Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    1/102

    EMILE LYRE

    LE VOYAGE

    PHILOSOPHIQUEPremier et second livre

    Posie / OR EDITIONS

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    2/102

    OR EDITIONS, oreditions.com, 2007, OR03.

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    3/102

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    4/102

    DU MEME AUTEUR

    Anthologie volume 1, OR EDITIONS, CollectionPosie, 2007, OR04.

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    5/102

    PRFACE

    La rdaction des pomes du Voyagephilosophique stale sur cinq annes, annes

    durant lesquelles Emile Lyre nous expose lestapes dun exceptionnel voyage intrieur.Pote inconnu jusqu il y a peu de temps,

    apparaissant souvent sur la toile sous le pseudode 1001nuits, Emile Lyre se dcouvre aujourdhuipour cette dition sans prcdent dune posietroublante dont la qualit na dgal que la force.

    Structur en deux livres, le Voyagephilosophique est une longue dissertation sur letemps, la mort, la peur et la connaissance de soiet des autres.

    Si les thmes du premier livre sont souventassez sombres, rvlateurs de ltat desprit danslequel lauteur tait cette poque, les pomesdu second livre tablissent une transition en

    douceur vers des notes despoir qui imprgnentprogressivement les vers et les champssmantiques utiliss. Le rythme agressif despremiers pomes sen retrouve soudain adoucipar une brise lyrique plus simple, car utilisedans une veine plus positive. Lintention semodifie au cours des pages implmentant ainsicette vision de lexprience selon Victor Hugo :

    5

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    6/102

    Lexprience est diverse et tourne bien oumal selon les natures. Les bons mrissent. Les

    mauvais pourrissent.Composs dans des priodes difficiles,

    Emile Lyre dit de ces deux livres de pomes quilssont exemplaires titre dexprience sils ne lesont titre potique . La modestie lgendaire dece grand pote inadapt au monde montre quelpoint le travail intrieur est puissant, srieux, etvise remodeler, peu peu, au fil des pages, des

    intentions potiques autodestructrices en unmatriau plus lumineux, rsultat du dbut de latransformation alchimique du plomb en or.

    La posie, nous dit Emile Lyre, est uninstantan des sentiments intrieurs, sentimentsque jaurais pu ne pas avoir au regard dun passtrs lourd porter. Je sais que parler duneenfance difficile a un ct archtypal que jenapprcie pas beaucoup, mais ces pomesdmontrent une lutte intrieure continuelle pour,souvent, uniquement se considrer comme lgaldes autres, pour outrepasser les traumatismesoriginels et retrouver la beaut et lamour autravers des mots assembls selon les rgles,parfois insenses, des sentiments profonds .

    Emile Lyre, fin connaisseur de la posiesurraliste, sest inspir des techniques potiquesde Breton et consorts tout en dsirant resterproche dun discours direct, parfois brusque, dansle but vident dtre lu et dtre utile au lecteur, le sens tant mon avis prdominant dans maposie sur limage .

    6

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    7/102

    Ainsi, le Voyage est philosophique , soitil est originellement intellectuel , mme si le

    cur affleure, transpire et saigne dans la plupartdes pomes et va jusqu trouver ou retrouver savraie place dans la fin du second livre. Emile Lyreressent ce poids de lintellect comme un genre detare : ltre intelligent doit cultiver son cur, etcest pour lui plus difficile que pour ltre de curde cultiver son intelligence .

    Les deux livres de pomes qui suivent

    montrent cette transformation qui parfois se faitdans une violence intrieure la limite dusupportable. Le combat intrieur est le communde tous, quil soit pote ou pas, nous dit EmileLyre, mais utiliser ce combat des fins positivesest le vrai dfi de la plupart dentre nous ; car silest facile de se dtruire ou de se nier, il estbeaucoup plus complexe de se construire et de serendre meilleur, de dcouvrir la lumire en soi .

    Ainsi, on voit le pote agresser le monde etlui-mme dans un mme mouvementdestructeur ; puis, il se ravise, se posant laquestion du monde en lui-mme, acceptant laremonte des tapes noires de sa vie et de cetteviolence intrieure si profonde, si longtempsrefuse, refoule, nie, le but tant de devenirun homme normal, nous dit-il.

    Puis vient la prise de distance : et si toutcela ntait que mensonge de soi soi ? Et si lanvrose faussait la vue de la ralit ? Et si legrand bless de la vie tait le pote lui-mme ?Et sil tait un tre inadapt aux sentiments etpourtant sur-adapt lamour des mots et leur

    7

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    8/102

    composition ? Et si la thrapie de ltre passaitpar cette cure intrieure faite de mots et

    dimages potiques places sur des sentimentscomme des reprsentations approximatives ?Lyre, suivant les traces lumineuses dun Rm,change sa relation au monde ds lors quilchange sa relation lui-mme.

    Posant la question du savoir, des conceptsil recherche ce sens cach derrire les choses. Etderrire les phnomnes de sa propre vie. Ainsi

    dit-il : nous, les potes, sommes dessotristes de nous-mmes, nous cherchons parle langage potique trouver le chemin versnotre vrit intrieure ; cela passe par faireremonter, puis transcender les images faussesque nous avions de nous-mmes et du monde,pour faire surgir la beaut . Inspir par Michaux,Lyre creuse en lui-mme, perforant les plafonds et les votes afin de trouvercette lumire la fin du second livre.

    uvre potique majeure dEmile Lyre, lesditions OR sont aujourdhui fires de prsenterdans leur texte intgral, ce concentr exemplairedune exprience du monde qui chemine du plussombre au plus lumineux ct du pote vucomme archtype verbalisant de la douleur et dudestin de chaque tre humain.

    Gaston-Norbert Ubrab, Cannes, Nol 2006.

    8

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    9/102

    LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE

    Premier livre

    2001 - 2003

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    10/102

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    11/102

    I. INTRODUCTION

    Je voudrais rouvrir les blessures du temps et delespace

    Chercher dans les limbes la raison de la peineChanter en hurlant les cristaux de haineQui saccumulent tandis que le temps passe

    Je voudrais faire le point de tous ces principesQui fondent notre vie sans que nous les

    connaissionsQui font du monde de nous et de nos passions

    Des coquillages vides aux fausses allures deppites

    Je voudrais atteindre une fois pour toutes la cimeDe cette essence brlante qui coule au fond de la

    terreQui montre les limites et nous trane au cimetireDes ides reues agites par les mimes

    Je voudrais dissoudre les spectres agissant toutau bord

    Qui gardent les barrires des mondes inconnusQuand de tous les guerriers les derniers ont chuAbattus par les sinistres mes communes de la

    mort

    11

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    12/102

    O nos questions si proches de celles des siclespasss

    O magie des reflets entrevus dans tous lesmiroirsO appartenance aux lois de toujours O hantise de

    boireLe sang des crnes dart et du plaisir des

    trpasss

    Je voudrais enfin ouvrir les heures sombres de

    lau delRegarder dans les yeux les sinistres faces

    dcomposesFactoriser dans labsolu les lames des heures

    volesEt trouver lessence que le divin un jour appela

    O voyage infernal vers les sombres royaumesO dorment les cratures les plus

    incomprhensiblesLe monde a perdu l-bas ce regard sensibleCar lhomme a depuis toujours dsert lhui des

    fantmes

    Qui habite sant nul ne le sait plusUn monstre vaniteux ou une poussire dazurUn vilain pauvre re au coeur purQui perdit tout un jour et se retrouva nu

    A moins que dans les murs ne se cache un veninMonstre creux et semblable une icneDgueulant la poussire il se penche pour

    laumne

    12

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    13/102

    Et demande aux vrais yeux quelques picesdtain

    Car au del de la mtaphoreLantre nous contient ainsi que nos contradictionsIl est temps de sortir quelque peu du jeu de la

    fictionEt de limage vite faite qui masque et endort

    Cest la qute du vrai de labsolu qui ici sentame

    Le vert et le sang le feu qui brle la chairLaventure aura got de sable et de poussireEt seuls les dj fous survivront la flamme

    Je voudrais une fois encore me taper lamontagne

    La plus haute du monde et cela sans vergogneJe nai pas peur de la sale besogneJe dois quelque part teindre ma hargne

    Et quimporte si je pris sur les flancs de la douceLa mort ne peut pas tre pis que langoisseLa douleur constante qui envahit et froisseLes moindres secondes des minutes qui gloussent

    Car de public je nai point tout comme decomptes rendre

    Cest la sant mentale de mon tre que je joueau poker

    Dans ma fuse minable je pointe sur la terreLe prcipice bant qui se tend se fendre

    13

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    14/102

    Cest la cavalcade que je mne seulternellement

    Comme tout explorateur peut-tre nereviendrais-jeJamais et alors on dira mirant la pointe de neigeIl voulait rouvrir les blessures de lespace et du

    temps

    14

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    15/102

    II. UN PAYSAGE ABSTRAIT

    Un paysage abstrait se dessine ma fentreMon clone me mate leau la bouche

    Dieux sait ce quil regarde lombre peut-treDes vagues deau inerte tombant de ma douche

    Son visage se dcompose tout lheureTandis le bain exhale dorthogonales vapeursLe chant des sirnes mathmatiques a cessMe voil parpill sur le sol comme aprs la

    fesse

    Une lune brille au loin sur lhorizonElle tient comme sur un fil qui hrisseLombre des chemins qui tapissentMes murs de briques de ma prison

    Elle joue avec mes nerfs tantt scartantTantt rapprochant son nuage de parfums

    vnneuxElle est belle et douce et pourtantSa lumire blanche est la raison du soir

    tnbreux

    Clone o es-tu all promener ton esprit miteuxQuand de lespoir tu nourris les impertinencesO as-tu vu que cultiver lvidence

    15

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    16/102

    Urge lradication des funestes jeux

    Pendant tout ce temps pass regarder la ligneEt le disque tourner autour des centres decontrles

    Mes sens exacerbs tout tour senrlentDans labsurde position du quotidien indigne

    Le dsert me sparant de lhorizonCombien de lieux dois-je encore parcourir

    Pour pulser une fois encore avant de mourirNourrissant les chacals de mes maigres moignons

    Je fais encore un pas dans labstrait paysageAfin de feindre la sortie de la cageDans le temps jen eusse pleurMais la gomtrie ma par trop apeur

    Oh les concepts sorthogonalisentAux frontires de mon modleEt gisant auprs des bellesCourbes C2 que mes sens lisent

    Soudain les courbes menvahissentEt je me consume denflant voisinagesLes mondes en croissance ncrophagentLes pulsions abstraites de ma tte qui crisse

    Lair vient manquer sous la pressionLes rgles contraignent rester dans cette

    penseEt sur les ruines de loppressionJirais bientt cracher et danser

    16

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    17/102

    Jai beau me concentrer sur chacune delles

    Elles sont trop nombreuses pour tre attaquesde frontEt pour le pauvre que je suis contraint dans trois

    dimensionsJe me dois de ruser pour ne pas tomber dans

    lhyper-escarcelle

    Soudain plus rien nexiste

    Je flotte au dessus du monde ancienMa raison suit la pisteDu monde des mondes qui se contient

    17

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    18/102

    III. MON PURGATOIRE

    Mon purgatoire est rouge comme le sangSy baignent les astres les plus divers

    Le long des ternels hiversComptant les jours par mille et par cent

    Mon purgatoire est lantre du philosopheLe besoin de crer des mes dans des coques

    videsLa peine et le plaisir puis le dgot de la stropheLa volont atroce densemencer les terrains

    arides

    Mon purgatoire est un lieu de destructionO les principes clatent et me blessentLes explosions lgion tressentDes fils tranchants dpeant mes pulsions

    O purgatoire oblig o les spectres du pass

    Se dessinent mesure que le temps scouleLe sable me recouvre aux rythmes ressasssDes feuilles mortes que les annes croulent

    Le purgatoire on y revient toujoursMais surtout ny restons pasLa peine saccrot sous les joursLa folie y prcde le trpas

    18

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    19/102

    IV. A LA RECHERCHE DU CONCEPT

    Il y a longtemps je recherchai le conceptBraqu sur les restes de mon ducation

    Je pensais sortir ma pense de ltronEn suivant ce mirage inepte

    Puis je maperus guid par la mathmatiqueQue du concept je ne savais rien dfinirQuaucune ide ni vritable optiqueDapproche ne souvrait aucun devenir

    Jai donc balay large lu les grands crivainsMang de la philo des maths et de lordurePens plus que de raison sur des chemins vainsCraqu des neurones sur des modles obscurs

    Comment cela il ntait pas possibleQue les gnies du pass naient pas tranchLa question du concept mot emmanch

    Dans les affres interrogatifs de lindicible

    Je vis beaucoup de fantmesSubit beaucoup dangoisses de philosophesDes gens postulant ce quils dmontrent bofDes prisonniers de leurs propres aumnes

    Puis un jour je laissai de ct les tentations

    19

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    20/102

    De trouver en les autres la solution monproblme

    Les toutes dernires manifestationsSont les cadavres dun matin blme

    Car jai aussi tent les tres vivantsEnfin vivant est peut-tre un bien grand motLes tres qui bougent et ont le sang chaudMais sont souvent loin des parfums enivrants

    La pile de livres est devenue poussireuseDes fantmes lhabitent toujoursIls rabchent leurs stances au fil des joursSans trouver aucune position heureuse

    Comment vivre sur ce charnier didesSans vouloir une fois pour toutesTrancher dans les vifs doutesQui pourrissent la substance des journes

    Bien sr il faut prendre gardeA la folie qui trane dans les dimensionsJuste la limite des horizonsQue les balises des religions gardent

    Mais ici plus question dcolePlus de sacro-saints principes respecterPlus de vaines contraintes hritesDes doctrinaires et machines folles

    Le concept est donc la premire pierredachoppement

    Du travail de sape que jentame

    20

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    21/102

    Visant briser le principe quand il mentEt apporte des consquences infmes

    Le concept nexiste pas en tant que telIl nest pas suffisamment dfiniIl est la mauvaise rponse un vrai problmeEt structure actuellement le fini

    21

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    22/102

    V. JE REFUSE

    Je refuse de croire un seul instantQuil nexiste que deux types dinfinis

    Celui des entiers dnombrable et celuiDes rels et que tout le monde est content

    Je refuse de croire que les mathmatiquesQui ont fait progresser la pense jadisEt surtout le monde de la logiqueNe soient aussi progressistesQuelles ne le furent auparavant

    En effet noyautes par les colesEt les principes de plus en plus navrantElles ont riv leurs glises au solQue reste-t-il pour lamateur de logiqueTrois dimensions vritablement closesLune est la socit qui vit de politiqueLautre est labstrait scientifique et ses glosesLe troisime enfin reste de temps passs

    Est la religion et ses relents putridesDalination du temps o taient dictesPar elle les rgles de la vie livide

    Je refuse de croire que ce sont les seuls cheminsPartirais-je mon tour en religion ou croisadePrenant dans cette voie la mme caladeQue celle que je condamne sans fin

    22

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    23/102

    Tout combat est une doctrine disent les sotsIl engendre les mmes vices que ceux quil

    condamneEt les adeptes lenvi se damnentDans lantre des striles et identiques assauts

    Je refuse de me soumettre une autoritformelle

    Sans en avoir discut les principesDhriter de ma position sous ses ailes

    Une pluie de rgles illicites

    Je refuse de me vendre au plus offrantSans rediscuter chaque point de lvaluationSans au moins prendre pleinementLa conscience des travers abscons

    Je refuse de me taire lorsque les rglesMautorisent ouvrir ma gueuleJe refuse les compromis veulesDes moutons en sommeil qui blent

    Je refuse dentrer en religionPour un dieu ou pour un conPour un contrat ou une aumnePour la servitude lide ou lhomme

    Je refuse de devoir tre bte et disciplinQuand je pourrais user de ma cervelleJe refuse de ne pas comprendre etDe me borner mirer connement le ciel

    23

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    24/102

    VI. A LAPPROCHE DES AUTRES

    A lapproche des autres les vents sont contrairesIls tonnent vers lhorizon les plus grands carts

    Mangeant les pour et contre dans leurs regardsEt criant tue-tte lorsque lesprit se perd

    A lapproche des autres pendant des res entiresJe fus protectionniste car trop souvent blessJe restai sur mes gardes ne sachant que penserQuand le coup bas venait si violent par derrire

    A lapproche des autres je luttai encore et encorePour tenter de me prouver que mes problmesEtaient bass sur eux et sur leurs faux barmesSans raliser ltendue troublante de mes torts

    A lapproche des autres je vis renouveleLa vie dans les yeux fauves et dans leurs actesJe vis que chacun deux avait sign un pacte

    Etrange qui ne cessait de mmerveiller

    A lapproche des autres la fin des bataillesJe rencontrai enfin des tres normauxRares certes mais renvoyant grosses maillesUne image stupfiante de mon livide ego

    A lapproche des autres je tentai dadapter

    24

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    25/102

    Mon discours chacun et de jouer la prudenceLa circonspection faite loi de circonstance

    Quand chaque moment glisse sur un fil aiguis

    A lapproche des autres je cherchai et trouvaiCe que je ne pensais pas possible en un sensJavais trop souvent confondu les essencesEt pour un rien je me trouvai soudain navr

    A lapproche des autres je connus lamour

    Lamiti le respect et autres conneriesQue lon lit dans les livres et dont certains se

    rientJusqu ce quon se voit en con aveugle et sourd

    A lapproche des autres je musai prudemmentNe me livrai jamais part une fois seuleLexception fut de taille malgr la loi bgueuleEt je payai le prix fort fort brutalement

    A lapproche des autres tout fut une dcouverteLtre en soi aussi bien rvl par miroirLes autres voyant germer les graines noiresEt les fleurs surgir de lme encore verte

    A lapproche des autres tout est encore permisMais comme un spectre le problme global

    demeureIl est lapanage des tres que le monde a mauditEt qui approchent les autres tandis que le temps

    meure

    25

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    26/102

    VII. LES PENSES DIABOLIQUES

    Les penses diaboliques sornent de jeux cruelsQuand les combattants poussent le vice jusquau

    malIls souvrent les entrailles et emballentLes flux de pure noire sous des habits charnels

    Les penses diaboliques ructent leur veninLa mort rode et palpe les corps encore chaudsBavant sur le sexe des anges blanchis de chauxSur le sang des mes loves dans leur chagrin

    Les penses diaboliques appellent le meurtrecolor

    La vanit des spectres perdus se dessine mesure

    Que le temps treint de sa poigne de dmesureLe cadavre moite qui jouit sur licne dore

    Les penses diaboliques gnrent larborescenceDes cadavres en arbres rpartis sur des niveauxLa mort nest que le dbut aprs lchafaudDes mains se frottant jusqu lincandescence

    Les penses diaboliques sont pilotes distanceElles sont notre maldiction communeNotre souffrance quotidienne notre absence

    26

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    27/102

    Notre sort est dcrit dans danciennes runes

    Les penses diaboliques nous mtamorphosentEn monstres avides et de sang assoiffsNotre pouls sacclre mesure quexplosentNos entraves irrparables aux rgles incrustes

    Les penses diaboliques nous font faire souffrirLes plus faibles que nous sous loccasionDans nos yeux fous qui poursuivent laction

    Nous les voyons mourir avec lenvie de rire

    Les penses diaboliques nous encerclent et nouslient

    A ce magma brlant qui chauffe nos entraillesA ces plaisirs violents qui notre me entailleDe mille coupures rouges aux gouttelettes salies

    Nous brlerons un jour dans le monde dudessous

    Torturs ternels hurlant datroces suppliquesPayant les consquences des plaisirs saoulsQue nous devons nos penses diaboliques

    27

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    28/102

    VIII. FANTAISIE

    Une fantaisie prit soudain lhumanitProuver lexistence de Dieu avec la logique

    Trimer dvelopper des outils hiratiquesOublier un bon peu la lourde humilit

    Alors les champions prts en dcoudreAvec leurs pairs plus quavec lentitSe battent coup d ubiquit D ternit et autres magiques poudres

    Leur acharnement la tche a quelque choseDe mystrieux ils senrlent dans la mleSans connatre ladversaire thrLa cible inaccessible de leurs joutes gloses

    Dailleurs les chevaliers des deux campsRivalisent defforts et de ridiculeAccumulant bvues et sassommant de bulles

    Pensant que de la lie surgira le Volcan

    Puis pour quelques sicles le combat steintOn songe aux fondateurs reposs en terreOn sesclaffe devant la beaut des parterresDes fleurs enclotres o tout parat si saint

    Et soudain la fantaisie redmarre

    28

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    29/102

    Lexistence de Dieu devient le vrai problmeOn reprend les outils et tout le tintamarre

    Pour rouvrir les combats dinepties et de peines

    Alors que lon se bat contre les reprsentations Ceci nest pas une pomme h non mon cher

    MagritteLes vilains pourtant en ont peur et sagitentBrassant lair printanier retranchs en bastions

    Une fois les reprsentations dtruitesDautres apparatront comme des phnomnesPrtextes aux rudes bains de sang que lon aimeChez les fendus des doctrines crites

    Alors que la dimension abstraiteDu problme est dans ses fondementsQuimporte que Dieu soit ou non vraimentDes gouffres infranchissables nous sparent de

    Sa tte

    29

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    30/102

    IX. LE MODLE

    Une courbe gracile me hante sans raisonLe brouhaha retrouv je me rjouis

    Davoir tant attendu mirant mes oraisonsMaintenant qugoste en plume je jouis

    Je regarde le pass le chemin accompliUn beau dmarrage selon un point de vuePour la socit ou bien ses mas-tu-vuDont je croise souvent les regards aigris

    Mais le chemin devant moi est laube fabuleuseLe monde rebtir rvolutionnerChercher derrire les spectres les projecteurs

    cachsEnjamber le temps et ses vapeurs fumeuses

    Jentrevois les nues et les miasmes beauxDes parleurs dalcves des paons de corridors

    Les mmes qui magiquement imitent le rat quidortDevant le grand problme et tous ses placebos

    Je vise dans les mots et les faces des autresDes archtypes vains quil ne faut pas suivreJavais beau lutter en tentant de survivreAucun modle rel pour lequel je ne me vautre

    30

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    31/102

    Jai cherch pendant de longues annes

    La substance cache derrire le mensongeDerrires les parures affubles aux songesLe modle ultime ador et fan

    Cependant le sort fut un peu moins clmentLes livres saccumulent laissant de la poussireLa musique senlise et peu peu senterreEt le chercheur crie pour ntre point dment

    La folie me gagna que dis-je me gagne encoreDes accs de violence me font tout dtruireJenvisage le temps comme une me de mortRetenant la bte intrieure den rire

    Alors pas de modle le vers est donc en fruitIl faut radiquer ce principe trop rudePour entrevoir la vie aprs un interludeComme le hros conscient et fier qui na pas fui

    Il me fallu donc reconsidrer dune autre faonLes ficelles naves les engrenages facilesLes logiques qui gtaient mes agrgationsMe hantant sans raison dune courbe gracile

    31

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    32/102

    X. APRS LE COMBAT

    Aprs le combat tout est videPlus rien ne semble exister

    Les mots sombrent en vanitLes yeux deviennent arides

    Aprs le combat les corps sont lasEntrelacs et violacsComme des viandes lacresQue le temps abat

    Aprs le combat la force manquePour revenir lassaut de celleQui luit et tincelleDe Stockholm Salamanque

    Aprs le combat viendra le sommeilPur dtoiles et de poussires cristallinesDe chevelures dores et de passions divines

    Dembruns verts tendres aux flancs vermeils

    Aprs le combat viendra un autre amantLe regard vif et larmure luisanteMirant le champs de bataille et ses pentesAvant la grande mle et le grand bain de sang

    Aprs le combat viendra lamour

    32

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    33/102

    Violent dans la forme et dans ses lignes noiresPeupl de fantmes aux courbes divoire

    Et de sueur glane dans les luttes de parcours

    Aprs le combat est un combat nouveauLe sphinx rgnr aiguise son attirailHurlant sous la lune ronde et ses caveauxLe combat ternel dont tous se raillent

    33

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    34/102

    XI. LA PERSONNALIT DE LARTISTE

    Lartiste na pas de personnalitIl les a toutes tant un tre poreux

    Il se gorge aux sources des crnes hideuxFiltrant travers lui les flux de banalit

    Lartiste na pas de nom pas de lendemainIl est asocial et peut survivre seulSil ne le peut pas la mort de ses deux mainsJettera aux cendres lui et sa grande gueule

    Il na pas de futur balis par les lois humainesIl nest personne et est tout le mondeTout sanctifier et tout immondeIl est le cristal par lequel arrive la peine

    Lartiste se moque des modes et de leurs avatarsIl court toujours aprs datroces chimresA lodeur de safran et de chants dHomre

    Il est la conjonction de grands courants btards

    Lartiste est goste et pourtantRien nest plus philanthrope que sa dvotionCar sil mprise lindividu pour autantIl se voue lhumanit et au monde fait nation

    Lartiste est destructeur de son voisinage

    34

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    35/102

    Il peut enterrer les plus optimistesIl a laurole maudite qui brille au front des sages

    Et la maldiction des plus graves pessimistes

    Lartiste ne sait pas de quoi sera fait demainLa cration est un vide absolu qui se remplit

    brusquementLa recherche est vaine et le tgumentEst ancr comme un poison dans son cur

    dairain

    Lartiste est joueur la tte cramePar des symbioses trop pousses avec les

    phnomnesPar des abstraites confusions et des pierres en

    diadmesScintillant le long des anneaux des plantes

    aimes

    Lartiste est le plus dur des coeurs et le plustendre amant

    Il est tout blanc et tout noir et cela chaquemoment

    Il dtruit toujours plus quil na jamais construitSes oeuvres sont les piteux tmoins des pleurs et

    cris

    Des champs de batailles quil trane ses piedsDes bouteilles mtaphysiques sonnant comme

    des mouettesDes pirouettes dentubages des cadavres moitiMorts mais respirant encore du gouffre les

    miettes

    35

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    36/102

    Lartiste est le paria le maudit par structure

    Ah ! Quelles jolies tentatives de vouloir inclureDans la socit un monstre si vain et dcalUne erreur de la nature sur ou sous cphal

    Lartiste cr et cest bien tout ce quil lui resteIl peut aussi sucer les bouts des seins des sirnesSadapter pour devenir des conneries la reineTourner encore et encore une bien pitre veste

    Mais encore et toujours quels que soient lespoques

    Les statistiques engendrent des anomaliesComme les artistes et leur dgueulisToujours cartels entre caresses et chocs

    36

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    37/102

    XII. LES PIGES DES SUCCUBES

    Les succubes volent tout autour de nousLes pauvres tres succombent ces tentations

    charnellesLes incubes aussi fruits de sordides remousAgitant les bas fonds de lenfer tentent les

    demoisellesVoulant accomplir les desseins de lau dessous

    Les succubes les plus dangereusesNe sont malheureusement pas toujours

    Les cratures du diable viles et malicieusesMais sincarnent en manipulatrices vicieusesTissant la vie de tous les jours

    Tant dannes sparent lhomme de sa crationPour pouvoir parler de laumne faite ses sensCette dcharge se transformant en contrat ranceEn avatar de miel sans la transformation

    De son tre en instance de fusion

    Alors succubes et incubes dchanez-vousEt entranez-nous dans la spirale du tempsBaisez-nous encore et si bien et tantQue du virus succubien succombantNous propagions lenfer et le sexe fou

    37

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    38/102

    Que le feu soit dans lorgie sexuelle complteQue ces bats soient notre dernire fte

    Que lavenir nous voit sous la forme ubuesqueQue les femelles se touchent et deviennentsuccubes

    Que les mles sbattent et se dcouvrentincubes

    Ds lors comme dans le plus grand tripot dumonde

    La fange sera notre quotidien et limmondeGarant de nos rapports couvrira le vide courantLatmosphre mphitique le pas des rats

    rampantsQui pleure de nos ttes comme une coule de

    sang

    38

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    39/102

    XIII. LINCOMPLTE REPRSENTATION

    Au dtriment des couloirs poussireuxDe ma bibliothque rve

    Les sentiments sagrgent en amas glaireuxExhalant lodeur de la pte trop leve

    Au dtour dun chemin quelconque du labyrintheLes fleurs noires poussent sur les livresPutrfaction subtile racines de poison ivreQui joue avec les sens dun ventail de feintes

    Quelques champignons hallucinognesSemptrent dans les tagresGermant chez les apothicairesPleurant sur les reliques du dieu Diogne

    Il faut parfois se battre avec les lianesQui peuplent le monde des mots et des livresUn homme bien arm par le savoir dlivre

    Soudain un secret sombre au parfum de badiane

    Il faut faire attention de ne pas prendre racineLes plantes poussent si vite sur les encyclopdiesOn a trop souvent vu surgir la glycinePour engloutir le tendre fou qui lit

    Jai trouv mon ouvrage sur un rayon pourri

    39

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    40/102

    Il engendre des nues de cosmique poussireMe projetant dans les affres des astres ther

    Qui peuplent les interstices o les courbes ontsouri

    Il est pnible de tourner les pagesChacune delle pse des millnairesEt bien que mon regard se change en mirageLes feuillets disparaissent ds lors quon les

    vnre

    Je plane dsormais au dessus dun puzzleUne conscience obscure me tient lac en lairAu dessus des armes de mes congnresChacune occupe sa survie seule

    O combien il est agrable de mirer la luneJe vole dos la terre ne sachant plus vraimentO est lendroit o est lenvers o est la runeDu grimoire qui me repousse comme un aimant

    Bientt ma photo ornera les pages du parcheminDessine par les moines et leurs patientes mainsEnvironn de dmons et trnant dans lenferJe sourirai contraint par la plume de fer

    Le destin est terne sans lumire ternelParfois un barbu iconoclaste me regarde loeil

    suspicieuxPartag entre la volont de brler le tableau

    vicieuxEt celle de conserver le manuscrit charnel

    40

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    41/102

    Le bouquin claque quand le vieux le revoileEntre les dmons coinc dans lenluminure

    Mon futur est celui du prisonnier de la toileSous la pression fine des croqueurs de fmurs

    41

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    42/102

    XIV. UNE NOUVELLE MUE

    Sur la sinusode des impressions qui monte etredescend

    Des gravas se forment encore faits de lave enfusionIls brlent et attirent les mauvais sentimentsPeine mort amour du telles sont leurs chansons

    Lhorizon alors pris dun dsir ivreTremblote et part au loin l-basOn court en vain afin de le suivre

    Pour garder le repre que le temps abat

    La nause peut surgir de cette ondulationLes principes tout coup ont clat en picesNous chutons dans un vide qui na de cesseDe souvrir bant sous notre agitation

    Frntique est lenvie den finir une bonne fois

    De jeter lponge dmoniaque qui nous lie lavieDe stresser un peu les plus grands interditsDe conclure ce vertige dans labme de la foi

    Pourtant pendant la mise en placeLes sentiments rods ont repris le dessusOn mate le concret imagine le reu

    42

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    43/102

    Ce que lon lguera et sa face dans la glace

    Aprs tout quoi bon oui on sest fait peurOn a voulu en finir pour de bon tout lheureCtait pour quoi au juste une inepte rengaineQui na plus dimportance qui est soudain si vaine

    Le miroir se gausse de nos hsitationsNos yeux la fois acteur et premier publicRegardent la face qui doute emplie de ses tics

    Dont la plupart seffacent sous un sourire fripon

    Mais alors tout cela ntait que rigoladeQuune vague de torpeur qui nous a srement

    meneVers un abme de doute o lon voulait creuserUne bien amre tombe une dernire ballade

    Non on sen souvient on avait des raisonsBien sr elles apparaissent si tnues et on perdProgressivement la mesure de la draisonPuis se prend dune envie dun lied de Schubert

    Les plages se sont enchanes sans mesureLamour du est toujours l mais plus terneLa peine est partie vers dautres fissuresLa mort pour plus tard senfuie en vol de sterne

    Une bouffe de vie nous emplie tout coupLe monde complexe est porte de conscienceNous revenons de loin mais voulons toutCe qui se peut se consommer sans patience

    43

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    44/102

    Il nous faut crer encore et toujours au sortirDe ce grave moment o lon a failli

    Laiss notre peau dans un pot pourriDimpressions mphitiques qui nous feraientvomir

    Crer un petit peu chaque instantPour graver sur le marbre les tapes du tempsSe soigner sans arrt le soir dans le printempsAvoir un oeil de soi dtach du moment

    Lair est si parfum le soleil si prsentLa musique est douce et le sommeil rpareNous avons rattrap un horizon qui partNous nous incarnons en acteur bienfaisant

    L rside lessence absolue de la vieIl nous faut crer plus que lon dtruitSe battre toujours avec la fougue mmeAu prix de la passion qui follement aime

    Lhorizon a vacill laissant encore des tracesDes champs de batailles lacrs de blessures

    bantesDes principes briss des certitudes en miettes

    sentassentDu grand chaos est re-ne une ombre gante

    Ses ailes encore fragiles se dplient sur lecharnier

    Des morceaux qui sont rests au fond du trouQuelle blague de croire que lenterr serait nousAlors que seule la mue est ici allonge

    44

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    45/102

    La mue et ses atours vains et cruels tout au fond

    giseNous la regardons en pleurant elle est nousencore

    Mais elle est si charge de nants et de crisesQuon la laisse l o on aurait pu se trouver mort

    Les pleurs de circonstance se terminent bienttChantonnons un air suave pour les enterrements

    Nos ailes toutes fraches demandent le firmamentEt au cadavre de soufre nous tournons le dos

    Nanmoins pendant le premier vol on se mfieraDes particules du monde qui viennent se collerSur les appendices humains les plus bariolsPour mieux reculer le jour o de nouveau lon

    muera

    45

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    46/102

    XV. LABME

    Labme me rejointSubstance profonde

    Des jeux vainsDe miroirs sur londe

    Moteur de la tempteStigmate des corps dchusSpulcre noir en fteDe vanits charnues

    Abme quotidienChantre des espoirs annihilsQue de tes mainsTu te plais craser

    Souvent un mur cdeA la pression de mon ouvrageMais cest toi abme noir et raide

    Qui hante ce nouveau rivage

    Il faut alors recommencerUn pas de plus dans le videSous loeil des goules avidesDe ce faux pas de la pense

    Un faux pas et cest la chute

    46

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    47/102

    Os briss et lesprit rongeLes entrailles mlanges

    De cet os sans moelle des songesDont on a hritAu lieu de toucher le but

    Pour les survivants lquilibreDune danse incongrue sur la corde raideSur ce fil de nant qui oscille et vibreEst une peine constante seul sans aide

    Le sombre rameau de linsoucianceBravant toutSincruste des joyaux daisanceDu vrai fou

    Labme mate le tendreGueule ouvertePrt lavaler le pendreGouffre perte

    Arriv sur lautre riveLe pantin devant le nouveau mur soupireDigrant la driveDu voyage sur labme aux mille rires

    47

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    48/102

    XVI. LE BESOIN DEXPRIENCE

    Le monde se divise en deux camps disait le sageLe premier runit les vampires dexprience

    Les avides daction et de beaux paysagesLes amoureux de la vie qui au vent font confianceIls construisent la terre fertile au sang des orages

    Ceux-l sont toujours gagnants sur tous tableauxAmateurs de bonne chair et goteux de plaisirsIls rodent dans les ombres des gnies des eauxEtourdir daudace les lames de lavenir

    Qui dautre pour succomber encore et pourtoujours

    Aux charmes velouts qui transcendent le jourPortant sur les choses bonnes les frasques de

    lamour

    Qui un vin fin la moelleuse robe

    Avive le palais et fait chanter lode

    Qui brille en son coeur comme un phare lointain

    Lautre ct du monde est moins opportun

    Sa fortune se fait aux courants agitsQui balayent ciel et terre de leur draison

    48

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    49/102

    De leur orgueil vain de labsence de passion

    Le vide comme quotidien hante ltre figNe parlant que de lui talant sa misre

    Sur le rasoir-discours qui grand comme un abmeCalme avec raison la substance nullissimeLincapacit se placer faireEvoluer vers lavant la trame du mystre

    Point de pierre jeter point de maldictionIls ont depuis longtemps obi aux grandes loisForts de lirrprochable ducationExprience modestie ont dsert leur foiReste largent pour lequel ils se vendent

    A des marchands avides ngociant leur viande

    Le pire nest pas le manque dexprienceNous en manquons tous et sommes si loin du

    sageMais pour qui ne souhaite pas augmenter la

    substanceLacquis venant des autres chaque jour est nuage

    49

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    50/102

    XVII. LATTENTE

    Lattente se tisse de ces moments prcieuxO tout manque o les autres sont loin

    O bientt lon regarde dames et messieursIndiffrent lheure au mal ou au bien

    Lattente se cristallise toujours de la mme faonElle est dabord nervement ou subit relchementPuis elle sadoucit mesure que lon entreDans cet tat heureux dont on devient le centre

    Tout autour de nous devient symboliqueUn homme qui dort une femme maquilleUn enfant joue non loin sous un masque dorTandis que lon serine dinutiles encycliques

    Le regard dans le vague ltre se rveilleLes visages se tendent dans leur naturelAutour dune fleur bourdonne une abeille

    Trop occupe pour sentir les regards sur elle

    On voit alors dfiler comme par enchantementDes paysages indits issus des mandresDe lennui qui dcoule du fait dattendreOn ne sait plus trop quoi tant on est patient

    Sont-ce ces visages qui soudain se dvoilent

    50

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    51/102

    Qui offrent nos yeux un spectacle luxueuxCelui des vrais coeurs ouverts toute voile

    Balays par les vents contraires et nbuleux

    Mme vrais ces visages vont mentantSe contenant un peu plus par politessePar un instinct inscrit plus que par penchantLtre automatique se protge par paresse

    Mais il nous laisse plus que de coutume

    Ces amas de traits et dorganes familiersIl fait la synthse de sa vie rgulePuis entrouvre une porte qui suinte et qui fume

    Il nest point ncessaire de porter un jugementQui sait ce quon voit de nous en ce momentQui sait de quoi a lair notre gueuleQui prince charmant qui serf laid et veule

    L devant nous sans pudeur stalentLe fil de lattente la bte automatiqueLa machinerie bouillante et dramatiqueQui se repose un peu avant quelle ne semballe

    Sur les territoires de lombreCertains ont tout perduProvisionnant le sombreCt deux qui futIl passe dans leurs yeuxDes graines de passQue pour rien au mondeOn ne voudrait possderDes mots dsagrables

    51

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    52/102

    Des blessures trop profondesDes moments qui gnrent

    De vilaines ondesDes choix ratsDes dceptionsDes bonheurs retrouvs

    Leur tre tout entier nest pas pour euxsemblable

    A ce que de leur personne ils auraient aim faire

    Dans leurs yeux les beaux voisins sentent lenferParaissant leur rire au nez incapable minable

    Qui donc le leur dit ou leur fit comprendreOn ne peut tre devant toujoursDe ce moment dattente au lieu de se dtendreIls auront ressass un pass bien trop lourd

    Sur les terres du soleilDautres sont fiers deuxIls sont le vent en poupeLa tte non mitigeLme bande versLa direction du momentLe courant qui porte

    Ils ont le regard fier mprisant les nabotsSrigent en statues modles de sagesseCarrures dathltes et mchoires en rabotsIls hantent toutes les marches qui mnent

    laltesse

    Entre les deux

    52

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    53/102

    Sres de rienSrs de rien

    Quelques tres pensent aux leuresA toute cette attente au poids de ces heuresQuelques regards mirent le firmamentY voyant des courbes abstraitesQui sincarnent dans lamthyste parfaiteParant du soleil un ternel amant

    53

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    54/102

    XVIII. LE MIRACLE

    Ayant perdu tout attrait pour le fait dtrequelquun

    Battu par les vents chauds et froids comme desballes de laineHant par les mirages chaque seconde

    chaque cheminLa drive sincrustait chaque jour dans la haine

    Ayant perdu le got des autres et de soi-mmePour des chimres aux cloches de couleur

    Supportant les vagues dune rcurrente peurLtre intime ni se dbattait seul blme

    Etre soi-mme larchange de sa permanentetorture

    Se frapper encore en encore en pensant se fairedu bien

    Creuser chaque jour un foss de pourriture

    Entre soi et soi un pige de milliers de liens

    Mais sapercevoir un jour stupfaitQue la maldiction nest plus que relativeQuelle sest induite en nous par des plaies

    htivesQue le temps a guri comme nous nous sommes

    dfaits

    54

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    55/102

    Ce miracle l de par son vidence

    Le cur qui parle alors quil avait trop tEnferm dans sa gele comme un forcenIllumine le ciel par sa prestance

    Pas de rancur au cur certes oubliQui gambergea longtemps ne pouvant retrouverCes dlices qui nagure peuplaient la vieEt faisaient des instants des dlices exquis

    Ce cur parle parce quil voitIl fut longtemps aveugle froid isolCercl des barres de fer de la penseDe la logique et des concepts froids

    Mais si la tte parle et penseLe cur voit plus que les yeuxLquilibre et la lutte intenseEntre eux rend le temps dlicieux

    55

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    56/102

    XIX. LA LITURGIE DU COULOIR

    Le couloir ntait pas si rectiligneIl avait soudainement explos en des milliers

    De possibles svadant dans les tranesLes uns dans les autres sans un signe

    Il pouvait se devenir vie ou simple vueMont et nature sur un paysage fantastiqueJoie des muscles force organiqueUne le lointaine comme une porte de mue

    Javais pris soin de bien investiguerLes moindres recoins aprs lexplosionSavoir si vritablement le bastionAvait abrit des ombres thres

    En creusant le moi et les mensongesOn se heurte aux autres mis devant leur faceIls se fuient vous accusent vous effacent

    Tentent de vous nettoyer grands coupsdponge

    Cest bien normal aprs tout il faut toujoursUne tte de turc dans les autres quand on estUn prdateur aux allures faibles et aux atoursProtgeant un cur de glace qui toujours se hait

    56

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    57/102

    Les couloirs bifurquent un moment qui rongeToujours ils nous ramnent au cur de nous-

    mmePas de fuite il faut regarder quand mmeLe miroir tourbillon de nos intimes songes

    Je te regarde glace froide je me regarde en toiJe vois des yeux tnbreux do les tincellesDillusions ont t enfouies sous les ailesDe larmure du cur scarifi de bois

    Hier pourtant des yeux ont tout vu en moiIls ont sourit sans arrire penseMe donnant un instant de pur moiDe bonheur radieux pour me panser

    57

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    58/102

    XX. VOYAGES

    I.

    Au fond de mes poubellesJai trouv des diamantsAu fond de ma cervelleDes monstres errants

    Au fond de mes poubellesJai trouv de la peurGlace dedans le gel

    Du temps craquel dheures

    Au fond de mes poubellesIl y a avait des fantmesChantant la ritournelleDe mes combats de mme

    Au fond de mes poubelles

    Je trouvai de lamourAux parfums ternelsGt par les vieux jours

    Au fond de mes poubellesDes figures de dessesDes ombres de princessesDes images irrelles

    58

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    59/102

    Au fond de mes poubelles

    Il y avait la violenceDun traqu en transesArm dun scalpel

    Au fond de mes poubellesLes entrailles brillaientDe la nuit sans soleilAu jour des moins gais

    Au fond de mes poubellesIl y avait un clairUn signal du cielQui foudroya mes nerfs

    Au fond de mes poubellesIl y avait loubliLa mer de lennuiEt ses les ternelles

    Au fond de mes poubellesJai retrouv la vieLombre que martleLe soleil ravi

    Au fond de mes poubellesJai respir lair purDe joyeuses tincellesCrpitant dans lazur

    59

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    60/102

    II.

    Le dsert approche et fait faceA ma gueule paume motiveJe rle comme une locomotiveRegardant mes pas que le vent efface

    Le dsert je le traverse assoiffProfitant des comptoirs o les caravanes

    Disposent les alcools en pavaneDans mon esprit ivre de vapeurs embrumes

    Loasis est rare et le reg arideJai tendance croire quelle nest que lgendeAu monde des cailloux je montre mes ridesLes laissant dans mon dos de peur que lon me

    pende

    La belle oasis furoncle improbable sur cette peaulisse

    Je la rve en mirages en trbuchant au solJe linvoque en gueulant lorsque sous mes pieds

    crissentLes grains de mes larmes de sable que le vent

    tiole

    Les dunes sont le plus pnible azurLhorizon a fui et avec lui le repreLami fidle vers qui courre lhomme purSans comprendre lternelle distance amre

    60

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    61/102

    Ici dans les remous des vagues de pierresminuscules

    Point de constellation terrestre o caler sonregardQue des mottes funestes o les pieds sgarentCroulant et titubant dans un constant recul

    Je voudrais surfer sur ces ondesElever ma douleur des synclinaux strilesEviter quau soleil passion nergie fondent

    Pour que je me consume en un battement de cil

    Parfois dop par les terrestres vibrationsRessenties les nuits de solitudeAccabl par le gel mes membres extrudentLa semence du jour en un vol de dragon

    Oiseau improbable je gravis les dunesSurvole sous le soleil de plomb les rises de mortDchiffrant sur locan de sable les runesDe ma seconde vie qui comme un mystre dort

    Cette vie je lappelle parfois au dsespoirParfois avec des chants aux souvenirs marinsDu temps o je voguais dans mon vaisseau

    dairainParfois je la construis la sueur despoir

    Le voyage au long cours a cess le long de cemarais

    Un marais assch par les larmes fuyant moncorps

    Distill par les rayons mortels dont je me parais

    61

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    62/102

    Je trimballe ma momie sous la vote qui dort

    Quelques roses de sable clignent de loeil soudainMencourageant changer de tactiquesMes amies aux parures angulaires mythiquesBrillent dun clat franc leur appui serein

    Souvent le sable en tempteProfitant de ma dtresseMenterre

    Totem de pierre mu en bteSous le joug je maffaisseSolitaire

    Des engelures me parent de leurs inventionssubtiles

    Comme un rocher plat je suis partie du toutPeau dessus la peau craquelure strileJe me fonds en crevasses excavant de grands

    trous

    Puis il est temps de reprendre la routeDe croire nouveau loasis que gteLesprit contradictoire qui pousse ma drouteMais qui met tout en oeuvre pour que celle-ci

    rate

    Je patauge une fois encore dans la vase ensableDans les dunes maudites toboggans infernauxRoulant comme un caillou dans leurs dments

    rouleauxDo les dauphins de pierre sautent en nues

    62

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    63/102

    Mes amis du dsert me suivent invisiblesJe charme les mirages et les carcasses osseuses

    Je cure mes dents pierreuses dune cte fissibleParant de lumire mes sueurs poisseuses

    Arriv aux frontires je hurlerai de joieVainqueur de linfinie mer o se noientFanatiques du cur et vaisseaux affablesAttirs aux cueils par les sirnes de sable

    Un jour jatteindrai lautre riveJe terminerai lardent et rude voyageSculptant au sein de mes failles au visageLa blessure ternelle du regard en drive

    63

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    64/102

    XXI. EPILOGUE

    Dans le feu des guerres contre soi-mmeDans lincessante qute dobjets inaccessibles

    Dans le fantme de ltre qui aimeDans les tourments de lme indiciblesLe voyage sachve

    Bien des prils sont en ce lieu survenusDes prils de lamour gnrant des gouffresDes prils de pense en territoires nusDes prils de lme dont le sang souffre

    La vie me fit dabord solitaire des limbesDiffrent des autres et objet de riseJe vis jaillir des proches la haine que nimbeLes projections brutales des cours de rcre

    Endurci par les chocs suivant un devenirParallle ceux qui mavaient rejet

    Jai pleur en silence rvant dune pitDune la paix de lme en forme de sourire

    Jai dvelopp les autres sens objets de mprisDouleurs de mon silence enfants de mes crisMes poings se sont cogns aux murailles

    invisiblesQutablissaient les autres en me rendant risible

    64

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    65/102

    Un jour je trouvai lamour vritable

    Je le choyai en moi le projetait sur lautreRejouant les mme erreurs ineffablesDu grand jeu de lamour que je croyais faire

    ntre

    Dans une btise aveugle je reniai mon passPitinant dans la lie une une patiemmentMes attaches profondes dans un aveuglement

    Qui dacharnement devenait meurtrier

    Meurtrier de moi-mme je jetai en ptureA lintellect un jeu de cartes faussesAfin que la labyrinthique aventureNait pas de sortie dans la vrit

    Je suivis des courants tentais de les comprendreFaisant mes premires armes en face du dlireAttaquant le gant de mes mains sans sourireMordant dans le cadavre pour ne pas me pendre

    Dans le fondu du ciel noir trs loin au dessusUn flux visqueux menchanait au rivageMa nage de panique cachait mal le naufrageDe cette plaisanterie par moi-mme lue

    Prcipit ainsi dans le courant sauvageJe voulais que lesprit lemporte sur moi-mmeIvre de logique je choisissais mes chanesAfin de mattacher plus encore ma rage

    65

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    66/102

    Je combattais sans cesse dans les ruessournoises

    Creusant de plus en plus le foss sparantJe voulais dynamiter le monde

    Puis je tombais dans les affres inluctablesDun coup que seuls les livres narrentQui narrive quaux autres et sont traits de

    fablesQui a got darsenic et de divin nectar

    Je chus dans le grand prcipicePrendre comme en ouragan le contrecoupDannes de lutte contre le cur boutIntrieur dtruit par impacts factices

    Comme toujours en ce cas il arrive quon tombemal

    Lautre encore une fois fut par trop crbralePour ma part venant dune extrmit de la biseLe zphyr me rendit aux confins de btise

    Vouloir renier lamour je lai pens combien defois

    Combien de fois mon esprit torve arriva lvidence

    Reniant par dessus tout mes racines denfanceMon amour du monde et de son ventail de roi

    Mais le corps se rveille tout comme le curSi celui-ci sommeille en dedans comprimIl explose aussi vite quun homme dynamitRefluant tout coup le mercure des heures

    66

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    67/102

    Errant dans ce monde sans plus aucune racine

    Je ntais que le spectre de mon spectre mortBouillonnant sans contrle dans ma marmiteMon cerveau cuit leau me sortait des orbites

    Au bord du prcipice un indice influaUn choix dinterstice aux frontires du trpas

    Ds lors le vrai voyage commena enfin

    Ce voyage ador de lme sur le StyxCe voyage avort qui en fait ne consisteQu monter sur la barque et rebrousser chemin

    Le passeur lpoque fut un peu surprisSage il ne dit rien devant ma noire folieRamenant le canot vers le rivage vivantIl me fit au revoir ce nest pas le moment

    Aussitt sur la rive que dj lquipageAppareillait pour de nouvelles terresPris soudain dun vilain mal de merJe sautai par dessus le bastingage

    L sur mon le dserte par tousUne le que par mes soins javais close aux

    rdeursJentrepris de fouiller le sol meuble dont lodeurMe rvulsait en me fichant la frousse

    Je creusai et creusai grattai des pages entiresJe fis mon procs tour tour juge avocatEchangeant les toques et embotant le pas

    67

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    68/102

    Aux sordides dtails des courantes affaires

    Je vis enfin le dbut dune lumireMais comme elle tait loin hsitante tnueLe chemin sallongeait peine parcouruBifurquait sans cesse en ramifications guerrires

    Tout alors pris place peu peuComme un puzzle sembote le bon vieux temps

    revient

    Des souvenirs en une masse bleueDe nostalgie et sentiments humains

    Les combats depuis lors furent des pisodesAssez indolores sans saveur ridiculesTout au plus flottent-ils comme des animalculesDans les marais de lme en ternel exode

    Jai gard mon le et mes pressions de toujoursDes poids qui sallgent avec le fil du tempsJai le temps pour trouver un ternel amourDu genre de ceux qui ne durent pas quun temps

    Mes racines repoussent avec les autres arbresJeune chne dj jtais la traneA lge vertueux jeus du mal crotreAvant dtre foudroy par lorage de misaine

    Si les pousses se montrent timidesJe regarde avec espoir ces belles feuilles sainesJai rejoint de lenfance quelques unes des scnesAyant dsert les plateaux arides

    68

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    69/102

    Dans la terre je puise ma pitanceLes arbres mes amis me couvrent de

    bienveillanceJe donne abri aux oiseaux nouveaux-nsLa fort ma prt sa lisire dore

    Dans les montagnes proches jobserve lesalpages

    Le temps qui se meut sur son vent de nuagesLes btes qui crapahutent dans les champs de

    rochersAvant dtre sous moi en habit de nuite

    Combl chaque jour par ma prognitureQui dveloppe des rameaux fabuleuxDont jenvie parfois la solide ramureJe la couvre encore des vils clairs de feu

    Un jour nanmoins ma voilure en miettesNe suffira plus protger la fluetteLarbre descendant prendra alors ma placeJe men irai au Styx de guerre lasse

    Jai encore mmoire des pisodes vcusMes racines souffriront de nouveaux incidentsMais plant dans le sol de la fort du ventMon voyage sachve sous le soleil nu

    69

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    70/102

    70

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    71/102

    LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE

    Second livre

    2004 - 2006

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    72/102

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    73/102

    I. INTRODUCTION

    Je vais en ces lieux ouvrir le dbatDe la reconstruction des pices disperses

    Des miettes de lme partout parpillesDes lumires de jadis dans loubli de lclat

    Je vais par des mots durs revenir la sourceManger une nouvelle fois ma bouillie de laitBavant sur mon fantme qui de dedans me

    pousseParfois dedans le mur et dans des chemins laids

    Oui, jai regard dedansOui, jai regard en faceLa lie du bain bouillantQuaucun pass nefface

    Alors bien sr je pourrais ergoterMe dire encore une fois quil nest pas ncessaire

    De remuer le pass comme je pense le faireQuil vaudrait mieux tout oublier

    Mais le pass est l dans mes actes spontansSi je ne le guette pas il sinsinue partoutJe veux le saisir pour le matriserEt viter ainsi dtre le jouet dun fou

    73

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    74/102

    Il est clair quautrefois je penchai vers linsanitJe dois le reconnatre ayant fait face au pire

    Je dois trouver la voie de mon vrai devenirEt non pas en pantin me faire piloter

    La dmarche est basique tous comme le sonttous les mots

    Je nai jamais prtendu ruminer des pomesMe comparer follement aux grands noms que

    jaime

    Cracher mes lettres mornes dans le mmetonneau

    Mais aimant la rime et lintrospection facileJe reprends mon plerinage vers CompostelleVers lme de ma personne sa part laide sa part

    belleJe suis clair en moi-mme comme aprs un bon

    deal

    Enfin connaissant les chemins de drouteQue dautres autour de moi investissent leur

    tourJe voudrais que perdure cette foi en mon douteQui face aux chemins faciles mime le sourd

    Une ode bien maigrelette dans locan de motsUn message despoir mais rien nest jamais

    acquisNi le bien ni le mal ni le mal en pisUn symbole tremp dans le sang de mes maux

    74

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    75/102

    II. LA RECONSTRUCTION

    Aprs avoir plong dans le puits il faut en sortirRechercher dans labme une solution ses maux

    Est une dmarche malaise encore teinte dadoIl me fallait immoler doucement lobsession dupire

    La reconstruction est affaire de rfrentielOn ne la btit pas dans lespace communEn optant pour ou contre les virages du cheminQue tout le monde emprunte aux clones

    matriciels

    La reconstruction est une phase moins violenteEncore quelle branle les trfonds de la personneEn moi sonnait lalerte comme les cloches

    bourdonnentQuand les questions brlaient en coupures

    bantes

    Cest une douleur lancinante que celle deconstruire

    Une douleur du doute qui creuse les sillonsDe son venin poreux irrigant les bastionsQui rsistent et explosent dans les larmes et le

    rire

    75

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    76/102

    Quand le doute est fait sien on apprend garderA faire la part la part des choses rejeter aussi

    Car le conflit spuise dans sa grande vanitLe doute rduisant les trous de mon tamis

    Reconstruire le soi cest aller vers les autresComme nu sous le soleil comme un pur dbutantSenrichir au contact des tres rassurantsOu trbucher sur leur sensibilit faite ntre

    La lutte contre soi et ses automatismesEst au cur de cette voie peuple de coutumesFoin des discours o transpire lamertumeLa lumire entre en nous par les faces du prisme

    76

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    77/102

    III. LES PIEDS DANS LEAU

    Un clone valencien me mate leauTandis que lombre stipule et charme

    Les dlais de mes amours de ParmeIncarns par le sol dans le caniveau

    Jen oublie les promesses de la vilaineFielleuses images aux toiles qui se tordentEn des succubes rouges avides de me mordreMes jambes sensanglantent aux ores de mes

    veines

    Sous la toile qui pend du monument aux fousLendroit de ma prire fut un temps carnassierLes prsents y pourrissent en un tourbillon rouxDont les vapeurs ftides me font toujours tousser

    Derrire les rideaux de feu pourpre et poisseuxLa forme hante tapie me regarde aux yeux

    Je remballe mon regard dans ma poche infinieRefusant de jouer le jeu des mes punies

    Encore une me et ses clones vertueuxEncore une obole rclame en silenceLes yeux nervs de cette atroce violenceQui pullule en les curs transpercs de pieux

    77

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    78/102

    Un clone valencien me mate leau de feuMon parapluie azur me protge et je chante

    Les louanges de glace de la charte bleueQui me lie la mer dont les vapeurs enchantent

    78

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    79/102

    IV. LES DMONS INTRIEURS

    O tourmentIssu de mes dmons

    Lintrieur est un immense gouffreAux ombres sculptes dans le soufreDans les vapeurs de mes limons

    A linsu de moi-mme je cherche encore creuser

    Dans cette pte molle un peu trop travailleFaisande par la brise du temps et des glaciations

    Jenvisage de nouveau le doute comme fondation

    Mais dans les doutes grnent des poisonsmalicieux

    Coulant de lalambic de mes rves en liquidesvisqueux

    Jaurais voulu ne pas boire et ensevelir enfinCe goutte--goutte terrible aux parfums

    assassins

    Une fois claques au sol sous forme dimpactsflasques

    Les liquides nauseux engendrent des dmonsRveills du sommeil par la distillationQuinconsciemment je cache derrire un jeu de

    masques

    79

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    80/102

    Ils tournent se tordent et se moquent

    Ils ricanent et dgueulent cansMontrant lacide au sol purulent et fumantQue mes yeux ivres refusent en bloc

    La moindre faille dans le contrle me revoit lasile

    Le moindre faux pas peut mtre fatalJe glisse sur les pentes ltales

    De leurs mares abjectes dentrailles et de bile

    Dun coup je ferme linconscientComme une dalle de plomb claquant dans un

    bruit sourdJe dlaisse un moment mes dmons un peu

    gourdPriant pour que passe le temps

    80

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    81/102

    V. LA COMPLEXIT DU MONDE

    Dans la jungle humaine un jour je dcouvrisDes mes tortures par lcho des sirnes

    Des esprits calfeutrs dans une grande peineO lenfer rcurrent soffrait en seul abri

    Dans la jungle humaine du monde complexDes tres se targuant de phnomnes trangesInsensibles labstrait et portant aux louangesDes dieux de pacotilles des croyances alinesVenaient par devant moi exposer leurs griefs

    Sur un monde simpliste aux rgles moinsquhumainesMe faire la leon par leur mesquine haineMe chanter lallgeance volontaire des serfs

    Jen vins me our sur les principes des autresEt sur les miens dabord rebours pervertisJe doutais un peu plus quand gerbaient les aigris

    De vrais discours moraux dignes des aptres

    Je sombrais dans lalcool les drogues la posieTentant vainement de mattaquer la prosePour comme eux condamner dans ma gloseLe souvenir dchu de mes rves pris

    Pourtant la cure vaine me montait la face

    81

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    82/102

    Je voulais de leur monde effacer toutes les tracesConstruire ma vision en dehors de leurs traits

    Sortir de leurs carcans en balisant mes haies

    Leurs discours sans saveur hantaient monquotidien

    Gnrateurs de doute ils chargeaient mon espoirFaisant douter du moi comme une peur du noirRedevenu enfant je tremblais pour un rien

    Puis lclair vint laube dune trouvailleJen voulus aux dieux morts de mavoir laisser

    choirAu lieu de me parler depuis les urinoirsO les hommes ont laiss leur dpouille de paille

    Oui ces dieux sourds mon appel soudainO sont-ils maintenant que le monde est si grandQue chacun ici bas pour un rien ne se vexeDe peur de voir fuir ses certitudes en vain

    Pourquoi lesprit des hommes qui na jamais euAutant de feux dargent pour le faire bouillirSe limite-t-il tant un tel avenirFait de transgressions nases et despoirs dchus

    Je tournai finalement le dos ces comtesSource de pleurs vains aux accents charognardsJe voulais couper dur ces fils de rires hagardsCoupls leurs matres comme des marionnettes

    Je ravivai les dieux ancestraux et paensPour passer un moment en leur compagnie

    82

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    83/102

    Profiter des mystres que leur aube maintientDans un nuage de stupre et de philosophie

    Dans la jungle humaine prsent jvolueEvitant les nfastes vitant les obtusJe jongle comme je peux avec lincertitudeDdaignant les principes de leur finitude

    83

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    84/102

    VI. UN GECKO COURT SUR LES PIERRESAFFLEURANT

    Un gecko court sur les pierres affleurant

    Dandinant du corps dans un corpus trangeSurgi des ges sur la mouche dormantDans la chaleur du soir que rien ne drange

    De ses yeux en globe semblant tout la foisRegarder devant lui ainsi que sur les bordsLa prhistoire est l jonche sur un rebordDu mur de ma maison placide et sans moi

    La proie descend dans lestomac chauffPar les radiations du roc cern de blancLinsecte bouge avant dtre digrLe plaisir en est plus ravissant

    Lattaque fut foudroyante immdiateComme un morceau de temps tout coup aval

    La tarente courante a des pouvoirs sorciersVolant une seconde dans ses moindres attaques

    Je loue la bte en tte et absorbe une gorgeSouriant soulag de ntre pas insecteSi la mort de ses proies en rien ne maffecteJaime lide de ntre pas gob

    84

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    85/102

    VII. SAUVAGES PENSES DESTHTE

    Les sauvages penses desthtePerdues en cire doboles rondes

    Mont vrill le long de la bondeDes racines de joncs dpithtes

    Je jouissais sous les rles sauvagesDes roux buissons saisissant mon regardAu feu des courbes dintenses bagarresFrittant mon antre bleu de ses ravages

    Subtilement une subite baguetteChante par une ondine au vol de soieMe saisit de son cri dalouette

    Mloignant de mes onguents dmoisJe mtends alors la bave sur la tteCribl de sauvages penses desthte

    85

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    86/102

    VIII. OURAGAN

    La vague rude de louragan qui briseLes tais de fonte en dbris

    Menlve et menliseSous la vase deau de cris

    Je membrune sous les algues tourbillonnantesQuand les bulles ravies sesclaffentLa tte en bas dans ma carafeO le vortex dissout les pentes

    Perdu sous la meule liquideDes vagues charriant et se choquantJchoue sur une plage livideA demi nu comme un gisant

    Animalcules dcume en spiraleVous chantez encore louraganDont les sirnes brutales

    Portent aux nues mes ocans

    86

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    87/102

    IX. MUTATION

    Ces sentences vides de sens et le fluxDes ges nomades menferment en ridules

    Je connus les affres du ridiculeHriss de poils en tre velu

    Jai combattu les dtails contre des autoursPlanant ptrodactyles de leurs doigts venimeuxSe posant sur mon crne bavant sur mes

    cheveuxMenvolant dans lther pour la grande chasse

    courre

    Au milieu du champ dsert jattendais la batailleSeul contre un ennemi invisibleJe battis ma face risibleEt sur mon corps dessinai des entailles

    Aveugl par les lumires du jeu nocif

    Rveill un jour par le parterre de couleursLe contact de la chair absorba mes pleursMe plantant l comme un con sur lesquif

    Depuis le soleil mirradieJe ris de moi et de mes tragdiesJe ris des autres en empathieCroquant mon bout de paradis

    87

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    88/102

    X. LAMOUR FOU

    Jaimerais tre lyrique et je ne suis quen deJaimerais crire des pomes de cristal pour

    lvoquerSurvoler ces amas de mots insuffisants et fatsFaire fondre les glaciers en torrents serrsFaire luire la mer noire dun bleu des plus dors

    Jai parl de la haine si souvent que les phrasesSaines me manquent ainsi que le vocable

    adquat

    Je croque des vers pauvres une nuit la hteAfin de frler les frontires des stasesDe cet tat trange aux lans dextase

    Je croyais au pass avoir connu le donJe courais comme un bleu devant mes illusionsJe souffris des annes croyant vivre en passionJe fis face au grand vide et connus le pardon

    Puis je te trouvai par une lune clipseTapie dans la montagne o le gel gardaitUne trange demeure lallure de matriceUne trange maison quune foule habitait

    Jai depuis lors vcu tes ctsLongtemps dsireux dcrire sur toi

    88

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    89/102

    Mais trop prompt au pass aux vaines absurditsJai repouss longtemps cet hymne de lmoi

    Jai tourn encore et encore ma plumeSept fois dans la poche que tu me gardais lProtgeant mes dlires quand lintrieur fumeSouriant de tes yeux dans les moments de rois

    Un mystre est n il est dur de parlerJai appris que demain pouvait tout basculer

    Emport le torrent dans les affres passesJe parle au prsent de mon tre aime

    Mystre ou bien miracle combien il est risibleDe vouloir en sentiments placer des mots facilesLa formule en devient tout coup trop terniePar le dpt des mots spirale de vert-de-gris

    Jai parfois des bouffes de noir passDes hallucinations des moments oHabit par un dmon je deviens un peu fouJai parfois des bouffes de noir pass

    Solide pourtant sest notre amour construitSans que quelque technique ny ait mis du sienLe fruit du hasard nous offre des vertigesDun futur potentiel incrust en ton sein

    Je chante ce destin provisoire ou durableCe prsent merveilleux qui me fait voir troubleJe nage merveille dans ce monde aimableVoyant les choses en face sans que lon madoube

    89

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    90/102

    A linstar du pass jai gard un ctDe folie que lon chantait souvent

    Dans les vieux manuscrits emplis de chevaliersAllant vers leurs princesses en dvous servants

    Pourtant ni toi ni moi ne sert lautreCharmants nous le sommes lun pour lautreJe ne croyais aux lgendes que de faon abstraiteJai rvis mes dires aux pieds de nos conqutes

    Je nai plus aucune certitude sur rienJuste envie de construire avec toi ce destinUn quotidien tiss dexceptions pures et bellesUne vie en chansons aux airs de ritournelles

    Le temps tait jadis mon principal souciIl sest depuis lors transform en amiLes secondes se passent et me laissent raviNous acceptons ensemble de partager une vie

    Les mots que jaligne sont encore trop peuNon pas que je te voue quelque culte malicieuxNi que par tes yeux jai envie de voirJe nai plus besoin de pauvres refouloirs

    Je suis tes cts et tu es aux miensDes heures durant je pourrais te vanter

    cependantLes mots de mon cur sont sans quivalentQuand mon regard se fixe dans les mers du tien

    Je vais en cette nuit lentement te rejoindreSans savoir de quoi demain sera fait

    90

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    91/102

    La confiance incruste dans ce tamis dairainFondu quand de mes bras je men vais te ceindre

    91

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    92/102

    XI. HAINE EN MIROIR

    Je suis larchange de ta destructionIncompatibles mes outres par les relents de

    lautreJenvisage srieusement la sditionLes vagues de fortune du tourment des passionsLes plis de ma gamberge qui la gueule me

    sautent

    Je suis la condition de ton malheurEt quimporte lamour qui coule dans nos veines

    Le yin et le yang se poursuivent en sueurDans la violence des mots et dans latroce peurQui par moment clate en tourbillons de haine

    Je suis laurore de ta dchanceJe masque tes pouvoirs par ma sainte dfianceJe suis le fou de la reine impuissanteQue tu frappes sans comprendre corrosive et

    mchanteJe regarde les cieux meurtris de mon sang rance

    La lune nous gouverne ainsi que les maresLes violences nocturnes les cierges atomissLes runes du pass nous ptent la faceLes sales vilenies nous servent de menaces

    92

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    93/102

    La nuit est la honte de nos mes piteusesTu me nuis je te nuis cest la haine en bloc

    Chaque mot chang est une arme vicieuseAdress lautre retranch sous ses rocs

    Je suis lme de tes faiblessesJe te les compterai comme la mort les ctesJe vomirais les douleurs de la mortJexhiberai tes blessures et tes tortsHurlant sous la pleine lune le chant de toutes

    mes fautes

    Ensemble consums nous prironsAttaqus par les vices qui nous tordent de haineTon poignard assassin mouvrira les veinesEt je te maudirai moi le sale larron

    93

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    94/102

    XII. EPILOGUE, SUR LE CHEMIN DES ASTRES

    Sur le chemin des astresJai poursuivi les plantes

    Et les chimresSur le chemin des astresJai poursuivi loreDe la poussire

    Sur le chemin des odesJai chant la noirceur

    Et les sons graves

    Sur le chemin des odesTapi dans lintrieurAu dedans des entraves

    La tte me mena bien des foisSur des sentiers sans fin

    Dans lerrance aride dun moiMiroir des matins

    Jai le monde en moiUn monde qui tournoieUn monde qui se batUn monde sans moi

    94

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    95/102

    Ce monde est fait dimagesQui dun coup sortent de moi

    Que je vois en miragesDissipant les entrelacs

    De cette dcantationPeu de choses sortentEt pourtant tant de choses sont sortiesTant que je suis comme vide

    Cest alors que le vide appelleLe plein de la tutelleJe sens enfin en moiLa plnitude du soi

    Mes masques sont autourFidles moules de ractionsJe choisis den garderQuelques uns mais pas tous

    Jai eu lenvie de prcherJe lai toujours un peuMais au moment de prcheJe vois les regards alentourClos comme les yeux de nouveaux nsJe souris alors et dis paix

    Dans le vent des dunes je sourisCar je ne contemple plus ces souvenirsJe memplis de ce monde jamais tariDe ces larmes dazur du plus grand mir

    Conscience de soi et conscience de rien de soi

    95

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    96/102

    Car le contact avec lui est au plus haut delchelle

    Jai soif de ce vin qui court en moiMinvitant trinquer aux couleurs ternelles

    Ami qui cherche et cherche avec tes livres jetteTes mots dans des bacs pour en jeter les formesLes lettres noires sont muettesEt ta pense dforme

    Les portes de ton cur souvrent doucementTu as peur cest normal de ce que tu vas y voirRester bien au chaud dans une tour divoireNe pourrait forcer les rires autrement

    Jentends au loin les oiseaux qui acquiescentIls chantent lore du prince et larrive du vinIls hantent les nues de leurs chants en liesseSpontans et vivants comme la chaleur dune

    main

    Les murs dici bas ne sont rien tu le saisMais tu nas pas dtruit les murs de raisonQui tenserrent en contraignant les chants de la

    maisonHabillant les espaces dun quadrillage parfait

    O perfection de lesprit tu es un doux miragePlus que mirage tu es une vraie erreurLa perfection cest lui, lami de ton curLe guide de toujours dont les pas sont si sages

    Perfection tu mens la raison

    96

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    97/102

    La raison aussi te ment loisirTu cherches des nouveaux moyens de mentir

    Pour cacher cette errance o tout se vauttoujours

    On dit tout est pareil -- cest fauxOn dit rien na dimportance -- cest fauxOn dit tout est vain -- cest fauxLa vanit est notre qualit mais pas la sienne

    Ce chemin est le tien, pas le mienPourquoi voudrais-tu me contraindreTu ne le peux pas mais ne comprends pas que tu

    ne peux pasTu penses que comme le roseau en toi je peux

    plier

    Or je ne plie que devant mon amiQue devant la coupe quil me tend parfoisAvide de livresse je tends mes deux mainsParalys de plaisir devant ce doux nectar

    97

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    98/102

    98

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    99/102

    TABLE

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    100/102

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    101/102

    Prface .........................................................5

    LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE ...........................9

    I. Introduction .............................................11II. Un paysage abstrait .................................15

    III. Mon purgatoire .......................................18IV. A la recherche du concept ........................ 19V. Je refuse .................................................22VI. A lapproche des autres ............................24VII. Les penses diaboliques ..........................26VIII. Fantaisie ..............................................28IX. Le modle ..............................................30X. Aprs le combat .......................................32

    XI. La personnalit de lartiste ........................34XII. Les piges des succubes ......................... 37XIII. Lincomplte reprsentation ....................39XIV. Une nouvelle mue ..................................42XV. Labme .................................................46XVI. Le besoin dexprience ...........................48XVII. Lattente .............................................50XVIII. Le miracle ..........................................54XIX. La liturgie du couloir ..............................56XX. Voyages ................................................58XXI. Epilogue ...............................................64

    LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE ......................... 71

    I. Introduction .............................................73II. La reconstruction .....................................75III. Les pieds dans leau ................................77

    101

  • 8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique

    102/102

    IV. Les dmons intrieurs ..............................79V. La complexit du monde ............................81

    VI. Un gecko court sur les pierres affleurant ..... 84VII. Sauvages penses desthte .................... 85VIII. Ouragan ..............................................86IX. Mutation ................................................87X. Lamour fou .............................................88XI. Haine en miroir .......................................92XII. Epilogue, Sur le chemin des astres ........... 94

    TABLE .........................................................99