

En outre, Pour les professionnels spécialisés, il s’agit essentiellement de

développer la formation en pédopsychiatrie, géronto-psychiatrie

23

Formations spécifiques :

Les formations spécifiques ou « specific focus » concernant

l’ergothérapie et l’éducation spécialisée. Ces formations peuvent être introduites

sous forme de formation continue en attendant leurs introductions en tant que

formations de base.

Ces besoins en formation peuvent faire l’objet de session de

formation continue surtout que les besoins des professionnels évoluent en

fonction de l’évolution des besoins de la population.

Enfin, les résultats de notre étude ne représentent que les besoins

des intervenants de la préfecture de Rabat. Qu’en est –il pour tous les

intervenants de santé mentale au niveau national?

24

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nouvelle conception , nouveaux espoirs. rapport sur la sante dans le monde

2001. GENEVE; 2001.

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une nouvelle politique. 2012.

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5. Bruckner T a, Scheffler RM, Shen G, Yoon J, Chisholm D, Morris J, et al.

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needs-based approach. Bulletin of the World Health Organization. 2011

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recueil de nouvelles méthodes. De Boeck U. 2003.

10. ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE. Ressources humaine et

formation pour la sante mentale. 2010.

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treatment of mental illness: a review. Communication & medicine. 2007

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12. Kovess V, Lesage A, Boisguerin B, Fournier L, Lopez A, Ouellet A.

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13. Nash M. The training needs of primary care nurses in relation to mental

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25

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15. Raymond Massé Liliane Michlig Susie Riva. La santé psychique en valais.

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18. Robitaille D, Boudreault D. Expérience d’une équipe de santé mentale de

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19. Imboua A, Fleury M-J. Médecins omnipraticiens : pratiques et intégration

des soins en santé mentale au Québec. Santé mentale au Québec.

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20. Fleury M-J, Farand L, Aubé D. La prise en charge des troubles de santé

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21. Silverman&coll, Julious;, Cité par, Papageorgiou A, Loke Y, Kho D, et al.

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22. Organisation Mondiale de la Santé. Former les personnels de santé du

XXIe siècle: le defis des maladie chronique. OMS. généve; 2005.

23. Kutcher S, Chehil S, Cash C, Millar J. A competencies-based mental health

training model for health professionals in low and middle income countries.

World psychiatry : official journal of the World Psychiatric Association

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24. NADEAU M-A. L’evaluation de programme. les presse. 1988.

25. Castro B, Bahadori S, Ailam L, Skurnik N. Syndrome de la porte tournante

en psychiatrie en 2006 Revolving door syndrom. 2007;165:276–81.

26. MINISTERE DE LA SANTE ET SERVICES SOCIAUX. Guide pour le

développement des competences en sante mentale. 2004.

26

ANNEXES

27

REVUE DE LA LITTERATURE :

Pour identifier les besoins en compétences des intervenants en santé mentale, une

définition du concept de besoin et l’analyse de besoin en formation sont des

étapes clés pour délimiter le champ de la recherche.

1) Concept de besoin et analyse de besoin de formation:

Le besoin est défini comme l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être.

Pour Beatty, le besoin « consiste en un écart mesurable entre un état présent et un

état désiré, revendiqué par une personne qui ressent le besoin ou par une autorité

par rapport à ce besoin »

D’autre part, Rossi, Freeman et Wright considèrent le besoin comme un

ensemble de problèmes perçus soit par les bénéficiaires de service, soit par les

observateurs ou encore par des distributeurs de service.

L’analyse du besoin a pour but d’identifier les objectifs à atteindre et de

déterminer leurs importances ; Kaufman et English considèrent l’analyse de

besoin comme étant : « un outil qui permet d’obtenir des informations quant aux

écarts existant entre les résultats actuels et les résultats attendus, de placer les

écarts par ordre de priorité et de sélectionner les écarts les plus importants en

termes de priorité d’action »(24)

Bourjois(7) définit le besoin de formation comme une construction

mentale articulée autour de trois pôles distincts et étroitement liés :

le pôle de la représentation de la situation actuelle dans lequel le besoin est

exprimé en termes de problème, de dysfonctionnement, de nécessité ;

le pôle de la représentation de la situation attendue dans lequel le besoin

est exprimé en termes de désir, de souhait, de motivation.

le pôle de la représentation des perspectives d’action dans lequel le besoin

est exprimé en termes d’action à mener pour transformer une situation

actuelle en situation attendue

28

La démarche d’analyse de besoin de formation identifie :

Les besoins institutionnels se sont les besoins liés à la vocation de

l’organisation. Il s’agit des compétences que l’organisation considère

essentielles chez les professionnels pour réaliser sa mission.

Les besoins démontrés proviennent de l’écart mesuré entre les

compétences des professionnels et celles qui sont recommandées par les

spécialistes. Ces besoins peuvent être révélés par l’appréciation des pairs.

Les besoins normatifs sont définis par des experts appartenant à des

associations professionnelles reconnues ou à des milieux de recherche.

Les besoins ressentis constituent l’écart entre les compétences qu’un

professionnel possède et celles qu’il souhaite avoir.

L’identification des besoins se fait à différents niveaux: organisation,

compétence et individu.

D’autre part, l’analyse des besoins en formation s’inscrit entre autres dans la

démarche d’adaptation des compétences et pour l’accompagnement de

l’implantation un projet institutionnel.

2) Concept de santé mentale :

L’OMS définit la santé mentale comme: « un état de bien-être permettant

à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les

tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de

contribuer à la vie de sa communauté », cette définition met en évidence que la

santé mentale dépasse la maladie psychique pour englober l’état de

fonctionnement de la personne et son interaction avec l’environnement.

C’est en prenant en compte toutes ces dimensions que la société savante

canadienne a définit la santé mentale comme étant « la capacité de l’individu, du

groupe et de l’environnement d’avoir des interactions qui contribuent au bien être

subjectif, au développement et à l’emploi optimum des capacités mentales

(cognitives, affectives et relationnelles), à la réalisation de buts individuels et

collectif et à la création de conditions d’égalité fondamentale » .Et de façon plus

restreinte, elle définit la santé mentale en tant qu’ « un état d’équilibre psychique

d’un individu sous l’influence de facteurs biologiques, psychologiques et

sociales ». On reconnaît ainsi le caractère tridimensionnel de la santé mentale et

29

l’intervention de trois aspects de la vie de la personne : biologique, psychologique

et sociale, et tout déséquilibre peut faire apparaître des troubles mentaux et du

comportement.

La santé mentale en tant que politique de la santé publique est constituée alors de

trois aspects indissociables: sanitaire, social et médico-social(12).

Figure 1 interaction de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux dans la survenue et l'évolution des troubles mentaux et du comportement (OMS 2001)

Et c’est le caractère tridimensionnel de la santé mentale qui est à l’origine de la

diversité et la multiplicité des intervenants en santé mentale

3) Intervenants en santé mentale :

La prise en charge des troubles de la santé mentale relève de la psychiatrie, de la

psychologie et du sociale.

30

Les intervenants en santé mentale peuvent être délimités selon leurs niveaux

d’intervention, et leurs fonctions. L’OMS a dégagé « un cadre qui illustre un

mélange optimal de services » requis en santé mentale.

Figure 2 mélange optimal de services de santé mentale: pyramide cadre définie par l'OMS(2008)

Au Maroc, les intervenants en santé mentale sont distribués sur trois niveaux de

l’offre de soins:

Services de santé mentale fournis par les soins de santé primaires : les

médecins généralistes, les infirmières en soins généraux.

Centre hospitalier provincial/service de psychiatrie: psychiatres, infirmiers

en psychiatrie, psychologues, psychomotriciens.

Centre hospitalier régional et centre hospitalier universitaire: psychiatres,

addictologues, médecins généralistes, pédopsychiatres, infirmières,

psychologues, assistants sociaux, orthophonistes.

La politique actuelle du Ministère de la Santé s’oriente vers le renforcement des

soins de santé mentale au niveau des ESSB, s’inscrivant ainsi dans la politique

31

internationale de la santé mentale.

4) Politique de santé mentale :

La désinstitutionalisation est un mouvement qui est apparu dans les pays

occidentaux dans les années 1960, dont le but est de limiter et de réduire les

hospitalisations des malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques et de

favoriser leur prise en charge dans les hôpitaux généraux ou dans les services

ambulatoire. L’objectif de cette démarche est la déstigmatisation de la maladie

mentale, des malades mentaux et leurs réinsertions dans la vie sociale et active.

Aussi la réduction de la durée d’hospitalisation est à l’origine du

raccourcissement des rémissions et de réadmissions fréquentes, ce phénomène a

été baptisé « syndrome de la porte tournante »(25).

La désinstitutionalisation requière l’intégration des soins de santé mentale

au niveau soins de santé primaire et au niveau des hôpitaux généraux, la

préparation des structures de prise en charge et la formation du personnel.

L’intégration des soins de santé mentale en soins de santé primaire fait

partie des recommandations de l’OMS, du fait de la charge importante des

troubles de santé mentale, le lien intime entre santé physique et psychique et la

grande fréquentation de la population des établissements de soins de santé de

base. En outre, elle va permettre un accès équitable, une globalité et une

continuité des soins de santé et faciliter la réinsertion sociale.

32

5) Formations en santé mentale :

Dans la conjoncture mondiale de pénurie en ressources humaines, le

développement des compétences et l’élaboration de programmes de formations

pour maximiser les ressources disponibles et améliorer les performances des

prestataires de soins de santé mentale constituent la meilleure réponse aux

exigences des instances nationales et internationales.

Les soins de santé mentale sont délivrés par une multitudes d’intervenants,

aussi les besoins en formations diffèrent selon que l’on s’adresse à des spécialistes

en santé mentale ou à des professionnels de santé générale, S. Kutcher & al(23)

préconisent une formation pour améliorer les compétences des professionnels non

spécialistes en santé mentale, qui porte sur deux volets : “core knowledge” et

“specific focus” : « connaissances de bases » et « formations particulières». Les

connaissances de bases font référence aux connaissances essentielles et pratiques

en rapport avec les pathologies et la prise en charge en psychiatrie et plus d’un

module de base sur la charge de morbidité de la santé mentale, l’épidémiologie,

concept de santé mentale et du désordre neurologique. Les formations

particulières regroupent des formations spécifiques liées aux techniques de

psychothérapie type thérapie cognitive et comportementale et la pédopsychiatrie.

D’un autre côté, l 'OMS a élaboré le Guide des politiques et des services

de santé mentale, et dans le module relatif aux ressources humaines et leurs

formations(10), a préconisé le développement des compétences chez les

intervenants en santé mentale en fonction de leur niveau d'intervention, , nous

avons résumé les competences comme suit :

33

Figure 3 compétences à développer chez les intervenants en fonction de leurs niveaux d'intervention (inspiré de l'OMS)

Aussi, l’OMS, dans son guide sur le défi des maladies chroniques(22) a fait

référence à cinq domaines de compétences à développer chez les professionnels

pour la prise en charge des maladies chroniques, (en raison de leurs dimensions

sociales et psychologiques) en plus des compétences et des savoir-faire de base en

rapport avec la santé mentale, les compétences préconisées sont d’abord :

dispenser des soins centrés sur le patient, savoir établir des partenariats, assurer

une approche d’assurance qualité, adopter et adapter les Technologies de

l’information et des communications et enfin instaurer la perspective de santé

publique .

D’autre part, une étude menée par R.MASSE(15) pour identifier les

besoins des professionnels en santé mentale a mis en évidence des besoins en

formation concernant : La collaboration et coordination entre intervenants et

services, la formation continue et plus spécifiquement en addictologie, la prise en

charge psychiatrique dans les soins d’urgence, la manipulation des psychotropes

pour les médecins généralistes, une formation post-graduée pour les

professionnels de santé mentale( schizophrénie, dépression), formation spécifique

Compréhension de base des troubles mentaux, compétence de base, sensibilisation

Compétence diagnostic, traitement, conseil, soutien,

sensibilisation, intervention de crise, promotion et

prévention

Compétence diagnostic et

traitement, formation, supervision,

sensibilisation, législation SM,

administratif et gestion, recherche

Compétences clinique,

législatif SM, sensibilisation

et de négociation,

administratives et gestionnaires,

recherche, formation et supervision

Service de sante mentale formel

Service sante mentale dans les hôpitaux généraux

Service de santé mentale des SSP

34

pour les spécialistes en géronto-psychiatrie et la formation sur les abus sexuel et

violence conjugale pour les infirmiers spécialisés en psychiatrie.

D’autres études ont mis en évidence l’importance de la formation en

communication et en collaboration entre les intervenants en santé mentale surtout

dans le cadre du développement de réseau de soins de santé mentale(17),

l’intégration des soins de santé mentale au niveau des services de santé de base.

(19)

Enfin, Le ministère de la santé et des services sociaux du Canada(26), dans une

perspective de transformation des services de sante mentale a élaboré un guide sur

les compétences à développer chez les professionnels de santé mentale (en plus

des connaissances de base sur la santé mentale) .

Ces compétences s’articulent autours de ces axes :

l’appropriation du pouvoir ;

l’approche différenciée par le sexe ;

le travail en réseau ;

l’approche de soins axés sur la collaboration.

Figure 4 cadre conceptuel de l'analyse des besoins en santé mentale

Besoins en compétences en santé mentale

Besoins démontrés Besoins ressentis

Perception de la Formation reçue

Besoins institutionnels : Ministère de la santé et enseignants

Besoins normatifs : recommandations de l’OMS et études internationales

35

GUIDES D’ENTRETIENS :

36

Consigne :

Bonjour, je m’appelle Houda El kirat, je suis étudiante à l’INAS, pour mon

mémoire de recherche de fin d’étude, j’ai choisi de m’intéresser à la santé mentale

et plus précisément aux besoins de formation pour les professionnels de santé.

J’ai besoin de votre aide et de votre collaboration pour pouvoir connaître et

approfondir mieux le sujet de ma recherche.

Je vous garantie la confidentialité et l’anonymat de l’entretien, tout ce que vous

direz sera très utile pour l’avancé de la recherche et sera pris en considération.

Je vous demande aussi l’autorisation d’utiliser mon magnétophone,

l’enregistrement me sera d’une grande aide.

Au cours de notre entretien nous allons aborder les thèmes suivants : le concept de

santé mentale, les intervenants en santé mentale, la formation que vous avez

reçue et les formations dont vous avez besoin.

On commencera quand vous voulez.

37

Grille d’entretien destinée aux : médecins généralistes,

psychiatres, infirmiers polyvalents, infirmiers spécialisés en

psychiatrie, psychologues, assistants sociaux

Axe I : Concept de santé mentale et pratique professionnelle :

Psychiatrie : place dans l’intervention en santé mentale, spécialité

médicale, diagnostic, traitement.

Psychologie et Social : place dans la définition de la santé mentale, la

genèse des troubles mentaux.

Prise en charge de malades relevant de la psychiatrie, prescription et

manipulation des psychotropes.

Axe II : Intervenants en santé mentale

Profils disponibles.

Niveaux d’interventions et champs d’actions.

Trajectoire et parcours du patient entre les différents intervenants.

Axe III : Formation reçue

Déroulement de la formation.

Contenu des formations/objectifs.

Utilité pour la pratique.

Axe IV : Besoin en formation

Domaines de compétences à développer : diagnostic, thérapeutique,

collaboration, partenariat, législatifs, communication, approche santé

publique, sécurité et qualité, approche genre, appropriation du pouvoir par

le patient.

Prise en charge centrée sur le malade.

Formation de base/formation continue.

38

Grille d’entretien destinée aux : enseignants en psychiatrie et

enseignants à IFCS

Axe I : Concept de santé mentale :

Approche santé mentale /psychiatrie.

Interaction en entre : le biologique, le social et le psychologique.

Axe II : Intervenants en santé mentale :

Différents intervenants en santé mentale.

Qualifications et formations.

Apport réciproque dans la PEC des malades.

Axe III : Formation dispensée :

Bénéficiaires de la formation.

Objectifs, moyens mis à disposition.

Durée / qualité.

Moyens d’Evaluation.

Axe IV : Besoin en formation :

Disciplines et profils manquants.

Modules à revoir ou à introduire.

Réforme des études.

39

Grille d’entretien destine aux responsables centraux :

Axe I : Concept de santé mentale :

Approche santé mentale

Axe II : Intervenants en santé mentale

Effectifs et profils des intervenants.

Profils manquants.

Répartition des professionnels sur le territoire national.

Politique nationale pour la promotion de la profession d intervenant

en santé mentale.

Axe III : Formation et programme de santé mentale

Formations disponibles.

Adéquation entre formations et programmes de santé mentale.

Besoin en formation de l initiative de service de santé mentale.

Besoin de formation émanant des professionnels de santé mentale.

Plan de formation élaboré pour les différents profils.

Formation de base/formation continue.

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BESOINS DE FORMATION IDENTIFIES CHEZ LES

INTERVENANTS EN SANTE MENTALE (préfecture de Rabat

juin 2013)

Besoins de formation pour les intervenants travaillant aux ESSB :

Besoins de formation communs :

Approche bio-psycho-sociale.

Mise à niveau des connaissances.

Collaboration entre intervenants.

Partenariat thérapeutique avec la famille.

Besoins de formation spécifiques aux généralistes :

Techniques d’entretiens.

Psychothérapie.

PEC centré sur le patient.

Addictologie et réduction des risques.

Besoins de formation spécifiques aux infirmiers polyvalents :

Accueil.

Orientation et référence.

Communication interpersonnelle.

Sensibilisation à la santé mentale.

Besoins de formation pour les intervenants spécialisés en santé mentale :

Besoins de formation communs :

Mise à niveau des connaissances.

Pédopsychiatrie.

Géronto-psychiatrie

Besoins de formation spécifiques aux psychiatres :

Nouvelles techniques thérapeutiques.

Ethique et psycho-éthique.

Psycho-traumatologie.

Criminologie.

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Besoins de formation spécifiques aux infirmiers spécialisés :

Communication.

Techniques d’observation.

Approche genre.

PEC des urgences psychiatriques.

Gestion du risque lié au patient psychiatrique.

Approche bio-psycho-sociale.

Collaboration avec la famille et les autres intervenants.

Besoins de formation des psychologues :

psychologie clinique.

coopération et collaboration avec les psychiatres.

sensibilisation à la stratégie du Ministère de la Santé.

Besoins de formation des assistants sociaux :

démarche externe d’intervention des assistantes sociales.

place des assistants sociaux en pédopsychiatrie et géronto-psychiatrie.

sensibilisation à la stratégie du ministère de la santé.

formation pointue.

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CURRICULUM VITAE

EXPERIENCE PROFESSIONNELLE

Houda EL KIRAT Date de naissance : 23/01/1978 Marocaine, Mariée ☎ 0661344561 Email : [email protected]

ETUDES ET FORMATIONS

étude en Phase de pré soutenance Master EN GESTION DE PROGRAMME SANITAIRES

(GPS) à l’Institut National d’Administration Sanitaire RABAT, promotion 2011-2013 (INAS)

2011 : Diplôme de licence des études fondamentales, filière droit public en français, option

relations internationales

2010 : Diplôme des études universitaires général (DEUG) filière : droit public en français

2003 : Doctorat en médecine générale obtenu à la faculté de médecine et de pharmacie de

Rabat.

1995 : Baccalauréat Sciences Mathématiques, Lycée Zineb Ennefzaouia OUJDA.

De septembre 20011 à ce jour : participante au cycle de mastère de santé public à l’INAS

De avril 2007 jusqu’à septembre 2011: médecin chef au centre de santé

De janvier 2006 jusqu'à avril 2007: résidente en psychiatrie au CHU ibn Sina RABAT

De juillet 2003 jusqu'à janvier 2006 médecin praticien au centre de sante

MEMOIRES ET PROJETS REALISES EN COURS D’ETUDES

Communication sous forme de poster au V congrès de l’ENCEPHALE : bouffée délirante

aigue : évolution au long cours

thèse de médecine : Psychose délirante aigue : évolution au long cours

COMPETENCES

Bureautique: Excel, word, PowerPoint, , EPIINFO. Langues : Arabe, Français, Anglais Loisirs : lecture, internet, sport,