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# 12 LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE” CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / NOVEMBRE 2008 SOUSTONS, RION-DES-LANDES, LOGISTIQUE

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Magazine du Conseil général des Landes, opération un collégien - un ordinateur portable

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#12LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE”CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / NOVEMBRE 2008

SOUSTONS, RION-DES-LANDES,LOGISTIQUE

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ÉDITOLe 23 juin dernier, les élus du Département ont pris,à l’unanimité, la décision d’équiper,d’ici la fin de l’année scolaire 2008-2009,toutes les salles de cours des collèges publicsde visualiseurs numériques et de vidéoprojecteurs…Mais il y a une contrepartie: l’allégement des cartables de tous les niveaux d’enseignement – ce matériel n’étant distribué qu’à condition que les conseils d’administration des établissementss’engagent à ne plus obliger les élèves à apporter leurs manuels scolaires en classe.

Huit ans après son lancement, l’opération «un collégien, un ordinateur portable»franchit ainsi un nouveau cap, après avoir permis le développement d’une réelle familiarité des collégiens landais – sans distinction de milieusocial – avec l’outil informatique, et contribué au bon niveau d’équipement du département, en dépit de son caractère rural, notamment en terme de connexion à l’internet à domicile.

Pour mieux apprécier l’usage des ordinateurs au quotidien, le Conseil général a demandé à l’institutd’études TNS Sofres de réaliser une grande enquêtedans les 34 collèges publics du département.Cette étude comporte des questionnaires qui seront distribués en novembre, ainsi que des entretiens en face-à-face avec un large échantillon d’utilisateurs. Le rendu de l’enquête est attendu pour juin 2009.

Henri EmmanuelliPrésident du Conseil général des Landes

née avec nous. Pourquoi un conteur ?Parce que, cette année, l’objectif duprojet d’établissement, c’est l’oralité. Jeregrette infiniment de voir une jeunessequi ne s’exprime plus, qui ne sait plusnous dire ce qui va bien, ou ce qui va mal.Nous allons donc travailler l’oralité, danstoutes les matières mais surtout en fran-çais et en langues étrangères. Ce genrede projet repose naturellement sur la re-cherche documentaire et l’utilisationdes ordinateurs portables…L’an dernier, nous avons participé à unconcours organisé par le Sénat, et nousavons gagné; nous sommes donc partisà Paris avec les élèves d’une classe de 6e!Comme vous allez le voir, il se passe deschoses… et on travaille!»

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Marie Curie (née Maria Sklodowska en Po-

logne le 7 novembre 1867 et décédée en France

le 4 juillet 1934) était une physicienne polonaise

naturalisée française. Elle obtient en 1903 le prix

Nobel de physique avec son mari Pierre Curie et

Henri Becquerel, pour ses travaux sur la radioac-

tivité. Et un second Prix Nobel, cette fois-ci en

chimie en 1911 pour ses travaux sur le polonium

et le radium. Elle est, à ce jour, la seule femme

à avoir reçu deux prix Nobel.

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Rion-des-Landes, altitude de 46 à103 m, 2200 habitants, portail roman duXIIe siècle de l’église, mystérieuse «CroutsArramère» (monument gothique dont onignore la signification), fontaine Saint-Jean, château Bellegarde (mairie).Le collège Marie Curie accueille cette an-née 210 élèves. «Nous recevons de nom-breux enfants d’ouvriers, d’employésd’usine dans les secteurs de la chimie oudu bois, nous explique Francine Tambou-rin, la principale. Nous avons donc sou-vent affaire à des enfants qui vivent dansun contexte social pas très favorisé, avecbien souvent un seul salaire par famille.[…] L’intérêt d’un petit collège comme lenôtre, c’est que nous avons la possibilitéd’avoir une vue d’ensemble et de connaî-tre tout le monde, individuellement.C’est très riche, et très prenant aussi. »Ordinateurs. «Avec une municipalitéqui nous entend, et un conseil général quinous épaule, je crois que je peux dire quenous avons de la chance. […] À petiteéchelle, nous avons pas mal de projets,notamment à partir du CDI (centre de do-cumentation et d’information). Nous es-sayons par exemple d’accueillir des per-sonnes extérieures au collège ; la se-maine prochaine, nous recevrons unconteur mauritanien qui va passer la jour-

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE MARIE CURIEÀ RION-DES-LANDES

-----ENVIE DE RÉAGIR OUD’APPORTER UN TÉMOIGNAGE?Édité par le Conseil général des Landes, En

Connexion est un journal entièrement dédié à

l’opération « un collégien, un ordinateur por-

table ». Enseignants, parents, personnels des col-

lèges, élèves ou anciens élèves, nos colonnes

vous sont bien entendu ouvertes… N’hésitez pas

à nous faire part de vos avis, commentaires et

expériences, ou si vous préférez être interrogés,

communiquez-nous vos coordonnées.

[email protected]

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Voilà une expérience qui rapproche lesdomaines a priori très éloignés de la lit-térature et de la technique.La plaque tournante du projet est le CDI(centre de documentation et d’informa-tion) du collège. Dans la situa tion dedépart, deux classes de 4e avec 28 et 29élèves. Particula rité de l’emploi du temps:l’enchaînement de deux cours d’uneheure trente – français et technologie –,avec permutation des classes. A vec lacomplicité du professeur documenta -liste, les élèves ont été répartis en troisgroupes. Cette nouvelle organisation – enplus d’alléger sensiblement les effectifsde chaque classe – a permis aux trois en-seignants d’ima giner un projet transver-sal : les élèves vont engager une re-cherche sous la conduite de leur profes-seur docu mentaliste, à partir de sujetsproposés en français. Et pour finali ser lediaporama accompagnant l’exposé oralde leur travail, ils pourront compter surl’aide de leur professeur de technologie.-----14 h, au CDI, avec Nadine Ar ménio,professeur documentalisteOÙ L’ON APPRENDÀ CHERCHER.Nadine Arménio calme l’impatience deses élèves: «Inutile de vous précipiter survos ordinateurs, je vous conseille plutôtde bien étudier votre sujet, et de réflé-chir aux différentes questions que vous

pouvez en tirer…» Nous sommes au CDI,équipé ici d’un tableau interactif dont leprofesseur vient de se servir pour expli-quer aux élèves le travail que l’on attendd’eux et la méthode qui permettra de lemener à bien. Bien entendu, les ordina-teurs portables sont de la partie. Maiscomment s’y prendre, quand on setrouve confronté à un énigmatique :Jules Verne, science-fiction ou science-vi-sion? Un peu perplexes, Joé et Thomasrassemblent leurs souvenirs pour trouverle titre d’un livre de l’auteur célèbre: «Onva chercher!» Pendant ce temps-là, leursdeux voisins se demandent ce qu’ils vontbien pouvoir faire avec Le projet balza-cien: la comédie humaine. Balzacien, c’estleur première découverte, est un adjec-tif qui vient de Balzac. Parfait. Bruno etThéo, eux, ont très vite compris leur su-jet, Victor Hugo, un auteur à l’œuvre mul-tiple : «Multiple, parce qu’il a fait despoèmes, des livres… Il est… polyvalent,voilà!» Bien. Et savent-ils comment s’yprendre, pour alimenter leur projet?«On va commencer par chercher unephoto de Victor Hugo, et une autre desmisérables (sic). Et puis, on approfondira.»Un peu difficiles, ces sujets? «Oui, et c’estvolontaire, nous expliquera plus tard leurauteur, Vanessa Camiade, professeur defrançais. Souvent, quand on leur de-mande une recherche, les élèves ne réflé-chissent même pas; ils tapent les mots di-

16 h, avec Vanessa Camiade,professeur de françaisOÙ L’ON APPRIVOISELES SUBTILITÉS DE LAGRAMMAIRE FRANÇAISE.«Pour l’instant, vous n’avez besoin quede vos trousses.» Nous sommes dans uncours de français tout ce qu’il y a de plusclassique. «Je profite de ce moment unpeu particulier pour faire des choses quel’on n’a pas le temps de faire avec trenteélèves, et notamment pour remédier, re-voir certaines bases, certains points delangue bien précis», nous expliquera unpeu plus tard Vanessa Camiade.Le professeur projette au tableau letexte de la dictée faite lors d’un précédentcours, commente les erreurs les plus fré-quentes, annote au stylo directement surle tableau, comme elle le ferait dans lamarge d’une copie. «Que vous ne sachiezpas très bien écrire cosmonaute, ce n’estpas très grave. Mais que vous ne sachiezpas encore que toujours prend un « s»,ça l’est nettement plus…» Les élèves sontinvités à corriger la copie qui vient de leurêtre rendue: en regard de chaque faute,ils recopient méticuleusement l’indicationcorrespondante, inscrite au tableau. Findu premier acte.Nouvelle grammaire? «Sortez mainte-nant vos ordinateurs, et ouvrez La nou-velle grammaire du collège*. Après avoirsaisi vos identifiants vous allez dans“première partie: Le mot, le genre et lenombre…” C’est vous qui allez choisirl’exercice qui vous convient…»«Ce logiciel est un outil remarquable,nous glisse Vanessa Camiade. Il permetune individualisation du travail selon leniveau de chacun. Et les exercices propo-sés en interactivité sont assez ludiques,et très visuels.» Voilà donc nos élèves auxprises avec quelques-unes des multipleschausse-trappes de notre belle languefrançaise. Fanny – qui n’a pas eu de pro-blème pour déterminer si les mots voile,corsage, lampadaire, architecte, légume…sont masculins ou féminins – hésite unpeu pour savoir comment on écrit au plu-riel éventail, mal, pneu, anchois, éboulis,coucou… Le professeur, qui passe prèsd’elle juste à ce moment-là, profite del’occasion pour faire réviser à toute laclasse la célèbre règle du pluriel des motsen ou : tous prennent un x sauf les fa-meux: bijou, caillou, chou, genou, hibou,joujou, pou. Bravo Océane, qui avait mé-morisé cette jolie ritournelle, et nous ren-voie illico à l’école de Jules Ferry.L’heure a filé bien vite… « En ce quiconcerne le projet transversal, précise Va-nessa Camiade, nous avons envisagéune progression sur quatre semainespendant lesquelles les élèves sont plutôtencadrés au CDI et en technologie, pourle travail de recherche et la mise en formedu diaporama. La restitution de ce travailse fera alors en cours de français.»-----

* éd. Magnard

http://www.grammaire-college.fr/

rectement dans un moteur de re-cherche… Ici, je souhaite au contraire lespousser à réfléchir et à creuser leur sujet.»Chercher. Le professeur documentalistepasse de groupe en groupe, encoura ge,conseille. «Même s’ils pourraient trouverfacilement l’information dont ils ontbesoin en consultant tout bêtement leslivres qui sont ici à leur disposition, lesélèves sont très partants pour utiliser l’ou-til informatique. V oilà pourquoi il mesemble essentiel de bien leur apprendreà chercher sur internet. J’insiste sur lesquestions de droit d’auteur : vous le sa-vez, les élèves sont les rois du copier-col-ler, ils captent les informations sansprendre le temps de les analyser, et sansmême vraiment en maîtriser le sens. Et onpeut les comprendre : « C’est tellementmieux écrit que je ne pourrais le faire!»,pensent-ils. Le problème, c’est qu’ils nemaîtrisent pas toujours le contenu des do-cuments qu’ils utilisent. C’est la raisonpour laquelle nous leur demandons, ici,d’exposer oralement le résultat de leurrecherche.»-----15 h, avec Martine Lamothe,professeur de technologieOÙ L’ON SE FAMILIARISE AVECLA CRÉATION DE DIAPORAMA.«Pour vous entraîner, vous allez réaliserun diaporama de quatre pages sur un su-jet imposé: les origines d’internet et desordinateurs, annonce le professeur. Voustravaillerez à partir des renseignementsdont vous disposez depuis la rechercheque nous avons faite récemment. Au-jourd’hui, nous allons essayer d’exploitertoutes les possibilités du logiciel OpenOf-fice, Impress.»Action. Dans le grand atelier qu’estmaintenant la salle de technologie, cha-cun s’absorbe devant son établi – pardon,son écran. Le professeur passe de tableen table : « J’en vois certains qui sont(déjà) en train de taper du texte. Atten-tion, le diaporama, c’est le support de vo-tre exposé, il est fait pour accueillir unplan…» Peio : «Le plus important, c’estl’oral?» «Exactement.» Ici et là, les pre-mières réalisations commencent à appa-raître. Des titres s’affichent, avec plus oumoins de bonheur, sur les écrans. Un élèvedemande comment faire pour mettre uneimage en fond. Le professeur lui in-dique la procédure… Déception: quandl’image apparaît, le texte n’est plus dutout lisible! Charly a choisi une superbeimage de surf en arrière-plan de la pre-mière page de son diaporama: «Il est ma-gnifique, ce rouleau, mais quel est le rap-port avec ton sujet?», lui fait remarquerle professeur. Plusieurs élèves expéri-mentent les ef fets de transition entredeux pages, d’autres cherchent à créerdes surprises dans l’apparition destextes… Le cours va se terminer: voilà unchantier déjà bien lancé!Devant moi, Antony, né en 1995, a notéqu’internet avait été créé en 1972…-----

Projet transversal une classe de 4 e

AFFINITÉS ÉLECTIVES

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y parvenir, vous devez impérativementcomprendre ce qui se passe, et accessoi-rement maîtriser le vocabulaire adapté.Deuxième exercice: plusieurs images ex-traites de la vidéo sont présentées dansle désordre. Il faut en reconstituer la chro-nologie, puis rédiger une légende pourchacune d’elles.Mettre en commun. «Stop! Nous allonscorriger l’exercice.» Le professeur utilisele vidéoprojecteur pour afficher la sé-quence au tableau. La parole circule.Après plusieurs tâtonnements, on établitune formulation correcte de la réponse àla première question. Marly est volontairepour placer, sur le tableau interactif, lesimages dans le bon ordre: devant ses dif-ficultés à surmonter quelques clics récal-citrants, l e p rofesseur v ient à s on s e-cours: «Regarde, c’est facile!» Impertinent(mais prudent), mon voisin ajoute dans unchuchotement: «Même la prof y arrive!»Reste à trouver les légendes. Pierre estd’accord pour aller les écrire au tableaudepuis le portable du professeur . Lesdoigts se lèvent. Gilles voit une cellule…«Peut-on être plus précis ?» Mélissa :«une cellule avec des chromosomes…»Au fur et à mesure de l’avancement de lacorrection au tableau, chaque élève actua-lise son travail sur son propre ordinateur.«Ouvrez maintenant votre cahier, dit leprofesseur. Nous allons copier le résuméde la leçon…»

Une séance d’exercices en ligne à partirdu site Mathenpoche*: ou commentsuivre en temps réel la progression de laclasse, et le travail de chaque élève…«Dès qu’il est question de se servir deleurs ordinateurs, ils sont partants !»Fort de ce constat, Jean-Pierre Gastam-bide n’hésite pas à proposer régulière-ment à ses élèves des exercices à partirdu site Mathenpoche. « Je n’ai eu qu’àindiquer mon adresse académique àl’association S ésamaths p our o btenirun mot de passe. J’ai alors inscrit chacunde mes élèves – nom, prénom, date denaissance. Et je peux maintenant définirles séances à ma guise, par exemple pré-voir une série d’exercices dif férentepour chacun.» Dans la classe, les élèvessuivent les instructions de leur professeur:«Vous vous connectez sur internet, etvous allez sur le site Mathenpoche. Sélec-tionnez v otre é tablissement e t v otrenom d’uti lisateur. Vous y trouverez lesexercices d’aujourd’hui. Vous verrez quevous n’avez pas le même travail à faireque votre voisin.» Il s’agit d’additionnerdes fractions…

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En étudiant la division cellulaire, lesélèves approchent au plus près un pro-cessus fondamental du monde vivant.«Nous allons continuer la leçon de la der-nière fois. Il était question de la divisioncellulaire…» Quelques minutes ont suffiau professeur pour mettre ses élèves autravail. «En classe de 3e, ils savent très bienqu’au début de chaque leçon, je leur de-mande de télécharger sur leur ordinateurle dossier qui contient le plan du chapi-tre, accompagné des liens qui conduisentvers une activité, une vidéo, une aide, unsite internet, etc. Et pour limi ter les dé-rives, je veille à ce qu’ils soient déconnec-tés du réseau dès l’instant qu’ils n’en ontplus besoin.» Dans la classe, tout sembleeffectivement bien rodé : en un clind’œil, les élèves ont ouvert sur leur ordi-nateur portable le document corres-pondant à l’activité d’aujourd’hui. La pre-mière chose à faire, c’est de visionner unevidéo. L’événement qui crée le spectacle,à la fois banal et fascinant, ce sont les pre-miers moments de la division d’une cel-lule. Une masse informe de filaments –des chromosomes – s’organise progres-sivement. Pendant quelques m inutes,la séquence passe en boucle sur tous lesécrans. La première question – Que sepasse-t-il à la 17e, puis à la 19e seconde?– ne devraitposer aucun problème: riende plus simple, a priori, que de décrire ceque l’on voit. À ce détail près que, pour

C’est parti ! Sur le tableau interactif,une représentation de tous les élèves dela classe : au-dessus de chaque prénom,une icône à tignasse blonde pour les gar-çons, avec deux couettes brunes pour lesfilles. Chacun s’absorbe sur son écran.Quelques doigts se lèvent: «Monsieur, j’aiun petit problème… – Tu peux te servirde ton cahier, répond le professeur, et tuas également une aide en ligne.»Au fur et à mesure de l’avancement destravaux, le score de réussite s’affiche surchaque silhouette : un élève bloqué, ouqui fait beaucoup d’erreurs est repéré ins-tantanément par le professeur, qui circuleentre les tables, encourage, réexplique :«Tu as deux fractions. Tu dois trouver leurdénominateur commun pour pouvoirles additionner. Comment vas-tu faire?»Devant moi, Caroline propose sa réponsepour l’addition qui lui était demandée.«Faux!» répond l’ordinateur, qui ajoute:«La fraction n’est pas simplifiée au maxi-mum. Encore un essai ! Utilise l’aide. »Après réflexion, Caroline valide d’autreschiffres: «Vrai! Tu as rectifié ton erreur.»Son score est pour l’instant à 5 sur 6.

9h, cours de mathématiques de Jean-Pierre Gastambide, avec une classe de 4e

MONSIEUR,J’AI UN PETIT PROBLÈME…

16 h, cours de SVT de Séverine Hédier, avec une classe de 3e

OBSERVER ET COMPRENDRE

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images. Que veux-tu illus trer ? – Lesconditions de transport des esclaves. – Ehbien regarde bien cette gravure, et lis letexte qui l’accompagne. Qu’est-ce que çareprésente? – C’est le plan d’un bateau.– Oui, et toutes ces petites choses noiresque tu vois là, alignées bien serrées, ehbien, ce sont des esclaves ! – Ah… » Ma-rine en est à la rédaction d’une biographiede Victor Schœlcher, principal acteur del’abolition de l’esclavage en France. Ellebute sur le mot «philanthrope», qu’elletraduit, après avoir consulté Le Petit Ro-bert – «personne qui est portée à aimertous les hommes» – par «huma nitaire».Motivés. Les deux heures ont filé vite, etpersonne n’est vraiment venu à bout dela tâche entreprise. Le professeur de-mande à ses élèves de terminer leur re-cherche à la maison. «Je n’ai aucunsouci : ils vont le faire. Pour eux, c’est untravail sur l’ordinateur – ce qui n’est passi fréquent – et c’est une recherche; toutcela les motive, ils sont à fond dedans !Je peux me tromper, mais il me semblequ’en sortant d’un cours comme celui-là,dont ils ont vraiment construit le contenu,ils le retiendront mieux que si je leur avaisfait un cours magistral sur l’esclavage. Jecompte faire une petite interrogationpour le vérifier, mais généralement, ils ob-tiennent de très bonnes notes dans cegenre de situation. À la prochaine séance,nous allons reprendre les termes impor-tants, revenir sur quelques définitions :peu de chose, mais vraiment l’essentiel.»Pendant ce temps-là, dans la cour de ré-création: pluie de feuilles rouillées.

les mêmes consignes – sous la forme d’undocument disposé à leur intention sur leréseau du collège –, mais chacun est librede mener son expérience singulière. Na-turellement, le professeur accompagne,conseille, oriente : «Leur premier ré-flexe, c’est d’aller chercher sur internet.J’insiste pour qu’ils utilisent prioritaire-ment le dictionnaire Le Petit Robert, etl’encyclopédie Encarta, disponibles surleurs ordinateurs…»Travaux pratiques. «Stop! On s’arrêteune minute pour faire le point sur le com-merce triangulaire. » Le professeur de-mande à Théo de montrer à ses cama-rades comment tracer, sur une carte dumonde, trois flèches entre la France,l’Afrique et l’Amérique. «Les élèves quis’en sortent bien, commentera-t-il plustard, sont des aides précieuses pourmoi: ils rayonnent autour d’eux, ils aidentleurs camarades.» Sur le tableau interac-tif, Théo explique en effet avec une cer-taine aisance le fonctionnement du logi-ciel qui permet de réaliser cette sur-charge… Tout le monde a compris? Action. Devant moi, Raphaël peaufinetant et si bien ses flèches, qu’il réussit àleur donner de belles formes courbes, ap-puyées avec élégance sur le fond decarte. Pendant ce temps, un autre élèvelève le doigt: «Monsieur, je ne trouve pasde photo pour illustrer ma réponse… – Cene sont pas des photos, ce sont des

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Des diagrammes s’affichent maintenantsur l’ordinateur du professeur : pourchaque élève et pour chaque série d’exer-cices, une ligne de petits carrés bleus, quivirent au vert quand la réponse est juste,en passant par le gris pour signaler uneerreur corrigée, et le rouge si l’élève n’apas trouvé le bon résultat. « Toutes lesdonnées quantifiables – l’exactitude desréponses, le nombre de tentatives, letemps passé sur chaque exercice – sont en-registrées par le logiciel, et apparaissentsur le bilan de la classe. Le temps mis àrésoudre la série d’exercices est comparéau temps que l’on estime “normal” ; jepeux ainsi me rendre compte du niveaude chacun.»Si Jean-Pierre Gastambide se garde biende toute affirmation trop définitive – «Onn’est jamais sûr que les élèves aient ab-solument bien compris, ni qu’ils vont re-tenir ce qu’ils viennent d’apprendre.» –,il apprécie cette nouvelle manière de pra-tiquer dans la classe: «L’intérêt de ce typed’activité, c’est qu’il me permet de meconsacrer à ceux qui ont le plus de diffi-cultés. Pendant ce temps-là, ceux qui sedébrouillent mieux ne sont pas bloqués:ils ont des exercices assez intéressants àfaire, ils peuvent avancer tout seuls… »-----

*http://mathenpoche.sesamath.net

Une recherche sur un sujet grave, qui pas-sionne les élèves et les tient en haleinependant deux heures d’affilée.Ambiance studieuse, quelques chuchote-ments discrets. Nous entrons sur la pointedes pieds en plein milieu d’un cours d’ins-truction civique. «Nous sommes dans uneséance de TP (travaux pratiques), exac -tement comme si j’enseignais les scien cesphysiques, nous indique Fabien Jobert. Ici,chacun fait son expérience et construitson propre cours ; quant à moi, je passemon temps au milieu de mes élèves.»Au programme. Mais quel est donc ce su-jet si passionnant qui retient l’attentionde chaque élève devant l’écran de son or-dinateur? «Nous travaillons sur la ques-tion de l’esclavage. Un sujet qui n’étaitqu’effleuré jusqu’à présent, mais que lesconsignes récentes nous incitent à traiteren profondeur. J’ai, pour ma part, décidéde l’aborder dans une perspective trèslarge: remonter à l’Antiquité, insister surl’époque moderne – avec la traite desnoirs et le commerce triangulaire – et ter-miner sur la période contemporaine,avec certains chiffres qui ont de quoi sur-prendre les élèves : on parle, encore denos jours, de 200 millions d’adultes es-claves ou semi-esclaves, et plus 230 mil-lions d’enfants qui ne vont pas à l’école!»La gravité du sujet ne semble, en effet,échapper à aucun de nos chercheurs enherbe. Tous ont reçu, en début de séance,

Lire et comprendre un texte – in englishof course –, écouter et saisir le sens d’undialogue, ou encore chercher sur internetles réponses à des questions… Chaqueélève travaille ici en autonomie avec sonordinateur portable. Mais personne nefait la même chose que son voisin!Voilà donc chaque élève, installé devantson computer, occupé à choisir un exer-cice dans la liste qu’il vient de téléchar -ger sur le réseau du collège. «Nous tra-vaillons en ce moment, sur Health andSport (la santé et le sport), nous expliqueStéphanie T empel. Je souhaitais quechacun puisse choisir un sujet qui l’inté-resse – certains sont passionnés de foot-ball, d’autres de tennis, d’autres encores’intéressent aux questions de santé… J’aiprévu des exercices assez faciles pour ceuxqui ont quelques difficultés, et plus com-plexes pour ceux qui sont plus à l’aise. Cequi m’intéresse, dans l’utilisation desordinateurs portables, c’est la possibilitéde faire de la pédagogie différenciée.»Webquest, quiz et audio.Edmée vient derecevoir sa feuille de route: il lui faut ré-pondre à un questionnaire autour du dra-peau et de la devise des jeux olym-piques. La voilà lancée donc dans unewebquest. On le sait, chercher sur inter-net n’est pas toujours chose très facile,mais chercher en anglais complique en-core la donne ! « Les élèves ont encorebeaucoup de mal à rester dans la langueanglaise, commente Stéphanie Tempel.Nous avons travaillé la méthodologie dela recherche en anglais sur internet : jeleur ai montré qu’il existe des diction-naires en ligne; que l’on peut s’exprimerdirectement en anglais dans les mo-teurs de recherche, et comment sélection-ner, dans les préférences, les sites delangue anglaise.»Dans la classe.Passant de l’un à l’autre, leprofesseur rassure celui-ci, qui est un peuperdu, stimule celle-là, qui se décourage,bouscule un peu cet autre, qui aurait ten-dance à se laisser aller… Pour parvenir àrépondre aux questions qui lui sont posées,Manon doit écouter un fichier audio. Per-plexité: «Je n’y comprends rien du tout…»Casque sur les oreilles, elle se concentre,écoute une seconde fois, puis une troi-sième… «Ça va mieux? – Oui!» Kevin estétonné: «J’ai eu un peu de mal: je m’yconnais pourtant bien en foot…»La séance se termine. «Au prochaincours, nous indique Stéphanie Tempel, jedemanderai aux élèves de faire un compterendu de ce qu’ils ont compris et retenu.S’exprimer devant ses camarades, poserune question à celui qui présente son tra-vail, autant d’occasions de pratiquerl’oral sous toutes ses formes, ce qui est,vous le savez, l’une des priorités de l’en-seignement de notre discipline.»

12 h, cours d’anglais de StéphanieTempel, avec une classe de 3e

PÉDAGOGIEDIFFÉRENCIÉE

12 h, cours d’histoire de Fabien Jobert, avec une classe de 4e

5000 ANS D’ESCLAVAGE

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9h30, cours de technologie de Viviane Dauga, avec une classe de 4 e

LE B.A. BA DE LA BUREAUTIQUEOù l’on apprend l’utilisation de deux lo-giciels incontournables d’un ordinateur.«Une idée très répandue veut que lesélèves sachent tout faire avec les ordi-nateurs : oui, ils sont capables de fairebeaucoup de choses, mais ils ont aussi devraies lacunes ! » V iviane Dauga estconvaincue de l’utilité d’apprendre àbien maîtriser les techniques de base decet outil qui fait désormais partie de no-tre quotidien.Les consignes. La classe est répartie endeux groupes. Le premier groupe d’élèvestravaille sur le traitement de texte du lo-giciel OpenOffice. Ils viennent de téléchar-ger sur leur ordinateur le document quis’affiche aussi sur le tableau interactif.C’est le texte d’une lettre commerciale,saisi “au kilomètre”, c’est-à-dire sans lamoindre mise en page. «Emma, veux-tualler au tableau? Ton doigt, c’est la sou-ris : tu fais comme si tu étais devant tonécran… Où vas-tu positionner ton curseurpour sauter une ligne?» Emma s’appliqueà organiser le texte : distinguer le desti-nataire de la lettre, faire ressortir les dif-férents paragraphes… «Vous reprodui-rez ces mêmes opérations sur vos ordina-teurs, indique le professeur. Quelle toucheutiliser pour déplacer le paragraphe sé-lectionné (l’adresse), sur la droite de la let-

tre?» Un élève se lance: «La touche ta-bleur?» Raté, c’est la touche tabulation! Les élèves du second groupe doivent uti-liser le tableur d’OpenOffice. «Vous allezcomposer deux tableaux, précise le pro-fesseur. Je vous demande de présenter lesdonnées du premier sous la forme d’unecourbe, et celles du second au moyend’un graphique.» Il s’agit de données àpropos du marché des horloges ; sur lapremière ligne, les années, sur la seconde,le nombre d’horloges vendues…Action. Dans la classe, chacun s’active surson clavier. Le professeur circule de l’unà l’autre. Maylis: «Madame, c’est normalque mon texte s’aligne bizarrement?» Leprofesseur: «Non. Tu devrais faire appa-raître les caractères invisibles, pour te ren-dre compte de ce qui se passe… Regarde:il restait une tabulation!» Lorine a com-posé sa lettre en corps 16: «C’est beau-coup trop… » Laura a trouvé le signeeuro: «Parfait…» Jonathan s’est aventurédans des effets de style hasardeux :«Quand on écrit à quelqu’un, on nechange pas de police de caractères pourla formule de politesse…»Ambiance d’atelier. Manifestement, cha-cun a du goût à aboutir l’exercice entre-pris. On tâtonne, on explore, on s’ap-plique. Les collaborations vont bon train.«Je laisse une certaine liberté à mesélèves. De toute façon, je ne peux pas êtrederrière chaque moniteur, alors je leur faisconfiance, mais ils connaissent les l i-mites, et savent très bien que je ne tolèrepas les débordements! »

par informatique (sur le logiciel Éduc-Ho-rus), et ça n’a posé de problème à per-sonne. Les conseils de classe vont se fairesans impression préalable des bulletins :nous allons utiliser une salle équipée d’unvidéoprojecteur, et grâce à mon ordina-teur portable ou à celui de mon adjoint,nous allons projeter les bulletins et lescompléter directement à l’écran. Et onn’imprimera qu’à la fin, lorsque toutaura été validé: l’avantage de l’ordinateur,c’est qu’il nous sert de brouillon, degomme, de crayon et de mémoire…»Logistique. «Il y a encore une chose queje voudrais dire: l’organisation de la dis-tribution des ordinateurs en début d’an-née m’a vraiment impressionné par laqualité de la logistique. A yant travaillédans l’industrie, étant passé par l’ensei-gnement professionnel et technique,j’étais curieux de voir comment tout celaétait organisé. Chacun savait ce qu’il de-vait faire –, des gens très professionnels…Tout avait été vraiment très bien réfléchi.Je dis : Chapeau!»-----

François Mitterrand, né le 26octobre 1916 à Jar-

nac (Charente) et mort le 8janvier 1996 à Paris.

Homme d’État français, 4e président de la Ve Ré-

publique et 21e président de la République fran-

çaise du 21mai 1981 au 17mai 1995. Il a habité

Soustons dans sa bergerie de Latche pendant 31

ans.

Soustons, altitude de 0 à 62m, 7414 ha-bitants, chef-lieu de canton, «perle du Ma-rensin», 4 étangs, 1 lac marin, 10000 hec-tares dont 6500 ha de forêt.Le collège François Mitterrand accueille576 élèves. Michel Maisonnave, le princi-pal, arrive cette année, en provenance desPyrénées-Atlantiques: «Dans mon travailquotidien, je n’utilise pratiquement quel’informatique; sans doute à cause de mapremière partie de carrière dans la main-tenance des systèmes automatisés. Quanddes enseignants ou des élèves s’étonnentde ne voir aucun dossier sur mon bureau,je leur dis: Eh oui, je n’ai pas besoin de pa-pier!»Enseignement. «J’ai commencé par fairede la formation professionnelle en entre-prise, et j’ai découvert combien c’était pas-sionnant de voir quelqu’un se transformerpar l’acquisition de connaissances! C’estun peu pour cette raison que je suis arrivédans l’Éducation nationale. […] Je ne peuxqu’être convaincu par l’opération menéepar le Conseil général: «un collégien, unordinateur portable», c’est l’égalité deschances par rapport à un outil qui estmaintenant devenu incontournable.»Au collège. «Ce mois-ci, tous les profes-seurs ont remis directement leurs notes

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE FRANÇOISMITTERRAND À SOUSTONS

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casques à 4,50 €. Nous en avons acheté uncertain nombre pour la classe, que nousprêtons aux élèves qui ont oublié le leur.»Silence absolu. Ici ou là, quelques bribesde son échappées d’une machine nousrappelle que nous sommes en coursd’espagnol. Casques sur les oreilles, lesélèves écoutent. Mains sur les claviers, ilsécrivent. Passer du son au texte, écouteret réécouter, autant de fois que néces-saire, ne pose de problème à personne.Laura a transcrit “qué” au lieu de “quién”,ce qui rend sa phrase incompréhensible.Le mot douteux est aussitôt souligné enrouge. Une fenêtre de dialogue proposeplusieurs solutions correctes… Laura ré-fléchit, puis rectifie. «Je faisais partie deceux qui ont demandé un vérificateur or-thographique en langue espagnole,nous indique Marie Bousquet. Il estmaintenant installé sur OpenOffice. Voilàun outil qui permet aux élèves d’éviterbeaucoup de fautes: très souvent, dès lorsque leur attention est attirée, ils sont ca-pables de rectifier par eux-mêmes.»Parler et s’enregistrer. La deuxième par-tie de l’exercice consiste à s’enregistrer enfaisant un portrait de Rudy, le personnageprincipal de l’histoire, c’est-à-dire à trans-former le dialogue en récit exprimé à latroisième personne du singulier . « Vouspouvez passer par l’écrit si cela vous ras-sure, indique le professeur, mais le but decet exercice c’est de parler, non de lire. »

Un exercice qui convoque simultanémentle son et l’écrit, avant d’amener chaqueélève à prendre la parole au moyen desoutils numériques.«Qué habéis comprendido ? Qu’avez-vous compris?» Dans la classe, les haut-parleurs viennent de dif fuser un courtdialogue en espagnol. Le professeur in-vite ses élèves à un échange rapide: «Endeux ou trois phrases, nous expliquera-t-elle, nous établissons le contexte de laséquence que nous venons d’entendre –ici, un dialogue entre un enfant et unjournaliste. Je vérifie ainsi que personnen’est perdu. Alors, les élèves se sententrassurés pour entreprendre une décou-verte plus détaillée : ils ont compris lesgrandes lignes de l’histoire, et même lesplus faibles se sont rendu compte que cen’était pas trop difficile…»Écouter et comprendre. «Vous pouvez al-lumer vos ordinateurs et récupérer votredocument de travail sur le réseau.» Il s’agitd’un texte à compléter, et du fichier sonque nous venons d’écouter . Manquentquelques bribes de phrases: il s’agit de bientendre l’oreille pour les reconstituer dansleur intégralité. Distribution de micro -casques. « Cette année, nous avons de-mandé aux élèves de s’équiper personnel-lement de ces appareils, ce qui leur permetde s’enregistrer à la maison, commente Ma-rie Bousquet. Une commande groupée ducollège nous a permis d’obtenir des micro-

Si les élèves les plus assurés ont commencésans tarder à s’enregistrer, d’autres hési-tent encore: «Nous avons pourtant déjàfait ce genre de travail, déclare Marie Bous-quet, mais, parfois, même de bons élèvesse sentent perdus pour parler sans le sup-port de l’écrit. » Tout l’art du professeurconsiste alors à rassurer et à stimuler: «Dèsqu’un élève a compris le principe et décidede se lancer, ça va mieux!» Tout le mondea fini par s’y mettre. Ma voisine, qui s’estenregistrée en plusieurs minuscules sé-quences, fignole maintenant un petitmontage, en mixant les dif férentesprises… «C’est l’avantage de cet outil quede permettre à chacun d’avancer à sonrythme», commente le professeur.La fin de l’heure est proche.«Vous enre-gistrez votre travail au format MP3, re-commande le professeur, sans oublier vo-tre nom, et vous m’envoyez ce fichier surle réseau dans le bon dossier. » Unétourdi : «Madame, vous allez vous mo-quer, c’est obligé… J’ai fait tout mon en-registrement avec le micro relevé!»Des élèves plus à l’aise à l’oral? «Oui, jele pense, nous répond Marie Bousquet.Naturellement, il faudra toujours allerchercher la parole des plus timides, desplus réservés. Mais ils savent que, dans uncontexte particulier, ils peuvent la pren-dre. Et ils le font. Quant à moi, grâce àcet outil, je peux entendre tout le mondeparler, même ceux qui, en cours, nes’expriment que si on les interroge. Et jedispose d’un support qui me permetd’évaluer le niveau de compréhension, laprononciation et l’intonation de chacun.»

de la leçon: les élèves écrivent dans leurcahier, sous la dictée de leur professeur.Application dans la classe. Si on n’entendpas les mouches voler, c’est qu’il n’y a pasde mouche!Schéma-bilan. «Vous allez maintenantconstruire un schéma-bilan sur l’originedes éruptions volcaniques», annonce leprofesseur. Les élèves sont invités à télé-charger un document de travail sur leursordinateurs. Il leur est demandé de légen-der un schéma. «Vous pouvez utiliser lapolice d’écriture et la couleur que voussouhaitez, indique le professeur. – Ma-dame, on peut travailler à deux? – Oui,bien sûr.» Myriam Bordachar préciseraplus tard à notre intention: «J’expliqueà mes élèves que, même s’ils travaillentensemble, ils ne sont pas obligés d’êtred’accord: chacun peut maintenir sa ver-sion, et on verra bien, au moment de lacorrection, lequel des deux a raison. Cesdésaccords font partie de la démarche, ilsleur permettent de se poser des ques-tions…» Astucieusement, Xabi et Maxont compris qu’ils pouvaient s’éviterd’avoir à jongler sans arrêt d’un fichier àl’autre en s’organisant à partir de leursdeux ordinateurs. L’un se charge du do-cument de travail, pendant que l’autrefait tourner en boucle l’animation edu-Média sur son écran. La discussion s’en-gage: «C’est lequel, le volcan effusif? –Regarde, c’est celui de gauche. – Doncl’autre, c’est le volcan explosif. Bon. Onva commencer par mettre les titres… »Myriam Bordachar le sait bien, ses élèvesabordent ici des phénomènes complexes:«La géologie, c’est dif ficile à leur âge,parce que c’est abstrait. En 6e et 5e, nousfaisons des expériences qui les conduisenttout droit au contenu de la leçon. Ici, l’ob-servation directe est impossible : quandon leur demande d’imaginer ce qui sepasse à 200 km de profondeur, on com-prend bien qu’ils puissent être un peu dé-stabilisés! Les animations nous sont alorsd’un grand secours : les images fixes dulivre ne permettent pas de rendre comptede la chronologie, et les élèves pensentque tout se passe en même temps. En re-gardant l’animation, ils comprennentque le phénomène est progressif.»Dans la classe maintenant transformée enatelier, le professeur accompagne sesélèves au cas par cas: «C’est à ce moment-là que je peux me rendre compte despoints qui leur posent problème, recadrerles choses, et même modifier un peu l’ac-tivité pour les autres classes, ou pour l’an-née prochaine.» Oui, ses élèves ont en-core bien besoin de son soutien, maisnon, il n’en sera pas toujours ainsi :«Mon but, évidemment, c’est que d’ici lafin de l’année, ils soient capables de faireun schéma-bilan tout seuls! »-----

*Pour en savoir plus :

http://www.edumedia-sciences.com/

EnConnexion #10, avril 2008.

10 h 30, cours d’espagnol de Marie Bousquet avec une classe de 3 e

LE TEXTE ET LA PAROLE

Après avoir construit la leçon sur les vol-cans, les élèves appr ennent à fair e unschéma-bilan pour en résumer le contenu.Retour sur expérience . Le cours com-mence par une discussion: à travers unesérie de questions-réponses faisant appelaux souvenirs encore tout frais de l’expé-rience réalisée lors de la séance précé-dente, la classe va progressivementconstruire – c’est le mot employé par My-riam Bordachar, et il convient parfaite-ment à la situation – cette leçon sur lesvolcans. « Avons-nous atteint l’objectifque nous nous étions fixé ?», demandefinalement le professeur. « Oui, répondXabi. Le magma visqueux – que nousavons remplacé par du miel – entraîne desexplosions, alors que le magma fluide –représenté par de l’eau – produit des cou-lées…» On se remémore au passage quecertains, qui devaient souffler à traversune paille sur un petit tas de miel, ontpréféré aspirer et qu’ils ont avalé lemiel… Mais c’est une autre histoire. Surle tableau interactif, le professeur noteles réponses de ses élèves.Après la projection d’une animationeduMédia* qui visualise ce qui vientd’être dit, on en vient à la formalisation

15h, cours de SVT de Myriam Bor dachar, avec une classe de 4e

EXPLOSION SANS EFFUSION

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Entre expérimentation et recherche do-cumentaire, pourquoi choisir ? Ici, pourcomprendre le principe de fonctionne-ment d’une centrale électrique, on adroit aux deux!«Vous allez travailler en deux groupes, an-nonce le professeur. Le premier devra réa-liser une expérimentation et répondre àun questionnaire, pendant que les autresvont faire une recherche en ligne. Puisnous intervertirons. Attention, vous avezdouze minutes devant vous à partir dumoment où vous lancez l’exercice ; au-delà, vous ne pourrez plus rien faire. Al-lumez maintenant votre ordinateur, et re-copiez, dans votre navigateur internet,l’adresse affichée au tableau; vous deveztomber sur la page d’accueil du projet Ar-gos*. Là, vous cliquez sur Ilias; après vousêtre identifié, vous trouverez un dossier“Sciences physiques au collège” dans le-quel vous choisissez celui des deux testssur lequel vous allez travailler en premier.»Recherche expérimentale. Les élèves quise lancent dans l’expérimentation dispo-sent d’un ordinateur pour deux, avec toutle matériel nécessaire pour réaliser le mon-tage qui s’affiche sur leur écran: deux ai-mants, une bobine, un voltmètre. Tout lemonde est prêt? Action! Le compte à re-bours est lancé. Constater un phénomèneest une chose, en tirer une réflexionplus générale en est une autre. C’est toutl’art de l’exercice qui leur est proposé qued’amener les élèves à le faire. «J’ai fait ensorte, indique Sébastien Lochet, que leurpensée évolue par paliers; au début, onest dans une manipulation classique: onbricole un peu, on répond à une premièrequestion en prise sur l’observation directed’un phénomène électrique : si on faitbouger un aimant devant une bobine, ilse produit un courant – le multimètre estlà pour en témoigner. On observe alors unobjet un peu plus technique – une dy-namo –, et on essaye d’en repérer le fonc-tionnement. L’objet de la recherche do-cumentaire, c’est de se rendre comptequ’à l’échelle industrielle, une centraleélectrique fonctionne exactement sur lemême principe.» Sur les paillasses carre-lées de blanc, les dialogues vont bon train:l’un pense que «c’est la bobine qui se dé-place… – Non, rectifie son copain, c’est l’ai-mant…» Pour Sébastien Lochet, ces mo-ments sont précieux : « Sur toutes lesétapes de manipulation, il est fondamen-tal que les élèves passent par un temps dediscussion entre eux, et puissent se corri-ger mutuellement. Ils sont en phase ex-périmentale, de découverte, de recherche.Et on ne peut pas tâtonner tout seul !»Recherche documentair e. «Pour ceuxqui font la recherche documentaire, vouspouvez utiliser les encyclopédies qui sontsur votre ordinateur, ou bien le moteur derecherche Google, ou encore les anima-tions eduMédia. » Devant moi, Kévin et

Florian, lancés sur internet pour essayerde trouver quelle est l’origine du mot dy-namo, se désolent : « Oh! là, là, commec’est trop dur…» Le prof encourage:«C’est là qu’il faut bien savoir utiliser lesmots-clés!» Un peu plus loin, leur cama-rade se demande comment faire pourtrouver rapidement la part de l’énergiehydraulique en France: «Si je cherchaisdans Wikipédia, à énergie renouvelable?»Gérer le temps. La concentration est im-pressionnante, la tension palpable : pasmoyen de déranger une seconde l’un desélèves: ils ont bien autre chose en tête quede répondre à nos questions. « Ah, c’est(déjà) fini?» Marie laisse échapper un cride déception: l’impitoyable couperet estvenu clore sa session avant qu’elle n’ait eule temps de transcrire une dernière ré-ponse. «Pas trop stressée? – Non, ça va…Le plus dur, c’est de gérer le temps…»Mise en commun. Le temps imparti estécoulé pour tout le monde et chacun,dans la classe, a effectué le circuit completdes deux tests. «Vous baissez maintenantles écrans de vos ordinateurs, annonce leprofesseur, nous allons faire la synthèse.»Sollicitant la participation de ses élèves ets’appuyant sur un conducteur de cours af-fiché sur le tableau interactif, il refait de-vant eux le chemin qu’ils viennent de sui-vre. «Vous allez maintenant récupérer ledocument que je viens de projeter sur vo-tre ordinateur . V ous devrez le revoirpour la prochaine fois.» «Ce document, ajoutera plus tard Sébas-tien Lochet à notre intention, contient toutce que je viens de montrer et d’écrire de-vant les élèves. Il est construit de manièreinteractive, avec la possibilité de con sul-ter plusieurs animations préalablement té-léchargées sur le site d’EDF. On pourraittrès bien imaginer qu’il soit la tramed’un cours magistral, et à la séance pro-chaine, nous allons exploiter cette docu-mentation: en 3e, les élèves ne sont pas en-core capables de construire un savoirstructuré uniquement à partir d’anima-tions, même si celles-ci sont relativementsimples et pédagogiques. Il faut veiller àleur donner des explications à leur niveau,et s’assurer qu’ils ont bien compris. Pourconclure la leçon, il s’agira de trier les in-formations pertinentes qui constituerontla trace. C’est une chose clairement établieentre nous dès le début de l’année: la tracedes leçons est enregistrée soit dans le ca-hier, soit dans l’ordinateur , l’une desformes étant aussi légitime que l’autre.»-----

*ARGOS est un portail web pédagogique qui of-

fre, à travers un bureau virtuel personnel, l’ac-

cès à un ensemble d’outils et de ressources nu-

mériques. L’enseignant ou l’élève se connecte à

son espace numérique de travail depuis n’importe

quel ordinateur connecté à internet, à l’aide d’un

simple navigateur.

http://catice.ac-bordeaux.fr/fr/ent_argos.html

Une séance d’exercices classiques présen-tés sous une forme originale, qui permetaux élèves de travailler en autonomie età l’enseignant de moduler la difficulté enfonction du niveau de chacun.Les consignes sont un peu inattenduespour un début de cours de mathéma-tiques: «Vous ouvrez votre boîte à lettrespersonnelle, et vous lisez le message élec-tronique que je vous ai envoyé.» Devantmoi, Émilie, qui vient de récupérer sa mis-sive, ne cache pas sa surprise : « Il y amême mon nom!» Il s’agit pourtant biend’un devoir : la mission consiste à déve-lopper, puis réduire et ordonner une sé-rie d’expressions mathématiques.Pas le droit à l’erreur. «Monsieur, on doitvous répondre par mail ? – Oui. Et vouspouvez travailler directement dans votrelogiciel de messagerie. Ne cherchez pasà copier sur votre voisin: chaque messageest dif férent… Et je ne veux que desbonnes réponses: vous pouvez utiliser levérificateur d’égalité… » C’est à notretour d’être surpris: vérificateur d’égalité?«C’est le moyen pour les élèves de s’as-surer de l’exactitude de leurs réponses,nous apprend Denis Lescarboura: er-reur sur l’expression globale, sur lecalcul… C’est, au même titre que la cal-culatrice, un outil très intéressant, qui pro-cure la satisfaction du résultat juste. Il est

maintenant installé sur tous les ordina-teurs portables, à l’intérieur du module123Maths*.» Émilie tâtonne: fausse, saproposition s’affiche en rouge ; juste –Bingo! – elle vire au vert…Dans la classe.«N’hésitez pas à m’appe-ler si vous coincez trop longtemps sur uneéquation…» Le professeur passe de l’unà l’autre, commente, encourage: «AllezMarc, le but, c’est de finir… Tu perds dutemps parce que tu ne connais pas tesidentités remarquables!» Zélie demandeà quitter le cours parce qu’elle est malade.Le professeur: «L’exercice est sur ton or-dinateur. Quand tu iras mieux, tu pour-ras le finir tranquillement chez toi, puisme renvoyer le message.» Fin de cours. Fiers – presque surpris – d’en-trer de la sorte dans une relation épisto-laire directe avec leur professeur, lesélèves envoient leur copie. «C’est lapremière fois que j’utilise ainsi le publi-postage, nous indique Denis Lescar-boura. Une forme légère, et beaucoupplus personnelle que celle du documentdéposé sur le réseau. A vec quatre mo-dules d’exercices différents, j’ai pu faireen sorte que chaque élève soit amené àtravailler individuellement.»Le même, ouvrant sa boîte à lettresaprès la fin du cours : «Ah, j’ai reçuplein de messages!»-----

http://pedagogie.ac-amiens.fr/maths/123maths

/verif_bis.

15h, cours de mathématiques de Denis Lescarboura, avec une classe de 3e

UN MAIL DE MON PROF !

11h30, cours de sciences physiques de Sébastien Lochet, avec une classe de 3e

DE LA BOBINE À LA TURBINE

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En ce vendredi 12 septembre 2008,quelque 250 collégiens – et leurs ensei-gnants – ont un rendez-vous bien parti-culier au collège François Mitterrand, àSoustons: c’est aujourd’hui que va leurêtre remis leur nouvel ordinateur person-nel tout neuf. Alors, impatients?Mont-de-Marsan, jour J -1, 14h. De l’ex-térieur, c’est un banal entrepôt. À l’inté-rieur, on est frappé par une odeur deneuf. Pas le moindre rai de lumière dujour. Du sol au plafond, tout l’espace estentièrement occupé par des alignementsd’étagères métalliques chargées d’objetsnoirs, tous identiques. Magasin d’usine?Réserves d’une bibliothèque? Caverne duPère Noël? Le dépôt des ordinateurs des-tinés aux collégiens du département età leurs professeurs tient un peu de toutcela. Trois personnes s’y af fairent pourconditionner le lot qui sera distribué de-main. Chaque ordinateur est extrait deson rayonnage, et “bipé” (voir pagesuivante) avant de trouver place dansl’une des caisses soigneusement étique-tées au nom de leurs destinataires: “Sous-tons, 4e B”, “Soustons, professeurs”, etc.Soustons, jour J, 7h30. Sur le parking en-core désert du collège François Mitter-rand, un fourgon se gare, suivi par deuxvoitures : l’équipe chargée du déploie-ment des ordinateurs arrive à pied d’œu-

vre… Benjamin et Rahmona, les deux as-sistants d’éducation du collège, ne tarde-ront pas à venir la rejoindre. Le camionest déchargé en moins de temps qu’il n’enfaut pour le dire ; bientôt les caissesd’ordinateurs s’alignent contre le mur dela première des trois salles de classe ré-servées pour l’occasion. On en bousculel’organisation pour disposer les tables entrois files parallèles, sur lesquelles un pre-mier lot de 27 ordinateurs va trouverplace. Voilà, c’est fait. On s’interpelle :« Où est le switch? – Qui a le planning?»On s’active, dans une ambiance un peufébrile, euphorique et concentrée à lafois. On pourrait se croire dans les cou-lisses d’un théâtre, à quelques minutes duspectacle. Pas de temps à perdre: laprocédure de personnalisation de chaqueordinateur, qui suppose une connexionau réseau, prend un certain temps. Voilà(déjà) la sonnerie de fin du premiercours… « Ah, ça me rappelle mon en-fance…» Dernière vérification : chaqueordinateur est-il bien accompagné de soncâble réseau, et de son bloc d’alimenta-tion? « Ok, nous pouvons les envoyer ànos collègues d’à côté…»Dans la salle voisine, on se prépare à re-cevoir les élèves: les tables sont disposéesde manière à ménager une banque d’ac-cueil. Quatre personnes sont en train de

saisir les coordonnées de chaque élèvepour les enregistrer dans la base de don-nées, en regard du numéro de série del’ordinateur qui lui sera attribué. Le chefd’équipe vient rappeler les consignes :« Pas question de confier un ordinateurà un élève s’il ne vous présente pas un ca-denas de la bonne taille – pas un gros ca-denas “à vaches”, ni un trop petit, stylepoupée Barbie!»9h30. Dans le couloir, les élèves de laclasse de 4e B, accompagnés par leur pro-fesseur de français, rongent leur frein.« Vous pouvez entrer… » Ils s’avancentl’un après l’autre, yeux écarquillés. Tony,le premier sur la liste, se voit remettre…un document de prise en charge, avec laconsigne de vérifier attentivement qu’ilne contient pas d’erreur: « C’est bien tonnom, ton adresse, ton numéro de télé-phone? Tu devras faire signer ce formu-laire par tes parents et le rapporter au col-lège. » Tony exhibe maintenant un beau

cadenas flambant neuf: tout est en règle,il repart donc avec un ordinateur toutneuf dans les bras… et de la lumière dansles yeux. La distribution va maintenants’enchaîner avec fluidité. Quand tous sontservis, le groupe rejoint la salle de fran-çais. Arrive Marc : « Bonjour à tous. Jeviens de la part du Conseil général…» Si-lence. Ordinateurs fermés, les élèvesécoutent l’exposé des consignes d’utili-sation: « Vous êtes les premiers utilisa-teurs de ces ordinateurs, prenez-en biensoin. Vous disposez tous d’un casier, quidoit être toujours fermé à clé. Jamais plu-sieurs ordinateurs dans le même casier ,par mesure de sécurité. Aucun ordinateurne doit rester au collège le soir, ni le

week-end. Ne laissez jamais votre ordi-nateur sans surveillance. Ne vous en ser-vez pas dans le bus. Et surtout, veillez àne rien laisser entre l’écran et le clavier.Si votre ordinateur tombe en panne,adressez-vous à votre assistant d’éduca-tion. » Marc passe à la description des ac-cessoires : bandoulière, bloc d’alimenta-tion, câble réseau. «C’est bon, pour toutle monde?» Il en vient maintenant à uneprésentation sommaire de l’ordinateur,explique la fonction des différents portsde connexion: port USB, FireWire, entréeaudio, etc. Il montre le principe deconnexion: à gauche le réseau, à droitel’alimentation… Dans la classe, les doigtsfrémissent d’impatience; chacun écouteattentivement. Marc donne enfin l’auto-risation d’ouvrir la fermeture éclair . Ilpasse dans les rangs pour vérifier que toutle monde parvient à brancher ses câbleset à se connecter au réseau. La premièreaction consiste pour chacun à personna-liser son mot de passe: « Faites attentionde choisir un mot dont vous êtes sûrs devous rappeler – le nom de votre chien, lenom de jeune fille de votre grand-mère…» Devant moi, on en est déjà àl’exploration des menus déroulants. Lesyeux brillent, les exclamations fusent :« Trop bien, cet ordinateur!» L’envie d’ex-plorer toutes les potentialités de leur pre-mier ordinateur personnel est très forte.Driiing! Voilà (déjà) le moment de toutremballer et de sortir de la classe.10h30: C’est maintenant au tour desélèves d’une classe de 3 e de se presserdans le couloir. Pendant ce temps, dansla salle voisine, les professeurs viennentà tour de rôle à un rendez-vous, fixé se-lon un planning très minuté, pour échan-ger leur ancien ordinateur contre un nou-veau. Procédure identique. Les machinessont semblables à celles des élèves. Seuledifférence visible: le cordon décoratif dela housse, bleu, qui signale un contenuet des ressources logicielles spécifiquesaux enseignants. Ici, l’ordinateur est vi-siblement familier pour tout le monde,et chacun vient avec plaisir prendre livrai-son de ce nouvel appareil tout neuf, quiva l’accompagner durant les trois pro-chaines années. Et, si leur manière de l’ex-primer est plus sobre, la curiosité et leplaisir des adultes sont tout aussi mani-festes que ceux des adolescents: « Qu’est-ce qu’ils ont de mieux que les anciens, cesnouveaux ordinateurs ? – Un graveurDVD, la possibilité de lire les cartes pho-tos, plus de mémoire vive, un disque durd’une capacité nettement supérieure…– Et la wifi ? – Non, pour éviter que lesélèves puissent se connecter à internet àl’insu de leurs parents. »

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Cette année, grâce à l’importante logistique

mise en œuvre (trente-deux personnes réparties

en quatre équipes), il ne faudra que trois se-

maines pour déployer le parc complet de 8500

ordinateurs dans les 34 collèges publics du dé-

partement.

AUJOURD’HUIEST UN GRAND JOUR…

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Acheter 8 500 ordinateurs, avec leurhousse, leurs logiciels et leur contrat demaintenance pour trois ans n’est pas unacte tout à fait anodin. Ce marché publicencadré par procédure strictement codi-fiée suppose une instruction préalablelongue et précise. C’est également uneopération technique complexe qui amobilisé de nombr euses énergies, no-tamment en cette année scolaire 2008-2009, où l’on renouvelle l’ensemble desordinateurs.L’heure du choix. « Nous avons lancé l’ap-pel d’offres dès le mois de janvier 2008,explique Pierre-Louis Ghavam, chef duservice des TIC (Technologies de l’infor-mation et de la communication) auConseil général des Landes. Après ouver-ture des plis et vérification de leurconformité, nous avons pris le temps detester les différents modèles d’ordinateursqui étaient proposés, puis rédigé unenote technique d’évaluation pour chacun.La commission d’appel d’offres – compo-sée de sept élus du Conseil général – s’estalors réunie, et a retenu, parmi les douzemodèles d’ordinateurs proposés, celui dela marque Toshiba. L’un des plus puissantset le moins cher . » La première consé-quence de ce choix ne se voit pas forcé-ment à l’œil nu: par rapport à leurs “an-cêtres” déjà vieux de trois ans, les ordi-nateurs nouvelle génération ont pourtantune mémoire vive quatre fois plus impor-tante, et la capacité de leur disque dur aété doublée.Préparer les bagages. Une fois réglée laquestion du “hard” (le matériel), reste àtraiter celle du “soft” (les logiciels).Comprenez qu’un ordinateur sans res-sources immatérielles, c’est comme uneboîte à outils vide. La grande affaire dumois de mai sera donc de préparer le“master” – la matrice logicielle quiéquipe chaque ordinateur – différent se-lon qu’il est destiné à un élève de 4e, de3e, ou à un professeur . Trois types deconfigurations qui supposent à chaquefois l’installation des différents logicielset ressources pédagogiques – choisis, danschaque discipline, en fonction des de-mandes formulées par les professeursconcernés –, et la mise en place de l’ar-borescence de navigation. « Cette opé-ration fondamentale nous prend dutemps. D’autant plus que nous avons sou-haité guider les utilisateurs dans leur dé-couverte de la nouvelle interface, ainsique de tel ou tel logiciel, en leur propo-sant plusieurs “didacticiels” en vidéo(mode d’emploi sous forme de démons-tration). »Début juin, ces “masters” sont installés surdes ordinateurs témoins, et remis à la so-ciété Toshiba. Commence alors la phased’installation sur les ordinateurs portables.Cette opération a été confiée à la sociétéAlliance, dont l’usine est à Vendôme. « Parprécaution, nous avons préféré lancer une

“présérie” de douze exemplaires, et va-lider le bon déroulement de l’opérationde clonage. Mon premier voyage à Ven-dôme avait pour objectif de vérifier laconformité de cette procédure. Nous ysommes revenus plusieurs fois au cours del’été pour suivre l’évolution des opéra-tions. On imagine mal la nature de ce tra-vail, qui a mobilisé plusieurs équipespendant neuf semaines: sortir chaque or-dinateur de son carton, le poser sur unbanc, brancher la prise électrique et laprise réseau, lancer la procédure de“mastérisation”, coller les étiquettes,fixer scratches et velcros, glisser l’ordina-teur dans sa housse… gestes à répéter plusde 8500 fois, avant de reconditionner letout par palettes, pour une livraison finaoût à Mont-de-Marsan. »“Dépaléttiser”, “biper”, stocker, sécuriser.Dernière semaine d’août. Cent quinze pa-lettes chargées d’ordinateurs avec leurhousse sont livrées et entreposées dansun local sécurisé, quelque part à Mont-de-Marsan. Un gros travail de manuten-tion et d’organisation du stock com-mence: « Six intérimaires de la sociétéArès sont venus renforcer notre équipepour quinze jours, expliquent CathyGouzy et Xavier d’Aleo, deux membresdu service des TIC. Les ordinateurs arriventsur des palettes, conditionnés par cartonsde six. Nous devons les “dépaléttiser”, lessortir des cartons et les ranger dans lesrayonnages. » Oui. Mais pas n’importecomment! Il faut tout d’abord les “biper”pour les faire entrer dans l’inventaire,avec un lecteur de code-barres sembla-ble à ceux utilisés aux caisses des super-marchés: « Chaque machine se distinguepar un numéro de série unique créé parle fabricant, indispensable pour le suivi.Avant la livraison, nous recevons un lis-ting de tous les numéros de série des or-dinateurs ; nous importons ce listingdans notre base de données, et au mo-ment de la prise en charge des ma-chines, nous validons chaque numéro. S’ilvenait à manquer un ordinateur, nous lesaurions ainsi immédiatement. »Les portes de l’entrepôt refermées, quinous dira si les ordinateurs qui attendentsagement dans le noir, bien alignés surleurs étagères, font des paris pour savoirqui tombera entre les mains d’un garne-ment bagarreur, d’une jeune fille bonneélève (ou l’inverse), ou encore d’un pro-fesseur d’anglais féru d’informatique? Àdire vrai, nous n’avons pas réussi à les in-terroger sur ce point.

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ci-contre de haut en bas :

– usine Toshiba, en Chine,

– mise en place du “master” dans les locaux

de la société Alliance, à Vendôme,

– enregistrement des numéros de série

de chaque ordinateur dans la base de données

du Conseil général,

– stockage des ordinateurs portables

à Mont-de-Marsan.

Logistique

COMPTE À REBOURS

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Au Conseil général des Landes, où l’opé-ration « un collégien, un ordinateur por-table » s’est construite sans modèle préa-lable, on a dû développer “sur le tas” denouveaux savoir-faire, inventer et peau-finer des méthodes et une organisationdont se sont inspirées d’autres collecti-vités désireuses de conduire des opéra-tions semblables.Au service des technologies de l’informa-tion et de la communication (TIC), c’estune petite équipe de six personnes quiassure depuis le début la logistique del’opération « un collégien, un ordinateurportable ». Cathy Gouzy et Xavier d’Aleo,deux membres du service des TIC, en té-moignent avec simplicité : « Cette opé-ration “ordinateurs portables”, c’est unpeu notre bébé. Nous avons embarquétrès tôt dans l’opération, et aujourd’huiencore, nous sommes très impliqués.Nous assistons à tous les comités de pi-lotage, nous participons aux réunionstechniques avec les représentants des au-tres conseils généraux qui souhaitents’engager dans des démarches sembla-bles à la nôtre. C’est un projet fabuleux!Les collégiens landais sont vraiment desprivilégiés ; nous aurions aimé pouvoirdisposer de ces outils, à leur âge. »Où est donc passée Mirza? Depuis le dé-but de l’opération, on a dû inventer desréponses aux multiples questions qui necessent de se poser concrètement. À com-mencer par celle de la “traçabilité”: « Dès2001, nous avons fait développer un lo-giciel spécifique, que nous perfection-nons régulièrement, pour conserver latrace de tout l’historique de la vie dechaque machine. Nous savons ainsi, àtout moment, que tel ordinateur a étéattribué tel jour à telle personne, qu’il aeu telle panne, qu’il a été restitué tel jour,etc. Ce qui nous permet de tenir un in-ventaire précis. Si un ordinateur estvolé, ou hors d’usage, nous le retireronsde l’inventaire. De même, avant de ven-dre un lot d’ordinateurs en fin de cycle,nous les réformons. Nous tenons de lamême manière un inventaire précis detout le matériel fixe: il faut se représen-ter que le nombre de tableaux interac-tifs, de vidéoprojecteurs, d’imprimantes,de scanners, de graveurs, etc., en servicedans chaque collège, est pour nousmultiplié par 34 (bientôt par 35). Nousgérons ainsi près de 12000 objets. C’estassez colossal!» Pour autant, les supportstraditionnels n’ont pas perdu toute uti-lité : « Toutes les archives “papier” liéesaux ordinateurs (conventions de prise encharge, déclarations de vol à la gendar-merie et aux assurances, etc.) sont clas-sées et conservées pendant cinq ans…Tout cela nous prend deux grandes ar-moires pour l’année en cours !»Par ailleurs chaque appareil informatique(imprimante, v idéoprojecteur, vi suali-seur, tableau interactif) est soigneuse-

ment équipé avant son installation dansle collège, en prévention d’une éven-tuelle tentative d’appropriation fraudu-leuse: « Nous fixons des plaques antivol,référencées dans une base nationale, surtous les matériels fixes. Nous venons ainside recevoir deux cents visualiseurs, ce quiveut dire deux cents plaques antivol à col-ler, et deux cents inscriptions dans la basede données. »Dans chaque collège, les assistants d’édu-cation, en liaison permanente avec le ser-vice TIC du Conseil général, signalent lamoindre panne. Si les réparations sontassurées dans le cadre d’un contrat demaintenance – en général par la sociétéqui a fourni le matériel –, on ne s’en dés-intéresse pas pour autant, et chaque casest suivi de très près. S’il s’agit d’un vol– ou, cas très rare, d’une dégradation vo-lontaire –, on veille à ce que les dé-marches auprès de la gendarmerie et desassurances concernées soient bien enga-gées par les parents.De septembre à septembre. « Nous avonsnotre vocabulaire…» Xavier d’Aléo an-nonce la couleur avec un petit sourire,avant de dévoiler ce qui se cache derrièreles mots “déploiement”, “visite du parc”,“restitution” ou “traitement été”… Sai-son après saison, ici, on se cale sur lerythme scolaire. Les opérations de déploie-ment mobilisent l’équipe “portable” duservice TIC de fin août au début du moisd’octobre. On profite de la période quisuit, généralement plus calme, pour effec-tuer des travaux lourds de maintenance:l’an dernier, par exemple, tous les serveursdes collèges ont été changés. En prévisionpour cette année : le renouvellementdes onduleurs (qui maintiennent les ser-veurs sous tension en cas de coupured’électricité). C’est aussi dans cette périodeque sont installés les nouveaux tableauxinteractifs. À partir de janvier commencela préparation de la “visite du parc”: cour-rier aux principaux de tous les collèges,planning… « Nous avons remarqué quecertains élèves, pour des raisons diverses,ne font pas la démarche de signaler unepanne. Ils préfèrent continuer à utiliserleur ordinateur avec un écran défec-tueux, par exemple. C’est donc pour évi-ter d’avoir trop de réparations à faire enmême temps pendant l’été que nous vi-sitons systématiquement chaque collègepour tester tous les ordinateurs. Cela nousprend deux mois. » Avec, on s’en doutebien, quelques surprises à la clé… « Unjour, un élève gardait son ordinateurfermé. Quand nous avons soulevé le ca-pot, n ous a vons d écouvert u n c laviercomplètement dépouillé de ses touches…Inutilisable! L’élève, penaud, nous a ex-pliqué qu’il avait démonté chaque touche,une par une. »Après les vacances de Pâques, il esttemps d’organiser la restitution du ma-tériel attribué aux élèves: récupérer les

Une année, au service des TIC

L’ENVERS DU DÉCOR7500 ou 8 000 ordinateurs en quinzejours suppose, à nouveau, la mise en œu-vre d’une logistique relativement lourde.Et à partir de la mi-juin, c’est la saison du“traitement été”, qui consiste à diagnos-tiquer toutes les machines, isoler cellesqui sont défectueuses pour les réparer,et “remastériser” l’ensemble. Un traite-ment qui va occuper le service des TICpendant tout l’été, au rythme minimalde 200 ordinateurs par jour.Et voilà déjà la prochaine rentrée quis’annonce!-----

QUE DEVIENNENT LES ORDINATEURS

AU BOUT DE TROIS ANS?

Ils ne sont bien évidemment pas jetés à la pou-

belle! Ils sont revendus «aux meilleurs intérêts »

du Conseil général, en un lot unique et selon une

procédure de marché public de type enchères:

celui qui propose le meilleur prix remporte le

lot (il n’y a pas de vente aux particuliers, ni à des

organismes ou associations, sauf s’ils se portaient

acquéreurs de la totalité du lot). Les sociétés qui

les rachètent les reconditionnent pour les écou-

ler sur le marché de l’occasion, en France ou à

l’étranger : les ordinateurs qui sont cassés ser-

vant de base de pièces détachées pour réparer

les autres.

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LES CHIFFRES 2008-2009

8420 ordinateurs portables déployés

– 3 278 élèves de 3 e répartis dans 135 classes,

– 3 913 élèves de 4 e répartis dans 156 classes,

– 50 élèves d’UPI répartis dans 5 classes,

– 1219 enseignants,

– 125 administratifs,

– 40 assistants d’éducation,

518 vidéoprojecteurs déployés,

279 tableaux interactifs,

96 visualiseurs numériques,

138 scanners-numériseurs,

34 serveurs pédagogiques d’établissement,

34 plateformes de sécurité,

68 onduleurs,

349 imprimantes laser noir et blanc,

98 imprimantes laser couleur,

68 appareils photos numériques,

1268 clefs USB,

34 disques durs externes,

331 lecteurs de disquettes externes…

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UN COLLÉGIEN,UN ORDINATEUR PORTABLE…Si l’on en croit le diagnostic de l’Agence Aqui-

taine Europe Communication, les collèges lan-

dais sont les plus informatisés de la région, avec

3,2 élèves par ordinateur. C’est naturellement

un des effets de l’opération “un collégien, un

ordinateur portable”, menée depuis 2001 par

le Conseil général, qui conduit au prêt d’un or-

dinateur à tous les collégiens de 3e et 4e et à tous

les enseignants. En parallèle, le Conseil géné-

ral a également câblé toutes les salles et déve-

loppé les équipements collectifs des collèges (or-

dinateurs fixes, vidéoprojecteurs, tableaux in-

teractifs, etc.). Il s’est aussi attaché à la mise à

disposition des ressources éducatives (logiciels,

ressources pédagogiques, manuels numériques,

abonnements à des banques de vidéos France

5 et INA…), à nouer des partenariats avec les en-

seignants et les instances académiques afin de

promouvoir la formation et l’utilisation des ou-

tils informatiques dans l’enseignement. Enfin,

il assure le soutien technique dans les collèges

en finançant l’embauche par les collèges de la

moitié des assistants d’éducation. Près de

32000 élèves ont bénéficié de cette opération

depuis septembre 2001.

EN CONNEXION #12une publication

du Conseil général des Landes

23, rue Victor Hugo

40025 Mont-de-Marsan Cedex

Tél. : 05 58054113

www.landes.org

www.landesinteractives.net

Contact : [email protected]

Directeur de publication :

le président du Conseil général

Rédacteur en chef :

Pierre-Louis Ghavam

Design éditorial,

reportages, enquête visuelle :

presse papier

Marie Bruneau, Bertrand Genier

Photographie de couverture :

Vincent Monthiers

Relecture :

Hélène Baron

Impression :

BM / F-33610 ZI Canéjan

Dépôt légal : 4e trimestre 2008

Ce document est imprimé

dans une imprimerie Imprim’vert

avec des encres végétales

sur du papier Cyclus Print 100 % recyclé

à partir de fibres issues de la collecte sélective

(invendus, déchets d’impression, etc.)

et blanchi sans utilisation de chlore,

lui-même biodégradable et recyclable.

Depuis les débuts de l’opération “un col-légien, un ordinateur portable”, un comitéde pilotage, instance paritair e compre-nant des représentants de l’Éducation na-tionale et du Conseil général des Landes,se réunit régulièr ement pour abor dertoutes les questions pratiques liées à samise en œuvre. Ce comité est constituédes c onseillers g énéraux c hargés d el’Éducation et des Tice (Technologies del’information et de la communicationpour l’éducation), des représentants desprincipaux de collèges et des ensei-gnants, de l’inspection académique desLandes, du délégué académique des Ticedu rectorat de Bordeaux, ainsi que desmembres des services “ad hoc” du Conseilgénéral. La dernière réunion en date s’esttenue le jeudi 30 mai dernier à Mont-de-Marsan, sous la présidence de M. Jean-Pierre Dalm, conseiller général, et deMmeFrancius, inspectrice d’Académie.Bref compte rendu. En ouverture, M.Dalm précise que cetteséance sera l’occasion de faire le point surle fonctionnement de l’opération. Vien-dra ensuite l’examen d’une propositiondu Conseil général pour alléger le poidsdes cartables des collégiens et, pour finir,les questions liées au déploiement des or-dinateurs à la rentrée de septembre.Mme Francius: « Ce que j’ai vu ici va bienau-delà de ce qui se passe dans les autresdépartements. Mais si avoir des outils, c’estbien, encore faut-il qu’il y ait de bonsusages! Il faut donc voir, par rapport aubilan établi l’an dernier , comment leschoses ont évolué…»B2i. M. Pierre Lacueille, IA-IPR, déléguéacadémique aux Tice: « Pour évaluer l’im-pact de l’opération “un collégien, un or-dinateur portable”, nous disposons d’unpremier indicateur : le B2i (Brevet infor-matique et internet). Et comme cette an-née le B2i est devenu obligatoire, nousavons donc des données statistiques fia-bles: au 19 mai, les Landes sont largementau-dessus des autres départements avec77 % des élèves ayant validé le B2i (64 %pour les Pyrénées-Atlantiques, 62 % pourla Gironde, 53 % pour la Dordogne,40 % pour le Lot-et-Garonne) […] Et sur-tout, alors que dans les autres départe-ments, ce sont essentiellement les profes-seurs d e t echnologie q ui v alident l esitems, dans les Landes, leurs collègues desautres disciplines y contribuent largement(34 % pour la technologie, 9,6 % pourl’histoire et la géographie, 7,7 % pour laphysique-chimie, 7,1 % pour la documen-tation; les mathématiques sont à 6,8 %,les SVT à 6,4 % et l’espagnol à 5,6). Loinde moi l’idée de regretter que les profes-seurs de technologie valident le B2i,mais ces chiffres montrent bien que le faitd’équiper chaque collégien, et surtoutchaque enseignant, d’un ordinateur por-table a produit des résultats très satisfai-sants: la situation du B2i dans les Landesest sans doute l’une des meilleures en

France, avec toutefois des disparités im-portantes d’un collège à l’autre. »Usages. M. Robert Louison, professeurd’espagnol, coordonnateur -formateurdes enseignants, présente à son tourune enquête réalisée auprès de profes-seurs ressources visant à évaluer l’usagedes Tice toutes disciplines confondues :« Les enseignants se déclarent très satis-faits des différents outils numériques. Ilssont 85 % à apprécier le matériel, 75 %la formation dont ils ont bénéficié, 85 %l’efficacité pédagogique, 75 % l’attitudedes élèves. »Visualiseurs. M. François-Xavier Benusi-glio, directeur de l’éducation au Conseilgénéral des Landes : « Les pratiques pé-dagogiques utilisant des outils de visua-lisation collective se sont développées bienplus vite que l’utilisation, en classe, des or-dinateurs portables par les élèves – nousavons, par exemple, eu beaucoup de de-mandes de vidéoprojecteurs. Cette année,nous avons également expérimenté unoutil qu’on appelle “visualiseur”: c’est unesorte de petite caméra numérique qui per-met d’observer ce qui est devant l’objec-tif, et de transmettre cette image vers unordinateur ou un vidéoprojecteur. Les pro-fesseurs de SVT ont beaucoup apprécié:c’est un peu l’épiscope des temps mo-dernes… Et nous avons pensé que l’onpourrait, à l’aide de cet outil, dispenser lesélèves de transporter leurs manuels sco-laires: nous étudions l’hypothèse d’équi-per toutes les salles de classes de vidéo-projecteurs et de visualiseurs, en contre-partie de l’engagement des conseils d’ad-ministration des collèges en faveur d’unplan de prévention sur le poids des car-tables – les enseignants pouvant facile-ment projeter au tableau les pages desmanuels scolaires, les élèves n’aurontplus besoin de les apporter au collège.»M. Pierre-Louis Ghavam, chef du serviceTIC (Technologies de l’information et dela communication) du Conseil général faitalors une démonstration d’utilisation duvisualiseur en le reliant soit directementau vidéoprojecteur , soit à un ordina-teur: « Depuis l’ordinateur, je peux réglerle zoom, la luminosité, faire des capturesd’images, enregistrer des séquences en vi-déo, le tout avec une très bonne qualitéd’image…»En Connexion. Pour répondre à unequestion à propos d’En Connexion, M. Be-nusiglio r appelle q ue c e j ournal n es’adresse pas spécifiquement aux collé-giens mais qu’il obéit à une triple logique:« Le Conseil général mène une opérationcoûteuse, en termes de finances pu-bliques, il y a donc une obligation de re-tour. Et en présentant la qualité de cer-taines pratiques, nous espérons susciterune émulation entre les enseignants.Quant au troisième objectif, il s’agit demontrer aux familles, qui sont aussi descontribuables, l’intérêt de cette opérationdu point de vue pédagogique.»

Huit ans après les débuts de l’opération « un col-

légien, un ordinateur portable », le Conseil gé-

néral des Landes a décidé de lancer une enquête

en vraie grandeur. Collégiens, parents, profes-

seurs, personnels d’encadrement des collèges,

vous êtes tous concernés.

Comprendre, pour décider. C’est le fondement

de la démarche. « Il est normal de savoir si les

investissements consentis sont validés par la réa-

lité des usages, explique Pierre-Louis Ghavam,

chef du service TIC (Technologies de l’informa-

tion et de la communication) du Conseil géné-

ral. En huit ans, les choses ont beaucoup

changé: quand nous avons démarré, en 2000-

2001, le prix d’un ordinateur portable variait en-

tre 1700 et 2000 €. De nos jours, on en trouve

à partir de 250€. On sait maintenant que 90%

des familles ayant un enfant scolarisé en collège

ou au lycée disposent d’un ordinateur à la mai-

son. » Comment accompagner ce type d’évolu-

tion? Autant de questions, surgies de la pratique,

qui demandent réflexion approfondie.

Comprendre suppose donc de connaître. Mais

ce n’est pas si simple, nous confie encore Pierre-

Louis Ghavam : « L’Éducation nationale suit

naturellement cette opération, mais à une plus

petite échelle. Non par mauvaise volonté, mais

parce qu’il y a plus de 500 collèges en Aquitaine;

les inspecteurs ne peuvent pas être partout! Les

évaluations menées par les corps d’inspection en

2002 et en 2003 ont porté sur sept établisse-

ments. L ’année dernière, le rectorat nous a

conviés à quelques visites de collèges où nous

avons rencontré des parents, des élèves, des en-

seignants… Mais elles n’ont concerné que trois

établissements. Or, nous en avons trente-quatre.

Pour avoir une vue d’ensemble, nous avons lancé

une procédure d’appel d’offres, à l’issue de la-

quelle la société TNS Sofres a été choisie pour

mener une enquête sur les usages des outils nu-

mériques dans les 34 collèges landais. »

Papier, ou numérique? Collégiens, parents,

professeurs, personnels d’encadrement des col-

lèges, vous êtes tous concernés par cette en-

quête. Vos avis, vos suggestions sont précieux.

Vous êtes donc invités à répondre au question-

naire largement diffusé par l’intermédiaire de

chaque collège, sur papier ou sur internet. Libre

à chacun de choisir le support qui lui convient

le mieux.

La synthèse de vos réponses permettra d’établir

la trame d’une deuxième phase de l’enquête,

dite “qualitative”. Les enquêteurs visiteront alors

dix collèges, et conduiront environ quatre-

vingts entretiens approfondis. Le résultat de ce

travail sera présenté à la fin de l’année scolaire

aux élus ainsi qu’au comité de pilotage de l’opé-

ration « un collégien, un ordinateur portable».

On pourra le consulter sur le site www.landesin-

teractives.net.

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Institutionnel

COMITÉ DE PILOTAGEEnquête

VOTRE AVIS NOUS INTÉRESSE !