Animation pédagogique- Plan de formation 2010-2011Circonscription de Quimper Est

Enseigner le vocabulaire : de la rencontre fortuite à un enseignement structuré

Objectif pour les stagiaires : Structurer l’enseignement du vocabulaire à partir de la littérature (ou une autre discipline) en :- établissant et/ou s’appropriant une programmation- adoptant des modalités de travail permettant aux élèves d’utiliser les mots appris en contexte

Objectifs pour les élèves :- améliorer leur expression orale (précision lexicale)- améliorer leur production écrite (dictée= orthographe lexicale ; rédaction :

enrichissement du bagage lexical)- améliorer leur compréhension

Idées fortes :- Le vocabulaire se doit d’être enseigné en contexte (pour qu’il fasse sens)- Pour devenir « actif », il doit être vu, entendu, lu, utilisé à plusieurs reprises (cf.

Lieury)- Pour que l’élève apprenne de nouveaux mots et soit capable de les réutiliser à bon

escient à l’oral, comme à l’écrit, il doit pouvoir le décomposer en phonèmes, y associer un signifiant, observer sa morphologie, l’orthographier correctement, le rattacher à une famille de mots, à une catégorie ou encore l’opposer à un mot de sens contraire …

- La connaissance du fonctionnement du cerveau implique un travail en réseau (connexions neuronales)

- Questionner l’utilisation des calendriers « un mot, un jour » qui font désormais partie des rituels !

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L’animation à destination des enseignants de cycle 2 et de cycle 3 commence par une « mise en bouche » : la lecture magistrale du premier album écrit par Nathalie Minne.

Nous entrons dans l’univers des mots…et le plaisir de les découvrir, de les assembler, de les opposer, de les classer, pour mieux les connaître, les utiliser et ainsi mieux s’exprimer…

Les bocaux utilisés par le petit voleur de mots rappellent les travaux de catégorisation menés par Sylvie Cèbe et donnent à imaginer des dispositifs de collectes de mots, des plus matériels (boîtes à chaussures, bocaux, cages, …) aux plus numériques (mise en place d’un moteur de recherche sur les sites d’écoles).

Florence Kerbiquet, IEN Quimper Est 1

« Mise en bouche »

Chaque soir, lorsque la nuit s’est installée, un personnage énigmatique se promène sur les toits du village : c’est le petit voleur de mots, venu faire sa moisson d’histoires et de mots nouveaux. Tout l’intéresse, tout le séduit : les mots colériques, les mots d’enfants, les rouges, les verts et même ceux qui sont impossibles à prononcer.

Car une fois revenu dans sa cabane, le petit voleur de mots laisse les mots qu’il a récoltés en faire à leur guise, dans une grande sarabande festive. Plus tard, une fois la fête achevée, il les mettra en bocaux, en fera des tresses de louanges, des écharpes d’injures ou des chaussettes de mots savants…

Et puis un jour, voilà que le petit voleur rencontre une jolie petite fille. Pour elle, il va dérober des mots nouveaux et précieux : des mots d’amour…

Des constats Il convient de faire référence aux constats réalisés par Jean-Emile Gombert à travers les résultats des tests de lecture soumis aux jeunes de 17 ans filles et garçons, de nationalité française. Les diapositives correspondantes présentent les différents profils de lecteurs de la population ciblée.Un peu plus proche de nous, les résultats d’une évaluation de la DEPP, là encore, élaborée par Jean-Emile Gombert et proposée à 10 000 jeunes entrant en sixième en 2007.A dix ans d’intervalle, Gombert propose les mêmes épreuves que celles qu’il avait fait passer auprès de 3000 jeunes du même âge. Alors que la polémique sur l’apprentissage de la lecture battait son plein avec la sortie de la circulaire « Apprendre à lire » en 2006, les résultats montrent que les jeunes ayant fait leur CP quelques années plus tôt et arrivant en 2007 en sixième, n’ont rien perdu de leur aptitude à déchiffrer et à utiliser des procédures automatisées. En revanche, l’évolution sur dix ans montre que le registre de la connaissance du vocabulaire est particulièrement préoccupant. Or, les résultats de la JADP montrent que le manque de vocabulaire obère les traitements complexes et handicapent donc sérieusement l’acte de lire.

Florence Kerbiquet, IEN Quimper Est 2

Plus récemment encore, l’analyse des évaluations nationales nous montre des récurrences dans les difficultés à comprendre les mots, à identifier la notion de familles (notamment en CE1). Tout au long de l’école primaire, la lecture de consignes n’est pas sans poser problème. L’illustration la plus flagrante est celle des énoncés de mathématiques qui, s’ils sont trop éloignés de l’univers de référence de l’élève, ne sont pas compris des élèves. Michel Fayol, Professeur des Universités, Directeur du laboratoire de psychologie sociale et cognitive au CNRS, met, quant à lui, en évidence la nécessité pour le lecteur d’accéder à un modèle mental correspondant à celui de l’énoncé. Il souligne donc l’impact de la formulation : « l’explicitation des énoncés et certaines modifications de leur organisation améliorent significativement les performances ».

Des rapports aux choix éditoriaux…

Alain Bentolila produit un rapport sur l’enseignement du vocabulaire en février 2007 : "Lorsque les mots précis manquent aux élèves, c'est le sens qu'ils tentent de donner au monde qui s'obscurcit."Après avoir rappelé les enjeux, Alain Bentolila propose des stratégies à mettre en place et des pistes pédagogiques à privilégier assorties de recommandations. Sa dernière recommandation concerne l’apprentissage de 365 mots nouveaux en maternelle par année. Est-ce liée ou non, peu après fleurissaient dans les classes les calendriers « un jour, un mot ».L’usage de ces calendriers fait partie de très nombreux rituels au cours desquels les élèves de service font découvrir un nouveau mot à leurs camarades. Malheureusement, le mot découvert est très peu souvent écrit au tableau, pas analysé d’un point de vue morphologique et encore moins collecté et réactivé par la suite à l’oral ou à l’écrit. Les mots se succèdent les uns les autres, sans aucun lien évident. En revanche, ces mots correspondent bien au vocabulaire recensé dans les échelles de fréquence actuelles (cf. B.Pothier). Ils sont malheureusement très vite oubliés, notamment par les élèves qui en ont le plus besoin. Les travaux de Lieury sur la mémoire ou plus anciennement d’Ebbinghaus1 sur la courbe de l’oubli (cf diapositives) mettent en évidence la nécessaire réactivation des mots découverts.Les recherches dans le domaine de la psychologie cognitive nous apprennent par ailleurs comment se construit notre dictionnaire mental. Les mots semblent ainsi être connectés par réseaux : avec une accroche sémantique, catégorielle, affective ou encore phonologique. (Voir document joint). Plus les mots sont rencontrés et réutilisés, plus les connexions neuronales sont nombreuses et plus la part du vocabulaire actif augmente.

Première conclusion provisoire :- découvrir les mots en situation (fréquentation de l’écrit) plutôt qu’à l’occasion d’une

rencontre fortuite (par exemple, qu’advient-il d’un mot recherché dans le dictionnaire à l’issue d’une lecture, une fois la définition et l’explication donnée, le plus souvent à l’oral ?)

- les collecter et les réutiliser à l’oral et à l’écrit dans différents contextes. (cf première item de la compétence MDL du socle commun)

Les programmes1 Le test d’Ebbinghaus consiste à faire écouter une liste de 18 mots. A l’issue de cette écoute (sans prise de notes), il s’agit pour celui qui a entendu cette liste de la restituer (à l’oral ou à l’écrit). Immédiatement après la phase d’écoute, la restitution porte sur 75% des mots. Cinq minutes plus tard, le nombre de mots restitué est plus grand (= cela correspondrait à une phase de « décantation »). Si aucune utilisation n’en est faite, les mots s’oublient peu à peu, c’est ce que montre la courbe.

Florence Kerbiquet, IEN Quimper Est 3

Les tableaux présentés en annexe des programmes du 19 juin 2008, proposent des repères de progressivité des apprentissages.Les diapositives correspondantes les mettent en évidence. De façon générale, il convient d’apprécier les champs lexicaux à travailler (globalement du concret vers l’abstrait) mais également de relever (notamment pour le cycle 3) la fréquence de l’expression « en contexte ». Enfin, les différentes entrées montrent bien que l’utilisation du dictionnaire n’est pas automatiquement première par rapport aux découvertes des mots en situation. La connaissance de l’ordre alphabétique et de l’utilisation du dictionnaire doit être liée au sens que peuvent prendre de tels outils.

Un exemple d’enseignement du vocabulaire en situation de lecture : à partir de l’album « La reine des fourmis a disparu »Le texte même de la quatrième de couverture indique la richesse du vocabulaire à faire acquérir aux élèves dans le cadre d’une étude de cet album. Différents champs lexicaux y apparaissent :

- Le vocabulaire animalier, spécifique au monde des fourmis- Le vocabulaire relatif au genre policier- Le vocabulaire relatif aux expressions détournées- Les jeux de mots

" On a enlevé notre reine ! " Ce cri résonne dans ma tête comme dans celle de milliers de fourmis et il me semble qu'il hante encore les galeries de la fourmilière. Notre reine, notre mère à tous, a disparu dans l'épaisse forêt tropicale qui nous entoure.Autant chercher une aiguille dans une meule de foin, dira-t-on ! Et c'est moi, Mandibule de savon, qui suis chargé de l'enquête. Je suis à la fois détective et représentant de la loi de la jungle au sein de la tribu des fourmis rouges. Ma mission : mettre la patte sur celui et celle qui a enlevé notre très chère reine pendant la nuit. »

L’animation est l’occasion de présenter des unes de journaux réalisées par une classe de CM2 à l’issue de la lecture de l’album : le style journalistique reprend celui qui est régulièrement utilisé par les élèves à l’occasion de la parution du journal de l’école ; ce qui frappe, c’est l’utilisation des mots et des expressions découvertes dans l’album : les élèves se les sont bien appropriés. En résumé, ce travail illustre bien l’articulation étroite entre la lecture et l’écriture et « l’utilisation, à l’oral comme à l’écrit d’un vocabulaire pertinent et approprié ». (= Compétence du socle commun).

A l’instar des travaux proposés par Marie-Hélène Porcar de IUFM de Reims, un exemple possible de corolle lexicale à partir de La reine des fourmis a disparu est proposé.

La seconde partie de l’animation consiste à :- Faire produire par les enseignants des séquences d’enseignement du vocabulaire

liées à la lecture des œuvres qui circulent dans la circonscription, immédiatement applicables en classe ;

- Mutualiser des exemples de séquences pour les mettre à disposition de l’ensemble des enseignants de la circonscription ;

- S’engager dans une démarche d’enseignement contractualisée, sachant que la seconde animation prévue au printemps permettra de revenir sur les expérimentations conduites.

Florence Kerbiquet, IEN Quimper Est 4

Les travaux des enseignants ont été enregistrés sur clé USB et ont vocation à être mis en ligne sur le site de la circonscription.

En annexe :- Exemples de productions- Une du journal réalisée par les élèves de CM2- Article de Jean-François Dortier : « A quoi ressemble notre dictionnaire mental ? »

Références :

► Déploiement du plan national de prévention de l'illettrisme du Ministère de l'Education Nationale http://www.education.gouv.fr/cid51054/plan-de-prevention-de-l-illettrisme.html

► Dispositif « Le dictionnaire des écoliers » http://www.education.gouv.fr/cid53191/le-dictionnaire-des-ecoliers.html

► Les résultats des évaluations en lecture dans le cadre de la journée d’appel à la défense (JAPD) (note d’information de la DEPP)

► Document ressource sur l’enseignement du vocabulaire en maternelle http://eduscol.education.fr/pid24346-cid52525/vocabulaire-a-l-ecole-maternelle.html

► Un livre pour l’été http://eduscol.education.fr/pid24346-cid52957/un-livre-pour-l-ete.html

1- Les normes de fréquences lexicales : la base ManulexBernard LétéINRP-Lyon 2EMC/DDL (CNRS 5596)5 avenue Pierre Mendès France69676 - BRON cedex

2-Echelles de fréquence (cf. Site EDUSCOL)

3- EOLE : Les erreurs d'orthographe à l'école : Diagnostic et remédiation –Philippe et Béatrice Pothier

Florence Kerbiquet, IEN Quimper Est 5

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En cycle 2 (complément de Ghislaine Le Calloch, CPC Quimper Est)Des exemples d’enseignement du vocabulaire en situation de lecture :

● à partir des rimes : mots en « ette» poulette, fourchette, fillette…

● à partir de l’album « La brouille» de Claude BOUJONLe texte prête à l’étude du vocabulaire. Différents champs lexicaux y apparaissent :

- Le vocabulaire spécifique au monde du terrier (terrier, trou, galerie, terre)- Le vocabulaire relatif aux verbes d’action (bondir, plonger, explorer…)- Le vocabulaire relatif aux expressions de dispute (bataille, dispute, colère…)- Les jeux de mots (mauvais coucheur, méfie-toi de mon droit…)

● à partir de l’album « Le loup sentimental» de G. de PENNARTLe titre et illustrations prêtent à différentes interprétations

● à partir de l’écriture générative « Une souris verte» Travaux d’André Ouzoulias :Recherche à partir de listes de mots et réécriture d’un texte.

● à la manière d’une poésie « la linotte » de Paul SAVATIER :Recherche à partir de listes de mots comportant le son « ette » et réécriture d’un texte.

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