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GRAND ANGLE 14 Éco121 Mars 2014 >Enquête SECURITAS DIRECT GREEN OFFICE 2 555 m 2 POLE EMPLOI REFLETS DE LILLE 2 050 m 2 Bureaux : le marché progresse, mais... 6 Les 10 principales transactions en 2013 sur la métropole lilloise IONIS BD DE LA LIBERTÉ 2 939 m 2 1 Alors que la plupart des marchés immobi- liers en France se sont fissurés en 2013, les bureaux lillois affichent une belle progres- sion de 11%. Mais elle s'accompagne de mouvements de fond : des renégociations des baux, une hausse forte du stock de se- conde main, et au contraire, l'apparition d'une tension sur le neuf. Et l'émergence de nouvelles offres en périphérie. 2 6 ENQUÊTE RÉALISÉE PAR Olivier Ducuing (Source Arthur Loyd)

Enquete Immo Mars2014 ECO121

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Page 1: Enquete Immo Mars2014 ECO121

GRAND ANGLE14

Éco121 Mars 2014

>Enquête

SECURITAS DIRECTGREEN OFFICE2 555 m2

POLE EMPLOIREFLETS DE LILLE2 050 m2

Bureaux : le marché progresse,

mais...6

Les 10 principales transactions en 2013 sur la métropole lilloise

IONISBD DE LA LIBERTÉ2 939 m2

1

Alors que la plupart des marchés immobi-liers en France se sont fissurés en 2013, lesbureaux lillois affichent une belle progres-sion de 11%. Mais elle s'accompagne demouvements de fond : des renégociationsdes baux, une hausse forte du stock de se-conde main, et au contraire, l'apparitiond'une tension sur le neuf. Et l'émergencede nouvelles offres en périphérie.

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ENQUÊTE RÉALISÉE PAR Olivier Ducuing

(Source Arthur Loyd)

Page 2: Enquete Immo Mars2014 ECO121

GRAND ANGLE 13GRAND ANGLE 15

INTERIALEIRISIUM1 706 m2

SOPRA GROUPQUARTZ3 492 m2

VINCI CONSTRUCTIONQUATUOR7 000 m2

CREDIT MUTUELSQUARE MORISSON2 668 m2

SPIE TERENEO

2 850 m2

LA REGION VEROSE

2 339 m2

AUCHANHERON1 717 m2

1 9

4

3

710

2

8

5

Roubaix Tourcoing

Sudmétropole

Lille SudEurasanté

Éco121 Mars 2014

3

4

5

7

9

8

10

Page 3: Enquete Immo Mars2014 ECO121

Chômage en hausse, croissance en

panne, chute des transactions, ab-

sence de confiance et de visibilité chez

les acteurs économiques... Tous les in-

grédients auraient du être réunis pour

que 2013 soit un très mauvais cru pour

l'immobilier de bureaux métropolitain.

D'ailleurs, ces facteurs ont généré dans

de nombreuses villes ainsi qu'en région

parisienne un vrai recul comme le

montre le bilan ci-dessous. En Ile de

France, la chute atteint 25% ! Pourtant

à Lille, l'année s'est révélée de très

bonne facture, en progression quan-

titative de 11% (hors comptes propres).

Lyon a encore mieux réussi, en pous-

sée de 35%. « Mais quatre opérations

dans l'année ont dépassé 20.000 m2,

ce qui gonfle fortement les statis-

tiques », décode un analyste. Rien de

tel à Lille l'an dernier.

Marché profond, stable etsainAvec 171 000 m2, le marché s'affiche

profond, solide, stable et sain. Les

immeubles neufs auront connu une an-

née exceptionnelle : avec 63 300 m2,

leur volume commercialisé atteint

le deuxième meilleur niveau sur une

période de 10 ans ! Le marché de l'oc-

casion affiche lui des performances

solides mais moins flamboyantes avec

78500 m2. A quoi les professionnels

ajoutent les 30 000 m2 d'opérations en

comptes propres.

La santé du tertiaire lillois est donc in-

d'un mètre carré sur cinq (22%).

Ajustements de prix et recentrage territorialSi la lecture rapide des statistiques est

donc flatteuse, les professionnels re-

doublent tous de prudence. « Il y a

quelques petits bémols », relevait An-

dré Bartoszak, responsable de l'ob-

servatoire du marché de bureaux mé-

tropolitain (OBM) lors de la présen-

tation publique du bilan 2013 il y a

quelques jours. « Le volume de l'année

GRAND ANGLE16>Enquête

VilleDemande placée 2013

Évol. annuelleFourchette de loyers pour des locaux neufs / restructurés au 31/12/13(€HT HCm²/an)

Aix-Marseille 106 200 m2 -31% 150 € - 270 €

Bordeaux 88 430 m2 +3% 125 € - 180 €

Grenoble 50 000 m2 +19% 145 € - 160 €

Lille 171 400 m2 +11% 150 € - 220 €

Lyon 250 000 m2 +35% 150 € - 270 €

Montpellier(*) 63 000 m2 +17% 150 € - 165 €

Nantes (*) 70 000 m2 -28% 140 € - 175 €

Rennes (*) 65 000 m2 -38% 128 € - 180 €

Rouen (*) 35 000 m2 -36% 130 € - 140 €

Toulouse (*) 105 000 m2 -23% 125 € - 165 €

Le marché lillois par rapport aux autres marchés régionaux en 2013

(*) données provisoires / Source CBRE

contestable : sa diversité économique

protège la métropole de grosses tem-

pêtes sectorielles. Entre 2008 et 2012,

tous les secteurs ont d'ailleurs contri-

bué au marché immobilier : les admi-

nistrations et le monde associatif do-

minent, avec 15% du total, devant les

services aux entreprises (12%), l'in-

formatique (11%), la finance et l'assu-

rance (9%). L'année passée s'inscrit

dans la même logique, mais avec une

prégnance plus grande du public et

para-public qui auront consommé plus

Cécile Lamon, Adim Nord-Picardie

Le marché lillois s’est mieuxporté en 2013que l’annéeprécédente. Il reste unevaleur sûre car il est stable et rassurantpour les

investisseurs. Mais les prix sontstables depuis longtemps, ce quifreine les investisseurs en termede rentabilité. Nous n’expliquonspas bien pourquoi le prix desloyers n’augmentent pas mêmesur des bâtiments hyperperformants en matièreénergétique.

L’opération Quatuor (17000 M2) menée par l’Adim Nord Picardie sur la zone de l’Union à Tourcoingaccueillera le nouveau siège régional de Vinci Construction. 8700 m2 de bureaux sont égalementcomercialisés.

Page 4: Enquete Immo Mars2014 ECO121

2013 est bon », confirme Hugues Laf-

fineur, « mais la baisse de près de 23%

du nombre de transactions est in-

quiétante ».

En effet, l'année n'aura enregistré que

289 opérations au lieu des 350 à 400

usuelles. Avec un nombre inhabituel de

transactions de plus de 1000 m2 :

43 au lieu de 26 un an avant. A l'in-

verse, les opérations modestes ont

été anémiques. Un autre phénomène

parallèle est apparu : les « grands bou-

levards » vers Roubaix et Tourcoing

ont connu une année blanche pour les

surfaces de plus de 1000 m2. « Ce sec-

teur des grands boulevards est histo-

riquement porté par les petites et

moyennes surfaces. Or 2013 a été

animé par les grandes transactions,

ce qui a plus impacté les Pme », dé-

crypte Patrick Duez, directeur régional

de CBRE.

Le marché s'est recentré sur ses valeurs

phares : Euralille et Lille, avec plusieurs

opérations majeures comme le pro-

gramme Morisson, place Rihour, ou

l'Irisium à Euralille, qui cherchaient

preneurs depuis longtemps. Le pre-

mier accueille désormais la Société gé-

nérale, le Crédit Mutuel ou Havas, le

mercialisateur Hugues Laffineur. «La

baisse des valeurs, qui avaient jusque

là préservé leur niveau facial, a une

conséquence positive en facilitant les

transactions», confirme son confrère

Benoît Tirot d’Arthur Loyd, qui

nuance : «cette baisse, néanmoins, en-

trave le développement et la création

de surfaces neuves dont le finance-

ment, dans ces conditions, devient plus

incertain pour les investisseurs».

second a séduit Lamy Lutti, GRDF ou

encore la mutuelle Interiale.

Si les surfaces ont pu être commer-

cialisées, c'est aussi que les négocia-

tions sont allées bon train. La crise a

clairement pesé : des bureaux en sec-

teur premium ont pu être décrochés

par certains locataires à des tarifs très

attractifs. «2013 a un peu épuré le

stock neuf disponible», relève le com-

GRAND ANGLE18>Enquête

220€C'est le prix au m2

atteint par la tourEuravnir, face à lagare Lille Europe. Le Morisson, à Lille, a atteint 210 €.

Hugues Laffineur, Tostain & Laffineur

Ceux qui ont pris des surfaces en 2013, ce sontles administrations, les banques, les assurances.

Les pme et PMI ont quandmême beaucoup souffert l'andernier, comme le montre lenombre très restreint detransactions sur les grandsboulevards. Mon inquiétudepour 2014, c'est qu'il n'y apresque pas de stock neuf très

bien placé. Si la demande est forte, on aura dumal à la servir, sauf si les institutionnelscommencent à regarder des produits un peu pluspériphériques, comme le Parc des Prés (lire parailleurs), qui représente une très bonnealternative.

LES TRANSACTIONS SUR LILLE ET EURALILLE ONT DOMINÉ LE MARCHÉ EN 2013 (EN M2)

10390 1093016203 15152

20812 5721

27126 16522

15162 41328199 748

8448 23494623 3500

3886 35644481 8532

6413 101653836 7154

10232 58439303 9810

2837 1297788 490

4229 44663906 4413

EURALILLE - LILLE GARES

LILLE CENTRE VILLE

GRANDS BOULEVARDS

PARCS TERTIAIRES

VILLENEUVE D'ASCQ

SUD METROPOLE - HAUTEBORNE

ROUBAIX - TOURCOING

LILLE SUD -EURASANTE

ROCADE NORD OUEST

Moyenne sur 5 ans

2013

2e main Neuf

Source Arthur Loyd

Benoît Tirot, directeur Arthur Loyd

Le millésime 2013 présente un volume trèssatisfaisant de transactionsmalgré la crise économique.Cependant, ce niveau s'obtientlargement à partir de facteursd'opportunité pour les grandestransactions, motivées par desfacteurs de rationalisation etfacilitées par une disponibilité

de l'offre et des conditions financièresavantageuses pour les preneurs, que cette mêmecrise a imposées aux bailleurs.

Page 5: Enquete Immo Mars2014 ECO121

GRAND ANGLE 13GRAND ANGLE 19> Enquête

200

300

400

500

2008 2009 2010 2011 2012 2013

EVOLUTIONS DES TRANSACTIONS DEPUIS 2008

436

269

307

306

339

490

419410

375

366375

289

Nombre de transactionsSurface moyenne de transaction

Il s'est appelé Parc Club des Prés, Parc des Prés

puis Parc Eiffel. Ce site tertiaire de 9 ha, à l'entrée

du boulevard de l'ouest et au pied du métro Les

Prés, à Villeneuve d'Ascq, change à nouveau de nom...

et de propriétaire. « Les Prés businesspole » va aussi

changer de visage. C'est la foncière de Laurent

Menissez, patron du groupe éponyme de boulangerie

industrielle de Maubeuge, qui a acquis - on parle d’un

chèque de 25M € - le 20 décembre cet espace de

25000 m2 bâtis, à 8 minutes des gares et en accès

direct sur la rocade nord ouest. Pas de grand plateau

ni d'immeubles à étages ici mais du tertiaire simple et

plutôt ancien, qui ne le situait pas vraiment dans la

cartographie du marché neuf.

Le nouveau propriétaire entend bien redynamiser ce

site un peu fatigué qui héberge près de 500 salariés.

Un accès piéton direct vers le métro sera ouvert,

l'éclairage repris, une animation sera prévue avec un

site Internet dédié, ainsi que la venue d'un food

trucks. « Il faut passer de l'investissement immobilier

à l'immobilier d'investissement », relève Bruno

Gimazane, dirigeant de Thema Properties, qui

accompagne l'opération. « On va amener un peu

de vie ». Mais aussi des projets : Trois zones ont été

identifiées dans le périmètre actuel pour accueillir des

programmes phasés. Le premier se substituera à deux

bâtiments devenus inadaptés, appelés à être

remplacés par deux nouveaux immeubles de qualité

supérieure, de 4500 m2, destinés à accueillir

« des sièges sociaux d'entreprises régionales ».

La foncière a déjà fait plancher quatre belles griffes

lilloises de l'architecture sur ces projets (Coldefi

& Associés, Goulard Brabant Loïez, Paindavoine

Parmentier et Saison Menu), en partenariat avec

le promoteur KIC. Les permis de construire seront

déposés avant la fin du semestre, pour une livraison

espérée au premier trimestre 2016, en fonction de

la commercialisation. « On ne lancera pas en blanc »,

précise Bruno Gimazane, qui voit dans le site une

offre alternative aux principaux secteurs teritaires de

la métropole. Sur un deuxième espace, des bâtiments

mixtes pourront étre développés (atelier et bureaux)

en parallèle. Une dernière opération est envisagée

ensuite mais à un horizon plus lointain.

Villeneuve d'Ascq

Cure de jouvence pour le Parc des Prés

Mathieu Léonard, BNP Paribas Real Estate

Lille affiche clairement sa position de 2e pôletertiaire en région derrièreLyon. C'est le cas aussi eninvestissement, avec 145 M€ contre 655 M€ àLyon. Mais nous avons faitbeaucoup plus que Marseille(15 M€ en 2013) et l'andernier il y a même eu

4 opérations vendues en VEFA (vente en étatfutur d'achèvement), dont trois en blanc. Lemarché lillois est reconnu par les investisseursfrançais et étrangers. Leur produit phare, c'estEuralille, dont il ne faut pas oublier que c'est letroisième quartier d'affaires français derrière laDéfense

La surface moyenne l’an dernier est très au delà des niveaux récents

Suroffre en seconde main,pénurie en neuf Résultat : le stock en neuf est au-

jourd'hui à un niveau très faible.

« Nous avons 15 à 19 mois de stock, se-

lon le rythme de commercialisation.

Il n'y a pas péril en la demeure, mais

la répartition géographique du stock

n'est pas optimisée », souligne André

Bartoszak. La tension la plus forte est

sur Lille et Euralille. « Une demande

de 5000 m2 sur Lille à horizon d'un an,

je ne sais pas faire », lance Hugues

Laffineur, qui note au contraire une

abondance d'offre sur les grands bou-

levards, « où l'on parle de 3 à 4 ans

d'écoulement ».

De nouvelles offres intéressantes se

font jour comme sur le parc des Prés

(Villeneuve d'Ascq), devenu un peu ob-

solète et que son nouveau propriétaire

Laurent Menissez a l'intention de for-

tement rénover et redynamiser. Avec

notamment deux bâtiments neufs qui

totaliseront 9000 m2 (lire ci-contre).

De la même façon, le programme Ri-

veo, sur l'ex site Rhodia à Marquette-

La Madeleine vient proposer une of-

fre alternative intéressante, à grande

proximité du cœur de Lille. Pour le

marché de la seconde main, le stock

métropolitain devient très surabon-

dant, avec 200 000 m2 disponibles,

correspondant à 30 mois de com-

Source OBM

Page 6: Enquete Immo Mars2014 ECO121

GRAND ANGLE20>Enquête

Patrick Duez, CBRE

la chance du marché lillois est qu’on a les bonsfondamentaux. Sur cinq ou dix ans, on a un

marché stable et profond.Même en conjoncture difficile,il démontre sa stabilité. Ladensification d’Euralille estimportante. On va être entension sur l’offreimmédiatement disponible en2014 et 2015, donc les

immeubles de seconde main sur Euralille vonttirer leur épingle du jeu en attendant.

Malgré une tension sur les prix, lesvaleurs locativesen secteurprivilégié sontrestées très solides

VALEURS LOCATIVES PAR SECTEUR

Euralille Lille Grands boulevards

Villeneuve d’Ascq

Roubaix Tourcoing

Periphérie

220190

210175 170

145155145

160135

150

130

neuf

2ndmain

EVOLUTION DU STOCK SECONDE MAIN COMPARÉ AU VOLUME DE TRANSACTIONS

189100

190800

168000

172552195000

196900

185500

201500203998

206453

100000

50000

150000

91580

6925577237

92205

78464

2009 2010 2011 2012 2013

Stock à 6 - 12 mois Stock à 6 mois Transactions

Eloi Carton, directeur des programmesimmobiliers à la Caissed'Epargne NFE

Sur les emplacements « prime »,au cœur de Lille et sur Euralille la

demande estrestée forte en2013, du fait dequelquestransactionsavec des loyerstoujours élevés,même si Lille

est moins chère que d'autresmétropoles. Pour 2014, on entredans une conjoncture un peu pluscomplexe, mais cette partie «prime» restera. On observe desrendements à la baisse, mais ilfaut garder à l'esprit qu'unrendement élevé traduit un risqueélevé. On est dans une logiquefinancière. Qui dit risque moinsélevé dit rendement moins élevé.

mercialisation. Les acteurs de la place

aimeraient une politique de muta-

tion de la partie la plus inadaptée de ce

parc, qui permettrait à la fois de ré-

pondre à la pénurie de logement tout

en “nettoyant” les bureaux de seconde

main. Mais tous les observateurs s'ac-

cordent à dire que la turbine tertiaire

retrouvera vigueur d'abord et avant

tout avec la croissance créatrice d'em-

plois et, ipso facto, de besoins en mè-

tres carrés. « Seule une reprise éco-

nomique et le retour à la confiance des

acteurs permettront aux marchés de

retrouver de réelles conditions de re-

prise durable », analyse Benoît Tirot.

Or les indicateurs avancés de confiance

180

160160

140150

125140

120

135

110

135

115

neuf

2ndmain

Moyenne Valeurmaxi

Source BNP Paribas Real Estate

des chefs d'entreprise de la région

restent toujours d'une grande moro-

sité. Et le moteur important de la de-

mande publique et para-publique est

à la merci de coupes budgétaires dras-

tiques.

Mais Lille restera un marché impor-

tant, assis sur des acteurs variés et

puissants. Pour 2014, trois opérations

en propre vont déjà nourrir le secteur :

l'avènement (enfin) de la Cité des

Métiers, à Lille Sud, sous l'égide de

la chambre des métiers, le futur siège

régional d'Orange (17 000 m2) dont

l'annonce imminente fait l'objet de

toutes les supputations, ou encore

le rectorat

Page 7: Enquete Immo Mars2014 ECO121

GRAND ANGLE22>Enquête

Al'heure où l'argent public est

rare, c'est le meilleur outil d'ac-

compagnement des politiques

publiques ». Jean-Marie Bricogne,

ancien directeur régional de la Caisse

des Dépôts en Haute Normandie,

plaide aisément la cause de Batixia,

qu'il dirige depuis quatre ans. Atypique

depuis l'origine, cet organisme né de

la loi Gayssot l'est resté : il est sans

équivalent en France. Associant Ré-

gion, Caisse d'Epargne Nord France

Europe, Caisse des Dépôts et l'IRD (via

Batixis), il co-investit dans des SCI

dans des zones en politique de la ville

que fuient les opérateurs privés. Exem-

ple emblématique : le pôle tertiaire Ri-

véo qu'il a réalisé avec la Caisse

d'Epargne et la Sem Ville Renouvelée,

à Marquette, sur l'ancienne friche

Rhodia. Bordant la Deûle, à dix mi-

nutes du centre de Lille, l'endroit est

encore peu engageant. Après un pre-

mier bâtiment de 3300 m2 lancé en

2010, et dans lequel Batixia a im-

planté son siège, au côté de celui de

Spie Batignoles, le deuxième bâti-

ment vient d'être inauguré, attirant

plusieurs locataires comme Artelia

ou la direction des cafés Meo-Fichaux.

Restent 1600 m2 à louer. Mais la par-

tie est longue et le temps du retour sur

investissement incertain. « C'est un

peu incongru de mettre des bureaux

ici aujourd'hui. Mais à terme, on sera

dans un nouvel espace urbain d'une

qualité remarquable, ce sera le futur

plus beau parc de la métropole avec

une grande mixité fonctionnelle »

poursuit Jean-Marie Bricogne. Les

deux bâtiments similaires qui viennent

d'obtenir leur permis de construire sur

la zone ne seront en revanche pas por-

tés par Batixia, qui veut garder son rôle

de moteur en phase amont.

Autre illustration : le futur hôtel

d'entreprises de Lille-Sud, sur lequel

la participation de Batixia sera excep-

tionnellement très élevée (contre

une moyenne de 20 à 50%).

Sur 1300 m2, l'opérateur associé à

KIC va investir 3 M€ pour livrer en no-

vembre prochain un immeuble dédié

aux petites entreprises, avec des cel-

lules de 30 à 60 m2. Batixia devrait

réaliser une opération analogue à

Loos-en-Gohelle sur un bâtiment de

1600 m2, et envisage aussi d'investir

dans un ensemble de 3600 m2 sur le

technopole Transalley de Valen-

ciennes, avec la CDC et KIC. La société

a aussi signé une opération emblé-

matique à Roubaix où elle va réaliser

une extension de 6000 m2, avec la Fon-

cière des érables et la CDC, pour loger

CA Consumer Finance (livraison at-

La société d’investissement dédiée à la politique de la ville donne l'impulsion immobilière dans des zones délaissées par le privé.

Batixia joue mal placé pour gagner

tendue en 2015). Un projet d'extension

du centre d'appels Armatis à Calais est

également à l'étude, avec le promoteur

DCB International.

75 000 m2 en portefeuilleSi les sorties de programmes sont en-

core rares, elles débutent, à l'instar du

bowling de Valenciennes, dont le por-

teur vient de racheter les parts de

Batixia. Au total, celle-ci a contribué à

la construction de 90 000 m2 depuis sa

création, à travers 20 opérations, et

porte encore 75 000 m2 en porte-

feuille aujourd'hui. Dans un contexte

économique qui se durcit, avec des opé-

rations difficiles et des locataires qui

mordent la poussière (comme Puri-

function, à Eurasanté), Batixia veut

élargir son assise en nouant de nou-

veaux partenariats, avec la Sem VR,

mais aussi l'EPF ou l'Epareca (qui

réhabilite de l'immobilier à vocation

commercial dans les territoires en dif-

ficulté). Après avoir mené à bien des

projets qui totalisent 21,4 M€ en 2013,

Batixia vise 15 M€ en cette année

électorale

90000 m2

C’est le parc immobilier que Batixia a contribué à créer en dix ans

L’opération Riveo, à Marquette, vise àamorcer un nouveaupôle tertiaire surl’ancienne fricheRhodia

«