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OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2013 NUMÉRO 4 – CANADA 15 $ (PRIX DE SOUITIEN 18 $ – ÉTRANGER 20 $) ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autre Noël ou l’espérance oubliée

En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autre...d’autres textes, ceux qu’il allait prononcer aux JMJ, et notamment sur deux discours clés, adressés à des évêques,

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ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autre

Noël ou l’espérance oubliée

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Octobre – Novembre – Décembre 2013, N° 4, 89e annéeRevue d’information et d’animation missionnaireau service de l’Église canadienne, publiée parl’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.

Conférence des évêques catholiques du Canada :Mgr Eugène Tremblay (évêque ponens)Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires : P. André Gagnon, s.j.Directeur des publications : P. André Gagnon, [email protected]édacteur en chef : José I. [email protected] : Luc PhaneufOnt collaboré à ce numéro :P. André Gagnon, s.j., Jean Mercier, Univers, José I. Sierra, Luc Phaneuf

Coût de l’abonnement :15 $ pour un an (4 numéros)18 $ (abonnement de soutien pour un an)TPS et TVQ inclusesPour s’abonner :Téléphone : 514 844-1929 Sans frais : 1 866 844-1929Télécopieur : 514 844-0382Par courriel : [email protected] et infographie : Charles LessardPage couverture : Icône de la Vierge et l’enfant, Liban.

Œuvre pontificale de la propagation de la foi175, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) Canada H2X 1C7Téléphone : 514 844-1929 Sans frais : 1 866 844-1929Télécopieur : 514 844-0382Par courriel : [email protected]

Conseil d’administration :P. André Gagnon, s.j. (président), Benoît Cardin,P. Nicolas Favart, f.m.j.,Jean-Claude Bergeron, m.s.a.,Diane Daneau,Thérèse Lebeau, m.i.c., etSolange Blaquière-Beauregard

La revue UNIVERS est répertoriée dans l’Argusdes communications et est membre del’Association canadienne des périodiques catholiquesISSN 0381-9876Dépôt légal : Bibliothèque Nationale du QuébecEnvoi de poste – publications – enregistrement n° 09585Numéro de convention : 40007626

José I. Sierra Rédacteur en chef

SOMMAIRE

OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2013 1OC

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20

$)ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autre

Noël ou l’espérance oubliée

UNV_No4_2013.indd 1 13-12-09 10:56

3 Billet du Directeur national Par P. André Gagnon, s.j.

4 L’encyclique cachée de François à Rio de JaneiroPar Jean Mercier

8 JMJ Rio 2013 : le message de François ou le retour à l’ÉvangilePropos recueillis par Univers

12 En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autreEntrevue réalisée par José I. Sierra

15 Noël ou l’espérance oubliée Par Luc Phaneuf

18 Prix ACPC-Inter 2013 : un doublé pour la revue UniversPar Univers

20 Mission Monde

22 Abonnement / Intentions missionnaires

23 Aidons l’Église missionnaire…

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P. André Gagnon, s.j. Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires

[email protected]

BILLET DU DIRECTEUR

NATIONAL

P our certaines personnes, la Charte des valeurs québécoises, proposée par le gouvernement du Québec, fait traverser

une profonde crise de sens : sens de la vie et de la mort d’un peuple, sens des signes, des mots et des symboles qui décrivent la réalité avec laquelle nous devons vivre. Pour compliquer le débat, les normes éthiques et morales sont chambardées et l’économie déstabilisée, modi-fiant de plus en plus le quotidien de milliers de personnes, principalement les plus pauvres. Sans oublier la vie spirituelle et religieuse qui vit de grands bouleversements. Notre culture est prise à mal de toute part.

D’un autre côté, l’Église missionnaire, femmes et hommes engagés dans le monde à la suite de Jésus-Christ, peut apporter sa pierre et éclairer le passage vers une nou-velle culture. Notre culture, telle qu’elle se présente, est malade, et le remède proposé veut faire disparaître la foi et la croyance, donc effacer une partie vitale de la personne humaine. Cependant, « les cultures authen-tiques ne sont pas fermées sur elles-mêmes ni pétrifiées dans un point déterminé de l’Histoire. Au contraire, elles sont ouvertes, encore plus, elles cherchent la rencontre avec les autres cultures, elles espèrent atteindre l’universalité dans la rencontre et le dialogue avec d’autres formes de vie et avec les élé-ments qui pourront amener à une nouvelle synthèse dans laquelle on respecte toujours la diversité des expressions et leur réalisation culturelle concrète. » (Discours inaugural de Benoît XVI, Document d’Aparecida, 1, 2007)

Le disciple missionnaire peut participer à l’avènement d’une société où tous les hommes et toutes les femmes pourront vivre leur foi sans crainte. Celui-ci écoute la Parole de Dieu et est envoyé jusqu’aux frontières humaines pour vivre et annoncer la Bonne Nouvelle et en témoigner : Jésus est « la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres;

il aura la lumière qui conduit à la vie » (Jean 8, 12). Celui et celle qui croit en Jésus-Christ et porte en lui-même la Parole de vie redonne espoir aux désespérés et aide celles et ceux pour qui la vie n’a plus de sens. Savons-nous vraiment ce que cela veut dire dans notre vie et ce que signifie l’« agapè » de Dieu ?

Le Verbe de Dieu, qui n’est ni simplement une pensée ni une hypothèse de travail, mais celui qui a un visage humain, a planté sa tente dans le présent de tous les peuples, de toutes les cultures pour pénétrer le cœur humain de son « agapè » et lui permettre de vivre l’amour fraternel, la miséricorde et la justice avec ses frères et ses sœurs les plus proches, mais également avec les plus éloi-gnés. Je suis le chemin, disait Jésus à ceux et celles qui voulaient le suivre. Plusieurs chemins s’ouvrent à notre conscience; certains chemins conduisent à la vie, à la justice et à la paix et d’autres conduisent à la mort, au rejet, à l’exclusion. Le choix de la vie, de la justice et du respect de la dignité humaine nous appartient, il est au cœur de la ren-contre et du dialogue de toute personne avec les autres. Ce choix est au cœur des cultures, « unissant l’Humanité et respectant à la fois la richesse des diversités, ouvrant tous les hommes à une croissance, dans la véritable humanisation, dans l’authentique progrès. Le Verbe de Dieu, se faisant chair en Jésus-Christ, s’est fait également histoire et culture » (Ibid.). À nous de choisir !

En cette période de l’année où le Verbe s’incarne dans notre humanité pour chemi-ner avec nous et éclairer tout l’Homme, restons ouverts à la beauté et à la dignité de la personne. Laissons tomber les voiles des temples humains pour pénétrer au cœur de la vie de celui qui est le Chemin et la Lumière du monde.

Joyeux Noël et heureuse année 2014 !

Choisir le chemin du Christ

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L’encyclique cachée de François à Rio de Janeiro

Le Pape a profité de son voyage au Brésil pour prononcer deux discours majeurs devant les évêques d’Amérique latine, même s’ils ont moins retenu l’attention des médias que les messages aux jeunes ou les visites plus sociales. Deux textes décapants qui n’ont pas fini de faire des vagues.

O fficiellement, la première encyclique du Pape s’intitule Lumen Fidei et a été pu-bliée au début de juillet. Mais elle est

majoritairement de la main de Benoît XVI, François s’étant contenté de joindre une sorte de postface. En réalité, le Pape travaillait à d’autres textes, ceux qu’il allait prononcer aux JMJ, et notamment sur deux discours clés, adressés à des évêques, qui furent un peu noyés dans la masse des paroles adressées aux jeunes…

Le samedi 27 juillet, devant les évêques brésiliens, le Pape a abordé, à l’aide d’un texte très marquant, certaines questions difficiles et exigeantes du domaine de la pastorale. Le lendemain, il accentuait son propos par une autre allocution devant les évêques venus de toute l’Amérique latine. L’ensemble de ces deux discours constitue une sorte d’encyclique officieuse, véritable programme pour le pontifi-cat dont le fil rouge est une autocritique sévère et un appel à la conversion de l’institution. Le verdict est clair, même sous la forme d’une litote : « Nous sommes un peu en retard en ce qui concerne la conversion pastorale. »

Briser le tabou sur les femmes et le schisme silencieux des déçus de l’ÉgliseComme aucun pape avant lui, François

affronte la question douloureuse des catholi-ques qui ont quitté l’Église, phénomène attesté en Amérique latine, mais qu’ont connu tous les pays, notamment européens, depuis une cinquantaine d’années. Il évoque ainsi « le

PAR | JEAN MERCIER ¹

mystère difficile de ceux qui quittent l’Église » et se laissent séduire par d’autres propositions.

Cette question largement taboue est l’occa-sion d’une autocritique sévère : « Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide dans leurs contacts, peut-être trop autoréférentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides, peut-être le monde a-t-il pu envisager l’Église comme une survivance du passé, insuffisante pour les questions nou-velles; peut-être l’Église avait-elle des réponses pour l’enfance de l’Homme, mais non pour son âge adulte. »

Le Pape accuse l’Église d’apparaître telle-ment exigeante dans ses « standards » qu’elle décourage d’emblée les gens. « Beaucoup ont cherché des faux-fuyants parce que la “mesure” de la Grande Église apparaît trop haute. Beau-coup ont pensé : l’idée de l’homme est trop grande pour moi, l’idéal de vie qu’elle propose est en dehors de mes possibilités, le but à atteindre est inaccessible, hors de ma portée. »

Une Église ennuyeuse, rigide, froide, nom-briliste ! Jamais Benoît XVI ni Jean-Paul II n’ont fait pareille autocritique. Bergoglio, lui, n’a pas peur de dire sa vérité en pensant à tous ces éloignés : « Devant cette situation, que faire ? Il faut une Église qui n’a pas peur de sortir dans leur nuit. Il faut une Église capable de croiser leur route. Il faut une Église en mesure de s’insérer dans leurs conversations. Il faut une Église qui sait dialoguer avec ces

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disciples » désenchantés et qui considèrent désormais le christianisme « comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens. […] Aujourd’hui, il faut une Église en mesure de tenir compagnie, d’aller au-delà de la simple écoute. »

Le Pape n’hésite pas non plus à évoquer un autre sujet tabou dans l’institution, la place des femmes : « Ne réduisons pas l’engagement des femmes dans l’Église, mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes, l’Église risque la stéri-lité. » Même si la mention est lapidaire, c’est la première fois qu’un pape reconnaît que l’Église a perdu une part de sa crédibilité auprès des femmes.

La solution passe, d’une part, pour le Pape par l’exercice de la maternité de l’Église, c’est-à-dire l’exercice de la miséricorde. « Celle-ci engendre, allaite, fait grandir, corrige, alimente, conduit par la main… Il faut alors une Église capable de redécouvrir les entrailles mater-nelles de la miséricorde. Sans la miséricorde, il est difficile aujourd’hui de s’introduire dans un monde de “blessés” qui ont besoin de compréhen sion, de pardon, d’amour. » Dans ce domaine, il y a des progrès à réaliser : « Dans un hôpital de campagne, l’urgence est de panser les plaies. »

D’autre part, la solution se trouve aussi dans cette dimension de l’empathie affective et de la proximité : « Je voudrais que nous nous demandions tous aujourd’hui : sommes-nous encore une Église capable de réchauffer le cœur ? »

La réforme de l’Église à partir de la Mission, et non la bureaucratieou l’idéologieLe Pape plaide bel et bien pour « toute une

dynamique de réforme des structures ecclé-siales » devenues obsolètes. Mais attention ! la réforme doit se faire à partir d’un critère précis : la Mission, et non pas la sophistication admi-nistrative… Le « changement des structures » (de caduques à nouvelles) n’est « pas le fruit d’une étude sur l’organisation de la structure ecclésiastique fonctionnelle. […] Ce qui fait tomber les structures caduques, ce qui porte à changer les cœurs des chrétiens, c’est précisé-ment le fait d’être missionnaires. »

On retrouve ici, dans l’allocution du Pape aux évêques latinos, une réflexion de fond qui est déjà celle de certains évêques européens, qui appellent à une véritable conversion pas-torale, et que le Pape présente sous la forme d’un véritable examen de conscience. Celui-ci exhorte à une révolution pastorale plus qu’ad-ministrative. Il dénonce le fonctionnalisme qui « regarde à l’efficacité », se laisse fasciner par les statistiques et « réduit la réalité de l’Église à la structure d’une ONG ».

À partir de là, le Pape définit les « tentations du disciple missionnaire », situant, en bon jésuite, le défi sous l’angle du discernement, et donc du combat spirituel contre « l’esprit mauvais » qui conduit à l’« idéologisation » du message évangélique. Il liste quatre dérives, renvoyant dos à dos les extrêmes, progressistes et conservateurs :

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• La réduction socialisante, « une prétention interprétative sur la base d’une hermé neuti-que selon les sciences sociales ». Elle recouvre les champs les plus variés : du libéralisme de marché aux catégories marxistes;

• L’idéologisation psychologique. Il s’agit d’une approche élitiste qui réduit la rencontre avec le Christ à une dynamique d’autocon-naissance, sans transcendance;

• La proposition gnostique, celles des réfor-mistes inspirés des Lumières. Le Pape a ainsi expliqué qu’il recevait, depuis le début du pontificat, des lettres de fidèles l’incitant à « marier les curés et [à] ordonner les bon-nes sœurs », mais que la réforme nécessaire de l’Église, selon lui, ne se situait pas là.

• La proposition pélagienne, celles des catho-liques cherchant « une restauration des conduites et des formes dépassées » ou une « sécurité » doctrinale ou disciplinaire.

Faire vivre la collégialité avec les laïcs et la décentralisationpar rapport à RomeFrançois rappelle l’importance de la valo-

risation des laïcs dans la Mission : « Nous, pasteurs, évêques et prêtres, avons-nous la conscience et la conviction de la mission des fidèles et leur donnons-nous la liberté pour qu’ils discernent, conformément à leur chemin de disciples, la mission que le Seigneur leur confie ? Les soutenons-nous et les accompa-gnons-nous, en dépassant toute tentation de manipulation ou de soumission indue ? Sommes-nous toujours ouverts à nous laisser interpeller dans la recherche du bien de l’Église et de sa mission dans le monde ? » Le Pape a aussi demandé aux évêques de faire confiance au flair de leurs ouailles « pour trouver de nou-velles routes ». Au diable l’autocratie : « L’évêque doit conduire, ce qui n’est pas la même chose que se comporter en maître. »

En résonance avec ce qu’il a déjà dit depuis son élection, le Pape dénonce donc le clérica-lisme : « Dans la majorité des cas, il s’agit d’une complicité pécheresse : le curé cléricalise, et le laïc, lui, demande à être cléricalisé, parce que c’est finalement plus facile pour lui. »

Comme solution, le Pape rappelle l’impor-tance des instances de conseil : « Les Conseils diocésains et les Conseils paroissiaux de pasto-rale et des affaires économiques sont-ils des lieux réels pour la participation des laïcs dans la consultation, l’organisation et la planifica-tion pastorales ? Le bon fonctionnement des

Conseils est déterminant. Je crois que nous sommes très en retard sur cela. »

Très attendu sur le sujet de la collégialité entre évêques, François réhabilite la vitalité locale, au détriment d’une approche romano-centrée. Rompant avec la vision de ses prédé-cesseurs, qui se défiaient de l’autonomie des structures nationales, le Pape valorise la Con-férence épiscopale comme « un espace vital » : « Il faut alors une valorisation grandissante des éléments local et régional. La bureaucratie centrale n’est pas suffisante, mais il faut faire grandir la collégialité et la solidarité; ce sera une vraie richesse pour tous. »

Cette vision confirme l’attitude de François dans sa volonté de réaligner la papauté comme service de l’unité. Il se considère d’abord comme un évêque, plutôt que comme un pape, comme il l’a plusieurs fois rappelé à Rio soit devant les jeunes soit devant les évêques : « J’ai voulu vous parler d’évêque à évêque », glisse-t-il à ses interlocuteurs du CELAM (NDLR : Commission épiscopale de l’Amérique latine).

Ce n’est pas non plus un hasard si le Pape aborde, dans son « encyclique cachée », des questions de méthode de travail. Il a rappelé que la rencontre des évêques latinos, à Apa-recida, en 2007, ne s’était pas construite à partir de la méthode romaine utilisée lors des autres rencontres du CELAM et lors des Synodes romains, à savoir la méthode de l’Ins-trumentum laboris. Sous ce jargon se cache le nom du document qui donne le ton des débats, dont le contenu a tendance à verrouiller ceux qui se trouvent en amont. Le Pape plaide pour des échanges à partir d’une remontée d’infor-mation depuis la base, sans schémas « prémâ-chés » par la bureaucratie ecclésiale. C’était déjà ce qu’avaient exigé les Pères du Concile Vatican II, lors de son ouverture.

Retrouver le dialogue avec le monde actuelSans ambages, le Pape ramène aux fon-

damentaux de Vatican II, citant la fameuse formule introductive de Gaudium et Spes : « Il est bon de rappeler la parole du Concile Vatican II : “Les joies et les espérances, les tris-tesses et les angoisses des hommes de notre

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temps, surtout des pauvres et de ceux qui souffrent, sont à leur tour, joies et espérances, tristesses et angoisses des disciples du Christ.” »

Attentif aux signes des temps, le Pape évoque la question de l’adaptation aux « ques-tions existentielles de l’Homme d’aujourd’hui, spécialement des nouvelles générations, en prê-tant attention à leur langage » et prend en compte l’existence d’univers culturels extrê-mement divers : « Dans une même ville existent différents imaginaires collectifs qui configurent différentes villes. » Le Pape insiste sur la prise en compte des tribus affinitaires des mégalo-poles. « Si nous restons seulement dans les paramètres de “la culture de toujours”, au fond une culture de base rurale, le résultat sera finalement l’annulation de la force de l’Esprit Saint. Il faut savoir découvrir Dieu pour pou-voir l’annoncer dans les idiomes de chaque culture; et chaque réalité, chaque langue, a un rythme différent. » On retrouve ici la passion jésuite de l’inculturation.

Selon le Pape, la Mission est une tension permanente : « Il n’existe pas de condition de disciple missionnaire statique. Le disciple missionnaire ne peut pas se posséder lui-même, son immanence est en tension vers la transcen-dance de la condition de disciple et vers la transcendance de la Mission. Elle n’admet pas l’autoréférentialité : ou elle se réfère à Jésus Christ, ou elle se réfère au peuple auquel elle doit annoncer. Sujet qui se dépasse. Sujet projeté vers la rencontre : la rencontre avec le Maître (qui nous fait disciples) et la rencontre avec les hommes qui attendent l’annonce. […] Dans l’annonce évangélique, parler de “péri-phéries existentielles” décentre, et nous avons habituellement peur de quitter le centre. Le dis-ciple missionnaire est un “décentré” : le centre est Jésus Christ, qui convoque et envoie. Le dis-ciple est envoyé aux périphéries existentielles. »

Au-delà de sa critique sur la peur « de quit-ter le centre », le Pape met en cause une vision nombriliste de l’Église catholique : « Quand elle s’érige en “centre”, elle tombe dans le fonction-nalisme et, peu à peu, elle se transforme en une ONG. L’Église prétend alors avoir sa propre lumière et cesse d’être ce “misterium lunae”

dont nous parlent les saints Pères (de l’Église), thème cher à Benoît XVI que le futur pape avait évoqué devant ses frères cardinaux avant le Conclave. Elle devient de plus en plus autoréférentielle et sa nécessité d’être mission-naire s’affaiblit. D’“Institution”, elle se trans-forme en “Œuvre”. Elle cesse d’être Épouse et finit par être Administratrice; de Servante elle se transforme en “Contrôleuse”. Aparecida veut une Église Épouse, Mère, Servante, une Église qui facilite la foi, et non pas une Église qui la contrôle. » L’Église n’est pas une douane, avait-il déjà dit.

Apprendre une culture de la pauvreté, de la tendresse et de la rencontreOn retrouve ici les marottes de Jorge Mario

Bergoglio qui fustige les « pastorales éloignées, des pastorales disciplinaires qui privilégient les principes, les conduites, les procédures organi-satrices… évidemment sans proximité, sans tendresse, sans caresse. On ignore la “révolution de la tendresse” que provoqua l’incarnation du Verbe. Il y a des pastorales organisées avec une telle dose de distance qu’elles sont incapables d’arriver à la rencontre : rencontre avec Jésus Christ, rencontre avec les frères. De ce type de pastorales, on peut attendre au maximum une dimension de prosélytisme, mais elles ne conduisent jamais ni à l’insertion ecclésiale ni à l’appartenance ecclésiale ».

Dans ce cadre, la conversion pastorale touche l’évêque lui-même, qui doit être un modèle : « Les évêques doivent être pasteurs, proches. Des hommes qui aiment la pauvreté, aussi bien la pauvreté intérieure, comme liberté devant le Seigneur, que la pauvreté extérieure, comme simplicité et austérité de vie. Des hom-mes qui n’aient pas la “psychologie des princes”, qui ne soient pas ambitieux, mais qui soient époux d’une Église locale sans être dans l’attente d’une autre. » Le Pape a clairement mentionné le carriérisme de ceux qui cherchent une « promotion » dans des diocèses plus prestigieux.

1. Texte de Jean Mercier, tiré du journal français La Vie.

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L’encyclique cachée de François à Rio de Janeiro

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Dans cette deuxième et dernière partie d’extraits d’homélies et de discours que le Pape a livrés lors de sa visite au Brésil en juillet dernier, il est question de la « missionnarité » de l’Église. Dans un langage très imagé – un des traits caractéristiques de François –, mais non sans profondeur, le Saint-Père donne des pistes, ouvre des chemins afin de faire saisir l’identité de l’Église ainsi que sa vocation, des éléments clés pour notre cheminement missionnaire.

PROPOS RECUEILLIS PAR | UNIVERS

Rencontre avec les évêques du Brésil – 27 juillet 2013

Aparecida : clé de lecture pour la mission de l’Église

À Aparecida, Dieu a offert au Brésil sa propre Mère. Mais, à Aparecida, Dieu a aussi donné une leçon sur lui-même, à propos de sa façon d’être et d’agir. Une leçon sur l’humilité qui appartient à Dieu comme trait essentiel, et qui est dans l’ADN de Dieu. Il y a quelque chose de pérenne à apprendre sur Dieu et sur l’Église à Aparecida.

[…] Au commencement de l’événement d’Aparecida, il y a la recherche des pauvres pêcheurs. Beaucoup de faim et peu de res-sources. Les gens ont toujours besoin de pain. Les hommes partent toujours de leurs besoins, même aujourd’hui. Ils ont une barque fragile, inappropriée; ils ont des filets de mauvaise qualité, peut-être même endommagés, insuffi-sants. D’abord, il y a la fatigue, peut-être la lassitude, pour la pêche et, toutefois, le résultat est maigre : un échec, un insuccès. Malgré les efforts, les filets sont vides.

le message de François ou le retour à l’Évangile

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lidation de ce qui est divisé. Murs, abîmes, dis tances encore présents aujourd’hui sont destinés à disparaître. L’Église ne peut négliger cette leçon : être un instrument de réconci-liation.

Les pêcheurs ne méprisent pas le mystère rencontré dans le fleuve, même si c’est un mys tère qui apparaît incomplet. Ils ne jettent pas les morceaux du mystère. Ils attendent la plénitude. Et cela ne tarde pas à arriver. Il y a quelque chose de sage que nous devons appren dre. Il y a des morceaux d’un mystère, comme des pièces d’une mosaïque, que nous rencontrons progressivement. Nous voulons voir trop rapidement le tout et Dieu au contraire se fait voir petit à petit. L’Église aussi doit ap-prendre cette attente.

Les pêcheurs agasalham (NDLR : « cou-vrent ») : ils revêtent le mystère de la Vierge pêchée, comme si elle avait froid et avait be-soin d’être réchauffée. Dieu demande d’être mis à l’abri dans la partie la plus chaude de nous-mêmes : le cœur. Puis, c’est Dieu qui dégage la chaleur dont nous avons besoin, mais, d’abord, il entre par la ruse de celui qui

le message de François ou le retour à l’ÉvangileEnsuite, quand Dieu le veut, lui-même sur-

git dans son Mystère. Les eaux sont profondes et, toutefois, elles cachent toujours la possibi-lité de Dieu; et lui est arrivé par surprise, qui sait, quand on ne l’attendait plus. La patience de ceux qui l’attendent est toujours mise à l’épreuve. Et Dieu est arrivé de façon nouvelle, parce que Dieu est surprise : une image d’argile fragile, obscurcie par les eaux du fleuve, même vieillie par le temps. Dieu entre toujours dans les vêtements de la pauvreté.

Voici alors l’image de l’Immaculée Concep-tion. D’abord, le corps, puis la tête, puis le regrou pement du corps et de la tête : unité. Ce qui était brisé retrouve l’unité. Le Brésil colo-nial était divisé par le mur honteux de l’escla-vage. La Vierge d’Aparecida se présente avec le visage noir, d’abord divisée, puis unie dans les mains des pêcheurs.

Il y a ici un enseignement que Dieu veut nous offrir. Sa beauté se reflète dans la Mère, conçue sans le péché originel, qui émerge de l’obscurité du fleuve. À Aparecida, depuis le commencement, Dieu donne un message de recomposition de ce qui est fracturé, de conso-

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mendie. Les pêcheurs couvrent ce mystère de la Vierge du pauvre manteau de leur foi. Ils appellent les voisins pour voir la beauté qu’ils ont trouvée; ils se réunissent autour d’elle; ils racontent leurs peines en sa présence et lui confient leurs causes. Ils permettent ainsi que les intentions de Dieu puissent se réaliser : une grâce, puis l’autre; une grâce qui ouvre à une autre; une grâce qui en prépare une autre. Dieu va graduellement en déployant l’humilité mystérieuse de sa force.

Il y a beaucoup à apprendre de cette atti-tude des pêcheurs. Une Église qui fait de la place au mystère de Dieu; une Église qui hé-berge en elle-même ce mystère, de façon qu’elle puisse fasciner les gens, les attirer. Seule la beauté de Dieu peut attirer. Le chemin de Dieu est le charme qui attire. Dieu se fait emmener chez soi. Il réveille dans l’Homme le désir de le garder dans sa vie, dans sa maison, dans son cœur. Il réveille en nous le désir d’appeler les proches pour faire connaître sa beauté. La Mission naît justement de cet attrait divin, de cet étonnement de la rencontre. Nous parlons de mission, d’Église mission-naire. Je pense aux pêcheurs qui appellent leurs proches pour voir le mystère de la Vierge [en statue qui fut pêchée dans l’eau]. Sans la simplicité de leur attitude, notre mission est destinée à l’échec.

L’Église a toujours l’urgent besoin de ne pas oublier la leçon d’Aparecida, elle ne peut pas l’oublier. Les filets de l’Église sont fragiles, peut-être raccommodés; la barque de l’Église n’a pas la puissance des grands transatlan-tiques qui franchissent les océans. Et toutefois, Dieu veut justement se manifester par nos moyens, de pauvres moyens, parce que c’est toujours lui qui agit.

Chers frères, le résultat du travail pastoral ne s’appuie pas sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour. La ténacité, l’effort, le travail, la programmation, l’organi-sation servent certainement, mais, avant tout, il faut savoir que la force de l’Église n’habite pas en elle-même, mais elle se cache dans les eaux profondes de Dieu, dans lesquelles elle est appelée à jeter ses filets.

Une autre leçon que l’Église doit toujours se rappeler est qu’elle ne peut pas s’éloigner de la simplicité, autrement elle oublie le langage du Mystère, elle reste hors de la porte du Mystère et, évidemment, elle ne réussit pas à entrer en ceux qui attendent de l’Église ce qu’ils ne

peuvent se donner par eux-mêmes, c’est-à-dire Dieu. Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas parce que nous avons oublié la simplicité, important de l’extérieur aussi une rationalité étrangère à nos gens. Sans la grammaire de la simplicité, l’Église se prive des conditions qui rendent possible le fait de « pêcher » Dieu dans les eaux profondes de son Mystère.

[…] Aujourd’hui, nous sommes dans une période nouvelle. Comme c’est bien exprimé dans le Document d’Aparecida : ce n’est pas une époque de changement, mais c’est un chan-gement d’époque. Alors, aujourd’hui, il est toujours urgent de nous demander : qu’est-ce que Dieu nous demande ?

Veillée de prière avec les jeunes, à Copacabana – 27 juillet 2013[…] Laissez le Christ et sa Parole entrer dans votre vie, laissez la semence de la Parole de Dieu y entrer, laissez-la germer, laissez-la grandir. Dieu fait tout, mais vous, laissez-le agir, laissez- le travailler dans cette croissance !

[…] La majorité d’entre vous aime le sport. Et ici, au Brésil, comme en d’autres pays, le football est une passion nationale. Oui ou non ? Eh bien, que fait un joueur quand il est appelé à faire partie d’une équipe ? Il doit s’entraîner, et s’entraîner beaucoup ! Il en est ainsi de notre vie de disciples du Seigneur. Saint Paul, en décrivant les chrétiens, nous dit : « Tous les

La mission de l’Église dans la société

Dans la société, l’Église demande une seule chose avec une clarté particulière : la liberté d’annoncer l’Évangile de manière intégrale, même quand elle est en opposition avec le monde, même quand elle va à contre-courant, en défendant le trésor dont elle est seulement la gardienne, et les valeurs dont elle ne dispose pas, mais qu’elle a reçues et auxquelles elle doit être fidèle.

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athlètes s’imposent une discipline sévère; ils le font pour gagner une couronne qui va se faner, et nous pour une couronne qui ne se fane pas. » (1 Co 9, 25) Jésus nous offre quelque chose de supérieur à la Coupe du monde ! Quelque chose de supérieur à la Coupe du monde ! Jésus nous offre la possibilité d’une vie fé-conde, d’une vie heureuse, et il nous offre aussi un avenir avec lui qui n’aura pas de fin, dans la vie éternelle. C’est ce que nous offre Jésus. Mais il nous demande de payer l’entrée, et l’entrée, c’est que nous nous entraînions pour « être en forme », pour affronter sans peur toutes les situations de la vie, en témoignant de notre foi. Par le dialogue avec lui : la prière.

Messe de clôture de la XXVIIIe Journée mondiale de la jeunesse – 28 juillet 2013[…] Jésus n’a pas dit : si vous voulez, si vous avez le temps, allez, mais il a dit : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples. » Parta-ger l’expérience de la foi, témoigner de la foi, annoncer l’Évangile est le mandat que le Seigneur confie à toute l’Église, et aussi à toi. Mais c’est un commandement qui ne vient pas d’un désir de domination, d’un désir de pouvoir, mais de la force de l’amour, du fait que Jésus, en premier, est venu parmi nous et ne nous a pas donné quelque chose de lui, mais il nous a donné lui-même tout entier; il a donné sa vie pour nous sauver et nous montrer l’amour et la miséricorde de Dieu. Jésus ne

nous traite pas en esclaves, mais en personnes libres, en amis, en frères; et non seulement il nous envoie mais il nous accompagne, il est toujours à nos côtés dans cette mission d’amour.

Où nous envoie Jésus ? Il n’y a pas de fron-tières, il n’y a pas de limites : il nous envoie à tous. L’Évangile est pour tous, et non pour quelques-uns. Il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour.

[…] « N’aie pas peur ! » Quand nous allons annoncer le Christ, c’est lui-même qui nous précède et nous guide. En envoyant ses disci-ples en mission, il a promis : « Je suis avec vous tous les jours. » (Mt 28, 20) Et cela est vrai aussi pour nous ! Jésus ne laisse jamais personne seul ! Il nous accompagne toujours.

De plus, Jésus n’a pas dit « Va », mais « allez » : nous sommes envoyés ensemble. Chers jeunes, percevez la présence de l’Église tout entière et de la communion des Saints dans cette mission. Quand nous affrontons ensemble les défis, alors nous sommes forts, nous découvrons des ressources que nous ne pensions pas avoir. Jésus n’a pas appelé les Apôtres pour qu’ils vivent isolés, il les a appe-lés pour former un groupe, une communauté.

[Finalement,] la vie de Jésus est une vie pour les autres. C’est une vie de service. Saint Paul, dans la lecture que nous venons d’en-tendre, disait : « Je me suis fait le serviteur de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. » (1 Co 9, 19) Pour annoncer Jésus, Paul s’est fait « serviteur de tous ». Évangéliser, c’est témoigner en premier de l’amour de Dieu, c’est dépasser nos égoïsmes, c’est servir en nous inclinant pour laver les pieds de nos frères, comme l’a fait Jésus.

Trois paroles : allez, sans peur, pour servir. Allez, sans peur, pour servir. En suivant ces trois paroles, vous expérimenterez que celui qui évangélise est évangélisé, que celui qui transmet la joie de la foi reçoit davantage la joie.

1. Pour la première partie, voir revue Univers : juillet – août – septembre 2013, no 3.

L’Église affirme le droit de servir l’Homme dans son intégralité, en lui disant ce que Dieu a révélé au sujet de l’Homme et de sa réalisation, et elle désire rendre présent ce patrimoine immatériel sans lequel la société s’effrite, les villes seraient englouties par leurs murs, leurs gouffres et leurs barrières. L’Église a le droit et le devoir de maintenir allumée la flamme de la liberté et de l’unité de l’Homme.

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René et Marie-Laure sont mariés. Il est Bolivien et anthropologue de formation. Elle est Française et a étudié la philologie hispanique. Ils ont deux enfants. Ce couple engagé nous raconte ce que leur expérience de vie missionnaire leur a appris sur la personne humaine qui, pour eux, est au cœur de la rencontre avec le Christ.

ENTREVUE RÉALISÉE PAR | JOSÉ I. SIERRA

I l existe des couples qui s’investissent dans leurs milieux respectifs et qui, si bien qu’ils soient différents les uns des autres, finissent

par beaucoup se ressembler tant leur complé-mentarité est complice de tous leurs efforts pour rendre la société et la vie autour d’eux meilleures. C’est le cas de René et Marie-Laure. Ce couple missionnaire vient d’arriver au Québec en 2012, son nouveau lieu de mission. Ils sont rattachés à la Société des Missions-Étrangères1 (SMÉ). En juillet 2000, ils ont été envoyés par la SMÉ en vue d’un projet mis-sionnaire en Asie, au Cambodge, où ils ont vécu douze ans. Qu’est-ce que cette expérience leur a appris sur la mission ? J’ai voulu les in-terroger à ce propos :

En quête de la rencontre de Dieu dans le cœur de l’autre

SMÉ

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Je suppose que votre expérience missionnaire vous a beaucoup apporté. Pouvez-vous nous partager quelques apprentissages et leçons de vie qui vous sont chères ?

RENÉ Pour moi, la Mission passe par la pré-sence, par le témoignage de vie. Un exemple de cela, c’est celui des personnes non chrétiennes que nous avons rencontrées. Développer un dialogue avec la culture et les croyances du peuple d’accueil donne sens à ta présence auprès de ces personnes. Ne pas agir avec cette attitude serait un manque de respect envers ces gens qui ne croient pas comme nous.

MARIE-LAURE Pour moi, il est important de développer ma sensibilité envers les personnes, d’être à leur écoute dans ce qu’elles vivent, de les découvrir, de mieux les comprendre. Notre expérience missionnaire nous a appris que le but de notre action n’est pas de changer qui que ce soit, mais de grandir ensemble dans la rencontre mutuelle et le partage de nos vies.

Cette attitude d’ouverture envers la Personne que vous possédez, trouve-t-elle aussi sa source dans votre passé, dans votre histoire en tant que couple ?

RENÉ Bien sûr. Notre histoire a été une histoire de rencontres, d’échanges et d’apprentissages. Plus nous avons partagé ensemble, plus nous avons approfondi notre vie de foi et notre appel missionnaire. Nous nous sommes ren-contrés en Bolivie. À l’époque, Marie-Laure était volontaire pour la Délégation catholique pour la coopération dans un projet d’éducation pendant deux ans. Elle vivait une période de recherche personnelle : elle cherchait sa voie, sa vocation dans la vie. Quant à moi, c’est grâce au questionnement de Marie et aux discussions que je partageais avec elle lors de longues marches que j’ai fait l’expérience d’un réveil spirituel, ranimant du coup une inquiétude à l’égard de ma relation à Jésus, qui dormait en moi depuis mon enfance.

Comment est née votre démarche missionnaire, comment s’est-elle concrétisée ?

RENÉ Dans cette recherche, Marie-Laure a décidé d’aller faire un voyage au Chili depuis la Bolivie. Là-bas, elle a été mise en contact avec des missionnaires canadiens de la SMÉ. Lors de sa rencontre avec un prêtre des Missions-Étrangères, elle est revenue toute enthousiaste en Bolivie, et plus particulièrement en ce qui

concernait la formation missionnaire proposée par les PMÉ au Canada. À ce moment-là, je n’étais qu’au début de ma propre quête. De retour en France en 1995, Marie-Laure a reçu la lettre d’acceptation au Centre international de formation missionnaire2 situé à Montréal (au Québec). En septembre 1996, elle a suivi la formation ad gentes pendant une année.

Entre temps, j’ai poursuivi mon chemine-ment spirituel grâce à l’accompagnement d’un jésuite, et le fruit de mon discernement me conduisit à présenter ma demande d’accep-tation au Centre d’animation et de formation missionnaire3 à Tegucigalpa, au Honduras. J’y fus accepté. Ce centre de formation est aussi sous la responsabilité des pères de la Société des Missions-Étrangères pour l’Amérique la-tine. Avant d’entamer ce processus de forma-tion, nous nous sommes mariés en Bolivie.

Qu’avez-vous décidé de faire après votre formation ?

MARIE-LAURE À la fin de notre séjour à Tegucigal pa, nous étions invités à discerner sur notre voca-tion missionnaire ad gentes en couple. Nous avons donc fait une retraite. Cette expérience nous a conduit à sentir l’appel de l’Asie. Nous ne nous sentions pas attirés par une mission de type pastoral. Nous sentions plutôt l’appel vers une mission qui nous demandait de nous incarner dans un milieu : là où on pouvait travailler avec les gens, où il y aurait une occa-sion d’être avec des personnes de différentes confessions, ayant d’autres manières de penser, de sentir, de croire… Suite à notre discernement, la SMÉ nous proposait le Cambodge comme lieu de mission.

Comment qualifieriez-vous votre mission au Cam-bodge ?

MARIE-LAURE Il faut savoir que cette mission est relativement récente. Elle a été fondée en 1995. À l’époque, il n’y avait qu’un prêtre PMÉ de la SMÉ qui travaillait en collaboration avec des prêtres d’un autre institut missionnaire. C’est dans ce contexte que nous sommes arri-vés, avec une équipe de la SMÉ composée de six personnes : deux laïques des Philippines, un autre laïc de l’Argentine, un jeune prêtre colombien, et nous deux. Après une année d’apprentissage de la langue khmère, chacun d’entre nous devait chercher un engagement dans des domaines plus ou moins rapprochés de leur champ de compétence professionnelle.

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Quel était votre rôle spécifique là-bas ?

RENÉ Un prêtre de l’Institut pontificale pour les missions étrangères (PIME), sachant que j’étais anthropologue, m’a invité à faire partie d’un projet dans le département de sociologie à l’Université Royale de Phnom Penh. Ce projet avait pour but d’améliorer la qualité de la for-mation des professeurs dans le domaine de la recherche sociale. J’ai été engagé dans ce pro-jet pendant 11 ans. En même temps, je travail-lais avec l’ONG rattachée à ce programme.

MARIE-LAURE Dans mon cas, un prêtre des Mis-sions étrangères de Paris nous a demandé, dès le début, de commencer un nouveau projet. L’idée était d’accueillir et de vivre avec des jeunes lycéens dans le but de leur permettre d’étudier et de développer leur potentiel au plan personnel. Tous venaient d’un milieu défavo-risé. La plupart d’entre eux était issue de la campagne. Nous avons donc conçu le projet, trouvé une maison, démarré le tout. Le projet était surtout bâti autour de trois piliers fonda-mentaux : études, communauté et service… Nous avons œuvrés dans ce projet pendant sept ans (de 2001 à 2008). Puis, je me suis en-gagée pour la formation des maîtresses et la coordination des écoles maternelles du vicariat de Phnom Penh. Il s’agissait là aussi d’assurer une formation plus solide et plus ajustée aux besoins d’éducation des enfants.

Pour terminer : qu’est-ce que votre expérience missionnaire en Asie vous a apporté de plus au plan humain et spirituel ?

RENÉ L’expérience que j’ai vécue au Cambodge avec Marie-Laure fut très riche. En fait, j’ai beaucoup appris sur l’interculturalité. Le fait

d’être marié à une Française – donc à quelqu’un d’une autre culture que la mienne –, et de travailler ensemble avec mon épouse au sein d’une équipe multiculturelle, constitue pour moi un pas important dans un authentique processus interculturel. Pour moi, faire l’expé-rience de la communauté permet d’apprendre à respecter la vision du monde, vision qui est différente pour chaque personne. C’est une expérience merveilleuse à vivre. Mais en même temps, c’est aussi un défi à vivre jour après jour !

MARIE-LAURE Cette expérience que nous avons vécu de l’interculturalité nous a ouvert et pré-paré à mieux vivre la rencontre avec une autre tradition religieuse : le Bouddhisme. Cette ren-contre nous a enrichis et approfondis dans notre foi chrétienne tout en nous révélant la grandeur de Dieu dans le cœur de l’autre. L’es-sentiel n’est pas tant de faire des choses, mais plutôt d’être présent ou simplement d’être, d’incarner en vérité nos valeurs. Ceci est exi-geant. Mais créer le lien, susciter la confiance et poser un regard authentique sur la personne fonde la relation humaine et contribue à notre croissance spirituelle.

1. La Sociéte des Missions Étrangères a été fondée par les évêques du Québec le 2 février 1921. Elle répond au désir de l’Église du Canada francophone de contri-buer à l’annonce de l’Évangile à toutes les nations et de se solidariser effectivement avec d’autres Églises, en partageant avec elles son patrimoine spirituel et humain. Site Web : http ://www.smelaval.org blog : http ://missions-etrangeres.blogspot.ca/

2. CIFM, 8055, avenue Casgrain, Montréal (Québec) H2R 1Z4. Tél. : 514 383-3694

3. CFAM, Apartado Postal 3137, Tegucigalpa, M.D.C. 11101, Honduras, C.A. Tél. : 011-504-2224-1253

René (extrême gauche), Marie-Laure et leurs fils (extrême droite) en compagnie de leurs amis cambodgiens.

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Quel sens peut avoir la fête de Noël en dehors de l’espérance ? La grande fête de Noël est à nos portes. Comme à chaque année,

l’Église, par la divine liturgie, présentera à la méditation – ou à la contemplation – des chrétiens l’un des deux plus grands mystères chrétiens,

celui de l’incarnation – du latin in carnis (caro) : littéralement « dans la chair ». Ce mystère sera célébré de façon solennelle

dans toutes les églises catholiques du monde lors de la nuit de Noël, parfois dans des églises à moitié vides, comme en Occident où l’on semble avoir oublié le vrai sens de la fête de Noël,

qui a été détourné de son sens religieux premier.

PAR | LUC PHANEUF

Noël ou l’espérance oubliée

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A u Québec en particulier, Noël sera pour l’immense majorité l’occasion de réjouis -

sances familiales axées sur la consomma-tion matérielle et détachées de toute référence religieuse; une fête mondaine, simplement humaine, à laquelle Dieu ne sera pas convié. Les anges auront beau chanter dans les villes et les campagnes, leurs chants n’auront que peu de résonance dans les cœurs…

Pourquoi nos contemporains célébreraient-ils une fête qui pour eux n’a pas – ou n’a plus – de sens religieux ?

On fête quoi à Noël, déjà ? Un détour par l’étymologie nous éclaire : du côté latin, Noël renverrait à la « nativité » (natalis); du côté grec, aux mots νέα ήλιο, c’est-à-dire néa élio, le « nouveau soleil », renvoyant à l’ancienne fête païenne gréco-romaine du solstice d’hiver qui marquait la victoire de la lumière sur l’obscurité. Dans les deux cas, l’origine de la fête qui allait devenir le Noël moderne poin terait vers un événement qui apporte du nouveau, une nouvelle lumière et une nouvelle vie, et qui suscite la joie dans le cœur humain.

L’espérance juive à l’origine de l’incarnation de Yahvé en JésusEst-ce tout ? Non, car la fête de Noël plonge aussi

ses racines dans l’histoire juive et s’arrime à la valeur religieuse la plus importante pour ce peuple, qui explique sa résilience : l’espérance. En effet, les juifs de l’époque de Jésus espé-raient depuis déjà plusieurs siècles un Messie, le nouveau roi davidique promit par Yahvé par les prophètes pour libérer le peuple de l’oppression, surtout politique; un roi-messie qui serait, on l’a compris, le sauveur, le guide de son peuple, celui par qui adviendrait le règne de Yahvé sur la terre, le triomphe des justes et la malédiction des païens idolâtres. C’est donc cette espérance qui animait Marie

et Joseph au moment où ils reçurent leur mission sacrée :

accueillir dans leur intimité le Messie, Jésus, Dieu le Fils. Et cette

même espérance qui a animé, plus tard, ses apôtres et ses disciples, jusqu’à un certain vendredi saint… la grande épreuve de l’espé-rance, qui survécut alors seulement dans le cœur de quelques femmes jusqu’à la résurrec-tion et qui confirma pour de bon cette espé-rance pour les premiers chrétiens.

La première Église, méditant alors sur le sens profond des événements de la vie de Jésus, comprendra qu’en lui, l’espérance séculaire du peuple juif avait été comblée, satisfaite : le Messie promis, l’immanouel (en hébreu : « Dieu avec nous »), c’était lui. Désormais, on allait vivre d’une autre espérance, qui prolongerait la première : celle de son retour glorieux, la manifestation totale de Dieu sur terre, l’instau-ration de son règne éternel sur l’Humanité entière, le jugement dernier.

Cette seconde espérance anime les chrétiens depuis le départ de Jésus : Jésus est venu, Jésus reviendra dans la gloire, pour faire adve-nir son royaume éternel et juger les vivants et les morts !

Le rejet de Dieu prive les cœurs d’une espérance vitaleLe monde moderne ne peut espérer ce qu’il

méconnaît. Comme il méconnaît Dieu, ou le rejette, les mystères chrétiens célébrés lors des grandes fêtes religieuses, tel Noël, ne l’émer-veillent plus, voire l’ennuient; des contes pour enfants, affirme-t-il.

Vraiment ? Et si le monde moderne se trom-pait ? Et si… ces contes bibliques étaient vrais ? S’il était moins buté dans son incroyance et la fermeture de son cœur, qu’est-ce que le monde moderne pourrait apprendre de ces récits-contes ?

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Bien des choses, la première étant que la clef d’interprétation de tous les mystères chrétiens, c’est l’amour. Non pas d’abord l’amour hu-main, même dans ses formes les plus belles et pures – l’amour conjugal, parental, l’amour qui unit la petite et grande fratrie –; non pas cet amour humain, si beau soit-il, mais plutôt celui qui en est l’origine, la source éternelle : l’amour qui est en Dieu, l’amour qui EST Dieu, Dieu-Amour. Voilà la révélation chrétienne condensée en un deux mots. Voilà aussi le sens caché, mais révélé en Jésus, de toute l’histoire humaine et cosmique : tout part de l’Amour, qui est une Personne éternelle, tout y retourne, tout s’y résume.

C’est donc l’amour de Dieu pour le monde, pour chacun de nous, qui devrait être le pre-mier et dernier mot de toute célébration de Noël. Le monde moderne ne croit plus en Noël, à la venue de Dieu dans la chair, parce qu’il ne croit plus que l’amour de Dieu pour l’Huma-nité puisse être réel, authentique, vrai !

Nous touchons là l’origine du grand mal de l’âme qui couvre tout l’Occident de la lourde chape de la désespérance. Si Dieu n’existe pas, si l’Amour n’est pas l’origine et la fin de tout, comment fonder une espérance humaine ? Sans cette certitude de foi, comment, tôt ou tard, ne pas désespérer de soi, des autres, de la vie ? Toutes ces misères et ces maladies, toutes ces guerres, tout ce mal, la mort qui emporte tout, jusqu’à nos amours… le mal semble plus fort que la vie, que les espoirs humains qui ne seraient qu’illusions… La vie est-elle absurde ? N’y a-t-il que le hasard, la fatalité, le destin aveugle ? Si oui, à quoi bon continuer ?

La désespérance moderne appelle une nouvelle espéranceCruel paradoxe : l’Homme moderne, esseulé,

en proie au désespoir, sait bien, au fond de son cœur, que l’amour est la valeur suprême entre

toutes, la seule « qui soit digne de foi » (cf. car-dinal Hans Urs von Balthasar). Mais son pro-blème, c’est qu’il a choisi de s’éloigner de Dieu, la source de cet amour. En s’éloignant du Dieu-Amour, il a perdu non seulement la foi mais aussi, et surtout, l’espérance; parfois même, chez certains, la charité. En effet, qui n’espère plus peine à aimer.

Le monde moderne meurt de soif parce qu’il s’est éloigné de la Source. Voilà pourquoi, plus que jamais, nos contemporains doivent retrouver cette source; en l’occurrence, (re)vi-siter le mystère de la grande fête de Noël : celui d’un Dieu personnel – Yahvé – qui décide de « venir visiter son peuple » afin de le rencontrer et de l’aimer « dans la chair », en personne, en Jésus, en paroles et en actes, pour le meilleur et en acceptant à l’avance le pire, le rejet jusqu’à la mort.

La fête de Noël, en vérité, n’est-elle pas le fon-dement de l’espérance humaine ? Cet enfant de Bethléem n’est-il pas ce que les Hommes attendaient depuis toujours ? La certitude, par l’incarnation du Grand Dieu dans un petit enfant, que les aspirations les plus profondes du cœur humain sont en lui déjà comblées, que l’espérance humaine en l’Amour, en la Vie éternelle, n’est pas une illusion, mais une réalité solide, authentique, digne de foi !

Chaque année, en célébrant Noël, les chré-tiens se souviennent que l’amour de Dieu pour les êtres humains peut donner un sens à la vie, et ainsi sauver le monde. Cette certitude de foi fonde leur espérance qu’un jour, ce sera Noël tous les jours, la terre ayant rejoint le ciel, ou le contraire. Une espérance qui les fait vivre, et dont nos contemporains auraient tant besoin pour retrouver la paix de l’âme et du cœur.

Joyeux Noël à chacun et à chacune de vous !

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Prix ACPC-Inter 2013 : un doublé pour la revue Univers

L e prix ACPC-Inter 2013 dans la catégorie « Réflexion » a été attribué à sœur Gisèle Bourdon, s.s.c.j., pour son article « En

Égypte, j’ai été profondément évangélisée » publié dans le numéro d’avril-mai-juin 2013 de la revue Univers.

Selon l’ACPC, le jury a choisi ce témoignage « pour l’originalité et l’actualité du sujet abordé. Le style est alerte et vivant. En ces temps de bouleversement, il est devenu rare d’avoir un écho aussi émouvant sur la situation des plus pauvres et sur l’engagement des chrétiens au lendemain du printemps arabe ».

Toujours selon l’ACPC, les membres du jury ont « apprécié ce regard simple et chaleureux qui a donné “une dose de foi” à sœur Gisèle. Enfin, le tout est rendu dans un langage sobre et imagé ».

Sœur Bourdon ne pouvant pas être présente à la soirée, c’est le père André Gagnon, s.j., directeur national des OPM au Canada, qui a reçu le prix en son nom. Le père Gagnon, qui a voyagé en Égypte avec sœur Gisèle l’hiver

dernier lors d’un stage missionnaire, a souligné combien l’expérience de la rencontre avec les chrétiens coptes d’Égypte – surtout les femmes et les enfants – a été marquante pour cette sœur du Sacré-Cœur de Jésus.

Dans la catégorie « Dossier », le prix ACPC-Inter est allé à José I. Sierra, rédacteur en chef de la revue Univers, pour « L’avenir de l’Église en Amérique est missionnaire » publié dans le numéro de janvier-février-mars 2013 de la revue Univers.

Les membres du jury ont trouvé que « tous les dossiers méritaient d’être mis en nomina-tion pour le sérieux de la recherche et la qualité des textes. Le dossier gagnant se distingue par une analyse réaliste et un bon argumentaire sur l’avenir de l’Église en Amérique et possi-blement ailleurs. Il offre un projet systématique d’apostolat ecclésial qui doit déborder les limites de la paroisse et s’ouvrir à la mission ad gentes, par exemple vers les quartiers popu-laires, les immigrants.

M. José I. Sierra, rédacteur en chef de la revue Univers,

lauréat du prix ACPC-Inter 2013 dans la catégorie « Dossier ».

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« Ce dossier, toujours selon le jury, illustre bien l’importance d’une telle réflexion en Église et il offre une nouvelle vision de la mission de l’Église, adaptée aux temps actuels. »

M. Sierra, qui était présent à la soirée, a quant à lui tenu à remercier le jury pour ce prix, exprimant sa joie profonde d’apprendre que ce soit ce dossier qui ait été retenu.

« Quelle belle découverte que cette rencontre de janvier dernier dans la ville de Mexico, entre le Comité des missions du Conseil épiscopal d’Amérique latine (CELAM) et les Œuvres pon-tificales missionnaires de tous les pays d’Amé-rique et des Caraïbes, qualifiée par beaucoup d’historique, a-t-il dit à l’assemblée, lui qui a vécu cet événement de près. Il y avait une ambiance particulière qui régnait de part et d’autre, comme s’il s’agissait d’une sorte de prélude à un changement majeur dans l’Église. »

Le rédacteur a aussi partagé le fait que dans cet événement, il avait perçu le « cri de l’Église en Amérique », une Église qui se cherche « afin d’évangéliser à la manière du Christ. Comment ne pas penser qu’aujourd’hui, ce cri de l’Église

ait été entendu par Dieu, prenant la forme du pontificat de ce pape François, pape de l’Amé-rique, pape missionnaire ? L’avenir de l’Église en Amérique est missionnaire, a-t-il conclu. »

Rappelons que M. Sierra a été le lauréat du prix ACPC-Inter 2011 dans la catégorie « Entre-vue ou portrait » pour son entrevue avec Henry Quinson intitulée « Tout est possible à Dieu » (Univers, janvier-février-mars 2011). D’ailleurs, la revue Univers a aussi remporté le prix ACPC-Inter 2012 dans la catégorie « Mise en pages » pour le numéro spécial sur le IIe Symposium international de missiologie qui a eu lieu au Panama (Univers, janvier-février-mars 2012). Le prix fut décerné à M. Charles Lessard, gra-phiste.

Enfin, nous voulons nous associer à la joie des autres lauréats des prix ACPC-Inter 2013 que nous félicitons pour leur excellent travail et leur engagement au sein de leurs milieux respectifs. Soulignons aussi le mérite des fina-listes des autres catégories ainsi que l’apport précieux de tous les participants.

Le père André Gagnon, s.j., reçoit le prix ACPC-Inter 2013 au nom de sœur Gisèle Bourdon, s.s.c.j.

C’est le 24 octobre dernier qu’a eu lieu, au musée Boréalis de Trois-Rivières, la soirée-gala du Congrès de l’Association canadienne des périodiques catholiques (ACPC). Cette année, la revue Univers a récolté deux prix ACPC-Inter parmi les neuf prix décernés aux périodiques membres de l’association.

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L e cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a fait une visite pastorale en Corée

du Sud du 30 septembre au 6 octobre dernier à l’occasion du 50e anniversaire de la création du diocèse de Suwon. Parmi les visites effec-tuées par le préfet, nous en retenons quelques-unes dont celle du 2 octobre où le cardinal a rencontré les évêques de la Conférence épisco-pale de Corée à Séoul, les exhortant à se dépas-ser dans leur engagement missionnaire : « Ne vous contentez pas du prestige dont l’Église jouit dans votre pays ni des statistiques que nous pouvons lire, aussi significatives soient-elles. Le plus gros reste à faire et il faut avoir de l’intelligence et de l’audace missionnaire. »

Le préfet du dicastère missionnaire a rap-pelé les origines d’une Église locale qui a pu se développer malgré les nombreux défis : « Les diverses persécutions et les lois antichré-tiennes, ainsi que les cultures et les courants de pensée bien enracinés, n’ont pas empêché que l’Église coréenne se développe, Église comprenant en ce moment trois régions mé-tropolitaines avec quinze diocèses et un ordi-nariat militaire – je pense aussi aux deux diocèses et à l’abbatiale territoriale qui sont au Nord. Aujourd’hui, l’Église catholique de Corée est une très belle réalité, riche en prêtres, en religieux et en religieuses, en séminaristes et en associations de laïcs ainsi qu’en figures historiques. »

Relations, dialogue et reconnaissanceLe cardinal Filoni s’est ensuite attardé sur

le rôle et la mission des évêques, rappelant les indications du pape François données aux évêques du CELAM (l’épiscopat latino-américain) rencontrés à Rio de Janeiro. Il a ensuite recommandé en particulier la visite aux paroisses, la vigilance en matière de transparence administrative, l’attention envers les laïcs. « En même temps, a-t-il dit, je désire manifester toute ma satisfaction pour l’esprit

missionnaire de l’Église coréenne, non seule-ment ad intra mais également ad extra. En effet, avec plusieurs centaines de missionnaires présents dans près de 80 pays, elle répond géné reusement à la soif d’évangélisation du monde ! »

En parlant du rapport avec les prêtres, le cardinal a ensuite exhorté les évêques à « conserver avec eux des relations positives, mais aussi paternelles et, lorsque cela est nécessaire, fermes, ayant toujours à cœur leurs formations spirituelle, culturelle et pas-torale permanentes ». Enfin, il a encouragé chacun au dialogue et à la collaboration avec les religieux et les religieuses et à mani-fester de l’estime envers eux parce que « l’Église a besoin de leurs charismes ».

Il a aussi invité chacun à favoriser le laïcat parce que « les laïcs représentent un réservoir précieux de forces pouvant être introduit dans la réalité sociale, politique, économique et culturelle, sachant bien que ce furent justement les laïcs qui introduisirent l’Évangile dans ce pays et créèrent les pro-dromes de l’Église de Corée ».

« Merci également pour l’attitude positive que vous avez vis-à-vis des fidèles de la Corée du Nord, à qui, en ce moment, vont ma pensée et ma prière, a-t-il conclu. »

Célébration eucharistique pour le Jubilé du diocèse de SuwonLe jeudi 3 octobre, le cardinal Filoni a

présidé la messe qui a eu lieu à l’occasion du 50e anniversaire du diocèse de Suwon devant 45 000 fidèles. Dans son homélie, le préfet a indiqué qu’il « n’appartient pas à l’Église de pleurer sur un passé qui se transforme, mais qu’elle a le devoir de replacer Jésus Christ au centre de sa propre mission afin qu’une Église christologique soit véritable-ment signe de réconciliation et d’espérance au sein de la société et ne cesse jamais de prêcher le temps de grâce du Seigneur ».

PAR | UNIVERS

La visite pastorale du cardinal Filoni à l’Église coréenne

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Parcourant l’histoire du dio-cèse, le cardinal a rappelé qu’il fut institué par le vénérable pape Paul VI le 7 octobre 1963 alors qu’à Rome se tenait la deuxième session du Concile Vatican II. Nous pouvons affir-mer, a-t-il déclaré, que le diocèse de Suwon est né d’une « côte du Concile ». En se référant aux lectures de la messe, le préfet a mis en évidence « les pro-fonds changements sociaux et économiques » qui touchent aujourd’hui les secteurs par-ticuliers de la famille, de la jeunesse, de la perte des valeurs religieuses et morales, tout en considérant en même temps les nom-breux fruits de l’action pastorale de l’Église coréenne.

Laïcs, il vous appartient d’agirLe 5 octobre, à Séoul, lors d’une rencontre

avec les laïcs, le cardinal Filoni a tenu à sou-ligner le mérite de ceux qui ont été les res-ponsables des débuts de l’Église coréenne.

« Chaque fois que, de par le monde, on parlera de l’Église qui est en Corée, on ne pourra jamais omettre de rappeler que ses débuts sont liés à l’extraordinaire initiative et décision d’un groupe de laïcs lettrés qui, bien que privé de prêtres et d’évêques, dans le désir d’une loyale recherche de la vérité, voulut connaître la foi catholique et, l’appré-ciant, l’introduisit dans le pays… Vous, chers amis, êtes les héritiers de ce noyau, pour mieux dire de cette semence qui, aujourd’hui, a pris la forme d’une plante vigoureuse dont les fruits sont partout admirés et appréciés. »

Le cardinal s’est aussi attardé sur certains aspects liés à la vie d’aujourd’hui et à notre manière de vivre qui sont dangereux pour la foi et l’Église, en premier lieu la sécula-risation et le matérialisme : « Leur insinuation dans la vie du chrétien porte à changer la

ma nière de penser et de vivre de sorte que la Parole de Dieu ne constitue plus la source d’inspiration de l’agir chré-tien. » Un autre danger est re-

présenté par la tendance à la bureaucratisation ou la manie

de l’efficacité, « dépersonnalisant (l’action de l’Église) selon un style de

type bureaucratico-administratif, comme si l’Église était une entreprise de profits ou une ONG pieuse, comme l’a mis en garde tant de fois le pape François ».

Un autre problème encore évoqué par le cardinal apparaît « dans la tendance à frac-tionner, selon un mode de penser confucéen, la réalité ecclésiale complexe d’une manière qui ne fait pas prévaloir les vertus de la fraternité et de la communion ecclésiale, mais la distinction, le grade, l’âge ». Enfin, le cardinal Filoni a remarqué que l’Église en Corée a aujourd’hui besoin « d’instiller un sens de spiritualité profonde dans sa vie propre et dans la société », réaffirmant que, « 50 ans après le Concile Vatican II, l’annonce du message salvifique à notre peuple coréen demeure un engagement commun et primaire. Il ne peut ni ne doit être délégué simplement au clergé et aux religieux ou aux religieuses, ne serait-ce que parce que, sur cette terre, le début de l’Évangélisation intervint à l’ini-tiative de laïcs illuminés. Il vous appartient d’agir afin que, dans la société coréenne également, soient favorisés ces principes qui ont leur racine dans l’Évangile : la dignité humaine et la liberté de conscience et de jugement dans un contexte bien informé et éclairé. Vous êtes les défenseurs des droits inviolables de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, de la formulation de lois justes et équitables pour la défense et la sauvegarde de l’environ-nement, du travail et des migrants ».

PAR | UNIVERS

La visite pastorale du cardinal Filoni à l’Église coréenne

Corée du Sud

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OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 201322

DÉCEMBRE 2013Pour que les chrétiens, illuminés par la lumière du Verbe incarné, préparent l’Hu-manité à l’avènement du Sauveur.PRIÈRESeigneur Jésus, toi qui, par ta lumière, nous as montré le chemin qui mène vers l’Amour, prépare nos cœurs afin que nous puissions à notre tour montrer ce chemin à l’Humanité.

JANVIER 2014Pour que les chrétiens des diverses confes-sions puissent cheminer vers l’unité voulue par le Christ.PRIÈREÔ Christ, marche avec nous, tes disci ples; accompagne-nous alors que nous cherchons sans cesse des occasions pour former un seul et unique Corps.

FÉVRIER 2014Pour que les prêtres, les religieux et les laïcs collaborent généreusement à la mission d’évangélisation.PRIÈREQu’il est bien, Seigneur, de faire connaître ton Évangile aux peuples. Que nous apprenions à être généreux comme toi, chacun selon son propre appel, afin que nous puissions ac-complir la mission que tu as voulu nous donner.

Un regard sur le monde avec les yeux de l’Évangile !

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INTENTIONS MISSIONNAIRES

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OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2013 23

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Réflexion

La vie de Jésus est une vie pour les autres.

C’est une vie de service. Saint Paul, dans

la lecture que nous venons d’entendre, disait :

« Je me suis fait le serviteur de tous afin

d’en gagner le plus grand nombre possible. »

(1 Co 9, 19) Pour annoncer Jésus,

Paul s’est fait « serviteur de tous ».

Évangéliser, c’est témoigner en premier

de l’amour de Dieu, c’est dépasser

nos égoïsmes, c’est servir en nous inclinant

pour laver les pieds de nos frères,

comme l’a fait Jésus.

Pape François, JMJ Rio 2013

Réflexion