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atelier de création littéraire organisé par le centre de pédagogie féministe en collaboration avec Catherine Mavrikakis
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ATELIER DE CRÉATION LITTÉRAIRE !ELLES PARTENT EN GUERRE : ! LE MANIFESTE FÉMINISTE jeudi 13 juin, 14h centre des arts actuels Skol organisé par le centre de pédagogie féministe en collaboration avec Catherine Mavrikakis
Les contraintes 1. Rédiger un manifeste féministe ! 2. Rédiger un manifeste
antiféministe parodique 3. Prendre partie (de façon
parodique ou non) dans le débat sur la prostitution
Collage de Camille Freytag
PAR MA FENÊTRE
Marine Arnold Je pourrais dire « salope » ou « chienne », ou bien « gourde », « cruche », « connasse », « pétasse » ou « traînée » -‐ pute surtout, je pourrais dire pute, je pourrais dire « va me faire un sandwich » ou encore « va passer l’aspirateur plus loin, j’entends pas la télé ». Je pourrais dire « les féministes, les FEMINISTES, les hystériques, les folles du cul qui s’ignorent, les petites grosses pas épilées qui nous cassent les couilles avec leur paranoïa ! ». Je pourrais dire, enfin, que je ne dirai rien de tout cela, que je veux élever le débat. Mais je ne le dirai pas. Je ne dis pas. Je ne dis rien. Je REPETE. Salope-‐chienne-‐gourde-‐cruche-‐connasse-‐pétasse-‐pute-‐hystérique-‐folle du cul-‐féministe. Je REPETE : salope-‐chienne-‐gourde-‐cruche-‐connasse-‐pétasse-‐pute-‐hystérique-‐folle du cul-‐féministe. Je me complais, m’embourbe et m’adore, moi si fort, si assuré, royal et tout puissant dans ma virilité surdimensionnée. Je REPETE : le féminisme n’existe pas. Je REPETE : les femmes n’existent pas. J’aime le féminisme, vraiment ; de l’amour le plus pur, tout comme la tâche de sperme sur mes draps, au réveil d’un rêve érotique, m’attendrit au plus profond de mon être. Les femmes, je les ai inventées en dormant. Ma création se retourne contre moi en une charmante tentative de me mettre au défi, de m’exciter d’une façon inédite. Je les regarde manifester, par ma fenêtre, les seins nus, et j’ai la larme à l’œil. Puis je scrute le ciel, attendant patiemment la bombe atomique qui les réduira à néant.
Flambée de tribunal
Aurélie Freistein
Combien de fois nous sommes-nous vendues? À qui?
Pourquoi? Travailleuses, épouses, sœurs, filles ou mères,
Depuis combien, combien de temps nous vendons-nous? Les « sale pute », les « salope », les « traînée»
Ou simplement « femme », qui résonne dans leur bouche du même éclat haineux.
Et tant et tant de vente et tant et tant d’achat. J’ai les poches vides pourtant.
Sans argent Alors qui a vendu? Et comment?
Depuis le temps, à millions nous devrions être riches, posséder l’or et les diamants Mais encore nous attendons et nul diamant ne viendra… jusqu’à…
« Veux-tu m’épouser? » Ne devrions-nous pas déjà tout posséder?
Prostitution… Et nous sommes toutes prostituées, toutes, la pute d’un autre, la salope d’une autre.
« Parle, parle, dis-moi ce que tu penses. Que doit-on faire femme? Féministes que dites-vous? Prostituons? Prostitutions?
Parle et justifie et argumente et répond Prends en main le problème et astique-le à fond
Donne-nous les pours les contres, les statistiques, mais sans ne jamais toucher à la bite. »
Fatiguée des fausses questions et de ce regard qui scrute. Qui questionne pour interroger et tester
Sans jamais rien entendre, ni jamais rien comprendre.
Plus de quotidien tribunal
Dans la cour, c’est le client que l’on veut voir Le client mou et gros et triste et malheureux
Le pauvre petit que papa n’aimait pas et qui se paye une paire de seins à la recherche du lait perdu
Le crétin des bas-fonds qui encore et encore se venge d’avoir pris la raclée Le richissime endimanché qui à force de régner a oublié qu’il devait, nos corps, respecter
Le mari qui cocufie Le frère qui ne savait pas que ça ne se fait pas Le patron à la main baladeuse de grossièreté
Le badaud ordinaire qui n’y a pas pensé L’ado boutonneux et honteux auquel il fallait bien une première fois
Le sadique ordinaire et celui mieux caché Le « type sympa » mais qui voulait savoir ce que ça faisait
C’est contre vous Contre vous et tant d’autres que nos voix grondent et se lèvent
Car c’est à votre tour Sous la loupe d’être posés Devant les juges de siéger
Devant les foules d’être humiliés
Comment étais-tu habillé? Et pourquoi donc dans ce quartier? Vous l’avez mariée? Mais c’est bien mérité!
Et nous Nous, au loin nous serons
Et puis non, nous resterons Tout près
Au-dessus oui Juste au-dessus
Lumineuses comme jamais Prêtes à rayonner
Et sous la loupe, à vous laisser brûler.
“We believe in you” Manifesto
Eftihia Mihelakis Work hard, Really hard. If you work hard, You’ll make it count. Take your time, Listen to what I have to say. If you listen, I’m here to help you get on your way. Our system is open to you, Open to all, To have and to hold, Forever and all. I am the purveyor of knowledge, I hold the hand of time, And have your best interests, As long as they are mine. I always make time for you, Pretty li t t le girl, Can’t help but feel brand new As long as you do too. The time has come to think of your future, The world is yours, You’ve come so far Don’t compromise who you are.
Collage de Camille Freytag
L'issue. Le manifeste pour l'écriture des manifestes Que l’ignoble devienne le lieu même de la poésie ! Que la parole soit trouble, qu’elle sorte des contraintes de la pureté ! Qu’il y ait un effet de déjà-vu !Que tout y passe ! Que le langage se réchauffe ! Qu’on enlève les « peut-être » ! Qu’on parle toutes ensemble au féminin ! Qu’on arrête les suppositions ! Que les « câlice » soient bien placés ! Qu’on fasse briller, advenir le temps de l’avenir
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