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Photo Bruno Levy Approvisionnement énergétique Approvisionnement énergétique de la Loire de la Loire- Atlantique Atlantique Séance plénière du 6 mars 2007 Contribution de Monsieur Joël de Rosnay Conseil de Développement de la Loire-Atlantique un espace de concertation Energie et Développement Durable : « de l’Ego-citoyen à l’Eco-citoyen »

Energie et développement durable : "de l'égo-citoyen à l'éco-citoyen" - Joël de Rosnay

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La politique énergétique appuyée par une responsabilisation des citoyens est un des grands enjeux du xxIeme siècle. Chacun doit devenir acteur de son propre destin, notamment sur le point énergétique, tout comme cela s'opère au niveau de l'information : c'est la notion de démocratie participative. Document rédigé par le Conseil de Développement de la Loire-Atlantique

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Photo Bruno Levy

Approvisionnement énergétique Approvisionnement énergétique de la Loirede la Loire--AtlantiqueAtlantique

Séance plénière du 6 mars 2007

Contribution de Monsieur Joël de Rosnay

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique un espace de concertation

Energie et Développement Durable : « de l’Ego-citoyen à l’Eco-citoyen »

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Introduction et sommaire de la conférence

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« Plutôt que de réfléchir, comme traditionnellement, en termes de filières, raisonnons en ter-mes d’interdépendances des facteurs, non seulement de production, mais aussi de distribu-tion, d’usages, d’économies d’énergie, de responsabilisation des citoyens à ces enjeux impor-tants du 21ème siècle, grâce à des rapports, des articles et des expositions. C’est d’ailleurs cette attitude globale que le Conseil de Développement de la Loire-Atlantique a adopté pour aborder la problématique énergétique et rédiger son rapport. »

L’approche systémique et l’ap-proche analytique de l’écosys-tème et du développement du-rable ……………………………………………

La relation entre écologie, écono-mie et écosystème ………………………… Le développement durable, l’amor-tissement du capital terrestre ……… Les complémentarités entre appro-ches systémique et analytique ……… Des exemples illustrant les appro-ches systémique et analytique ……… Qu’est ce que le développement durable ? ……………………………………… Les 10 commandements de l’appro-che systémique du développement durable …………………………………………

Les énergies classiques et re-nouvelables ………………………………

Quelles sont les 5 formes d’énergie solaire ? Pourquoi les énergies clas-sique et renouvelable doivent elles être conçues comme inter-reliées les unes aux autres, dans le cadre des matrices multimodales ? ………… L’énergie nucléaire ……………………… Le réchauffement climatique et les économies d’énergie …………

L’effet de serre et les rejets de dioxyde de carbone ……………………… Les rendements de nos machines à produire ou utiliser de l’énergie … Les économies d’énergie bonifiées par les technologies : deux exem-ples …………………………………………………

Quelques innovations et systè-mes méconnus …………………………… Notions de production d’énergie décentralisée par la cogénération … La machine de Stirling ………………… La cheminée solaire ……………………… L’hydrogène et la nouvelle éco-nomie de l’hydrogène ……………

La naissance d’une nouvelle écono-mie de l’hydrogène : contexte ……… Comment produire l’hydrogène de manière durable ? ………………………… Des réponses innovantes aux préoc-cupations de stockage et de distri-bution de l’hydrogène …………………… Le passage de l’égo-citoyen à l’éco-citoyen : du chacun pour soi au chacun pour tous ………… Les agriculteurs sont les premiers écologistes ……………………………………… Economies d’énergie : quelques repères …………………………………………… Les défis pour la planète ……………… Regard sur les pôles énergéti-ques et le développement lo-cal : le cas de la Loire-Atlantique abordé par son Conseil de Développement …… Conclusion …………………………………

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1 Les approches systémique et analytique de l’écosystème et du déve-loppement durable

Il y a quelques années, cer-tains estimaient que l’appro-che systémique allait détruire l’approche analytique. Pour-tant ces deux approches sont totalement complémentaires.

L’approche systémique est une méthodologie qui permet d’organiser les connaissan-ces en vue d’une plus grande efficacité de l’action.

Mais pour organiser ces connaissances, il faut au pré-alable extraire les données d’un monde complexe et les réduire en éléments plus sim-ples (la méthode analytique).

Complémentarités entre approches systémique et analytique

Qu’est ce que la règle de gestion ?

Le manager est un mot très célèbre. Le ma-nager et la ménagère ont la même racine étymologique. « Ménager » en vieux fran-çais signifie gérer le budget du ménage. Ce verbe est d’ailleurs encore utilisé au Qué-bec. Puis il y a le « manager » aux Etats-Unis, celui ou celle qui gère l’entreprise. Aménager, ménager et se ménager ont éga-lement la même racine. Ce qui souligne finalement l’importance de manager la terre.

Pendant des siècles, un point important a été totalement passé sous silence : les hommes ont utilisé les ressources renou-velables de la planète mais n’ont pas pensé à la nécessité d’amortir le capital terrestre. La vraie notion de développement dura-ble, c’est l’amortissement du capital ter-restre, c'est-à-dire des réinvestissements dans l’éco-capital, du temps, de l’énergie et de l’argent.

Le développement durable, c’est l’amortissement du capital terrestre

Un retour sur l’étymologie est essentiel pour aborder la relation entre écologie et économie : • Ecologie est issue du grec « oikos » qui

veut dire la maison et « logos » la science. L’écologie peut donc être inter-prétée comme la science de la maison.

• Economie est aussi issue de « oikos » et

« nomos » la règle. On peut donc traduire économie par la gestion de la maison.

L’écologie et l’économie devraient être considérées comme deux faces d’une même médaille. Alors qu’elles sont souvent opposées, elles sont en réalité totalement complémentai-res. La science de notre maison terrestre est la règle de gestion de cette maison terrestre.

La relation entre écologie, économie et éco-système

L’Approche analytique L’Approche systémique

Isole, en se concentrant sur les éléments

Relie

Considère la nature des inte-ractions

Se concentre sur les interac-tions entre les éléments

Considère la précision des détails

A une perception globale

Est indépendante de la durée Intègre la durée

Modifie une variable à la fois (une approche systématique)

Modifie des groupes de varia-bles simultanément (appelée en informatique la simulation)

Valide les faits par la preuve expérimentale dans le cadre d’une théorie et conduit à une action programmée

Valide les faits par la compa-raison du fonctionnement du modèle avec la réalité et conduit à une action par ob-jectif

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Exemples illustrant les approches systémique et analytique

Les quatre grands systèmes : l’air (atmosphère), la vie (biosphère), la terre (lithosphère) et l’eau (hydrosphère) sont en perpétuelle et permanente interaction : Les vivants deviennent des squelettes cal-caires, qui se déposent dans les océans et se transforment en sédiments, pour être ensuite bouleversés par les effets volcani-ques etc.

L’eau s’évapore dans l’atmosphère et irri-gue l’ensemble de la vie grâce au soleil, à l’eau et aux matières carbonées qui produi-sent des sels minéraux et fabriquent tout ce dont la vie a besoin. La biosphère active l’ensemble des systè-mes et le soleil est la principale source d’é-nergie.

Grâce aux plantes vertes (les produc-teurs), à la chlorophylle des feuilles, à l’eau, à l’utilisation du gaz carbonique et finalement au principe de la photosynthèse, cette énergie solaire est transformée en sucres (amidon, cellulose …) et en dégage-ments d’oxygène. Les consommateurs brûlent cette énergie grâce aux mitochondries, qui récupèrent l’énergie fournie par les molécules organi-ques. Cette énergie est ensuite stockée dans l’adénosine triphosphate (ATP) et per-met ainsi aux consommateurs de produire, de se nourrir et de se déplacer. Le phénomène de la respiration brûle l’é-

nergie produite par la photosynthèse, et produit du dioxyde de carbone qui sera ren-voyé dans l’atmosphère aux producteurs. De telle sorte que la respiration est l’in-verse de la photosynthèse. Tous les déchets des consommateurs et des producteurs sont recyclés grâce aux décom-poseurs (fumier, sol, microbes, vers de terre, petits champignons …), sous forme de sels minéraux, indispensables pour les pro-ducteurs et les consommateurs, dans les eaux souterraines ou les rivières, dans les-quelles les arbres plongent leurs racines.

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a Exemple 1 - Le cas de l’écosystème naturel

Production, photosynthèse, consommation, respiration, production d’énergie biologi-que, recyclage des déchets et des éléments sont les résultats des interactions de notre écosystème …

Les cycles de la biosphère

Source : Joël de Rosnay

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Le circuit de l’énergie : Les éléments du système économique ne sont pas en interaction permanente. L’énergie, principalement fossile (du bois pendant longtemps puis ensuite du charbon, du pétrole, du gaz) est utilisée pour la pro-duction, permettant de fabriquer des maté-riaux de base, des produits et des services. Ces produits et services sont échangés sur un marché de biens et services. Si trop ou pas assez de produits sont offerts par rap-port aux demandes des consommateurs, il y a inflation ou récession de produits.

Ces services peuvent être achetés par les consommateurs, qui sont des acteurs sur le marché du travail. S’il y a trop ou pas assez d’emplois offerts sur ce marché par rapport aux demandes des travailleurs, il y a soit le plein emploi soit du chômage. Ce travail permet donc à la production (grâce au travail des êtres humains) de fa-briquer des biens et des services. Le travail est donc considéré comme de l’énergie, qui entre dans le système de pro-duction.

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b Exemple 2 - Le cas de l’économie

Le circuit économique : Les travailleurs reçoivent des salaires, qui sont dépensés pour acheter des produits, des biens et des services, et qui devien-nent les produits des entreprises. Les entreprises peuvent déposer des bre-vets, se servir de licences achetées, inves-tir leur argent dans d’autres entreprises, recevoir des dividendes etc. Les consom-mateurs peuvent également mettre leurs économies en épargne, recevoir des divi-dendes. Les entreprises et consommateurs peuvent s’éduquer, se former, accumuler et contribuer à la production de savoirs etc. Le schéma ci-dessus est très simplifié car il n’est pas en interaction avec le monde extérieur : exportation, importation, ba-lance des paiements, équilibre économi-

que etc. A la différence du cas de l’écosystème pré-senté précédemment (p6), certains flux sont perdus, en l’occurrence celui des dé-chets. Auparavant, le recyclage était absent du schéma de l’économie classique. Depuis seulement une vingtaine d’années, le recy-clage est devenu une préoccupation forte.

Exemple : les voitures sont aujourd'hui en-tièrement dé-manufacturables. Autrement dit, l’industrie n’est plus seulement ma-nufacturable mais devient aussi dé-manufacturière. Non seulement l’industrie produit mais permet maintenant d’élimi-ner, de manière modulaire, les pare-chocs, le verre etc. afin de les recycler. C’est la même chose pour l’industrie informatique ou électronique.

Le système économi-que :

Source : Joël de Rosnay

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Qu’est ce que le développement durable ?

b Le retour aux origines du développement durable

En 1987, Madame Gro Harlem Brund-tland, femme politique norvégienne et pré-sidente de la Commission Européenne, prête son nom au rapport définissant la politique nécessaire pour parvenir à un « développement durable ». Le rapport définit le concept comme étant un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des géné-rations futures à répondre aux leurs. C’est bien, ... mais pas assez ! Pour un adepte de l’approche systémique et cyber-nétique, cela ne correspond pas tout à fait à la co-régulation citoyenne. Comment les gens peuvent-ils se mobiliser, se sensibiliser à l’idée qu’il faut faire quelque chose pour que les générations futures puissent répon-dre à leurs propres besoins ?

Quelle est l’origine du mot développe-ment durable ? Il vient de l’américain « Sustainable De-velopment », qui se rapporte à une notion complètement différente de celle de dura-bilité. Un système « sustainable » est un système qui est capable de s’administrer lui-même, de s’autogérer, d’assurer le feedback (la rétroaction) qui permet à l’entrée de tenir compte de la sortie. Plutôt que « développement soutenable », c’est l’expression développement durable qui a été choisie. Pourtant, nombreux sont ceux qui croient que le développement du-rable est un développement qui doit durer longtemps.

a Le développement durable comme amortissement du capital terrestre : l’exemple de l’énergie

Mais il faut aller plus loin et agir avec des réinvestissements énergétiques à plu-sieurs niveaux : une gestion équilibrée des réinvestisse-ments dans les ressources énergétiques et les énergies non renouvelables doit être

adossée à une meilleure gestion, des activi-tés industrielles, des activités citoyennes, des activités des pouvoirs publics...

Cette gestion équilibrée contribuera d’une manière générale à la notion fondamentale du développement durable.

Les hommes commen-cent enfin à prendre conscience que les ressources naturelles non renouvelables ne peuvent plus être uti-lisées de façon illimi-tée et donc saisissent l’importance de l’a-mortissement de l’é-co-capital.

En effet, l’amor-

tissement de l’éco-capital renvoie à la notion de gestion des ressources, des dé-chets, du circuit des usages et de la consommation.

Le développement durable : l’amortissement de l’éco-capital

Joël de Rosnay, mars 2007

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c Le Développement Adaptatif Régulé

Dans le schéma ci-dessus, nous avons un système complexe : une ville, une en-treprise, l’économie d’un pays. Un écosys-tème a trois destinées : Cas 1 : le désordre va s’accroître dans le système (en physique : l’entropie). L’en-tropie est une grandeur énergétique qui mesure la désorganisation. Le système complexe se désorganise et disparaît. Cas 2 : L’auto-organisation et le désordre se compensent. Le système se maintient mais n’évolue pas.

Cas 3 : L’auto-organisation du système augmente plus vite que son désordre. Ce qui accroit la complexité et l’évolution du système vers des étapes de complexité supérieure. Cela montre bien que l’action humaine multipliée par millions, autrement dit la régulation participative, peut engendrer dans notre système complexe, une évolu-tion soutenable, cohérente et équilibrée.

Le développement durable doit être compris comme un « Développement Adaptatif Régulé » (DAR) : Développement : car nous continuerons de nous développer, comme l’organisme qui croît d’une manière harmonieuse. Adaptatif : parce que ce développement ne peut pas se faire en contradiction avec son propre environnement. Les contraintes sont telles que les organismes doivent s’a-dapter à l’environnement dans lequel ils évoluent. Régulé : parce que dans un système com-plexe, les différentes informations en en-trée comme, l’énergie, les matériaux, etc. ont une incidence sur les données qui en sortent.

Il faut donc mesurer, à la sortie, les effets des actions entreprises et renvoyer à l’en-trée un signal qui permettra de moduler la consommation, l’usage etc. C’est la régu-lation, la fameuse boucle de rétroaction, de feedback.

Le développement durable au-delà de l’amortissement de l’éco-capital c’est aussi et surtout le développement adap-tatif régulé par nos actions. Grâce à la régulation participative, notre système pourra s’autoréguler. La régula-tion participative signifie que les éco-citoyens informés par les pouvoirs publics, par les industriels, par les médias, sont capables de gestes cohérents, y compris de réguler le système.

Bien entendu, ce n’est pas la seule idée qui se cache derrière le terme développe-ment durable : il renvoie à un développe-ment continu assurant la pérennité du système qui nous abrite. Ce développement doit continuer à être « sustainable » : autrement dit un dévelop-pement intégré de l’agriculture, de l’éco-nomie, de l’énergie, sans lesquels nous n’existerions plus.

Nous sommes effectivement dépendants de ce système. Nous sommes, aujourd’hui en quelque sorte, des « parasites » de cet éco-système. Ainsi, des « parasites », nous devons de-venir des « symbiontes » (tiré du livre « L’homme symbiotique »), vivre en sym-biose avec Gaya « la planète terre » et avec les systèmes énergétiques.

Energie Information Matériaux

Action Effets Déchets

Système complexe

Régulation participative

Le rôle de la régulation participative dans l’évolution d’un système

Joël de Rosnay, mars 2007

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Les 10 commandements de l’approche systémique du développement dura-ble

1 Les économies d’énergie

2 L’usage des énergies renouvelables

3 Le tri et recyclage des déchets

4 La formation de l’éco-citoyen

5 L’éducation à l’hygiène et à une alimentation équilibrée

7 Le commerce équitable

8 L’entreprise citoyenne

6 L’ aide aux pays en développement et assistance humanitaire

9 Le mode de vie frugale

10 La mise en œuvre de l’éco-éthique

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« Les économies d’éner-gie auxquelles tous les acteurs de la socié-té devraient être sensi-bilisés, jouent un rôle fondamental dans les transports, dans l’indus-trie et l’agriculture. Nous pouvons ainsi, par nos attitudes éco-citoyennes, contribuer à diminuer des besoins énergétiques, qui conduisent générale-ment à une forme de pollution.

« Le rapport du Conseil de Développement de la Loire-Atlantique a mis l’accent sur la formation des gens.

« La pléthore alimentaire conduit à des désordres de santé que nous payons ensuite en coût de la sé-curité sociale. La pléthore énergétique conduit à toujours plus d’énergie, de centrales, de pertes en ligne, pour la distribution d’énergie à domicile. Le choix d’un mode de vie plus frugale est une qualité, pas un défaut. »

« Appliquer le développe-ment durable, nécessaire aux générations à venir, dans le cadre d’une vi-sion éthique et collective et plus seulement indivi-duelle. »

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2 Les énergies classiques et renouvelables

Quelles sont les cinq formes d’énergie solaire ?

Cas de l’hydro-électricité : Pourquoi ? L’eau des lacs, des rivières ou de la mer s’évapore avec le soleil. Cette eau se transforme en nuages, lesquels sont poussés par le vent. Ces nuages se transforment en pluie ou en neige. Cette eau est captée dans des lacs de barrages et, en descendant dans les tuyères, fait tourner les turbines.

Cas de l’éolien :

Pourquoi ? Le vent est une énergie so-laire, qui est un courant d’air créé entre les endroits chauffés par le soleil et les

endroits plus froids. A l’intérieur de ce courant d’air, l’installation d’hélices peut produire de l’électricité. C’est ce que l’on appelle l’énergie éolienne.

L’éolien est une énergie qui suscite de plus en plus d’intérêt dans le monde. Le nombre d’entreprises qui utilisent ou rachètent les producteurs d’éoliennes est très étonnant. Aujourd’hui aux Etats-Unis, certaines start-up suivent même la voie prise par l’électronique et les biotechnologies dans les années 90 et au début des an-nées 2000.

b L’hydro-électricité, l’éolien et la biomasse, trois sources d’énergie solaire indirectes

Cas du photovoltaïque :

Les photons frappent du silicium et dé-gagent des électrons, produisant un cou-rant électrique. Il est ainsi possible d’a-limenter des batteries, faire marcher un téléphone, une station météorologique …

Aujourd’hui, de plus en plus de capteurs photovoltaïques sont installés : 590 MW en Europe et 900 MW installés dans le monde en 2004.

Cas du solaire thermique :

Pour alimenter un chauffe eau solaire, autrement dit un réseau de tuyaux contenant de l’eau, qui se réchauffe au soleil. Cependant, le solaire thermique exige d’être installé sur une grande surface, pour réussir à concentrer cette énergie diffuse, soit sur des tours, soit sur des panneaux. Il faut des espaces qui puissent transfor-mer des surfaces en « concentrateurs » de cette énergie diffuse. C’est d’ailleurs le rôle des forêts de transformer l’espace en énergie, grâce aux feuilles servant de « capteurs solai-res ».

a Le photovoltaïque et le solaire thermique, deux énergies solaires directes

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La production européenne d’énergie éo-lienne en 2006 représentait 47.000 MW. Si l’Allemagne produit 20.000 MW et l’Espagne 10.000 MW (ce sont les 2 lea-ders mondiaux), la France quant à elle produit seulement 1.300 MW d’énergie éolienne ! Une production de 150.000 MW d’énergie éolienne est prévue en 2012. A titre de référence, une centrale nucléaire repré-sente environ 1.000 MW. Cela ne signifie pas que la production d’énergie éolienne en 2012 pourrait rem-placer l’équivalent d’une production de 150 centrales nucléaires, car l’énergie éolienne est intermittente. On applique un ratio d’un demi.

Autrement dit 20.000 MW d’énergie éo-lienne en Alle-magne corres-pondent environ à la production de 10 centrales nucléaires.

Côté « esthétique », nombreux sont ceux qui préfèrent voir de belles éoliennes

blanches dans le ciel que des poteaux 400.000 volts, chandeliers transpor-tant le courant électrique. Cela se dis-cute. Mais nombreux sont également ceux qui souhaitent un développement d’éoliennes en mer. Cas de la biomasse :

Pourquoi ? Les photons-solaires frappent la chlorophylle. Et grâce à la réaction de photosynthèse, on obtient des sucres et de l’oxygène. L’utilisation de la biomasse dans le cadre d’un projet biomasse Europe a permis de produire 505,4 millions de tonnes d’équi-valent pétrole, soit 3,5 % de la consom-mation totale de l’Europe en énergie primaire, grâce à la production de petits copeaux de bois, de sciures, de déchets agroalimentaires compactés et transpor-tés par trémies, pour alimenter des chaudières.

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Joël de Rosnay, mars 2007

Le Danemark combine l’énergie hy-dro-électrique et l’énergie éolienne, en sachant que l’énergie du vent ne peut pas être stockée contrairement à l’eau.

Par ailleurs, toutes les nouvelles éolien-nes, tournent à la même vitesse, tout doucement. Les pales s’adaptent à la force du vent. Il y a un effet cybernéti-que : plus le vent va vite moins les pales ont de prise au vent. Si le vent est trop fort, elles s’arrêtent.

Les éoliennes au Danemark notamment, mais aussi en Ecosse ou en Suède, sont donc combinées avec des stations de pompage d’eau. Ainsi, tant qu’il y a du

vent, l’eau est stockée en altitude dans des réservoirs, et lorsqu’il n’y a plus de vent, l’eau redescend et fait tourner une turbine pour produire l’électricité. C’est ce que l’on appelle une

« matrice multimodale » de production énergétique, qui peut également être couplée : • à la bio-climatisation, c’est-à-dire des

bâtiments orientés de sorte qu’ils re-çoivent en permanence l’optimum de soleil possible,

• Ou avec un gisement thermique s’il en existe un (la géothermie par exemple).

La notion de matrice multimodale : l’exemple d’interdépendance entre le vent et l’eau au Danemark

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Avec le réchauffement climatique, il faut désormais repenser l’énergie nu-cléaire dans un autre contexte. Les systèmes nucléaires classiques, les plus anciens sont les centrales nucléaires REB (réacteur à eau bouillante). Les ré-acteurs beaucoup plus sûrs sont les REP ou PWR (Pressurized Water Reactor).

Mais ce sont aujourd’hui les réacteurs de quatrième génération qui sont desti-nés à un très grand avenir. Les réacteurs de quatrième génération n’apparaîtront qu’en 2020-2050, mais sont déjà à l’étude, (certains seraient même déjà en production). Ce sont le SFR (Sodium-cold Fast Reactor System), le GFR (Gas-cold Fast Reactor System), VHTR (Very High Temperature Reactor System – neutron thermique). Deux points sont à retenir à ce sujet: Non seulement cela fera de l’électricité avec beaucoup plus de sécurité et beau-coup moins de déchets, mais surtout ce-la permettra de dessaler l’eau de mer et de fabriquer de l’hydrogène ! Il y a donc bien une place pour l’éner-gie nucléaire, mais une place complé-mentaire aux économies d’énergie, aux changements de mode de vie, à la fru-galité.

Il y a environ trente ans de cela, le nucléaire était un moyen de centralisa-tion énergétique, qui déresponsabilisait les citoyens vis-à-vis de l’énergie. Contrairement à la politique des grands organismes producteurs d’électricité de l’époque en France (ou étudiant la pro-duction de l’électricité), il est important aujourd’hui, d’un point de vue politique, de responsabiliser les citoyens sur la pro-duction énergétique.

C’est donc ce modèle de décentralisation qui est en train de s’appliquer à l’éner-gie.

L’énergie nucléaire

Décentraliser pour responsabili-ser les citoyens : l’exemple d’In-ternet et de l’information Internet a cassé les monopoles des masses médias en permettant la pro-duction des médias des masses (l’ensemble des citoyens).

Cela a non seulement créé des quan-tités d’emplois dans le monde, mais cela a en plus décentralisé la produc-tion d’informations de telle sorte qu’aujourd’hui avec les blogs, les journaux citoyens, les films créés par les citoyens, la musique composée par des créateurs, notre système de-vient complémentaire du monde py-ramidal « top down » (du haut vers le bas) : un monde « bottom up » (du bas vers le haut).

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3 Le réchauffement climatique et les économies d’énergie

C’est le phénomène de transformation d’énergies fossiles pour satisfaire la consommation , qui conduit à d’énormes rejets de dioxyde de carbone essentielle-ment dans le résidentiel, le commercial, l’industriel et au niveau des transports.

Ci-dessus l’exemple américain :l’utilisation de gaz naturel, de charbon et de pétrole conduisent à d’énormes rejets de dioxyde de carbone, notamment via le secteur des transports (515 millions de tonnes).

L’effet de serre

Emissions de CO2 aux Etats-Unis à partir de la consommation d’énergie

Source : Energy Information Administration, Lawrence Livermore National Laboratory, April 2002

Qu’est ce que l’effet de serre ? Lorsque le rayonnement solaire atteint l’atmosphère terrestre, une partie est di-rectement réfléchie (renvoyée vers l'es-pace), par l’air, les nuages blancs et la surface claire de la Terre. Les rayons qui n'ont pas été réfléchis vers l'espace sont absorbés par l'atmosphère et/ou la surface terrestre. Cette partie du

rayonnement absorbée par la Terre lui ap-porte de la chaleur, de l’énergie, qu'elle restitue à son tour, la nuit notamment et en hiver, en direction de l'atmosphère. Ce rayonnement est alors absorbé en partie par les gaz à effet de serre. Puis cette cha-leur est réémise dans toutes les directions, notamment vers la Terre. C'est ce rayonnement qui retourne vers la Terre qui crée l'effet de serre.

Joël de Rosnay, mars 2007

Les rejets de dioxyde de carbone

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Les rendements de nos machines à produire ou utiliser de l’énergie

Ce schéma publié en 1975 dans « le Macroscope » montre le très faible rendement de notre machinerie à fabriquer des énergies dans nos sociétés industrialisées. L’énergie utilisable dans nos machines est de 50%, l’entropie (le désordre, représenté par la poubelle) est de 50%.

Les pertes d’énergie sont nombreuses, notamment au niveau de l’industrie, des résiden-ces, des commerces et des transports. Exemple : Lorsque vous prenez un bain chaud grâce à l’énergie électrique d’une centrale nucléaire, vous récupérez environ 20 à 24 % d’énergie. Le reste est perdu en ligne, dans le transport et dans la production. Le rendement est donc très faible.

C’est pour cela qu’il faut repenser toute notre efficacité des rendements de nos ma-chines à produire ou à utiliser de l’énergie. Personne ne s’est posé la question de savoir si les moteurs électriques des ascenseurs étaient suffisamment efficaces, si tous les moteurs électriques que nous avons chez nous ne gaspillaient pas de l’énergie ... C’est désormais un grand objectif mondial.

Utilisation et rendements de l’énergie

POUBELLE

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Cet exemple d’usage de l’informatique de capteurs est transposable à une entre-prise, un établissement agricole, un lycée, un grand organisme public etc. L’usage de l’informatique et de capteurs dans une maison devrait permettre de me-surer la dépense énergétique à l’endroit où il le faut et d’adapter la température des pièces (grenier, cave) aux besoins des ci-toyens.

Cette modulation correspond à la régula-tion : les économies d’énergie pourront se réali-ser au mieux dans les bâtiments grâce à la technologie des capteurs et de l’infor-matique, ... et même à Internet, (en reliant plusieurs secteurs les uns avec les autres par exemple).

Les économies d’énergie bonifiées par les technologies : deux exemples

a Exemple 1 : l’usage de l’informatique et de capteurs dans une maison

b Exemple 2 : les « Sensor Web »

Un capteur agricole a environ la taille d’une boîte d’allumettes. Il a des cap-teurs solaires, deux antennes wifi pour communiquer avec d’autres capteurs, des sondes qui entrent dans le sol pour mesu-rer son humidité, la quantité d’engrais et la quantité de pesticides.

Ces capteurs communiquent entre eux en réseau et les agriculteurs peuvent recevoir leurs informations en permanence. Ils peu-vent faire un arrosage sélectif ou utiliser les engrais à tel endroit etc. en fonction de l’information reçue par tel ou tel cap-teur. La sélectivité de l’arrosage, de l’utilisation des engrais ou des pesticides change donc automatiquement. Ces capteurs, reliés entre eux, créent une sorte d’intelligence collective. Plutôt que d’envoyer aux humains des informations brutes, ces capteurs agrico-les prétraitent l’information de manière à ce que les décisions humaines puissent être les plus efficaces possibles.

La maison intelligente

Capteurs sans fils (jardin intelligent) Joël de Rosnay, mars 2007

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Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 17

La cogénération n’est pas une innovation, mais mérite d’être rappelée, dans la mesure où elle n’est pas assez connue. En effet, la cogénération a pendant longtemps été repoussée par les grands de la produc-tion énergétique. La cogénération est une technique permettant de produire, en un seul pro-cessus, de l’électricité, de la vapeur à basse tempéra-ture, à haute température, avec un extraordinaire ren-dement pour l’industrie, le commerce et le domestique. La chaleur produite se pré-sente sous forme de vapeur d’eau à pression élevée ou

sous forme d’eau chaude : avec une pollution réduite, moins de dioxyde de souf-fre, d’oxyde d’azote, moins de poussière, moins de transport routier, moins de rejets aqueux. De plus en plus de pays en Europe et dans le monde utilisent la cogénération en brûlant par exemple des ordures ménagères, des dé-chets agroalimentaires, des déchets du monde agricole. On peut brûler à peu près ce que l’on veut ou utiliser les gaz naturels etc.

Aujourd’hui, les installa-tions de cogénération fleu-rissent un peu partout en Europe. Elles sont similaires à de grosses raffineries de pétrole et très efficaces.

L’avantage de la cogénéra-tion est qu’elle peut s’ins-taller au coeur des villes. Progressivement nous al-lons donc vers une produc-tion énergétique décentrali-sée. Progressivement, on passe de la notion de « centrale » à la notion de « décentrale ». Sur le plan politique, le pas-sage de la centrale à la « décentrale » est très im-portant car cela permet de responsabiliser les collecti-vités mais aussi les citoyens et de créer des emplois, ce que la centrale ne génère pas forcément.

4 Les innovations

La notion de production d’énergie décentralisée par la cogénération

« Voici une sélection arbitraire de quelques innovations, tirée de l’exposition « Changer d’ère » à la Cité des Sciences à Paris. Cette exposition, qui occupe 650 m², présente diffé-rentes innovations technologiques : de la voiture hybride à la voiture électrique autogui-dée du futur en passant par les nouveaux matériaux issus du monde végétal, plutôt que de la filière pétrochimique. »

La machine de Stirling

Fonctionnement du moteur de Stirling

Air chaud Air froid

Piston froid Piston chaud

Rotation de la roue

Axe de manivelle

90 degrés d’angle de phase est nécessaire ici

Le moteur de Stirling, inventé par le révérend Père Stirling en 1807, est un moteur très efficace : à la dif-férence des moteurs à combustion in-terne ou des mo-teurs à vapeur, c’est un moteur à combustion externe, qui n’est ni à va-peur, ni à pétrole Joël de Rosnay,

mars 2007

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Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 18

La cheminée solaire, concept inventé par l’ingénieur allemand Jörg Schlaich, a été construite près de la ville de Mil-dura dans le désert australien. Cette cheminée solaire de 1000 m de haut (l’équivalent de 3 Tours Eiffel) est positionnée sur une serre en plas-tique de 5 km de large (soit la moitié de Paris !). En haut de la tour, il fait 12-13°. Le soleil chauffe l’air sous la serre, jus-qu’à 55-60°. L’air s’engouffre dans cette tour et fait tourner des aérogé-nérateurs, qui accélèrent les fluides, avec l’effet venturi (phénomène de la dynamique des fluides où les particules gazeuses ou liquides se retrouvent ac-célérées à cause d’un rétrécissement de leur zone de circulation). Ce système a vraiment un rende-

ment extraordinaire et peut fabriquer jusqu’à 200 MW d’énergie avec une tour de ce type, soit l’alimentation de 200.000 foyers ou la totalité des be-soins de la ville de Hobart en Australie.

La cheminée solaire

Fonctionnement de la cheminée solaire

Son principal fluide est un gaz à faible

pression (l’air), qui se déplace dans le mo-teur. Il y a deux phases de déplacement : 1) le chauffage de l’air (par le soleil, un manchon à gaz, par des ordures qui brûlent etc.), une détente, puis un déplacement vers la source froide, 2) un refroidissement, une compression et un retour vers la source chaude. Les pistons ainsi actionnés entraînent une rotation mécanique de la roue.

Ce système extrêmement intelligent

peut fonctionner sans arrêt avec une circu-lation de l’air chauffé d’un côté, refroidi de l’autre. Ce moteur couplé à un généra-teur peut produire de l’électricité.

Encore peu connu, ce système n’est abso-lument pas polluant, utilise n’importe quelle forme d’énergie et est extrêmement efficace du point de vue du rendement. Les machines de Stirling sont de plus en plus utilisées aux Etats-Unis, notamment dans les déserts avec de grosses paraboles qui concentrent l’énergie solaire sur la ma-chine.

Evidemment, étant donné les conditions de chaleur et d’espace, il serait difficile d’installer une cheminée solaire de ce type en Loire-Atlantique. Les espagnols en ont installé deux dans une de leurs régions très ensoleillées : ce sont de petites tours qui ne produisent pas en-core beaucoup d’énergie. Mais les cheminées solaires devraient pou-voir se développer dans les pays qui le per-mettent, notamment dans le désert West Val-ley, en Californie aux Etats-Unis etc.

Le moteur de Stirling en 1816

Joël de Rosnay, mars 2007

Joël de Rosnay, mars 2007

Joël de Rosnay, mars 2007

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Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 19

Aujourd’hui, l’hydro-gène est produit par refor-mage du gaz, ce qui ne constitue pas à ce stade une innovation à part en-tière, puisque le gaz natu-rel est une ressource non renouvelable. Néanmoins, des millions de m3 d’hydrogène sont au-jourd'hui produits par vapo-reformage surtout pour l’in-dustrie agroalimentaire et la pétrochimie.

L’objectif est donc d’u-tiliser l’hydrogène à partir de sources renouvelables : L’éléctrolyse L’électrolyse consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau (H2O). Le courant électrique casse H2O en H2 et O2, ce qui per-met de récolter l’oxygène

et l’hydrogène séparément. Fabriquer des quantités très importantes d’hydrogène n’est pas impossible mais cela nécessite une énergie qui ne soit pas fossile. C’est pourquoi l’Amérique relance un programme d’é-nergie nucléaire : pour fa-briquer, par électrolyse de l’eau, de l’hydrogène pour les automobiles de demain. Il est également envisagea-ble, en accord avec les pays qui bénéficient d’un fort ensoleillement (et de dé-serts), de produire de l’hy-drogène grâce à la mise en place de capteurs solaires. Cependant d’autres problè-mes persistent : - il faut pouvoir faire venir de l’eau dans les déserts - ces déserts sont souvent ceux sous lesquels demeu-rent de gros gisements de

pétrole, ce qui peut soule-ver des problèmes géopoliti-ques non négligeables. La biomasse Dans le monde, aujourd’hui, un nombre croissant de la-boratoires fabriquent de l’hydrogène par géni-génétique ou biologie de synthèse des algues photo-synthétiques à hyper rende-ment. Ces algues ont la ca-pacité de fabriquer d’énor-mes quantités d’hydrogène. Les déchets agroalimen-taires Les déchets agroalimentai-res peuvent également être utilisés pour produire de l’hydrogène, en les com-pressant sous 200 d’atmos-phère avec des catalyseurs comme du palladium et cracker l’hydrogène etc.

5 L’hydrogène et la nouvelle économie de l’hydrogène

L’innovation des innova-tions, qui devrait conduire, dans les vingt prochaines années, à un changement radical de notre consomma-tion énergétique et à des rapports de force entre les nations sur un plan géopoli-tique : c’est l’hydrogène.

L’hydrogène n’est pas un projet simple, car il faut, non seulement le pro-duire, mais aussi le stocker et le distribuer. Même si ce n’est pas encore

le cas, ces différents pro-blèmes pourront être réso-lus : nous nous dirigeons ainsi progressivement vers « L’économie hydrogène », comme le nomme Jeremy RIFKIN, essayiste américain, spécialiste de prospective économique et scientifique, auteur de l’ouvrage du même nom.

Pendant longtemps, cette approche a été négligée, que ce soit par le grand pu-blic, par les PMI ou par les industries, exception faite des militaires et du secteur de l’aéronautique, lesquels

se sont penchés sur les piles à combustible, les « fuel cells ».

Compte tenu de la raré-faction des produits éner-gétiques fossiles d’ici à 30 ans, nous sommes devenus acteurs du changement. Toutes les grandes entre-prises mondiales, de Gene-ral Electric à Air Liquide, se préoccupent de la pro-duction d’hydrogène .

La naissance d’une nouvelle économie de l’hydrogène : contexte

Comment produire l’hydrogène de manière durable ?

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Les réponses innovantes aux préoccupations de stockage et de distribution de l’hydrogène

a Comment stocker l’hydrogène ?

b Comment distribuer l’hydrogène ?

L’hydrogène est stockable sous forme liquide à -253°, sous forme gazeuse à haute pression, dans des « petits pièges à hydrogène » appelés nanotubes de carbone ou dans des hydrures, des polymères servant d’éponges à hydrogène. De nombreux constructeurs de voitures à pile à combustible, notamment Toyota, Nissan, Ford, General Motors, Peugeot, Renault, estiment que les réservoirs des voitures à hydro-gène pourront être à l’avenir des réservoirs solides contenant des nanotubes de carbone ou des hydrures servant d’éponges à hydrogène pour le libérer.

L’hydrogène pourrait être distribué soit sous forme de méthanol par refor-mage local, soit par pipe line, soit directe-ment dans les véhicules ou dans les sta-tions services.

Il existe déjà 40 stations services pilotes dans le monde. Leur utilisa-tion est similaire aux stations servi-ces classiques.

L’autonomie de ces voitures à hydrogène est de 650 à 1000 Km avec un réservoir de 4 litres d’hydrogène liquide.

Une des solutions intéressantes, pour le futur d’ici à 25 ans, combine deux idées absolument géniales : les supraconducteurs et l’hydrogène.

Les supraconducteurs sont des céramiques qui permettent de faire passer l’électricité sans résistance, à -200°. Les supraconduc-teurs doivent être installés sous terre, mais à une moindre température : des cérami-ques pouvant augmenter la température ont alors été fabriquées, ce qui a permis d’obtenir des supraconducteurs à -50° et -30°. De nombreux laboratoires se préoccu-pent désormais de la fabrication de supra-conducteurs à température ambiante.

Aux Etats-Unis, une autre solution est expérimentée : notamment la fabrication de gros « pipe line », de 1 m de diamètre, dans lesquels circule de l’hydrogène liquide à -253°. Au centre de ce « pipe line » à hydrogène liquide ont été installés des supraconduc-teurs, dans lesquels passe l’électricité, soit 50 TW d’énergie qui circulent via l’hydro-gène pour alimenter les piles à combusti-ble...

Mais la plus passionnante d’entre elles, c’est « l’hydronet » en référence à l’Inter-net : cf. Décentraliser pour responsabiliser les citoyens : l’Internet et l’information p 13.

Si l’économie de l’hydrogène continue à se développer, elle donnera naissance à

« l’hydronet » et au concept d’hydricité. L’hydronet diffuserait alors l’hydricité (hydrogène-électricité), au même titre que les centrales électriques (hydrauliques, thermiques, nucléaires) qui fournissent au-jourd'hui l’électricité .

c L’« hydronet » ou l’organisation d’une distribution durable et équilibrée de l’hydrogène

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 20

Page 21: Energie et développement durable : "de  l'égo-citoyen à l'éco-citoyen" - Joël de Rosnay

L’hydricité traduit donc le concept d’une énergie disponible partout.

Comment appliquer un tel concept ? Chacun d’entre nous pourrait acheter et disposer d’une pile à combustible chez lui, qui lui permettrait ainsi de fabriquer de l’énergie, soit 12 à 50 KW d’électricité. Certains peuvent avoir une voiture à pile à combustible, qu’ils n’utilisent pas pendant un mois, d’autres une maison de campagne fonctionnant à pile à combustible, qu’ils ne

fréquentent plus pendant deux mois :

Via la pile à combustible, les citoyens pourront alors produire de l’électricité, qui sera renvoyée et utilisée par d’autres en temps réel, grâce à une grille collective citoyenne de l’énergie. Ainsi les ordinateurs adaptent l’offre à la demande : au lieu d’avoir de grandes cen-trales électriques et une énorme déperdi-tion d’énergie, l’énergie pourrait être pro-duite que lorsque les intéressés en ont be-soin, à l’endroit où ils en ont besoin.

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 21

d La pile à combustible : pierre angulaire de la future économie de l’hydrogène

Fonctionnement de la pile à com-bustible hydrogène La pile se compose de deux électrodes en contact avec un électrolyte (un mi-lieu conducteur d’ions). L’une des élec-trodes est alimentée en hydrogène et l’autre en oxygène. L’oxydation de l’hydrogène produit des électrons qui sont collectés à l’anode : H2 → 2H+ + 2 e- (l’hydrogène se divise en protons et électrons), qui sont pris dans le circuit électrique et allume l’ampoule. A la cathode, des électrons sont au contraire prélevés pour la réduction du carburant : 1/2 O2 + 2H+ + 2 e- → H2O (les électrons se recombinent aux protons et à l’oxygène), pour former de l’eau.

Cette innovation a pendant longtemps été cachée. Certains étaient contre et ne souhaitaient pas communiquer, dans la mesure où il ven-daient déjà d’autres produits très chers. Ces produits représentaient d’énormes investis-sements qu’ils devaient amortir sur des di-zaines et des trentaines d’années. En revanche, les militaires ont déjà utilisé la pile à combustible, conscients qu’elle serait très efficace pour le fonctionnement de leurs satellites.

Désormais, différents types de piles à combustible se fabriquent dans le monde : pour les téléphones, les ordinateurs, les maisons, les scooters, les voitures, les PME etc. Trois pays, le Canada, l’Angleterre et l’Alle-magne, vendent des piles à combustible à destination du secteur résidentiel dans la mesure où ils livrent l’hydrogène. En France, les piles à combustible ne sont pas encore commercialisées : Air Liquide en prévoit une à une échéance d’environ deux ans. La Chine a également décidé et annoncé, il y a six mois, qu’elle serait le premier produc-teur mondial de tous types de piles à com-bustible (petit, moyen, grand format) de ces prochaines années.

Joël de Rosnay, Mars 2007

Page 22: Energie et développement durable : "de  l'égo-citoyen à l'éco-citoyen" - Joël de Rosnay

• le scooter Honda, qui marche entiè-rement à l’hydrogène,

• la centrale PAC Air Gen, fabriquée

au Canada.

Sa pile à combustible est de la taille d’une pompe à chaleur et coûte le même prix.

Cette centrale produit entre 12 et 50 KW. L’hydrogène est livré, comme pour le GPL, dans votre jardin et votre réser-voir à hydrogène !

• la moto à hydrogène, fabriquée par

Intelligent Energy Systems, en Angle-terre.

Sa pile à combustible est amovible et donc multi-usages : elle peut être utilisée sur une tondeuse (qui devient silencieuse, et non pol-luante), sur une perceuse électrique etc.

La pile à combustible : l’inverse de l’électrolyse La pile à combustible fonctionne à l’inverse de l’électrolyse de l’eau, tout comme la photosynthèse est l’in-verse de la respiration (cité précé-demment p.6). L’électrolyse de l’eau est utilisée pour décomposer l’eau (H2O) en dihydro-gène (H2) et en dioxygène (O2) : 2 H2O

2H2 + O2. La pile à combustible transforme l’é-nergie chimique d’une réaction d’oxy-dation d’un combustible (hydrogène en l’occurrence) directement en éner-gie électrique : H2 + 1/2 O2 H2O + énergie électrique.

« N’oublions pas non plus les biocar-burants : le bioéthanol, les huiles vé-gétales, le colza, le tournesol, le so-ja, l’arachide. »

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 22

Les piles à combustible évoluent pro-gressivement vers les nano piles à com-bustible (les nano PAC) : De toutes petites piles comme celles de Motorola Teknion, des piles à combustible plates assemblées les unes aux autres comme les éléments d’une batterie ou de petites piles à méthanol … Ces nano PAC permettront de recharger les téléphones portables tous les 15 jours à 3 semaines plutôt que tous les soirs. Ils permettront également aux ordinateurs d’atteindre une durée de fonctionnement sans recharge de un mois (au lieu de 2h30 actuellement). Quelques innovations actuelles :

Joël de Rosnay, mars 2007

Joël de Rosnay, mars 2007

Joël de Rosnay, mars 2007

Page 23: Energie et développement durable : "de  l'égo-citoyen à l'éco-citoyen" - Joël de Rosnay

Economies d’énergies L’informatique et les satellites faciliteront également les économies d’énergie

Le guidage pour les transports permettra notamment, de réguler d’une manière globale les flux de voitures, de limiter les pertes d’énergie en ligne ; les « péages urbains » gé-néreront moins d’embouteillages et moins de pollution au cœur des villes (cas actuel de Londres : « Internal/External London ») etc.

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 23

• Les voitures, qui apparaissent sur le marché : Demler, Ford, Nissan, Toyota …

Notamment celle d’un constructeur japonais (Toyota Prius) : une voiture hy-bride, qui fonctionne à la fois avec un moteur à essence et un moteur électri-que. Le moteur à essence, régulièrement approvisionné, recharge en permanence la batterie située sous la voiture (batterie garantie 10 ans).

Cette voiture hybride consomme 4 litres d’essence aux 100 Km et peut rouler jus-qu’à 165 km/h. Cette voiture hybride, qui commence à se développer dans le monde, est certaine-ment la voiture du futur, même si elle ne sera qu’une transition entre la voiture à essence d’aujourd’hui et la voiture à hy-drogène.

Par ailleurs, ce constructeur a annoncé la sortie d’une voiture à hydrogène commer-ciale grand public d’ici à 2010-2012, à condition que soient mises en service des stations services à hydrogène.

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6 De l’égo-citoyen à l’éco-citoyen : du chacun pour soi au chacun pour tous

Avant que l’agriculture ne se transforme en agriculture industrielle intensive (tracteurs, pétrole, engrais, pesticides …), nombreux écologistes avaient déjà compris ce qu’é-tait la surcapitalisation de l’agriculture.

Avant cette transformation, les agriculteurs étaient les premiers écologistes et savaient tout faire : • Aménager le territoire, • Conserver l’éco-capital en le réinvestis-

sant soigneusement.

Le capital n’était pas immédiatement utilisé : le cochon était tué une fois par an, le bœuf était d’abord utilisé pour ti-rer la charrue, la vache pour récolter le lait, la poule pour collecter les œufs.

Comment faisaient-ils alors sans protéi-nes ? La solution était la complémenta-tion. Elle était connue des peuples tradi-tionnels : il y a autant de protéines dans

une assiette de riz et de lentilles (plat traditionnel de l’Inde), de semoule et de pois chiches (plat d’Afrique du nord), de soja et de riz (plat traditionnel de la Chine) etc. que dans un hamburger de 150 g. La complémentation évitait égale-ment de consommer trop de graisses !

• Entretenir les paysages • Economiser l’énergie • Produire de l’énergie renouvelable • Planifier à long terme (les plantations, les

forêts …) • S’alimenter de façon équilibrée (une

bonne soupe !) L’agriculture n’est ni en retrait ni en re-tard, c’est un métier de l’avenir, une culture de l’avenir pour un monde plus frugal !

Les agriculteurs sont les premiers écologistes

Economies d’énergies : quelques repères …

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 24

Par rapport à la production de 20 kg de céréales, celle d’un kilo de boeuf consomme 20.000 litres d’eau en plus. Il faut 1,6 litres de pétrole et de pro-

duits chimiques divers, auxquels s’ajou-tent 34 litres d’eau, pour fabriquer une micro-puce au silicium de 2 grammes, utilisée dans les ordinateurs et les télé-phones portables.

Une usine moyenne de fabrication de puces à partir de wafers (gaufrettes de

silicium) de 15 cm de diamètre, produi-sant 40.000 wafers par mois, consomme entre 7,5 et 11 millions de litres d’eau par jour, soit entre 300.000 et 473.000 litres à l’heure ; 5.300 à 7.500 litres par minute ; 87 à 132 litres par seconde !

Il faut 1.497 litres de pétrole et de produits chimiques pour fabriquer une automobile, et seulement 1,6 litres pour une puce en silicium, le taux de conversion énergétique, rapporté au poids de la voi-ture, est 2-1, tandis qu’il est de 630-1 pour la puce électronique !

a La consommation énergétique dans l’industrie

Mais il ne faut pas oublier non plus que : Les usages privés de l’énergie (transports, électricité domestique, chauffage et eau chaude), sont responsables pour moitié des émissions de CO2 contribuant à l’effet de serre et donc au réchauffement climatique.

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Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 25

b Les petites habitudes à la maison …

c … et sur la route !

Rouler à 90 km/h au lieu de 115 km/h réduit la consommation d’essence de 20%. Si les voitures roulaient en France sur autoroutes à une vitesse inférieure de 10 km/h, cela conduirait à une économie de 700.000 tonnes de carburant et à 2 millions de tonnes de CO2 en moins rejetées dans l’atmosphère.

Le moyen de transport le moins pol-luant sur le trajet Paris-Marseille pour une personne voyageant seule, est le TGV qui va émettre seulement 3kg de CO2 par

personne, contre 97 kg pour un avion et 178 kg pour une automobile.

La climatisation en marche dans sa voiture conduit à une augmentation de consommation de carburant de 35% en ville et de 20% sur route.

Lors du premier kilomètre, une voi-ture qui démarre à froid consomme 7,5 litres aux 100km, soit 50% en plus, alors qu’en trajet normal elle consommerait 5 l/100 km.

Une ampoule « basse consomma-tion » (fluorescente compacte) permet de diviser la consommation d’électricité par 4 ou 5 et multiplie sa longévité par 10. Si 20 millions de foyers français étaient équi-pés de telles lampes (par exemple en rem-placement de 5 ampoules de 60 watts par des ampoules fluo compactes), la consom-mation d’électricité de ces foyers passerait de 6.000 mégawatts (6 centrales nucléaires moyennes) à 1500 mégawatts (une grosse centrale).

Trois ampoules de 75 watts qui res-

tent allumées pendant toute une soirée (par exemple 4 heures) consomment au-tant d’énergie qu’une lessive complète à 60°. C'est-à-dire 0,9 kWh contre 1,6 kwh pour un cycle lave-vaisselle, 2 kwh pour une lampe halogène de 500 watts et 3 kwh pour une pyrolyse. Les appareils électriques en veille per-

manente (téléviseurs, magnétoscopes, or-dinateurs, châines hifi…), consomment 150 à 500 kwh ! Soit deux ampoules de 75 watts allumées en permanence ou un pro-jecteur de jardin allumé toute la nuit.

Si on baisse la température de son ap-partement ou de son bureau de 1°C, on réalise une économie d’énergie de 7% !

Un thermostat d’ambiance program-mable permet de réduire sa consommation d‘énergie de 10 à 20%, et on peut, en plus, bénéficier d’un crédit d’impôts pour l’achat d’un régulateur.

Une bonne isolation dans une maison individuelle limite les pertes de chaleur et permet de diviser par 3 ou 4 le coût du chauffage. En effet, les pertes de chaleur au niveau d’une toiture non isolée attei-gnent 30%, 25% par les murs et 13% par les vitres.

Si on ne dégivre pas son réfrigérateur

on augmente sa consommation d’électricité de 30% ! Moralité : il faut le dégivrer tous les 6 mois.

Si on met un couvercle sur une casse-role, on réduit la consommation d’énergie de 25 à 30%. Et surtout, il faut penser à couper la plaque électrique 10 à 15 minutes avant la fin de la cuisson.

Un robinet qui fuit goutte à goutte gaspille 35.000 litres d’eau par an. Les fuites représentent 20% de la consomma-tion domestique d’eau. Une chasse d’eau qui fuit pourrait remplir chaque jour une petite piscine gonflable. Et laisser couler l’eau pendant qu’on se brosse les dents (soit une durée de 3 minutes en moyenne), conduit à gâcher jusqu’à 18 litres.

Prendre une douche au lieu d’un bain permet de diviser sa consommation d’eau par 3, car on n’utilise que 60 à 80 litres d’eau en 4 à 5 minutes, au lieu de 180 à 240 litre d’eau pour une baignoire remplie aux trois quarts. Par comparaison, laver sa voiture au jet consomme 150 litres d’eau.

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Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 26

Les défis pour la planète

Quels sont les dix gestes pour sauver la planète, pour être de vrais éco-citoyens ? • Je trie mes déchets et j’évite les emballages inutiles • Je préfère les produits respectueux de l’environnement et

j’évite les produits jetables. • J’éteins les appareils électriques au lieu de les laisser en

veille. • Je choisis les appareils économes en énergie, lente, basse

consommation. • Je préfère une douche rapide au bain. • Je ne surchauffe pas mon logement et je l’isole le mieux

possible. • J’installe un chauffe eau solaire ou du chauffage au bois. • J’utilise moins ma voiture pour aller travailler et je fais

des petits trajets à pied. • Je conduis souplement et moins vite. • Pour mes voyages je préfère prendre le train plutôt que

ma propre voiture.

Pour en savoir plus : Défi pour la terre : Faisons vite chaque geste compte ! http://www.defipourlaterre.org/jemengage/

Regard sur les pôles énergétiques et le développement local : Le cas de la Loire-Atlantique abordé par son Conseil de Développement

7

« J’ai lu que la Loire-Atlantique est proba-blement un des meilleurs gisements de vent de toute la France et que vous étudiez dans votre rapport la possibilité d’installer des aérogénérateurs en mer ou juste sur le littoral. C’est donc une excellente idée, une très bonne filière pour le département de la Loire-Atlantique. J’ai aussi remarqué avec intérêt que la Loire-Atlantique est probablement l’endroit en France, où il y a le plus de chaudières automatiques installées chez les particu-liers, chez les agriculteurs et dans les col-lectivités. La filière bois biomasse est déjà assez exploitée en Loire-Atlantique mais pourrait l’être encore plus. D’ailleurs, le rapport du Conseil de Développement de la Loire-Atlantique montre très bien les diffé-rents moyens d’exploiter encore la filière biomasse.

Je voudrais souligner l’action du Conseil de Développement de la Loire-Atlantique et proposer quelques pistes : Ce que je trouve remarquable dans votre travail, c’est que vous avez fait de vos particularités locales une vision globale, qui devrait permettre selon moi une res-ponsabilisation et une mobilisation des acteurs. L’objectif est donc de faire en sorte que les acteurs industriels, les acteurs particuliers, les collectivités locales, grâce à cette ap-proche globale, comprennent et soient prêts à agir et à se mobiliser. Je tenais aussi à vous proposer, à cette occasion, un partenariat avec la Cité des Sciences et de l’industrie.

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J’estime également que vous devriez lan-cer, en plus de vos expositions, des écopô-les. En effet, la France se mobilise pour lancer des technopoles et des pôles de compétitivité. Avec ce travail mené en Loire-Atlantique, vous auriez intérêt à développer des éco-pôles et les fédérer dans le cadre de votre pôle énergétique global. Avec l’approche systémique que j’ai dé-crite et que vous suivez dans votre rapport, vous avez les conditions idéales de cata-lyse, d’innovations, de mobilisation des gens, de créations d’emplois et de crois-sance d’une région. Je pense que les notions d’expérimenta-tions et de formations doivent aller de pair avec l’évaluation. Nous lançons beaucoup de programmes mais pas assez de pro-gramme d’évaluations.

Nous devons aussi mesurer les résultats et faire participer les « éco-citoyens » à l’évaluation de leurs propres actions. Exemple : le tri des ordures ménagères. Les municipalités installent des poubelles ver-tes, jaunes etc pour faciliter le tri. Les « éco-citoyens » le font de plus en plus, mais le résultat de ces actions est encore plus probant lorsqu’ils sont informés, par bulletin municipal interne, par Internet etc, du devenir de leurs déchets recyclés. Si nous ne sommes pas assez informés, si nous n’évaluons pas assez nos actions, nous nous démotivons. N’oublions pas que nous sommes tous des démons de Maxwell potentiels ! »

Conseil de Développement de la Loire-Atlantique, un espace de concertation 27

Conclusion de la conférence

La politique énergétique appuyée par une responsabilisation des ci-toyens est un des grands enjeux du XXIème siècle. Le monde actuel est un monde « d’assistés énergétiques ». Chacun paye sa consommation d’électricité et les déperditions s’accroissent. Nous ne sommes pas « acteurs ». Chacun doit devenir acteur de son propre destin, notamment sur le point énergétique, tout comme cela s’opère au niveau de l’information : c'est la notion de démocratie participative. La démocratie participative est une base de la décentralisation, qui n’est pas seulement politique et économique, mais aussi citoyenne. En effet les associations, les petits groupes de collectivités etc. peuvent se regrouper de manière solidaire pour partager ensemble l’énergie et l’accès à ces énergies. C’est avant tout, la responsabilisation face aux enjeux énergétiques du futur qui importe et les propositions du Conseil de Développement de Loire-Atlantique vont dans ce sens.

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