Encyclopédie Berbère Volume 18

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  • 7/31/2019 Encyclopdie Berbre Volume 18

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    ENCYCLOPDIE

    BERBREXVIII

    ESCARGOTIRE FIGUIG

    E D I S U D

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    ENCYCLOPDIEBERBRE

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    D I R E C T E U R DE LA PUBLICATION

    G A B R I E L C A M P Sprofesseur mrite l'Universit de Provence

    LA.P.M.O. , Aix-en-Provence

    C O N S E I L L E R S SCIENTIFIQUES

    G. CAMPS (Protohistoire et Histoire)H. C A M P S - FA B R E R (Prhistoire et Technologie)S. CHAKER (Linguistique)J. DESANGES (Histoire ancienne)O. DUTOUR (Anthropobiologie)

    M. G A S T (Anthropologie)

    C O M I T E D E R E D A C T I O N

    M. ARKOUN (Islam)E. BERNUS (Touaregs)D. CHA MPA ULT (Ethnologie)R. CHENORKIAN (Prhistoire)H. CLAUDOT-HAWAD (Touaregs)M. FANTAR (Punique)E. G E L L N E R (Socits marocaines)J . -M. L A S S E R E (Socits antiques)

    J. LECLANT (Egypte)T. L E W I C K I (Moyen ge)K . G P R A S S E (Linguistique)L . S E R R A (Linguistique)G. S O U V I L L E (Prhistoire)P. T R O U S S E T (Antiquit romaine)M.-J . VIGUERA-MOLINS (Al Andalus)

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    UNIONINTERNATIONALE DES SCIENCES PR- ET PROTOHIS TORIQUESUNIONINTERNATIONALE DES SCIENCES ANTHROPOLOGIQUES ET

    ETHNOLOGIQUESLABORATOIRED'ANTHROPOL OGIE ET D E PRHISTO IRE DES PAYS

    DE LA MDITERRANE OCCIDENTALEINSTITUTDE RECHERCHES ET D'TUDES

    SU RLE MONDE ARABE ET MUSULMAN

    ENCYCLOPDIEBERBREX V I I I

    Escargotires - Figuig

    D I S U DL a Calade , 130 90 Aix-en-Provence , F rance

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    ISBN 2-85744-201-7 et 2-85744-948-8

    La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinas 2 et 3 de l'article41 , d'une part, queles copies ou reproductions strictement rserves l'usage du copiste et non destines une utilisation collective et, d'autre part, que les analyses etles courtes citationsdans un but d'exemple etd'illustration, toute reprsentation ou reproduction intgrale, ou partielle, faite sans le consentement de sesauteurs ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, estillicite (alina 1" de l'article40).Cette reprsentation ou reproduction par quelque procd quece soit contituerait donc une contrefaon sanctionne parles articles425 et suivants du Code pnal.

    Edisud, 1997

    Secrtariat : Laboratoire d'Anthropologie et de Prhistoire des pays de la Mditerrane occidentale, Maison de la Mditerrane, 5 bd Pasteur,13100 Aix-en-Provence.

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    E39. ESCARGOTIRE S

    Le mot escargotires, ainsi que l'a mo ntr L. Balout, la suite de Li tt r,dsigne originellement un lieu o on lve des escargots. Dans cet levage on use,parfois, de la cendre pour limiter le dplacement des escargots. Il n'est pasimpossible que celui, qui le premier, appliqua ce nom aux gisements capsiens aitrellement pens que ces milieux trs cendreux aient t rservs l'levage desgastropodes terrestres. Le responsable de cette curieuse appellation, apparue vers1905, semble bien avoir t le gendarme Latapie, l'un des pionniers de la Prhis-toire maghrbine.

    Les escargotires ne se distinguent des amas coquilliers littoraux, appels encore tort Kjkkenmodding, que par la nature des coquilles de mollusques qui entrentdans leur composition: ce sont exclusivement des gastropodes terrestres. Lafragilit de ces coquilles explique la frquence des lits ou lentilles de terres mlesde menu s fragments de coquilles brises par le pitin ement qui apparaissent dans lamasse des gisements capsiens. Les coquilles, qu'elles soient entires ou brises, neconstituent pas cependant la totalit des matriaux de l'escargotire, elles neconstituent mme pas la part la plus importante bien qu'elles soient les plusapparentes et attirent de ce fait l'attention.

    La masse principale de l'escargotire reste la terre plus ou moins riche encendres. Au cours des prospections ce sont ces cendres qui dans les vastes espacesdu Sud tunisien et dans la partie mridionale de l'Algrie orientale permettent dereconnatre distance les escargotires. Leur existence est signale par de largeschapes grises qui dvalent le long des versants ocres compltement dpourvus devgtation. L'paisseur de certaines escargotires est suffisante pour cacher lesstrates calcaires dont l'horizontalit est une caractristique du paysage de ces

    rgions. Lorsqu'on s'approche de tels gisements, la composition des escargotiresapparat plus clairement ; aux terres cendreuses peu consolides qui librent des

    Escargotire vue de loin, dont les couches de cendres recouvrent les strates calcaires dans lesNmemcha. Photo G. Camps

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    Surface d'une escargotire. Photo M. Bovis

    milliers de coquilles d'escargots s'ajoutent des pierres anguleuses apportes parl'h omme , qui ont presque to utes subi l'action du feu. La masse des pierres calcinesparat d'autant plus importante que la dflation ou l'rosion ont fait disparatre lesparticules fines de la partie suprieure du gisement et libr les coquilles qui roulent

    vers la priphrie de l'escargotire. Seuls restent sur place les silex taills et lespierres chauffes qui forment une chape protectrice.

    Ce phnomne ne se reproduit pas identiquement partout. Dans les rgionsproches du Tell, dans la plaine de Stif, si riche en petits gisements capsiens, lachape n' a gn ralement pas eu le temp s de se constitu er et dans les parties cultivesles labours ameublissent la surface, pulvrisent les coquilles, dispersent les pierres.Dans ces rgions cralires, les escargotire capsiennes sont donc moins visibles.

    Les gisements capsiens n'ont pas tous la mme composition et ceci n'a pas tsuffisamment signal. Ce qui varie considrablement c'est prcisment l'un deslments qui parat essentiel puisqu'il a donn son nom aux escargotires.E.-G. Gobert a montr que les coquilles d'escargots paraissaient extrmementnombreuses parce que les gisements dans l'tat actuel ne sont que des rsidusminra ux de tas de refus dan s lesquels les lments vgtaux oc cupaie nt le plus gros

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    Coupe d'une escargotire Henchir Hamida. Photo G. Camps

    volume. Il n'empche que dans ces tas de refus, maintenant rduits leur seulslments minraux, les coquilles sont tantt extrmement abondantes, particuli

    rement dans les escargotires septentrionales (rgion de Constantine et de Stif),tantt plus modestement reprsentes (Nmencha, rgion de Gafsa), tantt rares(rgion de Tiaret), tantt presque totalement absentes (Ouled Djellal, rgion deDjelfa). La prsence de cendres, toujours abondantes, demeure le caractre le plusconstant de ces gisements auxquels les Tunisiens donnent volontiers le nom de rammadiya , mot que l'on peut traduire par cendrire .

    Une escargotire n'est pas un gisement stratifi comme le sont les couchesarchologiques des habitats palolithiques voire ibromaurusiens. Dans ces tasde refus, de couleur uniforme, les Capsiens enterraient leurs morts, abandonnaientleurs outils, leurs rares objets de parure ; ils y difiaient de lgres cabanes qui n'ontlaiss aucune trace, le sol tant trop meuble pour garder d'une manire durablel'empreinte de piquets. Seuls quelques lits de coquilles broyes ou, au contraire,parfaitement conserves, crent une certaine alternance dans la masse du gisement.Mais si ces variations peuvent permettre certaines observations de porte limite,elles ne peuvent en aucun cas constituer des repres stratigraphiques. Ce ne sontd'ailleurs que des amas lenticulaires et jamais de vrais lits continus.

    Les habitats capsiens, qui ont la plupart l'aspect d'escargotires, sont extrmement nombreux particulirement en Algrie orientale. La rgion de Tbessa et sonprolongement occidental des Nmencha, celle des petits chotts particulirementdans le quadrilatre An Beida - Kenchela - Batna - An MLila et la rgioncomprise entre Stif et Constantine paraissent les plus riches en gisement capsiens,peut-tre parce qu'elles furent mieux explores que d'autres. Cette densit extrmement forte pour une civilisation prhistorique demeure d'autant moins explicable qu'il s'agit d'implantations sdentaires et que la plupart des escargotires ontconnu une longue dure d'occupation, mme si apparemment l'industrie lithique(qui n'est qu'une faible partie de l'quipement des hommes capsiens) volue peu.Sans vouloir donner une valeur chronologique constante ces observations, nous

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    savons, grce aux fouilles de Medjez II, qu'une escargotire de plus de 3 md'paisseur a t occupe pendant plus de 2 millnaires et demi. Or les escargotires paisses de plusieurs mtres ne sont pas rares. On peut admettre sansdifficult que toute escargotire constituant un lger relief dans une plaine ousur un versant reprsente un habitat permanent de la dure d'un millnaire aumoins.

    Ces sites, d'occupation constante lie une vie sdentaire d'une partie au moinsde la population, ont une tendue variable qui n'est pas ncessairement en rapportavec l'importance du groupe. L'habitat peut avoir gliss lentement au cours dessicles. Ces dplacements latraux finissent par occuper une surface considrable,c'est le cas de celui de Rabah q ui a un d iamtre de 80 m dans lequel D. Gr bna rt areconnu 5 phases couvrant la totalit duVIe millnaire.

    Les auteurs ont do nn parfois les dimensi ons appar entes des gisements capsiens,

    mais les chiffres sont sujets caution et les contradictions sont frquentes: ainsid'aprs G . Mercier l'escargotire de Mec hta el-Arbi, de forme elliptique, aurait u nelongueur de 90 m pour une largeur maximum de 50 m, mais A. Pond, aprs lesfouilles estime 125 m la longueur du gisement et 75 80 m sa largeur.M. Reygasse donne 15 m de longueur au dpt restant du gisement de Bir Zarif el Oua r mais, quelqu es ann es plus tard, Vaufrey lui trouve un e longue ur de 50 m !

    Il a sembl utile de donner dans le tableau suivant les dimensions connues dequelques escargotires parmi celles qui sont les plus souvent cites.

    Nous ne retiendrons que les habitats de plein air isols et non ceux, plusfrquents, situs le long d'une corniche ou en avant d'un abri: les escargotirestablies sur des versants, sur des mamelons ou dans la plaine ont une formegrossirement circulaire et plus frquemment elliptiques.

    TUNISIE Long, max Larg. max paisseur

    Bou Hay a 40 m 25 m 1,30 mRGION DE TBESSAAn Dokkar a 50 m 25 m 1,10 mKm 3,200 150 m 2 mAn Rhilane 100 m 70m 2,50 mBekkaria 35 m 25 mBir Zarif el Ouar 50 m ?R'F ana 50 m 25 m 1 mKhanguet el Mouhaad 9 5 m 3 5m 5 mKh. el Khorza D: 40 mAn Khang a D: 30 mRGION CENTRALE ET STIFIENNESite 51 D : 95 m 2,10 mOue d Med foum D : 100 m 3 mAn M'iila 90 m 80 mBir Laskeria 70 m 35 mMechta el-Arbi 125 m 75 mMedjez II 100 m 40 m 3,65 m

    Ces donnes n'ont qu'une valeur indicative car l'talement des gisements par le jeu de l'ros ion modifie parfois co ns id r ab le men t la forme et les di me ns io ns desescargotires. Il faut surtout prciser que les dimensions ainsi calcules s'appliquent le plus souvent aux sites les plus importants et risquent donc de donner unevision assez fausse de l'ensemble des gisements capsiens.

    La prospection trs minutieuse de D. Grbnart dans la rgion situe au sud deChria jusqu'aux Nmencha fait connatre les dimensions approximatives de prs

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    de 200 escargotires, sur 233 gisements reconnus. Nous avons, grce cet apportimportant nos connaissances du Capsien, pu tablir la rpartition suivante :

    Gisements dont le diamtre est de10 15 m 22" " 20 25 m 54" " 30 40 m 23" " 50 60 m 18" " plus de 80 m 1

    Gisements dont la longueur est de10 15 m 3" " 20 25 m 35" " 30 40 m 20" " 50 m 5" " plus de 50 m 9

    Ainsi prs de 50 % des escargotires des Nemencha ont moins de 30 m dediamtre ou de longueur. Ce sont donc des habitats de groupes peu nombreux ; dumme coup s'explique, en partie, leur trs grand nombre. Mais sur 100 escargo-rires des Nmencha dont on connat approximativement l'paisseur, 58 ont plusd'un mtre d'paisseur. Or l'occupation d'El Outed, dont l'paisseur tait de1,10 m au centre, a dur plus d'un millnaire et demi. Nous en arrivons donc la conclusion que ces gisements capsiens, mme ceux d'une faible dimension,furent occups pendant plusieurs sicles, ce qui confirme le caractre sdentairedes occupants.

    Les Capsiens n'taient pas de grands chasseurs nomades poursuivant les hardesd'antilopes bubales ou les petits chevaux zbrs sur de trs vastes tendues.L. Balout a insist sur la distribution gograph ique des escargotires. Le t oponym iemme souligne les sites d'lection: les motsan (source),bir (puits), khanguet (tranglement),foum (passage) oufedj (couloir) entrent le plus frquemment dans

    la composition des noms donns ces gisements. Les Capsiens choisissaient doncpour lever leur huttes un lieu proche d'un point d'eau ou les abords d'un col. Enfait, ce choix n'est pas toujours trs net ; n'oublions pas que les escargotires n'ontpas toutes reu un no m. Da ns la rgion de Chria, co mme dans celle d'An Beda, ilfut mme ncessaire de leur donner des numros d'identification. Il ne faut pasfaire d'une situation caractristique une rgle absolue: on trouve des escargotiresdans toutes les situations topographiques possibles.

    Les Capsiens n'ont pas dlibrment fui les fonds de plaine et les cuvettes ; ainsi Chria une escargotire situe 25 m peine d'un marais qu'elle dominait de0,75 m 1 m fut disperse par les inondations de mars 1948.

    Dans la rgion de Stif et jusqu'au voisinage des monts du Hodna, les escargotires parsment la plaine; il en est de mme dans la rgion d'An Beda. Laproximit d'un point d'eau actuel n'est pas non plus une rgle constante bienqu'elle soit trs frquemment suivie. Dans les Nmencha, des versants totalementdpourvus de source portent de trs nombreuses cendrires. Le gisement d'ElMekta qui a servi dfinir le Capsien est loign de plusieurs kilomtres de toutpoint d'eau.

    Le souci d'avoir des vues tendues sur le pays d'alentour guide la plus souvent lechoix des Capsiens: les hauts de versant dans les pays montagneux, les mamelonsdans les plaines sont plus que tous autres les lieux d'lection. Il ne semble pascependant que ce soit des soucis de dfense qui aient fait choisir ces emplacements :on n'est mme pas sr que ce soit, comme l'ont suggr de nombreux auteurs, poursurveiller les animaux de chasse. La chasse ne se fait pas dans les environsimmdiats des habitations et la surveillance du gibier peut se faire ailleurs quedans le village.

    Ce choix des hauteurs ou mieux de l'endroit caractristique est le plus souventun besoin inn qui rgit l'habitat des population s primitives ou moins primitives. Il

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    Les escargotires de la rgion de Chria (Nmencha). Prospection de D. Grbnart

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    n'ob it pas ncessa irement des obligations matrielles : celles-ci chang ent avec lesgenres de vie au cours des sicles, or ces emplacementsprivilgisdemeurentsouvent des points de fixation de l'habitat. Peut-tre le dsir devoir son territoireest-il la premire manifestation du sens de la proprit ?

    Quelle que soit leur situation topographique, qu'ils coiffent un mamelon ousoient accrochs un versant, les gisements capsiens n'ont jusqu' ce jour rvlaucune structure visible d'habitat. Il est vrai que les fouilles furent conduitestoujours en tranches et jamais par larges dcapages horizontaux. Mais noussommes srs que les Capsiens ne construisaient pas de cabanes en pierres, leursfoyers mme taient gnralement mal dlimits par quelques pierres plus grosses,rarement agences (site 12). La masse parfois considrable de pierres calcines quiforment la chape des escargotires n'a jamais servi lever des murs.

    Tout indique que la demeure capsienne n'tait qu'un fragile abri, simple hutte

    ou paravent fait de brancha ges ou de roseaux entrelac s. Il n'est pas impossible queles peaux d'antilopes aient t utilises comme velum, mais elles devaient servir deprfrence fabriquer des outres et des sacs. Les gravures rupestres que l'ons'accorde dater du Nolithique de tradition capsienne montrent des hommesvtus de pagnes et parfois de tuniques en cuir: il est tout fait vraisemblable queleurs anctres capsiens utilisaient galement les peaux la prparation de telsvtements.

    Un seul doc ume nt, d'in terpr tation difficile, rvle peut- tre l'aspect de ces abriscapsiens. C'est un galet grav trouv par nous la surface de l'escargotire trsdmantele de l'Oued Safla (Stif). La gravure reprsente un axe vertical centralsoutenu gauche par un trait oblique le runissant une ligne horizontale quisemble figurer le sol, autour de l'axe central et au-dessus se dveloppent trois demi-cercles parallles au bord du galet. Ce tectiforme suggr par la forme gnrale dugalet donne peut-tre l'image d'une hutte lgre qui ne serait gure diffrente des

    abris des Boshimans.Les auteurs ont souvent insist sur la trs grande quantit de cendres contenuesdans les dpts archologiques capsiens. Il est vrai que les fouilles d'une escargotire laissent souvent un souvenir dsagrable et pour peu que le vent se lve ouchange brusquement de direction, le tamisage transforme la malheureux fouilleuren charbonnier. On comprend que le mot ramad (cendre) entre souvent dans latoponymie des escargotires. Il ne faudrait pas cependant exagrer l'importancedes cendres et par consquent celle des foyers.

    Dans les rgions mridionales et dans la zone propre du Capsien typique o lesconditions climatiques taient peine plus favorables qu'aujourd'hui, les hommescapsiens ne disposaient pas de trs grosses quantits de bois pour alimenter leursfeux et ils contriburent largement la dforestation de ces pays dj peu boiss,aussi brlaient-ils surtout des broussailles et des touffes de gramines. La ncessitde retenir ces pailles enflammes explique le grand n omb re de pierres calcines qu erenferment les escargotires. Ces pierres avaient en outre l'avantage de rayonnerpendant la nuit la chaleur accumule dans les foyers. Nous savons aussi qu'ellespouvaient servir la cuisson ou au chauffage des aliments liquides.

    Les escargorires renferment souvent des restes humains. Dans certains cas(Bekkaria, Mechta el-Arbi, Medjez II), le nombre d'individus reconnus en coursde fouilles justifierait l'usage du mot ncropole pour dsigner ces gisements. Lapratique de l'inhumation dans l'habitat mme explique cette frquence.

    Il n'y a pas de pratique funraire originale ni de rgle applique universellementdans les inhumations faites dans les escargotires capsiennes.

    Dans un mme gisement, comme celui de Medjez II, on trouve aussi bien ladsarticulation dans une position force (H4), le dcubitus latral flchi (H3, El,E2, E4) , le dcubitus dorsal allong ( H1 , H2 , E3, E7). A en juger par les situationsstratigraphiques des sujets H4 Medjez II, H1 de Medjez I, des squelettes d'An

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    Inhumation dans une escargorire Medjez II (Rgion de Stif). Photo H. Camps-Fabrer

    Dokkora et de Dakhlat es-Sadane, il semble que la position contracte oufortement flchie ait t surtout donne aux poques anciennes puisque ces

    squelettes gisaient sous les escargotires ou dans les couches profondes. La pos itiondonne aux membres antrieurs est galement trs variable : tantt l'une des mainsest passe sous la face ou ramene vers la bouche, tantt les bras sont ramens sur lapoitrine ou allongs le long du corps. L'orientation est aussi diverse que lespositions donnes aux cadavres. La pratique de dcarnisation et l'inhumationsecondaire formellement reconnaissables dans l'Ibromaurusien de Columnatasont peu frquentes dans le Capsien (km 3,200). Cependant les Capsiens n'hsitaient pas creuser de vritables fosses dans des alluvions consolides comme Medjez I. A Dakhlat es-Sadane, aprs avoir dpos un corps dcapit dans unelgre dpression du sol, les hommes capsiens le recouvrirent de terres rapporteset d'un lit form d'une quinzaine de pierres. L'absence de stles, de tumulus ou detout autre repre dans les escargotires permet de penser que les hommes capsiens

    taient enterrs sous leurs huttesde branchages.

    Plus systmatique est le dptd'offrandes funraires et en premier lieu d'une provision d'ocre,gnralement au voisinage de latte. A Medjez II, H. Camps-Fabrer a pu noter que la tte et levisage d'un enfant (E7) avait trecouvert d'ocre, fard, poudre oupeinture on ne sait, mais c'est bienle cadavre et non les os dcharnsqui avaient reu cette parure colore dont l'usage est quasi-universel.

    Galet grav de l'oued Safla (rgion de Stif)Dessin E. Camps

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    Des ossements teints d'ocre, provenant certainement d'un squelette dispersaccidentellement, furent recueillis par A. Debruge puis par R. Vaufrey dansl'escargotire du km 3,200 Tbessa.

    Il existe toutefois des os humains, particulirement des pices crniennes quifurent enduites d'ocre aprs dcharnement ; mais il nes'agit plus dans ce cas deparure funraire. Ces pices ont en effet subi des modifications: la mandibule deColumnata dont les branches montantes avaient t scies et polies a t ensuitefrotte d'ocre; il en est de mme pour le crne sci et transform en masque-trophe de Fad Souar II. A la surface de l'escargotire d'An Bouchent, futdcouverte une branche montante de mandibule isole entirement teinte d'ocresur les deux faces et au sommet du condyle: dans ce cas aussi l'ocre avait tapplique aprs dcharnement.

    D'autres fois, l'ocre rouge tait dpose en couche plus ou moins continue au-

    dessus du corps dj inh um (enfant E6 de Medjez II ). A l'An Kda, Dakhla t es-Sadane et Bekkaria (vraisemblablement au Nolithique) des dpts d'ocre sousforme de blocs bruts, de crayons calibrs ou de fard prpar aprs grillage, ont tsignals dans les spultures. Dans les deux gisements de Medjez un tel emploi del'ocre fut systmatique. On peut, dans ce cas, parler d'un vritable rite funraire.

    BIBLIOGRAPHIE

    Voir Capsien,EB. XII, C 20.

    G. CAMPS

    E40. ESCLAVE (voir Akli)

    E41. ESCULAPE africain

    Implantation du culte

    Comme celui desCereres,d'Hercule ou deGeniimunicipaux, le culte d'Esculapea joui d'une faveur particulire en Afrique. Le culte gurisseur n'y a pourtant pasrencontr un succs gal partout: l'implantation a t ingale non seulement d'uneprovince une autre, mais aussi l'intrieur d'un e m me p rovince, en relation avecdes circonstances locales, tant gographiques que sociales. Un regard jet sur lacarte du culte permet de constater que les traces laisses par les tmoignages dedvotion l'adresse d'Esculape et d'Hygie, sa fille, diminuent vers l'ouest, constituant trois groupes nettement individualiss: les vieilles cits berbro-puniques, lesagglomrations tablies sur les voies de pntration de la romanisation et lesstations thermales, certains lieux appartenant deux ou trois groupes la fois.En Proconsulaire, Esculape apparat plutt seul ou avecCaelestis, Hygie tantrarement mentionne. A l'exception du camp deGholaa, sur lelimesde Tripoli-taine, le culte y revt un aspect civil. Au contraire, la Numidie est la province duculte commun d'Esculape et Hygie. Les deux divinits y ont bnfici d'un cultefranchement militaire dans les camps et les villes de garnison, thrapeutique dansles thermes. En Maurtanie Csarienne, en dehors de la capitale, la prsence desdieux gurisseurs reste insignifiante et souvent hypothtique, les auxiliaires neparaissant pas avoir partag la ferveur de leurs collges de laIlla Augusta pourEsculape et Hygie. En Tingitane, les deux sculptures deBanasa et Volubilisnepeuvent contredire l'impression que le culte a rencontr peu de succs dans largion. Un parallle entre la diffusion gographique du culte d'Esculape et celle duculte de Saturne souligne le caractre litiste du premi er. En effet, l'implan tationingale du culte du matre du panthon africain dpend, selon M. Le Glay, la fois

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    d'u ne situation socio-c onomiqu e caractrise par les formes de vie sdentaires desagriculteurs-leveurs et de l'influence grco-romaine, la densit des sanctuairesvariant do nc en fonction de celle de la popul ation ru rale et en proportion inverse dudegr de romanisation ; l'oppos , l'implantatio n d u culte d'Esculape est en troiterelation avec la densit de la population urbanise et le degr de romanisation.

    A l'ingale implantatio n gograp hique du cult e, s'ajoutent des disparits socialessignificatives. Les fidles d'Esculape et d'Hygie, en Afrique, forment quatre grandsgroupes dont le plus important est celui des fonctionnaires, des militaires, desagents divers de l'administration impriale; cette catgorie, domine par lesgouvernements et les militaires, donne un cachet officiel et litiste au culte enNumidie militaire et en Csarienne, l'arme, la IIIe lgion en particulier, se rvlantun vecteur essentiel de diffusion du culte gurisseur dans la rgion. Le deuximegroup e est celui de la bourgeoisie muni cipale et provinciale (magistrats, prtres des

    cits, patrons). En dehors des flamines, la part prise par ces notables municipauxdans le culte gurisseur apparat aussi modeste que celle des villes. Les prtresconstituent une catgorie dont le petit nombre nous parat imputable la seuleindigence documentaire. Encore plus modeste est le groupe des esclaves et desaffranchis venus de Grce et d'Orient; contrairement ce qui se passe dansd'autres rgions de l'empire, cette catgorie de fidles ne parat avoir jou aucunrle dans l'implantation du culte en Afrique. L'absence d'une catgorie traditionnellement respective au message du dieu d'Epidaure - les petites gens - nemanquent pas de surprendre. Alors qu'on prsente souvent le culte d'Esculapecomme celui des masses et non celui de l'lite, des couches infrieures plutt quedes classes suprieures, des gens incultes et non des personnes cultives, ladocumentation africaine, compte tenu de son caractre limit, prouve exactementl'inverse: en Afrique, les petites gens ne font pas partie des adeptes d'Esculape. Cedernier fait donc partie de ces divinits auxquelles fonctionnaires et soldats

    adressaient leurs hommages, mais qui ne sont pas, en rgle gnrale, devenuespopulaires dans les provinces qu'ad minist raient ces fonctionnaires et o ces soldatstenaien t garnison. N'est-il pas nature l, alors, de penser que l'immen se majoritsilencieuse a boud le dieu gurisseur grco-romain parce qu'elle rservait sadvotion d'autres divinits de la sant ?

    Un dieu plusieurs facettes

    La nature des tmoignages du culte comme leur rpartition font apparatreEsculape sous divers aspects.

    Le dieu grco-romain

    Fils d'Apollon et d'une mortelle, Coronis,Asklpiosa d'abord t vnr en tantque hro s. En tant qu e dieu, il n'a t reu par tous les Grecs que relativement tardpuisque la plus ancien document est une inscription athnienne commmorantl'arrive de dieu Athnes en 420 av. J.-C. C'est partir d'Epidaure et une daterelativement tardive qu'Asklpios a commenc conqurir la Grce. L'poquehellnistique est celle de la reconnai ssance universelle du dieu et de l'dification detemples d ans toute s les grandes cits, mais son admission Rome , en 291 av. J.-C.constitu e le point de dpart de l'ascenda nce d u culte en Occide nt. La popularit dudieu gurisseur dans l'arme a fortement contribu l'expansion de son culte,puisque les soldats l'ont emmen dans toutes les rgions domines par Rome, jus qu' au x extrmits du monde ha bi t. En Afrique, les tmo ignages du cu lte rend u Esculape et Hygie se concentrent dans les vieilles cits berbro-puniques, lesagglomrations tablies sur les voies de pntration de la romanisation et lesstations thermales.

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    a) Les vieux centres pr-romainsEn Procons ulaire, le culte grco-romain est attest Carth age, Dj. Bou Kor nein,

    Gammarth, Utique,Curubis, Asadi,Hadrumetum, Thysdrus, Gigthis, Oea, Lepcis Magna, Hr Berjeb, Hr Chett,Thuburbo Maius, Thignica,Hr Bir el Afu,Thugga,Vchi Maius, Vazi Saura, Mactar, Althiburos, Hippo Regius, Madauros, Thubursicu

    Numidarum, Calamaet Theveste.En Nu mid ie, le culte a laiss des traces peut-tre Cirta, si la statue qu'abrite le

    muse, mais dont on ne connat pas le lieu de provenance, reprsente bienEsculape.

    En Maurtanie Csarienne,Caesarea a rserv un culte officiel la divinit.En Tingitane, enfin,Volubilisne doit sa prsence sur la carte du culte qu' une

    statuette qui peut reprsenter aussi bien Esculape jeune qu'Apollon.

    b) Les voies de pntrationOutre les villes anciennes dj mentionnes, qui sont galement situes sur desvoies de communication, de nombreux autres lieux de culte suivent les axes depntration de la romanisation. C'est, en Proconsulaire,Maxula et Gholaa; enNumidie,Rusicade, Sila, Cuicul, Mascula, Thamugadi, Lambaesis, Lambiridi,Zara,El Gahra etCastellum Dimmidi;en Csarienne,Auzia, Rapidum; en Tingitane, Banasa.

    c) Les stations thermalesC'est encore le dieu grco-romain et sa fille que nous retrouvons comme

    protecteurs de diverses stations thermales de Proconsulaire et de Numidie. Dansla premire,Aquae Persianae,Dj. Oust, Hammam Djedid, Hammam Zriba et

    Aquae Aptuccensiumont livr ddicaces ou statues attestant leur prsence. EnNumidie, le couple gurisseur n'apparat qu'Aquae Flauianae.

    Bien que le dieu de la mdecine honor dans ces trois catgories de lieux de cultel'ait t sous son aspect import, son culte y prsente des diffrences, nonseulement d'une province une autre mais galement l'intrieur d'une mmeprovince. A Carthage, Lepcis Magna, Thubursicu Numidarumou Lambse, parexemple, vnr seul ou avec Hygie, Esculape a su rester fidle ses origines grco-romaines. La dcouverte Gammarth d'un autel ddiAesculapio ab Epidauro,auI I E sicle, donne une teinte d'hellnisme au culte gurisseur en Afrique : le ddi-cant, prtre de Cyble et d'Attis, prouve le besoin de prciser qu'il s'adresse l'Esculape d'Epidaure, l'Esculape authentique , sans doute pour le distinguer dePEsculape commun qui doit lui paratre trop africanis. Toujou rs grco-rom ain,le culte gurisseur rendu dans une cit par des membres de l'aristocratie municipale, de l'administration impriale ou municipal e au dieu seul, se rvle nan moin sdiffrent de celui qui l'associait Hygie dans les thermes et les stations thermales oude celui qui suscitait la ferveur des officiers de laIlla Augusta. Riche de tout unarrire-plan culturel grco-romain, cet Esculape prend place parmi ces divinitsgrco-romaines qui taient des divinits d'une classe, celle qui dans la ville, auxassembles provinciales, auprs du gouve rneur, avait le pouvoir. En Csarie nne, ole culte ne doit rien l'arme mais reste nettement officiel, et en Tingitane, lehasard des dcouvertes ne peut justifier la minceur des tmoignages ni masquerl'impression d'chec: quels cultes traditionnels, quelles divinits maures y ontempch son implantation?

    Le dieu phnico-punique

    Sur le revers d'une monnaie en bronze de Bryte, date d'Elagabale,Eshmun,debout, de face, juvnile et nu, regarde droite, les cheveux coiffs en chignon ;

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    le bras droit est lev, la main droite ouverte hauteur de la tte. Une draperie,pose sur son paule gauche, s'enroule autour du bras tendu au-dessus de l'undes dragons ails, tte cornue et barbue, qui se dressent symtriquement sescts.Un aureus attribu par E. Babelon l'Afrique et Septime Svre offreune image trs proche: sous le fronton triangulaire d'un temple distyle, considr comme celui'Eshmun Carthage, se dresse le dieu, debout de face,imberbe et entirement nu; il s'appuie de la main droite sur un bton autourduquel est enroul un serpent, tandis qu' ses pieds, symtriquement droite et gauche, se trouvent deux serpents la tte cornue enrouls et dresss sur leursanneaux. Alors que l'influence grco-romaine est vidente sur l'exemplaire africain, l'image du dieu phnicien sur la monnaie de Bryte, encore sous le rgned'Elagabale, est fidle la pure tradition phnicienne. C'est en effet Esculapeque la divinit reprsente sur l'aureus africain doit ses formes paisses et le

    bton au serpent, mais c'est Eshmun qu'elle emprunte son aspect juvnile et lesdeux serpents ou dragons d'Astart. Cet exemple remarquable de fusion iconographique entre la divinit phnicienne et le dieu grec est un premier indice de lanature complexe d'Esculape africain.

    Le culte carthaginois s'intgre dans un hritage culturel qui remonte nonseulement au Baal de Sidon, dieu poliade et protecteur individuel la fois, mais,plus loin, au dieu-huile d'Ugarit. D'anciennes pratiques tant magiques quemdicales expliqueraient le glissement smantique desmn huile celui quioint puis gurisseur ; nom com mun,smn serait devenu une pithte du dieusidonien puis un nom divin part entire, faisant d'Eshmun un dieu gurisseur,identifi ensuite avecAsklpios,le divin mde cin grec. Parmi les dieux qui rgnaientsur le panthon de Carthage,Eshmun apparat en troisime position, aprs BaalHammon et Tanit Pn Baal. Selon Apule(Floride, 18), l'Esculape punique taitle protecteur spcifique de Carthage, le Baal poliade garant de son bien-tre et decelui de ses habitants. Le grand nombre de thophores puniques composs partirde son nom et fournis aussi bien par l'pigraphie punique que par l'pigraphielatine africaine, nous per met d'a pprci er le degr de vnration voue Eshmun pa rles Carthagin ois. Si l'on adm et que les thop hores sont l'expression d'u ne dvotionplutt prive et familiale, on ne peut que se rjouir de l'importance d'un telrpertoire pou r l'analyse des rappo rts qu'e ntre tena ient avec cette divinit les fidlesqui plaaient leurs nouveau-ns sous sa protection ternelle. D'aprs ce rpertoire,Eshmun apparat Carthage comme une divinit secourable , qui dlivre , quigarde , conserve , autant d'pithtes qui conviennent un dieu bienfaisant, undieu de la sant. Ses dvots se proclament ses serviteurs ou ses servantes, ses protgs ou clients , se mettent dans ses main s . Cecorpusn'est pas spcifiqued'Eshmun car ces actions secourables appart ienne nt aussi d'aut res divinits, maisleur concentra tion et leur varit, impress ionnante s dans le cas de cette divinit, netrouvent pas de parallle dans le panthon punique (Melqart et Astart compris).Eshmun apparat d onc bien co mm e le plus disponible et le plus attentif aux requ tesdes hommes. On a dnombr plus de 700 thophores carthaginois comportant lenom d'Eshmun,une vingtaine constitue de formations nominales diffrentes. Ilssont en nombre beaucoup plus rduit dans le domaine no-punique mais il sont,gographiquement, bien rpartis: Carthago, Hadrumetum, Teboursouk, Mactar,Calama, Cirta, Caesarea; cette diminution ne rsulte pas d'un dclin de popularitmais d'un processus syncrtique avec Esculape qui ne devrait pas empcher dedeviner la prsence sous-jacente de l'ancien culte punique. Six inscriptions carthaginoises mentionnent le temple d'Eshmunet ses serviteurs,mais c'est surtoutAppien(Historia romana,VIII, 130-131), dans son rcit de la chute de Carthage,qui nous renseigne sur le lieu de culte: situ sur l'acropole, il est vaste, entourd'une enceinte et servait des runions; son toit, probablement en terrasse,pouvait porter plusieurs centaines d'hommes et dominait de haut les alentours.

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    Rpartition des sanctuaires d'Esculape en Afrique romaine (carte N. Benseddik).

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    C'est dans ce temple que s'taient rfugis, en - 146, Asdrubal et d'autres Carthaginois et que se joua le dernier acte de la tragdie de la mtropole punique.

    Le dieu berbro-romain

    Un e des sept divinits trn ant sur un bas-relief dcouvert Bja, en Tunisi e, u nuolumendans la main droite et un bt on aut our duqu el s'enroule u n serpent, dans lagauche, porte le nom deMacurgum. Construit sur le trilitre libyquemqr (moqran:grand), ce nom, dont la racine est celle d'un certain nombre d'ethniques berbres,se retrouve, avec une inversion du c et du g, dans leMagu(r)cum Fortunatusd'unestle Saturne de Hr es-Srira ; on retrouve par ailleurs dans les croyances kabylesun gnie nommMaqur. A gauche deMacurgum, est assiseVihinam, une dessecouverte d'une chape d'caills ou de plumes, tenant un forceps (ou un gteau-couronne), un enfant ses pieds.

    La prsence duuolumenet du bton au serpent, attribut caractristique de ladivinit grco-romaine de la sant, dans les mains deMacurgum, claire sur lafonction gurisseuse de ce dernier, oblige s'interroger sur les relations de ces deuxdivinits et surtout valuer la place de la composante berbre dans un culte quiparaissait jusque l fidle ses origines grco-romaines et dont on vient d'apercevoir l'arrire-plan culturel phnico-punique. Il est facile d'imaginer que des divinits - certaines d'importation plus ancienne, savoir phnicienne, d'autresindignes -, avaient en charge les problmes de sant des Africains avant l'introductiond'Aesculapiusdans le pays. L, comme dans bon nombre d'autres provinces de l'empire , d'ailleurs, les ralits indignes se sont transformes au c ontact deRome sans que les progrs de la romanisation aient signifi leur disparition. Ainsi la premire forme de syncrtisme connue - le syncrtisme libyco-punique -s'estajoute une interprtation des cultes libyques, libyco-punique et punique sous une

    forme romaine, ce qui donne une ide de la difficult de reconnatre ces diffrentsniveaux dans la personnalit d'Esculape africain. Outre son nom libyque de Macurgum, la divinit gurisseuse du bas-relief de Bja nous livre une image quine manque pas d'originalit. Si les sculptures africaines d'Esculape ne portent pasles marques d'un quelconque emprunt iconographique indigne, l'inverse, undtail du bas-relief de Vaga illustre parfaitement l'assimilation du dieu import parune divinit berbre de la sant: l'emprunt des attributs caractristiques de ladivinit grco-romaine de la sant. Objet d'un culte dans l'Afrique berbre,prcarthaginoise, le serpent a trs bien pu jouer, en Afrique, le mme rle qu'enPhnicie dans le processus d'identification d'u n dieu indigne gurisseur un dieugurisseur import. De mme que des aspects essentielsd'Eshmun ont facilit sonassimilation Asklepios,il faudra bien admettre que des lments symboliques del'imaginaire collectif africain, dont le serpent, attachs Macurgum, dieu libyque dela sant, ont concouru le remplacer par le dieu grco-romainAesculapius ;la

    prsence de l'attribut par excellence de celui-ci dans la main gauche deMacurgumatteste dj l'identit de fonction entre les deux divinits. G. Camps se posait, juste ti tre, la qu est io n de savoir si le voisinage deVihinam tait intentionnel ou lefruit du hasard. En fait, rien ne serait plus logique que de placer cte cte le dieude la gurison et la desse de l'enfantement et de la fcond it. Le coupleMacurgum/ Vihinam pourrait bien tre le pendant indigne de celui d'Esculape/Hygie.

    Ce monument illustre bien ce que J. Toutain nommait la greffe religieused'une divinit importe sur une divinit indigne et que nous considrons commeune vritableinterpretatio africana. L'im age qu 'il nous livre est le fruit d'uneassimilation religieuse favorise par des contacts prcoces, dans ce centre decommerce, avec la civilisation romaine importe par des marchands italiques dsl'po que de la guerre de Jugurth a. C'est aussi la dmo nstra tion d 'un e fusion intime la fois entre les cultes punique s et libyques et entre la tradition ber bro- puni que et

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    la culture grco-romaine. Les cultes libyques, on peut le constater, gardent touteleur vivacit malgr la multiplicit des apports et l'intense pression des influencestant phniciennes que grco-romaines : les ddicants portent lestria nomina, maiss'adressent leurs divinits ancestrales, habilles d'lments empr unt s des cultesimport s. Ni puniqu es, ni grecs, ni romains, les dieux deM. Aemilius Ianuariuset deQ. Aelius Flixne sont pourtant plus tout fait berbres. Le monument sembleavoir appartenu un petit sanctuaire rural o nos divinits indignes, assimilesaussi bien des dieux puniques qu' des dits grco-romaines, recevaient deshommages manant, comme celui-ci, d'humbles fidles demi romaniss qui leurdemeuraient attachs, des sicles aprs l'arrive de cultures trangres. Tout enempruntant l'iconographie hellnique d'Esculape certains traits, l'image de

    Macurgum reste nanmoins attache au style de cebas-relief,style qu'on retrouvesur des monuments dcouverts dans le voisinage et Hr Ramdane: mme

    costume, mme coiffure, hiratisme identique des personnages reprsents deface. Une telle parent iconographique atteste l'existence de panthons locauxou rgionaux vnrs dans d'autres sanctuaires du mme type.

    Le phnomne syncrtiste qui affecte le culte d'Esculape en Afrique estcomplexe. A l'interpretatio africanaconstate, par exemple Bja, rpond, dans lesens inverse l'interpretatio romana, savoir la fusion de la divinit grco-romaineavec une ou plusieurs divinits indignes gurisseuses dont les nom s sont rare mentconn us ; ce processus produit ainsi une divinit berb ro-rom aine dans laquelle il estrarement possible de distinguer l'lment import de l'lment autochtone et quidevient ainsi, malgr un nom latin et un habillage grco-romain, propre aupanthon africain. Paradoxalement, la ddicace de GammarthAesculapio abEpidauro prouve la fois l'africanisation du dieu grec de la sant et le caractreinachev de la fusion de celui-ci avecEshmun, Macurgumou une autre divinitberbre gurisseuse: chacun, dans cette ambiance gnrale de syncrtisme, taitlibre de se rfrer la divinit dont il se sentait le plus proche. Quand il n'est pasgrec, Esculape peut tre en Afrique soit le produit de la fusion entre le dieu importet le dieu phnicien, soit celui du mlange entre le premier et des gnies berbrespourvus de pouvoirs gurisseurs, soit encore un mlange des trois, l'Eshmunpunique assumant lui-mme l'hritage de croyances antrieures son arrive. ACarthage, par exemple, que dominait le temple du dieu punique, le premier typed'assimilation a d se produire souvent, tandis que dans la rgion de Bja-Chemtou, protge parMacurgum, c'est plutt le second qui a permis l'laborationd'une nouvelle divinit gurisseuse. La prsence conjointe, en Proconsulaire toutau moins, de trois divinits de la sant sous l'appellation ou l'imaged'Aesculapius -celle d'Epidaure, la punico-romaine et la berbro-romaine - signifie qu'une certaine concorde, qui repose sur la reconnaissance implicite des diffrences, existeaussi bien entre les hommes qu'entre les dieux. Pourtant, quel que soit son degrd'achvement, le phnomne syncrtiste des cultes thrapeutiques en Afriquemontre ses limites dans l'incontestable persistance des lments religieux traditionnels africains, leur renforcement certains moments et mme leur rsurgenceaprs une priode de sommeil, probablement parce que le syncrtisme n'a pasentran en bloc toute la population, mais un ensemble diversifi, voire contrast,d'attitudes religieuses propres chaque groupe social. Qu'on attribue ces phnomnes syncrtistes des tentatives imposes d'en haut, par Rome, dans le cadred'une politique d'intgration des lites, ou au dsir mimtique d'une partie de lapopulation africaine, on comprend mieux la minceur de la documentation relative l'Esculape africain, les initiatives de personnages officiels s'exprimant au nom dela communaut constituant l'essentiel de notre matriel. Le silence pigraphiquede larges couches de la population dans la documentation relative au culted'Esculape est avant tout l'expression d'une diffusion sociale litiste du culte enAfrique ; il confirme aussi le rle dterminant de la religion dans l'intgration de

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    cette rgion de l'empire dans la romanit, certaines classes ayant soutenu etrpandu l'idologie du conqurant. Ainsi, malgr certaines russites du syncrtisme africain, on est tout de mme forc de constater qu'une vritable fusion deshritages religieux romain et africain nes'est opre que pour une minorit de lapopulation de l'Afrique romaine.

    BIBLIOGRAPHIE

    TOUTAIN J., Les cultes paens dans l'Empire romain, t. I, Paris,1905, p. 3 3 0 s.q.EDELSTEIN, E .- J .-L., Asclepius, a collection and interpertation of the testimonies, I-II, Baltimore,1945.

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    N . BENSEDDIK

    E42. ESEBER (natte-paravent, chez les touaregs)

    L'seber (pl. isebrn) est une natte-paravent constitue de tiges de panic(Panicumturgidum Forsk.) relies entre elles par de fines lanires de cuir. Ces nattes-paravent,d'une hauteur comprise entre 80 et 100 cm, mesurent de 5 10 mtres de long.

    A l'intrieur des tentes, droules le long des piquets, sous le vlum, ellesprotgent les occupants du vent, du sable et des regards indiscrets. Durant la journe, lesisebrn servent aussi enclore devant la tente un espace o l'on peut serunir autour d'un feu. Le soir venu, ces mmes nattes sont replies partiellementde mani re difier l'en tre de la ten te une protect ion efficace.

    Dans sa partie suprieure, l'seber est richement dcor. Cinq ranges horizontales de motifs gomtriques - obtenus par des croisements des fines lanires decuir autour des tiges de panic - se superposent les unes aux autres. Chacune de cesranges dcoratives porte un nom. On peut ainsi distinguer de haut en bas : adebl ,abemuh, ihalala en, ti atimin, atakartakar. De plus, tous les 20-30 cm, de laquatrime range dcorative(tiatim n), la seule dont les motifs varient le longde la ban de, par tent des groupes de lanires de cuir (gnralement teintes en rougeet vert) qui tombent jusqu'au bas de l'seber. Cette dernire dcoration se nommeibelekleken.La partie mdiane de l'seber, dnommetmell,ne comporte point dedcors particulier s. Par contr e, dans la partie infrieure de l'seber, on retrouve deuxlignes horizontales de dcors :atakartakar et teza n aykar.

    Enfin, on notera que les extrmits latrales de l'seber sont renforces : plusieurstiges de panic sont runies ensemble et entoures de cuir. Sur ces deux borduresextrieures (tins n seber) sont fixes deux oreilles de cuir (tamezzuk) qui

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    Les diffrents types de dcor d'un seber

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    Partie suprieure de l'seber. Photo P. Pandolfi

    Partie infrieure de l'seber. Photo P. Pandolfi

    permettent d'accrocher une corde afin de tendre la natte et de l'attacher auxpiquets de la tente.

    La confection des isebrn est une tche spcifiquement fminine. Dans l'Ahag-gar, les femmes Isaqqamren et Aguh-n-tahl sont des spcialistes rputes alors

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    Confection d'un seber. Photo P. Pandolfi

    que d'autres, les femmes Dag- li notamment, ne savent pas fabriquer ce typede natte. C'est un travail de longue haleine qui demande une grande habilet etbeaucoup de patience. Il faut tout d'abord cueillir les tiges de panic (afezu) sansles briser, slectionner celles qui seront le mieux adaptes au travail puis les fairescher. Par la suite, la confection proprement dite commence. Les tiges de panicsont disposes plat sur le sol. Pour obtenir une hauteur rgulire, on enfile destiges de panic les unes dans les autres. Ces tiges seront ensuite relies les unesaux autres par de fines lanires de cuir qui tous les 2 cm - quand l' seber est debonne facture - parcourent toute la longueur de la natte. Enfin, ce sera laconfection des bandes de dcors - dans la partie suprieure - et des borduresextrieures. Ce travail laborieux explique le prix relativement lev des isebrn. Al'heure actuelle, une natte-paravent de bonne facture vaut de 3 000 4 000 DAdans l'Ahaggar.

    Pourtant, bien que les Kel-Ahaggar continuant vivre sous la tente soient demoins en moins nombreux, les isebrn sont toujours trs recherchs. Ils continuent tre utiliss l'intrieur des huttes (ikebran) mais aussi des maisons. Dans cedernier cas, ils perd ent to ut rle utilitaire et c'est l'aspect pur eme nt dcoratif qui estalors mis en valeur. Mais l' seber est aussi un de s derniers symboles de la vie nom ad equi subsistent pour ceux qui - pour diverses raisons - ont du abandonner ce moded'existence.

    P. PANDOLFI

    E43. ESPAGNE (voir Andalus)

    E44. ETHIOPIENS (voir Aethiopes)

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    E45. ETOILE

    Dans l'ensemble du domaine berbre, l'toile est dsigne par le mme mot: itridans le Nord et jusqu'au Mzab,atri chez les Touaregs.Itri ou atri s'applique toutastre ou corps cleste autre que la Terr e, le Soleil et la Lun e. L'observation destoiles et des constellations facilite par la puret du ciel saharien et nord-africain, asuscit un vocabulaire assez riche et prcis. C'est ainsi que les Berbres distinguentles toiles fixes des toiles qui marchent (Itri i gguran, Ouargla) qui sont lesplantes (atri wanamazankaz en tamahaq). Parmi celles-ci, Vnus est qualifie degrande toile(tatrit en tamahaq). Des toiles fixes, la plus clbre estitri n naqtub(Ouargla), l'toile des ples, ou toile polaire.

    Les comtes sont aussi considres comme des toiles, elles s'en distinguentcependant par leur queue(atri wan amellaou en tamahaq) mais afin d'viter le sens

    indcent que suscite cette expression, les Touaregs prfrent direatri wan tsbat ouatri wan teserrit : l'toile, celle de la ligne .En pays touareg, les constellations reoivent des noms particuliers mais sont

    dsignes par un nomcollectif:itran (les toiles). Leur coucher ou leur leverrythment une partie de l'anne. Quand certaines d'entre elles, les Pliades, cessentde paratre dans le ciel,c'est la nuit de sortie des toiles (Ihedn n egmod n etran)qui marque le commencement de l't. Leur rapparition appele simplement

    Ihedn n etran (nuit des toiles) signale la fin de l't. La multiplication des toilesfilantes en certain moment de l'anne a suscit de nombreux contes dans tou t leMaghreb et Sahara.

    toiles-pendeloques de bijoux kabyles. Dessin Y. Assi

    L'toile a donn naissance plusieurs motifs dcoratifs dont les deux plusvolus sont le pentacle ou toile cinq branches et le sceau de Salomon ou toile six branches constitu du croisement de deux triangles quilatraux. L'astre quifigure souvent l'intrieur d'un croissant, sur les stles puniques ou de traditionpunique, est gnralement discode, mais ils'agitbien d'une toile, parfois muniede rayons, parfois remplace par une rosette. Croissants* et toiles associs ornentsouvent les drapeaux des pays musulmans.

    Dan s la bijouterie kabyle, certaines pendeloques sont drives du motif stellaire ;elles portent le nom d'toileitri et possdent quatre, cinq ou six branchesmailles alors que le centre est occup par un cabochon de corail.

    BIBLIOGRAPHIE

    FOUCAULD CH. DE,Dictionnaire touareg-franais, Paris, 1941, t. IV, p. 1 912.ALOJALY GH., Lexique touareg-franais, Copenhague, 1980.DALLET J .-M., Dictionnaire kabyle-franais, Paris, 1982.

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    DELHEUREJ., Dictionnairemozabite-franais,Paris,1984.DELHEUREJ., Dictionnaireouargli-franais,1987.CAMPS-FABRERH.,Lesbijouxde grandeKabylie,Paris,1970.

    EL BRIGA

    E46. ETRANGER - Extrieur (chez les touaregs)

    Contrastant avec la vision essentialiste des rapports humains, les Touaregsoffrent, travers leur classification des mondes de l'intrieur et de l'extrieur,une apprhension dynamique et interrelationnelle de la culture et de l'identit.Dans la cosmogonie touargue*, tout tre, toute chose, tout lment, apparatmobile, engag dans une succession de cycles qui reproduisent le mouvement del'univers. La culture et les personnes qui l'endossent accomplissent leur tour unparcours jalonn d'tapes diffrentes. Ainsi conue, la culture se prsente commeun ensemble de valeurs et de savoirs dont les contours et la forme voluent enfonction des rapports tablis avec l'environnement.

    L' extrieur(essuf),c'est--dire le mond e trange et non d omes tiqu , est vu lafois comme une menace spirituelle mais aussi comme l'lment ncessaire touteprogression de soi. Il est l'peron de la marc he no ma de qu i exige le franchissementinfini de nouvelles tapes, jusqu' l'harmonie c'est--dire jusqu' la disparition descontradictions et des oppositions.

    La manire dont la philosophie touargue envisage l'altrit est btie sur cetteapprhension du monde dont les aspects, phmres, annoncent dj les mutations venir.

    Des catgories conceptuelles diffrentes s'appliquent aux trangers qui se trou

    vent en pays touareg et aux habitants des contres trangres. Le terme gnral quidsigne l'tranger de passage estamagar, imagaren, de la racinegar : taler (lanatte, le tapis) , c'est--direaccueillir, donner l'hospitalit.En effet cette appellation signifie galement l'hte, l'invit. Le voyageur tranger qui n'est pas unamagar recevoir et protger est ncessairement un ennemi(azengu, ahengu,ashengu selon les parlers).

    Concernant les populations trangres voisines, c'est en fonction des formesmultiples d'change tablies que s'labore une srie d'appellations classifiant etdfinissant ces espaces humains de l'extrieur.

    Par exemple, dans l'Ar, pour dsigner les populations qui n'ont avec lesTouaregs aucun type de rapports sinon occasionnel et le plus souventagressif,leterme gnral estewenanen (sing.awenan), connotant la sauvagerie et la barbarie.Les iwenanen apparaissent sous cet angle replis sur leur culture et leur langue,refusant toute liaison avec les autres (M. Rodinson fait remarquer l'analogie

    phontique entre ce terme et l'appellation ancienne utilise par les gyptienspour dsigner les Grecs).Igoriten(sing.agori) est galement pjoratif et s'appliqueaux habitants encore plus lointains des zones tropicales avec lesquels les Touaregsn'ont de contact qu' travers lesiwenanen.

    Par contre, ds que s'instaurent des rapports rguliers sur le plan conomique,politique ou social, qu'ils soient positifs ou ngatifs, les diverses communautsentrent dans une structure de complmentarit et deviennent des partenairesculturellement reconnus, dots d'appellations nua nces.

    Trois catgories de cesextrieursdj dfrichs sont distingues: les izaghan(sing.azgha) dsigne au sud-est du pays touareg les populat ions de culture Born oudu Lac Tchad jusqu'au Soudan, avec lesquelles se sont noues des relations trsanciennes. Ensuite viennent au sud-ouest lesihatan (sing.hti)qui concernent lesSonghay et tous les peuples qui sont placs dans leur orbite. Enfin, on considre

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    que lesitfnen(sing.atfen) qui dnomme les Haoussa tablis au sud sont situsdans une tape de proximit culturelle encore plus grande : leur culture a en effetintgr certains lments berbres, mais en les rinterprtant pour son usagepersonnel et non en les copiant ou en les substituant ses propres valeurscomme l'ont fait les deux prcdentes catgories.

    Le mtissage des cultures comporte plusieurs degrs. L'tat o ne se produitaucune affinit, aucune interaction, aucune symbiose, est celui de la sauvagerie(tawenana). Par contre, lorsque certains traits sont emprunts une autre cultureet juxtaposs ou substitus aux siens propres, on devientbagermi: ce termes'applique par exemple un Touareg qui vit en pays haoussa et mlange lesdeux cultures sans en avoir encore ralis une synthse originale. Enfin, ceux quiparviennent accomplir cet amalgame en le mtamorphosant en une vritableculture, nouvelle, crative et dynamique, sont appelstikruru ou tekruru selon les

    rgions (dans le parler de l'Ar, let suivi dei est chuint et se ralise phontiquement tsh: on prononce donctshikuru). Si cette appellation dsigne souvent lesPeuls, elle ne s'applique cependant qu' une partie d'entre eux. Par exemple, lesPeuls Bororo qui ont conserv le mode de vie nomade ancien, ne sont pasconsidrs commetikruru : ils sont appelsifellanen,et perus comme des frresen rvolte, des mtamorphoss par rapport la culture d'origine qui seraitcommune aux Peuls, aux Berbres, aux Arabes, aux Juifs et aux Ethiopiens.

    D' un point de vue touareg , en effet, lestikruruten sont ceux qui font le lien entreles peuples, comme par exemple les grands commerants, les grands caravaniersqui relient le nord au sud, les lettrs musulmans, les mdecins qui associent lesconnaissances de la Mdi terra ne, de l'Afrique Noi re et de l'Orient, les urbain s quivivent la croise de plusieurs cultures et les ont toutes intgres... Le terme peutservir dsigner aussi bien certainsWoloff, Dioula, Peuls, Touaregs, Arabes,Toucouleurs (qui serait une transcription franaise du berbre Tekrur), Haoussa

    ou Bounou..., tout comme des non sahliens comme les Mossis et les Bambaras,qui incarnent cette culture intermdiaire et synthtique, toffe par la facult des'exprimer couramment en plusieurs langues.

    Alors que les termes deBagermiou Bagarmi et deTekrur ou Takrur apparaissentd'un point de vue touareg comme des concepts identitaires qui ne sont ni ethniques,ni gographiqu es, mais se rapp orte nt des paliers de croisement culture l et des fonctions d'intermdiaires entre les socits, ils sont donns dans diffrentsmanuscrits arabes anciens, provenant des bibliothques de l'Afrique de l'ouest,comme desnoms propresdsignant soit des rgions, des territoires et parfois desvilles, soit des peuples la localisation et aux contours souvent ambigus etcontradictoires.

    Au sud de la limite desTikruru, seuls les Yoruba avec lesquels existent des liensconomiques anciens travers le pays haoussa sont dnomms par leur nompropre. Les Yoruba sont considrs comme un autre type de symbiose culturelleoriente vers les pays tropicaux et gratifis ce titre de la considration que l'onporte aux cultures en marche . Enfin, ils fournissent galement quelquestikrurunotamment grce leurs ambassades, installes dans les comptoirs sahariens etsahliens, et leurs nombreux colporteurs.

    Les Toubous l'est du pays touareg ont un statut spcial: ils sont dnommsikardan (sing.akarda). Bien que les rappo rts avec eux soient gnralemen t conflictuels, les mariages sont possibles. Ils ne sont pasiwenanen et cependant ilspouvaient autrefois en cas de guerre tre rduits en esclavage, alors que cela nese pratiquait ni pour les Peuls, ni pour les Tikruru, ni pour ceux qui entretenaientdes rapports rguliers avec les Touaregs ou se trouvaient placs sous leur protectorat.

    Parmi les cercles culturels les plus proches, figurent non seulement les Peuls,mais aussi les Maures et les Arabes.

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    Tshlags'applique aux Maures, berbres islamiss appartenant l'origine, pense-t-on, la mme famille que les Touaregs. Deux racines possibles sont voquespour ce terme. La premire se rfre au motashalag qui signifie porter sonpantalon en bandoulire. L'autre hypothse le fait driver deasalag qui veutdire carter, mettre de ct, signifiant que les Maures ont suivi un chemindivergeant par rapport aux Touaregs et qu'ils sont aujourd'hui mis part, distinctsde ces derniers. Dans les deux cas, c'est la perte des valeurs, des rfrences et del'honneur touaregs qui est souligne.

    Elgabliten (sing.elgabli)dsigne littralement ceux qui s'orientent l'est vers laMecque(elqablaen arabe) : cette appellation concer ne les Arabes et les Mau res quiont conserv leur mode de vie nomade, mais ont perdu beaucoup de leur cultureancienne - qu'ils partageaient l'origine avec les Berbres -, et qui ont adopt lalangue arabe.Elgabliten connote galement une certaine rusticit ainsi que l'ab

    sence de racines. La langue et la culture de tous ces Berbres arabiss est dsignepar le term eelgelgalya,associ 1' embrouil le (egelgel)et qui connote galement lesavoir et les manires de ceux qui imitent un modle tranger sans parvenir lematriser (plus rcem men t, on les appelle aussianiten, dformation d'un mot arabesignifiant semblant de ou similiArabes).

    Parmi eux se distinguent lesAraben arabawadan, c'est--dire les Arabes arabe-fils-d'Adam, aut rem ent dit, les Arabes hu mai ns . L'ap pel lati on deArabenarabawadam s'applique tous les arabophones sahariens qui vivent parmi lesTouaregs et taient autrefois agrgs leur clientle politique, comme certainscampements Maures, Kounta, Chambas... Ces derniers sont d'ailleurs parfaitement bilingues.

    Enfin,Araben win jaghamjaghamsert nommer ceux qui en parlant mettent dessons gutturaux (rendus par l'onomatopejaghamjagham) et qui diffrent desTouaregs non seulement par la langue et la culture mais aussi par le mode devie,les manires, l'aspect (par exemple, ceux qui ne se rasent pas les poils au dessusde la lvre suprieure et portent la moustache)... Ce terme sert souvent dsignerles Chambas et les arabophones du nord.

    Si les symbioses avec les cultures sahliennes et mditerranennes sont nommes, par contre les rcents produ its culturels ns du contact avec l'Europ e tels queles soldats engags dans l'arme franaise, les scolariss, les fonctionnaires, lesprostitues..., tous sont rangs dans la catgorie desgumten, c'est--dire des goumiers . Y sont inclus galement les nomades dsorganiss qui s'agglutinentautour des villes pour recevoir l'aide internationale, bref tous ceux qui sont entrsdans la logique tatique coloniale et postcoloniale et qui s'y appuient. La culturedesgumtenapparat souvent c omm e une sorte de contrefaon grossire, fige dansle mimtisme de l'extrieur et prive de toute capacit d'extension personnelle.

    Plusieurs paliers de symbioses culturelles marquent ainsi l'ascension vers l'tatde tikruru, o dominent l'esprit d'initiative, l'innovation, l'art de tirer parti den'importe quelle situation, la possibilit de comprendre tous les enjeux, la facultde relier et de souder la mosaque des peuple s d'Afrique. Mai s pour le bon quilibrede l'ensemble, il n'est pas souhaitable que tout le monde deviennenttikruru. Eneffet, l'opposition entre soi et les autres est galement porteuse de dynamisme.L' intrieur n'volu e que s'il est confront 1' extrieur qui en est le contrepoids indispensable. Ces ancrages inamovibles entre lesquels lestikururu tissentconstamment des liens, suivent eux-mmes une progression dans leur directionpropre. Mmes'ilsn'assimilent pa s rapidem ent l'extrieur, ils sont aiguillonns parsa prsence et parvien nen t le dom est iqu er et le tamiser pour finalement lerendre adoptable.

    Si tous devenaienttikruru, autrement dit si les oppositions et les antagonismesculturels s'estompaient compltement, le danger serait d'aboutir une mouvance

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    prcipite, sans seuil ni tapes franchir, bref une marche trop rapide quideviendrait glissante et tourbillonnante.

    L'excs inverse, l'absence detikruru, conduirait une gale catastrophe : il n'yaura it plus de relations entre les cultures , les savoirs, les ident its qu i se figeraient,se retrcira ient, se recroquevill eraien t et finalement s'te indraien t.

    La mme vision dynamique de l'univers s'applique l'organisation interne desTouaregs o les diffrentes catgories sociales sont perues comme des lmentsen routelancs sur les par cou rs successifs qui condu isent finalement la fusionavec le cosmos.

    Par exemple, dans l'itinraire social, les esclaves(iklan), une fois qu'ils avaientacquis la culture touargue, devenaient desaffranchis (ighawelen), entrant dslors dans le cycle des hom mes libres en marc he vers l'accomplissemen t de soi, c'est--dire la noblesse. Cet te thorie pose le caractre ph mre de la hirarchie sociale

    et implique l'infinie rotation des rles que la colonisation a interrompue.Enfin, dans le domaine mme de la posie, l'un des modes privilgis d'expression culturelle chez les Touaregs, se retrouvent des genres littraires qui incarnentchac un des ta pes de cet essor vers l'extrieur: la posie classique, toute ptrie desvaleurs de l'intrieur, s'oppose ainsi auxisebelbilen,glossolalie d'action, qui mle la langue touargue des mots ou des grommellements aux assonances tranges,symbolisant le monde de l'extrieur qui vient doper, stimuler, provoquer etperonner le monde de l'intrieur.

    On le voit, ces conceptions vont l'encontre des thses qui tracent entre lescultures des frontires infranchissables, dbouchant par exemple dans leur apprciation du changement sur des notions de perversion ou de dviationopposes la puretou l' authenticitprsumes originelles.

    Loin de ce schma fig, les diffrentes formes de synthses culturelles apparaissent chacune, dans cette perspective, comme un palier indispensable dans l'organisation du cheminement universel, car sans altrit, pas de progression et sanssymbiose, pas d'ascension (voir Hawad, 1987).

    BIBLIOGRAPHIEALOJALY GH., Lexique touareg-franais, dition et rvision K.-G. Prasse, Copenhague,Akedemisk Forlag, 284 p., 1980.BERNUSE., Les touaregs et les autres,A lacroisedes tudeslibyco-berbres,Mlange offert L. et P. Galard, pp. 567-573.CLAUDOT-HAWADH., Les fibres synthtiques de la culture, Regard Touareg,Autrement.HAWAD,Chants de la soif et de l'garement disud, Aix-en-Provence, 1987.FOUCAULD CH. DE,Dictionnairede nomspropres,Alger, 1940.FOUCAULD CH. DE,Dictionnairetouareg-franais,Paris, Imp. Nat., 1951-1952.

    H. CLAUDOT-HAWAD

    E47. EUPHMISME

    On appelleeuphmismetoute manire attnue ou adoucie d'exprimer certainsfaits ou certaines ides dont la crudit peut blesser (Dubois: 200) ; Expressionattnue [...] d'une notion dont l'expression directe aurait quelque chose dedplaisant... (Marouzeau:90).

    L'euphmisme est particulirement bien reprsent en berbre au niveau lexical.Socit traditionnelle o le contrle de l'individu et de ses pulsions par le groupe estparticulirement fort, l'euphmisme lexical est omniprsent en berbre ; il aboutim me parfois au vritable tabou linguistique. En situation publi que ou formelle, enprsence de femmes, de personnes plus ges, d'ans, la nomination d'un certain

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    nombre de ralits est soumises des contraintes trs strictes. Tout ce qui relve(ou simplement peut voquer) la sexualit et la reproduction, les fonctions corporelles, la mort, le sort (mauvais), certains animaux (de mauvaise augure)... s'il nepeut tre vit, doit tre dnomm de manire indirecte.

    Si ce phnomne n'a pas fait l'objet de recherches systmatiques rcentes, unetude ancienne d'Edmond Destaing, ainsi que de nombreuses notations parsesdes berbrisants, linguistes ou ethnologues, tablissent clairement l'importance del'euphmisme lexical, non seulement dans l'usage concret de la langue, maissurtout dans le renouvellement du lexique. C'est notamment par ce biais quel'on peut expliquer le remplacement partiel ou total, de certaines notions lmentaires, soit par des emprunts l'arabe, soit par des dnominations secondaires.Ainsi, dans divers parlers berbres, un grand nombre d'animaux sont dsormaisrgulirement dsigns par un surnom:bu-tagant celui de la fort pourilef

    sanglier (chleuh) ; le nom ancien de la femme,tam ut,est trs souvent remplacpar l'euphmismetamart vieille, au point que cette dsignation est devenue laforme normale en chleuh otam ut a totalement disparu! Il en va de mme pourles formes de pluriel de ce mot(femmes) qui, quasiment partout en berbre,relve de l'euphmisme (Cf. Chaker 1995, chap. 17);arew enfanter, mettre aumonde, accouchersera trs souvent remplac par des locutions du typernu ur- s'ajouter chez-, d'o :yerna yr-s weqi = un garon s'est ajout chezelle = ellea euun garon ou, pour la notion prcise d' accoucher, l'emprunt araberbu, dont lesens premier est: prendre sur ces genoux ; zzayla ou amerkub (bte de somme ,monture en arabe) pour dnommer plus lgamment le pauvrea yul ( n e);aman n tasa, eaux du foie/ventre pour 1'urine, au lieu du trop prosaqueibe dan/ibean; tidmarin poitrines pouriffan, les seins ... les exemples peuven ttre multiplis l'infini. C'est par ce processus d'vitement linguistique que l'onpeut expliquer le remplacement de lexmes berbres par des formes arabes pour

    des notions aussi fondamentales que la mort, le couteau...BIBLIOGRAPHIE

    CHAKERS., Linguistiqueberbre. Etudes de syntaxe et de diachronie,Louvain/Paris, Peeters,1995.DESTAINGE., Interdictions de vocabulaire en berbre,Mlanges Ren Basset II,Paris,1925.DUBOIS J.,et al.,Dictionnairede linguitsique,Paris, Larousse, 1973.MAROUSEAUJ., Lexiquede laterminologielinguistique,Paris, Paul Geuthner, 1951.

    S. CHAKER

    E48. EUPHORBESLes Euphorbes qui s'inscrivent dans le genreEuphorbia L. (famille des Euphor-

    biaces), sont des vgtaux de forme et de taille trs variable, caractriss par uneinflorescence trs particulire(cyathium), et par la prs ence de latex. En Afrique dunord et au Sahara, elles sont reprsentes par plus de 50 espces dont la dtermination prcise est souvent dlicate.

    Morphologiquement, elles comprennent des espces ligneuses buissonnantes,des espces cactodes, des vivaces et des annuelles. Elles sont prsentes danspratiquement tous les milieux cologiques. Nous nous limitons ici en voquerquelques unes particulirement videntes dans le paysage.

    Les euphorbes arbustives sont reprsentes dans le Tell parEuphorbia dendroidesprsente sur les falaises calcaires maritimes l'est de Tns,E. squamigera des

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    Euphorbes du Sud-ouest marocain. En haut Euphorbia resinifera(photo E. Laoust) ; en bas Euphorbia obtusifolia subsp. regis Jubae (photo G. Camps).

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    matorrals oranaiset E. bivonaeplus largement rpand ue; dansle Sous,E. obtusifoliasubsp. regisJubae voireE. balsamiferaplusau sud , nes'loignent guredu littoral.

    Les euphorbes cactodes caractrisent essentiellementle Maroc sud-occidentalo ellesse localisent dansla zone de l'arganier;E. echinus, E. officinarum (incl.E. beaumierana) ou dugommierdu Maroc(E. resinifera).Sur lessables maritimes,une espce vivace,E. paralias, coloniseles dunes alorsqu e lesannuellesE. peplisenparticulier sont prsentes prsdes rivages.

    Parmi les espces vivaces,E. amydaloides est sylvatique, alorsque dans lesmatorralsE. characias est frquente.Lesmilieux humides hbergentde nombreuses espces, souvent trs localises, citons:E. pilosa,E. biumbellata,E. Nereidum(auMaroc). Dans les pelouses rocailleusesE. nicaeensisestabondan te, ainsiqu e sur lesmontagnes: E. atlantica en Algrie,E. Briquettiet E. clementeiaux Beni Snassne,E.megalatlantica,E. rimarum, E. mazicum sur lesAtlas marocains.

    Les espces annuelles sont souvent liesau x cultures,aux dcombreset auxactivits humaines: E. helioscopia,E. serrate,E. peplus,etc.Au Sahara,les euphorbes sont plus rares; toutefois dansles dunesE. guyoniana

    joue un rle apprciable, alorsque lesrocailles hbergenta et lE. cornuta, E.calyptrata et E. Dracuncoloides.Le s annuelles sont reprsentes surtoutpar E.granulata et E. chamaesyceliesauxdpressions sableuses aprsles pluies.

    P. QUEZEL

    Usage de l'euphorbe

    Nous devons J. Desangesun excellent commentairedesnombreuses citationsde Pline l'Anciensurl'euphorbe(V,16; XXV, 77-79et 143; XXVI,54 et118).Ceseraitle roiJuba* lui-mmequ iaurait dcouvert l'euphorbedansle mont Atlas,l'endroit mmeo s'arrtela nature(XXVII, 12), donc chez les Autololes*.Le roirudit aurait donn la plantele nom de sonmdecin personnel, Euphorbios,quitait le frre du mdecin d'Auguste, Antonius Musa(XXV, 77).Juba auraitconsacrun trait entier l'euphorbe dans lequelil prcisaitses qualits pharmaceutiques.Il mettaiten garde l'utilisateur contreles contrefaonsdes Gtulesqu imlaientdu lait au suc de laplante pouren augmenterle volume(XXV, 79).

    La rsinede l'euphorbequi est unsuc blanc tait sense possderde nombreusesqualits. Citonsen particulier les frictionssurles globes oculaires (XXV, 143) pouramliorerla vision.Ce mme suc, dlay dansde l'eau avecunepetite quantitdesel ou de moult, acquraitune valeur laxative.Il tait aussi efficace contrelesmorsuresde serpent, mais pour celail fallait l'introduire dans l'organismepar uneincision faiteau sommetde la tte.

    La pharmacope traditionnelle marocainese souvient, encore notre poque,decertainesde cesrecettes.L. Trabut signalait,en 1935,la confectiondu rvulsif quifaisait l'objet d'exportation.

    Au Sahara,les cendresde Chrozophora Brocchiana(Vis.)- afaraku, afaragegu,entamahaq- , sont utilises pour panserles plaiesdes chameaux. Selon Voinot,lesSahariens pilentles feuilles vertesd'Euphorbia granulataForsk,var.genuina Maire,pouren fairedesempltressur despiqresde scorpionou lesmorsuresde vipre.Cette mme varitest broutepar lesgazelles,les chvreset lesmoutons.

    BIBLIOGRAPHIEDESANGES J.,Plinel'Ancien,Histoirenaturelle, LivreV, 1-46,Paris, Les Belles Lettres,1980,p. 142 .MAIREDRR.,MissionduHoggar II tudessur la flore et la vgtationdu Saharacentral, Alger,La Typo-Litho,1933,p. 145-148.OZENDAP. , Flore du Saharaseptentrionalet central, Paris, CNRS,1958,p. 329-336.

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    QUEZEL P. et SANTA S., Nouvelle Flore de l'Algrie, Paris, CNRS, 1963, t. 2, p. 596-605.TRABUT DR L., Flore de l'Afrique du Nord. Rpertoire des plantes indignes spontanes, cultives et utilises dans le Nord de l'Afrique, Collection du Centenaire de l'Algrie, 1830-1930, Alger, LaTypo-Litho et J. Carbonel, 1935, p. 106-109.

    M . GAST

    E49. EXCRMENTS animaux (Sahara mridional) (voir Bouse)

    Les Touaregs distinguent diffrents types d'excrments animaux en fonction deleur cons ista nce et de l eur forme : taferkit, la bouse de vache, agh rrag (plur.irgh rragen) la crotte moule du chameau ou de la chvre, idifi, la fiente, excrmentliquide (not amment des moutons et brebis), amezzur, le crottin d'ne ou de cheval.

    Taferkit, la bouse de vache sert de combustible pour la cuisson des poteries;amasses sur un ensemble de poteries retournes sur le sol, elles se consument endgageant une forte chaleur.

    Igh rragen, les crottes de chameaux remplacent en zone saharienne le bois dechauffe et permettent de cuire les aliments ou de faire bouillir le th. Elles serventde bourre pour protger les chargements dlicats : les pains de sel de Tegidda ntesemt au Niger, soigneusement emballs dans la paille, sont protgs des chocs parces ballots disposs sur les animaux p orteu rs. Elles servent aussi de pions l'un desadversaires du jeu de quadrillage (dara ou Karad) dont le damier est creus dans lesable.

    Idifi, la fiente des moutons est parfois tale sur les pis des brebis et des chvres,afin d'empcher les ttes intempestives des agneaux et des cabris : c'est une des

    techniques utilises par les bergers en brousse, qui a l'avantage de ne demanderaucun matriel (comme les anneaux de pis, par exemple).

    On dpose parfois les enfants fivreux dans un rcipient rempli de bouse devache frache, additionne d'eau, afin de soigner une maladie chaude par unremd e frais. On peut gale ment applique r sur un furoncle clat, la bouse d' unveau, calcine, pile et mle la crme du lait caill.

    Les excrments animaux servent aussi fumer les champs, action qui se nommeabargi dans l'ouest du Niger, lorsque les troupeaux nomades viennent stabuler chezles paysans sud-sahliens, leur demande, aprs les rcoltes. Des contrats s'ta-blissent entre bergers et agriculteurs et une rtribution en crales est prvue enfonction du n omb re de ttes et de la dure de la stabulatio n. Les jardiniers touare gsdes montagnes sahariennes (Ahaggar, Ar), fument leurs terres avec le crottin deleurs troupeaux qu'ils transportent des enclos btails jusqu'aux carrs dans descouffins.

    Ces quelques exemples montrent les multiples usages que font les pasteurstouaregs des excrments de leurs animaux, que l'ont peut considrer comme undes sous-produits utile de leur levage.

    BIBLIOGRAPHIE

    voir B101, Bouse. E.B. t. X,p. 1598-1601.FOUCAULD CH. DE,Dictionnaire Touareg-Franais, Imprimerie Nationale (1951-1952), 4 vol.,2 028 p. Teferkit (I, 346) et teme rit (IV, 16645), bouse de vache (X , 1598). A errag(IV, 1773) gros excrment (de quadrupde herbivore, d'insecte, d'oiseau). Edafi (I, 171),crottin liquide. Amezzour (III, 1278), crottin d'ne, de cheval.

    E. BERNUS

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    E5 0. EXPRESSIVIT

    L'expressivit est fortement inscrite dans la phontique et le lexique de la langueberbre.

    Au plan phontique, on sait (Cf. *emphase) que la pharyngalisation des consonnes pouvait avoir une fonction secondai re d'expressivit en conn otan t la pjoration,la grossiret ou l'obscnit.

    Au plan morpho-lexical, l'expressivit, dans ces diverses manifestations (hypo-coristiques, diminutifs, pjoratifs, augmentatifs...) est vhicule par une gammetrs diverse de phn om nes d'allon gemen t phon tiq ue et d'affixation.

    L'allongement

    On sait que l'allongement d'une consonne radicale a servi depuis une datetrs ancienne (probablement chamito-smitique) marquer la rptition (pluralit) ou la dure d'un procs verbal. C'est sans doute ainsi que l'on peutexpliquer la formation de l'aoriste intensif du verbe berbre, trs souventmarqu par l'allongement d'une consonne radicale: krez labourer > kerrezlabourer habituellement.... Au dpart phnomne sans doute purementexpressif - l'allongement voquant tout naturellement la pluralit ou la dure -,cette procdures'est grammatilise en se gnralisant jusqu' constituer l'unedes formes obligatoires fondamentales des oppositions aspectuelles du verbeberbre (Chaker, 1995/b).

    L'allongement vocalique est lui aussi trs gnralement employ, notammentpour les formes adverbiales et verbales, pour marquer la dure, l'extension, lastabilit ou l'ampleur: zik autrefois > zi:k il y a trs longtemps ,a as beaucoup > a a:s une trs grande qua ntit ... C'est sans dou te la gramma ticalisationde cet allongement vocalique expressif qui est l'origine de la formation du prtritintensif (ou accom pli rsultatif ) du tou areg (Cf. * dur e ,EB XVII, et Chaker1995/b): yemmut (prtrit) = il est a/est dcd / yemmu:t (prtrit intensif) = ilest bel et bien mort, il est/tait mort .

    Le redoublement

    La rptition d'une consonne radicale, le plus souvent mdiane, mais parfoisaussi finale, d'une base lexicale, avec insertion d'une voyelle de sparation est uneprocdure employe pour connoter l'intensit, l'ampleur ou l'excs du procs. Lesformes lexicales de ce type sont trs frquentes dans les parlers berbres nord,notamment en kabyle :

    brury tre en boulettes < bry moudre/. moulu grossirement ftutes tre compltement rduit en miettes < ftes mietterkmumes tre compltement emball, noue, froiss < kmes mettre dans un

    nouet, envelopper...Le redoublement peut tre complet, c'est--dire affecter toute la squence

    lexicale et marquer alors l'imperfection, la segmentation du procs; ce cas serencontre essentiellement en touareg :

    ebdeg tre mouill > bedegdedeg humecter, mouiller de-ci de-l .etes couper, trancher > etes etes taillader, couper en petits morceaux

    L'affixation

    Une racine lexicale peut tre augmente d'une infinit de phonmes, l'initiale(prfixes), la finale (suffixes), parfois mme l'intrieur (infixes). Ces affixes sontle plus souvent des phonmes provenant des zones postrieures de l'appareil

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    phonatoire (vlaires, uvulaires, pharyngales et laryngales: [x, , q, , ]), deschuitantes ([, ]), des labiales [b, f, m] ou des liquides [l, r]. Les connotationsvhicules par ces innombrables affixes sont difficiles cerner dans leur dtail et systmatiser mais la plupart sont des :- pjoratifs :

    ffe mcher >(s)luffe mcher en faisant du bruit (prfixel-)el s'tendre/tendre > bu els'avachir/. avachi, s'taler de faon ngli

    ge (prfixeb-)- augmentatifs/accentuatifs :

    eg glisser > lusseg tomber en glissant, s'taler par terre (prfixe lu-)berkukescouscous gros grains, plombs > kukes/seksu... couscous (prfixe

    ber-)

    - diminutif:tamda mare > tamdut petite mare, trou d'eau (suffixe-u, -)- hypocoristiques :

    qqim s'asseoir > qumme s'accroupir pour faire ses besoins (suffixe -s)...La plupart des formes ainsi obtenues ressortissent nettement au vocabulaire

    expressif,souvent fminin, ou d'intimit. On trouvera, pour le kabyle, un relevassez dtaill de ces formations dans Chaker, 1980.

    Toutes ces procdures d'expressivit lexicales ont manifestement jou un rleimportant dans la formation du lexique berbre ; on peut mme considrer quela trs grande majorit des bases lexicales comportant plus de trois consonnessont en fait des drivs expressifs, mme lorsque leur dcomposition s'avredlicate ; on pense notamment des lexme pan-berbres commeadergal/derelaveugle/tre aveugle, que l'on peut suspecter d'tre forms partir d'une base

    l/aqel-qqel voir, regarder... C'est cette importance statistique et morphogntique de l'expressivit dans le lexique qui justifie que l'on parle en berbre d'unedrivation expressive ct de la drivation grammaticale (ou d'orienta-tioin; Cf. D. Cohen, 1968), mieux connue et plus tudie (Cf. *drivation,EBXV).

    BIBLIOGRAPHIEBASSETA., La langueberbre, Oxford/Londres, 1952 (1969).CHAKERS., Le systme drivationnel verbal berbre (dialectekabyle),Paris, EPHE/UniversitRen Descartes (thse pour le doctorat de 3e cycle), 2 vol., 1973.CHAKERS., Drivs de manire en berbre (kabyle),GLECS,XVII, 1980 (1972-1973).CHAKERS., Textesen linguistique berbre (introductionaudomaineberbre),Paris, CNRS, 1984,(chap. 10).CHAKERS., Aspect (verbal),Encyclopdie berbreVII,Aix-en-Provence, Edisud, 1989.CHAKERS., Linguistiqueberbre. tudes de syntaxe et de diachronie,Louvain/Paris, Peeters,1995/a.CHAKERS., Quelques faits de grammaticalisation dans le systme verbal berbre,Bulletinde laSocit de Linguistiquede Paris (sous presse, 1995/b).COHEND., Les langues chamito-smitiques,Le Langage(sous la dir. de A. Martinet),NRF-Gallimard, (Encyclopdie de la Pliade), Paris, 1968, p. 1 288-1 330.FOUCAULD CH. DE,Dictionnaire touareg-franais(4 vol)., Paris, Imprimerie Nationale, 1952.GALANDL. , Introduction grammaticale, : Petites Surs de Jsus: Contes touaregsde l'Ar,Paris, SELAF, 1974, p. 13-14.GALAND-PERNETP., A propos des noms berbres enus-/us, GLECS,18-23,1983,p. 643-659.GALAND-PERNETP., en berbre, phonme, morphme,Proceedingsof the 4 th International Hamito-Semitic Congress(Hamburg, 1983),1987, La Haye, John Benjamin's, p. 381-394.

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    LEGUILA., La phonologie au secours de la grammaire en touareg,Bulletinde la Socit de Linguistiquede Paris, 77 (1), 1982, p.341-363.PRASSEK.-G. ,Manuelde grammaire touargue(tahaggart), Copenhague, Akademisk Forlag,1972-74.

    S. CHAKER

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    E

    TA B L E D E S M A T I R E S

    Les chiffres romains sont ceux des fascicules, les chiffres arabes indiquent lespages.

    Fascicule XVIIE1 Eau (voir Aman) XVII, 2562E2 clipse (E. B., A. Bourgeot) XVII,

    2562-2564E3 criture (G. Camps, S. Chaker, D.

    Abrous, H. Claudot-Hawad) XVII,2564-2585

    E4 Edeyen (E. B.) XVII, 2586E5 Edough (E. B.) XVII, 2586-2588E6 gide (G. Camps, S. Chaker) XVII,

    2588-2589E7 glise, toponymie(J.-M. Lassre)

    XVII, 2589E8 gorgement (C. Agabi) XVII,

    2589-2591E9 Ehen (H. Claudot-Hawad, G.

    Camps) XVII, 2591-2595E1 0 Elea ones (T. Des ang es) XVI I,

    2595-2596E11 Elassolithique (G. Camps) XVII,

    2595-2598El2 lphant (G. Esprandieu) XVII,

    2598-2606E13 Ells (G. Camps) XVII., 2606-2611E14 Eloulii Q. Desanges) XVII, 2 611El5 mail (H. Camps-Fabrer) XVII,

    2611-2614El6 migration (K. Direch-Slimani)

    XVII, 2614-2617E17 Empan (M. Gast) XVII, 2617E l 8 Emphase (S. Chaker) XVII ,

    2617-2621E l 9 Emp oria (R. Rebuffat) XVI I,

    2621-2627E20 Enabasi (J. Desanges) XVII, 2627E21 Encens (M. Gast) XVII, 2627-

    2630E22 Endogamie/exogamie (voir Ma

    riages)E23 Enfida (T. Monastiri, G. Camps,

    T. Ghalia, N. Sraeb) XVII, 2630-2637

    E24 Enfous (G Camps) XVII, 2637-2639

    E25 Engobe (H. Camps-Fabrer) XVII,2639-2643

    E26 nigme (voir Devinette) VII, 2643E27 Enipi (J. Desanges) XVII, 2643E28 Ennayer (El Briga) XVII,2643-

    2644E29 Enseignement du berbre (S. Cha

    ker) XVII, 2644-2648

    E30 pe (C. Agabi) XVII, 2649-2651E31 pices (M. Gast) XVII, 2651-

    2655E32 pipalolithique (G. Camps)

    XVII, 2655-2658E33 pithte (voir adjectif) XVII,

    2658E34 ponge (H. Camps-Fabrer)

    XVII, 2658-2664E35 quidiens (E. B., C. Dupuy)

    XVII, 2664-2677E36 Erebidae (J. Desanges) XVII, 2677E37 Ergatif (S. Chaker) XVII, 2677-

    2682

    E38 Ero paei (J. Desanges) XVII, 2683

    Fascicule XVIIIE39 Escargotires (G. Camps) XVIII,

    2683-2691E40 Esclave (voir Akli) XVIII, 2691E41 Esculape africain (N. Benseddik)

    XVIII, 2691-2697E42 Eseber (P. Pandolf) XVIII, 2697-

    2701E43 Espagne (voir Andalus) XVIII,

    2701E44 thiopiens (voir Aethiopes) XVIII,2701

    E45 toile (El Briga) XVIII, 2701-2702E46 tranger/extrieur (H. Claudot-

    Hawad) XVIII, 2702-2705E47 Euphmisme (S. Chaker) XVIII,

    2705-2709E48 Euphorbes (P. Quezel, M. Gast)

    XVII, 2706-2709E49 Excrments (E. Bernus) XVIII,

    2709-2710E50 Expressivit (S. Chaker) XVIII,

    2710-2712

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    E

    TA B L E D E S A U T E U R S

    Les chiffres qui suivent le nom des auteurs donnent le numro des notices.

    AAbrous D. 3Agabi C. 8, 30

    BBenseddik N. 41Bernus E. 49Bourgeot A. 2

    Camps G.3 ,6 ,9 ,11 ,13 ,23 ,24 ,32 ,39Camps-Fabrer H. 15, 25, 34Chaker S. 3, 6, 18, 29, 37, 47, 50Claudot-Hawad C. 3, 9, 46

    DDesanges J. 10, 14, 20, 27, 36, 38Direch-Slimani K. 16Dupuy C. 35

    E. B. 2, 4, 5, 35El Briga 28, 45Esprandieu G. 12

    Gast M. 17 ,2 1 ,31 ,48Ghalia T. 23

    Lassre J.M. 7

    MMonastiri T. 23

    Pandolfi P. 42

    Q

    Quezel P. 48

    RRebuffat R. 19

    Sraeb N. 23

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    AAgriculture: 23, 31 , 49Algrie : 5,11, 15, 16, 23, 39Alimentation: 8, 31Antiquit : 3, 6, 7, 12, 13, 14, 19, 20,

    23,Architecture: 13, 23Armes : 30, 35Art rupestre : 12, 24, 35Artisanat: 9, 15, 25, 30, 42Astronomie: 2, 45

    BBotanique: 21, 42, 48Bijoux : 15

    C

    Cramique: 25Christianisme: 7, 13

    Commerce: 19, 21, 34E

    mail : 15migration: 16Enseignement: 29ponge : 34Ethnographie: 6, 17, 42Ethnologie: 6, 8, 9, 16, 17, 28, 46

    F

    Famille : 9, 46

    G

    Gographie: 4, 5 13, 16, 19, 23

    HHabitation: 9, 42, 46

    K

    Kabyles: 5, 15, 16

    LLibye : 4, 19Libyque: 3, 35

    Linguistique: 3, 6, 18, 29, 37, 47, 50

    MMaroc : 15, 48Mgalithisme: 13, 23Mythologie: 6, 41, 45N

    Nomadisme: 9, 42

    P

    Pche : 34Prhistoire: 11, 23, 24, 32, 39Protohistoire: 3, 12, 13, 23, 30,35,

    R

    Religion: 8, 28, 41

    S

    Sahara : 2, 4, 9, 30, 35, 42, 46, 49

    T

    Touareg : 9, 30, 46, 48, 49Tribus : 10, 14, 20, 27, 36, 38Tunisie : 13, 15, 19, 23, 34, 39,ZZoologie: 12, 34, 35

    MOTS CLS

    Les chiffres qu i suivent chaquemot cldonnentle numro des notices.

    E

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    F1. FABLE (voir Conte)

    F2. FACTITIF (vo i r Dr iva t ion - Dia thse)

    F3. FAIM

    iha n bennn Des nuits sans profit,iha n bar an Des nuits avec la gomme,tekki menna sulln Jusqu' ce que la disette s'en aille lentementProverbe touareg (Mahdi El Kherrez, Idels)Dans toutes les langues berbres, le mot faim a la mme racine : L . Se dit

    la en tamazight du Maroc central, en kabyle, en mozabite, en ouargli, en tam-haq et tamacheq. La permanence de ce vocable dans toute l'ancienne Berbrielui confre une forte prsence sociologique et une grande anciennet.

    Jusq ue dan s les annes soixante le prob lme d e la faim tait un sujet ta bou . Pour mille publications sur les problmes soulevs par la guerre, on compte unetu de sur la faim . Voil ce que pouva it crire Josu de Cast ro en 1961 dan s s