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EN GROUPES TOUTES ! Les clés de la réussite

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L’échéance du 1er janvier 2013, avec son obligation règlementaire de mettre les truies gestantes en groupes, arrive à grands pas. Vous avez choisi votre système de logement, vous êtes bientôt prêts à débuter les travaux. Voici quelques conseils pour vous aiderlors de la mise en groupes.

TRUIES : EN GROUPES TOUTES !

Les clés de la réussite

Préparation de la 1ère miseen groupes

Les travauxLa période de travaux est stressante pour les hommes mais aussi pour les truies. Les travaux peuvent se dérouler dans des contextes bien différents. Dans le cas d’une construction neuve, ou de la transformation d’un bâtiment autre que celui où les truies sont logées, (par exemple un engraissement) en bâtiment gestantes en groupes, la gestion des truies est facilitée (celle des porcs char-cutiers ne l’est pas !). Dans le cas de la rénovation d’un bâtiment gestantes bloquées, même si les travaux se font tranche par tranche, les truies doivent être à un moment ou à un autre logées ailleurs (en engraissement, silo couloir, site extérieur …).

• Bien planifi er les étapes de construc-tion et les mouvements d’animaux associés,

• Exploiter au maximum les salles de maternité, en entrant les truies plus tôt en maternité si la conduite le permet,

• Se libérer du temps pour faire les tra-vaux et accompagner les truies lors de

la transition. Pensez à recourir à de la main-d’œuvre extérieure si possible, afi n de limiter au maximum la durée de cette période. Ne pas sous-estimer le temps que vous prendront les tra-vaux, ni le temps pour adapter et sur-veiller vos truies (surveillance et ges-tion des truies à sortir des groupes,…), en particulier pour le système DAC où il faut souvent aider les truies à apprendre le fonctionnement des sta-tions d’alimentation.

Le troupeauLa première mise en groupes des truies est source importante de perturba-tions. Les truies perdent leurs repères. Des retours et des avortements sup-plémentaires sont ponctuellement observés. Mais tout revient dans l’ordre rapidement.• Anticiper le renouvellement pour

réformer en priorité les vielles truies (à partir du rang de portée 7). Les truies plus âgées s’adaptent parfois plus diffi cilement à la vie en groupes (truies lourdes dont les aplombs sont insuffisants, truies réfractaires au DAC …) ,

• Prévoir 5 % de truies en plus à mettre à la reproduction,

• Pour le transfert des truies dans leur groupe de gestantes, éviter la mise en groupes à une période sensible de la gestation, entre 7 et 21 jours. Préférer la mise en groupes à 28 jours, après échographie,

• Echographier une seconde fois, vers 45 jours, pour éviter des truies vides en maternité.

La gestion de l’alimentation et de l’abreuvement

Une fois les travaux réalisés dans votre élevage, vous aurez à adapter votre conduite à la gestion de petits ou grands groupes, ce qui peut vous demander 6 mois ou un an d’adaptation. Le loge-ment en groupes des truies induit une compétition alimentaire plus ou moins forte selon les équipements choisis, que vous aurez à gérer. Elle est une source de stress important pour les animaux et peut nécessiter la mise à l’écart de quelques truies.

• L’allotement en petites casesL’allotement est indispensable pour limiter la compétition alimentaire et donc l’apparition d’une hétérogénéité de

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La maîtrise de l’abreuvement est un facteur de réussite de la conduite des truies en groupes.

Limiter la compétition alimentaire est essentielle avec des truies en groupes.

l’état des truies. Un allotement rigou-reux est réalisé en fonction du rang de portée, du gabarit et de l’état d’en-graissement. L’allotement doit prévoir au minimum trois groupes par bande, cochettes à part. Pour l’allotement des premières bandes, la mesure de l’épais-seur de lard dorsal (ELD) sur toutes les truies est une aide précieuse pour "se faire l’œil". Refaire régulièrement des ELD permet d’alimenter les truies selon leurs besoins et prévenir les dérives.

• Transfert des truies en salle gestantesMettre un peu d’aliment dans les auges pour garder les truies dans la case pen-dant le transfert des autres. Envoyer les truies rapidement les unes à la suite des autres en ayant préparé les groupes à l’avance. L’aliment calme aussi les truies.

•Remettre en état les truies en verraterieSi les truies sont bloquées en verraterie, profi ter de cette période pour remettre les truies en état et homogénéiser le troupeau. Privilégier un plan d’alimen-tation en "U" prévoyant une distribution élevée en début de gestation pour la remise en état, en fi n de gestation pour le poids de portée et un apport alimen-taire réduit en milieu de gestion pour limiter la consommation annuelle.

• Condamner la place supplémentaire à l’augeEn alimentation soupe, lorsqu’une truie est sortie d’une case, la place supplé-mentaire à l’auge crée un déséquilibre. Les truies vont vouloir s’alimenter dans la place supplémentaire, ce qui crée de nombreux déplacements à l’auge

pendant les repas. Il est intéressant de condamner cette place supplémentaire avec un bloc de béton équipé d’une poi-gnée pour éviter que la soupe soit pré-sente dans cette place libre.

• 1 repas par jourDans les petites cases avec bat-fl anc, passer de 2 repas à un seul par jour peut aider à limiter la compétition ali-mentaire entre truies. Deux repas sont cependant préférables lorsque cer-taines truies du troupeau ont une ELD un peu faible (inférieure à 15 mm).

• L’abreuvementLes truies doivent règlementaire-ment "avoir un accès permanent à de l’eau fraîche". Dans le cas d’une ali-mentation en soupe, des repas d’eau doivent être distribués de telle façon que l’auge contienne un peu d’eau rési-duelle. La maîtrise de l’abreuvement est un facteur de réussite important de la conduite en groupes des truies. Les quantités d’eau doivent être modulées : ni trop, pour éviter des sols humides, ni trop peu, pour assurer la santé des truies (de l’ordre de 14 litres/jour en hiver et 16 litres/jour en été). Des comp-teurs à eau, bien adaptés aux débits et bien installés (compteurs de classe C, posés à l’horizontale avec au moins 1 m de tuyau en ligne droite avant l’arrivée au compteur) permettront de connaître et contrôler les quantités distribuées.

• Enrichissement de l’alimentation Pour les truies gestantes et les cochettes en quarantaine, l’alimentation peut être enrichie en vitamines et oligo-éléments (apport de zinc, manganèse, cuivre, biotine, acide folique, vitamines

E-sélénium principalement) pour ren-forcer les onglons avant et pendant la mise en groupe.

La gestion du sol

La maîtrise de la ventilation est pri-mordiale pour maintenir la tempéra-ture dans le bâtiment. Il est important d’avoir une bonne entrée d’air pour que l’air froid se mélange suffi samment à l’air de la salle et n’arrive pas directe-ment sur les truies. Respecter le débit minimum de 25 m³/h/truie par temps froid pour conserver le maximum de chaleur dans la salle.

Le sol doit être sec, d’autant que les truies se déplacent plus et quelquefois se bagarrent. Les agressions peuvent entraîner des problèmes d’aplombs, surtout si le sol glissant ne permet pas une adhérence suffi sante des onglons.L’humidité et les défauts d’hygiène des sols favorisent la multiplication des bactéries et la contamination des pieds. Eviter les caillebotis usés, source de blessure des pieds pour les animaux.• En cas de sol humide, refaire un dia-

gnostic de ventilation pour vérifi er les débits et le circuit d’air,

• Mettre de l’asséchant sur le sol le jour du transfert en gestantes, pour éviter les glissades.

• Surveiller la température du bâti-ment : la température minimale recherchée dans le bâtiment est de 18 ° C. Bien régler la ventilation et chauffer si nécessaire.

• Surveiller la croissance des onglons. Des onglons supplémentaires trop

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Les sols doivent être propres et secs pour éviter les glissades et blessures des pieds..

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Les bagarres entre truies sont inévitables pour la mise en place de la hiérarchie.

longs sont le signe d’infl ammations. Ces onglons fi nissent par se casser et provoquer des panaris. Couper les onglons supplémentaires à la pince est possible.

• Caillebotis neufs : appliquer scrupu-leusement la procédure de neutrali-sation (ci-après) pour éviter les pro-blèmes de pattes.

Procédure de neutralisation des caille-botis neufs : le béton frais non neutra-lisé est très basique (pH 12), il attaque le pied des truies (sole et talon). La neu-tralisation doit être réalisée juste après la pose des bétons et avant la pose des murs (il n’y a pas encore de parties métalliques et le béton est bien propre). La procédure est la suivante : rincer les bétons à grandes eaux, puis arroser le sol avec de l’eau vinaigrée. Pour cela, diluer 1 l de vinaigre dans 10 l d’eau, ce volume est suffi sant pour 20 m² de sol. Attendre 1 à 2 heures puis rincer le sol à l’eau. Cette neutralisation doit être faite au moins 10 jours avant l’arrivée des animaux.

Trucs et astuces pour limiter les bagarres

Les truies qui ont toujours vécu en stalles bloquées se bagarrent assez fortement lors de leur première mise en groupe. Les bagarres sont moins fortes pour les mises en groupe sui-vantes. Les bagarres durent quelques heures, pour la mise en place de la hié-rarchie. Si vous constatez toujours des bagarres après 48 h, il y a sans doute un problème d’accès à l’aliment, de zone

de couchage inconfortable, de truie agressive …

Voici différentes astuces pour limiter l’agression entre les animaux :

Favoriser le calme des animaux• Distribuer un repas aux truies dès

l’arrivée en gestante. Leur première activité sera de s’alimenter. Les truies rassasiées, les bagarres sont un peu moins intenses. Eviter tout de même des repas trop volumineux qui pour-raient entraîner des torsions du tube digestif.

• Doucher les truies avant la mise en groupes.

• Eteindre la lumière dans le bâtiment, transférer les truies en fin de jour-née, les truies sont plus calmes à l’obscurité.

• Pour la 1ère mise en groupes, si le trou-peau est un peu nerveux, des produits vétérinaires à base de phéromones peuvent être utilisés, elles calment les animaux (une pulvérisation par animal sur les murs avant la mise en groupes).

Favoriser la stabilité du groupe• Alloter dès la verraterie : les truies qui

iront ensemble en gestantes sont côte à côte en verraterie.

• Noter les numéros des truies en cases gestantes pour les remettre ensemble à la gestation suivante. Les truies ont une bonne mémoire et se recon-naissent après un mois en maternité.

Masquer l’odorat • Les truies ont une mauvaise vue, mais

elles possèdent un très bon odorat. La reconnaissance entre les animaux se fait principalement par l’odorat.

Masquer les odeurs avec un antipa-rasitaire externe permet de réduire dans un 1er temps les agressions lors des mélanges d’animaux.

Dans tous les cas, être présent pendant l’heure qui suit le mélange pour véri-fi er qu’une truie n’est pas trop agressée par ses congénères. Dans les jours qui suivent, détecter les truies qui s’amai-grissent ou qui sont blessées, elles seront à isoler. Prévoir pour ces ani-maux 2 à 5% de places en plus en case d’infi rmerie.

La maîtrise sanitaire du troupeau

La conduite des truies en groupes modifi e la circulation des contaminants (virus, bactéries, parasites …) dans le cheptel reproducteur. La vermifugation régulière et le déparasitage externe de l’ensemble du troupeau sont à prévoir. Pour une bonne maîtrise sanitaire, par-lez-en avec votre vétérinaire conseiller. Le plan de prophylaxie vaccinale sera à adapter au statut sanitaire de votre élevage. Les truies en groupes sont souvent plus sales que des truies bloquées, un lavage des truies avant l’entrée en maternité est alors important.

Un troupeau confiant

Avec des truies en groupes, la "domes-tication" prend toute son importance. Les interventions (vaccinations) et les

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Avec un prolongateur, les animaux peuvent bouger, l’aiguille reste en place.

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Prenez le temps d’apprivoiser vos cochettes, elles s’en souviendront !

déplacements sont plus faciles avec des animaux confi ants. • Prendre le temps d’apprivoiser ses

cochettes en quarantaine (ne pas for-cer le contact, prendre le temps de les caresser). Ne pas aller les voir uni-quement pour les vacciner.

• Utiliser un prolongateur pour les vac-cinations, les animaux peuvent alors bouger sans être blessés par l’aiguille. Les vaccinations sont mieux faites : vous avez le temps de piquer puis d’injecter le produit.

• Les truies ont besoin d’un temps d’adaptation à leur nouvel environ-nement. Leur laisser du temps pour trouver leur place à l’auge ou accéder au Dac.

• Rester soi-même calme et confi ant. Les truies ressentent votre stress, ce

qui risque de les rendre fuyantes et craintives.

Subventions

Des subventions peuvent être accordées pour la mise aux normes "bien-être"des élevages de porcs. Le taux est de 20 % de l’investissement plafonné à 200 €/truie et 50 000 €/élevage. La demande de subvention doit être déposée à la DDT(M). L’éleveur ne peut démarrer les travaux qu’après réception de l’ac-cord de subvention, que la DDT(M) doit envoyer dans les 6 mois après récep-tion du dossier. Pour obtenir les subven-tions, les travaux doivent être réalisés

au plus tard le 31 décembre 2012, avec des factures acquittées.

La période de transition entre des truies bloquées et des truies en groupes se passe généralement bien. Les truies en groupes sont très calmes, elles sont plus musclées et se déplacent facile-ment. Les éleveurs sont plutôt satisfaits de leur troupeau dont les performances sont équivalentes à celles de truies bloquées.

Bon passage aux truies en groupes !

Marie-Estelle CaillePôle porc-aviculture

[email protected]

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Pour plus d’informations :

Des interventions en groupements et des visites de la station de Guer-nevez (29) vous permettront de dis-cuter de tous les points de conduite des truies en groupes. N’hésitez pas à nous solliciter !

Les truies ressentent votre stress, ce

d’informations :