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Enfants du Mékong AIDE À L’ENFANCE DU SUD-EST ASIATIQUE N°165 NOVEMBRE- DÉCEMBRE 2010 2,40 MAGAZINE www.enfantsdumekong.com VIETNAM Les orphelins de Chu Se Cambodge Cambodge Cambodge Cambodge Une nouvelle voie ? Une nouvelle voie ? Une nouvelle voie ? Une nouvelle voie ?

Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

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Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010 Cambodge - Une nouvelle voie ? Vietnam - Les orphelins de Chu Se

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Page 1: Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

Enfantsdu MékongA I D E À L ’ E N F A N C E D U S U D - E S T A S I A T I Q U E

N°165NOVEMBRE-

DÉCEMBRE 20102,40 €

MAGAZ INE

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CambodgeCambodgeCambodgeCambodgeUne nouvelle voie ?Une nouvelle voie ?Une nouvelle voie ?Une nouvelle voie ?

Page 2: Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

Pour la promotion de l’homme 3

Cambodge Une nouvelle voie ? 4

Vietnam Les orphelins de Chu Se 8

Asie du Sud-Est En bref 10

Thaïlande Savoir perdre son temps… 11

Cambodge Un achat, une rencontre 12

En direct 14

La boutique de Noël 15

Portrait Madel,filleule aux doigts de fée 17

Nos délégations Agenda, échos 18

Courrier 19

Chronique d’Asie Vat Phou,

l’autre Angkor 20

Livres, expositions 22

Rencontre « Le défi de la jeunesse

passe par l’éducation » 23

Points chauds

Éditorial

Regards sur l’Asie

Découvrir

Agir

Rédaction MAGAZINE5, rue de la Comète 92600 Asnières-sur-Seine • Tél. : 01 47 91 00 84 • Fax : 01 47 33 40 44 • Fondateur René Péchard (†) • Directeur de la publicationFrançois Foucart • Rédacteur en chef Geoffroy Caillet • Rédacteur Jean-Matthieu Gautier • Couverture Au Cambodge © J.-M. GautierMaquette Florence Vandermarlière • Impression Éditions C.L.D. 91, rue du Maréchal-Juin 49 000 Angers • Tél. : 02 47 28 20 68 • I.S.S.N. : 0222-6375Commission Paritaire n° 1111G80989 • Dépôt légal n° 910514 • Tirage du n° 165 : 22 500 exemplaires • Publication bimestrielle éditée parl’association Enfants du Mékong • Président François Foucart • Présidente d’honneur Françoise Texier • Directeur général Yves MeaudreAbonnement (1 an, 5 numéros) : 12 euros

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> Sommaire n°165

©esprit-photo

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12

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> Éditorial

L e développement des chemins de fer chez nous (depuis Louis-Philippe etNapoléon III) signait l’essor du développement industriel. En revanche, le

remplacement progressif des métiers à tisser manuels par les métiers méca-niques Jacquard provoqua à Lyon une grave révolte des canuts en 1831. Quelrapport, direz-vous, avec les reportages que vous trouverez dans ce numéro àpropos du Cambodge ? Eh bien, dans ce pays comme dans d’autres « émer-

gents », il y a d’une part un début de développement dû au libéralisme, à l’argent international,et cela concerne la renaissance du rail cambodgien ; d’autre part la nécessité, pour l’instant, dansles campagnes, de maintenir un certain artisanat indispensable, et il s’agit pour nous du tissagesur métier manuel. C’est toute la question de l’avenir, à moyen terme, des pays d’Asie.En effet, la montée en puissance d’un pays suppose – outre des moyens éthiques et politiques

satisfaisants – l’arrivée de moyens industriels lourds, usines et moyens de transport, énergienotamment. Cela ne concerne pas, semble-t-il, une organisation humanitaire comme Enfants duMékong, même si nous avons pu récemment bâtir un projet lié au développement intellectuel ethumain, le Centre Docteur Christophe Mérieux, à Phnom Penh. Au-delà de l’acier, du ciment ou del’asphalte pour les routes, un grand projet bien sûr ne s’inscrit d’abord que dans la promotion del’homme. En revanche, et dans l’état actuel du Cambodge profond, le maintien dans des villages(Banteay Chmar) d’activités artisanales comme le tissage se justifie parfaitement car il permet de« vivre au pays » sans la tentation de l’exil en Thaïlande. Depuis la création de Soieries du Mékongavec Espoir en soie, association-sœur, l’idée d’un travail traditionnel villageois a fait ses preuves.Il y a d’autres projets, par exemple du maraîchage, dans l’esprit de ce que nous appelons « Enfantsdu Mékong Développement ».Dans un registre très différent, nous fêtions l’autre soir à Rungis avec nos amis étudiants le sou-

venir des saint martyrs du Vietnam (XIXesiècle). Tout cela dans la fidélité à une action humanitai-re, depuis 52 ans. Aidez-nous, s’il vous plaît, à continuer. �

François FoucartPrésident d’Enfants du Mékong

Pour la promotionde l’homme

MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 3

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En 2010, le Cambodge est entré dans une nouvelle ère,comme en témoigne le projet de rénovation de l’uniquevoie de chemin de fer du pays. Mais tout cela a un coût.Texte et photos : Jean-Matthieu Gautier

I l y a six mois de cela, la petite garede Tani, d’aspect plus quemisérable,

ne semblait pas vraiment avoir repris duservice. Pas encore. Simplement, jour etnuit, un petit gardien y veillait. Gardiend’une double paire demurs déliquescentspendant plusieurs années, il a été denovembre 2009 à octobre 2010 le gar-dien d’un amoncellement de rails, d’ungros tas de boulons et de toute une bat-terie de poutrelles et autres barres trans-versales. Mais aujourd’hui, la petite garede Tani qu’environne une campagne rase,fermée par les premiers massifs de lachaîne des Éléphants, est ressuscitée etde nouveau ouverte. Le rail cambodgien,né en 1929 et restauré pour la dernièrefois en 1960, est de nouveau opération-nel, aumoins pour sa partie sud : le tron-çon de Touk Meas – non loin de la fron-tière vietnamienne – à Phnom Penh.Le chantier s’est ouvert en janvier

2008, financé par la Banque asiatique dedéveloppement (BAD), l’Agence de déve-loppement australienne Ausaid et l’Opeppour un montant global de 141,1 mil-lions de dollars. La Malaisie a offert lesrails, la réhabilitation des voies a étéconfiée à l’entreprise française TSO, la

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Points chauds > Cambodge

Une nouvelle voie ?

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4 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

ligne est exploitée par une joint-ventureaustralo-cambodgienne, Toll Royal. Pourle moment et jusqu’à nouvel ordre, laligne ne concernera qu’un service de fret– chose qui fait doucement rire certainsKhmers, dont beaucoup sauront s’arrangerde cette contrainte.

Pays en venteLe sort des 2 629 personnes vivant lelong de la voie et désormais à « relo-ger » s’inscrit dans une logique légè-rement autre. Quand l’Australien DavidKerr, directeur de Toll Royal, affirme enmai dernier que des arrangements ontété trouvés, l’organisation AmnestyInternational parle de son côtéd’évictions et d’expulsions, en dénon-çant des pratiques qui semblent insé-parables du mode de développement duroyaume (150 000 expulsions en 2008,cf. également EdM n°162).Pourtant, c’est vrai, le Cambodge se

développe. Les gratte-ciels poussent àPhnom Penh, les routes de terre se bitu-ment, les réseaux de distribution d’eauet électriques se dessinent, et c’est bienpour répondre à l’augmentation du tra-fic de marchandises entre 2005 et 2006

qu’il a été décidé de moderniser lesvoies en 2007. Ouf, le train pourradésormais rouler à 50 kilomètres àl’heure au lieu de 25 auparavant. De quoirassurer les investisseurs étrangers, fran-çais d’une part, qui avec les groupesAccor, Total, Vinci, Saint-Gobain etc.,constituent l’un des dix premiers payspartenaires du Cambodge, mais aussi etsurtout chinois, qui viennent de lancerun nouveau plan quinquennal sur leCambodge : 1,6 milliard de dollars injec-tés dans les infrastructures cambod-giennes durant les cinq prochainesannées. Une « aide » que l’on sait n’êtrejamais sans contrepartie.Ainsi, après avoir vécu pendant des

années sous perfusion d’aide internatio-nale de toute sorte, le petit royaumedécouvre le libéralisme à l’asiatique. Defait, les « affaires » pleuvent littérale-ment. Quand Total verse 28 millions dedollars au gouvernemnt cambodgien pourexplorer une zone au potentiel pétrolierprometteur, 8 millions s’envolent dans unvague fonds social cambodgien dont nuln’est en mesure de connaître l’utilisationprécise. Le reste est à l’avenant. Est-cele prix à payer ? �

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MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 5

��Démonter les rails, écarter, enlever les anciennes traverses, assembler les rails au milieu pour que l’excavateur puisse nettoyer les bas-côtés,

consolider le talus… Les tâches demandées aux ouvriers (non spécialisés) demeurent assez basiques et toutes réalisées à la main.

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Points chauds > Cambodge

6 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

�� Les blessures ne sont pas rares durant la phase de démontage des rails. Cet ouvrier a été blessé par la chute d’un rail. Ses frais d’hospitalisation

sont pris en charge par l’entreprise TSO, chargée de la rénovation des voies.

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MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 7

�� Recrutés parmi les habitants des villages à proximité de la voie, les ouvriers sont payés entre 3 et 3,5 dollars par jour. Un salaire d’ouvrier

journalier normal au Cambodge.

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Regards sur l’Asie > Vietnam

8 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

© D.R.

Les orphelins de Chu Se

Sur les Hauts-Plateaux du Vietnam, un systèmed’adoptionpermet desauver la

vie d’enfants jaraïmenacés par descoutumes cruelles.

Par Geoffroy Caillet

Phnom Penh

Vientiane

Golfe deThaïlande

Bangkok

THAÏLANDE

CAMBODGE

LAOS

VIETNAM

200 Km

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Tonkin

Golfe de Thaïlande

Mékong

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Hanoi

Pleiku�

© G. Caillet

Sous l’immense tente dressée devantla chapelle, des dizaines d’enfants

assis sur leur fauteuil de plastique rougeécoutent sagement « maman Ly » leurdonner les dernières instructions pouraccueillir dignement les visiteurs. Del’autre côté de l’allée, un nombre iden-tique de femmes de tout âge, vêtues del’habit traditionnel des Jaraï, couvent lascène d’un œil attendri. À un signal deLy, cinq fillettes se lèvent et, au son desgongs en bambou, entament une dansetraditionnelle. La hotte jaraï sur le dos,elles exécutent de gracieux moulinets desmains. Le groupe des femmes applauditet s’attendrit un peu plus.

Tués au nom de la coutumeCes femmes ne sont pas les mères biolo-giques des enfants qui se trouvent là.Adoptés par elles en bas âge, tous étaientorphelins. Des orphelins d’un genre par-ticulier. « Ce sont des rescapés », signale

Diem Ly, la dynamique Vietnamienne quivit depuis 19 ans parmi les Jaraï du dis-trict de Chu Se, près de Pleiku, dans la pro-vince de Gia Lai. Et elle explique avec forcedétails les circonstances dans lesquellesces enfants ont échappé de justesse à unemort dictée par la coutume.« Certaines traditions ancestrales des

Jaraï imposent de mettre à mort un bébé»,reprend-elle, visiblement émue à la seuleévocation d’une situation qu’elle connaîtpourtant par cœur. « Ainsi, lorsqu’unefemme jaraï meurt en couches, le père pré-fère enterrer vivant le nouveau-né avec elle

plutôt que de le voir dépérir par manque delait », souligne Ly. Une superstitions’attache aussi aux jumeaux, considéréscomme un signe maléfique. L’un d’eux doitêtre sacrifié. Les bébés sont alors enivrésà mort ou étouffés. Ly se souvient aveceffroi : « À mon arrivée chez les Jaraï,j’entendais les adultes discuter de la façondont il fallait les tuer… »

Retomber sur leurs piedsDepuis l’installation de leur mission àPleiku en 1969, les pères rédempto-ristes vietnamiens se sont attachés à

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MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 9

›Diem Ly, une vie pour les Jaraï

© D.R.

© G. Caillet

combattre cette sinistre tradition alorssolidement ancrée. Si elle perdure danscertains villages isolés de la province deGia Lai, elle a entièrement disparu chezles Jaraï convertis au catholicisme, dansle district de Chu Se. Sous l’impulsionde Ly, l’ouverture d’un « Programmeorphelins » en 1992 permet désormaisaux enfants épargnés d’être recueillispar ces mères adoptives, qui les élèventcomme les leurs. « La plupart du temps,précise Ly, ces mères sont des membresde la famille plus ou moins proche :grand-mère, tante, cousine. »Ly a dénombré 375 orphelins de ce

genre et autant de familles d’adoptionà Chu Se. Particulièrement pauvres,celles-ci ne peuvent que rarement leurassurer un accès à l’école. Pour eux, Lya donc mis en place en 2005 un projetde microcrédit financé par l’associationfrançaise Hôt-Lua. À la fois simple etambitieux, il vise à acheter un bovin àchaque orphelin déshérité. Un précieuxcapital de 4 millions de dongs pour unveau et jusqu’à 10 millions pour unevache, que les enfants pourront choisirde faire prospérer ou d’utiliser poursuivre des études. Aujourd’hui, ce sont341 bovins qui ont pu être achetés.« Après des débuts difficiles, les enfantspourront enfin retomber sur leurs piedset prendre un bon départ dans la vie »,conclut Ly, soulagée de voir « ses »orphelins tirés d’affaire. �

DIEM LY, C’EST LE LAPIN BLANC D’ALICE AUPAYS DES MERVEILLES. TOUJOURS PRESSÉE,ELLE COURT DE FAMILLE EN FAMILLE, POSE

UNE QUESTION À L’UN, PRODIGUE UN

CONSEIL À L’AUTRE, RÉPOND À UN TROISIÈME.

LA VISITE AVEC ELLE OBÉIT À UNE RÈGLE :

RENCONTRER LE PLUS DE JARAÏ POSSIBLES

POUR FAIRE COMPRENDRE LEUR MODE DE

VIE, LEURS DIFFICULTÉS, ET CONNAÎTRE

COMME ELLE L’HISTOIRE DE CHACUN.

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Page 10: Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

Bousculade tragiqueau Cambodge

10 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

Regards sur l’Asie > Asie du Sud-Est

Célébrée par les médiasoccidentaux, la libération, au lendemain des élections,

du leader historique de l’oppositiondémocrate ne résout rien en Birmanie.Par Geoffroy Caillet

Bien sûr, le résultat des électionslégislatives du 7 novembre était

connu d’avance. Bien sûr, la fraude, sou-vent grossière, a été à l’ordre du jour.Bien sûr enfin, les médias occidentauxont entonné l’air du « on le savaitbien ». Mais n’est-il pas plus judicieux,comme le suggère Sophie Boisseau du Rocher, chercheur à l’Asia Centre de Sciences Po, dans Le Figaro du4 novembre, « d’analyser les “avancéesà la marge” » ? Parmi celles-ci, la tenuedes premières élections depuis vingt ansa été une opportunité de taille pour agi-ter les consciences et stimuler les forcesdémocratiques, même muselées, de Bir-manie. Les pays occidentaux semblentl’avoir négligé en condamnant d’emblée

L e Cambodge estsous le choc après

la tragique bousculade qui a fait 347 morts et

395 blessés sur un pont dePhnom Penh le 22 novembre dernier, le jour de la clôturede la traditionnelle Fête de l’eau. Les premiers éléments del’enquête en cours font état d’une rumeur, « le pont vas’écrouler », qui se serait propagée en quelques secondes,entraînant un mouvement de panique sur ce pont étroit,très fréquenté par les 3 millions de Cambodgiens présentsdans la capitale pour les festivités. Une journée de deuilnationale prescrite par le Premier ministre Hun Sen a étéobservée le 25 novembre. � G.C.

les résultats des urnes. Aujourd’hui,force est de constater que la politiqued’isolement menée par eux vis-à-vis dela Birmanie a surtout eu pour résultat

d’isoler Aung San Suu Kyi, le leader his-torique de l’opposition.Sur cette libération même, les médias

occidentaux ont globalement manquéde prudence. Elle n’a d’abord riend’extraordinaire, puisqu’elle est adve-nue à l’échéance des 18 mois prévus parla junte (13 novembre). Tout au plus saproximité avec le scrutin a-t-elle servide gage de bonne volonté de la part dugouvernement birman. Quant à AungSan Suu Kyi, ses déclarations dénotentsurtout une volonté marquée d’incarnerl’avenir politique de la Birmanie. Maismalgré une popularité intacte, il est dif-ficile de voir en elle l’espoir d’un paysdont elle a été coupée, à son corpsdéfendant, pendant près de vingt ans.Elle est âgée de 65 ans et reste affai-blie par sa réclusion. Son parti, la Liguenationale pour la démocratie (LND), aété dissout par la junte avant les élec-tions, et rien n’indique que les jeunescadres qui ont rejoint la Force démo-cratique nationale (NDF) sont aujour-d’hui prêts à la reconnaître comme chef.À l’heure où la junte apparaît plus puis-sante que jamais, le prix Nobel de lapaix va être obligé de tenir compte decette opposition plus diversifiée et dereconstruire, quoi qu’il en soit, une véri-table stratégie politique. �

Mékong

Mer

d'Andaman

Rangoun

BIRMANIE

THAÏ

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CHINE

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INDE

©idé

Naypyidaw

200 Km

Aung San Suu Kyi :le sens d’une libération

Bangkok

THAÏLANDE LAOS

CAMBODGE

VIETNAMGolfede

Thaïlande

Mék

ong

©idé

Phnom Penh

100 Km

© M.-M

. Favre

Mékong-ExpressJOYEUX ANNIVERSAIRE À HANOI ET VIENTIANECet automne a été marqué par l’anniversaire de deuxcapitales d’Asie du Sud-Est. Les Vietnamiens ont fêtépendant toute l’année les 1 000 ans de Thang Long,nom primitif de la ville devenue Hanoi en 1831. Lacélébration de ce millénaire s’est achevée sur dixjours de festivités dans la capitale, du 1er au 10 octo-bre : meeting, parade, défilé sur la place Ba Dinh etspectacle au stade national My Dinh. L’année 2010avait été choisie à dessein comme année du tourismepar les autorités vietnamiennes. Au Laos, le pays afêté du 15 au 21 novembre les 450 ans de Vientianelors de festivités analogues destinées à stimulerl’exaltation nationale. Et pour cause : cet anniversai-re coïncidait aussi avec les 35 ans de l’accession aupouvoir du Parti révolutionnaire populaire lao.

© D.R.

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MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 11

Savoir perdre son temps…En Asie, on a le temps.On nous avait prévenus,mais quand même !Quelques anecdotespour illustrer la célèbreattente asiatique et la« non-ponctualité » bienconnue. Par Marion Taÿ Pamart,

volontaire Bambou en Thaïlande

© M. Taÿ Pam

art

Regards sur l’Asie > Thaïlande

Ici, les rendez-vousn’ont pas de réellesignification.

J ’ai rendez-vous à 9 heures et demieavec le père Kringsac pour aller dans

les villages karens. À l’heure, j’attendsune demi-heure avant que le pado(« père » en karen) n’arrive. Logique. Jevis ma première expérience de l’attenteasiatique… et ce n’est que le début. Ici,il ne faut pas être pressé ni avoir un plancomplet de sa journée en tête. On ne saitjamais ce qui peut se passer. D’abordj’apprends que, finalement, nous ne par-tons pas une mais trois nuits. Je retournedonc faire mon sac pendant qu’il préparele départ. Il est 10 heures et quart etnous voilà enfin partis.Sur la route, la jante avant gauche fait

des bruits étranges, il va falloir passer augarage. J’apprends à cette occasion que levéhicule a presque mon âge… Arrivés àChom Thong, nous voilà au garage, nonsans nous être arrêtés préalablement aubureau de poste. Enfin, un garage… Ungrand hangar où des hommes pleins decambouis tapent à la masse sur ce qui apu être des voitures un jour. Nous les lais-sons démonter la roue et donner de grandscoups dans la jante. On attend. Je sors monbouquin parce que ça commence à êtrelong, quand même. J’ai toujours un livresur moi. Ce n’est pas ici que ça va changer.

« On n’est pas pressé »Trois quarts d’heure plus tard nous voilàrepartis, avec une voiture qui semble mar-cher. Bon, il me semble qu’on en avaitpour trois heures, il serait peut-êtretemps d’y aller, non ? Petit tour de la ville.

Je m’éclipse avec mon livre et mes ciga-rettes. Une heure plus tard, on déjeunesur place, puis on repart. Il est loin letemps où je croyais encore que nousallions décoller à 9 heures et demie dumatin. Il est une heure et demie de l’aprèsmidi et le voyage commence enfin !

Vingt minutes plus tard, le téléphonedu père sonne. Il se gare dans une sta-tion-service et répond. Puis il en profitepour aller acheter quelques trucs à gri-gnoter (bah tiens !). Vingt minutes encoreavant de repartir. Le lendemain, mêmetopo, nous revoilà sur la route. Après unepause téléphone et une pause... – euhbah rien, on a juste attendu, je n’ai pascompris pourquoi mais j’ai arrêté de cher-cher, de toute façon… – nous atteignonsenfin notre destination.Le surlendemain à 10 heures, alors

que nous sommes partis depuis moins

d’une heure... pause (vous aviez devinéhein ?) au milieu de nulle part. J’en pro-fite pour aller me promener un peu dansla montagne. De toute façon, on n’estpas pressé ! Une demi-heure plus tard,on repart (mon bouquin a bien avancédepuis le départ). Je commence à com-prendre : le but est de mettre le plus detemps possible à faire le trajet, non ?Quand je pense qu’en France, lorsqu’ona moins de quatre heures de route, ons’arrange pour ne surtout pas avoir às’arrêter et faire le trajet d’une traite,le plus vite possible…Ici, les rendez-vous n’ont pas de réelle

signification. Avoir rendez-vous à telleheure signifie plutôt : « On se retrouvevers quatre heures si on n’a pas quelquechose de plus important à faire et si onn’oublie pas. » Une fois parti, on s’arrêteprendre de l’essence. On s’arrête acheterà manger. On s’arrête acheter à boire. Ons’arrête tout court. La demi-heure de tra-jet se transforme en heure. Allez, quittezvite cette page, vous allez être en retardà votre prochain rendez-vous. Moi ce n’estpas grave, j’ai le temps… �

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12 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

Regards sur l’Asie > Cambodge

décolle, tandis qu’une carte du Cam-bodge apparaît dans un effet de zoo-ming. Au nord-ouest, le petit village deBanteay Chmar. Et revoilà ChamrunRann devant son métier à tisser, à côtéde son mari, un brin gêné, dans leurpetite maison.« Je m’appelle Chamrun Rann, dit la

jeune tisserande, j’ai 28 ans et mon mari43 ans. Je travaille pour Soieries duMékong depuis un an et je tisse à la maison depuis deux mois. » Suiventquelques vues de Chamrun Rann au tra-vail puis, très vite, il faut partir. Cham-run Rann et son mari saluent leurs visi-teurs sur le pas de la porte, génériqueet fin. Le temps de cette « rencontre »proposée par Soieries du Mékong n’a pasexcédé deux minutes.

Claire, toujours en pleine conversationmondaine, s’inquiète néanmoins pourla lumière : sera-t-elle suffisante ? Letrépied installé, la caméra en place, les

principaux cadragesrepérés, il faut encorede longues minutesavant que le tournagene commence. C’est unesorte de leçon asia-tique, où l’échange estun préalable à touteactivité.« Oh ! vous regardez

les buffles ? Mais non !Allez voir mon métier àtisser, c’est plus intéres-sant ! », lance ChamrunRann en riant. Noircaméra, une fleur delotus stylisée apparaîtà l’écran, surlignée duslogan : « Rejoignezcelle qui a tissé pourvous. » En fond sonore,le bruit d’un avion qui

C hamrun Rann discute pluie etbeau temps avec Gonzague. Elle

semble un brin stressée mais ça devraitaller. Son mari, lui, est en grandeconversation avec Claire. Ils parlent thaï,une langue que ne comprend pas Cham-run Rann mais que son mari pratiqueparce qu’il lui est souvent arrivé d’allertravailler en Thaïlande. Il explique lafrontière très proche, la forte demandede main-d’œuvre, les salaires supérieursà ceux pratiqués au Cambodge. Il esttrès étonné d’entendre cette jeune Fran-çaise parler si bien le thaï. Et Claire sentque des explications s’imposent. Elleétait volontaire Bambou en Thaïlande ily a quelques années, elle vit aujourd’huià Bangkok avec son mari.La discussion va bon train. Gonzague

plaisante avec Chamrun Rann, lui ditqu’elle sera bientôt une star internatio-nale. Chamrun Rann pouffe de rire.

Un achat, une rencontreÀ Banteay Chmar, les tisserandes de Soieries du Mékong se sont prêtées au jeu d’un film documentaire. Reportage sur les coulisses du tournage. Texte et photos : Jean-Matthieu Gautier

« Nous sommes bel et bien sortis de “l’achat charité”. »

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MAGAZINE N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 � 13

Des salaires décents pour des produits de qualité« Ce produit a été confectionné pour vouspar… Chamrun Ran. Partez à sa ren-contre. » Sur les étiquettes des produitsen soie estampillés Soieries du Mékong,la petite entreprise sociale que dirigeGonzague de Borde depuis juillet 2008,ce message porteur d’une promesses’affiche en petites lettres d’or : « Voyezcette personne, elle réalise des chosessuperbes et en plus elle est heureuse. »« Les gens achètent pour se faire plai-

sir, mais en plus ils ont la possibilité desavoir qui a confectionné l’écharpe, l’étoleou le krama qu’ils vont porter. Que deman-der de plus ? », interroge Gonzague. Cesens de la rencontre typiquement asia-tique va de pair avec l’esprit qu’il a voulupour son entreprise : des salaires décentspour des produits de qualité. Il signifieégalement un tournant.« Au début, explique Gonzague, Soie-

ries du Mékong était un simple projetd’Enfants du Mékong développé en parte-nariat avec l’association Espoir en soie.Nous proposions des produits certes de qua-lité, mais l’un de nos principaux argumentsde vente reposait sur le beau geste réalisé.

Cela revenait à dire : en achetant ce pro-duit, vous aidez une personne à l’autrebout du monde à se bâtir un avenir. Noussommes dans une logique très différenteaujourd’hui. Les clients s’offrent nosécharpes parce qu’ils les trouvent tout sim-plement magnifiques. Cela se ressent dansla qualité de nos créations, qui s’est consi-dérablement accrue grâce aux formationssuivies par nos tisserandes, mais aussigrâce à leur épanouissement personnel. »

« Permettre aux gens de s’en sortirfinancièrement en leur fournissant unemploi, c’est très bien, résume Gonzague,mais aujourd’hui nos tisserandes sont épa-nouies parce qu’elles sont fières de savoirqu’à l’autre bout du monde, d’autres per-sonnes portent et apprécient le fruit deleur travail. Un gage de pérennité plutôtréjouissant pour nous et qui nous fait pen-ser que nous sommes bel et bien sortis de“l’achat charité”. » �

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Agir > En direct

14 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

LE MOT DU PARRAINAGE

Vous le savez, la chargée de par-rainage (CP) fait l’interface entre

les parrains en France et les respon-sables de programme et les filleuls enAsie. Côté France, les contacts sont quo-tidiens, par téléphone, par mail ou lorsdes événements organisés par les délé-gués de l’association (dîners de par-rains).Une à deux fois par an, votre chargée

de parrainage se rend en Asie dans sazone d’action pour une mission de deuxà trois semaines, au contact direct desresponsables et des filleuls. Les objec-tifs de ces missions sont nombreux :- faire la connaissance des responsables- améliorer sa connaissance des zonesoù sont implantés les programmes dontelle a la charge- se rendre compte des grandes ten-dances de développement du pays, des

difficultés et besoins de chaque zoned’action afin d’orienter et d’adapter ledéveloppement des programmes- former les responsables, les conseilleret les aider dans leur travail quotidienauprès des enfants.Selon l’organisation de nos sept pays

d’action, ces missions se déroulent encollaboration avec les volontaires Bam-bous sur place. Dans certains pays oùles Bambous sont moins nombreux, leschargées de parrainage jouent elles-mêmes le rôle du volontaire.Ces missions sont indispensables pour

se confronter à la réalité des pays et auxdifficultés que rencontrent les respon-sables. Elles sont aussi le meilleur moyend’appréhender les programmes de parrai-nage et les bienfaits de l’aide apportée.Un moyen privilégié, enfin, de répondreaux parrains et de les informer ! �

Les «CP» en mission

Partir un an au service des pluspauvres en Asie du Sud-Est, c’est le choix fait par 42 volontairesd’Enfants du Mékong en 2010.Chargés de programmes de parrai-nage ou de développement, demissions d’animation ou de respon-sable de foyer, tous ont en com-mun le désir de donner temps etcompétences. Mais la seule généro-

sité ne suffit pas. Être volontaire demande une bonne capacitéd’adaptation, d’organisation et d’analyse, également une solide stabili-té psychologique. À la phase d’émerveillement des premières semainespeut succéder un cruel manque de repères, qui met à l’épreuve lesintentions initiales. C’est pourquoi le recrutement comprend depuis2007 trois entretiens successifs (dont un avec une psychologue)auquel s’ajoutent deux rendez-vous : en avril une journée des volon-taires Bambous, destinée à discerner les bonnes et mauvaises raisonsde partir, et début juillet la session de formation. Un long recrute-ment certes, mais pour une candidature vraiment mûrie ! À noter quele recrutement 2011-2012 a commencé le 1er décembre 2010.Responsable des volontaires : Stéphane Saunier Candidatures à adresser par mail à Véronique Taÿ Pamart : [email protected]

Défi du Mékong fait des petits…

VOLONTAIRES BAMBOUS

PARTENARIATS

© D.R.

© D.R.

Le 10 octobre dernier, 260 coureurs, 150 supporters,

SoYouTV, Altran CIS, Optimind,Decathlon et Air France se sontretrouvés comme une seule grandeéquipe pour la course des 20 km de Paris. Tout de vert vêtus, ils ontreprésenté très activementl’association, qui a été remarquéepar les 22 000 coureurs. Ce défisportif et solidaire a été une vraieréussite : l’association a été la plusvisible le jour J, les coureurs ontcollecté environ 40 000 € pourconstruire une école au Laos ainsiqu’un deuxième projet ! Depuis mars, une équipe organisedes entraînements-apéros et autresrendez-vous pour que les motivésdu Défi puissent se rencontrer. Unoutil de collecte en ligne est mis àdisposition pour informer etsusciter des dons, défiscalisés à75%. Défi du Mékong fait despetits, car Défi du Mékong Bruxellesse met en place pour les 20 km deBruxelles le 29 mai 2011 !Une page sera bientôt en ligne pourproposer de participer aux Défis duMékong ou de créer son propreDéfi. Tous ceux qui le souhaitentpourront ainsi agir d’une façon oud’une autre et le faire savoir à leurentourage pour se faire soutenir etcollecter des dons: www.enfantsdumekong.com/defidumekong �

Pour plus d’informations, contactezAlban d’Avout : 01 47 91 00 [email protected]

Page 15: Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

La Boutique de Noël

BON DE COMMANDECoupon à renvoyer à : Enfants du Mékong – 5, rue de la Comète – 92600 Asnières. Tél. : 01 47 91 00 84.

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Soit un chèque de : ………… € à l’ordre d’Enfants du Mékong

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Conformément à la législation, l’achat de cartes de vœux ne peut donner droit à une déduction fiscale.

PARTICULIERSLot de 6 cartes doublessans texte + enveloppes(21 x 10 cm) 10 €

En achetant ces cartes, vous participez à l’action d’Enfantsdu Mékong et offrez un avenir à des milliers d’enfants.

ENTREPRISESLot de 50 cartes doubles + enveloppes(14,5 x 14,5 cm) 67 €

Possibilité de personnaliser vos cartespar un feuillet individualisé intégrantvotre logo, vos coordonnées et unmessage en quadrichromie.

Cette année, la carte de vœux d’Enfants duMékong est destinée au projet de constructiond’une école primaire de 100 enfants de 4 à 8 ansau Laos, dans le village de Tha Theng. Une bonnefaçon de faire circuler la solidarité auprès de voscollaborateurs, internes et externes, et de valori-ser l’image de votre entreprise.

Plus d’informations surwww.enfantsdumekong.com/thatheng.

Enfants du Mékong vous présente sa collection de cartes de vœux 2011

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Dès les premières minutes del’interview, elle fait mentir les sté-

réotypes. Non, Madel Bejerano n’est ni uneféministe en mal d’inspiration, ni une fillequi se serait trompée de voie. Tout au plus« un peu garçon manqué », reconnaît-elleen souriant. Et d’avouer que ce qui l’embêtele plus dans son travail, « c’est d’avoir lesongles noirs chaque soir », preuve supplé-mentaire s’il en fallait d’une féminitéintacte. Il faut dire que le métier de Madeldonnerait des complexes à plus d’un gar-çon de son âge : depuis un an et demi,cette jolie Philippine de 19 ans est la pre-mière mécanicienne féminine chez Porsche.Avec une simplicité encore enfantine,

Madel déroule un parcours qui a tout d’unejolie success story. D’abord son enfance auLaura Squat, un quartier pauvre de QuezonCity, la principale ville de l’agglomérationde Manille. Au lycée, d’où elle est sortie hui-tième de sa promotion, elle travaille à lacantine pour payer ses études en préparantla nourriture entre deux heures de cours.Grâce au Père Daniel Godefroy, responsabledu programme de parrainage d’Enfants duMékong à Laura Squat (cf. EdM n°164),elle bénéficie alors du soutien d’une mar-raine française, qui lui permet d’intégrerune formation professionnelle auprès del’Institut technique Don Bosco.

Trois filles sur soixante élèvesLà, elle choisit d’abord une formation àl’électronique avant de se raviser et d’inté-grer finalement un cours de mécaniqueautomobile de dix mois dont elle sortbrillamment. « Nous n’étions que trois fillessur 60 élèves », se souvient-elle amusée.«Ensuite, j’ai essuyé deux refus de formationen alternance parce qu’ils ne prenaient quedes hommes. Mais je suis têtue ! » La troi-sième fois est la bonne, et par la voie royale.« Lorsque j’ai su que Porsche recrutait des

Ancienne filleule d’Enfants du Mékong aux Philippines, Madel est la première mécanicienne embauchée par Porsche. Portrait d’une jeune fillevéloce, qui a fait la une des journaux de son pays. Par Geoffroy Caillet

Madel, filleule aux doigts de fée> Portrait

© EdM

MAGAZINE

une jeune fille ? « Ils sont un peu éton-nés lorsqu’ils amènent leur voiture, maism’acceptent vite. » Les célébrités abon-dent dans le petit monde des proprié-taires de Porsche. Madel ne compte plusles acteurs de cinéma et les sportifs quilui ont confié leur véhicule. La dernièreen date n’est rien moins que Kris Aquino,sœur du président de la République etprésentatrice télé vedette de l’archipel.Aujourd’hui mécanicienne confirmée,

Madel a accompli deux rêves : réussirdans un monde réputé difficile pour unejeune femme et soutenir efficacementses parents. « Dans quelques mois,

j’aurai assez d’argent pour leuracheter une maison. Je

suis heureuse de pou-voir leur rendre cequ’ils m’ont donné.Tout le mérite leurrevient. » Elleest modeste,Madel, et elle nemanque pas destyle. À l’imagedes monstres quipassent entre sesjolis doigts. �

« Je suis heureuse depouvoir rendre à mes parents ce qu’ils m’ontdonné ! »

étudiants, je me suis mise sur les rangs.C’était en décembre 2007. » Au terme d’unrigoureux processus de recrutement, labonne nouvelle tombe : Madel est embau-chée. Fièrement, elle apporte à ses parentsla lettre reçue de la prestigieuse entre-prise allemande. « Je ne leur avais rien ditpour ne pas leur donner de faux espoirs »,plaide-t-elle. Commence alors une autrepériode de formation intensive de dixmois, à raison de six jours par semaine.

Voitures de starsSa timidité du début a désormais entière-ment disparu devant son entrain à racon-ter un métier exigeant, où son goût de laprécision a trouvé à s’épanouir. Lesrichissimes clients philippins dePorsche savent-ils que leurs bolidessont désormais entretenus par

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QUIMPER (29)Dimanche 12 décembre, à partir de 13h30FÊTE DES DROITSDE TOUTES LES COULEURSPavillon de Penvillers

En ce 21e anniversaire de la Convention internationaledes droits de l’enfant, les enfants et leurs parentssont invités à découvrir la solidarité depuis Quimperjusqu’aux quatre coins du monde. Stands associatifs,nombreuses animations et jeux pour les enfants,expositions, spectacles... La délégation du Finistèretiendra un stand et animera un jeu. Parlez-en autour de vous et venez nombreux avec vos enfants !Contact : Anne-Marie DallantTél. : 06 21 03 85 [email protected]

MARCQ-EN BARŒUL (59)Samedi 18 décembre de 14h à 19hMARCHÉ DE NOËLHippodrome, salle des Paris

Le stand Enfants du Mékongvendra des allume-feu et de l’artisanat asiatique.Venez nombreux !Contact : Jean-Pierre et Thérèse DelobetteTél. : 03 20 79 32 [email protected]

RADON (61)Samedi 18 décembre de 10h à 19hMARCHÉ DE NOËLFoyer rural

Contact : Chantal JoussetTél. : 02 33 31 92 [email protected]

PARIS (75006)Samedi 18 décembreMARCHÉ DE NOËLPlace Saint-Sulpice, en face de la mairie du 6e

Chalet d’exposition d’Enfants du Mékong avecsoieries, cartes de vœux et gobelet de thé pour le froid !Contact : Agnès RonzetTél. : 06 81 34 30 [email protected]

BONNEVILLE (74)Dimanche 19 décembretoute la journée MARCHÉ DE NOËLOrganisé au profit del’association les Gîtes ducœur. Nous vous y propose-rons les Soieries du Mékonget autres objets originauxpour vos cadeaux de Noël.Contact : Christiane BarberoTél. : 06 30 02 33 [email protected]

AMIENS (80)Mardi 21 décembreMARCHÉ DE NOËLSquare Saint-Denis

L’équipe Enfants du Mékongde la Somme sera présenteau chalet des associations.Vente de soieries.Contact : Daniel QuiévreuxTél. : 03 22 49 68 [email protected]

LE PRADET (83)Vendredi 7 janvier à 20h30CONCERTEspace des ArtsConcert de la Doctor JazzSociety dans le cadre de la Saison Musicale d’Enfants du Mékong.Contact : Nicole et Claude BrandebourgTél. : 04 94 36 28 [email protected]

AVIGNON (84)Samedi 15 janvier à 11h30DÉJEUNERRestaurant asiatique « Les Etoiles », centrecommercial Cap Sud

Bienvenue aux parrains et amis ! Repas à 20 €.Contact : Marie-Françoise et Michel RaguisTél. : 04 90 01 37 52 ou 06 30 32 10 [email protected]

PAU (64)Dimanche 16 janvierDÉJEUNERRestaurant Vietnam –168, avenue Jean Mermoz

Cette rencontre traditionnelle,ouverte à tous, est plusspécialement destinée aux Béarnais et aux Hauts-Pyrénéens. Réservation obligatoire avant le 7 janvier.

Contact : Marie-Hélène PerretTél. : 05 59 31 86 [email protected]

VANNES (56)Vendredi 21 janvier à 18hVENTE DETABLEAUXHôtel des ventes, rue du docteur Joseph-Audic, zone d’activités du Tenenio

Vente de tableaux contemporains (marines et Bretagne) de Jean Justum, au profit du foyerdes étudiants deChampassak (Laos).Contact : Hervé de Villeneuve Tél. : 06 12 90 03 [email protected]

SAINT-MAUR-DES-FOSSÉS(94)Dimanche 23 janvier de 10h à 19hVENTE ANNUELLEDES ARTISTESSalons de l’Hôtel de ville,place Charles de Gaulle,RER A, station Le ParcSaint-Maur

150 artistes amateurs et professionnels serontprésents. 20% de chaqueœuvre vendue reviennent au choix à Enfants duMékong ou à une autreœuvre humanitaire auSénégal. La recette du buffetorganisé à cette occasion estintégralement reversée àEnfants du Mékong.Contact : Bruno MarionTél. : 01 45 11 98 88 [email protected]

MONTAUBAN (82)Vendredi 28 janvier à 20h30APÉRO-ROCKIRLANDAISLe Rio – 3, rue FerdinandBuisson

Avec The Tones, dans le cadre des Rendez-vous des mélomanes de la Saison Musicale d’Enfants du Mékong.Contact : Sandrine AymardTél. : 06 61 19 99 [email protected]

MARSEILLE (13)Dimanche 6 février à 16h30CONCERTÉglise Notre-Dame du Mont

Chopin, avec ÉdouardExerjean au piano, dans lecadre de la Saison Musicaled’Enfants du Mékong.Contact : Georges RobertTél. : 04 91 41 48 [email protected]

PARIS (75007)Mardi 8 février à 20hCONCERTCathédrale Saint-Louisdes Invalides

Chopin et Tchaïkovski, avec Marc Laforet etl’Orchestre de chambre de la Nouvelle Europe dirigépar Nicolas Krauze, dans le cadre de la SaisonMusicale d’Enfants du Mékong.Contact : Didier RochardTél. : 06 60 40 48 [email protected]

GRENOBLE (38)Jeudi 10 février à 20hprécisesDÎNERRestaurant Le PhnomPenh – 18, rue Thiers,parkingVenez nombreux au dîner de la délégation de l’Isère.

Au programme, dînerasiatique, projection d’un film, échanges entreparrains. Ne manquez pasl’occasion de présenter à vos amis l’action d’Enfantsdu Mékong et invitez-les.Menu tout compris : 18 €.Réservation.Contact : Anne-Corinne FavreTél. : 04 76 87 39 [email protected]

ÉCHOSDÉLÉGATION 59Dans l’espace accueillant duCentre spirituel du Hautmontà Mouvaux, 140 parrains sesont retrouvés en novembreautour d’Yves Meaudre et de l’équipe nationale pour partager un « repas-rencontre » très convivial.Des parents de volontairesBambous en mission étaientaussi présents. Des Bambousde retour d’Asie et unefilleule laotienne ont donnédes témoignages percutantset pleins d’émotion. Déjà beaucoup de parrainssouhaitent renouveler detelles retrouvailles !

Jean-Pierre et Thérèse Delobette,responsables de la zone Nord

AGENDA

Agir > Nos délégations

18 � N°165 � NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010 MAGAZINE

PAMPANILLA spectacle d’opéretteVenez découvrir le nouveau spectacle d’opérette desPalétuviens au profit d’Enfants du Mékong ! De MonteCarlo à l’Amérique du Sud, en passant par la Savoie etMarseille, sur des airs de tango, de valse et de polka, suivezles aventures rocambolesques de Gisèle, superbedanseuse étoile, et de Jean, jeune aventurier romantique.

les jeudi 13 et samedi 15 janvier à 20hle dimanche 16 janvier à 15h

les lundi 17 et mardi 18 janvier à 20hle dimanche 23 janvier à 15hle lundi 24 janvier à 20h

Lieu : Théâtre Adyar – 4, square Rapp, 75007 Paris. Métro : Alma-Marceau ou École militaire.

Prix : 16 € en prévente (12 €pour les étudiants ou les chômeurs), 20 € sur place, gratuit pour les moins de 7 ans.Réservations sur internet :www.paletuviens.frInformations et autres moyens de paiement : 01 75 84 55 23Recettes intégrale-ment reversées auprofit d’Enfants du Mékong.

Page 19: Enfants du Mékong Magazine n°165 - décembre 2010

PARRAINS EN HERBE…

En lisant le courrier des lecteurs du numéro 160, nous avons été interpellés par l’initiative de Perrine et Delphine decollecter des fonds pour leur « petite sœur » Xay. À notre tour, nous voulons témoigner de l’initiative de nos enfants.

À quatre, Flore, Amandine, Augustin et Côme ont décidé deparrainer un enfant. Pour gagner l’argent nécessaire, ils réa-lisent différentes actions. Par exemple, ils ont vendu dansle quartier de la compote fait maison pomme-kiwi du jar-din. Ils ont aussi réalisé un petit journal spécial Asie qu’ilsont vendu lors des réunions de famille. Aux beaux jours, ilsvendront quelques jeux en brocante. Bref, ils ont pleind’idées et sont très fiers et heureux de pouvoir aider John-Karl, un Philippin de 13 ans. Grâce à cette jeune généra-tion, l’action d’Enfants du Mékong a encore de longs etbeaux jours devant elle ! �

Famille Ibled - Contact pour le Nord

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©T. Alisier

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S itôt gravies les marches disjointesdu premier escalier qui mène au

sanctuaire, une moiteur de jungle voustombe sur les épaules. Dans l’air saturédu parfum des frangipaniers et desfumées d’encens, des vols de libellulesstationnent en bourdonnant. Il nemanque que les cris des singes pour secroire transporté dans l’un des templesantiques du Madya Pradesh, qui inspi-rèrent à Rudyard Kipling certains décorsde son Livre de la jungle. Mais ici le tré-sor, constitué de quelques statuetteskhmères en bronze de Vishnou etd’effigies de Bouddha, est conservé aumusée. Quant au serpent Kaa, il n’existeque sous la forme sculptée d’un naja –le serpent à sept têtes du panthéonbouddhique.

La plus ancienne ville de la péninsule indochinoisePour une fois, l’impression du néophyteest la bonne. L’air de parenté que pré-sente ce site de 390 km2 avec celui, plusfameux, d’Angkor a sa légitimité.« Mahendravarman, le premier roi del’empire khmer, était originaire de Cham-passak, la province de Vat Phou, à 40km de Paksé », précise Laurent Delfour,architecte des bâtiments de France etchef du projet de coopération entre laFrance et le Laos pour la mise en valeuret le développement du site.Dès le Ve siècle, une ville hindouiste

dédiée à Shiva est fondée à quelquesencablures du Mékong, sous l’actuel vil-lage de Wat Luang Khao, à la sortie deChampassak. Rien moins que la plus

Dans le sud du Laos, le majestueux sanctuaire deVat Phou peut s’enorgueillir d’avoir été, avantAngkor, la première capitale du royaume khmer.Texte et photos : Geoffroy Caillet

Vat Phou, l’autre Angkor

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ancienne ville de la péninsule indochi-noise, dont ne restent plus aujourd’huique quelques fondations qui affleurent,çà et là, au bord de la route.Première capitale politique du

royaume khmer, elle est rapidementdélaissée au profit d’Angkor, mais lesliens des souverains avec leur citéd’origine demeurent : riches donationset constructions nouvelles conserventau site son importance religieuse. Dansle prolongement de la ville hindouisteet à l’emplacement d’un premier templedes Ve et VIe siècles, un sanctuairekhmer est ainsi édifié entre le XIe et leXIIIe siècle. Une route de 250 km entreAngkor et Vat Phou permettait au roi età sa cour de s’y rendre en pèlerinage.

Shiva et BouddhaC’est ce sanctuaire que l’on visiteaujourd’hui. Adossé au flanc d’une mon-tagne (phou) et ordonné suivant unplan axé est-ouest et non centré commeà Angkor, il frappe le visiteur par sa

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Du culte de Shiva relève la vénérationdu linga, le symbole phallique de la créa-tion, identifié au sommet de la mon-tagne à laquelle s’adosse le Vat Phou etdont on a retrouvé de nombreux exem-plaires taillés, aujourd’hui visibles aumusée. Au bouddhisme appartiennentles multiples effigies du maître etl’actuel sanctuaire, où a lieu encorechaque année en février un pèlerinagerassemblant des milliers de fidèles.

La France au chevet de Vat PhouC’est cette permanence du culte depuis1 000 ans autant que l’intégration de cevaste ensemble spirituel dans un envi-ronnement naturel qui ont motivél’inscription du site au patrimoine mon-dial en 2001. Témoignage de premierordre sur l’empire khmer, Vat Phoutémoigne d’une continuité rare puisque,comme le remarque Laurent Delfour, « ily a entre le début et la fin de sa construc-tion le même écart qu’entre Notre-Damede Paris et l’Opéra Garnier… ».

Les besoins de Vat Phou ont motivéle projet de coopération entre la Franceet le Laos, qui a pour objectif la miseen place d’une structure autonome degestion du site. « Il ne s’agit pas icid’une intervention ponctuelle mais d’unprojet de transmission de savoir-fairedans plusieurs domaines d’interven-tion », souligne Laurent Delfour. Au pro-gramme : entretien et conservation desmonuments, gestion du paysage natu-rel, de l’urbanisme et des aménage-ments, musée et animation culturelle,administration et valorisation écono-mique de Vat Phou.Sur le site, un chantier-école de res-

tauration a également vu le jour. Leporche du palais sud, datant du XIe

siècle, fait depuis décembre 2009 l’objetd’un patient démontage, doublé d’unrigoureux inventaire des blocs effon-drés. Un travail retardé par les ravages,trois mois plus tôt, du typhon Ketsanaqui, en emportant des arbres solidementenracinés dans les pierres des bâti-

ments, a provoqué quelques dégâtsréparés depuis.Le projet de coopération s’étend à

l’ensemble de la région visée parl’inscription de l’Unesco, dans son patri-moine matériel comme immatériel. Sontainsi concernés les maisons colonialesde Champassak et les chapelets de vil-lages qui la prolongent, l’éclairage dusite par les offrandes lumineuses desvillageois les soirs de pleine lune ou lesfééries du théâtre d’ombres…À Champassak justement on voit

encore, le long de l’unique rue, les mai-sons de l’ancienne famille souverainedu royaume homonyme, tombé contreles Siamois en 1768. On y croise sesdescendants, à vélo ou à moto, pareilsà n’importe quel paisible habitant decet endroit béni des dieux. Au fond, àVat Phou comme dans Le Guépard deLampedusa, il faut que tout changepour que tout reste comme avant. �

majesté. De la plaine, on rencontred’abord deux immenses bassins (baray)servant de réservoirs, suivis d’une alléede bornes et d’une esplanade où se fontface, de part et d’autre, deux petitspalais de grès et de latérite actuelle-ment en réfection.Véritable pèlerinage, l’ascension se

poursuit sur 60 mètres de dénivelé, avectrois terrasses successives et autantd’escaliers dont le dernier, formé de plu-sieurs séries de onze marches, ouvre surla terrasse supérieure. C’est là que s’élèvele sanctuaire principal, du milieu du XIe

siècle, transformé aujourd’hui en templebouddhiste. Derrière lui, le pied de lafalaise abrite, cachée sous la roche, unesource qui alimentait le sanctuaire.« On trouve à Vat Phou de nombreux

éléments inconnus ailleurs, tel ce systèmed’adduction d’eau desservant en perma-nence le sanctuaire », rappelle LaurentDelfour. Comme à Angkor en revanche,la succession des cultes hindouiste puisbouddhiste s’y lit clairement. À l’entréedu site, le musée de Vat Phou présenteces deux grands ensembles religieux,dont une stèle atteste même la conco-mitance au VIIIe siècle.

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« On trouve à Vat Phou de nombreux éléments inconnus ailleurs. »

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à lire on a aimé à ne pas manquer

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EXPOSITION HANOI, 1000 ANS D’ÉTERNITÉÀ travers une centaine de photographies de Michel Klein, l’expositionHanoi, 1000 ans d’éternité invite à un voyage entre passé et présent,au cœur de la capitale vietnamienne. Ce périple inédit dévoile unecité millénaire où se côtoient et s’entremêlent les traditions cultu-relles les plus anciennes et la modernité du XXIe siècle.Musée de l'Armée - 129, rue de Grenelle Paris 7e Tél. 01 44 42 38 77Horaires : tous les jours, de 10h à 17h. Musée et exposition fermés le 1er lundi du mois, les 25 décembre et 1er janvier. Tarifs : visite de l’exposition incluse dans le ticket d’entrée du musée : 9 €, 7 €. Gratuit pour les moins de 26 ans.Accès métro : Invalides, Varenne, La Tour-Maubourg.

Le Papillon de SiamMaxence FirminÉd. Albin Michel, 160 p., 14,50 €

Henri Mouhot, découvreur si l’on peut dire de la cité d’Angkoren 1860, est un personnage aussi fascinant que méconnu en France.Né à Montbéliard, il semble avoir voulu, dès l’âge de 15 ans, deve-nir un explorateur insatiable. On le suit donc à Saint-Pétersbourgoù, répétiteur, il gâche une première occasion d’un mariage qui luiaurait apporté l’aisance financière que ses rêves exigeaient. On lesuit encore à Jersey, où il se pique d’étudier les papillons et décidede partir au Siam, à la recherche d’un certain papillon pour le moinsmythique. Sa vie valait bien un roman, mais truffé de procédés télé-guidés, celui-ci est raté.

Enfants de migrants laoMarie-Hélène RigaudÉd. L’Harmattan, 424 p., 38 €

Condensé de la thèse d’ethnologie-anthropologie del’auteur, cet ouvrage se propose d’étudier, à travers l’exemple des famillesd’origine lao établies à Montpellier après 1975, la transmission del’identité lao. Il souligne ainsi le maintien du lien entre les enfants demigrants lao et leur pays d’origine, et la réinterprétation personnellequ’ils font des traditions parentales. Riche de témoignages et de nom-breux éléments sur la culture (bouddhisme, danse, musique…) etl’histoire laotiennes, cette enquête met bien en évidence la situationsi particulière de ces enfants entre deux cultures et avides de bâtir leurpropre identité, malgré et grâce à elles.

Laos, autopsie d’une monarchie assassinéePrince Mangkra SouvannaphoumaÉd. L’Harmattan, 338 p., 31,50 €

Dans une indifférence quasi générale, le petit royaume du Laosa cessé d’exister en décembre 1975. Victime collatérale d’une guerredu Vietnam envahissante qui aboutit à la prise du pouvoir du Nèo-Lao-Hakxat, parti procommuniste vietnamien, l’ancien royaume du milliond’éléphants et du parasol blanc devient alors la République démocra-tique populaire du Laos. Un livre essentiel pour comprendre commentce royaume plusieurs fois centenaire a été amené à une telle héca-tombe, par l’un de ses témoins clés, fils du Premier ministre de l’anciengouvernement.

Les Carnets retrouvés (1968-1970)Dang Thuy TrâmÉd. Philippe Picquier, 282 p., 19 €

Que n’a-t-on écrit sur la guerre d’Indochine et les souf-frances endurées par de jeunes engagés français qui se battaientpour une cause qu’ils ont toujours estimée juste ? C’était oublierqu’en face aussi, malgré l’embrigadement communiste, certains idéauxpouvaient poindre. Les Carnets retrouvés de Dang Thuy Trâm, jeunemédecin vietminh idéaliste, possèdent une poésie rare et une his-toire qui l’est plus encore. Morte dans le bombardement de l’hôpitaldont elle avait la charge en 1970, ses carnets seront récupérés parun agent des services secrets américains et restitués à sa famillequelque 35 ans plus tard.

La Route de la soieLuce BoulnoisÉd. Olizane, 576 p., 26 €

« Rien de grand ne s’est accompli dans lemonde sans passion », écrivait Hegel dans sa Raison dansl’histoire. C’est ironiquement vrai et tout ce qui racontel’histoire de la route de la soie ne pourrait qu’appuyer cepostulat. L’un des premiers personnages liés à cette his-toire à pouvoir en attester est Marcus Lucinius Crassus.Quand le consul triumvir de Rome en Syrie décida d’allerporter le fer à l’est pour s’offrir une petite conquête bienà lui, comme Pompée et comme César, il rencontral’armée parthe, qui n’était pas constituée de rigolos et ledéfit. Adieu Crassus, adieu ou en enfer. Il n’empêche quecette petite épopée au-delà des rives de l’Euphratecompte parmi les premières du monde occidental versl’est – si l’on fait abstraction de celles d’Alexandre. Maissurtout, « auro sericeisque vexillis », écrit l’historienFlorus pour décrire l’armée parthe : des étendards d’or etde soie… De soie ! C’est la première apparition du termedans un récit occidental.

Et cependant cela ne prouve rien. Luce Boulnois, histo-rienne prudente, avisée, amusée aussi des tournants quesait prendre l’histoire, nuance tout cela en un tourne-main, rappelant divers éléments et soulignant le fait queFlorus écrivit son Abrégé d’histoire romaine plus de 150ans après la défaite de Carrhes, que le mot « soie »n’existait donc pas encore et qu’il mettrait encore un cer-tain temps à apparaître. Et encore, cela n’est qu’undébut. Et si la route de la soie que les Occidentaux onttoujours perçue dans un sens ouest-est n’était pas plu-tôt née dans l’autre sens ? Voilà que nous apprenonsdans La Route de la soie – Dieux, guerriers et marchands,que le tracé de cette route aurait commencé à se dessi-ner à la suite d’expéditions chinoises vers le monde occi-dental, que cette route que l’on appelle « de la soie » futavant tout pour les Chinois une route des chevaux, nerfsde la guerre et qu’il fallait bien aller chercher quelquepart, que Marco Polo, le Vénitien qui devisait sur lemonde, n’aurait probablement pas vécu tout ce qu’il pré-tend avoir vécu… La route de la soie fut avant tout uneroute des passions et son histoire, sublimée par la plumeprécise et infiniment riche de Luce Boulnois, est propre-ment fascinante. � J.-M. G.

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les conditions du développement d’unpays. Or le développement fait partieintégrante de la vie missionnaire.

Quel souvenir gardez-vous de la Chine,où vous avez été enseignant pendanthuit ans ?J’ai beaucoup reçu de la Chine, j’y aitout appris et c’était les plus bellesannées de ma vie. J’y ai reçu des témoi-gnages extraordinaires de fidélité àl’Église et d’espérance de la part de gensqui ont passé 25 ou 30 ans en camp detravail ou en prison.

J’habitais à l’université, c’était un peudu pain bénit pour un missionnaire puis-qu’il y avait des milliers d’étudiants surce campus. Naturellement, les rapportsétaient régis par un grand nombre de for-malités, on était très surveillé, le cour-rier était plus ou moins contrôlé… Maisune fois que l’on connaissait les règlesdu jeu, on pouvait s’adapter et prendreles mesures de prudence qui s’imposaient,de sorte que toutes ces années ont pourmoi été marquées par quantités d’échan-ges d’une profonde humanité.

Cette période m’a marqué profondémentdans mon identité de prêtre et de mis-sionnaire et cela me permet encoreaujourd’hui, dans ma mission de supérieurgénéral des Missions étrangères, de rela-tiviser beaucoup de difficultés. J’ai connudes gens qui ont été confrontés à quelquechose d’inimaginable et qui ont donnéune réponse d’une beauté et d’un radi-calisme évangélique extraordinaires.

Pour vous, quel « secret » l’Occidenta-t-il à apprendre de l’Asie ?Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un secret,

mais les pays d’Asiedu Sud-Est se cara-ctérisent par undouble phénomè-ne : une fidélité àleurs racines, reli-gieuses plus oumoins affichées se-lon les pays, oudisons spirituelles,et en même tempsla conviction et lacapacité de s’ada-pter au monde mo-derne et de le fairerapidement. L’Asiedu Sud-Est donnel’impression d’êtrepassée du MoyenÂge à la démocra-

tie parlementaire en à peine 50 ans !Cette zone a connu des changementspolitiques, économiques et sociauxénormes en l’espace de quelques dizainesd’années seulement.Dans notre relation avec ces pays, cette

capacité d’adaptation étonnante nous aaussi contraints à adopter de nouvellesrègles dont il me semble que nous sortonsgrandis. Aujourd’hui, ces gens sont chezeux et nous allons chez eux en frères. Iln’y a plus ces rapports de force ambigusqui ont pu avoir cours par le passé. �

Nommé en juillet derniersupérieur général desMissions étrangères deParis, le père GeorgesColomb est aussi un finconnaisseur de l’Asie.Propos recueillis par J.-M. Gautier

Plusieurs responsables de pro-gramme d’Enfants du Mékong en

Thaïlande et au Cambodge sontprêtres des MEP. Quels sont la placeet le sens de l’aide à l’éducationdans leur mission ?La mission des MEP est variée et corres-pond à la vocation missionnaire. EnFrance, on est curé de paroisse, aumô-nier de lycée, de fac ou d’hôpital. Desmissions apostoliques magnifiques. Lesprêtres missionnaires sont tout cela à lafois, mais sont aussi appelés à répondreà d’autres défis en fonction des pays oùils sont envoyés. Parmi ces défis, celuide l’éducation tient une place prépon-dérante en Asie du Sud-Est.C’est le cas en Thaïlande, au Cambodge

et dans les autres pays où Enfants duMékong est présent. C’est le défi de lajeunesse finalement, un défi que l’onconnaît bien. Dans les villes livrées àelles-mêmes, cela donne le phénomènedes enfants des rues. Dans les campagnes– je pense particulièrement à la Thaï-lande – on connaît le problème des mino-rités ethniques qui n’ont pas toujours lesmêmes chances que les autres et seretrouvent parfois défavorisés par lesystème de l’éducation nationale.Grâce à Enfants du Mékong, mes

confrères de Thaïlande ou du Cam-bodge ont pu ouvrir des écoles etc’est encore grâce au parrainage qu’ilsont pu permettre à certains enfantsd’être scolarisés. Tous ces effortsconsentis en faveur de l’éducation sont

« Le défi de la jeunesse passepar l’éducation »

© J.-M. Gautier

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