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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 31 mars 2012 El Watan PUBLICITÉ ÉDITION DU CENTRE N° 6522 - Vingt-deuxième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com LIRE EN PAGE 6 Georges Morin et Smaïn lundi à Constantine LIRE LES ARTICLES DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À MARSEILLE GHANIA LASSAL EN PAGES 4 ET 5 ILS ONT VOULU PERTURBER LE COLLOQUE MARIANNE-EL KHABAR À MARSEILLE PHOTO : AFP La police a interpellé 19 islamistes, hier très tôt le matin, dans plusieurs villes, dont Toulouse et Nantes A Grenoble, a débuté le procès du Franco-Algérien Adlène Hicheur, chercheur physicien au CERN, à Genève. CONSEIL CONSTITUTIONNEL Le choix de Belaïz suscite des interrogations Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a nommé, jeudi, son ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, à la tête du Conseil constitutionnel. L’annonce officielle a été faite le même jour par le biais d’un communiqué laconique de la présidence de la République. (Suite page 3) M. A. O. ARRESTATIONS DANS LES MILIEUX ISLAMISTES APRÈS LES TUERIES DE TOULOUSE ET MONTAUBAN LIRE LES ARTICLES DE WALID MEBAREK ET YACINE FARAH EN PAGE 8 A Arts & lettres Le gala du gallal LE MONDE DU BÉDOUI WAHRANI Lire le supplément en pages 11, 12, 13, 14, 15 et 16 PATRIMOINE MUSICAL CONSEIL PHOTO BRENDAN TROADET (EJCM) Le ridicule des nostalgiques Le ridicule des nostalgiques de «l’Algérie française» de «l’Algérie française»

El Watan - EJCAM · 2013. 3. 4. · locales, Mohamed Talbi, a préconisé comme solu-tion au problème relatif au bulletin, objet de conflit avec la Commission nationale de surveillance

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  • LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 31 mars 2012El Watan

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    ÉDITION DU CENTREN° 6522 - Vingt-deuxième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

    LIRE EN PAGE 6

    Georges Morin et Smaïn lundi à Constantine

    ◗ LIRE LES ARTICLES DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À MARSEILLE GHANIA LASSAL EN PAGES 4 ET 5

    ILS ONT VOULU PERTURBER LE COLLOQUE MARIANNE-EL KHABAR À MARSEILLE

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    AFP

    ● La police a interpellé 19 islamistes, hier très tôt le matin, dans plusieurs villes, dont Toulouse et Nantes● A Grenoble, a débuté le procès du Franco-Algérien Adlène Hicheur, chercheur physicien au CERN, à Genève.

    CONSEIL CONSTITUTIONNELLe choix de Belaïz suscite des interrogations■ Le chef de l’Etat, Abdelaziz Boutefl ika, a nommé, jeudi, son ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, à la tête du Conseil constitutionnel. L’annonce offi cielle a été faite le même jour par le biais d’un communiqué laconique de la présidence de la République.(Suite page 3) M. A. O.

    ARRESTATIONS DANS LES MILIEUX ISLAMISTESAPRÈS LES TUERIES DE TOULOUSE ET MONTAUBAN

    LIRE LES ARTICLES DE WALID MEBAREK ET YACINE FARAH EN PAGE 8

    AArts & lettres

    Le gala du gallal

    LE MONDE DU BÉDOUI WAHRANI

    Lire le supplément en pages 11, 12, 13, 14, 15 et 16

    PATRIMOINE MUSICAL

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    Le ridicule des nostalgiques Le ridicule des nostalgiques de «l’Algérie française»de «l’Algérie française»

  • D ans un communiqué rendu public jeudi, le Front des forces socialistes a dénoncé «les convocations, pour interroga-toires dans les locaux des services de sécurité, des candidats portés sur les listes aux prochaines élections législatives». Le communiqué signé par le premier secrétaire du parti si-gnale que ces enquêtes, «présentées comme administratives, s’apparen-tent dans la réalité à des enquêtes de police politique et peuvent être considérées comme des entreprises de pression, voire d’intimidation». Le FFS s’interroge : «Mener une en-quête administrative sur réquisition des services de la wilaya qui, par ailleurs, disposent de tous les docu-ments exigés par la loi, nécessite-t-il la convocation des candidats pour interrogatoire ?» Et de souligner : «Il est à craindre que ces procédés n’entraînent une détérioration du climat, déjà lourd, dans lequel se prépare le prochain scrutin».

    Selon le parti, des convocations ont été envoyées aux candidats par les services de la gendarmerie et la police dans différentes wilayas, notamment à Alger, Ouargla et Il-

    lizi. Les interrogateurs s’intéressent à des questions comme le niveau d’instruction des candidats, leur choix pour le parti et s’ils se sont déjà rendus à l’étranger. «C’est une

    pratique qui n’a pas lieu d’être. Les candidats à une candidature pour des élections ou pour tout autre droit constitutionnel des citoyens ne peuvent faire l’objet d’une telle pratique», souligne un juriste qui a requis l’anonymat. Contacté par nos soins, le juriste précise que seule la justice est habilitée à refuser ou geler le droit d’un citoyen, notamment pour se présenter à des élections. «Il s’agit là d’une pratique du sys-tème politique qui a toujours existé, consistant à faire des enquêtes sur des personnes nommées à des postes de magistrat ou haut fonctionnaire, mais qui n’a pas lieu d’être.» Le même juriste indique que ce type de convocations n’a jamais eu lieu auparavant dans le cas des candidats à une élection «c’est une pratique illégale et anticonstitutionnelle». Nous avons vainement tenté, hier, de contacter le responsable de la Commission de surveillance des élections. N. B.

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    El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 2

    BOUIRA51 listes en course pour 9 sièges de députation Pour les législatives du 10 mai prochain, sont en course 39 partis et 12 listes indépendantes, dont quatre emmenées par des femmes, a indiqué dans un point de presse Ouali Akli, le directeur de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de la wilaya de Bouira. Ce dernier a précisé que l’opération s’est déroulée dans le respect des lois et de la réglementation. Cependant, parmi les 12 listes indépendantes déposées, 8 attendent d’être avalisées du fait des réserves formulées par l’administration. Des recours ont été introduits par les têtes de liste auprès du tribunal administratif. L’unique liste qui n’a pas connu de réserve et a été validée est celle d’un indépendant, en l’occurrence Ahmed Yahiaoui, qui, selon de nombreux observateurs de la scène politique locale, jouit d’une grande notoriété et d’un énorme appui du mouvement associatif. Quant aux partis politiques, il y a lieu de signaler l’hémorragie et la dispersion des rangs au sein de plusieurs formations, notamment le FLN et le RND. En effet, depuis la divulgation de la composante de la liste du parti de Belkhadem, conduite par l’actuel mouhafedh, un mouvement de contestation s’élargit aux quatre coins de la wilaya. A Sour El Ghozlane, une foule de militants et de sympathisants a carrément procédé à la fermeture de la kasma en signe de contestation contre la liste établie par le secrétaire général du FLN. A. Fedjkhi

    SOUK AHRASHarraoubia en candidat consensuelAprès avoir perdu la tête de liste à Alger, Rachid Harraoubia, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est officiellement candidat aux prochaines législatives à SouK Ahras. Ce choix intervient à un moment de forte tension au sein de la maison FLN à Souk Ahras et aux maigres résultats enregistrés ces dernières années, notamment lors des dernières sénatoriales, croit-on savoir auprès de plusieurs élus et militants, dont un membre du comité central du parti, joint hier par téléphone. C’est ce qui explique, d’après eux, l’éviction de la liste des candidats à l’APN de l’actuel mouhafedh Mohamed Messaâdia, prélude, présument-ils, à un changement à la tête de cette structure partisane. A.Djafri

    NDIUne délégation invitée en Algérie L’organisation non gouvernementale National Democratic Institute (NDI) a été invitée par le gouvernement algérien à prendre part à l’opération de surveillance des prochaines élections. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’une délégation du NDI séjournera en Algérie à partir d’aujourd’hui et ce, pour une durée d’une semaine. Au programme de cette visite de la délégation, des rencontres avec des représentants de la société civile afin d’évaluer les préparatifs des élections. Pour rappel, cette organisation avait subi par le passé une interdiction des pouvoirs publics d’ouvrir une représentation en Algérie. R. P.

    DES CANDIDATS INTERROGÉS PAR LA POLICE ET LA GENDARMERIE

    Le FFS dénonce des convocations pour interrogatoires

    L e tribunal administratif de Chlef a rejeté en bloc, mercredi et jeudi derniers, les recours en annulation formulés par des candidats indépendants à la députation contre des actes des commissions électorales des wilayas de Chlef et de Aïn Defla. Se-lon maître Mohamed Bennegouch, avocat de la liste El Taouassoul de Chlef, «la juridiction a déclaré l’irrecevabilité des recours introduits par les candi-dats indépendants au motif que les procès-verbaux des commissions électorales de wilaya présidés par des magistrats, objet des recours, ne constituent pas juridiquement des décisions administratives susceptibles de recours au sens de l’article 154 du nouveau code électoral de 12 janvier 2012 (JORA n°1)». Or, d’après lui, l’article 154 du nouveau code électoral stipule bien que «les travaux et décisions

    de la commission ont un caractère administratif et sont susceptibles de recours devant la juridiction administrative compétente». Ces mêmes observa-tions, ajoute-t-il, sont confortées par l’article 04 du décret exécutif n°12-25 du 25 janvier 2012 relatif au formulaire de souscription de signatures individuel pour les listes de candidats indépendants à l’élection des membres de l’APN qui précise sans ambiguïté que «les formulaires de souscription de signatures individuels doivent être présentés au président de la commission électorale de la circonscription électorale qui procède au contrôle des signatures et s’assure de leur validité. Il en établit un procès-verbal qui le notifie au représentant habilité de la liste». Dans ce cadre-là, «le procès-verbal de la commission électorale constitue juridiquement

    un acte administratif découlant des travaux de ladite commission électorale au regard des termes de l’article 154 du code électoral et susceptible d’un recours devant le tribunal administratif com-pétent», précise maître Mohamed Bennegouch. Malheureusement, déplore-t-il, «une jurisprudence de certaines juridictions administratives perdure où certains documents de l’administration en dehors des arrêtés ou décisions ne sont pas susceptibles de recours devant elles et sont déclarés irrecevables». «Et le tribunal administratif de Chlef ne pouvant dé-roger à cette règle, les droits du citoyen demeurent muselés aujourd’hui pour les recours devant les ju-ridictions administratives contre tous les documents de l’administration», conclut l’avocat de la liste indépendante El Taouassoul. A. Yechkour

    L e directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Talbi, a préconisé comme solu-tion au problème relatif au bulletin, objet de conflit avec la Commission nationale de surveillance des élections (CNSEL), l’utilisation «d’un bul-letin pour chaque liste», jugeant «irréaliste» la demande de la commission d’un bulletin unique englobant tous les partis en lice. La CNSEL avait décidé, jeudi, de poursuivre la suspension de ses activités jusqu’à dimanche, en signe de protes-tation contre «la persistance par le ministère à refuser ses propositions», a indiqué le président de la Commission, Mohamed Seddiki. Dans un entretien publié hier dans le quotidien El Khabar, M. Talbi a souligné que l’utilisation du bulletin unique à ce scrutin, proposée par la CNSEL «pour-rait mener à l’annulation de toutes les listes en cas

    de griffonnage», soulignant que cette proposition «ne semble ni réaliste ni réalisable». Le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, avait répondu à la demande de la Commission, tout en émettant des remarques, dont la principale précisait que l’élabo-ration du bulletin de vote sans la mention des noms des candidats «est contraire aux dispositions de l’article 84 de la loi électorale». L’article prévoit également que «dans chaque circonscription élec-torale, les candidats sont inscrits selon un ordre de classement sur des listes comprenant autant de candidats que de sièges à pourvoir auxquels sont ajoutés trois candidats suppléants». M. Talbi a expliqué les raisons du refus par le mi-nistère de la proposition du «bulletin unique», se conformant à la réponse de M. Ould Kablia, par le fait que «l’impression des noms de tous les candi-dats sur un bulletin unique est contraire aux dispo-

    sitions de l’article 52 de la loi électorale». Dans un appel téléphonique, le président de la CNSEL, M. Seddiki (représentant de Ahd 54) a annoncé la poursuite du gel de l’activité de la Commission jusqu’à demain. La Commission, qui compte des représentants de différentes formations politiques, «se réunira dimanche pour trancher plusieurs points importants liés à son fonctionnement», a-t-il ajouté, précisant que les propositions «rejetées par le ministère de l’Intérieur visent à consacrer des élections transparentes prônées par le président de la République à maintes occasions». Le président de la Commission a laissé entendre qu’il «adres-sera une correspondance au président de la Répu-blique pour trancher la question» si le ministère de l’Intérieur persiste dans «son refus des proposi-tions qui lui sont soumises concernant l’adoption du système du bulletin de vote unique». (APS)

    REJET DES RECOURS DES INDÉPENDANTS À CHLEF

    «Les droits du citoyen muselés», selon un avocat

    ALORS QUE LA CNSEL POURSUIT LE GEL DE SES ACTIVITÉS

    Le ministère de l’Intérieur propose «un bulletin pour chaque liste électorale»

    Ali Laskri, premier secrétaire du FFS

    ● Les interrogateurs s’intéressent à des questions comme le niveau d’instruction des candidats, leur choix pour le parti et s’ils se sont déjà rendus à l’étranger.

  • D ans un mois, notre pays retrouvera son indépendance et sa liberté ! Dans trente jours donc, je serais de nouveau chez moi, en Algérie, parmi les miens… La séparation aura duré un an, un an de dures souffrances, mais aussi d’expériences exaltantes. Je me souviens encore de ta première lettre où tu me disais ‘La gazelle ne mangera pas le lion’. Eh bien, nous avons mangé le lion, un lion plus que féroce, et la gazelle retrouvera sa liber-té !» Tel est un extrait d’une lettre écrite par Ali André Mecili un certain 30 mars 1962 de Tripoli à un ami italien, qui prouve l’attache-ment et l’engagement d’un homme pour son pays et pour lesquels il a été lâchement as-sassiné un certain 7 avril 1987 à Paris. «Nous

    voici en 2012, année de la commémoration du cinquantenaire des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie. Comment ne pas faire le rapprochement avec une autre commémoration à laquelle nous sommes fidèles, celle de l’assassinat, il y a vingt-cinq ans, de l’avocat André Ali Mecili, compagnon de Hocine Aït Ahmed et porte-parole de l’op-position algérienne démocratique, exécuté à Paris le 7 avril 1987 sur ordre des services secrets algériens», souligne un communi-qué de la famille et les amis d’Ali Mecili, annonçant un rassemblement le 7 avril pro-chain pour rendre hommage à Mecili et pour continuer de réclamer que ses assassins soient jugés. «Ali a lutté pour l’indépendance

    de son pays… Mais la gazelle a rencontré d’autres lions tout aussi féroces et Ali, pour-suivant le combat initié lors de la lutte contre le système colonial, a été assassiné pour s’être opposé, au nom de la démocratie et des droits de l’homme, à un pouvoir autoritaire qui avait confisqué les idéaux de la révolu-tion», souligne sa veuve Annie Mecili dans son communiqué. Cette dernière affirme qu’entre les deux commémorations (celle du cinquantenaire de l’indépendance et les 25 ans de l’assassinat de Mecili), «s’inscrivent tous les espoirs et toutes les déceptions, toute la tragédie du peuple algérien». Rendez-vous est donc pris pour le 7 avril pour un recueille-ment sur la tombe de Mecili. R. P.

    L a levée de l’état d’urgence : un trompe-l’œil» est un document rédigé par le Réseau euroméditerranéen des droits de l’homme (Euromedrights). Il revient sur le parcours de la société civile en Algérie dès janvier 2011, suite aux mouvements de révoltes enre-gistrés dans des pays arabes. Une conférence de presse se tiendra aujourd’hui au siège de SOS Disparus, à Alger, pour expliquer en détail la publication. «L’état d’urgence a été levé par l’ordonnance 11-01 du 23 février 2011 qui a abrogé le décret législatif n° 93-02 du 6 février 1993 portant prorogation de la durée de l’état d’urgence instauré en 1992. Cette mesure est effective depuis le 24 février 2011. Pourtant sa suppression n’a pas signifié la restauration de l’exercice des libertés associatives et de manifestation et sa portée est réduite par des réformes législatives contraires à l’esprit d’ouverture dé-mocratique et aux conventions internationales», écrivent en intro-duction les rédacteurs du rapport. Ils précisent que «malgré la levée de l’état d’urgence, l’interdiction de manifester à Alger est mainte-nue». Le réseau ajoute que «depuis la levée de l’état d’urgence, les autorités algériennes ont maintenu les obstacles à la constitution et au fonctionnement normal des associations et des organisations de la société civile, et continuent de réprimer, parfois brutalement, cer-

    taines activités ». D’autre part, le réseau, auquel est affilié la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), souligne que «la pratique qui consiste à faire traîner ou refuser la délivrance du récépissé d’enregistrement des associations perdure et a même été renforcée en 2011 pendant la préparation d’une nouvelle loi sur les associations puis suite à sa promulgation. Ce récépissé constitue en pratique l’équivalent d’une autorisation préalable et sa non-ob-tention prive les associations d’existence légale». Sur un autre point, le rapport dénonce «l’interdiction des ren-contres», «comme cela a été le cas de plusieurs réunions de la LADDH». A titre d’exemple : «Pour une conférence à l’occasion de la Journée de l’enfant le 1e juin 2011 à El Tarf et une conférence à Alger relative à la corruption, la LADDH s’est vue opposer un refus non motivé.» Dans le même registre, Euromedrights rappelle que «selon la loi n°91-19 toujours en vigueur, le wali peut interdire une réunion publique s’il s’avère qu’elle constitue un risque réel de trouble pour l’ordre public ou s’il apparaît manifestement que l’objet réel de la réunion constitue un danger pour la sauvegarde de l’ordre public». Pour lire le rapport intégral : http://www.euromedrights.org

    Mehdi B.

    Suite de la page 1

    L e président de la République, Ab-delaziz Boutefl ika, a pris, ce jour, un décret présidentiel portant nomination de Tayeb Belaïz en qualité de président du Conseil constitution-nel, conformément à l’article 164 de la Constitution, en remplacement de Boualem Bessaïh», souligne ce com-muniqué repris par l’APS. Cette nomination pour le moins inat-tendue suscite moult interrogations d’abord par son timing. Elle intervient à un mois et demi des élections législa-tives prévues pour le 10 mai prochain. Il faut donc «remettre» rapidement dans la légalité constitutionnelle ce Conseil, qui aura la lourde charge de valider les résultats de ces élections aux enjeux dépassant ceux de la com-posante de la future Assemblée popu-laire nationale. Le mandat de Boualem Bessaïh ayant expiré en septembre 2011, le chef de l’Etat, qui avait toute latitude de procéder à la nomination de son remplaçant depuis cette date-là,

    a préféré attendre le plus longtemps possible pour s’acquitter de ce devoir constitutionnel. Le contrôle du Conseil constitutionnel est important du fait qu’il valide les résultats des élections. Une tâche que M. Bessaïh aurait ac-complie, du haut de ses 82 ans, sans

    encombre n’était cet écueil du nombre de mandats limités à un seul non re-nouvelable. Le reconduire à ce poste était donc juridiquement impossible. Le chef de l’Etat avait suffi samment de temps pour choisir entre juristes et autres personnalités à la compétence connue et reconnue. Mais il lui fallait

    quelqu’un de confi ance, un homme de main qui ne risque pas de lui tourner le dos. Tayeb Belaïz semble, en effet, remplir ce critère. Très proche du Pré-sident et parent de l’ancien président Ahmed Ben Bella, cet enfant de Ma-ghnia (Tlemcen) doit son accession au gouvernement à un seul homme : Ab-delaziz Boutefl ika. Un cheminement logique de sa totale allégeance au chef de l’Etat. Licencié en droit, M. Belaïz a exercé en tant que magistrat pendant près de 25 ans, présidant notamment la cour d’Oran et celle de Bel Abbès. Sans éclats. La chance lui a souri dès l’arrivée de Boutefl ika, en 1999. La même année, ce magistrat peu connu s’est retrouvé membre de la Com-mission nationale de la réforme de la justice, mise en place par le président Boutefl ika. Une commission qui réu-nissait des experts, des cadres supé-rieurs de l’Etat, des magistrats et des universitaires. En 2002, il opère une ascension fulgurante, devenant mi-nistre de l’Emploi et de la Solidarité nationale avant de remplacer, en 2003, Ahmed Ouyahia au poste de minis-

    tre de la Justice et garde des Sceaux. Un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui, malgré sa nomination à la tête du Conseil constitutionnel. Un cu-mul de fonctions contraire aux dispo-sitions constitutionnelles. L’article 162 le souligne à juste titre. Cet article pré-cise que les institutions et organes de contrôle sont chargés de vérifi er non seulement la conformité de l’action législative, mais aussi exécutive avec la Constitution et de vérifi er les condi-tions d’utilisation et de gestion des moyens matériels et des fonds publics. Et la nomination de M. Belaïz comme président du Conseil constitutionnel n’a pas été accompagnée, du moins pour le moment, d’un décret prési-dentiel de fi n de fonction en tant que ministre. Une nomination qui semble ainsi non conforme à la Constitution, comme d’ailleurs le maintien de Bes-saïh à son poste malgré l’expiration de son mandat. Des «détails» qui n’inté-ressent pas le chef de l’Etat, visible-ment préoccupé par l’«avenir», lui qui regarde déjà plus loin… que 2014.

    M. A. O.

    El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 3

    L ’ A C T U A L I T É

    RASSEMBLEMENT AU CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE LE 7 AVRIL PROCHAIN

    25 années depuis l’assassinat d’Ali Mecili

    DANS UN RAPPORT QUI SERA EXPOSÉ AUJOURD’HUI

    Euromedrights dénonce les mesures restrictives des libertés

    UN COLLECTIF DE SOUTIEN PORTE SA REVENDICATIONMohamed Baba Nadjar veut une révision de son procès

    L e collectif de soutien à Mohamed Baba Nadjar ne déco-lère pas. Ce groupe a organisé, jeudi dernier, un sit-in de-vant le ministère de la Justice pour demander la réouverture du procès de ce jeune homme originaire de Ghardaïa.La réouverture de l’enquête et un nouveau procès auraient pour objectif de «faire la lumière sur les circonstance de la mort de Brahim Bazine, ex-militant du FFS et aussi de mettre fin à l’injustice que subit Mohamed Baba Najdar incarcéré depuis maintenant 7 ans», explique le militant des droits de l’homme Kamel Eddine Fekhar, qui ajoute que «Baba Nedjar est dans un état de santé déplorable en raison de sa nouvelle grève de la faim. Il compte aller jusqu’au bout de son action». Les contestataires étaient décidés à poursuivre le rassemble-ment. «Le sit-in est ouvert jusqu’à ce que le ministère rouvre le dossier. C’est la seule solution pour que nous quittions les lieux», ajoute M. Fekhar. Le cordon de policiers antiémeute a été renforcé et les rues menant vers le ministère de la Justice fermées. Dans l’après-midi, un représentant du ministère de la Justice a échangé des mots avec les organisateurs du sit-in : «Composez une délégation. Dans la journée de dimanche (demain, ndlr), le ministre Tayeb Belaïz vous rece-vra. C’est promis.» Mais mauvaise surprise : dans la soirée, au journal télévisé de 20 heures (ENTV) a été annoncée la nomination de Tayeb Belaïz comme nouveau président du Conseil constitutionnel, nommé par décret présidentiel. Belaïz occupe-t-il toujours le poste de garde des Sceaux ? Cumule-t-il deux fonctions ? Pour le syndicaliste et militant des droits de l’homme Yacine Zaïd, «ceci est une mascarade. Ils voulaient sûrement nous calmer. Que nous soyons reçus ou pas, jeudi prochain, nous tiendrons un autre sit-in. Et cette fois-ci, il y aura plus de monde et plus de motivation». En 2006, Mohamed Baba Nadjar avait été condamné à mort, et ce, en première instance. Il avait 21 ans. En 2009, la peine a été réduite à perpétuité. Clamant son innocence, il observe des grèves de la faim successives depuis 7 ans.

    Mehdi Bsikri

    CONSEIL CONSTITUTIONNEL

    Le choix de Belaïz suscite des interrogations

    Tayeb Belaïz, nouveau président du Conseil constitutionnel

    Boualem Bessaïh

  • Marseille (France)De notre envoyée spéciale

    C inquante ans après, les haines et les colères sont toujours là. Elles attendent la moindre occasion pour jaillir. Et le colloque Marianne/El Khabar, qui s’est ouvert hier à Mar-seille, a, avant même l’entame des dé-bats, provoqué des remous. Car, en ce cinquantenaire de l’Indépendance, les sensibilités sont toujours aussi vivaces, tout particulièrement chez les «nostalgi-ques de l’Algérie française». Ils étaient près d’une cinquantaine à manifester devant les portes du théâtre de la Criée qui abrite ces rencontres jusqu’à demain. Hommes, femmes, rapatriés ou vétérans, et même quelques personnes plus jeunes ont entamé leur démonstration vers 10h, bien avant les conférences. Tandis que des drapeaux français étaient déployés, certains «ultras» arboraient autour du cou des pancartes avec la photo du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, serrant la main de la moudjahida Zohra Drif-Bitat, avec pour légende «Honte au maire de Marseille J.-C. Gaudin et à la tueuse de pieds-noirs». Des vétérans ont pour leur part sorti médailles, galons et autres écharpes. C’est au chant de La Marseillaise, l’hymne national français, que l’ordre de ralliement est donné. Cal-me au début de la matinée, le ton monte à mesure que la foule grossit et que l’ouverture du colloque approche. Le but est clair : empêcher coûte que coûte la tenue de cet événement qui donne la parole «aux assassins et aux traîtres», vo-cifèrent les manifestants. «Une demande d’annulation a même été introduite par des associations de rapatriés d’Algérie, en vain», affirme un pied-noir. Bloquant l’entrée principale de l’édifice, les mécontents n’en démordent pas : ils ne laisseront personne passer. «FLN assas-sin», «Algérie française», «Terroristes, traîtres» sont quelques-uns des slogans lancés rageusement par la foule, sous les yeux étonnés des badauds et le regard dé-pité de quelques personnes venues assis-

    ter a u x débats . «Je ne comprends pas qu’après 50 ans, la haine soit toujours là. Ils ont arrêté de réfléchir en 1962», souffle, dans un hochement de tête, un rapatrié natif de Constantine. Et il n’est pas rare que des altercations écla-tent entre les manifestants, le public et de simples passants. «Je suis de votre tribu mais je ne partage pas votre haine», lance un rapatrié «adepte de Camus» attendant de participer à l’une des conférences. Une septuagénaire se fait même verte-ment prendre à partie lorsqu’elle tente d’accéder aux portes d’entrée. «Traî-tresse ! Collabo !», hurle une femme. «Je n’ai de leçon à recevoir de personne. Je suis née en Algérie et j’ai dû la quitter dans la même douleur», rétorque-t-elle. S’ensuivent de longues conversations où les deux parties haussent le ton. «Ils vou-laient leur indépendance, qu’ils restent chez eux !», s’époumone une «ultra».

    RÉCUPÉRATION POLITIQUEUn jeune homme, la trentaine, écharpe jaune et rouge sur l’épaule, approche du groupe et tente de s’immiscer dans la conversation. «Je suis le conseiller ré-gional du Front national», dit-il en ten-dant la main avec un sourire. «Il est hors de question que je vous salue. Vous êtes le mal de ce pays», rétorque violemment la septuagénaire en tournant les talons. «Cela ne m’étonne pas que vous soyez là pour faire dans la récupération», commente, acerbe, un sexagénaire. Les slogans laissent parfois la place aux actes de violence ou agressions. Les manifestants n’ont ainsi pas hésité

    à jeter des œufs sur les personnes qui essayaient de passer les portes. De même, des intervenants algériens, tels Abderahmane Hadj Nacer ou Sofiane Hadjadj, se sont fait huer et insulter : «Fellaga, rentre chez toi, assassin». Ils ont dû battre en retraite afin de pénétrer dans le théâtre de la Criée par une porte dérobée. Il faudra attendre plus d’une heure pour qu’un cordon de sécurité soit installé. Pourtant, il semblerait que les organi-sateurs avaient prévenu les autorités locales de ces menaces de perturbation. Une manifestation devrait aussi être tenue aujourd’hui, au deuxième jour du

    colloque. Mais ces nostalgiques n’ont pas qu’exprimé leur colère dans la rue ; ils ont interrompu à maintes reprises le cours des débats. «Je ne les comprends pas. Ils auraient voulu que la France reste le pays d’avant 1962, qui n’avait pas droit de cité, qui était isolé, qui était critiqué pour les violations aux droits de l’homme», a d’ailleurs commenté Jean-François Kahn au cours de son intervention. «Ceux qui ont fait le plus de mal parlent maintenant. Et ceux qui ont le plus de difficultés avec la pré-sence des Algériens en France sont ceux qui auraient voulu rester en Algérie.» Ghania Lassal

    L ’ A C T U A L I T ÉEl Watan - Samedi 31 mars 2012 - 4

    Nous n’avons pas tout fait, il y a encore des problèmes de gestion. Mais nous tra-vaillons pour les régler», a affirmé Abde-laziz Belkhadem, hier, au cours des débats du col-loque Marianne/El Khabar. Le secrétaire général du FLN a été convié à intervenir et à débattre du thème «Méditerranée, une histoire commune». François Hollande, candidat à la présidentielle française, ayant fait défection, c’est donc seul que M. Belkhadem s’est présenté devant la salle pleine, attendant avec impatience cette «premiè-re». «C’est une chose rare qu’une haute figure du FLN et de la politique se prête ainsi au jeu des questions libres d’un forum», a commenté Maurice Szafran, directeur de Marianne. Seul conférencier de cette séance, M. Belkhadem était accompagné sur scène de Benjamin Stora, Che-rif Rezki et Omar Belhouchet, qui ont ainsi pu réagir à son allocution et lui poser quelques ques-tions. «Si nous jetons un coup d’œil sur le Bassin méditerranéen, que voyons-nous ? Une rive nord prospère, vivant dans la paix, dont la richesse a triplé durant les vingt dernières années. En face, une rive sud pauvre, non encore remise des séquelles de l’exploitation et du pillage de ses ri-chesses, connaissant des maux sociaux et déchi-

    rée par des conflits souvent suscités et entretenus de l’extérieur. Les disparités entre les deux rives sont énormes sur tous les plans et tendent à se creuser très vite», a expliqué M. Belkhadem dans son intervention. «Opulence au nord et pauvreté en face», a-t-il poursuivi. «Cela équivaut-il donc à faire porter le chapeau à la France colonisatrice pour le sous-dévelop-pement de l’Algérie ?», a interpellé M. Belhou-chet. «N’est-ce pas une fuite en avant, une façon de dédouaner les gouvernements du Sud pour leur incapacité à faire prospérer les pays, pour leur mauvaise gestion ?», a-t-il interrogé. «Je pointe du doigt l’ancien colonisateur pour ce qu’il a fait avant l’indépendance, pour le

    saccage de l’Algérie avant 1962. Nous avons des problèmes de gouvernance et de gestion, mais aucun pays n’arrive à offrir le confort total pour ses populations», s’est-il défendu. Interrogé par M. Rezki sur l’actualité politique, élections législatives obligent, le secrétaire général du FLN affirme qu’un scénario à la tunisienne, avec une victoire de l’Alliance verte, n’est pas donné. «Ce sont des spéculations, et le vivier de voix de l’électorat ides partis à référent religieux, selon les comparaisons avec les scrutins précédents, est de 30 à 35%. Seulement, l’Algérie a connu les affres des années 1990 et ils feront tout pour ne pas y replonger», a répondu M. Belkhadem. Ce dernier estime d’ailleurs à demi-mot que le FLN

    est le parti politique le plus complet. «Il existe trois courants à référents religieux, démocrate et nationaliste. Le FLN réunit ces trois aspects, car son acte de naissance, la Déclaration de Novembre 1954, stipule bien que l’Algérie est une démocratie dirigée par le peuple et basée sur l’islam», a-t-il assuré. Pour le volet historique, le ministre d’Etat a rendu hommage à tous les Français de «la double France» citée par M. Stora et qui ont soutenu la cause algérienne. «Ils sont de notre bord, de notre côté. Nous leur rendons le plus vibrant hommage, à tous ceux qui ont soutenu la Guerre de Libération nationale et qui étaient opposés à la politique répressive colonialiste.» G. L.

    BELKHADEM :«NOUS AVONS DES PROBLÈMES DE GOUVERNANCE ET DE GESTION»

    Dans un communiqué laconique rendu public avant-hier, la présidence de la République précise que «Belkhadem assistera à ce forum en qualité de secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), à l’exclusion de tout autre titre offi ciel», en parlant du colloque organisé à Marseille par Marianne et El Khabar. Ce communiqué soulève des interrogations plus qu’il n’apporte de précisions. Boutefl ika lâche-t-il son représentant personnel, Abdelaziz Belkhadem, déjà très contesté au sein de son parti ? Ou plutôt la présidence de la République se désengage-t-elle par

    anticipation de ce que va dire le SG du FLN au forum de Marseille ? Peut-être les deux à la fois. Le débat sur la guerre de Libération a souvent viré à la vive polémique entre Alger et Paris. Les autorités algériennes «se lavent les mains» de ce que dira Belkhadem, lui qui devait initialement animer une conférence avec le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, sur le thème «Méditerranée : histoire commune». Hacen O.

    La présidence se désengage de ce que dira Belkhadem

    ter a u x débats . «Je ne comprends pasqu’après 50 ans, la haine soit toujours là. Ils ont arrêté de réfléchir en 1962», souffle, dans un hochement detête, un rapatrié natif de Constantine. Et

    LE RIDICULE DES NOSTALGIQUES DE «L’ALGÉRIE FRANÇAISE»

    ILS ONT VOULU PERTURBER LE COLLOQUE MARIANNE-EL KHABAR À MARSEILLE

  • L a liberté de la presse est-elle une arme ?» est la question à laquelle ont tenté de ré-pondre Omar Belhouchet, direc-teur d’El Watan, et Jean-François Kahn, journaliste et écrivain, au cours d’un débat tenu hier dans le cadre du colloque Marianne/El Khabar. «L’expérience des médias algériens prouve que le journalisme est un contre-pou-voir que l’autoritarisme veut juguler à tout prix», entame M. Belhouchet. Les médias – unique voix qui tranche des discours officiels – sont parfois les seuls à pouvoir mettre en lumière les maux d’un pays. «Dans un pays où l’appareil d’Etat monopolise la scène publique et médiatique, les journaux privés ont parfois joué le rôle d’opposition afin de critiquer la mauvaise gestion, la corruption, la mainmise clanique sur les ressources d’un pays. La preuve que la presse est une arme, sont les efforts déployés par le pouvoir afin de faire taire ses voix discordantes», explique le directeur d’El Watan. Rappelant le lourd tribut payé par les journalistes algériens depuis la création de la presse indépen-dante du fait du terrorisme, mais aussi de la répression politico-militaire, M. Belhouchet estime que ces intimidations perdurent : «L’appareil d’Etat a trouvé d’autres méthodes et mécaniques pour affaiblir les entreprises de presse. L’on joue sur les finances et la survie de ces organes, l’on marchande la publicité, les coûts d’impression, où l’on restreint l’accès à l’information, ce qui a pour résultat des enquêtes

    incomplètes et des poursuites en justice.» «Ce qui nous semble évident en France ne l’est pas en Algérie», commente le modéra-teur Max Armanet, organisateur des forums. «Tous les journalis-tes ne sont pas des héros. Mais ils peuvent aussi l’être, comme certains en Algérie», lance Jean-François Kahn. Et la meilleure illustration en est la guerre d’Al-gérie et la façon dont elle a été traitée par la presse française. «Nous célébrons le cinquante-naire d’un cauchemar pour la France. Combien de gens sont-ils morts de par les assentiments, les aveuglements, les lâchetés d’une certaine presse ?», s’interroge M. Kahn, qui était envoyé spécial à Alger de Paris Presse de mars à septembre 1962. «Il n’était pas question d’avoir une opinion politique ou militante. Mais juste de dire ce qui se passait vrai-ment, de faire son métier. Et le drame n’aurait pas duré autant et toutes les conséquences qui en ont découlé n’auraient pas été aussi féroces», affirme-t-il. D’où l’hommage à rendre à la lutte héroïque d’une presse minori-taire qui «a fait que le droit et le courage gagnent». Mais ce n’est pas pour autant le rôle du journaliste de faire l’his-toire. «Mais les médias ont un rôle dans la vérité de l’histoire, dans le témoignage», s’accordent à dire les conférenciers. «C’est grâce à la presse indépendante que des pans entiers de l’histoire de la guerre d’indépendance ont ainsi été rendus publics, car occultés par les voix officielles», conclut M. Belhouchet. G. L.

    LES MÉDIAS, UN CONTRE-POUVOIR

    «La liberté de la presse est-elle une arme ?»

    L ’épargne des ménages algériens s’élevait à 2000 milliards de dinars (environ 27 milliards de dollars) à fin 2011, selon Karim Djoudi, ministre des Finances, qui intervenait, jeudi denier à Al-ger, au Conseil de la nation, en réponse à une question orale d’un sénateur. Une partie de cette cagnotte – quelque 40%, soit 800 mil-liards de dinars – ont été placés auprès de la CNEP, a-t-il précisé. L’épargne des particuliers enregistre une croissance notable, a-t-il dit, sans fournir la moindre indication sur le taux de cette progres-sion. En matière d’épargne, la part de marché de la CNEP-Banque «montre que l’Algérien, face à la faiblesse des rendements à court terme, préfère s’investir sur les moyen et long termes en acquérant un logement», selon le premier argentier du pays. L’entrée en Bourse d’Alliance Assurance ainsi que les emprunts obligataires lancés entre 2004 et 2009, selon le ministre, témoi-gnent en outre de l’intérêt qu’accordent les Algériens pour le placement de leur argent en titres financiers, malgré la faiblesse de l’offre du marché. M. Djoudi pronostique que la filialisation du secteur des assurances, entamée en juillet 2011 via la séparation de l’assurance des personnes de celle des dommages relancerait davantage l’épargne des ménages. Interpellé par un autre sénateur

    qui appelait au déblocage des opérations de cession de gré à gré des biens immobiliers de l’Etat, le ministre a fait savoir que les dossiers ayant fait l’objet d’autorisations de cession et dont les montants ont été entièrement payés avant le 1er septembre 2008 «seront bientôt réglés». Ces opérations avaient été suspendues en 2008 en vertu de l’article 11 de l’ordonnance 04-08 relative à la cession des terres relevant du domaine privé de l’Etat et destinées à la réalisation de projets.A une autre question à propos de l’impact de la crise financière internationale sur l’Algérie, le ministre des Finances a évoqué d’éventuels contrecoups de la hausse des prix sur les marchés pétroliers mondiaux sur les recettes en devises et la fiscalité pétro-lière de l’Algérie. En revanche, il s’est montré rassurant puisque, selon lui, les prix du pétrole restent actuellement entre 100 et 107 dollars pour ce qui est du Brent et restent supérieurs à 105 dollars dans les contrats à terme pour la période février-mai 2012. Aussi, a-t-il rappelé certaines mesures décidées par le gouvernement pour faire face aux chocs financiers externes, dont la création du Fonds de régulation des recettes et le remboursement anticipé de la dette extérieure. Hocine Lamriben

    El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 5

    L ’ A C T U A L I T É

    ÉPARGNE DES MÉNAGES

    27 milliards de dollars à fi n 2011

    L es autorités ont approuvé l’accord conclu début mars entre Sonatrach et le consor-tium Anadarko/Maersk/ENI qui porte sur le conflit de la taxe sur les profits exception-nels (TPE) selon le décret publié au Journal officiel n°17 du 25 mars 2012. Selon ce tex-te signé par le président Ab-delaziz Bouteflika le 22 mars, «est approuvé et sera exécuté, conformément à la législa-tion et à la règlementation en vigueur», l’avenant n° 4 au contrat du 23 octobre 1989 pour la recherche et l’exploita-tion d’hydrocarbures liquides, conclu à Alger le 9 mars 2012 entre la société nationale So-natrach - S.P.A, Anadarko Al-geria Company LLC, Maersk

    Olie Algeri et A/S et Eni Oil Algeria Limited.Le 9 mars, un communiqué de Sonatrach avait annoncé que «l’entreprise nationale Sona-trach est parvenue à un ac-cord amiable avec Anadarko Algeria Company et Maersk Olie Algeri». Cet accord «aura pour effet, dès son approbation par les autorités compétentes, de mettre un terme définitif aux arbitrages qui ont été in-troduits par ces deux compa-gnies aux fins de contester le prélèvement de la taxe sur les profits exceptionnels (TPE) introduite par l’ordonnance n°06-10 du 29 juillet 2006 portant modification de la loi n°05-07 du 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures»,

    selon la même source. «Cet accord a été conclu sur la base de concessions réciproques des parties et sans préjudice de leurs positions respectives dans les arbitrages», selon Sonatrach. «Dans ce contexte, les parties ont convenu de modifier certaines disposi-tions du contrat, notamment le mécanisme de partage de production, qui comprend l’engagement des partenaires de Sonatrach de payer la TPE conformément à la réglemen-tation en vigueur», selon le communiqué. «L’accord pré-voit également de proroger à 25 ans la durée d’exploitation de chaque gisement, les com-pagnies exerçant par antici-pation les options contrac-

    tuelles prévues à cet effet», selon Sonatrach. Lors d’un passage à la Radio nationale, le 19 mars dernier, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait indiqué que «le jour où cet accord sera approuvé par le gouvernement et que cet accord sera mis en œuvre, Sonatrach et ses parte-naires vont calculer l’effet de ce compromis à partir de 2006 jusqu’à la date d’approbation et, s’il y a des corrections à faire, Sonatrach les apportera bien entendu. Je dois préciser que, par exemple, la société Anadarko a affirmé à son par-tenaire Sonatrach que s’il y a effectivement des corrections à apporter, ils les investiront en Algérie». Lies Sahar

    C es employés mentionnent les ter-giversations qui les empêchent de rejoindre les rangs de Sonatrach en application de la note n°912 du 24 mai 2011. Ingénieurs et techniciens supérieurs pour la plupart, ces employés, à l’instar de tout le personnel de la sous-traitance, ont eu la possibilité d’intégrer les effectifs de Sonatrach qui avait entrepris d’assainir tous les dossiers avant la fin juin 2011. C’est ce qui est mentionné dans la note n°912/AST/11 informant «des disposi-tions prises à l’effet d’assainir les dos-siers des ressources humaines relatifs au personnel de la sous-traitance ainsi que celui occupant des fonctions organiques sans décision». Entamée le 22 mai 2011, cette opération devait être finalisée, selon cette note, par des contrats de travail ou

    des décisions à signer avant la fin juin 2011. Recrutés à des postes de mainte-nance industrielle en juillet 2010, ces travailleurs de l’Eurl Foraid Algérie infor-ment le PDG de Sonatrach que c’est «fin juillet 2011» que la division maintenance leur a demandé de fournir leurs diplômes et CV. Soit un mois après la date butoir d’assainissement des dossiers. «Depuis, aucune suite n’a été donnée, bien que le personnel travaillant avec un autre sous-traitant privé dans les activités adminis-tratives et achats a été intégré depuis plus de six mois», regrettent les protestataires, dont l’activité de maintenance industrielle relève des «fonctions cœur de métier» (FCM) qu’une autre note (n°972/AST/11) de la direction centrale de gestion des associations de Sonatrach avait classées

    comme prioritaires. «La priorité dans le traitement de ces dossiers doit être don-née aux FCM pour qui l’opération devra être finalisée avant la fin de ce mois», sti-pule la note de Sonatrach datée du 24 mai 2011. La même note a informé de la noti-fication «aux sociétés de sous-traitance la fin des contrats les liant avec les grou-pements et OOC». «Ces contrats s’achè-veront au plus tard le 30 juin 2011. Passé ce délai, aucun contrat de sous-traitance ne doit subsister tout comme il est désor-mais strictement interdit d’avoir recours à l’avenir à ce type de contrat», conclut la note de la direction centrale de la gestion des associations. Datée de début février dernier, la requête des quarante diplômés n’a pas eu encore la réponse attendue de la direction de Sonatrach. K. Medjdoub

    RHOURD EL BAGUEL (HASSI MESSAOUD)

    Des travailleurs interpellent le PDG de Sonatrach

    ● Une quarantaine d’employés d’une société privée, sous-traitante de la Sonarco (ex-groupement SH-BP), travaillant sur le champ Rhourd El Baguel, à Hassi Messaoud, viennent

    d’interpeller le PDG de la compagnie.

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    D. R

    .

    TAXE CARBONE L’UE ouverte à un accord L ’Europe pourrait modifier sa législation sur la «taxe carbone» frappant les compagnies aériennes en cas de compromis «suffi-sant et ambitieux» au sein de l’OACI, mais ne veut pas d’un accord à tout prix, indique sa commissaire au Climat, Connie Hedegaard dans une interview hier. Des discussions sont en cours au sein de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), avec une nouvelle réunion «prévue en juin», a rappelé Mme Hedegaard au quotidien Le Monde. Une législation européenne, entrée en vigueur sur le papier le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l’Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l’équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.

    TAXE SUR LES PROFITS EXCEPTIONELS

    Approbation de l’accord Sonatrach-Anadarko

    Le premier débat entre les journalistes de Marianne et le philosophe Michel Onfray

  • El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 6

    L ’ A C T U A L I T É

    GEORGES MORIN ET L’HUMORISTE SMAÏN

    Deux Constantinois de retour sur le Rocher

    Lundi 2 avril 2012, deux Constan-tinois vont fêter à leur manière le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Deux enfants du Rocher, au destin très dissemblable mais que leur passion commune pour leur ville natale a eu vite fait de réunir : le co-médien Smaïn et l’ancien instituteur Georges Morin. Et c’est le second qui ramène le premier ! Georges Morin, c’est d’abord, pour beaucoup de Constantinois, «Ould Madame

    Morin» (le fi ls de Madame Morin) cette infi rmière qui, de 1930 à 1979, soit durant près de 50 ans, a soigné des générations de Constantinois ! Et c’est le célèbre écrivain, Anouar Ben-malek, qui en parlait affectueusement un jour, en saluant publiquement, sur les ondes de la radio Beur FM, «Cette dame qui a piqué mon grand-père, qui a piqué mon père et qui n’a pas manqué de me piquer aussi… pour notre plus grand bien !» Le père de Georges était dessinateur technique chez Esso puis aux Ponts et chaussées. Féru de tennis, il fut même champion de l’Est algérien en 1938 ! Georges Morin, c’est aussi ce jeune instituteur qui exerce à Constantine de 1960 à 1966, à l’école Arago de 1960 à 1964, puis à Jeanmaire de 1964/65 et enfi n à l’école du Bardo en 1965/66, avant de partir à Grenoble pour ses études supérieures. C’est là qu’il mène en-suite une belle carrière d’enseignant en sciences politiques, de 1970 à 1990, avant de rejoindre l’inspection géné-rale de l’éducation nationale. En 1997, il est élu maire-adjoint d’une ville de la banlieue de Grenoble et il commence à militer pour la coopération entre les villes, particulièrement avec l’Algérie et la Palestine. Il est ainsi très direc-

    tement à l’origine de la coopération entre Grenoble et Constantine : dès 1972, avec la première convention interuniversitaire franco-algérienne entre les deux universités des deux villes ; puis, en 1982, lorsqu’il amène à Constantine (le maire en est alors Mohamed-Tahar Arbaoui) le maire de Grenoble, Hubert Dubedout, pour le premier jumelage entre les deux villes. En 1983, Georges Morin est chef de cabinet du président de l’Assemblée nationale, le socialiste Louis Mermaz, et il persuade ce dernier de se rendre sur place pour lancer la coopération entre la wilaya de Constantine et le département de l’Isère (que présidait aussi M. Mermaz). Cette visite a mar-qué la ville des Ponts puisque Rabah Bitat, alors président de l’Assemblée populaire nationale, avait tenu à ac-compagner son homologue français. Georges Morin renoue encore les liens entre les deux villes de Constantine et de Grenoble dès 1999, dans le cadre de la relance générale des coopérations décentralisées franco-algériennes vou-lues, après les années noires, par les deux ministres de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement et Abdelmalek Sellal. Et c’est précisément dans ce cadre Grenoble-Constantine que se

    présente la venue de Smaïn. Car la coopération entre les deux villes est multiforme et porte notamment sur la culture, dont Georges Morin s’est particulièrement occupé à la demande du maire de Grenoble, Michel Destot. Pour prendre quelques exemples, c’est cette coopération entre artistes des deux villes qui a engendré des activités culturelles comme le festival de jazz Dimajazz, le Ciné-club ou le Festival du conte. Le président de ce dernier festival, Fayçal Ahmed-Raïs, a appelé un jour son ami Georges : «S’il te plaît, nous rêvons de Smaïn comme invité d’honneur de notre Festival 2012. Tu le connais bien. Il faut que tu nous le ramènes. Fais ça pour nous, fais-le pour ta ville !» Comment résister à ce type d’arguments ? Morin appelle aus-sitôt Smaïn, mais celui-ci est en pleine tournée avec son dernier spectacle ! Cela paraît donc fi chu… mais Georges insiste et Smaïn fi nit par remarquer sur son agenda qu’il a un créneau de quelques jours de «relâche» entre le 31 mars et le 4 avril. Encore quelques coups de fi l et l’affaire est conclue : les deux complices seront donc à Constantine dimanche 1er avril au soir. Tout le programme se concentre sur le lundi 2 avril : une rencontre avec

    les Constantinois au Centre culturel français de 15h à 16h30, puis une pres-tation de Smaïn en soirée, au Théâtre régional de Constantine, autour de son dernier livre Je reviens me chercher. Et puis, hélas, dès le lendemain mardi 3 avril, ce sera le retour sur Paris.Smaïn est déjà revenu à maintes repri-ses à Constantine, mais il est toujours très ému de revoir cette ville qui l’a vu naître en 1960. De mère inconnue, il est recueilli par des sœurs qui le confi ent à une nourrice avant l’amener en France, avec elles, en 1962. Elles remettent alors le bébé à un couple algérien qui va l’élever avec amour, dans la région parisienne, et forger ce magnifi que artiste qui fait la fi erté de l’Algérie et de la France. Ce mélange d’humour et de gravité qu’il promène avec tant de succès sur les scènes du monde entier est sans doute, quelque part, une revanche sur la vie, une vie qui a commencé si durement pour ce bébé perdu sur les bords du Rhumel. On dit toujours que c’est dans l’adver-sité que s’épanouissent les meilleurs artistes. L’adversité a touché Smaïn au premier jour de sa jeune vie, elle en a fait un grand comédien. Bien-venue Smaïn, bienvenue Georges ! Bienvenue dans votre ville natale !

    PRÉCISIONS À RÉDHA MALEKPar Rabah Zamoum (*)

    Le début de lecture de l’entretien accordé à l’occasion du 19 mars 1962 par monsieur Rédha Malek à votre journal, recueilli par S. Tlemçani, me fait réagir sur le point des contacts secrets avant 1962.Mais avant cela, M. Rédha Malek, qui est, si je ne m’abuse, un bon francophone, tient des propos quel-ques peu légers, voire méprisants à l’égard de chou-hada ; à moins que ses propos aient été mal rapportés, auquel cas la responsabilité de la «faute morale» (?) serait imputable à la journaliste qui sera alors consi-dérée comme «bouc émissaire», comme savent bien faire certains politiciens et diplomates. A la question de savoir si «l’avis de cessez-le-feu locaux était par-tagé uniquement au sein de la Wilaya IV, il dit : «Il était (avis de cessez-le-feu) restreint à la Wilaya IV... Mais cela n’a pas pu se réaliser. L’affaire s’est arrêtée net après l’exécution des types.» Les types, dans la bouche de Rédha Malek, sont les commandants Si Lakhdar, Halim et le ca-pitaine Abdelatif, exécutés par le comman-dant Mohamed ; Si Salah devant se rendre à Tunis pour être entendu et jugé par le GPRA. Il convient de préciser que dans la démarche de la Wilaya IV, il ne s’est jamais agi de cessez-le-feu local comme nous le verrons plus loin. C’est, chez l’inter-viewé, de la diffamation et de la manipulation de l’his-toire. Ces maquisards n’étaient pas des gueux. Votre langue a fourché, monsieur Malek. Ce ne sont pas ceux-là «les types», mais plutôt ceux qui, planqués à l’extérieur, loin du feu et des com-bats... attendaient patiemment que l’ALN soit exter-minée, que la guerre n’ait plus cours, pour rentrer en Algérie prendre le pouvoir et l’exercer comme depuis septembre 1958 ou même un peu avant, après la sortie du CCE à l’extérieur, ce qui a constitué déjà une faute grave. Je ne sais si vous avez fait l’expérience du com-bat dans le maquis de l’une ou l’autre des six Wilayas d’Algérie de 1954 à 1962 autant que l’exercice diplo-matique et plus tard politique ? Qu’à cela ne tienne ! A la question de savoir si les contestations provenaient seulement de la Wilaya IV, vous parlez de «crise interne, de gens qui n’étaient pas contents, ce qui a donné lieu à la réunion des colonels vers la fi n 1959 et qui a duré 94 jours». Vous occultez un pan entier de l’histoire de la guerre de Libération nationale et déformez les événements. Il y a de l’amnésie. Après la création des COM Est et Ouest en avril 1958 et celle du GPRA en septembre 1958, la contestation, la vraie, celle qui compte, a été celle des colonels de l’intérieur

    (Hadj Lakhdar de la W I, Amirouche de la W III, Si M’hamed de la W IV et Si Haouès de la W VI qui se sont rencontrés en décembre 1958 à El Milia dans le nord constantinois (en l’absence du représentant de cette Wilaya, faut-il le signaler) et non celle des colonels de l’extérieur, comme vous le soutenez. Une année les sépare, et puis... 94 jours ! bonté divine. Si M’hamed, présent à cette réunion de décembre 58, écrivait dans une lettre : «des instructions importantes ont été prises dans l’intérêt supérieur de la Nation. Fini les histoires de cloches» (il est facile de compren-dre de qui traite Si M’hamed). Si M’hamed décède en septembre 1959, Amirouche et Haouès, qui devaient se rendre à Tunis rencontrer les types du GPRA, tom-bent dans une embuscade, ce qui arrivera d’ailleurs à Si Salah à M’Chedellah en juillet 1961, se rendant lui aussi à Tunis. Méandres et hasards de la route menant au gouvernement provisoire... ? Pendant que l’ALN se faisait exterminer, le FLN se renforçait et l’EMG est créé en janvier 1959. S’agissait-il de la réponse du FLN à l’ALN ? A la question de savoir s’il y a eu des contacts secrets, Rédha Malek répond : «Pas avec le général de Gaul-le». Pour rappel et confi rmation, la rencontre secrète du 10 juin 1960 s’est faite entre la W IV (Si Salah, Si Mohamed et Si Lakhdar) et le président de la républi-que française, le général de Gaulle en l’occurrence. Pourquoi l’occulter ? Cette rencontre s’est tenue à un niveau politique élevé et ne peut être banalisée comme vous le faites lorsque vous annoncez que «de Gaulle avait jeté son hameçon et Si Salah y a mordu». Vous êtes, une fois de plus, méprisant à l’égard de quelqu’un que vous n’avez pas rencontré sur le champ de bataille et pour ne pas avoir partagé les mêmes souffrances et enduré les mêmes sacrifi ces. En vous lisant, j’ai eu la sensation que vous cherchiez à faire plaisir à la partie adverse, d’autant que vous rapportez Michel Debré qui (vous) aurait dit qu’il n’y avait d’autre solution que de négocier avec le GPRA. La différence entre les maquisards et les «politicards» est, je crois, là. A-t-on besoin d’entendre Debré pour se convaincre d’une réalité ou d’une évidence ou d’une règle de combat, de serment ? Lorsque les représentants de la Wilaya IV se sont rendus à l’Elysée, Si Salah avait demandé à rencontrer les 5 prisonniers algériens, tout comme il avait affi rmé à De Gaulle que la négociation de cessez-le-feu ne pouvait se faire qu’avec les représentants du FLN. La rencontre secrète de la W IV avec le Président français s’inscrit dans le cadre du discours sur l’autodétermi-nation de septembre 1959. Pour l’histoire, il est bon, monsieur, de rappeler trois dates : la rencontre a eu

    lieu le 10 juin 1960 ; le 14 juin 60, de Gaulle lance un nouvel appel au GPRA et... le 20 juin 60 (voyez vous-même, c’est très très court) le GPRA, par la voix de Ferhat Abbes, répond favorablement à l’appel et annonce la constitution d’une délégation conduite par le président du GPRA chargée des négociations en vue d’un cessez-le-feu. Ces dates ainsi que les propos tenus devant de Gaulle montrent, à l’évidence, que Si Salah ne voulait pas se substituer au FLN pour la négociation du cessez-le-feu. Le GPRA avait, par contre, très peur que les négociations de cessez-le-feu lui échappent, d’où sa précipitation à répondre favorablement et à dépêcher une délégation offi cielle. Le FLN prend peur, il se sent acculé, lui qui a traîné, tergiversé ... A signaler que les représentants de la Wilaya IV sont revenus au maquis. Par ailleurs, il faut indiquer que des contacts avec les autres Wilayas étaient engagés et que l’adhésion à la démarche était acquise. Il faut préciser et mettre l’accent sur le fait que c’est cette opération de la Wilaya IV auprès de la présidence française qui a fait avancer l’avènement de l’indépen-dance de l’Algérie. Pas besoin de s’étaler, aujourd’hui ici, sur les déclarations de ministres du GPRA qui parlaient, en 1960 et 1961, d’un effort permettant de tenir 10 ans de guerre encore. Monsieur Rédha Malek, qu’est-ce qui vous fait dire que Si Salah «était un homme brave et courageux» ? La précipitation du GPRA à s’engouffrer dans la né-gociation permet de dire que Si Salah, à travers cette audacieuse et salutaire démarche, a donné un coup de pied dans la fourmilière, à l’extérieur. Elle a, par ailleurs, provoqué d’énormes remous en France tout comme elle est à l’origine des événements insurrectionnels des militaires français contre leur hiérarchie et autorité. Les généraux français se sont sentis fl oués. Comment se fait-il que le président de la République reçoit des types qui n’ont à ses yeux aucune considération, réduits d’ailleurs à l’extermi-nation ? C’est, à bien des égards, celui-ci qui s’est fait piéger par celui-là. Parlant de Si Salah, vous annoncez qu’il reprochait au GPRA une «certaine mollesse qui, faut-il le préciser, n’était que le fruit de propagande française». C’est faire preuve de mépris, de mésestime et de mé-disance que de tenir de tels propos. Soit vous ne savez pas les reproches que Si Salah faisait au GPRA et à l’EMG, soit vous déformez volontairement la réalité, vous manipulez l’histoire et vous occultez la vérité, comme pour faire plaisir à la partie adverse. Si Salah, qui s’est rendu au Maroc et en Tunisie (mi-1957 à mi-1958) pour exposer la situation

    des maquis, envoyer des armes, des munitions, des hommes et des médicaments à l’intérieur n’a pas vu une certaine mollesse mais gabegie et incurie du luxe des «seigneurs de palaces». On lui a proposé le poste d’adjoint de chef d’état- major de l’Ouest, le poste de chef d’antenne de la W IV à l’Est, qu’il a refusés. De retour, traversant la ligne électrifi ée, accompagné, entre autres, de Rahmouni, Aït Idir, Benbatouche (accroché par les fi ls barbelés électrifi és), en W4, il écrit «la joie du retour». Son action et parcours étaient (et sont toujours) forts de sens et d’engagement, de lucidité, d’intelligence, de conviction et de fi délité aux idéaux de Novembre... et pas seulement de bravoure et courage. Monsieur Ferhat Abbès, président du GPRA, me disait en avril 1984, que Si Salah lui avait écrit, en février 1960, une longue lettre: «La Wilaya IV mettait en accusation l’état-major. Elle lui repro-chait de stocker armes, munitions et argent pour son usage personnel plutôt que de les lui faire parvenir. Elle lui reprochait de ravitailler certai-nes Wilayas au détriment d’autres. Enfi n, Si Salah, s’adressant directement à moi, me demande de trouver à tout prix le moyen de négocier et d’ar-rêter la guerre». Pendant que les maquisards se faisaient exterminer par l’ennemi, les politiques algériens, à l’extérieur, réfl échissaient à l’avenir, à l’après-guerre, à une société dans laquelle l’ar-mée des frontières serait un instrument au service du pouvoir politique. Alors, pour la «mollesse», relisez le courrier de la W IV au GPRA. Dans son rapport, la Wilaya IV a traité le FLN de trahison, qualifi ant ceux qui exercent leurs activités hors du territoire national de «ramassis d’aventuriers, d’ambitieux ignares, de monstres criminels» ani-més du seul désir de domination. Non, monsieur Rédha Malek, ne traitez pas l’histoire avec autant de légèreté et encore moins les chouhada. Dans son courrier au GPRA, Si Salah écrivait aussi : «Nos grands martyrs... ont forgé la conscience du peuple algérien. Une conscience, un esprit assoiffés d’une liberté véritable que ne pourrait aliéner... la dictature des ambitions, de ceux qui, sous couvert de vagues nécessités ethni-ques, idéologiques ou religieuses, se servent de notre combat pour asseoir ou préserver des privilèges». R. Z.

    * Fils du colonel Si Salah Auteur de Si Salah, mystère

    et vérités, Ed.Casbah 2005, mars 2012

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  • El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 7

    L ’ A C T U A L I T É

    I l n’est pas bon, ces temps-ci, d’être automobiliste sous les cieux de l’Algérie», pour reprendre l’expression de notre confrère de La Tribune en 2010. Certains automobi-listes algériens – heureusement qu’il en reste quelques-uns qui respectent le code de la route et espèrent rentrer chez eux le soir indemnes – sont des fous du volant. De véritables Kimi Raikkonen, le pilote de for-mule 1. Il n’est pas conseillé de se mesurer à cette nou-velle «race» de conducteurs sous peine de se faire éjecter du véhicule. Ces «nouveaux permis», comme certains les surnomment, ne recon-naissent aucune loi, aucune autorité, aucun panneau, aucune obligation ni inter-diction, aucune limitation de vitesse. Même le passage pour piétons (où ce dernier doit être totalement en sécu-rité) n’a pas échappé à leur «ingéniosité». Un but, le leur, être le premier, rouler le plus vite possible et «jouer des coudes» sur les files des autoroutes pour, en fin de compte, avoir cette sensa-tion d’être un vrai «pilote». «Le problème de nos jeunes conducteurs est qu’ils sont des frimeurs. Ils résument leur personnalité dans son véhicule», nous dit un jeune père de famille.

    AUTOMOBILISTES IMPULSIFSPour notre interlocuteur, ces jeunes sont des aventuriers et des chauffards qu’il faut éviter sur les routes. «Ce sont des gens impulsifs qui ne mesurent pas la gravité

    de leurs actions.» «Il faut se poser la question sur la manière avec laquelle ils obtiennent leurs permis de conduire. Il y a une gran-de complicité de certaines auto-écoles et des moni-teurs sur cette hécatombe. Si vous allez vous présenter chez certains d’entre eux, ils vous proposeront soit le permis de conduire normal ou le permis de conduire garantie. Chacun a son prix bien entendu», poursuit no-tre vis-à-vis. «On attribue le permis de conduire comme on distribue des tracts», résume, de son côté, un internaute sur la Toile. D’autres affirment que des paris sont lancés sur internet par des automobilistes et que des courses sont organisées de manière frauduleuse à la nuit tombée. «Il y en a qui parient même ; leurs véhicules roulent à 200 km à l’heure sur les auto-routes sans mesurer la gravité de cet acte.» D’autres semblent oublier les indicateurs de direc-tion qui sont obligatoires pour effectuer une manœuvre vers la droite ou la gauche. Pour cette catégorie, il n’y a que les coups de phare qui sont importants pour vous signaler qu’il va vous dépasser. Ces conducteurs effectuent des dépassements dangereux, des queues de pois-son. Les vrais fautifs sont les «fous du volants» qui font de la vitesse sans jamais être inquiétés.Pour Mohamed Lazouni, spé-cialiste en sécurité et préven-tion routière et président de l’association Tarik Essalama, la voiture est devenue un moyen d’expression : «Le jeune est

    tout le temps réprimé aussi bien chez lui que dans son entourage. Le seul objet qui lui répond au doigt c’est bien la voiture, et c’est pour cette rai-son qu’il s’emploie à la ’domp-ter’ comme il le souhaite.»

    OÙ EST PASSÉE L’ÉDUCATION ROUTIÈRE ? Et à notre interlocuteur de s’in-terroger : «Où est passée l’édu-cation routière ? Où sont la morale et le civisme ?» «Pour-tant, ajoute-t-il, l’article 21 de la loi de 1987 fait référence à l’éducation routière dans les établissements scolaires. Jusqu’à maintenant, le décret d’application n’a pas été pu-blié. Chez nous, chaque res-ponsable qui arrive efface tout ce qu’a fait son prédécesseur. C’est pour cela que notre pays ne pourra jamais construire la muraille de Chine. Quant un responsable prend en charge un secteur, il balaie tout ce qu’a fait son prédécesseur». Faisant un come-back sur l’ac-cident qui a coûté la vie à 21 personnes dans la région de Médéa, M. Lazouni dira que les autocars et autres poids lourds sont dans l’obligation, selon les textes de loi, d’avoir un troisième frein de secours leur permettant de maintenir une vitesse constante de 30 km à l’heure en cas de descente dangereuse. Idem pour le mou-chard (la boîte noire du véhicu-le) qui est obligatoire depuis… 1974. Interrogé sur l’absence de feux tricolores dans les grandes villes algériennes, no-tre interlocuteur précise que la seule ville de Paris possède, à elle seule, pas moins de 1 000 carrefours avec feux tricolores.

    «Un feu tricolore à décompte a été installé à Djelfa et un autre à Sofia (Alger) sauf que l’avis d’appel d’offres pour l’acquisition des feux de signa-lisation routière date de plus de 20 ans», dira-t-il. M. Lazouni préconise l’application de la loi pour tout un chacun. «La sanction a un effet limité dans le temps et le lieu. On ne peut pas mettre un policier derrière chaque automobiliste. Il faut commencer par l’éducation qui est la colonne vertébrale de tout processus de sécurité rou-tière. L’éducation est prévue par la loi depuis 1987, mais n’a jamais été appliquée par les of-ficiels. Si nous avions commen-cé à appliquer cette loi depuis cette date-à, nous n’aurions pas ce nombre de morts et de blessés sur nos routes.» M. Lazouni va encore plus loin en déclarant que les clous ins-tallés sur la chaussée sont hors-la-loi. «Ils sont un danger pour les véhicules (roulements, rotu-les), alors que la ligne bleue n’a aucune existence au niveau des lois de la République régissant ce secteur. Il faut appliquer la loi pour tout le monde», dira-t-il. Idem pour le fichier national des permis de conduire que la loi de 2004 avait prévu et que les pouvoirs publics n’ont pas encore mis en œuvre. «Où sont les textes d’application de cette loi ? Pourquoi les auto-écoles n’ont-elles pas leurs propres circuits pour former les conducteurs ?», s’interroge-t-il. Un circuit avait été même prévu à Birtouta, mais les plans demeurent enfermés dans les tiroirs des responsables.

    Nadir Kerri

    BOUIRA

    Les bandits de l’autoroute Est-Ouest sévissent

    L ’autoroute Est-Ouest est assurément l’axe routier le plus insécurisé d’Algérie. Pas une semaine ne passe sans que l’on signale un vol de véhicule, une agressions et un racket de pas-sagers. Ce phénomène se produit surtout la nuit, car c’est à ce mo-ment-là que les bandits de grand chemin pullulent, aussi aller d’une ville à une autre devient de plus en plus angoissant.Le dernier vol en date a été commis dimanche dernier dans la wilaya de Bouira lorsqu’un chauffeur a été délesté de son semi-remorque, vers 4 h du matin au niveau de la descente de Djebahia, à quelques centaines de mètres des deux tunnels de Aïn Chriki, à l’ouest de Bouira. Il a été agressé par trois individus qu’ils l’ont ligoté et abandonné au bord de l’autoroute. «Le chauffeur roulait doucement, au niveau de la descente de Djebahia, il a été attaqué par trois per-sonnes qui lui ont jeté une bombe lacrymogène à l’intérieur de la cabine, ce qui l’a contraint de s’arrêter puis il a perdu conscience», dit le propriétaire du camion, originaire de Béjaïa. «C’est l’insé-curité totale au niveau de l’autoroute Est-Ouest », tempête-t-il. Il faut noter que dans la descente de Djebahia, les camionneurs ne peuvent pas rouler à grande vitesse de peur de finir leur course dans un fossé. Force est de constater qu’à cet endroit, plusieurs accidents de la circulation, toujours mortels, ont eu lieu depuis l’ouverture de l’autoroute. Et c’est à ce moment-là que les bandits en profitent pour commettre leurs forfaits. Les victimes se comptent par dizaines, voire plus. Des usagers de cet axe autoroutier se plaignent de l’insé-curité qui y règne. De plus, Bouira ne fait pas l’exception. En 2011, plusieurs cas d’agressions ont été enregistrés à travers plusieurs régions du pays. Pour mettre fin au désordre et rassurer les popula-tions, les pouvoirs publics doivent prendre au sérieux cette affaire et renforcer la sécurité sur l’autoroute. Doit-on attendre qu’il y ait mort d’homme pour intervenir ? Ali Cherarak

    TRANSPORT AÉRIEN VERS LE SUDTou annonce une révision des tarifsL a révision des prix du transport aérien vers les régions du Sud prendra prochainement effet, a annoncé hier le ministre des Transports, Amar Tou, lors de sa visite de travail dans la wilaya de Tamanrasset. A cet effet, il a expliqué qu’une réduction des tarifs sera possible et étudiée suivant les normes nationales de tarification commerciale dont la compagnie nationale Air Algérie doit tenir compte dans ses propositions, sachant que les vols à destination du Sud sont subventionnés par l’Etat. Signalons qu’à l’occasion, M. Tou a, en présence de toutes les autorités locales, donné le coup de starter à l’entreprise du transport urbain de la ville de Tamanras-set qui a commencé par la mise en service de 10 bus pour assurer la desserte de 8 lignes, dont 3 sont en cours de proposition. Si le besoin se fait sentir, le premier responsable du secteur a promis de renforcer ces moyens afin de parvenir à une meilleure couverture en matière de transport. Le ministre s’est ensuite rendu sur le lieu du projet de la nouvelle gare routière et celui de l’extension de l’aérogare afin de s’enquérir de l’avancement des travaux, où il a émis quelques réser-ves et fait remarquer le retard dans la réalisation. Ravah Ighil

    PROJET FERROVIAIRE Adoption des contrats pour les études techniques L e ministre des Transports, Amar Tou, a affirmé, jeudi à Adrar lors de la mise en service de l’Entreprise de transport urbain (ETU), que le Conseil du gouvernement, lors de sa dernière réu-nion, a approuvé les contrats relatifs aux études techniques du pro-jet de liaison des wilayas du Sud au réseau ferroviaire. Le ministre a indiqué qu’il s’agit de la liaison ferroviaire reliant les wilayas de Laghouat, Ghardaïa et Ouargla, ainsi que de celle reliant Laghouat et Timimoune via la wilaya de Ghardaïa, sur une distance globale de plus de 2740 km. M. Tou a procédé, lors de sa visite dans la wi-laya, à la mise en service de l’Entreprise de transport urbain (ETU) de la commune d’Adrar. Dotée d’une flotte de 10 bus, cette en-treprise devra assurer cinq dessertes et couvrir une distance de 76 km, jalonnée de 48 arrêts de bus, couvrant les principales cités et quartiers de la commune d’Adrar. Le ministre a, en outre, inspecté le chantier de réalisation pour un coût de 290 millions de dinars et la gare routière d’Adrar implantée sur une surface de 1,6 ha, dont 2200 m2 bâtis. Sur site, M. Tou a appelé à hâter la cadence des travaux de réalisation de cette infrastructure en vue de la livrer dans les meilleurs délais. Cette gare routière, dont les travaux de réalisation ont été lancés en décembre 2010, dispose de 64 quais, 8 guichets et d’un parking destiné aux taxis d’une capacité de 30 véhicules. (APS)

    L’AUTOMOBILISTE ALGÉRIEN, UN CONDUCTEUR À RISQUES ?

    Lutter contre la fatalité du chauff ard

    ● Ces «nouveaux permis» ne reconnaissent aucune loi, aucune autorité, aucun panneau,aucune obligation ni interdiction, aucune limitation de vitesse.

    Inconscience ou fatalité, les accidents de la route endeuillent toujours les familles

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  • El Watan - Samedi 31 mars 2012 - 8

    I N T E R N A T I O N A L E

    Lyon (France) De notre correspondant

    A chaque jour son récit et Sarkozy pour le raconter. Hier, le président-candidat a ajouté une nouvelle corde à son arc électoral : la chasse aux islamistes radicaux. Le candidat Sarkozy veut capitaliser à son compte électoral l’effet de la tue-rie de Toulouse. L’opinion publi-que n’est pas mûre pour mettre la sécurité au premier plan des préoccupations, mais le prési-dent sortant souhaite accentuer la pression médiatique jusqu’au 22 avril, date du scrutin, et profi ter dans les urnes des retombées de l’émotion. Ce n’est donc pas un hasard s’il a commandé et com-menté, lui-même, l’opération menée hier matin très tôt dans plusieurs villes, dont Toulouse et Nantes. La police a saisi des armes et interpellé 19 personnes

    dans les milieux islamistes radi-caux. Parmi les interpellés fi gure Mohamed Achamlane, leader de Forsane Al Izza (les cavaliers de la fi erté), un groupe salafi ste radical dissous en février par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui l’accusait de prépa-rer la lutte armée. Voulant capter, le jour du vote, les voix du Front national et les réactionnaires qui sommeillent, Sarkozy n’aura réussi qu’à susciter l’ironie, à commencer par l’extrême droite qui fustige un candidat qui «se réveille à trois semaines du scru-tin pour son illusoire réélection (…) Les réseaux islamistes ra-dicaux ne se sont pas montés en un jour», selon les propos d’un responsable du Front national.

    «REPOUSSER CETTE IDÉOLOGIE DE LA HAINE» Pourtant, clairement, Forsane Al Izza n’est pas inconnu de la

    police. Il s’était notamment ma-nifesté en protestant dans la rue contre la loi sur la burka, parti-culièrement devant le tribunal de Meaux où des femmes voilées comparaissaient. Le mouvement avait aussi sou-tenu le Nantais Lies Hebbadj, dont l’une des épouses, verbali-sée pour conduite avec le voile intégral, avait été poursuivie en justice.Sur Europe 1, Nicolas Sarkozy a expliqué que ce coup de fi let et était «en lien avec une forme d’islamisme radical», annonçant que ce type d’opérations «va continuer». Des armes ont été saisies, notam-ment des kalachnikovs. Ce fut le cas au domicile d’Achamlane, où les enquêteurs ont retrouvé trois de ces fusils automatiques ainsi qu’un pistolet Glock et une grenade, a précisé une source policière.

    Pour le président du Conseil français du culte musulman, Mohamed Moussaoui, reçu hier par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur le thème de l’islamisme radical, «il faut agir très vite pour repousser cette idéologie de haine». Avec Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui l’accompagnait, ils ont souhaité «trouver une nouvelle formation de religieux, c’est-à-dire des imams qui prêchent et des aumô-niers, notamment en prison, qui ont à jouer un rôle très important dans la prévention de certaines dérives» qui menacent les mu-sulmans eux-mêmes.

    UN NOUVEAU 11 SEPTEMBRE ? Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a estimé, hier matin, que le trauma-tisme des tueries de Montauban et Toulouse «a été profond dans notre pays, un peu comme le traumatisme qui a suivi aux Etats-Unis et à New York l’affaire de septembre 2001, le 11 sep-tembre», tout en affi rmant ne pas vouloir «comparer les horreurs». Réagissant à cette exagération très calculée, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mé-lenchon, a jugé ces propos «tota-lement disproportionnés». «C’est une volonté de jouer sur la peur qui n’est pas accepta-ble». Il a déclaré s’attendre «à ce que tous les jours, maintenant, on arrête ici et là des poignées d’illuminés qu’on ira mettre en prison pour les relâcher au bout de quatre ou cinq jours parce qu’il n’y aura aucune charge contre eux (…). Maintenant, si l’on disloque des embryons de cellules violentes, je m’en réjouis de tout cœur». Walid Mebarek

    APRÈS LES TUERIES DE TOULOUSE ET MONTAUBAN

    Arrestations dans les milieux islamistes

    ◗ MALILes rebelles touareg, appuyés par les hommes d’Iyad Ag Ghaly, chef du groupe armé islamiste Ançar Eddine, ont pris hier le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du Mali, poussant la junte militaire à s’alarmer de cette situation «critique» et à appeler au soutien «extérieur» pour endiguer cette avancée. «Les rebelles maîtrisent la situation (...). Hier ils ont lancé leur offensive, ça s’est arrêté vers 20h (locale et GMT), et ils ont repris ce matin et maîtrisé les deux camps militaires», selon un habitant joint par téléphone. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et Ançar Eddine, dont le chef est natif de Kidal, prenaient la ville en étau depuis plusieurs jours. Le MNLA, qui affiche une position laïque, ne partage pas les objectifs d’Ançar Eddine (défenseur de l’islam, en arabe), qui vise l’instauration de la charia (loi islamique) et a des liens avec AQMI, mais les deux groupes combattent parfois ensemble l’armée malienne par stratégie. Avec les localités d’Aguelhok, Tessalit, Tinzawaten et aujourd’hui Kidal, les rebelles contrôlent désormais la quasi-totalité du Nord-Est malien, considéré comme le berceau des Touareg. Les villes de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest) restent sous contrôle de l’armée.

    ◗ LIBYEAu moins huit personnes ont été tuées, jeudi à Sebha, dans de nouveaux combats entre tribus, a indiqué une source médicale de l’hôpital de cette ville du sud de la Libye. «La situation est très mauvaise. Au moins huit corps sont arrivés à l’hôpital durant les trois dernières heures», a indiqué à la presse Abdelrahmane Al Ariche, un médecin de l’hôpital de Sebha. Les combats qui opposaient depuis lundi des Toubous à des tribus arabes à Sebha ont fait 70 morts et 150 blessés, selon un bilan du gouvernement arrêté mercredi soir. Selon M. Ariche, «sept autres corps de personnes tuées durant les derniers jours ont été retirés d’un lieu inaccessible jusqu’ici». Le médecin a fait état également de plusieurs blessés graves, sans plus de précision. Peu avant, le porte-parole du CNT, Mohamed Harizi, a déclaré que «la situation est calme» dans la ville, affirmant au cours d’une conférence de presse, qu’un accord sur une trêve allait être signé «incessamment». Cet accord prévoit notamment le retrait de toutes les forces armées toubous vers la ville de Qatroun, plus au sud, selon M. Harizi. Des responsables locaux ont démenti par ailleurs l’arrivée de 1500 ex-rebelles sous les ordres du ministère de la Défense, annoncée la veille par le porte-parole du gouvernement, Nasser Al Manaa. L’ex-représentant de la ville au CNT, Abdelmajid Seif Al Nasr, a indiqué de son côté que des forces du ministère de la Défense se «préparaient à s’interposer entre les deux parties du conflit» et à «vérifier les points de contrôle stratégiques dans la ville».

    ◗ TUNISIEQuelques centaines de personnes ont manifesté hier devant l’Assemblée constituante à Tunis pour refuser toute forme de normalisation avec Israël et soutenir les Palestiniens qui commémorent le 30 mars la Journée de la terre, a constaté l’AFP. Brandissant des drapeaux palestiniens, les manifestants, venus à l’appel d’une vingtaine de petites associations civiles et du PCOT (parti communiste) brandissaient des banderoles appelant au «boycott des produits sionistes». «Israël est un ennemi, on doit tous l’affronter. Il faut que la future Constitution tunisienne criminalise toute tentative de normaliser les relations avec l’entité sioniste», a déclaré à l’AFP Chokri Gharbi, responsable de l’association Ligue tunisienne de la tolérance. «Nous manifestons pour soutenir le peuple palestinien dans sa lutte de libération et pour refuser toute nouvelle expérience de normalisation avec Israël. C’est un débat que nous devons avoir au sein de l’Assemblée constituante», a déclaré pour sa part Abderraouf Ayadi, élu du Congrès pour la République (CPR, parti de gauche allié aux islamistes d’Ennahda). La Tunisie, qui a abrité le siège de l’OLP de Yasser Arafat de 1982 à 1994, a maintenu des relations avec Israël jusqu’au début de la deuxième Intifada en 2000. Les Palestiniens avaient commémoré hier la Journée de la terre, en mémoire de la répression le 30 mars 1976 par l’armée israélienne de protestations dans le nord d’Israël contre la confiscation de terres arabes, qui s’était soldée par la mort de six manifestants.

    ● Le président sortant souhaite accentuer la pression médiatique jusqu’au 22 avril, date du scrutin, et profiter dans les urnes des retombées de l’émotion.

    SON PROCÈS S’EST OUVERT JEUDI AU TRIBUNAL CRIMINEL DE PARIS

    Le chercheur franco-algérien Adlène Hicheur risque 10 ans de prison ferme

    Paris (France) De notre bureau

    J ugé depuis jeudi par le tribunal de Paris, Adlène Hicheur, un Franco-Algérien, soup-çonné de liens avec Al Qaîda au Maghreb en-court une peine de 10 ans de prison au moins. Agé de 36 ans et travaillant comme physicien au CERN à Genève, Adlène Hicheur est ac-cusé d’avoir accepté par e-mail de préparer des attentats terroristes en France et «d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Ce procès intervient à peine une semaine après l’affaire Mohamed Merah qui a totalement monopolisé les médias et la scène politique. Pour Patrick Baudouin, avocat d’Adlène Hicheur, le contexte dans lequel se déroule le procès risque d’être défavorable à son client. Cependant, il espère que la justice ne fera pas d’amalgame entre ce qui s’est passé à Tou-

    louse et les faits qui sont reprochés à son client. «Adlène Hicheur n’est pas Mohamed Merah, a-t-il précisé jeudi dernier lors de l’ouverture de l’audience. Il a ajouté qu’aucune arme n’a été retrouvée chez lui, qu’il n’avait aucune his-toire de violence à son actif et qu’il était par-faitement intégré dans sa famille qui était, elle aussi, très unie.» Arrêté dans le domicile de ses parents dans la région de l’Isère (Grenoble) en 2009 par les gens du RAID qui craignaient qu’il ne passe à l’acte, Adlène Hicheur a été depuis incarcéré dans une prison en banlieue parisienne. Jeudi, devant les juges du tribunal de Paris, le suspect a dénoncé la «malhonnê-teté» de l’enquête menée par la police, tout en avouant comprendre que certains passages, écrits dans ses e-mails, aient pu gêner ou attirer l’attention de la police. Pourtant, lors de son interpellation, les poli-ciers ont trouvé dans son domicile une abon-dante documentation sur le djihad et d’autres

    preuves qui montraient bien qu’il était en étroite relation avec un supposé responsable d’Al Qaîda au Maghreb islamique, Mustapha Debbchi. Pour se défendre, Adlène Hicheur a expliqué à la cour que ce n’est pas parce qu’on lit une littérature djihadiste qu’on approuve ce qu’on lit, assurant que c’est une forme de cu-riosité qui l’a conduit à ce genre de lecture. Or, les messages trouvés dans les e-mails de Hicheur ont, semble-t-il, démontré qu’il a pro-posé «des objectifs» à viser pour son complice Debbchi. L’accusé a même évoqué par la suite des «ci-bles militaires», une base française où l’on forme des soldats en partance pour l’Afghanis-tan. Mais il a néanmoins regretté ce qu’il a dit, évoquant son état de santé détérioré et confes-sant des moments de turbulences morales. Il a complété qu’il n’a jamais été question de passer à l’acte. Ce que le tribunal devra dé-montrer Yacine Farah

    BRÈVES

    Une quarantaine de personnalités ont demandé jeudi aux candidats à l’élection présidentielle de «ne pas instrumentaliser à des fins partisanes» les tueries à Montauban et à Toulouse.«L’heure est grave : dans cette période de campagne présidentielle, nous mettons en garde tous les candidats contre la tentation d’instrumentaliser ce drame à des fins partisanes et de diviser les Français sur des critères communautaires que nous récusons», écrivent les signataires. «Nous, intellectuels, responsables ou citoyens musulmans, juifs, chrétiens ou non-croyants, voulons manifester notre volonté de préserver l’unité de la nation autour des valeurs de la République dans l’épreuve que traverse le pays après l’assassinat d’enfants juifs, de leur professeur et de jeunes militaires à Montauban et Toulouse», selon le texte. Selon les signataires, «toute déclaration, tout geste, toute mesure qui tend à désigner telle ou telle religion, telle ou telle

    culture à la méfiance publique sert, même indirectement, leurs desseins et affaiblit notre culture commune dans une société à la fois une, dans ses fondements, et multiple, dans ses approches et son expression». «Loin de s’opposer entre eux, juifs, musulmans, chrétiens et non-croyants doivent coopérer sans relâche à la préservation – y compris dans leurs propres rangs ! – des principes communs d’égalité et de laïcité, seuls capables d’assurer la tolérance réciproque, la liberté des cultes et des opinions, le maintien de la fraternité et le développement d’une dynamique irremplaçable, celle d’une société riche de sa pluralité», recommandent-ils. Uni