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  • DOSSIER PDAGOGIQUE

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    JEUDI 10 DCEMBRE 2015 14H AU THTRE DE BRUNOY

    Le Monde Merveilleux des Fables de La Fontaine

    Masques, marionnettes, thtre dombres : un spectacle magique plein de joie et de tendresse, pour (re) dcouvrir en famille Les Fables de La Fontaine dans le texte .

    partir de 4 ans

    Fables de Jean de la FontaineMises en scne par Hlose Martin

    Avec Pauline Klein et Hlose Martin en alternance avec Solen Le Marec

    Masques et marionnettes : Edwige LatrilleDcors : Victor MelchyMusique : Herv Jamet

    LE SPECTACLE

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    RSUM

    Deux personnages trouvent un livre... do sortent un corbeau puis un renard ! Le livre soudain les avale et nos deux cratures sont projetes dans le monde merveilleux des Fables de La Fontaine. Tortue, coq, loup, hron... elles dcouvrent tout un monde et petit petit finissent par vivre elles-mmes les aventures nes de limagination du fabuliste. Rsisteront-elles la fablamorphose qui les guette ou seront-elles totalement enfables ... ?

    POURQUOI UN SPECTACLE SUR LES FABLES DE LA FONTAINE ?

    Parce que nous avons toujours rv dentendre un enfant dire : Waouh... les Fables de la Fontaine, cest gnial ! , alors que tout le monde a ce vague souvenir dennui, de tableau noir et de rcitation Qui ne connat pas les premiers vers de la Cigale et la Fourmi ? Nous avons tous dans un petit coin de notre mmoire un petit bout de fable, parfois sans mme savoir quil sagit des mots de La Fontaine. Alors pour le plaisir de dire ces beaux vers, et pour le plaisir de les entendre, parce que nous rvons de rconcilier les jeunes, et les moins jeunes, avec cette langue qui porte notre pense, une vision du monde, parce que ces histoires, dun trait, nous racontent avec une prcision redoutable le monde et la nature humaine, nous avons eu envie de crer un spectacle sur ces fables.

    POUR EN DIRE UN PEU PLUS SUR LA MISE EN SCNE...

    Deux cratures, personnages jaillissant des coulisses ou surgissant du public, ns de limagination dun lecteur malicieux ou cres de toute pice par un auteur infernal, dcouvrent un livre Le Livre et dchiffrent ou redcouvrent ensemble les Fables. Sensuit une plonge dans Le Livre, dans les Fables, les histoires, limaginaire La comdie fait place la posie, puis lmotion, et le spectateur se retrouve lui aussi enfabl, aux cts dune bande danimaux tous plus cocasses et burlesques les uns que les autres.

    Cre de toute pice par le jeu et la scnographie, la reprsentation thtrale est construite puis dconstruite petit petit pour laisser place notre imagination, porte par les motions, les souvenirs et les dsirs. Les spectateurs sont ainsi invits parcourir avec les cratures et travers ces Fables, toute lhistoire du thtre et de ses codes marionnettes, pantin puis jeu masqu, jeu raliste ils en viennent oublier jusqu la notion de reprsentation et se retrouver dans un espace intrieur, mental, lespace de lvocation, du ressenti, des sensations, de la mmoire

    travers les diffrentes techniques de jeu et de reprsentation utilises dans ce spectacle, jai ainsi voulu mettre en scne la construction progressive de la reprsentation - de la lecture voix haute aux marionnettes, du masque au jeu moderne - afin de raconter le chemin par lequel nous guidons le spectateur, lorsque nous le convions au spectacle : il entre dans un lieu consacr, trs codifi, des fauteuils face une scne, des rideaux puis le noir puis des acteurs entrent, parlent, de faon un peu force ; bougent, de faon un peu fabrique puis la magie opre : les spectateurs oublient quils assistent un objet thtral, ils coutent, ils vibrent, ils rient, ils pleurent, ils pensent ils participent. Et lorsque les lumires se rallument, ils sont tout tonns dtre assis l, dans ces fauteuils rouges, face des acteurs transpirants, qui ont pris la place de ces personnages, qui pourtant paraissaient si rels. Et tout ceci est rendu possible grce au parallle que nous faisons dans le spectacle avec la capacit extraordinaire que nous avons, et quont les enfants en particulier, de nous plonger dans un livre, une image, un film, un rve en oubliant tout fait o nous sommes, qui nous sommes le monde qui nous entoure disparait, notre imaginaire prend le pouvoir !

    LE SPECTACLE

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    PRESSE

    A propos de la mise en scne VivantMag , Cathy de Toledo 27/07/2014 Pas forcment simple de mettre en scne les Fables de La Fontaine , pour les rendre attractives. Beaucoup sy sont essays avec plus ou moins de bonheur. Mais, ici, grce une scnographie simple, mais volutive et pleine de trouvailles intelligentes, grce un cran en fond de scne sur lequel les lumires changeantes colores sont projetes dlivrant une ambiance particulire pour chaque fable, grce un arbre stylis, qui se couvre lenvie de frondaisons/parapluiesla magie opre ! .

    LQUIPE

    Hlose Martin et Pauline Klein se rencontrent au cours dune formation de jeu masqu en 2011. Depuis, elles ne se quittent plus et multiplient les projets, les rves, les chantiers Enfables ! est le premier enfant de cette union, qui est en pleine gestation du Projet fminin-masculin , Labo de recherche et de cration, dans lequel elles explorent les strotypes, interrogent les reprsentations sociales, mentales et spirituelles Rsidences dcriture, ateliers de crations, espaces de recherche et dexploration Elles dveloppent ensemble une faon de travailler, un processus de cration collective : lcriture-plateau.

    Cre en 2008, dirige par Hlose Martin et Pauline Klein, comdiennes et metteuses en scne, Carabistouilles & Cie a pour objectif de promouvoir le spectacle vivant sous toutes ses formes par le biais de la cration, de la production, de la diffusion et de la formation. Depuis 2009, nous avons cr, jou et tourn deux spectacles jeune public dont notre Baba Yaga , et soutenu le travail dartistes amis, en produisant leurs spectacles ( Tartuffe , La mre de Bb et Brves de Tchkhov de Philippe Ferran, Tout va Vlo de Denis Barr).

    CARABISTOUILLES & Cie

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    CARABISTOUILLES & CieIDES REUES, EXPRIENCES ET FANTASMES : LIBREZ LA PAROLE !Certains enfants ont lhabitude dassister des pices de thtre, dautres ne sont jamais entrs dans un thtre, il est bon de les prparer cette drle de crmonie laquelle ils vont assister, et qui les fait les hritiers de nos Grecs AntiquesVous pouvez par exemple ouvrir sur une discussion libre : cest quoi le thtre ? , et petit petit leur raconter ce que cest qutre face des acteurs en chair et en os, contrairement au cinma ou la tl, lphmre de la reprsentation thtrale, leur transmettre quelques termes particuliers au thtre, tels que cour et jardin , le plateau, les coulisses, les italiennes, les projecteurs, avoir un trou, jouer guichet ferm la liste est longue et contient des mots et des expressions qui font rfrence autant au jeu, au texte, la mise en scne, qu la technique.

    Puis vous pouvez faire parler ceux qui connaissent afin quils transmettent leur exprience : dcrire le thtre, la pice laquelle ils ont assist, etc. Puis les prparer venir : prsenter le thtre o a lieu la reprsentation, le trajet, lheure, etc.Cette mise en condition est destine les rendre curieux : quelle est donc cette pice laquelle je vais assister aller au thtre, a a lair de quelque chose de particulier, presque sacr je vais sans doute y prendre plaisir

    LAFFICHEVous pouvez prsent les prparer plus spcifiquement la reprsentation de : Enfables ! Le Monde merveilleux des Fables de La Fontaine. Etudiez avec eux laffiche : elle a t dessine spcialement pour le spectacle par un illustrateur : quelle histoire raconte cette illustration ? Quy voit-on ? Quest-ce que a nous rappelle, quest-ce que a nous voque...Vous pouvez leur proposer un atelier dcriture (orale ou crite !) o ils racontent lhistoire inspire par laffiche.Quelles sont les informations transmises par limage ( quoi sattendent-ils ?), par le texte, les logos, etc. Quelles autres informations (pratiques) y trouve-t-on ? Quel est le rle de chaque personne prsente sur laffiche ? Lauteur, le metteur en scne, les comdiens, le dcorateur

    AVANT LA REPRSENTATION

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    ET BIEN-SR LES FABLES Vous avez ensuite tout loisir de lire et faire lire, dire et faire dire les Fables de votre choix les leur faire illustrer, leur demander dimproviser les situations quils ont reconnues ou imagines Vous trouverez en annexe les textes des Fables prsentes dans le spectacle.

    UN PEU DHISTOIREJean de La Fontaine (8 juillet 1621 Chteau-Thierry, 13 avril 1695 Paris) est un pote, moraliste, fabuliste,dramaturge, librettiste et romancier franais. Il est notamment clbre pour ses Fables . Son pre, dans son mtier (Matre des Eaux et Forts et Capitaine des Chasses du duch de Chteau-Thierry), tait trs proche de la nature. Il lui transmit donc son amour. Jean de La Fontaine passe ses premires annes Chteau-Thierry dans lhtel particulier de ses parents. Le pote gardera cette maison jusquen 1676.

    Jean de La Fontaine fit dabord des tudes de droit, devint avocat, puis reprit le travail de son pre. En 1658, il sinstalle Paris. Il publie son premier livre sous la protection de Nicolas Fouquet. Mais ce dernier se fait arrter pour dtournement dargent. Jean de la Fontaine trouve alors dautres protecteurs, comme Madame de la Sablire chez qui il rencontre notamment Charles Perrault.

    Jean de La Fontaine crit entre 1668 et 1694. Les Fables constituent son oeuvre la plus clbre et lun des plus grands chefs-doeuvre de la littrature franaise. Il sagit, comme leur nom lindique, dun recueil de fables crites en vers, la plupart mettant en scne des animaux lapparence humaine et contenant une morale au dbut ou la fin. Ces Fables, crites dans un but ducatif, taient adresses au Dauphin. Lune des plus clbres fables de Jean de la Fontaine est celle du Corbeau et du Renard .

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    LEUR SOUVENIR IMMDIATLexprience thtrale est avant tout une exprience intime, quil faut prserver. Les laisser exprimer leur ressenti, par dfinition unique, avant de faire une analyse commune de la reprsentation.Raconter lhistoire sa manire : combien de personnages ? Dhistoires (de fables) diffrentes ? Laquelle ont-ils prfr ? Pourquoi ? Ont-ils eu peur ? Ont-ils rit ? Quest-ce quils ont remarqu dans le spectacle plus particulirement ? Les masques ou les ombres ? Les textes ou les marionnettes ?

    Ont-ils remarqu les thmes musicaux ? La fablamorphose lenfablage ?

    Amenez-les analyser ensuite les impressions ressenties : comment la reprsentation est-elle construite, comment lhistoire, la situation et les personnages voluent mettez-les sur la piste des techniques employes

    LANALYSE DE LVOLUTION DES TECHNIQUES UTILISESLes personnages apparaissent au dbut du spectacle de faon raliste : les comdiennes les incarnent, ils nous ressemblent. Ce pourrait tre nimporte quel spectateur qui entre dans le jeu pour dcouvrir les Fables.Puis les comdiennes deviennent manipulatrices : elles transmettent leur jeu leurs marionnettes, qui deviennent ainsi lincarnation des personnages. Ce ne sont plus les comdiennes qui vivent lhistoire, elles la passent, les marionnettes sont les personnages, ont dit quelles vivent .

    Cette premire partie du spectacle se droule sur le proscenium , en avant-scne. Cest une introduction, un prologue, qui permet de construire le code de la reprsentation, cest--dire la faon dont les artistes vont raconter leur histoire et dinviter les spectateurs entrer dans le spectacle.

    Enfin, le plateau souvre : la scne prend de la profondeur, le rideau souvre et on dcouvre la scnographie: le dcor. Les comdiennes ce moment-l incarnent nouveau les personnages qui saffublent de masques, de costumes devenant petits petits des ombres, enfables , se diluant dans le monde des Fables le jeu devient codifi.

    Avec des masques, le visage ne peut plus exprimer les diffrents sentiments des personnages, le corps prend le relai du visage, cest un code de jeu amplifi : la gestuelle est beaucoup plus prcise, les corps sont sculpts dans des attitudes vocatrices de laction ou des sentiments du personnage.

    Montrez comment les attributs des personnages de lintroduction (costumes et accessoires) disparaissent et sont remplacs par les attributs dautres personnages (spcifiques chaque fable) puis totalement absents (comdiennes tout de noir vtues) : les personnages disparaissent, restent les comdiennes-manipulatrices : le ralisme a totalement disparu. Posez la question aux enfants : est-ce que a empche le fait dentrer dans lhistoire ?

    Et enfin, les corps disparaissent totalement, ne restent que des ombres, les ombres portes du thtre dombres, mme le texte est enregistr (les manipulations ne revanche se font en direct) sur la bande-son.

    Quel effet provoque le retour dune comdienne la fin de la reprsentation ?

    APRS LA REPRSENTATION

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    DU TEXTE LA REPRSENTATION THTRALEA laide du texte origina, que vous pourrez lire aux enfants, ils tenteront de dcouvrir le cheminement suivi par la troupe pour en arriver au spectacle auquel ils auront assist.

    Les Fables :Quels sont les personnages ? La situation ? Quelle est la morale ?

    La thtralisationLes dialogues ne suffisent pas pour fabriquer la reprsentation thtrale : quy a-t-il en plus ?Le jeu, la circulation, les costumes, les maquillages, les dcors, la lumires, la musique, et enfin la mise en scne (direction dacteur, matrise de la tension dramatique, circulation en scne, etc.)Dfinir le drame, la comdie.

    Mettre en scneMettre en scne un texte cest le mettre en situation. Diriger des acteurs, cest leur expliquer trs concrtement cette situation et son volution. Comme dans une structure narrative classique, une scne bien mise en scne est une scne qui a un dbut, un milieu et une fin : une situation initiale, une priptie, une chute.A partir des textes, dfinir les situations vcues par les personnages dans le spectacle.

    Dans ces Fables, lauteur a ml narration et dialogue : comment cela a-t-il t trait dans le spectacle ? Notez que les textes ont t mis en scne sans toucher une virgule

    PROLONGEMENTSLes enfants peuvent jouer leur souvenir du spectacle, crire de courtes scnes entre les personnages, ou mme monter leur suite : un des personnages est rest dans le Monde Merveilleux que lui arrive-t-il ? quels autres animaux pourrait-elle rencontrer ?

    Atelier dimprovisationCest toi maintenant de faire le spectacle ! Pour improviser, tu nas besoin que dun petit espace vide, par exemple ton salon, dans lequel tu auras pouss les fauteuils et tout ce qui peut encombrer lespace de jeu. Dlimite la scne, et prpare quelques chaises pour tes spectateurs. Tu peux trouver de vieux vtements qui te serviront te dguiser, et quelques objets qui pourront devenir ce que tu veux une fois en scne.Tu peux improviser seule ou avec quelques ami(e)s.

    Si tu veux russir ton improvisation, voici quelques conseils que tu peux suivre :- Naies pas peur de parler fort- Nhsite pas inventer un personnage qui ne te ressemble pas- Ne rflchis pas trop lhistoire que tu vas jouer : tu tempcherais dinventer en cours dimprovisation ; mais choisis un point de dpart prcis (on appelle a La Situation), dans lequel tu sais pourquoi tu entres en scne (on appelle a lObjectif)- Que rien ne retienne ton imagination !

    A toi de jouer !Pour tchauffer, tu peux commencer par rejouer les passages de la pice que tu as prfr , en les racontant ta manire ou en en changeant les fins

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    LA CIGALE ET LA FOURMILa cigale ayant chantTout lt,Se trouva fort dpourvueQuand la bise fut venue.Pas un seul petit morceauDe mouche ou de vermisseau.Elle alla crier famineChez la Fourmi sa voisine,La priant de lui prterQuelque grain pour subsisterJusqu la saison nouvelle.Je vous paierai, lui dit-elle,Avant laot, foi danimal,Intrt et principal.La Fourmi nest pas prteuse,Cest l son moindre dfaut.Que faisiez-vous au temps chaud ?Dit-elle cette emprunteuse.Nuit et jour tout venant,Je chantais, ne vous dplaise.Vous chantiez ? jen suis fort aise,Eh bien! Dansez maintenant.

    LE CORBEAU ET LE RENARDMatre Corbeau sur un arbre perch,Tenait en son bec un fromage.Matre Renard par lodeur allchLui tint peu prs ce langage :Et bonjour, Monsieur du Corbeau.Que vous tes joli ! Que vous me semblez beau !Sans mentir, si votre ramageSe rapporte votre plumage,Vous tes le Phnix des htes de ces bois. ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie :Et pour montrer sa belle voix,Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.Le Renard sen saisit, et dit : Mon bon Monsieur,Apprenez que tout flatteurVit aux dpens de celui qui lcoute.Cette leon vaut bien un fromage sans doute.Le Corbeau honteux et confusJura, mais un peu tard, quon ne ly prendrait plus.

    LES FABLES DU SPECTACLELE COQ ET LE RENARDSur la branche dun arbre tait en sentinelleUn vieux Coq adroit et matois.Frre, dit un Renard adoucissant sa voix,Nous ne sommes plus en querelle :Paix gnrale cette fois.Je viens te lannoncer ; descends que je tembrasse.Ne me retarde point de grce :Je dois faire aujourdhui vingt postes sans manquer.Les tiens et toi pouvez vaquerSans nulle crainte vos affaires ;Nous vous y servirons en frres.Faites-en les feux ds ce soir.Et cependant viens recevoirLe baiser damour fraternel.Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamaisApprendre une plus douce et meilleure nouvelle,Que celleDe cette paix.Et ce mest une double joieDe la tenir de toi. Je vois deux Lvriers,Qui, je massure, sont courriers,Que pour ce sujet on envoie.Ils vont vite, et seront dans un moment nous.Je descends ; nous pourrons nous entrebaiser tous.Adieu, dit le Renard, ma traite est longue faire.Nous nous rjouirons du succs de laffaireUne autre fois. Le galant aussittTire ses grgues, gagne au haut,Malcontent de son stratagme ;Et notre vieux Coq en soi-mmeSe mit rire de sa peur :Car cest double plaisir de tromper le trompeur.

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    LE CHAT ET LE RATQuatre animaux divers, le Chat grippe-fromage,Triste-oiseau le Hibou, ronge-maille le Rat,Dame Belette au long corsage,Toutes gens desprit sclrat,Hantaient le tronc pourri dun pin vieux et sauvage.Tant y furent, quun soir lentour de ce pinLhomme tendit ses rets. Le Chat, de grand matinSort pour aller chercher sa proie.Les derniers traits de lombre empchent quil ne voieLe filet : il y tombe en danger de mourir ;Et mon Chat de crier, et le Rat daccourir,Lun plein de dsespoir, et lautre plein de joie :Il voyait dans les lacs son mortel ennemi.Le pauvre Chat dit : Cher ami,Les marques de ta bienveillanceSont communes en mon endroit ;Viens maider sortir du pige o lignoranceMa fait tomber. Cest bon droitQue seul entre les tiens, par amour singulire,Je tai toujours choy, taimant comme mes yeux.Je nen ai point regret, et jen rends grce aux Dieux.Jallais leur faire ma prire ;Comme tout dvot Chat en use les matins,Ce rseau me retient : ma vie est en tes mains ;Viens dissoudre ces noeuds. Et quelle rcompenseEn aurai-je ? reprit le Rat. Je jure ternelle allianceAvec toi, repartit le Chat.Dispose de ma griffe, et sois en assurance :Envers et contre tous je te protgerai ;Et la Belette mangeraiAvec lpoux de la Chouette :Ils ten veulent tous deux. Le Rat dit : Idiot !Moi ton librateur ? je ne suis pas si sot. Puis il sen va vers sa retraite.La Belette tait prs du trou.Le Rat grimpe plus haut ; il y voit le Hibou.Dangers de toutes parts : le plus pressant lemporte.Ronge-maille retourne au Chat, et fait en sorteQuil dtache un chanon, puis un autre, et puis tant,Quil dgage enfin lhypocrite.Lhomme parat en cet instant ;Les nouveaux allis prennent tous deux la fuite. quelque temps de l, notre Chat vit de loinSon Rat qui se tenait lerte et sur ses gardes : Ah ! mon frre, dit-il, viens membrasser ; ton soinMe fait injure ; tu regardesComme ennemi ton alli.Penses-tu que jaie oubliQuaprs Dieu je te dois la vie ? Et moi, reprit le Rat, penses-tu que joublieTon naturel ? Aucun trait peut-il forcer un chat la reconnaissance ?Sassure-t-on sur lallianceQua faite la ncessit ?

    LE LIVRE ET LA TORTUERien ne sert de courir ; il faut partir point.Le Livre et la Tortue en sont un tmoignage.Gageons, dit celle-ci, que vous natteindrez pointSi tt que moi ce but. Si tt ? tes-vous sage ?Repartit lanimal lger.Ma commre il vous faut purgerAvec quatre grains dellbore.Sage ou non, je parie encore.Ainsi fut fait : et de tous deuxOn mit prs du but les enjeux :Savoir quoi, ce nest pas laffaire,Ni de quel juge lon convint.Notre Livre navait que quatre pas faire ;Jentends de ceux quil fait lorsque prt dtre atteint,Il sloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,Et leur fait arpenter les Landes.Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,Pour dormir, et pour couterDo vient le vent ; il laisse la TortueAller son train de Snateur.Elle part, elle svertue ;Elle se hte avec lenteur.Lui cependant mprise une telle victoire,Tient la gageure peu de gloire ;Croit quil y va de son honneurDe partir tard. Il broute, il se repose,Il samuse toute autre choseQu la gageure. A la fin quand il vitQue lautre touchait presque au bout de la carrire ;Il partit comme un trait ; mais les lans quil fitFurent vains : la Tortue arriva la premire.H bien, lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?De quoi vous sert votre vitesse ?Moi, lemporter ! et que serait-ceSi vous portiez une maison ?

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    LE LOUP ET LE CHIENUn Loup navait que les os et la peau,Tant les Chiens faisaient bonne garde.Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau ;Gras, poli, qui stait fourvoy par mgarde.Lattaquer, le mettre en quartiers,Sire Loup let fait volontiers.Mais il fallait livrer bataille ;Et le Mtin tait de tailleA se dfendre hardiment.Le Loup donc laborde humblement,Entre en propos, et lui fait complimentSur son embonpoint quil admire :Il ne tiendra qu vous, beau Sire,Dtre aussi gras que moi, lui repartit le Chien.Quittez les bois, vous ferez bien :Vos pareils y sont misrables,Cancres, hres, et pauvres diables,Dont la condition est de mourir de faim.Car quoi ? Rien dassur ; point de franche lippe ;Tout la pointe de lpe.Suivez-moi ; vous aurez bien un meilleur destin.Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gensPortants btons, et mendiants ;Flatter ceux du logis ; son Matre complaire ;Moyennant quoi votre salaireSera force reliefs de toutes les faons ;Os de poulets, os de pigeons :Sans parler de mainte caresse.Le Loup dj se forge une flicitQui le fait pleurer de tendresse.Chemin faisant il vit le col du Chien pel.Quest-ce l, lui dit-il ? Rien. Quoi rien ? Peu de chose.Mais encor ? Le collier dont je suis attachDe ce que vous voyez est peut-tre la cause.Attach ? dit le Loup, vous ne courez donc pasO vous voulez ? Pas toujours ; mais quimporte ?Il importe si bien, que de tous vos repasJe ne veux en aucune sorte ;Et ne voudrais pas mme ce prix un trsor.Cela dit, Matre Loup senfuit, et court encore ;

    LE LOUP, LA CHVRE ET LE CHEVREAULa Bique, allant remplir sa tranante mamelle,Et patre lherbe nouvelle,Ferma sa porte au loquet,Non sans dire son Biquet : Gardez-vous, sur votre vie,Douvrir que lon ne vous die,Pour enseigne et mot du guet :Foin du Loup et de sa race ! Comme elle disait ces mots,Le Loup, de fortune, passe ;Il les recueille propos,Et les garde en sa mmoire.La Bique, comme on peut croire,Navait pas vu le glouton.Ds quil la voit partie, il contrefait son ton,Et dune voix papelardeIl demande quon ouvre, en disant : Foin du Loup ! Et croyant entrer tout dun coup.Le Biquet souponneux par la fente regarde : Montrez-moi patte blanche, ou je nouvrirai point ,Scria-t-il dabord. Patte blanche est un pointChez les Loups, comme on sait, rarement en usage.Celui-ci, fort surpris dentendre ce langage,Comme il tait venu sen retourna chez soi.O serait le Biquet sil et ajout foiAu mot du guet que, de fortune,Notre Loup avait entendu ?Deux srets valent mieux quune,Et le trop en cela ne fut jamais perdu.

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    LE HRONUn jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais o,Le Hron au long bec emmanch dun long cou :Il ctoyait une rivire.Londe tait transparente ainsi quaux plus beaux jours ;Ma commre la Carpe y faisait mille toursAvec le Brochet son compre.Le Hron en et fait aisment son profit :Tous approchaient du bord ; loiseau navait qu prendre.Mais il crut mieux faire dattendreQuil et un peu plus dapptit :Il vivait de rgime, et mangeait ses heures.Aprs quelques moments lapptit vint : loiseau,Sapprochant du bord, vit sur leauDes tanches qui sortaient du fond de ces demeures.Le mets ne lui plut pas ; il sattendait mieux,Et montrait un got ddaigneux,Comme le rat du bon Horace. Moi, des tanches ! dit-il ; moi, Hron, que je fasseUne si pauvre chre ! et pour qui me prend-on ? La tanche rebute, il trouva du goujon. Du goujon ! cest bien l le dner dun Hron !Jouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! Il louvrit pour bien moins : tout alla de faonQuil ne vit plus aucun poisson.La faim le prit : il fut tout heureux et tout aiseDe rencontrer un limaon.Ne soyons pas si difficiles :Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;On hasarde de perdre en voulant trop gagner.Gardez-vous de rien ddaigner ;Surtout quand vous avez peu prs votre compte.

    LE CHNE ET LE ROSEAULe Chne un jour dit au Roseau :Vous avez bien sujet daccuser la Nature.Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.Le moindre vent qui daventureFait rider la face de leauVous oblige baisser la tte :Cependant que mon front au Caucase pareil,Non content darrter les rayons du Soleil,Brave leffort de la tempte.Tout vous est Aquilon ; tout me semble Zphyr.Encor si vous naissiez labri du feuillageDont je couvre le voisinage ;Vous nauriez pas tant souffrir ;Je vous dfendrais de lorage :Mais vous naissez le plus souventSur les humides bords des Royaumes du vent.La Nature envers vous me semble bien injuste.Votre compassion, lui rpondit lArbuste,Part dun bon naturel ; mais quittez ce souci.Les vents me sont moins qu vous redoutables.Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusquiciContre leurs coups pouvantablesRsist sans courber le dos :Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,Du bout de lhorizon accourt avec furieLe plus terrible des enfantsQue le Nord et port jusque-l dans ses flancs.LArbre tient bon, le Roseau plie ;Le vent redouble ses efforts,Et fait si bien quil dracineCelui de qui la tte au Ciel tait voisine,Et dont les pieds touchaient lEmpire des Morts.