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n°24 Decembre/Janvier 2 01 2 PORTRAIT Isis Figaro Léon Rose FESTIVALS Cergy Salsa Congress Tumbao Salsa Festival Havana en Belgrado DOSSIER Gypsy Connection ENCAS DANSE LE MAGAZINE À SAVOURER

ENCAS DANSE MAGAZINE N°24

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numéro double

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n°24 Decembre/Janvier 2012

PORTRAITIsis FigaroLéon Rose

FESTIVALSCergy Salsa CongressTumbao Salsa Festival Havana en Belgrado

DOSSIERGypsy Connection

ENCAS DANSE LE MAGAZINE À SAVOURER

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L’année 2011 vient juste de s’achever avec les cadeaux de Noël et 2012 arrive avec son contingent de vœux pour le nouvel an. L’équipe d’Encas-Danse est également au rendez-vous

pour vous souhaiter ses meilleurs vœux afin que la Santé, la Réus-site et le Bonheur soient au cœur de vos foyers pour 2012.

Au sommaire de ce premier numéro de l’année, nous vous présen-tons un dossier sur la gypsy connection. Vous vous évaderez à New-York pour vous initier à la roller dance. Et si vous voulez savoir com-ment faire, Tinan vous livrera quelques conseils pour danser la salsa en roller.

Pour le portrait et l’interview du mois, nous vous présenterons deux figures de la salsa : Isis Figaro et Léon Rose.

Pour ce numéro, nous vous entraînons également à travers des fes-tivals avec une première étape à Lille pour le Tumbao salsa festival, suivi d’une escale au Cergy salsa congress, avec pour finir un petit tour en Serbie pour y retrouver l’ambiance de La Havane à Belgrade.

Vous l’avez bien compris, l’année commence sur les chapeaux de roue pour votre magazine préféré. N’hésitez surtout pas à le savou-rer entre deux danses. Vous êtes toujours plus nombreux à nous lire tous les mois. N’hésitez pas à nous faire part de vos désirs, de vos critiques et de vos coups de cœur. Encas-Danse Mag est un magazine qui se savoure de bouche à oreille, alors n’hésitez pas à en parler autour de vous.

Jean-Laurent Nijean, rédacteur en chef

ENCAS-DANSE MAGTél : + 33 1 77 75 51 59

[email protected]

publicité@encasdansemagazine.com

Pôle direction Directrice de la rédaction Mathilde Salmona

Directeur de la publication Victor Ramazani

Rédacteur en chef Jean-Laurent Nijean

Pôle RédactionAnnie Vœung

Soraya Ghadery

Sothiya Taing Guajardo

Ingrid Leguerney

Pôle Photo VidéoFranck Billaud

Yvan Photomédia

Delphine Bourgeois

Kessy Guilaine

Pôle Marketing et CommunicationMichael Barale

publicité@encasdansemagazine.com

Ont contribué à ce numéroMélanie Atlan

Karim Djemaï

Couverture : Accent Mitif © Yvan Photomédia

Prochain numéro le 5 février

DOSSIERGypsy ConnectionFESTIVALTumbao salsa festival - Cergy Salsa Congress - Havana en Belgrado PORTRAITIsis FigaroINTERVIEWLéon RoseREPORTAGENew-York, capitale de la roller dancePAROLE D’EXPERTDanser la salsa en roller ?

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EBonne et heureuse année 2012 !

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E n 2010, pour fêter ses dix ans d’existence, l’association Sals’Atti-tude décide de créer le premier fes-

tival salsa de Cergy sur une journée. Un an après, l’association évolue et organise tout un week-end de danse, incluant des shows, des cours, mais aussi un concert avec le groupe Coco & La Primera. Ses invités, les compa-gnies et les artistes natio-naux, sont accueillis dans une ambiance familiale. Littéralement chouchou-tés, grâce à un kinésithé-rapeute et un ostéopathe à leur disposition, toutes les conditions sont réunies pour qu’ils puissent offrir au public le meilleur d’eux-mêmes.

Les workshopers(1) ne sont pas laissés en reste. Bouteilles et bonbons leur sont distri-bués à l’entrée pour être le plus performant possible. À chaque heure, un cours adapté au niveau du stagiaire est dispensé. Outre les ateliers de danses habituels, ils ont pu pra-tiquer des disciplines originales telles que le ragga jam salsa(2), et le rythm & fight(3).

Les shows s’enchaînent, rythmés par un groupe de percussions brésiliennes. Salsa, cha cha cha, tango, bachata, ragga jam, danse orientale, hip hop, kizomba... Autant de danses qui se sont entremêlées. Certains

artistes parisiens ont profité de la proximité du festival pour se produire avec leur troupe au complet. Ainsi, Terry et Cécile ont présenté une version inédite de leur chorégraphie sur No Hay Problema avec dix autres danseurs.

En ce qui concerne les soirées, la volonté de l’équipe organisatrice a consisté à réunir

les danseurs de style cubain et de style portoricain dans une seule salle, au grand plaisir de ceux qui pratiquent les deux. Les salseros se sont pris au jeu et se sont mélangés les uns aux autres avec sourire et bonne hu-

meur, deux ingrédients qui ont ponctué tout le week-end.

Cergy Salsa Festival : adoptez la Sals’Attitude !28 octobre 2011. Région parisienne. Ouverture du deuxième festival de salsa de Cergy, un événement au programme très diversifié.

y Texte Soraya Ghadery Photos Yvan Photomedia p

(1) Workshopers : Participants aux cours de danse

(2) Ragga jam salsa : Alliance entre le ragga jam et la salsa

(3) Rythm & fight : Association entre les danses latines et l’art du combat.

Autant de danses qui se sont entremêlées

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V endredi 7 octobre 2011, 22h03, à Lille. 13°C, la pluie s’abat en trombe. La troisième édition du

festival Tumbao de Lille a heureusement fait monter la température. Une ambiance chaleureuse, des artistes accessibles et proches des danseurs, tel est l’atmos-phère que les neuf membres de l’équipe organisatrice souhaitent instaurer.

Cet évènement est le ré-sultat de la rencontre entre passionnés de cubaine et passionnés de portoricaine. Leur désir est de créer un événement en prenant mo-dèle sur des festivals convi-viaux. Au départ cependant, leurs ambitions sont mo-destes. Puis, ils rencontrent une association désireuse de travailler avec eux, proposant son aide pour atteindre de plus grands objectifs. Le but : organiser un festival sur un week-end, avec plusieurs salles de cours, une vraie scène pour les shows et un plateau d’artistes internatio-naux. En cours de route, l’association qui les a motivés abandonne l’aventure. L’équipe de Tumbao doit alors repartir de zéro, mais elle ne se laisse pas abattre, continuant dans le même esprit. Résultat, le 20 novembre 2009, le premier festival de salsa de la région Nord Pas de Calais débute.

Chaque année, le choix des artistes se fait surtout par affinités. Les organisateurs n’hé-sitent pas à reprendre les mêmes d’une an-née à l’autre, à la faveur d’une réelle compli-cité qui s’est nouée entre eux. Cette pratique entraîne des rapports privilégiés entre orga-nisateurs, artistes et festivaliers. Dans cette ambiance chaleureuse, le public s’est vu

offrir, en fin de spectacle, un show improvisé par Dom et Xavier de la Ramark Dance Company, accompagnés de Johnny Vasquez. Pas de costume, ni d’artifice, uni-quement du talent à l’état brut ! À l’excellent niveau des danseurs, il a suffi d’ad-ditionner synchronisation musicale et humour pour conquérir le public. Impres-

sionnant pour une chorégraphie conçue l’après-midi même, d’autant plus que ce fut une reprise pour Johnny Vasquez, blessé un an auparavant.

Les deux premières éditions du festival ont accueilli majoritairement des danseurs de salsa cubaine. La 3e édition est cette fois sy-nonyme de mixité : des shows de différents styles, une salle portoricaine et une salle cu-baine, aussi pleines l’une que l’autre. Tous les danseurs y ont trouvé leur compte.

Tumbao : vague de chaleur chez les Ch’tisDu 7 au 9 octobre 2011, des salseros de toute la France ont envahi la ville de Haubourdin. Le Tumbao Salsa Lille Festival a été à la hauteur de la réputation accueillante des Ch’timis.

y Texte Soraya Ghadery Photos Franck Billaux p

Des rapports privilégiés entre organisateurs artistes et festivaliers

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É té 2010, quelque part sur Facebook. « Pour ceux qui ne savent pas où est Belgrade... bah c’est en Serbie...

alors ce serait bien que l’on soit organisé ! » Ce premier message, posté sur le groupe « Organisa-tion Belgrade Festival » par Alix, annonce la couleur.

« Anja de la troupe Havana Belgrado m’en a parlé, explique Manndes, initiateur du voyage. Je me suis dit : “ Pourquoi pas le proposer à quelques amis de Paris ? ” Tout a

vraiment commencé sur un coup de tête. » Rapidement, les premiers salseros sont conviés à rejoindre l’aventure. Les mes-

sages se multiplient, les conseils fusent. Les premiers sujets concernent les billets d’avion, les chambres

d’hôtel, la programmation du festival... et l’empressement d’être enfin sur place. Jour J-4, derniers ajustements, les chambres d’hôtels sont confirmées, le transport est finalisé, même la météo (-3° C le matin) est

Havana en B elgrado Le petit festival entre amisDu 11 au 13 novembre 2011 un groupe de salseros fran-

çais s’est rendu au Havana en Belgrado, un festival de salsa cubaine organisé en Serbie. Ces aventuriers des

pistes de timba vous font part de leur voyage en Serbie. Encas-Danse magazine a recueilli les témoignages.

y Texte Jean-Laurent Nijean Photos Alix Image p

L’association Havana Belgrado est l’orga-nisatrice du festival. Ce groupe de passion-nés de la culture cubaine a formé une école

de danse ainsi qu’une troupe. La compagnie s’est d’ailleurs distinguée en remportant le

premier prix au concours de rueda du festival Cubamemucho 2010, qui s’est tenu à

Munich (Allemagne). Cette distinction recon-naît la ferveur de ces aficionados de la mu-

sique et de la culture cubaine.

consultée. Rien n’est laissé au hasard par la petite communauté française.

Belgrade, vendredi 11 novembre. Tout le petit groupe est d’accord sur l’accueil cha-leureux. « C’est la première fois que je ren-contre un tel accueil», s’exclame Anton. « Ils sont vraiment chaleureux à Belgrade», confie Albert. « Quelle générosité ! C’est un morceau de Cuba en Europe », poursuit Muriel. « Une organisation géniale, ils nous ont même offert

des bonbons », précise Albert. « Lors d’une danse, lorsque tu lâches une danseuse là-bas, elle part immédiatement en rumba ou en reggaeton ! », confie Éric.

Tous les participants ont été touchés par la gentillesse et l’hospitalité made in Belgrade. Aujourd’hui, forts de cette expérience, ils ont le regard tourné vers l’avenir. Ils planchent déjà sur un futur événement : le Festival Cu-bano en Pologne du 3 au 6 mai 2012. P

Une expérience à renouveler en 2012

Mettre en avant la danse et la musique de Cuba

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Léon Rose : un Anglais à ParisLorsqu’il n’est pas en congrès en Asie, en Europe ou ail-leurs, Léon Rose, figure emblématique de la salsa sur la scène internationale, réside à Paris. Son style unique et ses shows font de lui une figure inévitable.

Depuis quand es-tu installé à Paris ?Cela fait 3 ans que je suis ici. J’ai com-

mencé au Balajo. J’ai déménagé en France et j’y travaille régulièrement depuis un an seulement. J’ai encore une soirée à Londres donc j’y suis au moins deux fois par mois.

Qu’est ce qui t’a marqué à ton arrivée ici ?Des choses m’ont étonné ici, notamment

quand tu entres dans le métro et que les gens sont indifférents à Londres, cela ne se passe pas ainsi. Ce que j’aime ici, c’est que quand je sors avec un ami et qu’un autre

arrive, ils peuvent sympathiser alors qu’ils ne se connaissent pas, contrairement aux Anglais.

Que penses-tu du milieu de la danse parisienne ?

Je pense qu’ici, les salseros ne dansent plus avec l’expression du corps et de la musique. Il n’y a plus de feeling avec la musique pendant la danse, ce n’est qu’un enchaînement de passes. Des gens peuvent danser la salsa, sans la danser, ne faire que des passes sans aucune connexion avec la musique.

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y Texte Sothiya Taing Guajardo Photo Valentin Behringer p

Où ton premier show se déroulait-il ?C’était pour une scène prestigieuse pour la

Princesse Diana et son organisation caritative en 1998, un an après mes débuts dans la sal-sa. Je n’ai pas toujours voulu danser. C’est ma mère qui m’a proposé d’aller à une soirée et là une fille m’a invité à danser. C’est un monde qui m’a plu alors j’ai commencé à pratiquer et j’ai vite progressé.

Quel est ton meilleur souvenir en salsa ?Je pense que c’est quand j’ai gagné le Bacardi

Salsa Compétition, en 2000, avec Susana Mon-tero. Ils nous ont offerts un voyage à Puerto Rico et l’opportunité de monter sur scène. Le thème du spectacle était sur les vampires. Au début du show, le présentateur a annoncé « Leon Rose et Susana Montero, y-a-t-il des Anglais dans la salle ? » Il y a eu très peu d’applaudissements. Le show commence et la musique se coupe au bout de trente secondes. Susana était sur scène en robe de chambre et je suis arrivé par derrière avec ma cape, je l’ai entourée avec et l’ai emmenée en coulisse. Nous avons recom-mencé avec un public plus chaud, mais j’ai fait une petite erreur au début du show, du coup je n’étais pas content de moi et nous avons quitté la scène précipitamment à la fin. Une standing ovation nous attendait pourtant de l’autre côté du rideau. Nous avons été appelés au micro mais nous n’avons rien entendu. Tout le monde a aimé et ça a changé ma vie.

Et le pire ?Je pourrais raconter beaucoup de choses,

comme quand on arrive dans un pays et que 30 minutes après, on doit faire le show. Un jour, un organisateur nous a demandé de danser sur un sol en métal très glissant. C’était fort dange-reux. Il y a aussi les mecs saouls qui traversent la scène ou veulent danser avec nous. Mais le pire, c’était à New York, avec mon groupe LAL Dancers. Le CD avec la musique du show ne passait pas. Un de mes danseurs avait la mu-sique et nous avons donc utilisé son CD. Lors du show, nous nous sommes rendus compte que le morceau n’était pas coupé aux mêmes endroits. Nous avons donc dû improviser. C’était ma pre-

mière expérience là-bas, j’ai attendu au moins deux ou trois ans avant d’y retourner...

D’où vient le nom de Leon Rose Project ?Nous avons présenté une partie de la comé-

die musicale que j’ai écrite à un congrès, en Angleterre, et l’organisateur n’avait pas le nom du groupe. Il nous a donc renommé The Leon Rose Project. Mais initialement, ce n’était pas mon idée.

De quoi t’inspires-tu pour tes « crazy moves »?Mon inspiration vient de partout. En ce mo-

ment, j’expérimente une nouvelle méthode pour créer des passes. Pour moi, si tu comprends le mécanisme du mouvement, tu peux créer une passe plus facilement. Si tu comprends le concept, tu peux danser très librement, et ta partenaire aussi. J’aime la compétition et je n’aime pas ressembler aux autres. J’ai toujours voulu faire des choses différentes. Un jour, j’ai lu un article d’Eddie « The Salsa Freak » qui dit que si tu apprends le mouvement d’une main, tu dois essayer de le faire dans l’autre sens ou avec l’autre main. Depuis j’essaye de l’appliquer.

Où pouvons-nous te voir ? Quel est ton pro-gramme ?

Je suis présent sur la péniche Agua le mardi soir, au studio l’Envol pour le cours technique le mercredi, au Groovin le jeudi, au SOS à Londres le dimanche et finalement, en congrès le week-end. Toutes les informations sont sur mon site internet. Fin janvier, à Londres, il y a le 10e anniversaire de SOS avec beaucoup d’artistes comme Maikel Fonts ou Juan Matos. Ce n’est pas vraiment un congrès. L’idée est plutôt de faire la fête tout le week-end, avec un jour de workshop et des soirées. Comme cela les par-ticipants pourront visiter, faire du shopping, voir les shows et danser. De plus, nous avons une belle salle à notre disposition. Je travaille éga-lement sur un prochain show, avec un nouveau style qui mélange salsa et danse contempo-raine, le consla inventé par ma partenaire Dotty. On utilise à la fois du consla et mon style de salsa pour ce show.

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T out a commencé pendant l’été 2007. Avant, je pratiquais le roller depuis long-temps en amateur car je n’avais jamais

pris de cours. Je me débrouille, je passe par-tout, je sais m’arrêter et tourner. Je n’ai pas de technique particulière. Un jour, je me rendais sur les quais de Seine en été, en voiture. Ayant mis plus d’une demi-heure à trou-ver une place, j’ai dû m’éloigner beaucoup. Puis je me suis dit comme j’avais mes rollers dans le coffre, pourquoi ne pas les mettre pour arriver plus vite sur les quais ? Je les ai donc pris mes rollers mais j’ai oublié mes chaus-sures… Une fois arrivé sur les quais, j’ai dansé avec mes rollers et finalement cela s’est bien déroulé.

Après j’y ai pris goût car cela m’a permis de redécouvrir la danse autrement. Le fait de rem-placer certains pas par de la glisse a généré de nouvelles sensations. Je parviens à réa-

liser toutes les figures que j’exécute habi-tuellement sans les rollers et même plus. Par exemple, lors d’un coca-cola (NDLR : fi-gure de salsa cubaine

qui consiste à enrouler la danseuse), je garde les deux pieds au sol et je profite de mon élan pour tourner plus vite. Cela donne plus de vir-tuosité à certaines figures. Naturellement, je ne fais cela qu’en plein air. En effet, je serais pro-bablement mal vu si je le faisais en soirée sur un beau parquet. P

Danser la salsa en roller ?Musicien, professeur et chorégraphe, Christophe Leroy, alias Tinan, explore depuis quelques années l’art de danser la salsa en roller. Témoignage.

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Conseils pratiques de Tinan

S i j’ai des conseils à donner à quelqu’un qui voudrait danser en roller, le premier serait de

se sentir à l’aise sur des rollers. En second lieu, il faut absolument travailler ses appuis. Le troi-sième conseil concerne le timing. Il faut pouvoir bien dissocier les bras et les pieds au début. Il faut un timing régulier dans les bras, ce qui laisse une certaine flexibilité si on a besoin de glisser un peu plus pour se rattraper. Quand le danseur sait exactement où il en est au niveau du temps et qu’il a guidé la bonne instruction au bon moment, la danseuse ne sera pas perturbée même si un peu de glisse s’intercale. Le quatrième conseil concerne plus spécifiquement l’autre partenaire. Il doit faire comme si de rien était. C’est en ef-fet plus compliqué de danser en roller avec une fille qui a peur que je lui roule dessus ou qui a peur de me faire tomber. Elle aura des réactions

inhabituelles, mettra des tensions inattendues et essayera de me rattraper alors que je ne suis pas en train de tomber. Au début, commencez plutôt par la cubaine, non pas parce que la danse est plus simple, mais c’est à cause du grand nombre de mouvement en symétrique entre les deux par-tenaires qui permettent aux mouvements de s’an-nuler. En cubaine les forces se compensent. En portoricaine, lors d’un cross body, tu te retrouves emporté d’un seul côté et le mouvement ne suffit pas à te stabiliser.Si la fille n’a pas peur de tomber et connaît les bases de la salsa, elle devrait se débrouiller pour danser en roller avec un autre rolleriste. Il faut néanmoins que le danseur soit sûr de ses appuis et puisse gérer la vitesse de la fille. Là encore, cela engendre de nouvelles perspectives et de nou-velles figures !

" J’ai redécouvert la danse autrement "

y Texte : Jean-Laurent Nijean p

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IT Une femme d’affaires dans la salsasphère

Rencontre avec Isis Figaro, directrice de l’école des danses la-tines et tropicales de Paris. Professeur, chorégraphe, gérante, chanteuse... Qui se cache derrière les multiples facettes de ce personnage ?

I sis Figaro, c’est un nom qui ne s’invente pas. Si la directrice de l’école des danses latines et tropicales, porte le prénom d’une

déesse égyptienne et le nom d’un personnage d’une pièce de Beaumarchais, la comparaison s’arrête là. Isis Figaro n’est ni une déesse, ni un personnage de théâtre. Les habitués de la sal-saphère ne connaissent peut-être pas son nom, mais connaissent sans doute son école. Située près de la Bastille, le quartier « latino » de Paris par excellence, l’école brasse du monde. Des cours tous les jours, des stages tous les week-ends. La formule séduit. « Des milliers d’élèves passent par ici tous les ans. C’est la plus grande école de salsa de France, voire d’Europe », ose t-elle. Mais son affaire ne s’arrête pas là. Isis Fi-garo, c’est aussi une compagnie, des DVD de cours, une boutique de chaussures spécialisées et même un single. La directrice a trouvé dans la danse un business à décliner sous toutes ses formes. « Ce n’est pas que ça. C’est un art de vivre. » La directrice-danseuse-chorégraphe à la voix rauque n’a pas l’intention de s’arrêter là. Avec son spectacle Latin Tropical Dance Show, qui s’est joué en novembre, elle a l’intention de toucher le grand public et de dépasser les frontières de la salsas-phère. Une façon d’étendre son empire.

Mais quelle femme se cache derrière cette femme d’affaires? « Je sais que les gens me voient comme ça, mais cela me gêne un peu », reconnaît-elle. Pour savoir qui est vraiment Isis Figaro, il faut retourner des années en arrière.

L’histoire débute aux Antilles, dans un petit village. La petite Isis est encore en primaire lorsqu’elle participe, comme les autres enfants, au spectacle de fin d’année. « À la fin, mon insti-tutrice m’a dit que j’avais un super potentiel. Elle a voulu convaincre mes parents de m’inscrire à un cours de danse. Avec quel argent ? Je viens d’une famille très pauvre » se rappelle t-elle. Isis Figaro est née sous une bonne étoile. « Mon ins-

titutrice avait de bonnes relations avec le maire. J’ai pu ainsi prendre des cours de danse. C’est ma bonne fée. Je ne l’ai jamais revue. » Depuis ce jour, elle ne s’est jamais arrêtée de danser. Pendant des années, elle écume les festivals locaux, danse, chante dans des orchestres, se fait un nom. Mais les Antilles deviennent rapi-dement trop petites pour elle. Elle décide alors de faire le grand saut vers la métropole, d’abord pour faire des études de psychologie. En réalité, elle est venue pour un tout autre but. « J’avais huit heures d’avion à faire. Pendant six heures, j’ai pensé à ma carrière de danseuse, et pen-dant deux heures à mes études ! » La jeune

femme atterrit d’abord à Tours. Pour financer ses études, elle fait des petits boulots comme mannequin-cabine. « Ce sont des femmes aux mensurations stan-dards qui testent des échantillons de vêtements. Quand je regarde tout ce que j’ai fait, j’ai dû mal

à y croire ! », explique-t-elle. Quelques temps plus tard, elle quitte la petite ville de province pour rejoindre la capitale et décide de se lancer. « L’appel de la danse était trop fort. » Monter une école dans la capitale n’est pas une mince affaire. « J’avais besoin d’argent pour créer mon école, mais avant, j’ai dû d’abord convaincre mon mari ! Il m’a dit : “Fais tes preuves” ». Du-rant les débuts, Isis Figaro louait des salles pour donner des cours. « Je passais d’un arrondis-sement à un autre, dans la même soirée ! D’un cours à l’autre, je me suis rendue compte que les élèves me suivaient ! C’est comme ça que j’ai convaincu mon mari ! »

Elle investit alors dans des locaux. Très rapide-ment, les résultats dépassent ses espérances. « J’ai eu deux ou trois fois plus d’inscriptions que prévu ! »

Nous sommes en 1998. L’école des danses latines et tropicales vient d’ouvrir ses portes au public. Aujourd’hui, l’aventure continue. P

y Texte Annie Voeung p

Isis Figaro

dépasser les frontières de la salsasphère

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C ette rencontre a permis la création d’un spectacle exceptionnel, Gypsy Connec-tion. Elle rend compte des liens évidents

entre ces deux cultures gitanes et révèle les ori-gines indiennes encore très présentes dans le flamenco joué et dansé.

Les artistes gitans, indiens et espagnols, pré-sentent leur propre culture. Ils s’interpellent, se répondent et se dévoilent. Ces ponts bâtis entre les deux traditions deviennent alors le fil conduc-teur du spectacle. Étonnant personnage que l’un des percussionnistes indiens jouant de ses karka-bous avec une gestuelle envoûtante. Expérience troublante que d’observer le mimétisme entre les danseuses, dans les tours et les mouvements de bras indiens et espagnols, accordant leurs gestes dans une démarche qui paraît naturelle.

Pourtant, c’est bien une construction culturelle que le parti pris de la deuxième partie du spec-tacle, dans laquelle les artistes des deux forma-tions s’accordent pour un tableau d’une énergie rare…

Gypsy Connection nous emporte dans un voyage authentique aux notes pétillantes, aux gestuelles sensuelles et affirmées. Depuis la féérie envoûtante de l’Inde des maharadjas jusqu’aux rythmes vibrants d’un flamenco où se mêlent les influences arabes, juives et orien-tales, c’est à chaque étape du spectacle le même émerveillement !

À l’instar du film Latcho drom, dans lequel le réalisateur Tony Gatlif (Gadjo Dilo, Vengo…) retrace l’itinéraire de la diaspora tzigane, depuis l’Inde du nord jusqu’en Andalou-sie, la production Sons du Monde a réuni depuis quelques années les deux bouts du chaînon avec les formations Dhoad Gitans du Rajasthan et Calle Cerezo flamenco.

La musique n’a pas de frontière

GYPSY CONNECTIONRencontre et fusion de deux mondes

Parlez-nous de cette rencontre...Amrat Hussein : Quand nous nous sommes

vus pour la première fois avec Javier Cerezo (le directeur artistique de Calle Cerezo flamen-co), nous nous sommes installés dans une pièce et nous avons commencé à improviser

ensemble. Nous nous sommes tout de suite compris musicalement ! Nos musiques ont les mêmes racines, nous avons une histoire com-mune. Mais Sons du monde, notre production, a facilité notre rencontre. En fait, avec Calle Cerezo, nous avons le même producteur !

Véronique Doric : Sons du monde travaille avec plusieurs formations de musiques du monde, mais il y a une orientation « musiques gitanes et tziganes ». Nous coopérons notam-ment avec des musiciens du Rajasthan, mais aussi d’Espagne et d’Europe de l’Est. Avec Raïs Barthi, le directeur artistique de Dhoad Gitans du Rajasthan et frère d’Amrat Hussein, nous avons discuté des différents écrits et tra-vaux de recherche sur la musique tzigane de l’Inde du Nord. Il y a un consensus concernant l’origine Nord-Ouest de l’Inde de la diaspora tzigane. Néanmoins, il y a des divergences de positions sur les routes empruntées par les gitans du Rajasthan. Se sont-ils séparés tout de suite, les uns allant vers l’Ouest par les pays du Machrek, les autres se dirigeant vers l’Europe en passant par nos « pays de l’Est » ? À l’époque, nous nous sommes aperçus que nous travaillions avec trois formations de musiciens correspondant à trois étapes signi-ficatives de cette migration. Nous avons mon-té un spectacle de ce voyage le long de la « course du soleil », de cette saga des gitans du Rajasthan jusqu’en Espagne, en passant par les Balkans. Le spectacle s’intitulait La route des fils du vent, il a tourné pendant quatre ans. Parallèlement, deux des trois formations impli-

Amrat Hussein, directeur artistique des Dhoads du Rajas-than et Véronique Doric, directrice de Sons du Monde, reviennent sur leur rencontre, sur la fusion de deux styles différents aux racines pourtant communes, sur leurs pro-jets…

y Texte : Mathilde Salmona & Annie Voeungp

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IER quées (les deux bouts du chaînon de la dias-

pora : les Indiens et les Espagnols) ont vou-lu aller plus loin ensemble car elles avaient une même manière de voir les choses. Entre les compagnies Calle Cerezo Flamenco, et Dhoad Gitans du Rajasthan, s’est construit une rare aventure humaine et une rencontre artistique inédite. Celle-ci a donné naissance au spectacle Gypsy Connection, avec onze artistes sur scène, depuis près d’un an.

Deux styles et deux cultures différents se confrontent et s’associent. Comment s’est fait la « mise au diapason » ?

A. H. : Le but est de montrer que la mu-sique n’a pas de frontières, qu’on peut ve-nir de deux mondes musicaux différents et néanmoins vivre une rencontre magique et extraordinaire. Nous nous retrouvons dans la manière de chanter. De même, comme le fla-menco, notre musique fonctionne sur douze temps. La différence se trouve au niveau des accents. Mais nous sommes vraiment en symbiose sur l’énergie exprimée par nos voix et par nos mélodies. Comme dans le flamen-co, nous improvisons beaucoup. C’est pour cela que nous nous se complétons parfaite-ment.

V. D. : Ce que nous pouvons observer, c’est que pour les gitans indiens comme pour les espagnols, l’apprentissage de la musique est oral, il n’y a pas de partitions. D’autre part, il y a des ponts évidents dans le chant et les per-

cussions, c’est flagrant dans la première partie du spectacle. Anecdote intéressante, les deux musiciens non gitans intégrés dans la formation de flamenco (le contrebassiste et le violoniste) ont du écrire leurs partitions pour l’occasion. Ils ont du se déconditionner et faire preuve de spontanéité. cela les a rapprochés des autres et a été une belle intégration !

N’est-il pas vrai que les origines du flamen-co sont indéniablement indiennes?

A. H. : Tout à fait. Les gitans du Rajasthan sont allés jusqu’en Andalousie. Cela remonte à des milliers d’années.

V. D : En effet, les gitans viennent du Rajas-than, mais le flamenco est le fruit de leur ren-contre avec le peuple ibérique et arabo-andalou. Dans certains mouvements de bras des deux danseuses qui s’interpellent sur scène, l’une Es-pagnole et l’autre Indienne, il y a une similitude incroyable. Ces similitudes se retrouvent dans le haut du corps et dans les tournés, moins au niveau des pieds. Il faut avoir conscience que dans la deuxième partie de Gypsy Connection, la chorégraphie a été travaillée, ce qui a été faci-lité par leurs nombreux points communs.

Dans la deuxième partie de Gypsy Connec-tion, qu’est ce que chacune des formations et chacune des danseuses ont apporté à cette chorégraphie ? Comment ont-elles travaillé ?

A. H. : De manière globale, Calle Cerezo fla-menco a appris avec nous et réciproquement. On a mis des accents flamenco dans notre

musique. Cela a amené autre chose. Les dan-seuses, je les ai accompagnées avec mes ta-blas (percussions indiennes). Chacune a essayé d’apprendre les pas de l’autre !

V. D. : Elles ont cherché leurs points en com-mun et ont travaillé à partir de là. Pourtant, elles ne parlent pas la même langue, beaucoup de choses passent par les yeux. Chacune a du s’ouvrir à l’autre, faire preuve de sensibilité, notamment pendant les séances de maquillage et de préparation en loge. Amrat Hussein s’est chargé de la traduction pour organiser le travail, expliquer comment travailler…

Quels sont vos projets ?A. H. : En 2012, nous allons donner un concert

en Algérie. Le but, c’est de faire passer le mes-sage de Gypsy Connection dans le monde.

V. D. : Il y a 3 ans, Germaine Bouglione, l’une des descendantes Bouglione, est venue à un concert de Calle Cerezo Flamenco. Enthou-siaste, elle a tout de suite cherché à rencontrer la production Sons du monde dans l’idée de construire un projet avec eux. Que faire ? Com-ment donner du sens ? Oui les gens du cirque sont aussi nomades, beaucoup sont d’origine gitane, d’Italie notamment. Mais comment in-clure dans un même spectacle des virtuoses de la piste, des virtuoses de la scène et une « his-

toire de gitans » ? Avec Germaine Bouglione, Sandrine Bouglione (cheval, cavalerie, trapèze) et André Bouglione (tigres), nous avons travaillé à des numéros évoluant sur la musique de Gy-psy Connection, à voir les 1er et 2 décembre 2011, sur l’Île des Impressionnistes à Chatou. Imaginez les tigres se mouvant au son de la mu-sique indienne…

Et puis il y aura Alger, le 26 janvier 2012, dans le cadre d’un cycle de spectacles « Andalousie-Maghreb Terre d’accueil », organisé par AARC.

Je voudrais ajouter une anecdote significa-tive vécue il y a deux ans. Lors de la tournée du spectacle « La route des fils du vent », SDM et les musiciens indiens et espagnols se sont trouvés être en résidence en Macédoine, dans la capitale, Skopje. Ils ont rencontré des musi-ciens de là-bas, des Balkans. Des projets ont germé, mais les difficultés d’obtention de cartes de séjour ont pris le dessus. Néanmoins ils ont eu l’occasion de se retrouver dans leur quartier rom, Shutka - énorme ville dans la ville – dans des petits endroits où peu de monde entre.

Interview réalisée par Annie Voeung et Ma-thilde Salmona

Page 11: ENCAS DANSE MAGAZINE N°24

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