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Document généré le 5 déc. 2018 22:48 Meta Emploi de termes hybrides gréco-latins dans le langage médical Serge Guérin Traduction médicale et documentation / Medical translation and documentation Volume 46, numéro 1, mars 2001 URI : id.erudit.org/iderudit/003886ar https://doi.org/10.7202/003886ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Presses de l’Université de Montréal ISSN 0026-0452 (imprimé) 1492-1421 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Guérin, S. (2001). Emploi de termes hybrides gréco-latins dans le langage médical. Meta, 46(1), 7–15. https:// doi.org/10.7202/003886ar Résumé de l'article De nombreux termes médicaux ont été formés en transgressant une règle étymologique classique, c'est-à-dire en mélangeant des éléments grecs et latins. Nous avons colligé près de 250 de ces hybrides gréco-latins en français médical et constaté qu'une dizaine sont en concurrence avec un synonyme étymologiquement homogène ; la moitié au moins connaissent un emploi quelque peu différent de leur « équivalent » plus « pur », alors que les autres n'ont pas d'équivalent usité de la sorte. Un phénomène analogue est observé en anglais médical, bien que nous n'ayons pas été en mesure de le quantifier de la même façon. Il paraît somme toute illusoire de vouloir bannir les hybrides du vocabulaire médical, sauf éventuellement en créant des mots nouveaux. On peut même voir à ces hybrides une certaine utilité, en dehors du simple fait qu'il sont passés dans l'usage. Certains, en effet, permettent de marquer une nuance, d'une manière arbitraire mais commode. En outre, pour celui ou celle qui étudie la terminologie médicale, l'apprentissage des hybrides gréco-latins peut constituer un moyen efficace de mémoriser l'étymologie. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 2001

Emploi de termes hybrides gréco-latins dans le langage médical · d’un élément grec et d’un autre passé du grec au latin n’ont pas été ... Le tableau 1 donne la liste

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Document généré le 5 déc. 2018 22:48

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Emploi de termes hybrides gréco-latins dans lelangage médical

Serge Guérin

Traduction médicale et documentation / Medicaltranslation and documentationVolume 46, numéro 1, mars 2001

URI : id.erudit.org/iderudit/003886arhttps://doi.org/10.7202/003886ar

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)

Les Presses de l’Université de Montréal

ISSN 0026-0452 (imprimé)

1492-1421 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet article

Guérin, S. (2001). Emploi de termes hybrides gréco-latins dansle langage médical. Meta, 46(1), 7–15. https://doi.org/10.7202/003886ar

Résumé de l'article

De nombreux termes médicaux ont été formés entransgressant une règle étymologique classique, c'est-à-dire enmélangeant des éléments grecs et latins. Nous avons colligéprès de 250 de ces hybrides gréco-latins en français médical etconstaté qu'une dizaine sont en concurrence avec unsynonyme étymologiquement homogène ; la moitié au moinsconnaissent un emploi quelque peu différent de leur« équivalent » plus « pur », alors que les autres n'ont pasd'équivalent usité de la sorte. Un phénomène analogue estobservé en anglais médical, bien que nous n'ayons pas été enmesure de le quantifier de la même façon. Il paraît sommetoute illusoire de vouloir bannir les hybrides du vocabulairemédical, sauf éventuellement en créant des mots nouveaux.On peut même voir à ces hybrides une certaine utilité, endehors du simple fait qu'il sont passés dans l'usage. Certains,en effet, permettent de marquer une nuance, d'une manièrearbitraire mais commode. En outre, pour celui ou celle quiétudie la terminologie médicale, l'apprentissage des hybridesgréco-latins peut constituer un moyen efficace de mémoriserl'étymologie.

Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des servicesd'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vouspouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/]

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.

Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Universitéde Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pourmission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org

Tous droits réservés © Les Presses de l'Université deMontréal, 2001

Emploi de termes hybrides gréco-latinsdans le langage médical

serge quérinUniversité de Montréal, Montréal, Canada

RÉSUMÉ

De nombreux termes médicaux ont été formés en transgressant une règle étymologiqueclassique, c’est-à-dire en mélangeant des éléments grecs et latins. Nous avons colligéprès de 250 de ces hybrides gréco-latins en français médical et constaté qu’une dizainesont en concurrence avec un synonyme étymologiquement homogène ; la moitié aumoins connaissent un emploi quelque peu différent de leur « équivalent » plus « pur »,alors que les autres n’ont pas d’équivalent usité de la sorte. Un phénomène analogue estobservé en anglais médical, bien que nous n’ayons pas été en mesure de le quantifier dela même façon. Il paraît somme toute illusoire de vouloir bannir les hybrides du vocabu-laire médical, sauf éventuellement en créant des mots nouveaux. On peut même voir àces hybrides une certaine utilité, en dehors du simple fait qu’il sont passés dans l’usage.Certains, en effet, permettent de marquer une nuance, d’une manière arbitraire mais com-mode. En outre, pour celui ou celle qui étudie la terminologie médicale, l’apprentissagedes hybrides gréco-latins peut constituer un moyen efficace de mémoriser l’étymologie.

ABSTRACT

A large number of medical terms have been formed without regard for a classic etymo-logical rule, i.e. mixing up Greek and Latin elements. We have identified close to 250 ofthese Greco-Latin hybrids in medical French and have noted that ten have an etymologi-cally homogeneous synonym, half as much are used somewhat differently than their“pure” “counterpart”, while the others have no such equivalent in use. A similar phe-nomenon occurs in medical English, although we have been unable to quantify it in thesame way. Finally, the goal of banning the use of hybrids from the medical vocabularyappears illusive, except perhaps when creating new words. Hybrids may even be useful,apart from the mere fact that they already are in common use. As a matter of fact, someof them introduce a slight difference of meaning, in an arbitrary but convenient way.Moreover, for the student of medical terminology, learning greco-latin hybrids may be aneffective method to memorize etymology.

MOTS-CLÉS/KEYWORDS

hybrides gréco-latins, bases de données, terminologie médicale, français, anglais

Une règle classique — d’aucuns diront arbitraire, ou à tout le moins archaïque — veutque les mots doivent être homogènes d’un point de vue étymologique, c’est-à-dire,dans le cas des termes médicaux, être formés uniquement d’éléments grecs ou d’élé-ments latins. N’en déplaise aux puristes de l’étymologie, cette règle est fréquemmenttransgressée, autant dans le vocabulaire courant que dans celui de la médecine. Des« hybrides gréco-latins » existent, en fait, tant en anglais qu’en français médical (VanHoof 1997) mais, à notre connaissance, aucune étude systématique ne leur a encoreété consacrée. Il existe aussi des hybrides formés, par exemple, de la combinaisond’un élément anglais et d’un élément grec (to scan + graphein ∅ scanographie), ou

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arabe et grec (al-qilyi + -osis ∅ alcalose), ou encore d’un éponyme et d’un élémentgrec (Tulare, Californie + haima ∅ tularémie). Cependant, leur nombre est extrême-ment faible comparativement aux hybrides gréco-latins et ils ne seront pas davantageenvisagés ici.

MÉTHODES

Établissement de listes de termes médicaux hybrides

Les listes de termes médicaux hybrides des tableaux 1 à 3 ont été dressées dans unpremier temps à partir de quelques relevés partiels déjà publiés (Skinner 1961 : 216 ;Roberts 1966 : 13-14 ; Hussey 1976 ; Dirckx 1977 ; Bouché 1984 : 241-252 ; Van Hoof1997 : 77-78 ; Quérin 1998 : 96 ; Quérin 2000 : 6), puis en parcourant le Dictionnairede médecine Flammarion muni des listes de préfixes et suffixes médicaux grecs etlatins établies par Bouché (1994 : 12-79, 145-167). Les listes ont ensuite été com-plétées en vérifiant chacun des suffixes relevés par Bouché à l’aide du moteur derecherche du Petit Robert sur cédérom (1996), à défaut d’un outil électronique sem-blable jumelé à un dictionnaire médical. Sauf erreur, les pseudo-hybrides composésd’un élément grec et d’un autre passé du grec au latin n’ont pas été retenus.

Analyse de la fréquence relative des hybrides gréco-latinsayant un synonyme usité étymologiquement homogèneet des termes anglais correspondants

La fréquence — c’est-à-dire le nombre d’occurrences — de chacun des termes dutableau 1 a été vérifiée dans la banque d’articles en français de l’Institut de l’informa-tion scientifique et technique (INIST) 1990-2000 dans le cas des termes français, etdans Medline pour la période allant de 1997 à mai 2000 pour les termes anglais. Ontété répertoriés dans ce tableau uniquement les termes français hybrides qui ont étéretrouvés dans la banque de l’INIST tout autant que leur équivalent étymologique-ment homogène, dans un rapport de fréquence d’au moins 1 pour 4. Tout commedans Medline pour les articles en anglais, les recherches dans la banque de l’INISTont porté à la fois sur les titres et résumés d’articles rédigés en français, en faisantappel au mode de consultation expert et à l’équation : « terme » <IN> (title,abstract). Certaines interrogations de la banque de l’INIST ont été accidentellementécourtées par le moteur de recherche, mais le nombre de documents explorés a avoi-siné 3 000 000 pour chacun des termes. Enfin, les paires de termes nocturia-nycturiaet afebrile-apyretic ont fait l’objet d’une interrogation spéciale dans Medline, demême que les termes correspondants en français dans la banque de l’INIST.

Hybrides gréco-latins dont l’emploi diffère de celui de leur « équivalent »étymologiquement homogène

Les nuances d’emploi entre chacun des hybrides répertoriés au tableau 2 et leur« équivalent » étymologiquement homogène ont d’abord été repérées dans la banquede l’INIST. Les éventuels écarts entre l’usage ainsi observé et les définitions proposéespar trois dictionnaires (Flammarion, Garnier-Delamare et celui de Manuila et al. en 4volumes) ont ensuite été relevés.

Hybrides gréco-latins d’usage courant en français médicaln’ayant pas d’équivalent usité étymologiquement homogène

D’autres termes hybrides, n’ayant pas d’équivalent usité étymologiquement homo-gène, ont aussi fait l’objet d’un relevé systématique (tableau 3). Ils ont été classésen deux colonnes, avec à chaque ligne du tableau un terme type choisi arbitrairementà gauche, et éventuellement d’autres hybrides ayant le même préfixe ou suffixe àdroite.

RÉSULTATS

Le tableau 1 donne la liste d’une dizaine d’hybrides gréco-latins qui sont courammentemployés bien qu’ils soient en concurrence avec un synonyme étymologiquementhomogène. Certains hybrides sont plus fréquents que leur synonyme (adipocyte,antifongique, cancérogène, lithotritie, rectite), alors que d’autres le sont moins(mammectomie, myringoplastie, quadriplégie). Les hybrides correspondants en an-glais sont moins employés (seuls adipocyte et antifungal l’emportent en fréquence surleur synonyme respectif), mais il faut souligner qu’ils ne représentent qu’une partieseulement de tous les hybrides gréco-latins employés en anglais médical. Ainsi,nocturia, hybride, est quasi constant en anglais, alors que nycturia est à peu prèsinconnu (131 occurrences du premier dans Medline, contre 1 seule pour le second).C’est l’inverse en français : nycturie est courant, mais nocturie est tout à fait inusité,aucun emploi de ce terme n’ayant été identifié dans la banque de l’INIST, ce quiexplique son absence du tableau 1. De même, alors que l’adjectif hybride afebrile estd’usage courant en anglais (163 occurrences, contre seulement 2 pour apyretic), enfrançais, au contraire, afébrile est à peu près inconnu (1 seule occurrence au cours dela période de dix ans que nous avons étudiée), au profit de apyrétique.

Certains hybrides connaissent un emploi quelque peu différent de celui de leur« équivalent » étymologiquement homogène (tableau 2). Les deux termes de chaquepaire du tableau 2 ne sont donc pas en concurrence, contrairement à ceux du tableau1. Il est à noter que nous n’avons relevé dans le tableau 2 que les nuances respec-tées par l’usage actuel tel que reflété dans la banque de l’INIST. C’est pourquoi, parexemple, la distinction classique entre adénocancer et adénocarcinome n’a pas étérelevée dans le tableau, puisqu’elle n’a pas été retrouvée dans les articles explorés.

Enfin, le tableau 3 montre que la grande majorité des hybrides gréco-latins em-ployés en médecine n’ont pas d’équivalent usité étymologiquement homogène, ceque nous avons vérifié dans la banque de données de l’INIST dans les cas a priori lesplus plausibles.

Les listes d’hybrides gréco-latins médicaux des tableaux 1 à 3 sont évidemmentincomplètes, compte tenu de la méthode de repérage utilisée, mais elles donnent unbon aperçu de la variété de termes de ce genre dans le vocabulaire médical. Au total,249 termes ont été répertoriés dans les trois tableaux, ce qui indique bien la fréquencedes hybrides gréco-latins en médecine. Alors que certains préfixes et suffixes entrentdans la formation d’un très grand nombre d’hybrides (en particulier -algie, anti-,-ectomie et -tomie, -gène, -graphie, hyper- et hypo-), d’autres, pourtant très fréquents enmédecine, ne semblent jamais avoir servi à la formation de tels termes (par exemple,le préfixe d’origine grecque ana-).

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DISCUSSION

À la lumière de ce travail, il est malheureusement impossible d’énoncer une opinionquant à la fréquence relative des hybrides gréco-latins en français et en anglais médi-cal. On peut simplement dire qu’ils sont fréquents dans les deux langues, en dépit dela coexistence d’un synonyme étymologiquement homogène dans certains cas.

Une autre limite de cette étude est le fait que beaucoup d’articles répertoriésdans Medline ont pu avoir été écrits en anglais, sans révision, par des auteurs ayantune autre langue maternelle. Il est toutefois peu probable que ce facteur ait influencéde manière importante la fréquence d’emploi de certains hybrides par rapport à leuréquivalent étymologiquement homogène.

Ce travail permet de constater qu’il est illusoire de vouloir se défaire des hybridesgréco-latins déjà présents dans le vocabulaire médical. On peut, au nom de la règleclassique, proposer de les éviter en créant des mots nouveaux. Cependant, à l’évi-dence, les anticorps, les transaminases et les varicocèles qui garnissent le lexiquemédical depuis belle lurette sont là pour rester, tout comme d’ailleurs le mot auto-mobile dans le langage courant. Il faut aussi accepter mammographie tout autantque mastectomie. De plus, on l’a vu dans le cas, par exemple, des reins multikystiqueset polykystiques, certains hybrides permettent de marquer une nuance, d’une manièrecertes arbitraire et irrespectueuse de l’étymologie, mais néanmoins bien commode.

Une question viendra sans doute à l’esprit du traducteur : que doit-on penser del’emploi occasionnel en français de rares hybrides moins fréquents que leur équiva-lent étymologiquement homogène alors que c’est l’inverse que l’on constate dans lecas des termes anglais correspondants. On pense en particulier à l’adjectif hybrideafébrile, qui est inusité en français, même s’il est donné comme synonyme d’apyré-tique dans les dictionnaires de Manuila et al. (1970-1975, 1996), alors qu’afebrile esttout à fait courant en anglais. Afébrile doit-il par conséquent être considéré commeun anglicisme ? La réponse est sans doute oui, d’autant plus que, dans le françaismédical parlé, le mot est courant au Québec et en Belgique (sans doute en raison decontacts plus fréquents avec l’anglais) alors qu’il est à peu près inconnu en France(D. Erbilgin, communication personnelle).

Deux dernières remarques paraissent à propos. D’abord, les lecteurs intéressés àl’enseignement de la terminologie médicale auront peut-être constaté que l’appren-tissage des hybrides, du fait qu’il oppose le grec et le latin, est un bon moyen mnémo-technique d’acquérir des notions d’étymologie. Ensuite, ceux orientés vers larecherche terminologique auront sans doute vu dans notre travail un exemple del’utilité de banques de données comme celle de l’INIST et Medline. Ce dernier cons-tat est bien en accord avec le thème de ce numéro spécial de Meta, « Traductionmédicale et documentation ».

RÉFÉRENCES

Aronson, J. K. (2000) : “‘Where Name and Image Meet’ – The Argument for ‘Adrenaline,’” BritishMedical Journal, 320, pp. 506-509.

Bouché, P. (1984) : Les mots de la médecine, Paris, Belin.Dictionnaire de médecine Flammarion (1994), 5e éd., Paris, Flammarion, coll. « Médecine

Sciences ».Dictionnaire de termes de médecine Garnier-Delamare (1992), 23e éd., Paris, Maloine.Dirckx, J. H. (1977) : “Hybrid Words in Medical Terminology,” Journal of the American Medical

Association, 238, pp. 2043-2045.

Dubois, J., H. Mitterand et A. Dauzat (1998) : Dictionnaire étymologique et historique du fran-çais, Paris, Larousse.

Hall, F. M. (1999) : “What’s in a Name – Revisited,” American Journal of Roentgenology, 173, p. 850.Hussey, H. H. (1976) : “Word Origins,” Journal of the American Medical Association, 236, pp. 2212-

2213.Institut de l’information scientifique et technique (2000) : Article@INIST, <http://

form.inist.fr/public/fre/conslt.htm> (6 septembre 2000).Manuila, A. et L., M. Nicole et M. Lambert (1970-1975) : Dictionnaire français de médecine et

de biologie, Paris, Masson.Manuila, A. et L., et M. Nicoulin (1996) : Dictionnaire médical, Paris, Masson.Medline, version 7.8 Millenium [cédérom], New York, Ovid Technologies Inc., mai 2000Quérin, S. (1998) : Dictionnaire des difficultés du français médical, Saint-Hyacinthe, Edisem.—– (2000) : « À propos du vocabulaire néphrologique », Néphrologie, 21, p. 5-7.Roberts, F. (1966) : Medical Terms : Their Origin and Construction, London, Heinemann.Schillinger, F., R. Montagnac, T. Milcent et D. Schillinger (1988) : « Maladie multikys-

tique acquise (MMA) chez le dialysé chronique », Néphrologie, 9, p. 105-108.Skinner, H. A. (1961) : The Origin of Medical Terms, Baltimore, Williams & Wilkins.Van Hoof, H. (1997) : « Le langage de la médecine : étude comparative de l’anglais et du

français », Le langage et l’homme, 34, p. 75-91.

ANNEXES

Tableau 1 : Hybrides gréco-latins d’usage courant en français médical ayant un synonyme usitéétymologiquement homogène, avec les termes anglais correspondants et le nombred’occurrences de chaque terme dans les titres et résumés des articles des banques dedonnées de l’INIST 1990-2000, en français, et Medline 1997-2000, en anglais.

Termes français Termes anglais

Hybride Homogène Hybride Homogène

Adipocyte (20) Lipocyte (2) Adipocyte (786) Lipocyte (10)

Antifongique (80) Antimycotique (2) Antifungal (1741) Antimycotic (123)

Cancérigène (18) Carcinogène (23) Cancerigenic (1) Carcinogenic (1700)– cancérogène a (38) – cancerogenic (7)

Cancérologie (217) Oncologie (225) Cancerology (4) Oncology (2896)

Homolatéral (19) Ipsilatéral (15) Homolateral (60) Ipsilateral (3919)

Lithotritie b (41) Lithotripsie b (10) Lithotrity (2) Lithotripsy (502)

Mammectomie (17) Mastectomie (50) Mammectomy (0) Mastectomy (784)

Myringoplastie (3) Tympanoplastie (7) Myringoplasty (28) Tympanoplasty (85)

Rectite (15) Proctite (3) Rectitis (1) Proctitis (113)

Quadriplégie (8) Tétraplégie (31) Quadriplegia (123) Tetraplegia (180)

Notes :a. L’Académie des sciences de France recommande cancérogène.b. Malgré leur ressemblance, les termes lithotritie et lithotriptie sont construits quelque peu différemment, le

premier faisant appel au tritor latin alors que le second fait plutôt intervenir le triptêr grec. Lithotriteur sedistingue de la même façon de lithotripteur.

Les termes les plus couramment utilisés (> 60% des cas pour une paire donnée) sont indiqués en caractères gras.

Sources : Bouché 1994 : 243-252 ; Dubois et al. 1995 ; INIST 2000 ; Manuila et al. 1996 ; Medline 2000 ; Quérin 1998 :96 ; Quérin 2000 : 6 ; Van Hoof 1997 : 77-78.

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Tableau 2 : Hybrides gréco-latins dont l’emploi diffère de celui de leur « équivalent »étymologiquement homogène.

Hybride « Équivalent »

Terme Emploi(s) Terme Emploi(s)particulier(s) particulier(s)

Audiométrie Mesure précise Acoumétrie Estimation approximativede l’audition a et subjective

de l’audition b

Endoveineux(se) Se dit en général d’un Intraveineux(se) Se dit d’une injection faitedispositif mis en place à (ou d’une substancedemeure dans une veine administrée)

(électrode, clip, filtre) dans une veineou ou

de ce qui est relatif de ce qui concerneà l’endoveine c l’intérieur d’une veine

Nucléolyse Dissolution du noyau Caryolyse Destruction par dissolutionpulpeux d’un disque du noyau d’une cellule

intervertébral par injectiond’une enzyme protéolytique

Rein(s) Affection congénitale, Reins polykystiques Affection héréditaire,multikystique(s) gén. unilatérale (ou polykystose bilatérale, responsable

ou rénale) d d’une insuffisance rénaleaffection acquise, bilatérale,

résultant d’uneinsuffisance rénale

(maladie kystique acquisedu dialysé)

Rénogramme e Courbe d’excrétion rénale Néphrogramme Image du parenchymed’une substance rénal obtenue après

isotopique injection d’une substancede contraste radiologiqueou d’un isotope radioactif

Notes :a. L’audiogramme, autre terme hybride, est la représentation graphique de l’audition ainsi mesurée.b. Cette définition est celle du dictionnaire Flammarion. Les auteurs du Garnier-Delamare et du Manuila

sont plutôt d’avis que acoumétrie est un terme générique pour désigner une forme quelconqued’évaluation quelconque de l’audition, y compris l’audiométrie. Dans une acception comme dans l’autre,acoumétrie n’est pas synonyme de audiométrie.

c. Au Québec, on parle souvent de « pyélographie endoveineuse » ou même simplement, en jargon médical,d’« endoveineuse » tout court pour désigner une urographie intraveineuse. L’emploi du terme pyélographie,inspiré de l’anglais pyelography, est lui-même étonnant dans ce cas, puisqu’il s’agit bien d’un examen del’ensemble de l’arbre urinaire. C’est sans doute le témoin d’une époque où les produits de contrasteintraveineux ne permettaient de bien opacifier que le bassinet (puelos en grec) (Hall 1999).

d. On rencontre aussi l’expression rein plurikystique, qui est un autre hybride dont la définition n’est pasclairement établie, mais qui tend à désigner tout rein porteur de plusieurs kystes, sans qu’il s’agisseclairement ni d’un rein multikystique, ni d’un rein polykystique.

e. Parfois appelé néphrogramme isotopique.

Sources : Bouché 1994 : 244, 249 ; Dictionnaire de médecine Flammarion 1994 ; Dictionnaire des termes de médecineGarnier-Delamare 1992 ; Manuila et al. 1970-75 ; Le petit Larousse 1999 ; Quérin 2000 : 6 ; Schillinger et al.1988.

Tableau 3 : Hybrides gréco-latins d’usage courant en français médical n’ayant pas d’équivalentusité étymologiquement homogène

Cas types Autres hybrides ayant le même préfixe ou suffixe

Adrénergique a Adrénolytique

Albuminurie Bacillurie, calciurie, cupriurie, fécalurie

Angiotensine

Annuloplastie Annulocyte

Antéhypophyse

Anticorps Antiacide, antiagrégant, antiangineux, anticancéreux, anticoagulant,anticonceptionnel, anticonvulsivant, antidépresseur, antiglobuline,

antihypertenseur, anti-inflammatoire b, antipaludique, antiprurigineux,antirabique, antisens, antisérum, antitussif, antiviral

Anxiolytique Apicolyse, fibrinolyse

Appendicectomie Antrectomie, cellulectomie, duodénectomie, omentectomie a,ovariectomie a, patellectomie, scapullectomie, valvulectomie,

vasectomie, vésiculectomie

Atriotomie Atriomégalie

Auto-immunité Autoclave, automutilation, autotransfusion

Barorécepteur Chémorécepteur

Bi-acromial Biballisme, bi-ischiatique

Biodisponibilité

Bronchodilatation Bronchoconstriction

Calcémie Cuprémie, plombémie, septicémie, volémie

Campimétrie

Cellulite

Cervicarthrose Dorsarthrose, lombarthrose, coxarthrose

Claustrophobie Cancérophobie

Coagulopathie Coronaropathie, fœtopathie, tubulopathie

Commissurotomie Duodénotomie, lombotomie, septotomie, sinusotomie, valvulotomie

Coproculture a

Corticothérapie Insulinothérapie, sérothérapie

Cryoglobuline Macroglobuline

Dextrocardie Lévocardie

Extrasystole

Fibrinogène Agglutinogène, anxiogène, hallucinogène, immunogène,lactogène, mutagène

Fibroblaste Fibrocyte, fibromatose

Fibrome Fécalome, fibromyome, fibrosarcome

Fibroscope c Anuscope, duodénoscope, fluoroscopie, négatoscope

Glomérulonéphrite Glomérulosclérose

Granulocyte Granulopénie, granulopoïèse

Hémoglobine Hémagglutination, hémoculture, hémomédiastin, hémoperfusion

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Histocompatibilité

Hypertension Hypercoagulabilité, hypercorticisme, hyperinsulinisme,hyperventilation, hyperviscosité

Hypocomplémentémie d

Immunoélectrophorèse Immunoblaste, immunocyte, immunoenzymatique, immunothérapie

Interleukine

Intrathécal

Jéjunostomie Duodénostomie

Liposuccion a Liposoluble

Lombalgie Cervicalgie, coxalgie, cruralgie, dorsalgie, funiculalgie,ovarialgie, précordialgie, pubalgie, scapulalgie, viscéralgie

Mammographie a Cavographie, coronarographie, scintigraphie, sinusographie,spirographie, ventriculographie, vésiculographie

Mégavessie

Mononucléose

Microorganisme Microcornée, microponction, microtubule, microvillosité

Mucolipidose

Myélofibrose Myéloprolifératif

Myoglobine Myofibrille, myofilament, myorelaxant

Neurofibrome Neurofibrille, neurofilament

Ovocyte Ovogenèse. ovogonie

Pharmacodépendance Pharmacovigilance

Photosensibilité Photocoagulation

Polynucléaire a e Polyglobulie, polyradiculonévrite

Pseudobulbaire

Radiographie Radiodermite, radiodiagnostic, radio-isotope

Radiologie Immunologie, infectiologie, sérologie, virologie

Rectorragie Rectocèle a, rectopexie, rectorraphie, rectoscopie a

Réticulocyte Réticulohistiocytome, réticulosarcome

Rétinoblastome Rétinocytome, rétinoépithéliome

Rétrolisthésis Rétrochéilie, rétrognathie

Rhinovirus Cytomégalovirus

Sérodiagnostic Séroprophylaxie

Spirométrie Tomodensitométrie

Subictère Subnarcose

Transaminase Insulinase

Valvuloplastie Septoplastie

Varicocèle Mucocèle

Vasoplégie

Notes :a. Certains hybrides ont un équivalent étymologiquement homogène particulièrement plausible mais

néanmoins inusité. Dans l’ordre d’apparition de ces hybrides dans le tableau, ces équivalents sontépinéphrinergique (Aronson 2000), épiploectomie, oophorectomie, fécoculture, adiposuccion, mastographie(alors que mastectomie est courant, cf. tableau 1), multinucléaire, proctocèle et proctoscopie.

b. Antiphlogistique est un synonyme étymologiquement homogène de anti-inflammatoire, mais il estdésuet.

c. Instrument fait de fibres optiques servant à examiner l’intérieur d’un organe (on dit mieux : endoscope).d. La plupart des hybrides construits avec le préfixe hyper- (voir hypertension) ont un contraire construit

avec hypo-, hybride lui aussi.e. Outre le fait qu’il s’agit d’un hybride, le terme polynucléaire est impropre dans la mesure où il désigne

une variété de leucocyte (aussi appelée granulocyte, autre terme hybride) qui ne possède, en réalité,qu’un seul noyau polysegmenté.

Chaque terme n’apparaît qu’une fois dans le tableau. Les dérivés de termes hybrides (par exemple, hypercalcémie,hypotenseur, microalbuminurie), de même que les noms de médicaments et de microorganismes, ont été omis dece relevé.Sources : Bouché 1994 : 243-252 ; Dubois et al. 1995 ; INIST 2000 ; Manuila et al. 1996 ; Medline 2000 ; Quérin 1998 :

96 ; Quérin 2000 : 6 ; Van Hoof 1997 : 75, 80.

emploi de termes hybrides gréco-latins dans le langage médical 15