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Prface
Lnergie est une base essentielle pour le dveloppement social et conomique. Les tats doivent garantiraux populations de leur pays une fourniture dnergie en quantit suffisante tout en assurant la durabilit decet approvisionnement, c'est--dire avec des cots minimum et des effets rduits sur lenvironnement. L approvisionnement nergtique reprsente un dfit permanent pour nos socits, dautant plus que le besoindes tats africains ne cesse daugmenter. Les stratgies appliques jusquici doivent tre rvises.
La capacit de latmosphre absorber sans danger des substances toxiques est depuis longtemps dpasse. cause des missions de CO2, nous pouvons dj anticiper les effets dvastateurs du rchauffement climatique surnotre environnement et au-del sur la vie des populations, en particulier celles qui y sont trs vulnrables. En 2020,entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique pourraient tre exposes une pnurie deau croissante. Et danscertains pays du continent, les superficies agricoles sont menaces dtre rduites de moiti1.
Dans ce contexte, il est donc clair quun approvisionnement en nergie bas sur des ressources puisables, auxprix levs et fluctuants, aux cots conomiques, sociaux et environnementaux importants, tels que le ptrole, legaz naturel et le charbon, pose des risques majeurs pour le dveloppement conomique et social des pays. Lesrcents vnements tragiques au Japon et les effets menaant la sant des populations et lenvironnement nousmontrent que lnergie nuclaire noffre pas dalternative non plus. Des mesures doivent tre prises pour encourager la transition vers lutilisation des nergies renouvelables. Elles :
sont disponibles dans le monde entier, inpuisables, cologiques et contribuent la protection de lenvironnement ;
rduisent la dpendance vis--vis des importations dnergie ; augmentent la cration de valeur sur place et crent des emplois ; et scurisent lapprovisionnement nergtique au-del de lre des hydrocarbures et du charbon.
Au Sngal, la facture ptrolire slve des centaines de milliards de FCFA2 chaque anne. En 2010, 2,15 mil-lions de TEP ont t importes pour rpondre aux besoins nergtiques, soit 75% de loffre totale dnergie primaireau Sngal3. Et pourtant, sil y a bien des sources nergtiques abondantes au Sngal, ce sont le soleil et le vent.En plus, les premires initiatives ont dmontr quil est rentable de les exploiter.
Le gouvernement du Sngal et ses partenaires nationaux et internationaux ont dj entrepris des projets de valo-risation des nergies renouvelables, en particulier dans la production dlectricit, de combustibles pour la cuissondes aliments et de biocarburant. titre dexemple, le programme PERACOD de la coopration sngalo-allemande accompagne les projets dlec-trification rurale dcentralise base de solaire et dans certains cas base de sources combines solaire et o-lien. Dans le domaine de la biomasse, source importante de la consommation nergtique des mnages auSngal, le PERACOD valorise les initiatives de gestion durable des forts, de production et vente de foyers de cuis-son amliors et de biocharbon base de dchets vgtaux.
Cet ouvrage les nergies renouvelables : Les bases, la technologie et le potentiel au Sngal constitue le pre-mier document complet prsentant les diffrentes sources dnergies et leurs applications au Sngal. Il est publipar le PERACOD et a reu les contributions de plusieurs organismes au Sngal.
Les lecteurs y trouveront des informations dtailles et chiffres sur les avantages de chaque source, les principesde son exploitation, les potentiels et les technologies.Nous souhaitons quil contribue amliorer la connaissance sur les nergies renouvelables et quil convainc quela solution des renouvelables doit tre dornavant mieux tudie et promue dans tout projet de dveloppementnergtique.
Je flicite chaleureusement les auteurs de ce document pour lexcellent travail qu'ils ont fourni dans le cadre de notrebonne coopration entre le Sngal et lAllemagne.
Christian Clages Ambassadeur de la Rpublique
fdrale dAllemagne
[1] Climate Change 2007: Synthesis Report, Intergovernmental Panel on Climate Change
[2] SIE Sngal 2007
[3] Key World Energy Statistics 2010, IEA
10
1. Introduction aux nergies renouvelables
1.1. Introduction
Toutes les nergies utilises par lhomme proviennent
de lune des sources suivantes :
lnergie rayonnante mise par le Soleil (nergie-
solaire), principalement sous deux formes :
- lnergie solaire directe
- lnergie solaire capture sous la forme de
combustibles biomasse ou fossiles ;
lnergie gothermique de lintrieur de la Terre ;
lnergie des mares provenant de lattraction de la lune ; et
lnergie nuclaire.
La forme prdominante est lnergie solaire. Elle est
mille fois plus importante que toutes les autres et in-
puisable tant que le Soleil brillera (des estimations
projettent 4,9 millions dannes).
La figure 1-1. donne une vue densemble des
sources dnergies primaire sur la Terre.
Source : PERACOD
1.1.1. Dfinition de lnergie renouvelable
Les nergies sont dites renouvelables tant quelles
dpendent du systme cologique de la Terre, de lin-
solation et de lnergie gothermique de la Terre. En
pratique, les sources nergtiques renouvelables font
allusion :
la puissance hydraulique ;
lnergie biomasse ;
lnergie solaire ;
lnergie olienne ;
lnergie gothermique ; et
lnergie de la mer.
Dans le contexte de ce document, toutes les formes
dnergie renouvelable seront traites mais nous ne
ferons quesquisser trs brivement lnergie de la
mer et la gothermie parce quelles ne sont pas en-
core exploites au Sngal ou que le potentiel y est
trs faible.
La capacit de latmosphre absorber sans danger
des substances toxiques est depuis longtemps d-
passe. Lutilisation de ptrole, de gaz naturel, de
charbon et duranium comporte encore dautres
risques : ces ressources sont seulement disponibles
en quantit limite, leurs prix sont en forte augmenta-
tion et elles crent des dpendances politiques et
conomiques. Grce aux nergies renouvelables,
nous disposons de sources dnergie qui peuvent tre
utilises sans quelles mettent de substances
toxiques, et qui se renouvellent constamment par des
processus naturels si bien que, mesure lchelle
de la vie humaine, elles seront disponibles linfini.
Les pays qui entameront cette transition vers les ner-
gies renouvelables de bonne heure devraient y ga-
gner davantage par rapport aux retardataires en
matire dnergie renouvelable. Donc, un jour le re-
cours aux nergies renouvelables sera indispensable
et ceci sera d davantage des problmes environ-
nementaux qu lpuisement du ptrole brut.
Figure 1 1
Consommation nergtique mondiale
11
1.1.2. Les nergies renouvelables traditionnelles et
nouvelles
On fait parfois une distinction entre les renouvelables
traditionnelles et les nouvelles ou modernes. Alors
que le terme traditionnel sapplique lutilisation de
la biomasse, et ce principalement dans le cas de
lnergie domestique surtout dans les pays en dve-
loppement, celui des nergies renouvelables nou-
velles regroupe les formes dnergies renouvelables
modernes et durables.
Plus spcialement en matire dnergie biomasse, on
utilise diffrentes dfinitions. Le terme de combusti-
bles renouvelables et dchets inclut toutes les ma-
tires vgtales et animales utilises directement ou
transformes en combustibles solides, les combusti-
bles liquides et gazeux tirs de la biomasse, ainsi que
les dchets industriels et municipaux transforms en
nergie. Les principaux combustibles issus de la bio-
masse des pays en dveloppement sont le bois de
feu, le charbon de bois, les rsidus agricoles et les
djections animales appels souvent biomasse tradi-
tionnelle1.
Les sources nergtiques renouvelables sont habi-
tuellement considres comme tant un lment de
rponse aux enjeux environnementaux, sociaux et
conomiques actuels. En 2006, les nergies renouve-
lables reprsentaient environ 18 % de la consomma-
tion dnergie primaire dans le monde :
principalement de biomasse traditionnelle. Cependant
les nergies nouvelles, cest--dire le solaire, lo-
lien et lnergie marmotrice contribuaient hauteur
de seulement 0,2 % de lutilisation nergtique pri-
maire dans le monde (voir figure 1-2). La majeure par-
tie de ces nergies renouvelables provient de la
Figure 1 2
Structure de la consommationmondiale dnergie finale en 2006
Figure 1 3
Evolution delapprovisionnementmondial en nergieprimaire renouvelableet la part en nergiesrenouvelables
Source : Erneuerbare Energien in Zahlen nationale und internationale Entwicklung,BMU - Bundesumweltministerium [Ministrede lEnvironnement] 2009.
Source : ErneuerbareEnergien in Zahlen
nationale und internati-nale Entwicklung BMU -Bundesumweltministerium(Ministre de lEnvironne-
ment) 2009.
1
Ces paragraphes suivants sonttirs de : Dossier thmatiquen10, Renouvelables 2004. Jo-hansson, Thomas B. et al. : Lespotentiels de lnergie renouve-lable. Note sur les citations : Nousnutilisons pas dannotationscientifique dans ce document.Des parties de textes sont ci-tes sans parenthses afin derendre cette brochure plus lisible.
12
biomasse et de lnergie hydraulique, des grandes
centrales hydrauliques essentiellement (voir figure 1-3).
En gnral, les sources dnergies renouvelables sont
des sources nergtiques indignes ; ainsi ont-elles le
potentiel de fournir des services nergtiques avec le
risque 0 ou presque 0 polluant et gaz effet de serre.
Lnergie renouvelable est inpuisable et abondante.
Cest sur les combustibles fossiles que la rvolution
industrielle sest construite. Lge du ptrole (temps
pendant lequel les combustibles fossiles fournissent
en nergie la plus grande partie de lhumanit) est
considr comme une priode de temps trs courte.
(figure 1-4).
Les combustibles fossiles (ainsi que les combustibles
nuclaires) ne sont pas eternels et ont dmontr quils
sont la source de nombreux problmes environne-
mentaux. Il est clair quun jour les nergies renouve-
lables devront dominer le systme nergtique
mondial.
Les nergies renouvelables prsentent de nombreux
avantages : elles
sont disponibles dans le monde entier ;
sont inpuisables ;
sont cologiques et contribuent la protection de
lenvironnement ;
comportent peu de risques ;
rduisent la dpendance vis--vis des importations
dnergie ;
augmentent la cration de valeur sur place et crent
des emplois ;
contribuent ainsi la rduction de la pauvret ; et
assurent la scurit de lapprovisionnement ner-
gtique.
De surcrot, tant donn que lnergie renouvelable
est normalement convertie lendroit mme de son
utilisation, tous les aspects relatifs aux transports
dnergie (comme avec les combustibles fossiles)
sont exclus. Dans un sens plus large, on devrait
conclure que lnergie renouvelable a en soi un as-
pect antimonopoliste de par son utilisation,
puisquune centralisation des units dans quelques
mains (comme avec les grandes compagnies ptro-
lires) est principalement impossible.
1.2. Caractristiques de base des nergiesrenouvelables
Lnergie solaire se manifeste sous forme de chaleur
solaire basse temprature, chaleur solaire haute
temprature, lectricit olienne et photovoltaque.
La chaleur solaire basse temprature est produite
par labsorption de la lumire du Soleil par des sur-
faces assombries qui la convertissent en chaleur pour
tre utilise pour chauffer de leau ou dautres fluides.
La chaleur solaire haute temprature, au contraire,
est obtenue en faisant concentrer la lumire du Soleil
et les fluides de chauffage haute temprature pour
gnrer de llectricit.
Le photovoltaque (appel aussi lectricit solaire) est
la transformation directe du composant ultraviolet de
la lumire du Soleil en lectricit dans des endroits
appropris.
Lnergie olienne est gnre par les vents issus de
turbulences causes par le rchauffement (ingal) de
latmosphre par la chaleur solaire. La plupart des
parcs oliens sont aujourdhui constitus doliennes
(connectes en rseau) qui produisent directement
de llectricit partir du vent. Les moulins vent
Figure 1 4
Consommation nergtique mondiale
1EJ (exajoule) = 1018 joules = 277,8 millions MW/hSource : Conseil nergtique mondiale, tir de Jargstorf 2004 (modifi)
13
qui ont t des applications du vent au dbut du si-
cle dernier - sont pour la plupart utiliss aujourdhui
pour le pompage de leau.
Lnergie gothermique se manifeste sous forme
deau chaude ou de vapeur et peut tre utilise pour
le chauffage ou pour la production dlectricit dans
certaines rgions spcifiques. Actuellement les tech-
nologies utilisant lnergie gothermique favorisent la
production de llectricit et sont encore un stade
de dveloppement embryonnaire.
La puissance hydraulique est indirectement lie au
rayonnement solaire qui vapore leau des ocans
pour former avec la pluie les rivires des continents.
On construit des barrages sur les rivires pour consti-
tuer des rservoirs, qui garantissent une production
stable en eau pour produire de llectricit. On diff-
rencie gnralement les grandes centrales hydro-
lectriques de puissance lectrique suprieure 10
MW et les petites centrales.
Les grandes centrales puissance hydraulique inon-
dant de grandes tendues engendrent des dplace-
ments de la population et ont des consquences
indsirables et souvent imprvisibles long terme tant
sur le plan environnemental que sur le plan social ;
cest pourquoi elles sont considres par certains
comme ressources non-renouvelables. Les centrales
plus petites ne gnrent pas de tels problmes 2.
La biomasse (dchets organiques) reprsente une
partie relativement faible de lnergie solaire qui est
transforme par la photosynthse. Alors que le ren-
dement nergtique - rapport entre la production
(nergie produite) et le productible estim pour la
photosynthse est moins de 0,5 %, un panneau pho-
tovoltaque a un rendement de 10 15 %. Une partie
de ces dchets a t enterre depuis trs longtemps
(environ 290 millions dannes) par les sdiments et
tremblements de terre puis transforme par laction
des bactries en charbon, ptrole et gaz qui consti-
tuent actuellement les ressources en combustibles
fossiles (qui ne sont pas renouvelables). La biomasse
est considre habituellement comme nergie renou-
velable sauf si son exploitation contribue la dfo-
restation.
Ainsi la biomasse tout comme la puissance hydrau-
lique grande chelle sont les deux seules formes
dnergies renouvelables qui peuvent causer de s-
vres catastrophes - la biomasse au cas o elle est
surexploite et la puissance hydraulique si elle est g-
nre dans des dimensions gigantesques.
Les nergies renouvelables peuvent couvrir toute
forme de besoins nergtiques. Une caractristique
trs importante de la plupart des nergies renouvela-
bles est nanmoins quelles sont de nature intermit-
tente. Le Soleil ne brille que pendant la journe et
lnergie olienne par exemple nest pas disponible
rgulirement. Cette caractristique constitue en soi
un inconvnient de la plupart des nergies renouve-
lables avec toutefois une exception notable pour
lnergie gothermique, et un moindre degr la puis-
sance hydraulique et la biomasse.
Pour contourner cette nature intermittente de lner-
gie renouvelable, on doit avoir recours des appa-
reils de stockage relativement coteux (comme les
batteries pour les systmes photovoltaques ou ci-
ternes de stockage deau pour la puissance hydrau-
lique) ce qui augmente considrablement les cots
du systme complet.
1.2.1.Calcul du cot des renouvelables
Lconomie des nergies renouvelables est normale-
ment plus difficile calculer que celle des combusti-
bles conventionnels (fossiles).
Ceci cause des variations de lnergie, selon le
temps et lendroit. Par consquent, il ne sera pas ais
de fournir une comparaison gnrale des diffrentes
formes dapplications de lnergie renouvelable.
Si on compare llectricit issue des nergies renou-
velables dans des conditions normalises, comme
celles rencontres en Europe (avec une radiation so-
laire relativement basse, une vitesse du vent moyenne
annuelle de 6m/s, etc.), on arrive seulement des r-
sultats trs relatifs. On peut quand mme constater
que lnergie olienne reprsente de loin lnergie re-
nouvelable la plus conomique lheure actuelle. La
puissance hydraulique avec des dimensions inf-
rieures 10 MW a de loin les cots dinstallation et
dexploitation les plus levs. Lnergie solaire a en-
core des cots dinstallation plus levs, mais ap-
proximativement les mmes cots dexploitation que
lnergie olienne.
2
Ce paragraphe et lessuivants sont tirs de :Dossier thmatique n1,Renouvelables 2004.Goldemberg, Jos :The Case for RE.
14
1.3. nergies renouvelableset changement climatique
1.3.1.Les raisons du changement climatique
Le systme nergtique mondial actuel est fortement
dpendant de lutilisation des combustibles fossiles.
Le charbon, le ptrole et le gaz dans le monde repr-
sentent presque 80 pour cent de la consommation
dnergie primaire. Les combustibles fossiles consti-
tuent la premire source dmissions de gaz carbo-
nique (CO2). Selon le Groupe dexperts intergouver-
nemental sur lvolution du climat, le GIEC, la concen-
tration en gaz carbonique a atteint des volumes de
385 ppm (parties par million) par rapport aux 280 dil
y a deux cents ans laube de la rvolution indus-
trielle.
Le rchauffement climatique est un phnomne
d'augmentation de la temprature moyenne des
ocans et de l'atmosphre l'chelle mondiale sur
plusieurs dcennies. Entre 1906 et 2005, la temprature
moyenne au niveau du sol a augment de 0,74 C (
0,18 C tolrance aux erreurs). La dcennie entre
2000 et 2009 a montr de loin les plus hautes temp-
ratures jamais mesures3.
Le GIEC affirme que le rchauffement climatique de-
puis 1950 est avec une trs grande probabilit d'ori-
gine humaine (cela signifie avec une probabilit de
plus de 90 %)4.
En lan 2000 le gaz carbonique reprsentait 78 % des
missions des gaz effet de serre anthropiques, suivi
du mthane (14 %).
Aujourdhui la question, longtemps controverse, sa-
voir si les gaz effet de serre contribuent au rchauf-
fement de la plante, ne se pose plus. Les
discussions scientifiques actuelles tournent autour de
la question comment attnuer le rchauffement pla-
ntaire et comment sy adapter.
La crise conomique rcente a ralenti de manire si-
gnificative les missions en CO2. Ainsi, pour la pre-
mire fois en quarante ans, les missions mondiales
de gaz effet de serre ont baiss d'environ 3 %. Cette
situation nouvelle pourrait prsenter un grand poten-
tiel pour rorienter les systmes nergtiques mon-
diaux et investir dans des techniques pauvres en CO2mais les volutions rcentes, notamment le quasi
chec de la Confrence de Copenhague sur le climat
en dcembre 2009, laissent craindre que cela ne soit
pas le cas et que cette baisse soit regagne par la suite.
Dans son bilan 2009, le World Energy Outlook,
lAgence internationale de lnergie (AIE) prdit que
si le monde poursuit sa trajectoire actuelle, les
hommes rejetteront 40 milliards de tonnes de CO2 en
2030. laube de la Confrence de Copenhague,
lAIE avait prsent deux scnarios : un scnario de
rfrence qui part du principe dune prolongation des
tendances actuelles (business as usual) et un sc-
nario 450 dont lobjectif est de limiter la concentra-
tion de gaz effet de serre dans latmosphre de 450
parties par million (ppm). Il sagit du seuil critique pr-
conis par le GIEC, afin de maintenir, selon les tho-
ries actuelles, laccroissement moyen de temprature
de la Terre en dessous de 2 C par rapport l're pr-
industrielle. On estime aujourdhui quun rchauffe-
ment au dessus de ces 2 C entranera des
consquences irrversibles. Sans une rorientation
3
http://www.metoffice.gov.uk/corporate/pressoffice/2009/pr20091208b.html [consult le18 fvrier 2010 11h15]
4
Le quatrime rapport de2007 du GIEC emploie leterme trs probable: Les-sentiel de llvation de latemprature moyenne duglobe observe depuis le mi-lieu du XXe sicle est trsprobablement attribuable lahausse des concentrationsde GES anthropiques. Cetteconstatation marque uneprogression par rapport laconclusion du troisimerapport dvaluation, selonlaquelle lessentiel du r-chauffement observ aucours des 50 dernires an-nes est probablement d laccroissement de laconcentration de GES. Ainsi,lestimation du rle probablede lhomme dans le change-ment climatique a augmententre 2001 et 2007, puisquedans le rapport de 2001, cerle ntait qualifi que deprobable.
Figure 1 5
Leffet de serre
Source : Image cre par Robert A. Rohde / Global Warming Art
15
fondamentale des politiques nergtiques et une r-
duction drastique de gaz effets de serre, le scna-
rio de rfrence prvoit un rchauffement allant
jusqu 6 C.
Le cadre de rfrence de lAIE prconise une hausse
des besoins en nergie de 40 % dici 2030. 93 % de
la demande supplmentaire proviendra des pays non
membres de lOCDE, commencer par la Chine et
lInde, suivis des pays du Moyen Orient.
Contrairement au scnario de rfrence, suivre le
scnario 450 signifiera datteindre un pic dmis-
sions annuelles anthropiques de 30,9 milliards de
tonnes ds 2020 et darriver des missions an-
nuelles de 26 milliards de tonnes en 2030. Pour arriver
cet objectif, lAIE a procd une analyse des pos-
sibilits de renverser la tendance actuelle par secteur
et rgion. Les mesures prendre seraient avant tout
des mesures damlioration defficacit nergtique
et une dcarbonisation de lnergie en mettant lac-
cent sur les nergies renouvelables et lnergie nu-
claire.
Le sommet de Copenhague, tant attendu, a chou
et les tats nont pas pu sentendre sur un accord ju-
ridiquement contraignant remplaant le protocole de
Kyoto.
Les tats ont seulement ritr leur intention de limi-
ter la hausse de la temprature mondiale en dessous
de 2 C. Cet accord nest pas contraignant et pour
linstant les efforts runis des pays ne pourront de loin
aboutir cette limite.
Il est certain que le continent africain subira un
grand degr les consquences du rchauffement
malgr le fait quil est le plus faible metteur de CO2.
Selon le quatrime rapport du GIEC 2007, il faut sat-
tendre un rchauffement entre 2,6 et 5,4 C (en
moyenne 3,6) pour la zone du Sahel. Les simulations
de changement climatique daujourdhui ne permet-
tent pas encore de pronostic fiable concernant lvo-
lution des prcipitations dans cette zone. Il y a des
modles qui prvoient une augmentation dhumidit
dans la zone mais la plupart des voix prdisent une
amplification des scheresses dans la rgion.
Pour le Sngal, situ sur la bande sahlienne et dot
dune cte maritime longue de 500 km, les change-
ments climatiques se feront ressentir avec certitude et
on devrait prparer leur attnuation plus rapidement
que ce nest le cas actuellement. Depuis quelques an-
nes, on observe des phnomnes drosion ctire
qui vont probablement sexacerber, notamment sur
laxe Rufisque-Bargny.
Le rapport du GIEC 2007 souligne la gravit des
consquences du rchauffement climatique pour la
totalit du continent africain, surtout en ce qui
Figure 1 6
Emissions CO2 lies aux besoins en nergiepar rgion selon le scnario de rfrence
Source : World Energy Outlook 2009 OECD/IEA, 2009, [figure4.10], [page 181] 5 GT = gigatonne
5
Legende: Africa = Afrique,Latin America = Amrique La-tine, OECD Pacifique = OCDEPacifique, Middle East = MoyenOrient, Other Asia = autrespays dAsie, E. Europe / Eura-sia = Europe de lEst / Eurasie,India = Inde, OECD Europe =OCDE Europe, OECD North =OCDE Nord, China = Chine
6
Legende: Reference Scenario :all gases = scnario de rf-rence : tous les gaz // Refe-rence Scenario : Co2 = scnariode rfrence : CO2 // 450 Sce-nario : all gases = scnario 450: tous les gaz // 450 Scenario: CO2 = scnario 450 : CO2.
Figure 1 7
Trajectoires des missions CO2selon les scnarios
Source : World Energy Outlook 2009 OECD/IEA, 2009,[figure 5.1.], [page 199] 6
16
concerne la disponibilit deau et lagriculture. On sat-
tend un agrandissement des surfaces arides et
semi-arides entre 5 et 8 %, ce qui signifie une dimi-
nution des surfaces cultivables de 60 90 millions
dhectares7.
Le gouvernement sngalais a dvelopp un Plan Na-
tional dAdaptation (PANA) mais manque de moyens
financiers pour le mettre en uvre. Le besoin de fi-
nancement supplmentaire pour protger les infra-
structures contre la hausse du niveau maritime est
estim 86 milliards francs CFA pour la seule zone
de lAfrique de lOuest8.
La relation entre laugmentation des catastrophes na-
turelles et le changement climatique est aujourdhui
inconteste. La Fdration internationale de la Croix-
Rouge chiffre une augmentation de 60 % de catas-
trophes naturelles au cours de la dernire dcennie
(de 1997 2006) par rapport la dcennie prc-
dente (1987 1996) 9. Le Haut Commissariat des Na-
tions Unies pour les rfugis prvoit de grandes
vagues de migration et a identifi au moins cinq sc-
narios de dplacements induits par les changements
climatiques10.
Les grandes compagnies dassurance annoncent de-
puis longtemps une hausse des cots pour les assu-
rances due laugmentation des catastrophes
naturelles 11. Pour des pays en voie de dveloppement
comme le Sngal, cest dautant plus important,
puisque, contrairement au monde occidental, les agri-
culteurs au Sngal ne sont pas assurs et devront
supporter tout seuls ces cots.
1.3.2.Stratgies contre le changement climatique
Les trois principales stratgies pour rfrner les mis-
sions de CO2 sont :
une utilisation plus efficace de lnergie, spciale-
ment dans le transport, la construction et le proces-
sus de production ;
laccroissement de la confiance dans les sources
dnergie renouvelable ;
le dveloppement acclr et le dploiement de
nouvelles technologies nergtiques de pointe avec
zro mission nocive (telle la technologie dhydro-
gne).
La pertinence de ces diffrents points dpend du ni-
veau de dveloppement de la rgion ainsi que de la
disponibilit des ressources naturelles et technolo-
giques. Il y a cependant dnormes diffrences dans
les systmes nergtiques des pays en dveloppe-
ment et industrialiss (OCDE) comme indiqu dans la
figure 1-8.
Dans les pays de lOCDE qui ont atteint un trs haut
niveau de dveloppement, la stratgie principale est
de gagner en rendement nergtique. Dans les pays
en dveloppement o les nergies renouvelables
(surtout la biomasse) jouent dj un rle trs impor-
tant (autour de 30 %) - bien quutilises des fins peu
rentables la meilleure stratgie suivre semble tre
la modernisation de leurs utilisations.
Dans les pays en dveloppement, la consommation
nergtique augmente plus vite que dans les pays de
lOCDE, ce qui confre une grande marge pour lin-
novation au fur et mesure que le systme nerg-
tique volue.
7
Welt im Wandel Zukunftsf-hige Bioenergie und nachhal-tige Landnutzung. WBGU:Wissenschaftlicher Beirat derBundesregierung GlobaleUmweltvernderungen. 2008,p. 148.
8
Selon une estimation duPNUD. Source : Change-ments climatiques : Le Sn-gal particulirement expos.Le Quotidien : 4 dcembre2008.
9
http://www.challenges.fr/ac-tualites/entreprises/20071212.CHA4741/le_chan-gement_climatique_multi-plie_les_catastrophes_nat.html [consult le 18 fvrier2010 10h05]
10
UN High Commissioner forRefugees, Changements cli-matiques, catastrophes natu-relles et dplacement humain: une perspective du HCR,23 October 2008, Sourcehttp://www.unhcr.org/ref-world/docid/4a2673fe2.html[consult le 18 fvrier 2010 12h00]
11
Voir p.ex. http://www.mu-nichre.com/de/ts/climate_change_and_insurance/default.aspx [consult le 18 fvrier2010 13h05]
12
Source : AIE. Cit daprsRenewable Energy & Deve-lopment. Brochure to accom-pany the Mobile Exhibition onRenewable Energy in Ethio-pia. By Jargstorf, Benjamin.GTZ & Ethiopian RuralEnergy Development andPromotion Centre (EREDPC).Addis Ababa 2004.. [Seracite par la suite : Jargstorf2004]
.
Figure 1 8
Diffrents systmes nergtiques 12
% de la consommation
Source : Jargstorf 2004
17
1.4. Les nergies renouvelableset le dveloppement durable
1.4.1.Quest-ce que le dveloppement durable ?
Les services nergtiques sont fondamentaux pour le
dveloppement social et conomique ils jouent un
rle important, p. ex. pour radiquer la pauvret, pour
garantir la qualit de vie, pour dvelopper des milieux
ruraux et urbains et pour amliorer lgalit des
chances.
Dans les dcennies venir, le systme nergtique
mondial sera confront des challenges importants :
une population mondiale croissante qui pourrait at-
teindre 8,3 milliards en 2020 13 pour ralentir et arriver
9 milliards en 2050 selon les prvisions des Nations
Unies 14, a besoin dun approvisionnement suffisant en
services nergtiques. Laugmentation de la popula-
tion aura principalement lieu en Afrique, au Moyen-
Orient et en Inde, donc la plupart du temps dans des
pays qui ont un accs limit lnergie propre.
Presque toute laugmentation de la population atten-
due entre 2000-2030 aura lieu dans les milieux ur-
bains des rgions les moins dveloppes dont la
population doublera avec 4 milliards en 2030. En
2009, pour la premire fois dans lhistoire de lhuma-
nit, la population urbaine mondiale dpasse la po-
pulation rurale15.
Le plus grand taux de croissance est prvu en Afrique
au sud du Sahara 16. Cet accroissement va augmenter
la fois la pauvret des villes et le manque dnergie
en milieu rural.
En dbut de ce millnaire 2 milliards de personnes au
monde vivent avec moins de 1$ par jour et consom-
ment 0,2 tonne dquivalent ptrole (TEP) par per-
sonne pendant que 1 milliard des plus riches en
utilisent 25 fois plus. Environ 1,6 milliard de personnes
na pas accs llectricit et lapprovisionnement
nergtique de plus de 2 milliards provient de la com-
bustion du bois et des djections animales17.
Les relations bien connues entre laccroissement
nergtique et conomique, la sant environnemen-
tale et humaine, lgalit des chances, leau, la pro-
ductivit agricole, les technologies de linformation et
des communications, la gestion du risque et des ca-
tastrophes naturelles, etc. soulignent limportance du
secteur de lnergie dans toute stratgie de dve-
loppement durable. Clairement, lnergie est un fac-
teur critique influenant les rponses communautaires
mondiales plusieurs objectifs des Objectifs de D-
veloppement de lONU pour le Millnaire (OMD) dont
celui visant rduire la pauvret.
Il est aujourdhui primordial de lier la problmatique
nergtique des pays en voie de dveloppement
avec les OMD et les stratgies nationales de rduc-
tion de la pauvret.
Pour lnergie, les principales cls pour le dvelop-
pement durable peuvent tre formules comme suit :
une politique nergtique durable doit au moins ap-
provisionner suffisamment en services nergtiques
de base la population mondiale croissante et les fu-
tures gnrations ;
comme la richesse conomique est rpartie inga-
lement entre les rgions, les pays industrialiss et en
dveloppement et que, laccs aux services nerg-
tiques diffre par consquent de faon significative
au sein des pays, on doit garantir tous les membres
des socits lgalit des chances face laccs aux
services nergtiques de base ; et
les catastrophes naturelles doivent tre limites
un niveau pour assurer les fonctions de protection de
la nature long terme.
prsent, le secteur de lnergie cause de srieux
problmes environnementaux tous les niveaux dans
le monde : local, rgional et national. Les impacts en-
vironnementaux de lextraction de lnergie, du traite-
ment et de son utilisation sont multiples. Dun point de
vue mondial, ils sont dune importance croissante :
surtout limpact anthropique sur le systme climatique
cause des missions des gaz effet de serre, le d-
clin de la biodiversit cause dune utilisation de la
biomasse non-durable et la dvastation des cosys-
tmes par les infrastructures nergtiques. Mais aussi
lacidification rgionale des sols, lacs et rivires ainsi
que la contamination nuclaire causent de lourds
dommages pour la nature et par consquent pour les
socits. La destruction ou la contamination des co-
systmes accompagnent souvent la destruction ou la
mise en danger dune grande partie des communau-
ts humaines.
13
http://www.geopopulation.com/20090517/demographie-mondiale-les-dernieres-ten-dances-des-previsions-projection-2030/ [consult le 18fvrier 2010 14h30]
14
UNFPA : tat de la populationmondiale 2004
15
World Energy Outlook 2009.OECD / iea-InternationalEnergy Agency, p.58
16
Daprs lINED, linstitut natio-nal dtudes dmogra-phiques : Source :http://www.ined.fr/fr/pop_chif-fres/pays_du_monde/[consult le 18 fvrier 2010 14h55]
17
Source : Jargstorf 2004
18
1.4.2.Principes dexcution
du dveloppement durable
En prenant en compte les diffrentes technologies et
options pour le secteur nergtique, un cadre global
de neuf programmes dexcution forme la condition
essentielle pour un systme nergtique dvelop-
pement durable dans le monde :
les services nergtiques pourraient tre dvelop-
ps et tendus grce des progrs nergtiques ef-
ficaces, grce aux renouvelables et aux technologies
faible pollution et faibles risques, de manire d-
velopper des ressources et minimaliser les risques
de catastrophes cologiques ;
lexploitation des sources dnergies renouvelables
ne devrait pas excder leur facteur de rgnration ;
les dgts cologiques dus la consommation
nergtique devraient tre maintenus des niveaux
nexcdant pas les capacits de lcosystme se r-
gnrer et/ou sadapter ;
lutilisation des technologies nergtiques avec des
potentiels haut risque devrait tre minimise ;
les services nergtiques devraient tre fournis
moindre cot en prenant en compte les cots ex-
ternes ;
la transition des systmes nergtiques tradition-
nels vers ceux dveloppement durable devrait tre
mise en uvre de faon que les effets sur lemploi et
autres aspects sociaux soient positifs. Les impacts
ngatifs devant tre limits des niveaux que pour-
raient compenser dautres politiques ;
la gestion du conflit suivra les principes dmocra-
tiques ainsi en tenant compte suffisamment des int-
rts des gnrations futures ; et
la justice lchelle mondiale et lgalit des
chances dans le secteur de lnergie mnent les pays
industrialiss avoir une responsabilit spcifique et
exigent des ngociations quitables.
1.4.3. La responsabilit des pays industrialiss
Un vritable systme nergtique lchelle mondiale
runirait toute la plante, toutes les personnes et
toutes les nations. Cependant le Nord industrialis a
t et restera les annes venir le meneur cl du
systme nergtique actuel et celui qui prend une
part importante dans les affaires environnementales
mondiales.
Le Nord est responsable des quelques 75 % des
missions en CO2, consomme directement et indirec-
tement jusqu 70 % des ressources en minraux et
mtaux et laisse son empreinte cologique sur plus
de 50 % de terres cultivables de notre plante.
Les missions de dioxyde de carbone par habitant
dans les diffrentes rgions du monde varient gran-
dement : le nord de lAmrique en met environ 20 t/h,
lOcanie environ 10 t/h et lEurope moins de 8 t/h ce
qui reprsente entre deux fois et cinq fois la moyenne
mondiale. Au contraire, plusieurs rgions en dvelop-
pement dans le monde mettent moins de 3 t/h de
CO2 par an18.
Pour les conomies du Sud, ayant droit leur dve-
loppement propre, un changement fondamental des
modles de production et de consommation dans le
Nord constitue une prcondition essentielle pour tout pro-
grs vers le dveloppement durable lchelle mondiale.
Des changements grande chelle seront nces-
saires : la combinaison dun changement durable
dans les pays industrialiss avec une intgration im-
minente des pays en dveloppement vers un nouveau
modle de dveloppement est ncessaire et est in-
vitable long terme.
Du fait de leur responsabilit historique dans les mis-
sions mondiales de gaz effet de serre, les pays in-
dustrialiss ont une responsabilit rparer les
bouleversements climatiques actuels. Ils doivent sou-
tenir financirement et techniquement l'adaptation des
populations souffrant le plus des consquences des
changements climatiques ainsi que la rparation des
catastrophes environnementales et le soutien aux d-
placs environnementaux. Copenhague 30 milliards
de dollars US sur trois ans ont t promis aux pays les
plus pauvres pour financer des projets leur permet-
tant de sadapter au rchauffement climatique. Mais
18
Source : Jargstorf 2004
19
pour linstant, les conditions de ces paiements nont
pas encore t clairement dfinies.
1.5. Les nergies renouvelables,lemploi et la scurit nergtique
1.5.1.Les nergies renouvelables et lemploi
Les industries des nergies renouvelables et les sec-
teurs de services sont en croissance rapide dans de
nombreux pays. Il est vident que la promotion syst-
matique de telles technologies nouvelles offre de
grandes opportunits pour :
linnovation ;
le dveloppement des marchs nergtiques lo-
caux ou rgionaux ; ainsi que
la cration de nouveaux emplois avec des exi-
gences de qualification trs diffrentes.
Pendant que le dveloppement et le dploiement de
technologies de pointe telles que les nergies o-
liennes ou photovoltaques rclament une main du-
vre hautement qualifie dans les pays industrialiss,
les pays en dveloppement peuvent bnficier co-
nomiquement de lutilisation accrue de lnergie issue
de la biomasse, aussi bien pour les usages productifs
que pour lapprovisionnement en nergie.
Lutilisation tendue des cuisinires amliores au
bois et au charbon au Sngal, au Mali et dans dau-
tres pays africains ainsi que la production dthanol
partir du sucre de canne au Brsil en constituent des
exemples.
De manire gnrale, les nergies renouvelables sont
importantes pour lemploi local et pour la cration de
revenus, rsultat de la production, du dveloppement
de projet, des prestations de service et dans le cas
de la biomasse de lemploi rural.
Habituellement, les sites o on exploite les nergies
renouvelables
sont dcentraliss ;
modulaires en taille ;
ont des cots dexploitation bas ; et
des dlais courts de construction.
Plus spcialement, le dernier avantage brefs dlais
de prparation de la planification et de la construction
confre une plus grande flexibilit aux projets
dnergie renouvelable en matire de planification
dnergie et dinvestissement. Si on compare une cen-
trale hydraulique typique (30 MW) avec une ferme o-
lienne de puissance gale, les temps de construction
de la centrale hydraulique peuvent tre facilement 5
10 fois plus longs que ceux du site olien. En pratique,
les courts dlais de prparation dun projet dnergie
renouvelable signifient moins de planification en ma-
tire de scurit et plus de rentabilit des investisse-
ments.
En ce qui concerne les emplois directs dans la pro-
duction nergtique, on constate que les technologies
des nergies renouvelables gnrent plus demplois
que les combustibles fossiles ou nuclaires (voir fi-
gure 1-9).
Dans la foule du boom mondial des nergies renou-
velables, on a pu enregistrer une monte significative
dans la cration demploi dans le secteur. Lanne
2008 a vu une augmentation des emplois au-del des
2,4 millions demplois prvus dans le Renewables
2007 Global Status Report. Toutefois, il nexiste pas
de chiffres mondiaux fiables.
Figure 1 9
Emplois gnrs parles technologies de lnergie
*) Ethanol du sucre de canne (Brsil) / Source : Jos Goldemberg : The Case for RE.Dossier thmatique N1, Renouvelables 2004, p.5.
20
1.5.2. La scurit nergtique
Il est trs coteux de maintenir la scurit nergtique
aujourdhui dans les pays industrialiss. Ces cots ne
sont pas inclus dans le prix du combustible, mais sou-
vent cachs et on les retrouve dans les dpenses mi-
litaires et de scurit. Les prix volatiles du march
mondial pour les sources nergtiques convention-
nelles, en particulier les produits ptroliers, font cou-
rir des risques importants une grande partie de la
stabilit mondiale conomique et politique avec par-
fois des effets dramatiques sur les pays en dvelop-
pement importateurs dnergie. Dans ce contexte, les
nergies renouvelables peuvent aider diversifier
lapprovisionnement nergtique et augmenter la
scurit nergtique.
Largent dpens dans les technologies des nergies
renouvelables reste en grande partie dans le pays qui
dpense, alors que largent dpens en combustibles
fossiles va directement aux pays producteurs. De
mme, linvestissement dans les nergies renouvela-
bles contribue tendre plus amplement le dvelop-
pement conomique. De plus, dans une perspective
moyen et long terme, les nergies renouvelables
prolongent les rserves de la plupart des combusti-
bles fossiles.
En ce qui concerne tout particulirement les produits
ptroliers, des menaces potentielles finissent par des
flambes des prix qui causent des problmes cono-
miques dans des rgions entires et interrompent la
croissance conomique mondiale.
Le systme nergtique actuel dans les pays indus-
trialiss est fortement dpendant des combustibles
fossiles qui sont gographiquement centraliss dans
quelques rgions du globe. La dpendance aux com-
bustibles imports laisse de nombreux pays vulnra-
bles face linterruption de lapprovisionnement et
pse sur leur balance commerciale.
Le Sngal par exemple, du fait de labsence de res-
sources fossiles conomiquement exploitables et du
faible dveloppement des nergies renouvelables, est
confront une forte dpendance nergtique vis--
vis des importations de produits ptroliers.
Ainsi, la facture ptrolire est passe de 184 milliards
de FCFA en 2000 384 milliards de FCFA en 2006.
Aussi, selon le rapport 2007 du SIE-Sngal, plus de
46 % du revenu des exportations est actuellement mo-
bilis pour honorer cette facture.
Les nergies non-renouvelables (combustibles fos-
siles et nuclaires) sont sujets de nombreux pro-
blmes politiques et environnementaux tels que
linterruption de la production, du commerce et du
transport ;
les accidents environnementaux pendant le transport ; et
les conflits, sabotages et attaques terroristes.
Rduire une telle dpendance est une haute priorit
dans beaucoup de pays, particulirement dans les
pays en dveloppement importateurs de ptrole qui
dpensent frquemment une grande partie de leurs
capitaux trangers en importation de ptrole. Des
pays africains sans puissance hydraulique dpensent
une grande partie de leurs bnfices en devises dans
limportation des combustibles fossiles.
Augmenter la part des nergies renouvelables dans
leurs systmes signifie une importante tape vers une
plus grande scurit nergtique.
1.5.3. Les nergies renouvelables
et la rduction de la pauvret
Une meilleure utilisation de lnergie renouvelable est
troitement lie la rduction de la pauvret puisque
les services nergtiques peuvent :
amliorer laccs leau potable et la nourriture
cuite ;
rduire le temps pass par les femmes et les en-
fants des activits lmentaires de survie (rassem-
bler du bois de feu, aller chercher de leau, cuire les
aliments, etc.). Le temps ainsi gagn peut tre utilis
dautres fins ;
fournir de la lumire afin de pouvoir tudier la mai-
son, augmenter la scurit et permettre lutilisation
des mdias ducatifs et de communication ; et
rduire lrosion du sol et la dforestation quand ils
constituent un substitut direct aux combustibles issus
de la biomasse.
Plus de 2 milliards de personnes nont pas accs
des services nergtiques abordables, bass sur une
utilisation efficace des combustibles gazeux ou li-
1.5.4.Les cots externes ou cots sociaux dans le
secteur de lnergie
Le cot lev des nergies renouvelables du fait de
l'absence de prise en compte des cots externes (no-
tamment du point de vue de leur impact long terme
sur la sant ou l'environnement) procure un avantage
artificiel aux combustibles fossiles. Cest la socit en-
tire qui, dune manire ou dune autre, doit supporter
ces cots. Cest pourquoi on les appelle galement
les cots sociaux.
Pour donner un exemple concret : si un ptrolier coule
et que son chargement de ptrole brut se vide dans
locan, ce nest ni la compagnie ptrolire ni lunit
lectrique qui il tait destin qui devra supporter les
frais pour nettoyer les plages et pour compenser les
dgts dans le domaine de la pche et du tourisme
mais les gouvernements, donc la socit toute entire.
quides et de llectricit, et sont dpendants de la col-
lecte du bois nergie.
Cela contraint leurs chances de dveloppement co-
nomique et celles damliorer leur niveau de vie. Les
femmes, les personnes ges et les enfants souffrent
dmesurment de leurs dpendances aux combusti-
bles traditionnels et des missions dues la cuisson
qui sont la principale cause des maladies respira-
toires.
Laccs llectricit en rseau sera loin dtre assur
dans la plupart des pays avant longtemps. Ainsi, lac-
cs aux technologies nergtiques de petite chelle
dcentralises et modernes, en particulier les ner-
gies renouvelables, est un lment important pour ga-
rantir une attnuation de la pauvret.
21
Figure 1 10
Enfants tudiant le soir la lueur dune bougie
Source : GIZ / Kamikazz
Figure 1 11
Consultation mdicale la lampe torche
Source : GIZ / Kamikazz
22
Les cots externes des nergies renouvelables sont
trs bas et ils sont parfois mme galiss par les b-
nfices externes comme la rduction des gaz effet
de serre due lutilisation des nergies vertes. En
gnral, lconomie classique ne prend pas en
compte les cots externes. Mais sans leur intgration,
les nergies renouvelables ne peuvent pas devenir
concurrentielles et des potentiels investisseurs seront
dissuads.
Dans le tableau ci-dessous, llectricit issue de
lnergie olienne est dabord plus chre que lnergie
du charbon, mais quand on intgre les cots ex-
ternes, elle savre tre moins chre.
la longue, les analyses conomiques doivent int-
grer les cots externes pour arriver un vrai systme
conomique durable.
1.5.5. Rsum
Comme nous venons de voir, le plein potentiel et les
avantages des nergies renouvelables ne ressortent
pas pleinement aujourdhui parce que les cots des
combustibles fossiles ne refltent pas leur cot total.
Ils sont fortement subventionns dans de nombreuses
parties du monde et leurs cots externes, tels les
cots supplmentaires lis leur impact sur la sant
et lenvironnement, ne sont pas pris en considra-
tion.
Annuler les subventions sur les combustibles fossiles
rendrait les nergies renouvelables plus comptitives
dans plusieurs domaines. De mme, lutilisation des
nergies renouvelables bnficierait dune coopra-
tion bilatrale et rgionale. Aprs le Sommet mondial
pour le dveloppement durable Johannesburg
(SMDD), un certain nombre de programmes ont t
prsents au Secrtariat des Nations Unies pour pro-
mouvoir les programmes dnergie pour le dvelop-
pement durable dans les pays en dveloppement 19.
Parmi eux il en est un particulirement important :
la Coalition pour lnergie renouvelable de Johannes-
burg (JREC) de 2002 laquelle ont adhr plus de 80
pays.
Caractristique globale de la plupart de ces pro-
grammes : une utilisation accrue de lnergie renou-
velable avec la dcentralisation de la production, la
cration demplois et la rduction des impacts envi-
ronnementaux.
Au cours des dernires annes, les nergies renou-
velables ont pris un essor remarquable lchelle
mondiale et les marchs sont en expansion rapide.
Figure 1 12
Les cots externesdes nergies fossiles
Source : PERACOD
Figure 1 13
Les cots dlectricit avec et sans lescots externes, calculs en cents (US)
Source: The World Watch Institute, State of the World 2003 ProgressToward a Sustainable Society, New York London, 2003, p.89
19
Dans ces initiatives, 23 sonttournes sur lnergie, et 16sur limpact considrable delnergie. Les partenairescomprennent : les carburantspropres et initiative des trans-ports DESA, le Programmedes Nations Unies pour leDveloppement (PNUD) fi-nanc par le Global VillageEnergy Partnership (GVEP),lassociation PNUD/GPLmen par le challenge GPL,EdF/ACCESS men parAREA : Alliance pour lEner-gie Rurale en Afrique, lespartenaires europens surlnergie pour lradicationde la pauvret et le dvelop-pement de lnergie durable,et le PNUD men par leGNESD : Global Network onEnergy for Sustainable Deve-loppement, voir Dossier th-matique n1, Renouvelables2004. Goldemberg, Jos :The Case for RE.
23
lchelle mondiale, la puissance lectrique installe
partir des nergies renouvelables (grandes cen-
trales hydrolectriques exclues) a atteint les 280 GW
en 2008, ce qui signifie une hausse de 75 pour cent
par rapport au 160 GW installs en 2004. Les pays les
plus importants sont la Chine (76 GW), les tats-Unis
(40 GW), lAllemagne (34 GW), lEspagne (22 GW),
lInde (13 GW) et le Japon (8 GW). La capacit instal-
le dans les pays en dveloppement a galement
connu une hausse importante et a atteint 119 GW en
2008 dont la majeure partie en Chine (dans le do-
maine du micro hydrolectrique et de lnergie o-
lienne) et en Inde (nergie olienne).
Un vrai jalon de rfrence a t atteint quand, aux
tats-Unis et au sein de lUnion europenne, laug-
mentation de puissance installe partir des nergies
renouvelables a prim les augmentations partir des
sources dnergie conventionnelles.
Si on inclut, de plus, la grande hydraulique, la capa-
cit installe mondiale en renouvelables est estime
1.140 GW. 20
20
Renewables Global Status Re-port : 2009 Update. REN21.Paris 2009.
Figure 1 14
Capacits des nergies re-nouvelables, pays en dve-loppement, UE et 6 premierspays, 2008
Source : REN21, Renewables Global StatusReport : 2009 Update
26
2. Lnergies renouvelable la plus utilise :lnergie biomasse
2.1. La diversit de la bionergie
Tous les tres vivants sont constitus de molcules
contenant du carbone : glucides, protines et lipides.
Le cycle du carbone intgre toutes les ractions per-
mettant aux tres vivants d'utiliser le carbone pour fa-
briquer leurs tissus et librer de l'nergie.
Les vgtaux reprsentent le point de dpart du cycle
du carbone. Grce la photosynthse, les plantes ab-
sorbent le carbone de l'air (CO2) et l'intgrent leur
propre biomasse (feuilles, bois, racines, fleurs et
fruits). Cette matire organique sert de nourriture aux
organismes htrotrophes (consommateurs). En lib-
rant de l'nergie, la respiration des htrotrophes et
des autotrophes renvoie du carbone dans l'atmo-
sphre (CO2).
Une fort en croissance constitue un puits de car-
bone, c'est--dire qu'elle fixe (ou accumule) plus de
carbone par la photosynthse qu'elle n'en libre par la
respiration. Lorsque la fort atteint sa maturit, l'qui-
libre se cre entre la quantit de carbone fix et la
quantit de carbone libr. La fort contient videm-
ment du carbone dans ses arbres.
Grce la photosynthse, les plantes peuvent crer
de la biomasse et stocker ainsi de lnergie. Lutilisa-
tion nergtique de la biomasse, cest--dire du bois,
des dchets biologiques, du lisier et dautres subs-
tances dorigine animale ou vgtale, reprsente un
potentiel important pour la production de chaleur et
dlectricit, ainsi que pour la production de carburant.
2.2. Limportance de la biomasse
La biomasse ou plus prcisment la biomasse tra-
ditionnelle est essentielle lgard de la demande
nergtique locale dans de nombreuses rgions du
monde en dveloppement . La biomasse est la pre-
mire source dnergie pour plus de 2,4 milliards de
personnes dans les pays en dveloppement21. Dans
la majorit des rgions du monde, elle est facilement
disponible auprs de la plupart des personnes en si-
tuation de pauvret et fournit une nergie vitale un
cot abordable pour la cuisson et le chauffage.
Les industries bases sur la biomasse sont une
source significative pour le dveloppement de len-
treprise, la cration demplois et sont une source de
Figure 2 1
Le cycle CO2 vgtal
Source : PERACOD
Figure 2 2
La diversit de la bionergie
21
AIE, Word Energy Outlook,Paris 1998. Daprs Jargstorf2004.
27
revenus dans les rgions rurales .22 Lnergie bio-
masse moderne, au contraire est largement utilise
dans de nombreux pays industrialiss ainsi que dans
certaines parties du monde en dveloppement. Dans
les zones climat favorable et avec une gestion pro-
pre en adquation avec des pratiques cologiques
appropries, la biomasse moderne peut tre une
source durable dlectricit aussi bien que les com-
bustibles liquides et gazeux. La biomasse par cons-
quent nest pas seulement une source nergtique
vitale pour beaucoup aujourdhui, mais est probable-
ment en voie de devenir une source nergtique im-
portante dans le futur, condition que des mesures
appropries soient adoptes pour une exploitation du-
rable.
Un certain nombre de faits parmi les suivants ont t
constats et ont suscit un intrt croissant dans
lnergie biomasse :
elle contribue la rduction de la pauvret dans les
pays en dveloppement ;
elle rpond aux besoins nergtiques en perma-
nence, sans transformation onreuse des installations ;
elle peut tre stocke et elle est disponible de ma-
nire flexible ;
elle peut fournir de lnergie sous toute forme selon
les besoins des personnes (combustibles liquides et
gazeux, chaleur et lectricit) ;
elle peut amliorer llimination des dchets au ni-
veau des communes et fournit en mme temps de
lnergie ;
elle est pauvre en dioxyde de carbone 23 ; et
elle peut aider rendre les terres jusqualors im-
productives et dgrades, cultivables en augmentant
la biodiversit, la fertilit du sol et la rtention deau.
Des statistiques disponibles indiquent que le taux de
biomasse dans la consommation nergtique mon-
diale est rest peu prs stable ces 30 dernires an-
nes. Lnergie biomasse reprsentait respectivement
14 % et 11 % de la consommation nergtique finale
dans le monde en 2000 et 2001.
En Afrique subsaharienne, environ 50 % de toute
lnergie primaire provient de la biomasse, au Sngal
sa part se chiffre 47 %.
2.3. La biomasse : lnergie des pauvres
lchelle mondiale, lAgence internationale de lner-
gie (AIE) estime le taux de biomasse 14 % de la
consommation nergtique totale. Le taux de com-
bustibles fossiles (ptrole, gaz naturel, et charbon)
dans le monde slve 79 %.
Cependant, au niveau rgional, la part de biomasse
nergtique par rapport la consommation nerg-
tique totale, varie de faon significative. Les rgions
en dveloppement (Afrique, Asie et Amrique Latine)
ont des taux record de consommation nergtique de
biomasse en comparaison aux rgions dveloppes.
De plus, dans les pays dvelopps (Organisation de
Coopration et de Dveloppement conomique,
OCDE), on a constat pendant les 30 dernires an-
nes une lgre augmentation de la part de biomasse
nergtique alors que les pays non membres de
lOCDE montraient une diminution.
En rgle gnrale, la diminution de la part en nergie
biomasse a t plus importante dans les rgions dont
le taux de dveloppement conomique est lev.
Ainsi, lAsie a-t-elle rduit sa dpendance en bio-
masse de 48 25 % pendant la priode 1971-2001,
alors que lAfrique la diminuait de 62 49 % pendant
ce mme laps de temps.
Cependant, les chiffres relatifs (biomasse en % du
total) ne sont pas compltement reprsentatifs car
mme si la dpendance relative en biomasse dcrot
(comme en Afrique), le nombre absolu de personnes
faisant confiance la biomasse pour faire la cuisine et
22
Les paragraphes suivants sonttirs de : Dossier thmatiquen11, Renewables 2004. Kare-kezi, Stephen et al. : TraditionalBiomasse Energy : en amlio-rant son utilisation et en transi-tant vers une utilisationnergtique moderne.
23
Elle est en grande partie neutreen missions de CO2. Seul estmis le dioxyde de carbone quia t absorbs par les planteslors de leur croissance. Pour lebilan de CO2, le fait que le boispourrisse en fort ou quil soitbrl ne change rien.
Figure 2 3
Les taux dnergie primaire au Sngal
% de la consommation totale dnergie
Source : SIE 2007 Sngal
28
se chauffer augmente, augmentant ainsi la pression
sur les ressources naturelles et lenvironnement.
Comme une forte dpendance dans lutilisation de la
biomasse cause souvent des destructions environne-
mentales, rosion du sol et perte de la fertilit du sol,
elle reprsente un double inconvnient pour un pays
pauvre.
Des projections pour lanne 2030 montrent quavec
une mme tendance, le nombre de personnes d-
pendantes de la biomasse va augmenter en Afrique
de 27 % (figure 2-4)24.
Pendant quen Amrique Latine (-33 %), en Indonsie
(-25 %) et en Chine (-9 %), on verra leur dpendance
dcrotre, le nombre de personnes dpendant de la
biomasse dans tous les pays en dveloppement, aug-
mentera de 10 % et reprsentera un total de plus de
2,6 milliards de personnes en 203025.
Lutilisation de la biomasse et la pauvret ont encore
une autre consquence : partout dans le monde (et
en particulier en Afrique), le plus pauvre des pauvres
utilise des djections animales comme combustible
domestique. Comme consquence, en plus dencou-
rir davantage de dangers pour la sant quavec le
bois de chauffage ou avec les rsidus agricoles, ils
privent les sols de substances nutritives prcieuses.
En effet, en utilisant des djections animales, les per-
sonnes rduisent la fertilit des sols exactement l o
ils en ont le plus besoin : cest--dire l o beaucoup
de personnes dpendent de lagriculture pour vivre.
Cette situation est alarmante : rduire la dpendance
aux combustibles issus de la biomasse ainsi ququi-
librer loffre durable et la demande doit tre considr
comme une priorit en matire de politique nerg-
tique renouvelable. Ainsi spcialement en Afrique
les mesures prises pour rduire la dpendance aux
combustibles issus de la biomasse sont-elles une trs
grande priorit comme ladoption de stratgies pour
rduire la pauvret mme si ces deux contraintes vont
de pair.
2.4. La biomasse au Sngal
Le Sngal est dot d'un climat tropical sec caract-
ris par des tempratures modres sur la cte qui
s'lvent au fur et mesure que l'on s'en loigne. Du
nord au sud, quatre zones se distinguent:
une zone aride ou semi dsertique avec des prci-
pitations annuelles ne dpassant pas 350 mm ;
une zone semi-aride, de type continental sec, com-
prise entre les isohytes 350 et 700 mm ;
une zone subhumide, moins chaude et moins sche
que la prcdente, caractrise par une pluviomtrie
annuelle oscillant entre 700 et 900 mm ; et
une zone humide caractrise par d'importantes
prcipitations de l'ordre de 1 000 1 200 mm.
La rpartition des ressources sylvogntiques est condi-
tionne principalement par le gradient climatique. On dis-
tingue six zones cogographiques correspondant
diffrents types de formations vgtales26.
24
Ces projections sont issuesde lavant-dernier WorldEnergy Outlook 2002(daprs Jargstorf 2004) etne tiennent donc pas comptedes derniers scnarios dont ila t question.
25
Daprs Jargstorf 2004.
26
http://www.fao.org/do-crep/004/x6815f/X6815F04.htm [consult le 3 juin 2010 11h36]
Figure 2 4
Nombre de personnes dpendant descombustibles issus de la biomasse (projection)
En million dindividus
Source : AIE, World Energy Outlook Paris 2002,daprs Jargstorf 2004
Figure 2 5
Zones cogographiques du Sngal Source : CSE 2009 :annuaire de lenvironnement
29
Le delta et la valle du fleuve Sngal couvre, sur
une bande de 10 15 km de large en moyenne, un
ensemble de plaines alluviales et de hautes terres sa-
bleuses stendant sur la rive gauche du fleuve, de
Bakel lembouchure. Cet ensemble se dcompose
en trois sous-zones distinctes :
Le Walo, partie inondable caractrise par des sols
lourds avec un potentiel de rendement trs lev. La
strate arbore est trs nettement domine par Acacia
nilotica var.tomentosa (Gonaki) qui constituait une
vaste fort ripicole dont seuls quelques vestiges sub-
sistent encore dans les dpressions Hollalds et
dans certaines zones classes. Le tapis herbac a
quasiment disparu sous leffet des scheresses per-
sistantes, laissant le sol expos laction rosive de
vents forts et constants.
Le delta se distingue nettement du reste de la valle
par la prsence de sols glaiseux alluviaux, souvent
salins, et un climat fortement influenc par la proximit
de la mer. Plusieurs types de vgtation se sont im-
plants : mangrove dans les zones accessibles la
mare, prairies herbeuses entrecoupes de larges
plages dnudes ou parsemes despces halophiles
(Tamarix senegalensis) dans les zones basses inter-
mdiaires, et steppes arbores sur les hautes terres
sableuses o dominent Acacia tortilis et Acacia sene-
galensis.
Le proche Diri, zone des hautes terres bordant le lit
majeur du fleuve. Par ses sols sablonneux et sa v-
gtation de type steppe arbustive arbore, le Diri
est nettement diffrent de la zone avec lequel il forme
un systme agrosylvo-pastoral cohrent. La strate su-
prieure de la vgtation est domine par diffrentes
espces dacacias. Cest aussi la zone des cultures
pluviales (en rgression cependant du fait des pluies
alatoires) et du pastoralisme.
La zone Sylvo-Pastorale se subdivise en deux par-
ties relativement distinctes : une partie nord-ouest
(Ferlo sableux) caractrise par des sols bruns-
rouges et des sols ferrugineux, et une partie sud-est
(Ferlo latritique) o les dpts sableux disparaissent
au profit de sols gravillonnaires avec, par endroits des
affleurements latritiques.
Le Ferlo sableux est marqu par une vgtation de
type pseudo-steppe arbustive Acacia tortilis et Ba-
lanites aegyptiaca, fortement affecte par lhomme.
Suivant les sols et la topographie, des espces telles
que Acacia senegal, Commiphora glutinosum appa-
raissent. En saison des pluies, les dpressions dans
les zones basses collectent les eaux de ruissellement
et forment des mares temporaires autour desquelles
sorganise la vie pastorale. En saison sche par
contre, lactivit est polarise par les forages qui res-
tent les seuls points deau ce qui a conduit une forte
dgradation de la vgtation sur un rayon de 3 5 km
autour des dits forages.
Le Ferlo latritique est caractris par une strate li-
gneuse relativement dense, domine par Pterocarpus
lucens, souvent rencontrs en formations assez
pures. Selon la topographie et le type de sol, dautres
espces comme Acacia seyal, Combretum micrathum
et Combretum nigrican lui sont associes. La strate
infrieure, moins consistante quau nord, est domine
par Loudetia tognsis sur les sols gravillonnaires.
Les scheresses successives et les feux ravageant la
zone chaque anne ont acclr la dgradation de la
couverture vgtale, crant de vastes plages de mor-
talit dans la strate arbore et appauvrissant les p-
turages.
Le systme rural de production est essentiellement
pastoral, avec une agriculture vivrire trs limite.
La zone du Bassin Arachidier concentre environ la
moiti de la population totale du pays et 60 % de la
population rurale sur le quart de sa superficie (25,16
%).
Lintense activit agricole, domine par la culture de
larachide et des cultures vivrires (mil et mas), et la
densit de la population (50 140 hbts/km) ont for-
tement perturb lenvironnement et donn au paysage
son aspect typique de savane parc Acacia au nord
et au Centre, Borassus et Adansonia louest, et
Cordyla et Sterculia au sud et lest.
Les sols lgers, de type brun, brun rouge et ferrugi-
neux, continuent se dgrader sous leffet combin
des scheresses, de lrosion et de labandon de la
jachre forestire. Dans les rgions de Fatick et de
Kaolack, la salinisation affecte de plus en plus les sols
du bassin infrieur du Sine et du Saloum.
30
La zone des Niayes occupe une bande denviron
5 km de large longeant le littoral de Dakar lembou-
chure du fleuve Sngal. Elle est caractrise par une
succession de dunes et de dpressions interdunaires
au fond desquelles apparaissent souvent des mares
lies aux fluctuations de la nappe phratique.
Dans les dpressions interdunaires, les sols sont
riches et constituent un milieu idal pour les cultures
marachres et fruitires, largement dominantes dans
le systme de production, lequel intgre la pche,
llevage et les cultures pluviales.
La vgtation, dorigine sub-guinenne dans la partie
sud, a t fortement dgrade par laction anthro-
pique et par les scheresses qui ont notamment en-
tran la baisse de la nappe phratique, la salinisation
progressive et lacclration du processus denvahis-
sement des bas-fonds par les dunes vives.
Cette zone renferme lune des plus belles russites du
Service forestier en matire de reboisement, avec les
plantations ctires de Casuarina equisetifolia (Filao),
sous forme de bande discontinue de 200 500 m de
large, de Cayar (This) Sag (Ndar-St Louis), sur une
longueur de 182 km.
La zone du sud-est correspond la rgion adminis-
trative de Tambacounda et se caractrise par une v-
gtation de type soudano-sahlien et des sols peu
profonds sur cuirasse latritique.
Elle est principalement une zone de culture et dle-
vage, mais constitue avec la Casamance, la princi-
pale rgion dexploitation forestire des produits
ligneux (bois nergie et bois duvre) et produits et
services non ligneux (fruits, chasse, exsudats, plantes
mdicinales,...).
Lexploitation forestire ligneuse de type minier, les
dfrichements agricoles, les feux de brousse et les
pratiques pastorales destructrices, ont entran une
dgradation acclre de la vgtation et des sols,
notamment le long des voies de communication et
des valles dans les deux tiers nord.
Le Parc National du Niokolo-Koba (914 000 ha), oc-
cupe une bonne partie du tiers sud, non encore tou-
ch par le front charbonnier, et constitue actuellement
la plus grande rserve faunique nationale.
Le couvert vgtal est form despces ligneuses
soudaniennes, gnralement domines par Bombax
costatum (Kapokier), Pterocarpus erinaceus (Venn),
Daniellia oliveri (Santan) et Sterculia setigera (Mbepp),
et dun sous-bois combrtaces et hautes grami-
nes.
La zone sud ou Casamance se distingue nettement
de celle du reste du Sngal par une plus grande hu-
midit et une vgtation plus dense.
Cette zone constitue par le bassin hydrogogra-
phique du fleuve Casamance, se subdivise en trois
sous-zones relativement distinctes, se prsentant
comme suit.
La Basse Casamance, correspondant la rgion ad-
ministrative de Ziguinchor, englobant le bassin versant
infrieur et lestuaire du fleuve Casamance. La vg-
tation est de type fort demi-sche dense dans sa ma-
jeure partie. Elle est caractrise par des espces
sub-guinennes dont les plus reprsentatives sont
Khaya senegalensis (Calcdrat), Afzelia africana
(Link), Parinari excelsa (Mampato), Ceiba pentandra
(Fromager), Chlorophora regia (Iroko), Antiaris afri-
cana (Tomboiro), Detarium senegalense (Detah) et
Erythrophleum guineense (Tali). Dans lestuaire, la
mangrove Rhyzophora et Avicennia prend le re-
lais sur une superficie denviron 100 000 ha. La vg-
tation y est galement en rgression depuis au moins
deux dcennies, sous leffet des dfrichements, des
coupes anarchiques, des feux de brousse et de la s-
cheresse. Le systme rural de production comprend
essentiellement une agriculture avec une forte com-
posante de riziculture aquatique dans les valles, un
levage base de bovins, de type sdentaire semi-
extensif, une exploitation traditionnelle des ressources
forestires, portant essentiellement sur le bois de feu,
les fruits et les exsudats, et sur une exploitation des
ressources halieutiques. Ce systme, relativement ho-
mogne et stable, a t perturb par les scheresses
et lexploitation forestire commerciale.
La Moyenne Casamance couvre environ tout le d-
partement de Sdhiou. La vgtation est caractrise
par des formations de type soudano-guinen o do-
minent Daniellia oliveri, Pterocarpus erinaceus et
Bombax costatum. Elle est aussi trs affecte par la
scheresse (disparition de la mangrove, mortalit
dans la palmeraie), lintensification des coupes et les
feux de brousse. Le systme rural de production est
peu prs du mme type que celui de la Basse Casa-
mance, mais avec un cheptel plus important et des
cultures pluviales plus varies et plus extensives.
31
La Haute Casamance (Fouladou) couvre les dparte-
ments de Kolda et de Vlingara. La vgtation est
marque par des peuplements affinit soudano-gui-
nenne qui sclaircissent au fur et mesure quon
progresse vers lEst. Quatre espces prdominent
dans la strate arbore Bombax costatum, Pterocarpus
erinaceus, Daniellia oliveri et Cordyla pinnata, avec un
sous-bois compos de combrtaces et de Termina-
lia macroptera (Wolosa). Le tapis herbac, plus
consistant que dans le reste de la zone, est essentiel-
lement compos de hautes gramines.
Le systme rural de production est domin par les cul-
tures pluviales (arachide, mil, mas et coton), un le-
vage semi-extensif et lexploitation forestire
(notamment les produits non ligneux).
Le Sngal en tant que pays sahlien rencontre les
problmes typiques de cette zone climatique. Depuis
la premire grande scheresse au cours des annes
70, les pluies sont irrgulires et des saisons sches
prolonges plus ou moins frquentes. Lquilibre co-
logique est fragile. Dans la quasi-totalit du pays, on
rencontre les phnomnes de la dforestation et lro-
sion des sols souvent lie la salinisation des sols.
Les sols, en gnral, sont exploits de manire ex-
cessive et pas durable, autant dans le domaine de
lagriculture que dans le pturage/levage.
Selon lOrganisation des Nations Unies pour lalimen-
tation et lagriculture (FAO), environ 40 000 hectares
de forts (Forest Ressource Assessment 2010) dis-
paraissent chaque anne au Sngal. Seules dans
quelques zones hantes par le conflit arm et forte-
ment mines de la Casamance, la vgtation fores-
tire rcupre et se rgnre 27. Les autres parties du
Sngal se dmarquent par des dfrichements illgaux.
La colonisation des espaces boiss par lagriculture
extensive a accentu les phnomnes de dforesta-
tion. Le front forestier recule de plus en plus sous la
pression des principaux centres de consommation du
bois nergie (bois et charbon de bois) que sont les villes.
Lapprovisionnement en nergie du Sngal repose
47 % sur lusage traditionnel de la biomasse. Le bois
de chauffe et charbon de bois demeurent la principale
source dnergie de cuisson du pays. Ils constituent
environ 85 % de la consommation en nergie des m-
nages.
27
Projekterschlieung Senegal.Erneuerbare Energien undlndliche Elektrifizierung. Ln-derreport & Marktanalyse. ParRolf Peter Owsianowski: Bun-desministerium fr Wirtschaftund Technologie, GTZ, p.40.
Figure 2 6
Zones de vgtation Sngal Source : CSE 2009 : annuaire de lenvironnement
32
2.5. La crise du bois combustible
2.5.1.Les tapes de la crise du bois nergie
La crise du bois nergie a t tudie dans de nom-
breux pays dans le monde. Il y a des similitudes frap-
pantes, peu importe que nous considrions les pays
africains, asiatiques ou dAmrique latine.
Lhistorique des problmes de la biomasse en Europe
pendant le Moyen ge rvle quelques similitudes.
Cependant cela concerne non pas les besoins pour la
cuisson mais pour la construction navale qui provo-
quent la dsertification dans les pays mditerranens.
Mais principalement on a pu observer des tapes si-
milaires dans toutes les rgions du monde.
Dans le systme traditionnel dapprovisionnement en
bois nergie durable (stade 1), loffre en bois naturel
est de loin suprieure la demande. La consomma-
tion de bois nergie ne diminue pas les ressources en
forts et arbres. Au stade 2, la demande en bois ner-
gie dpasse loffre, une surutilisation des ressources
biomasse prend place. A cela sajoute lagriculture ex-
tensive qui aggrave la disparition des ressources.
Si la biomasse en tant que source dnergie renouve-
lable est surexploite, la revanche de la nature inter-
vient : le dveloppement de la couche de vgtation
est dtruit et il en rsulte une destruction de la base
cologique moyen et long terme. Lrosion du sol
peut tre d leffet du compactage du sol sur des
grandes surfaces, ou bien du ruissellement incontrl
des eaux de surface, ou bien encore cause des me-
sures de conservation qui nauraient pas t suffi-
samment bien observes. Mais toutes ces causes
individuelles sont en relation directe avec labattage
incontrl des arbres et par consquent les dgts
causs la couche.
Comme la pnurie de bois augmente, de plus en plus
de personnes se tournent vers les djections comme
Figure 2 7
Transport de boiscombustible
Source : GIZ / Kamikazz
Figure 2 8
Vendeuses de charbon de bois Kaolack
Source : GIZ / Kamikazz
33
combustible domestique acclrant ainsi les dgts
environnementaux car elles manquent dornavant de
fertilisants pour les champs et la fertilit des sols est
rduite.
Au stade 3, lapprovisionnement en bois naturel est
rduit de faon drastique et la population doit se tour-
ner vers dautres alternatives, comme les rsidus agri-
coles et les formes modernes dnergie domestique
comme le krosne, le gaz de ptrole liqufi (GPL)
ou llectricit (voir section 2.6. Les stratgies pour
combattre la crise du bois nergie).
Au stade 3 de la crise du bois nergie, on voit aussi
que les sources dnergies renouvelables deviennent
de plus en plus acceptes depuis que les combusti-
bles traditionnels issus de la biomasse sont si rares et
onreux que ces nouvelles formes dnergie devien-
nent conomiquement viables.
Pour exploiter durablement lnergie de la biomasse
bois aussi bien pour les besoins domestiques que
pour les usages de construction et de fabrication de
meubles etc. il va falloir introduire ce stade des
mesures sociales en matire de sylviculture et de
plantation de bois aprs que les forts naturelles aient
t dtruites.
2.5.2.Crise du bois combustible au Sngal
Les principales causes de la dgradation des forts
sont nombreuses et varies. Elles sont dues trois
principales causes :
les causes naturelles (scheresse et ses corollaires
comme l'rosion olienne, la salinisation, l'acidifica-
tion, etc.) ;
les causes anthropiques (feux de brousse, exploi-
tation abusive des ressources forestires, lextension
des terres agricoles, surpturage, etc.) ; et
les causes d'ordre institutionnel et juridique (rgle-
mentation inexistante, non ou mal applique, incoh-
rente, etc.).
Une diffrentiation chiffre entre ces facteurs na pas
encore t entreprise. Il manque ainsi des informa-
tions dtailles sur lampleur et les causes du phno-
mne de la dforestation au Sngal.
Lextension des terres agricoles est sans aucun doute
une des raisons principales de la dforestation 28.
Celle-ci est la consquence de :
laugmentation de la population qui ncessite un ac-
croissement de la production ; et
la baisse des rendements compense par une aug-
mentation des surfaces cultives.
En effet, aprs quatre sicles de stagnation, la popu-
lation du Sngal connat depuis une centaine dan-
nes une progression constante avec une nette
acclration depuis 25 ans passant de 3 millions en
1960 12 millions aujourdhui. Ce phnomne consti-
tue un changement radical dans la relation homme
espace et reprsente un lment dterminant en ma-
tire de gestion des ressources naturelles. Lespace
autrefois infini se trouve en voie de saturation relative.
Le systme de production fond sur la reconstitution
de la fertilit par jachres naturelles de longue dure
(15-25 ans) nest plus adapt car consommateur des-
pace. Le temps de jachre est de plus en plus court
(moins de trois ans), parfois les champs sont cultivs
sans relche. Ceci entrane un appauvrissement des
terres. Les rendements diminuant, pour conserver la
mme production, les paysans choisissent dtendre
les surfaces cultives. Ceci est rendu possible par
une main duvre disponible au niveau des units de
production et par des terres libres prises sur les es-
paces forestiers.
Lorsquil y a saturation du terroir villageois, les popu-
lations peuvent dcider de migrer et ainsi occuper les
espaces interstitiels entre les finages villageois (zones
sylvo-pastorales), voire mme les forts classes (le
cas le plus exemplaire est la colonisation de la fort
de Patha en Casamance). Les consquences directes
sont dune part la disparition des forts qui sont les
zones de pturage et de productions de multiples pro-
duits mais aussi la multiplication des conflits fonciers
notamment entre leveurs et agriculteurs autour dune
ressource forestire commune. Cependant, la limita-
tion des aires de culture et laugmentation de la po-
pulation va obliger les paysans une intensification
qui permettra une augmentation des rendements.
Les paysans sont obligs de trouver un quilibre entre
les espaces agricoles et forestiers. Ces deux espaces
qui ont une utilisation et un mode de gestion spci-
fique sont troitement lis dans le systme de pro-
duction et sont ainsi tous deux indispensables. Par
exemple les animaux allant pturer durant la journe
et tant parqus la nuit dans les champs ralisent un
transfert de fertilit.
28
Les paragraphes suivantssont tirs de : Mise en amna-gement participatif des forts.Bilan dune exprience russieau Sngal. Par Chesneau,Christophe ; Bodian, MamadouLamine et Decleire, Yanek.PSACD. Dcembre 2002.
34
Les feux de brousse font partie du paysage des sa-
vanes sches et les espces sont assez adaptes au
feu. Il est surprenant de constater que mme en sai-
son sche, un mois aprs le passage dun feu de nou-
velles feuilles vertes apparaissent sur les arbustes.
Cependant si le feu passe chaque anne, comme
cest devenu le cas dans de nombreuses forts, il re-
prsente un vritable flau. Il brle la rgnration na-
turelle, endommage les grands arbres qui peuvent en
mourir et dtruit le fourrage herbac qui constitue la
principale source dalimentation pour les animaux.
Le surpturage est lui d une augmentation du
cheptel et la diminution des espaces sylvo-pasto-
raux. Cependant il est rare de rencontrer des zones
de surpturage proprement dites. En effet, les le-
veurs assurent une gestion optimale des pturages.
Les zones surptures sont souvent des zones de
passage de transhumants.
Parmi les causes de dgradation de la fort, la pro-
duction de charbon de bois peut avoir un effet parti-
culirement dvastateur de par sa concentration
spatiale et son intensit. Dans les annes 60, plus de
80 % du charbon de bois tait produit autour de This
et dans la rgion du Sine Saloum (70 200 km de
Dakar). Vers la fin des annes 80 dj, plus de 80 %
de la production totale de charbon de bois se situait
dans les rgions de Tambacounda et de Kaolack (voir
la section 2.9.1.).
Les impacts cologiques et sociaux de la production
du charbon peuvent tre attribus la production ra-
lise autour des villages. Suite une coupe, la pres-
sion continuelle exerce par les villageois compromet
la bonne rgnration de la fort. Les villageois ne
peuvent pas attendre les 4 12 ans, ncessaires la
fort pour repousser, pour aller chercher les produits
dont ils ont besoin. De plus, les bcherons npar-
gnent aucune espce, pas mme celles utiles aux
paysans comme le Cordyla pinnata (Dimb) par exem-
ple.
Les consquences directes de cette dgradation des
espaces forestiers sont importantes pour les popula-
tions riveraines qui trouvent dans la fort un ensem-
ble de produits indispensables leur survie mais cela
est aussi inquitant au niveau national notamment pour
lapprovisionnement des mnages en combustibles li-
gneux.
Daprs une tude du Centre de Suivi cologique, les
forts au Sngal couvraient une superficie de 12,7
millions dhectares soit 64,5 % du territoire national,
en 1981. En 1990 cette superficie serait passe 11,9
millions dhectares, ce qui correspondrait une r-
gression du couvert forestier de 80.000 ha/an. Selon
la FAO, ce rythme se serait ralenti 40.000 ha/an. (Fo-
rest Resources Assessment 2010).
Une autre tude chiffre la superficie totale de terres
dgrades au Sngal environ 12,5 hectares. La
principale cause de dgradation serait lrosion hy-
drique29.
Figure 2 9
Dgradation des zones forestires au Sngal
Source : Evolution du potentiel des forts du Sngal de 1965 1994 (source Eros Data Center/CSE, 2004)
29
PAN/LCD, 2004. Plan dac-tion national de lutte contre ladsertification. Rapport2004. Daprs : Dfinition dela Fort au Sngal , dans lecadre des mcanismes demise en uvre de la Conven-tion Cadre des Nations Uniessur les Changements Clima-tiques. Ministre de lEnviron-nement, de la protection dela nature, des basins de r-tention et des lacs artificiels /Direction de lenvironnementet des tablissements clas-ss. Par Niang, Amsatou ;Thomas, Ibrahima ; Kaire,Maguette. Dcembre 2009.
35
2.6. Stratgies pour combattrela crise du bois combustible
Dans une situation o la demande en bois combusti-
ble est de loin plus importante que loffre, il existe prin-
cipalement deux types dapproches :
des interventions au niveau de lapprovisionnement,
cest--dire en augmentant lapprovisionnement dura-
ble en bois combustible (en amnageant des forts
ou en plantant des arbres) ou en introduisant des
substituts aux combustibles (comme le krosne, le
GPL, llectricit, la cuisson solaire, le biocharbon,
etc.) ; et
des interventions au niveau de la demande, sa-
voir en amliorant la transformation nergtique et les
rendements de lutilisation finale (par exemple en in-
troduisant des cuisinires conomie dnergie, en
amliorant lefficacit des cuisinires existantes).
En pratique, ces approches ne constituent pas de
relles alternatives mais doivent tre suivies parall-
lement et ce, dans un effort conjugu.
Cependant,