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En montagne, pensez au câble aérien ! Un quart de la surface forestière française se situe sur des pentes supérieures à 30%, difficilement accessibles aux engins d’exploitation forestière. La ressource forestière y est importante mais de nombreux facteurs pénalisent l’exploitation en zone de montagne : forte pente, manque de routes et pistes, peu de place de stockage des bois, zones rocheuses (falaises, éboulis, ravins), climat rude (neige, longues périodes pluvieuses)… Dans ce contexte les engins doivent travailler depuis les pistes existantes. Le réseau de desserte du massif forestier est déterminant dans le choix du système d’exploitation à mettre en place. Le débardage par câble aérien est une méthode utilisée de façon traditionnelle en montagne depuis très longtemps. Cette technique connaît aujourd’hui un regain d’intérêt avec l’amélioration du matériel. La tendance actuelle au transfert du façonnage des bois de la coupe vers la place de dépôt permet de diminuer la pénibilité du travail du bûcheron dans la pente et éventuellement de récupérer les réma- nents pour le bois énergie. La combinaison « câble mât + machine de bûcheronnage » est efficace et adaptée à l’exploitation en montagne. Le débardage par câble aérien est un système moderne efficace et moins agressif que le débar- dage terrestre, notamment pour les sols, tout en étant complémentaire des systèmes tradition- nels (porteur, skidder). Le câble aérien en France : 15 à 20 entreprises spécialisées dont 8 dans les Alpes. Environ 100 000 m3 récoltés chaque année, soit 0,2 % de la récolte nationale. Environ 50 000 m3 Rhône-Alpes, soit 5 % de la récolte. Une technique de débardage moderne et respectueuse de l’environnement

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Page 1: En montagne, pensez au câble aérien !

En montagne, pensez au câble aérien !

Un quart de la surface forestière française se situe sur des pentes supérieures à 30%, dif�cilement accessibles aux engins d’exploitation forestière.La ressource forestière y est importante mais de nombreux facteurs pénalisent l’exploitation en zone de montagne : forte pente, manque de routes et pistes, peu de place de stockage des bois, zones rocheuses (falaises, éboulis, ravins), climat rude (neige, longues périodes pluvieuses)…

Dans ce contexte les engins doivent travailler depuis les pistes existantes. Le réseau de desserte du massif forestier est déterminant dans le choix du système d’exploitation à mettre en place.

Le débardage par câble aérien est une méthode utilisée de façon traditionnelle en montagne depuis très longtemps. Cette technique connaît aujourd’hui un regain d’intérêt avec l’amélioration du matériel.

La tendance actuelle au transfert du façonnage des bois de la coupe vers la place de dépôt permet de diminuer la pénibilité du travail du bûcheron dans la pente et éventuellement de récupérer les réma-nents pour le bois énergie. La combinaison « câble mât + machine de bûcheronnage » est ef�cace et adaptée à l’exploitation en montagne.

Le débardage par câble aérien est un système moderne ef�cace et moins agressif que le débar-dage terrestre, notamment pour les sols, tout en étant complémentaire des systèmes tradition-nels (porteur, skidder).

Le câble aérien en France :

• 15 à 20 entreprises spécialisées dont 8 dans les Alpes.

• Environ 100 000 m3 récoltés chaque année, soit 0,2 % de la récolte nationale.

• Environ 50 000 m3 Rhône-Alpes, soit 5 % de la récolte.

Une technique de débardage moderneet respectueuse de l’environnement

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L’économie du câble aérienLe coût d’un équipement moderne pour débarder au câble mât oscille entre 4 et 500 000 € : 2 à 300 000 € pour le mât sur remorque, près de 50 000 € pour le chariot (60 000 € pour un chariot automoteur Woodliner) et 150 000 € pour un engin de reprise de type pelle + tête de bûcheronnage.L’investissement reste important mais ne représente en moyenne que 20 % du coût de fonctionnement. Le reste des coûts concerne les consommables (20 %) et les coûts salariaux 60 % ; (2 à 3 personnes)La productivité varie de 6 à 12 000 m3/an selon le matériel et le type de coupes.Le coût moyen avec ce système d’exploitation (bûcheronnage + débardage) varie de 35 à 45 €/m3.Les entrepreneurs peuvent béné�cier de subventions de l’Etat et de l’Europe à hauteur de 30% de l’investissement.Certains départements aident les coupes à câble, une subvention d’un montant de 10 €/ml de ligne installée peut être octroyée par le Conseil Général.

Le câble aérien a toute sa place en montagne !Dans le souci toujours plus présent de respecter notre environnement, le câble aérien permet :• une réduction des dérangements (faune et habitat) en limitant la pénétration des massifs (moins de pistes forestières), • une meilleure protection des sols, • un impact paysager plus faible à long terme, • une réduction des dégâts au sol et sur le peuplement restant.

Un chantier câble réussi nécessite :• une préparation soigneuse du projet (relevé du pro�l de la ligne et utilisation du logiciel « Simulcable » pour prévoir les besoins en supports intermédiaires, étude économique prévisionnelle, obtention des autorisations diverses…)

• une bonne coordination de l’équipe

• une bonne gestion de la reprise des bois en coordination avec le transport

C’est un projet complexe qui demande une concertation renforcée entre le donneur d’ordre et le cabliste.

Présentation du chantier câble de Chichiliane

Dans le cadre d’un programme �nancé par la région Rhône-Alpes, le Parc du Vercors a accompagné sur son territoire des chantiers d’exploitation par câble et a organisé des journées de vulgarisation. Sur l’un des chantiers, le Parc a initié un dispositif de suivi environne-mental (état initial faune et �ore), a réalisé une analyse paysagère et une analyse économique comparative avec la création d’une desserte forestière.

Pour en savoir plus : www.parc-du-vercors.fr/coupe-cable-etudes-1447.html

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Les critères à observer pour une coupe à câble aérienLe débardage par câble aérien est une solution complémentaire aux systèmes d’exploitation traditionnels (porteur et skidder).La coupe à câble répond à des exigences d’exploitabilité précises pour un fonctionnement des opérateurs en toute sécurité et pour rentabiliser les moyens déployés. L’installation d’une ligne de câble demande une très grande technicité et se détermine selon plusieurs critères.

• la longueur de ligne dépend de la densité de la desserte forestière et détermi-nera le type de matériel à utiliser.

• La quantité de bois à débarder sur la ligne est un facteur clé de la productivité. L’Indice de Prélèvement à Câble (IPC) correspondant au volume de bois à débar-der sur la longueur de l’installation. Un IPC > 0,6 m3/ml est fortement recommandé, idéalement il sera supé-rieur à 0,8 m3/ml. Cela correspond à un prélèvement minimum de 75m3/ha.

• Un relevé précis du pro�l topographique permet de prévoir la mise en place de supports intermédiaires. Plus le nombre de supports est important, plus le temps d’installation de la ligne sera long et coûteux. Il faudra veiller aux possibilités d’ancrage du câble en bout de ligne et de haubanage du mât. • La pente maximale est un critère moindre pour le débardage par câble. Pour utiliser la gravité pour le déplacement du chariot, il est nécessaire d’avoir une pente minimale de 18 à 20 %. Pour descendre les bois, un chariot automoteur ou un système de câble retour est indispensable.

• Une attention particulière sera portée aux possibilités de stockage des bois, à l’accessibilité et au chargement des camions. Un complément d’infrastructure peut s’avérer indispensable pour limiter la reprise des bois.

• En amont, le gestionnaire doit adapter la sylviculture à ce type d’exploitation. Le martelage pied par pied est généralement à proscrire pour éviter une forte baisse de productivité et de nombreuses blessures aux arbres restants. Un martelage par petites trouées (0,5 ha) est recommandé pour faciliter le travail de l’accrocheur et limiter l’impact paysager.

Une équipe de travail parfaitement coordonnée

La reprise des bois, un poste clé pour la réussite de l’opération

Une luge de câble long sur plateforme au sommet de la coupe

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Les différents câbles aériensLes systèmes rustiques d’autrefois utilisaient astucieusement la gravité et de multiples poulies. Ils ont laissé la place à des équipements plus sophistiqués intégrants des composants hydrauliques, informa-tiques et des radiocommandes. De nos jours, on distingue encore deux grands modes de débardage par câble aérien :

• le câble long, une technique ancienne qui a encore sa place dans les Alpes

Appelé aussi câble grue ou téléphérique. Situé en amont de la coupe, un treuil monté sur traineau (luge, lugeon) est positionné sur une plateforme en forêt.Le débardage se fait généralement à la descente. Un chariot se déplace sur le câble porteur (maximum 2 000 m), par gravité dans la descente et tiré par un câble tracteur dans la montée.Le câble long nécessite 3 personnes pour son fonctionnement : un treuilliste, un accrocheur sur la coupe, un décrocheur à la réception des bois. Ce système nécessite des temps de montage et de démontage de ligne particulièrement longs.Le volume à débarder par ligne doit donc être important pour rentabiliser l’installation.

• le câble mât, plus moderne que jamais, connaît un succès grandissant !

Le câble mât est une évolution technologique du câble long pour diminuer les temps d’installation des lignes (1 à 2 jours de montage seulement). Ceci se traduit par du matériel mobile plus léger mais avec une portée plus réduite (L 1 200m). Le mât doit être positionné sur une route ou piste carrossable. L’équipe de travail est réduite à 2 personnes : un accrocheur en forêt et un décrocheur positionné au niveau du mât pour la réception des bois. Le débardage se fait aussi bien à la montée qu’à la descente.

Câble mât sur la remorqued’un camion.Portée de 1 000 à 1 200 m maxi et une capacité de 5 à 7 tonnes. Peu utilisé en France, il nécessite une infrastructure bien adaptée.

Câble mât sur une remorque tractée ou automotrice.Portée de 700 m maxi, capacité de 3 à 4 tonnes. Matériel le plus représenté en France et bien adapté à nos conditions alpines et pyrénéennes.

Câble mât sur la prise de force d’un tracteurPortée de 500 m maxi, capacité 2 à 3 tonnes. Investissement réduit. Matériel peu utilisé en France, il pourrait trouver sa place en moyenne montagne. Son atout principal est la mobilité sur piste forestière.