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Observatoire de la corruption - Transparency Maroc Bilan 2015 de la lutte anti-corruption : Entre avancées limitées et espoirs déçus Cette revue de presse est réalisée avec le soutien de l’Ambassade Britannique Association reconnue d’utilité publique

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Observatoire de la corruption

-

Transparency Maroc

Bilan 2015 de la lutte anti-corruption : Entre avancées limitées et espoirs déçus

Cette revue de presse est réalisée avec le

soutien de l’Ambassade Britannique

Association reconnue d’utilité

publique

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L’observatoire de la corruption et du développement de la transparence

de Transparency Maroc retrace, à travers une lecture quotidienne de la

presse nationale et des productions documentaires d’actualité, les affaires

et les événements qui ont retenu l’attention de la presse et qui ont

marqué la scène marocaine concernant la corruption et les thématiques

connexes. Les documents reportés reflètent le contenu des publications

citées mais ne coïncident pas obligatoirement avec les positions de

l’association.

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Sommaire I. Les faits marquants : ................................................................................ 7

1. Le bilan de la mesure d’amnistie fiscale décrétée en 2014 ....................................................... 7

2. La nouvelle baisse des prix des médicaments ............................................................................. 7

3. Le limogeage de l’ancien ministère des sports Mohamed Ouzzine à la suite du scandale du

complexe Moulay Abdellah ................................................................................................................. 7

4. Les aveux d’échec de Benkirane en matière de lutte anti-corruption ........................................ 8

5. La condamnation du ministère de la jeunesse à verser 50 000 dh à l’AMDH ............................. 8

6. La polémique sur le financement des associations ..................................................................... 9

7. Le scandale de corruption à la FIFA impliquant le Maroc ......................................................... 10

8. La mise en place d’un numéro vert par le ministère de la justice pour dénoncer la corruption :

11

9. La mise en place de caméras par la gendarmerie contre la corruption et les automobilistes

indélicats ........................................................................................................................................... 11

10. L’adoption par l’ONU du projet de résolution anti-corruption présenté par le Maroc ............ 11

11. L’adoption de la résolution marocaine sur le suivi de la «Déclaration de Marrakech» en faveur

de la prévention de la corruption ...................................................................................................... 12

12. L’adoption de la version finale du projet de stratégie nationale anti-corruption par le comité

de pilotage ......................................................................................................................................... 12

II. Bilan 2015 concernant l’adoption des textes de lois en lien avec la

gouvernance et la lutte anti-corruption ......................................................... 13

1. Les lois adoptées et promulguées ............................................................................................ 13

a. L’entrée en vigueur du décret d’application de la loi sur le Conseil de la concurrence ....... 13

b. L’entrée en vigueur de la loi organique relative à la loi de finances ..................................... 13

c. L’entrée en vigueur de la loi sur la nouvelle instance anti-corruption ................................. 14

d. L’entrée en vigueur du décret sur la commission nationale de la commande publique ...... 14

2. Textes débattus ou adoptés au Parlement ............................................................................... 14

a. Projets de lois organiques sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des

magistrats ...................................................................................................................................... 14

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b. Projet de loi sur le droit d’accès à l’information ................................................................... 15

c. Projets de lois relatifs aux pétitions et aux motions en matière législative .......................... 16

III. Etudes et rapports sur le Maroc relayés par la presse .............................. 16

1. Les rapports internationaux ..................................................................................................... 16

a. Les résultats du Baromètre de l’ONG Web Foundation sur la transparence des données .. 16

b. L’Indice 2015 de liberté économique publié par la Fondation Heritage ............................... 16

c. Rapport de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique sur les flux

financiers illicites en provenance de l’Afrique .............................................................................. 17

d. L’Indice du World Justice Project sur l’ouverture des gouvernements ................................ 18

e. Rapport de la Banque mondiale : la moitié des Marocains corrompent pour accéder aux

services de santé ........................................................................................................................... 18

f. Classement de l’indice mondial du respect de la loi : le Maroc régresse ............................. 18

g. Rapport de l’OCDE sur le Gouvernement ouvert .................................................................. 19

h. L’enquête conjointe de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement,

la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement ................................................. 19

i. Les résultats de l’Indice du budget ouvert 2015 ................................................................... 20

j. Doing Business 2015 : le Maroc régresse de 3 places .......................................................... 20

k. La gestion de la Fédération royale marocaine de football épinglée par un rapport de

Transparency International ........................................................................................................... 20

l. Flux financiers illicites : le Maroc perd plus de 4 milliards de dollars par an ........................ 21

2. Rapports nationaux .................................................................................................................. 21

a. Le rapport d'activité 2013 de l’Agence judiciaire du Royaume ............................................. 21

b. Rapports de l’Institution du Médiateur ................................................................................. 21

c. Le rapport spécial sur la corruption rédigé par le chef du gouvernement ........................... 22

d. Les rapports de la Cour des comptes ................................................................................... 22

e. Avis du Conseil social, économique et environnemental (CESE) sur la gestion déléguée : .. 24

f. Rapport de l’Observatoire national des droits de l’électeur sur le déroulement des élections

communales et régionales du 4 septembre 2015 ........................................................................ 24

g. Les chiffres du ministère de la justice sur la criminalité économique .................................. 25

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h. Missions d’inspection du ministère de la justice sur les cliniques privées ........................... 25

i. Rapport 2014 de l’Unité de traitement du renseignement financier ................................... 25

IV. Activités de Transparency Maroc relayées par la presse en 2015 ............. 26

1. Activités de l’Observatoire de la corruption ............................................................................. 26

a. La production documentaire ................................................................................................ 26

b. Les sessions de formation sur la gouvernance locale .......................................................... 26

c. Les séminaires nationaux : .................................................................................................... 26

2. Les campagnes de sensibilisation organisées par le CAJAC ...................................................... 26

3. L’assemblée générale de Transparency Maroc tenue le 8 février 2015 ................................... 27

4. L’atelier organisé le 7 mars à Rabat sur l’accès à l’information fiscale .................................... 27

5. La table ronde organisée à Rabat sur « Le droit d’accès à l’information et la nouvelle instance

de lutte contre la corruption : Piliers essentiels pour la lutte contre la corruption » ...................... 28

6. La rencontre organisée à Rabat sur le thème du conflit d’intérêts .......................................... 28

7. Présentation de l’étude sur le Système national d’intégrité .................................................... 29

8. La conférence organisée à Fès sur la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne

gouvernance dans le secteur public .................................................................................................. 29

9. L’appel à la générosité publique lancée par Transparency Maroc ........................................... 30

10. L’atelier organisé à Fès sur la transparence fiscale au Maroc ................................................... 30

11. La table ronde organisée à Rabat sur le projet de réforme du code pénal .............................. 30

12. Le rapport semestriel du CAJAC ................................................................................................ 30

13. Le prix 2015 de l’intégrité .......................................................................................................... 31

14. Les observations de Transparency Maroc sur le projet de décret sur la commission nationale

de la commande publique ................................................................................................................. 31

15. L’atelier organisé à Nador sur « Le rôle de la société civile dans le renforcement du Système

national d’intégrité » ......................................................................................................................... 31

16. La table ronde organisée à Nador sur l’avant projet de code pénal ......................................... 32

17. Les résultats des travaux de Transparency sur la transparence du système fiscal ................... 32

18. La table ronde sur les « Progrès et limites de la réglementation des marchés publics au

Maroc » ............................................................................................................................................. 33

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19. Le séminaire organisé à Agadir le 26 novembre sur le Système National d’Intégrité .............. 34

20. Les résultats de l’Indice du Budget Ouvert ............................................................................... 34

21. La table ronde organisée à Marrakech sur « La justice face aux affaires de corruption » ....... 34

22. La table ronde organisée à Rabat sur le thème « Femme et corruption » .............................. 34

23. La rencontre organisée à Errachidia sur « Le rôle de la société civile dans la moralisation de la

vie publique » .................................................................................................................................... 35

V. Actes de corruption et infractions assimilées rapportés par la presse...... 35

1. Affaires jugées .......................................................................................................................... 35

2. Affaires en cours ....................................................................................................................... 39

3. Indicateurs statistiques du niveau de corruption par secteur ................................................. 48

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I. Les faits marquants :

Les faits importants de l’année 2015 tirés de la presse nationale concernent :

1. Le bilan de la mesure d’amnistie fiscale décrétée en 2014 Mohamed Boussaïd, ministre de l’économie et des finances, a présenté, mercredi 07 janvier 2015, le bilan tant attendu de l’amnistie sur les avoirs illégalement détenus à l’étranger. Cette mesure avait été instaurée par un amendement à la loi de finances 2014 qui a autorisé une amnistie en faveur des contrevenants à la règle de déclaration systématique au fisc ou à l’Office des changes des biens mobiliers et immobiliers possédés à l’étranger. La mesure était entrée en vigueur le 1er janvier 2014 et a pris fin le 31 décembre de la même année. Au décompte final, les avoirs déclarés se sont élevés à 27, 8 milliards de Dh, soit 5 fois et demie les prévisions. Ce sont les actifs financiers qui ont dominé avec 9,87 milliards de DH, soit 35,44% des montants déclarés. Ils sont suivis par les avoirs immobiliers, dont le montant déclaré s’élève à 9,57 milliards de Dh, soit 34,35%. Quant aux avoirs liquides rapatriés, ils ont atteint 8,42 milliards de DH, soit le tiers... En termes de recettes, la contribution libératoire a permis de collecter 2,3 milliards de DH. Le réseau bancaire a traité 18 973 déclarations. Un chiffre qui ne renseigne pas sur le nombre de déclarants, puisqu’un contribuable peut effectuer plus d’une déclaration auprès de différents établissements. « Ne me demandez ni le profil des déclarants, ni la cartographie par pays et encore la répartition par sexe », a précisé Mohamed Boussaïd, du fait des garanties d’anonymat qui avaient entouré l’opération depuis le début (L’Economiste, Aujourd’hui Le Maroc, Infomédiaire, Al Massae, Al Akhbar, Akbar Al Yaoum, Hespress, 01/01/2015).

2. La nouvelle baisse des prix des médicaments Le ministère de la santé a, dans le cadre de sa politique de réduction du prix des médicaments pour les rendre plus accessibles aux citoyens et alléger les dépenses de l’assurance maladie, a annoncé, le 02 janvier 2015, une nouvelle baisse des prix de 98 médicaments. « Après une première baisse des prix de près de 1 600 médicaments en 2014, le ministère de la santé vient d’entamer l’année 2015 par une nouvelle baisse de prix qui intéresse 98 médicaments », a indiqué le ministère dans son communiqué, précisant que « cette nouvelle baisse de prix survient à la suite des travaux de quatre commissions. Elle intéresse particulièrement les médicaments utilisés dans le traitement de plusieurs maladies chroniques, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’asthme, certaines maladies neurologiques, certaines affections inflammatoires et maladies infectieuses, des affections de l’appareil digestif, certains cancers et l’hypertrophie bénigne de la prostate ». Cette baisse est venue confirmer les propos du ministère de la santé, qui avait affirmé lors des précédentes baisses des tarifs des médicaments qu’il ne s’agissait que du début d’un processus de révision des prix des médicaments commercialisés au Maroc, qui garantira aux citoyens un accès équitable aux traitements médicamenteux (Le Matin, Infomédiaire, Al Bayane, Les Eco, 03-04/01/2015).

Malgré cette baisse des prix, le débat sur le médicament s’est poursuivi en 2015. Une commission parlementaire dite commission d’investigation, qui planche sur ce dossier depuis septembre 2014, a tenu une réunion le 25 mars 2015 avec l’Agence nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et le ministère de la santé. L’objectif était d’évaluer, d’une part, l’offre actuelle en médicaments, en particulier pour les assurés de l’AMO et les bénéficiaires du RAMED, et, d’autre part, élargir l’accès au médicament à la population marocaine (La Vie éco, 20/03/2015).

3. Le limogeage de l’ancien ministère des sports Mohamed Ouzzine à la suite du scandale du complexe Moulay Abdellah

Début 2015, le roi a limogé le ministre de la jeunesse et des sports Mohamed Ouzzine. Cette décision a été prise à la suite du rapport (inédit) présenté au roi sur les dysfonctionnements enregistrés lors du match du quart de finale du Mondialito fin décembre 2014. Le rapport réalisé à la

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demande du roi a confirmé l’implication politique et administrative directe du ministère et de l’entreprise chargée des travaux, particulièrement les défaillances de la mise à niveau du complexe Moulay Abdellah. Cela porte notamment sur les travaux de canalisation et d’aménagement de la pelouse du complexe qui n’ont pas respecté les critères prévus par les cahiers de charges. Le document pointe également les défaillances en matière de contrôle et de suivi effectué par le ministère, surtout que ce projet a connu des retards au niveau du démarrage et de la livraison. Les conclusions du rapport indiquent que le maintien du stade Moulay Abdellah dans la programmation d’une grande compétition n’a pas été pertinent, vu la probabilité qu’il n’allait pas être prêt à temps (L’Economiste, Les Eco, TelQuel, Yabiladi, Bladi, Aujourd’hui Le Maroc, Le 20heures, Aufait, Libération, Assabah, Al Massae, Hespress, Attajdid, Akhbar Al Yaoum, 07/01/2015). La démission du ministre de ses fonctions n’a pas empêché l’opinion publique de critiquer l’attitude des pouvoirs publics. Ceux qui espéraient que l’enquête sur le stade Moulay Abdellah allait constituer un tournant en matière de redevabilité, ont été déçus de l’issue réservée à cette affaire. En effet, l’enquête qui devait n’être que le début d’un processus de reddition des comptes et d’explications de la part de l’ex-ministre de la jeunesse et des sports, Mohamed Ouzzine, a certes été bouclée par le limogeage de ce dernier, une décision proposée par le chef du gouvernement et avalisée par le roi. Toutefois, ni les détails de l’enquête ni ses conclusions complètes n’ont été rendus publics. « Et pourtant, à en croire ce qui a été publié par la presse, comme des contrats de publicité aux soupçons de conflits d’intérêts, cette affaire devait normalement aboutir dans une juridiction», affirme Azeddine Akesbi, membre de Transparency Maroc (Médias24, 08/01/2015).

Dans un entretien accordé à Maroc Hebdo du 09 au 15 janvier 2015, Adil Benhamza, député et porte-parole du Parti de l’Istiqlal, est également revenu sur la démission du ministre de la jeunesse et des sports, estimant que le dossier n’est pas clos car « assumer la responsabilité de la gestion de la chose publique signifie aussi rendre des comptes. » « Et dans le cas Mohamed Ouzzine, le dossier doit être remis à la justice. Du moment que le roi l’a démis de ses fonctions sur la base des dysfonctionnements relevés par la commission d’enquête, c’est que le problème est sérieux et ne doit pas en rester là », affirme M. Benhamza qui ajoute : « seule la justice dira quel est le degré d’implication du ministre démis dans ce scandale. C’est la norme, il y a le volet politique, mais aussi le volet pénal. L’opinion publique est en droit de connaître les conclusions du rapport et, pour cela, nous demandons à ce qu’il soit rendu public. N’oubliez pas qu’il s’agit là d’un précédent dans l’histoire récente du pays » (MarocHebdo, 09-15/01/2015).

4. Les aveux d’échec de Benkirane en matière de lutte anti-corruption

Lors de la session mensuelle des questions orales à la Chambre des représentants tenue le mardi 13 janvier 2015, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a admis l’échec de son cabinet en matière de lutte contre la corruption. « Nous [le gouvernement, ndlr] n’avons pas réussi à vaincre la corruption. Je le reconnais », a ainsi déclaré Abdelilah Benkirane alors que le 3 décembre 2014, il présentait la lutte contre la corruption comme l’une des réussites de son cabinet. Le chef du gouvernement a ensuite appelé l’opposition à « se joindre à la lutte » dénonçant le rôle que « jouent certaines parties pour pérenniser la corruption » (TelQuel, 14/01/2015).

5. La condamnation du ministère de la jeunesse à verser 50 000 dh à

l’AMDH

En janvier 2015, le tribunal administratif de Rabat a condamné le ministère de la jeunesse et des sports à verser à l’Association marocaine des droits humains (AMDH) la somme de 50 000 dh. Les faits jugés dans ce procès remontent à fin septembre 2014. Alors que l’ONG avait eu l’autorisation des responsables du centre “Bouhlal”, relevant de la tutelle du ministère, d'organiser une conférence, elle a dû faire face, à la dernière minute, au refus des gérants de lui accorder l’accès à l’espace public. Selon ces derniers, un “ordre” en ce sens, était venu tout droit des services de la

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wilaya de Rabat. Des agents de la police ont encerclé le lieu, prêts à intervenir en cas de protestations des membres de l’AMDH. Un huissier de justice appelé par l’ONG a constaté les faits et rédigé un PV sur l’incident. Au cours du procès, le tribunal administratif a exclu la wilaya de Rabat de la procédure car il n’y a pas de preuve matérielle l’impliquant dans cette affaire. L’ordre donné à la direction du centre “Bouhlal” était seulement oral. Par conséquent, il ne restait dans la plainte que le ministère de la jeunesse et la présidence du gouvernement. Le tribunal a finalement prononcé une décision qui a donné raison à l’ONG (Yabiladi, PanoraPost, 20/01/2015).

6. La polémique sur le financement des associations

En janvier 2015, les ministères de l’intérieur, du budget, des relations avec le Parlement et la société civile, puis le Haut commissariat au plan se sont relayés au Parlement pour casser les non-dits des financements étrangers. Les statistiques inédites du Secrétariat général du gouvernement (SGG) ont été présentées à cette occasion. Il en ressort que 962 associations ont reçu 1,25 milliard de DH en six ans. Ce montant n’intègre pas les subventions de l’Etat, les fonds d’appel à la générosité publique, les contributions des opérateurs privés. Les ONG locales arrivent en tête des bénéficiaires, suivies par celles d’envergure nationale (306) et plus modestement par les associations régionales (189). Sur les 16 régions, Rabat-Salé est en pole position (89 associations). Vient ensuite le Souss-Massa (68), juste derrière le Grand Casablanca (49 et l’Oriental (38). Le ministère des relations avec le Parlement et la société civile soutient par ailleurs que 80% des subventions externes sont accaparées par 20% des ONG. Comment expliquer une telle concentration ? Le profil des membres-dirigeants, leur proximité des cercles d’influence et leur expertise entrent en jeu. En principe, une association doit déclarer les fonds étrangers au SGG dans les 30 jours de leur réception, ouvrir un compte bancaire, justifier les dépenses et aviser les ministères de l’intérieur et des finances. Cette procédure est fixée par la loi régissant les associations. Toutes les ONG bénéficiaires d’aides étrangères n’appliquent pas la législation en vigueur. « Sur les 962 associations concernées (2006-2014), seulement 405 ont déclaré les aides étrangères », précise le SGG en confirmant le constat de l’exécutif (L’Economiste, 21/01/2015).

Par ailleurs, le ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile, Lahbib Choubani, a affirmé le 20 janvier 2015, qu’un nouveau texte juridique concernant les financements des associations sera débattu au Parlement et qu’une commission ministérielle va être créée à cet effet. Le prochain arsenal juridique relatif à la vie associative fera de « l’accès à la société civile des non-sérieux et non-honnêtes, un accès dangereux », a affirmé le ministre qui répondait à deux questions des groupes du Progrès démocratique et de la Justice et du développement à la Chambre des représentants. Il a précisé dans ce sens que parmi les plus importantes réformes à venir, figurent l’activation de la recommandation relative à la présentation au Parlement, d’un rapport annuel complet et détaillé sur le financement des associations, que se soit un financement national ou international. Une commission interministérielle chargée de ce rapport sera créée si l’on en croit M. Choubani. Le ministre a souligné que le financement des associations constitue aujourd’hui l’objet d’un véritable débat et que le gouvernement s’est engagé à réformer le système d’une manière globale. M. Choubani a également mis l’accent sur les efforts déployés par le gouvernement pour renforcer sa coopération avec la Cour des comptes et le Parlement dans le but de fournir des informations et soutenir le contrôle des fonds publics (Aufait, La Tribune, Akhbar Al Yaoum, Al Ahdath Al Maghribia, Sahara Al Maghribia, 21/01/2015).

Lundi 26 janvier à Rabat, le ministre de l’économie et des finances, Mohamed Boussaïd, a affirmé à son tour que seulement 20% des associations accaparent 80% du financement public destiné à l’action associative, alors que 97% de ces associations ne présentent pas leurs rapports financiers. Cette situation entrave l’action de contrôle et de suivi des subventions publiques qui sont accordées aux associations, a expliqué le ministre, qui intervenait lors de la réunion de la commission parlementaire de contrôle des finances publiques. En 2014, jusqu'à la fin du mois d'octobre plus de

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683 associations ont bénéficié de subventions dans le cadre des budgets ministériels, contre 646 en 2013 a fait savoir M. Boussaïd. Le montant des subventions accordées jusqu'à fin octobre 2014 a ainsi atteint 1,44 milliard de DH, dont 1,12 milliard de Dh dédié aux activités sociales, 181 millions de DH au domaine administratif, a ajouté le ministre qui a précisé qu’en 2013 ce montant s’élevait à 1,33 milliard de DH (Le Matin, Libération, Aufait, L’Opinion, Les Eco, La Tribune, Le Reporter, 27/01/2015).

La Cour des comptes est également entrée en jeu en décidant d’auditer les associations marocaines. En effet, la Cour a annoncé en mars 2015 qu’elle « a saisi toutes les associations, y compris celles reconnues d’utilité publique dont le nombre s’élève à 214, qui bénéficient d’aides et de soutiens ou de fonds collectés par appel à la générosité publique, pour qu’elles communiquent leurs situations et leurs états financiers et comptables détaillés afférents aux exercices 2009 à 2014, dans la perspective de l’élaboration d’un diagnostic relatif au financement des associations au Maroc » (Aujourd’hui Le Maroc, Les Eco, 16/03/2015).

Le 9 novembre 2015, le Secrétaire général du gouvernement, Driss Dahhak, a révélé au Parlement que quelque 194 ONG marocaines, opérant dans divers domaines, ont reçu en 2015 un total de plus de 265 millions de dirhams (27 millions de dollars) d'aides en provenance d'ONG internationales et de pays étrangers. S'exprimant devant la Commission parlementaire de la justice et de la législation, Driss Dahhak a indiqué que ces aides ont couvert la période allant du 1er janvier au 30 septembre 2015. Ces ONG sont actives, selon M. Dahhak, dans les domaines de la protection sociale, de la santé, de l'environnement, des infrastructures, de la femme, de la culture, ainsi que dans les droits de l'Homme. Le Secrétaire général du gouvernement n’a pas précisé le montant des aides que perçoivent les ONG œuvrant dans la défense des droits de l'Homme. "Le chiffre annoncé officiellement n'est que la partie visible de l'iceberg", selon une source parlementaire (Le360, 09/11/2015).

7. Le scandale de corruption à la FIFA impliquant le Maroc

Une enquête ouverte contre la FIFA par la justice américaine et qui risque de faire tomber plusieurs responsables de l’instance internationale du football, a mis en cause certains pays pour leur tentative de corruption. Le Maroc n’échappe pas à cette chasse aux corrompus et corrupteurs. Selon les premiers détails des investigations publiés par la justice américaine, le Royaume aurait tenté d’acheter une voix pour l’organisation de la Coupe du Monde 1988. Il aurait voulu mettre à mal la candidature française d’après les révélations obtenues de Jack Warner, l’ex secrétaire général de la CONCACAF (Confédération de Football de l’Amérique du Nord et des Caraïbes) et ancien vice-président de la FIFA, mis en cause dans ce gros scandale. Mais si le Maroc a été cité dans ce scandale comme un pays corrupteur, il a été aussi victime pour l’organisation d’une autre Coupe du Monde : celle de 2010 en Afrique du Sud. En effet, en 2004, lors d’un autre voyage au Maroc, Warner se serait vu proposer un million de dollar pour voter pour le royaume, mais il a appris que l’Afrique du Sud proposait nettement mieux (10 millions de dollars) à l’Union caribéenne de football. Selon l’enquête, Warner aurait accepté l’offre sud-africaine et aurait détourné une partie de l’argent à des fins personnelles (Yabiladi, Media24, Le360, MarocHebdo, 27/05/2015).

Le Maroc a démenti le 14 juin 2015 les accusations selon lesquelles il aurait payé des pots-de-vin pour s’adjuger l’organisation de la Coupe du Monde 1998. Le Comité national olympique marocain et la Fédération royale marocaine de football ont indiqué dans un communiqué conjoint que le Royaume dément « de façon catégorique les accusations diffamatoires portées à l’encontre de responsables du comité de candidature marocain à la Coupe du monde 1998 ». Ces accusations visent à « ternir l’image d’un pays qui a toujours accordé la priorité aux valeurs d’intégrité et d’équité en tant que principes fondateurs », ajoute le communiqué (Bladi, Yabiladi, Media24, Le360, Infomédiaire, Jeuneafrique, 15/06/2015).

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8. La mise en place d’un numéro vert par le ministère de la justice pour

dénoncer la corruption Le ministère de la justice a lancé, jeudi 18 juin 2015 à Rabat, un numéro vert pour dénoncer la corruption, dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte de la réforme du système judiciaire. Cette ligne a été mise en place pour permettre aux citoyens de disposer d'un mécanisme rapide et efficace pour dénoncer la corruption et pour encourager les citoyens à témoigner sur des actes de corruption. Le numéro vert dédié aux dénonciateurs des actes de corruption est le suivant : 08.00.00.47.47. De même, un fichier informatique réservé aux dénonciations et un formulaire des données relatives aux actes de corruption ont été mis en place. Pour mieux sensibiliser les citoyens à l'importance de cette opération destinée à combattre la corruption, un spot publicitaire sera diffusé sur les ondes de la radio nationale et sur les chaînes de télévision nationales. Des flyers seront également distribués dans les tribunaux pour informer sur le numéro vert mis en place et expliquer les objectifs de cette opération et comment y procéder (Infomédiaire, Media24, Yabiladi, L’Economiste, Panorapost, Le Reporter, 19/06/2015).

Le 2 novembre 2015, le ministre de la justice, Mustafa Ramid, qui était présent devant la commission de justice, de législation et des droits de l’Homme de la première Chambre, pour dresser le bilan de son département et répondre aux questions des parlementaires, a révélé que cette ligne anti-corruption reçoit 6 000 appels quotidiens. Un nombre important lorsque l’on sait qu’au bout de la chaîne se trouve trois juges censés guider les citoyens pour les mesures à entreprendre afin de dénoncer les responsables qu’ils accusent de corruption. Concernant ce service, Mustafa Ramid a également noté qu’une grande partie des appels concernent des faits qui n’ont aucun lien avec la corruption. Pour remédier à ce problème, le ministre de la justice a suggéré la mise en place de lignes spécifiques ou d’un centre d’appel judiciaire (TelQuel, 03/11/2015).

9. La mise en place de caméras par la gendarmerie contre la corruption et

les automobilistes indélicats

C’est le quotidien Al Massae daté du 27-28 juin 2015 qui a rapporté que la gendarmerie royale a mis en place des cameras pour enregistrer les interventions des gendarmes. Cela portera d’abord sur les interventions dans le cadre des barrages dressés sur les routes du pays. L’objectif est de filmer les gendarmes au moment où ils dresseront des procès-verbaux pour diverses contraventions et avoir ainsi des preuves irréfutables quand les choses dégénèrent entre les gendarmes et les usagers de la route. Ce sera aussi un moyen de dissuader d’une part les gendarmes corruptibles et, d’autre part de disposer de preuves sur les automobilistes qui leur proposeraient des pots-de-vin. Les mêmes caméras seront utilisées pour filmer d’autres interventions de la gendarmerie pour éviter des allégations de torture ou de mauvais traitements (Le360, Al Massae, 27-28/06/2015).

10. L’adoption par l’ONU du projet de résolution anti-corruption présenté

par le Maroc

Le 02 juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU a adopté par consensus à Genève un projet de résolution présenté par le Maroc sur l'impact négatif de la corruption sur la jouissance des droits humains. Cette résolution a bénéficié du co-parrainage de 144 Etats, ce qui en fait le texte bénéficiant du plus large soutien lors de la 29ème session du Conseil qui s’est tenu du 15 juin au 3 juillet 2015. Présentant le projet de résolution, l'ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l'ONU, Mohamed Auajjar, a souligné que « s'il y a un domaine qui reflète l'interdépendance et l'indivisibilité des droits de l'homme, c'est bien l'impact de la corruption qui frappe indistinctement l'ensemble des droits humains ». La pleine jouissance des droits de l'Homme passe inévitablement par la lutte implacable contre la corruption sous toutes ses formes ainsi que par la consécration des principes de bonne gouvernance et de l'Etat de droit, a indiqué M. Auajjar qui

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n'a pas manqué de rendre hommage aux membres du Comité consultatif du CDH qui ont planché sur la question de l'impact de la corruption sur les droits de l'Homme avant de soumettre en mars 2015 au conseil un rapport final de leur étude sur le sujet. Le Maroc avait initié le processus de réflexion au CDH sur l'impact négatif de la corruption sur la jouissance des droits de l'homme en 2012, à travers une déclaration soutenue par 134 Etats (Infomédiaire, 02/07/2015).

11. L’adoption de la résolution marocaine sur le suivi de la «Déclaration de Marrakech» en faveur de la prévention de la corruption

La sixième session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption, qui s’est tenue du 2 au 6 novembre 2015 à Saint-Pétersbourg, a été couronnée par l’adoption à l’unanimité de la résolution marocaine sur le « suivi de la Déclaration de Marrakech en faveur de la prévention de la corruption ». Cette résolution, qui a été saluée par le Groupe africain, la majorité des États arabes et plusieurs puissances mondiales, notamment la Russie, les États-Unis, la France et l'Allemagne, a également bénéficié du soutien du Groupe des 77 et de la Chine, de l'Union européenne et de l’État de Palestine, indique un communiqué du ministère délégué chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'administration. Cette résolution vise à consolider les acquis réalisés après l'adoption de la Déclaration de Marrakech lors de la 4ème session de la Conférence tenue en 2011 à Marrakech, à consacrer les politiques de prévention dans l'ensemble des stratégies nationales de lutte contre la corruption et à inciter l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à poursuivre l'exercice de son rôle d'observatoire international en vue de rassembler et partager les bonnes pratiques de prévention de la corruption (Le Matin, L’Opinion, 11/11/2015).

12. L’adoption de la version finale du projet de stratégie nationale anti-corruption par le comité de pilotage

La commission chargée de superviser la stratégie nationale de lutte contre la corruption a adopté, lundi 28 décembre 2015, lors d’une réunion présidée par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, la version finale du projet de stratégie tout en prenant en considération des remarques des membres de la commission. A noter que les mesures prévues par cette stratégie couvrent les différents aspects de la question de la lutte contre la corruption, notamment la mise à niveau de l’aspect institutionnel et juridique, l’activation de la dimension prévention et répression, le renforcement de l’aspect éducation et sensibilisation, indique un communiqué du département du chef du gouvernement. M. Benkirane a affirmé, à cette occasion, la nécessité d'accorder la priorité aux mesures effectives et à fort impact sur les secteurs les plus exposés à la corruption et qui sont le plus concernés par les griefs d'insatisfaction des citoyens. Le chef du gouvernement a appelé à accorder une importance particulière aux instruments du suivi de l'exécution de la stratégie, tant au niveau du comité de pilotage, qu'il importe d'encadrer juridiquement, qu'au niveau du comité technique chargé du suivi et de l'assistance à l'exécution des projets de la stratégie, qu'il importe aussi de renforcer en termes d'expertise et de moyens nécessaires à l'accomplissement de ses missions (Infomédiaire, Le Matin, Menara, L’Opinion, 28/12/2015).

Par ailleurs, cette stratégie vise en priorité les secteurs où la corruption prospère. Il s’agit de la santé, la police, la gendarmerie, la justice, les collectivités territoriales et l’urbanisme. Ses 239 projets seront répartis sur 3 tranches. Selon Mohammed Moubdii, ministre de la fonction publique et de la modernisation de l’administration, « une première sur la période 2015-2016 déjà mise en place, une deuxième sur 2016-2020 et un dernière sur 2020-2025 ». Parmi ces projets, 79 sont d’une urgence immédiate, dont 63 sont déjà lancés. Une trentaine sont programmés dans la loi de finances 2016. Tandis que le reste est proposé au financement des comptes spéciaux. A côté des campagnes de sensibilisation, ces projets visent la simplification et la digitalisation de certaines procédures, des formations, l’installation de centres d’appels ou des applications pour les plaintes. Selon le ministre

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de la fonction publique, « cette stratégie a été concoctée en concert avec la société civile. Elle vise à endiguer la corruption, augmenter la crédibilité de l’administration et donner de l’éclat au Maroc à l’échelle internationale ». Une commission intergouvernementale sera chargée du suivi de la mise en place de la stratégie. Son évaluation sera établie de manière systématique par trois principaux indicateurs internationaux (L’Economiste, Aujourd’hui Le Maroc, Les Eco, Yabiladi, Le 360, 29/12/2015).

Transparency Maroc, qui « a pris part aux travaux d’élaboration du document tout au long du processus », a salué l’adoption de cette stratégie, dans un communiqué du 03 janvier 2016. Tout en relevant « le caractère participatif de la démarche et l’esprit d’ouverture qui l’a caractérisée», TM affirme avoir « toujours considéré la mise en place d’un plan d’ensemble, cohérent et doté d’objectifs clairs et de mécanismes de suivi, comme un instrument essentiel dont devrait se doter l’Etat pour lutter contre la corruption… » « Bien qu’elle soit perfectible, sur plusieurs aspects, affirme TM, la stratégie… présente dans sa globalité les éléments essentiels d’une feuille de route structurante et donnant de la lisibilité de ce que sera entrepris dans ce domaine... » TM précise également que « son adoption constitue un signal positif aux citoyens et à la communauté internationale, mais ce n’est qu’à l’aune de sa mise en œuvre que sera jugée la véritable volonté de l’Etat pour engager enfin, le combat contre la corruption. » TM souligne toutefois dans son communiqué que « l’environnement de mise en œuvre de cette stratégie reste profondément handicapé par deux lois structurantes : celle mettant en place la nouvelle instance de probité de prévention et de lutte contre la corruption et celle relative à l’accès à l’information. Elle regrette l’adoption de la première malgré son caractère régressif et appelle une nouvelle fois le gouvernement à revoir le projet de loi sur l’accès à l’information actuellement en débat à la Première Chambre. »

II. Bilan 2015 concernant l’adoption des textes de lois en lien avec la

gouvernance et la lutte anti-corruption

1. Les lois adoptées et promulguées

a. L’entrée en vigueur du décret d’application de la loi sur le Conseil de la concurrence :

Le décret d’application de la loi sur le Conseil de la concurrence, adopté en juin 2014, a été publié en 2015 au Bulletin officiel et ses dispositions sont ainsi entrées en vigueur. Ce texte fixe notamment les modalités de nomination des membres du Conseil. Par exemple, les membres autres que le président et les magistrats sont nommés par les ministres concernés par chaque domaine de compétence. Le commissaire du gouvernement auprès du Conseil est nommé, quant à lui, par le ministre des affaires générales et de la gouvernance. Ce décret définit également l’organisation du travail au sein du Conseil en plus des modalités de fonctionnement de ses instances (L’Economiste, Le360, 29/06/2015).

b. L’entrée en vigueur de la loi organique relative à la loi de finances :

Après pratiquement trois ans dans le circuit législatif, la nouvelle loi organique relative à la loi de finances est entrée en vigueur. Le texte a été publié au Bulletin officiel daté du 18 juin 2015. L’élaboration du Budget 2016 a été faite sur la base de cette loi organique. Parallèlement au processus d’adoption de la loi, une expérience-pilote de la réforme avait été lancée dans quatre départements : ministères de l’économie et des finances, de l’agriculture, de l’éducation nationale et Haut-commissariat aux eaux et forêts avec pour objectif de tester les nouveaux principes dans le contrôle de l’exécution du Budget et des finances publiques (Le Matin, L’Economiste, Infomédiaire, 29/06/2015).

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c. L’entrée en vigueur de la loi sur la nouvelle instance anti-corruption :

La loi sur l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption est entrée en vigueur après sa publication au Bulletin officiel en juin 2015. Ainsi, l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), créée en 2007, disparaît pour céder la place à une nouvelle instance. Cette dernière est, selon la loi qui précise son statut, indépendante de la Primature, dispose de son propre budget et son rapport sera annuellement discuté au Parlement.

La teneur de cette loi ne satisfait pas la société civile qui ne s’est pas privée de critiquer la réforme. Par exemple, le secrétaire général de Transparency Maroc, Abdessamad Saddouq, estime que la réforme « installe une instance qui ne saura nullement faire avancer la lutte contre la corruption et qui est en net recul par rapport à la Constitution ». L’association Anfass Démocratique estime, quant à elle, que le nouveau statut est un pas important mais demeure insuffisant. La société civile réclamait surtout deux attributions essentielles : l’auto-saisine et le pouvoir de lancer des investigations. Elle n’obtiendra que la capacité à lancer des investigations préjudiciaires après avoir été saisie par toute personne physique ou morale, avec toutefois certains verrous. L’auto-saisine n’est pas mentionnée. La société civile reproche au législateur d’avoir supprimé un acquis de l’ICPC : sa composition. En effet, l’ICPC était composée d’un tiers gouvernemental, un tiers société civile, un tiers professionnels. La nouvelle instance est composée de douze membres. En supprimant ainsi toute représentation de la société civile ou du secteur privé, la nouvelle loi « menace l’indépendance de l’instance », estime M. Saddouq (L’Economiste, 04/08/2015).

L’opinion de la société civile n’est pas partagée par Abdeslam Aboudrar, actuel président de l’ICPC, qui pense quant à lui qu’ « il faut relativiser car si l’auto-saisine n’a pas été accordée explicitement, il est stipulé qu’elle peut être saisie par n’importe quelle personne physique ou morale. Ce n’est pas ce qui posera un problème ». Quant au pouvoir de lancer des investigations, M. Aboudrar précise que le rôle de l’instance n’est pas de se « substituer à la justice ». « La justice est là, il faut la réformer, raffermir son indépendance. Mais on ne peut pas la remplacer », explique M. Aboudrar qui considère que « toutes les restrictions formelles qui minent l’instance sont surmontables » (L’Economiste, 04/08/2015).

d. L’entrée en vigueur du décret sur la commission nationale de la commande publique

Le décret sur la commission nationale de la commande publique est entré en vigueur après sa publication au Bulletin officiel du 1er octobre 2015. Pour rappel, Transparency Maroc avait critiqué ce texte lorsqu’il était au stade de projet. En effet, TM avait répondu à l’appel à commentaires lancé par le Secrétariat général du gouvernement (SGG) au mois d’août 2015 pour ce projet de décret. (Voir ci-dessous IV, 14).

2. Textes débattus ou adoptés au Parlement

a. Projets de lois organiques sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des

magistrats:

Les projets de lois organiques sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des magistrats ont été adoptés au Parlement le 27 octobre 2015. Le premier texte a été adopté à la majorité absolue par 153 voix contre 3 voix de l'USFP et zéro abstention, alors que la seconde loi a été approuvée à la majorité absolue par 118 voix pour et 67 abstentions.

Avant même l’adoption de ces deux textes par le Parlement, les magistrats ont exprimé leur insatisfaction par rapport au contenu de ces deux projets de loi organiques. Ainsi, pour défendre leurs positions, ils ont décidé en mai 2015 de créer « la coalition marocaine des associations professionnelles des magistrats ». Cette coalition, qui a vu le jour le 20 mai précisément, est composée de l’Amicale des magistrats, du Club des magistrats du Maroc, l’Association marocaine des femmes juges et l’Association marocaine des magistrats. Ces quatre entités ont tenu, mardi 26 mai

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2015, une conférence de presse à Casablanca pour exprimer leurs inquiétudes. Les magistrats réunis dans le cadre de cette nouvelle coalition considèrent que les conclusions du dialogue national sur la réforme de la justice n’ont pas pris en compte leurs propositions. Ils trouvent à redire également aux concertations menées par le ministère de la justice et des libertés pour l’élaboration des projets de loi organiques relatifs au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et au statut des magistrats. Ils considèrent que ces projets sont en déphasage avec l’indépendance du pouvoir judiciaire prôné par la Constitution de 2011 (Le Matin, 28/05/2015).

Après l’adoption de ces deux textes par la Chambre des représentants, le ton est monté entre les magistrats et le ministre de la justice. Le Club des magistrats a menacé de faire recours à un arbitrage royal concernant les deux projets de lois adoptés par la première Chambre du Parlement. Ainsi, Abdellatif Chentouf, président du Club des magistrats, a déclaré à la presse que cet arbitrage sera demandé à travers le Conseil supérieur de la magistrature qui est une institution constitutionnelle. M. Chentouf a ajouté que le Club qu’il préside espère que les failles existant dans les deux projets de lois seront rattrapées via un arbitrage du roi, « pour le bien du pays », ajoutant toutefois que son Club allait continuer à protester et à se battre pour une réelle indépendance du pouvoir judiciaire (Le360, Al Massae, 22/10/2015). Par ailleurs, l’Amicale Hassania des magistrats, au terme d’un colloque international sur « Les garanties de l'indépendance des magistrats et le pourvoir judiciaire au Maroc » organisé le 30 octobre 2015 à Casablanca, les participants ont adopté un document, baptisé « l’Appel de Casablanca », au sujet des deux projets de lois organiques. Dans ce document, les magistrats ont critiqué ces deux textes et souligné leur attachement à l’Institution monarchique comme garante constitutionnelle de l’indépendance du pouvoir judiciaire et des magistrats. Le ministre de la justice, Mustafa Ramid, qui était invité au colloque, a défendu à cette occasion les deux projets de lois organiques. Le ministre a exprimé son désaccord avec ses détracteurs qui appellent toujours à revoir certaines dispositions qu’ils jugent attentatoires à l’indépendance des magistrats (Le Matin, Le360, Assabah, 03/11/2015).

Actuellement, le processus d’adoption de l’arsenal juridique relatif à la réforme de la justice, est dans sa dernière ligne droite. Après leur approbation par les députés, les deux projets de loi ont été transmis à la Chambre des conseillers pour être examinés par la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme. Mais avant de démarrer les discussions autour de ces deux textes, les groupes de l’opposition à la 2ème Chambre, ont organisé une journée d’étude, lundi 28 décembre à Rabat, pour « mieux cerner les questions qui posent problème et celles qui peuvent faire l’objet d’un consensus », a souligné Abdelaziz Benazzouz, chef du groupe parlementaire du PAM. Les conseillers ayant initié cette rencontre ont préféré ne pas intervenir, « laissant la parole aux professionnels pour mettre en avant les différentes défaillances de ces textes. Les groupes parlementaires auront tout le temps pour présenter leurs avis et propositions lors de la discussion détaillée en commission », a noté pour sa part, Mohamed Alami, chef du groupe de l’USFP à la 2ème Chambre. Lors de cette rencontre, Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme, a présenté les recommandations du Conseil, inscrites dans le mémorandum portant sur les deux projets de loi. Les interventions des magistrats, représentants des associations de la corporation, ont mis l’accent sur « des dispositions portant atteinte aux garanties accordées aux juges » (L’Economiste, Le Matin, 29/12/2015).

b. Projet de loi sur le droit d’accès à l’information :

Le projet de loi sur le droit d'accès à l'information, initié par le ministère de la fonction publique et adopté par le conseil de gouvernement du jeudi 31 juillet 2014, est toujours en cours d’examen au Parlement. En juin 2015, la presse a rapporté que l’opposition au Parlement refuse de discuter le projet de loi du gouvernement. Le projet de loi élaboré par le gouvernement fait l’objet de nombreuses critiques. Modifié puis soumis à l’approbation du conseil du gouvernement en 2014, ce projet avait entraîné le

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Parlement et le gouvernement dans un conflit ouvert sur la prééminence de l’initiative législative. Après la présentation du texte devant la commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme de la première Chambre, de nouvelles tensions sont apparues. Dans un communiqué diffusé mi-2015, les groupes parlementaires de l’opposition ont dénoncé « une volonté du gouvernement de bloquer l’initiative législative du Parlement et surtout de l’opposition » (Le Matin, Les Eco, 27-28/06/2015).

c. Projets de lois relatifs aux pétitions et aux motions en matière législative :

Les lois organiques relatives à la présentation des propositions en matière législative et à la présentation des pétitions aux pouvoirs publics suscitent les critiques des acteurs de la société civile.

Elaborés par le ministère chargé des relations avec le Parlement et la société civile, les deux textes ont été passés au peigne fin par l’Institut Prometheus pour la démocratie et les droits humains. S’agissant du texte relatif à la présentation des pétitions aux pouvoirs publics, l’Institut a présenté cinq remarques relatives à la formulation des articles du projet… Quant au projet relatif à la présentation des motions en matière législative, il contient 19 points à modifier selon le mémorandum de Prometheus. En plus du nombre de signataires exigés, jugé trop élevé, l’Institut remet en question le 10ème article du projet. Celui-ci prévoit que la décision de rejet des propositions ne peut faire l’objet d’un appel, une idée contestée par l’Institut qui juge qu’il s’agit là d’une décision administrative émanant du bureau de l’une des Chambres du Parlement. De ce fait, cette décision peut tout à fait être contestée devant les autorités administratives concernées. De son côté, le groupement Espace associatif s’est focalisé sur les détails du projet relatif à la présentation des motions en matière législative. Dans ce sens, l’Espace associatif souligne que le projet reste en deçà des attentes de la société civile (Le Matin, 9-10/05/2015).

III. Etudes et rapports sur le Maroc relayés par la presse

La presse nationale s’est faite l’écho en 2015 de plusieurs rapports internationaux et nationaux qui ont été publiés, et dont les résultats évoquent le Maroc, en ce qui concerne notamment la corruption, la transparence, la gouvernance et l’accès à l’information.

1. Les rapports internationaux a. Les résultats du Baromètre de l’ONG Web Foundation sur la transparence des données : Le Maroc est un élève moyen en matière de transparence des données, selon le dernier baromètre de la transparence des données dans le monde publié par l’ONG américaine Web Foundation, un organisme voué à l'amélioration et la disponibilité des données sur internet. Sur 86 pays, le Royaume se classe 55ème à égalité avec l’Ukraine avec un score ODB (Open Data Barometer – Baromètre de l’ouverture des donnés) de 21,11, en régression de plus de 5 points par rapport à la précédente édition de 2013. « Bien que le Maroc ait été le premier pays d'Afrique à mettre en place un portail de données, la qualité, la rapidité et la pertinence des ensembles de données actuellement disponibles sont limitées », remarquent les auteurs du rapport. Par ailleurs, le Maroc, la Tunisie et l’Afrique du Sud sont les seuls pays africains figurant dans la catégorie des pays émergents et avancés du baromètre de la transparence des données, aux côtés des pays comme l’Espagne, l’Italie, la Russie, le Portugal, l’Irlande ou encore l’Inde (Yabiladi, Hespress, 21/01/2015). b. L’Indice 2015 de liberté économique publié par la Fondation Heritage « Le Maroc a retrouvé le statut modérément libre dans l'indice de liberté économique 2015 », indiquent les auteurs du dernier Index of Economic Freedom publié par la Fondation Heritage, un

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laboratoire d'idées américain, en partenariat avec le Wall Street Journal. Avec un score de 61,1 par rapport à 2014, le Maroc est 89ème sur 178 pays de ce classement dominé par Hong Kong et Singapour. Pour rappel, l'indice de liberté économique est déterminé à partir d’un ensemble de dix critères regroupés en quatre catégories, à savoir, l’autorité de la loi, les limites du gouvernement, l’efficacité de la réglementation et l’ouverture des marchés. Le retour du Maroc au statut modérément libre comme en 2012 où il était 87ème est une bonne nouvelle pour le Royaume qui avait considérablement régressé en 2013 et 2014. En 2014, le pays avait signé une de ses plus grosses chutes dans l’indice de liberté économique, historiquement parlant, se situant au 103ème rang dans la classe des quasiment non libres. Mais, les auteurs de ce classement notent pour 2015 « une très grande amélioration » de la liberté du commerce, la corruption, la liberté du travail, la liberté monétaire. Ces rebonds ont été si considérables qu’ils « ont compensé les baisses dans la gestion des dépenses publiques et la liberté d'entreprise ». Ce qui a permis au Maroc d’améliorer son score global de 1,8 point par rapport à l’an dernier. Cependant, le Royaume a perdu deux rangs sur le plan régional. Classé au 9e sur 15 pays de la zone MENA, son score global est juste en dessous de la moyenne mondiale et à 1,5 point de la moyenne régionale (Yabiladi, Infomédiaire, 28/01/2015). c. Rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique sur les flux financiers illicites en provenance de l’Afrique Au cours des 50 dernières années, l’Afrique a perdu plus de 1 000 milliards de dollars du fait des flux financiers illicites. Le continent continue de perdre au moins 50 milliards de dollars par an dans ces sorties illicites de capitaux (capitaux gagnés, transférés ou utilisés illégalement). Ces flux résultent à plus de 55% d’opérations commerciales (fausse facturation des transactions dans le commerce international), mais aussi de l’évasion fiscale et d’activités délictueuses (blanchiment d’argent, trafic de drogues et d’armes et traite des êtres humains), ainsi que de la corruption… C’est ce qui ressort du rapport commandité par l’Union africaine et la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU, et publié début février 2015. Le Nigéria représente la part la plus importante (217,7 milliards de dollars, soit 30,5%), devant l’Egypte (105,2 milliards, 14,7%), l’Afrique du Sud (81,8 milliards, 11,4%), le Maroc (33,9 milliards, 4,1%), l’Angola (29,5 milliards, 3,7%), l’Algérie (26,1 milliards, 3,7%) et la Côte d’Ivoire (21,6 milliards, 3%). Les grandes entreprises sont de loin les principaux coupables des sorties illicites de capitaux. La criminalité organisée vient aussitôt après (Le Matin, Rissalat Oumma, 06/02/2015). Par ailleurs, selon ce rapport, les flux financiers illicites en provenance d’Afrique entre 2000 et 2010 sont plus importants dans les industries du pétrole (82 milliards de dollars), des métaux et minéraux précieux (56 milliards), des minerais (près de 15 milliards), des machines et matériels électriques (12 milliards), fruits et noix comestibles (11 milliards), cuivre (11 milliards), fer et acier (10 milliards). Dans le secteur des machines et du matériel électriques, 82,7% du total des flux financiers illicites viennent du Maroc (51,8%), de la Tunisie (19,1%) et des pays de l’Union douanière de l’Afrique australe (11,8%). Dans le secteur de l’habillement, la Tunisie pointe en tête (33,4%). Au Maroc, globalement, 29,9% du total des flux illicites en provenance du pays concernent les machines et le matériel électriques, 14,2% l’habillement et 10,7% les légumes (Le Matin, Rissalat Oumma, 06/02/2015). S’agissant des recommandations, la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique, en a émis une série afin d’endiguer ce phénomène. Ces mesures touchent aussi bien l’aspect commercial que celui ayant trait aux activités criminelles. Le rapport conseille aux Etats de réexaminer leurs accords de double imposition. En effet, ces conventions, selon le document, peuvent contenir des dispositions contraires à la mobilisation des ressources intérieures et peuvent donc être utilisées pour faciliter la fuite des capitaux. Le groupe de haut niveau recommande ainsi aux pays africains d’évaluer le texte de leurs conventions de double imposition déjà signées ou envisagées, en particulier celles qui sont conclues avec des juridictions qui sont des destinations importantes de ces

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fonds… Autre recommandation, les Etats africains sont aussi appelés avant tout à mettre un terme à la falsification des prix du commerce à travers plusieurs actions. Lors de la collecte des impôts, les services dédiés doivent s’assurer que toutes les entreprises, petites et grandes, sont bien inscrites sur les listes de contribuables. Les douanes des Etats africains doivent utiliser les bases de données sur les prix comparables pratiqués dans le commerce mondial des marchandises afin d’analyser les importations et les exportations et de repérer ainsi les transactions appelant un plus ample examen. Les Etats doivent également commencer à collecter des informations sur les transactions commerciales et à créer des bases de données à l’aide de cette information (Les Eco, Al Massae, 10/02/2015). d. L’Indice du World Justice Project sur l’ouverture des gouvernements Selon un rapport du World Justice Project sur l’ouverture des gouvernements à travers le monde rendu public en 2015, plus de 80% des Marocains ne connaissent pas leurs droits en matière d’accès à l’information. « Dans le monde, moins de 40 % des répondants ont dit connaître les lois garantissant leur accès aux informations détenues par le gouvernement. Au Maroc, seulement 19% ont dit les connaître », indique le rapport qui met en relief la complexité et la lourdeur de l’administration marocaine. Il explique qu’au Maroc, parmi les 6% de répondants ayant demandé des informations gouvernementales, seulement 75% ont pu les recevoir et seulement 40% de ces derniers étaient satisfaits par la procédure. Globalement, le Maroc se place au milieu du classement mondial en matière d’ouverture des gouvernements, occupant le 60ème rang sur 102 pays. Sur le plan régional, le Royaume est 2ème dans la région derrière la Tunisie (59ème mondiale) et devant les Emirats Arabes Unis (60ème) (Aujourd’hui Le Maroc, L’Economiste, 27/03/2015). e. Rapport de la Banque mondiale : la moitié des Marocains corrompent pour accéder aux services de santé Selon les résultats d’un rapport de la Banque mondiale publié en 2015 et rapporté par la presse, la moitié des Marocains ont eu recours à la corruption, pour pouvoir entrer dans un centre de santé et bénéficier de services médicaux. La corruption appelée « honoraires non officiels » dans le rapport de la Banque mondiale, est une réalité que personne ne peut contester. S’il est des cas qui font exception dans certains hôpitaux publics, d’autres professionnels de la santé exigent une contrepartie des malades avant de bouger le petit doigt. L’enquête révèle que 60% de Marocains ne sont pas satisfaits de la qualité des services de santé au Maroc. Le document nous précise également que 30% des professionnels marocains de la santé s’absentent de leur travail. Le rapport qui démontre les dysfonctionnements graves dont souffre le système de santé, mais aussi le système éducatif marocain, est accablant. Selon cette étude, 55% de Marocains ne sont pas satisfaits de la qualité de l’enseignement (Bladi, Al Akhbar 22/04/2015). f. Classement de l’indice mondial du respect de la loi : le Maroc régresse Sur 102 pays classés cette année, le Maroc est 55ème de l’indice mondial 2015 du respect de la loi publié mardi 2 juin 2015 par l’organisation américaine World Justice Project (WJP). C’est en effet une régression par rapport à l’an dernier où le Royaume figurait déjà parmi les moins bons au 52ème rang sur 99 pays. Il est vrai que trois pays se sont ajoutés au classement, mais la régression du Maroc montre qu’il ne fait vraiment pas le poids par rapport à certains pays. L’indice du respect de la loi est déterminé à partir de huit indicateurs, à savoir : les contraintes sur les pouvoirs du gouvernement, l’absence de corruption, l’ouverture du gouvernement, les droits fondamentaux, l’ordre et la sécurité, l’application de la réglementation, la justice civile et la justice pénale. Cette année encore, le Danemark reste le pays le plus respectueux de la loi au monde, suivi de la Norvège, la Suède et la Finlande, quand les Pays-Bas bouclent le top 5... En dépit de sa mauvaise performance sur le plan mondial, le Maroc avance d’un rang au niveau de la zone MENA, passant de la 5ème à la 4ème position

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devant le Liban et derrière la Tunisie. Ici, les Emirats Arabes Unis (EAU) restent leader, tandis que l’Algérie n’est toujours pas incluse dans l’étude qui a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 100 000 ménages à travers le monde (Yabiladi, 02/06/2015). g. Rapport de l’OCDE sur le Gouvernement ouvert Dans un rapport consacré à l’évaluation de la progression du Maroc vers le Partenariat pour le gouvernement ouvert publié en juillet 2015, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) estime que « le travail mené par le Maroc dans le domaine de l’intégrité et de la lutte contre la corruption montre qu’un effort continu est en train de se faire au cours des dernières années ». Mais, des lacunes restent encore à combler si l’on veut s’aligner sur les principes énoncés dans la Constitution de 2011… S’agissant de la lutte contre la corruption, la coordination entre les acteurs en charge de mettre en œuvre le plan d’action de lutte contre la corruption du département de la fonction publique (2012-2014) est source d’inquiétude pour l’OCDE. À cet égard, l’OCDE estime nécessaire de clarifier les rôles des trois institutions qui interviennent dans les politiques de lutte contre la corruption : l’ex-Instance centrale de prévention de la corruption, le ministère de la fonction publique et la Cour des comptes, chargée du suivi des déclarations de patrimoine et du financement des partis politiques, en plus de ses missions de contrôle des entités administratives. Pour ce faire, les experts de l’OCDE préconisent la mise en place d’un mécanisme de coordination qui « donnerait une réalité institutionnelle à la coordination des différents acteurs tout en favorisant une implication réelle de ces institutions et de leurs partenaires dans la lutte contre la corruption » (Le Matin, 20/07/2015). L’OCDE fournit une liste de recommandations au gouvernement marocain, afin d’améliorer la qualité des politiques publiques et renforcer le développement socio-économique. Globalement, l’organisation propose de mettre en place une structure de gouvernance à deux niveaux, dirigée par un comité de suivi du gouvernement ouvert. L’OCDE suggère de renforcer la capacité d’analyse du Parlement en matière budgétaire, avec l’appui de la Cour des comptes. Conforter les capacités des institutions supérieures de contrôle au Maroc et impliquer davantage les citoyens dans le processus pourraient être autant de pas supplémentaires vers la transparence budgétaire. En matière d’accès à l’information, l’OCDE estime que le Maroc n’a pas réussi à approuver une loi soutenue par l’ensemble de la société civile... S’agissant de la promotion de l’intégrité et de la lutte contre la corruption, l’OCDE suggère d’utiliser la charte du service public et d'accélérer la rédaction d’un code de conduite. Il faut aussi s’assurer que la loi créant la nouvelle instance de lutte contre la corruption respecte les normes internationales et donne à l’instance le pouvoir de mener des investigations (L’Economiste, 31/08/2015). h. L’enquête conjointe de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement Instabilité politique, corruption, informel… sont les grands obstacles à l’environnement des affaires dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Un constat relevé dans une enquête réalisée conjointement par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque Mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI). Ce travail a été effectué entre mai 2013 et mars 2015 auprès de plus de 6 500 chefs d’entreprise dans plusieurs pays dont le Maroc, la Jordanie, l’Egypte et la Tunisie (le rapport fait référence à la région SEMED, la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen). D’autres pays ont été inclus dont Djibouti, Israël, le Liban, la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Yémen. L’analyse de cette enquête permet aux pays de stimuler la croissance en surmontant les obstacles à l’investissement. Ainsi, l’instabilité politique a été la plus grande préoccupation en Egypte et en Tunisie dans le monde des affaires. La corruption s’avère le deuxième plus grand obstacle au Maroc et en Egypte. Cette gangrène arrive à la quatrième place chez les Jordaniens et les Tunisiens. Les enquêteurs rappellent que la corruption était l’un des

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facteurs qui ont conduit aux soulèvements arabes… La corruption est le deuxième obstacle auxquelles font face les entreprises marocaines. Comme dans d’autres pays de la région MENA, les contacts personnels, les “cadeaux” ou encore les paiements informels sont souvent utilisés pour faciliter ou accélérer les procédures administratives ou douanières. Cette situation est déplorée par presque 18,2% des patrons sondés au Maroc. Plus de 65% des sociétés ont estimé fausse l’idée que la justice de leur pays était équitable, impartiale et non corrompue (L’Economiste, Le Matin, L’Opinion, Médias24, H24infos, 28/07/2015). i. Les résultats de l’Indice du budget ouvert 2015 En dépit des efforts fournis il y a quelques années, le Maroc n’arrive pas encore à se conformer aux standards internationaux en matière de transparence budgétaire, fixés par l’International Budget Partnership. 74ème sur 102 pays dans l’Indice du budget ouvert, avec un score de 38 sur 100, le Maroc fait partie de l’avant dernière catégorie du classement, qui regroupe les pays fournissant à leurs citoyens des informations minimales sur le processus budgétaire. C’est ce qui ressort des résultats présentés par Transparency Maroc, mercredi 09 septembre à Rabat. Ces données montrent que des pays de niveau similaire ont réussi à faire mieux. C’est le cas notamment de la Jordanie ou de la Tunisie qui ont obtenu respectivement 55 et 42 sur 100. Globalement, « le Maroc évolue par petits sauts dans ce classement depuis 2006. Cette année, il a maintenu le même score obtenu en 2012 », a souligné Transparency Maroc. Rabat a certes fait des efforts dans ce domaine, mais qui doivent encore être adaptés aux standards internationaux. Car cet indice prend en considération « la qualité et la pertinence de l’information budgétaire, communiquée à temps ». Dans les détails, le Maroc a obtenu 2 sur 100 en matière de participation du public au processus budgétaire. « Le gouvernement n’offre pas d’opportunités de participer à cette opération », selon Transparency... Au niveau du contrôle, cet indice pointe des faiblesses de certaines institutions. Ainsi, le contrôle exercé par le Parlement a obtenu un score de 21 sur 100, et celui de la Cour des comptes 17 sur 100. Les dysfonctionnements sont visibles au niveau de « la programmation et la mise en œuvre du cycle budgétaire », a noté Transparency. Ces résultats sont dus au fait que « le Parlement ne dispose pas d’une unité de recherche spécialisée ». Pire, « le gouvernement ne reçoit pas l’accord préalable du Parlement avant l’exécution des budgets additionnels, comme la loi de finances rectificative » (L’Economiste, Aujourd’hui Le Maroc, Le Matin, Challenge, TelQuel, Les Eco, Yabiladi, L’Opinion, MarocHebdo, 11/09/2015). j. Doing Business 2015 : le Maroc régresse de 3 places : Le Maroc a été classé 71ème sur 189 pays dans l’indice Doing Business 2015 de la Banque mondiale au titre de 2015 , il avait la 68ème place l’année dernière (L’Economiste, 02/10/2015). k. La gestion de la Fédération royale marocaine de football épinglée par un rapport de Transparency International Transparency International (TI), organisation spécialisée dans la lutte contre les malversations financières, a accusé la Fédération royale marocaine de football (FRMF) d’ « absence totale de transparence » dans sa gestion. L’organisation relate dans son rapport annuel que la gestion financière de la FRMF se caractérise par l'opacité, elle affirme entre autres que la Fédération ne dispose même pas de factures pour justifier ses dépenses. Ce faisant, et de façon à peine voilée, Transparency épingle aussi la FRMF dans le domaine de l’organisation des manifestations sportives qu’elle considère comme étant dénuées de "professionnalisme et d’éthique sportive". Il faut convenir que le rapport pointe du doigt la gestion de la majorité des 209 fédérations affiliées à la FIFA. Seules 14 fédérations échappent à cette mauvaise note, dont notamment le Canada, le Danemark, la Suède, le Japon, la Norvège, l’Angleterre (Le360, Assabah, 26/11/2015).

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l. Flux financiers illicites : le Maroc perd plus de 4 milliards de dollars par an Le phénomène de fuite des capitaux fait des ravages au Maroc. Le dernier rapport du think-thank américain Global Finance Integrity (GFI) sur les flux financiers illicites dans les pays en développement entre 2004 et 2013 épingle le Royaume. Plus de 4 milliards de dollars sont détournés annuellement. Entre 2004 et 2013, le Maroc a ainsi perdu la bagatelle de plus de 40 milliards de dollars, environ 400 milliards de dirhams. Le Maroc arrive ainsi à la 34ème position sur 149 pays en développement à travers le monde touchés par ce phénomène de fuite de capitaux. Au niveau du monde arabe, le Maroc est classé 5ème après l’Irak (plus de 10 milliards de dollars US), la Syrie (4,7 milliards de dollars US), le Qatar (4.7 milliards de dollars US) et le Sultanat d’Oman (4,4 milliards de dollars US). A l’échelle du continent africain, le Royaume arrive en troisième position après l’Afrique du Sud (21 milliards de dollars US) et le Nigéria (environ 18 milliards de dollars US). Selon le rapport du GFI, cité par le journal, le moyen le plus utilisé pour ces fuites de capitaux est la falsification des factures. Ce système est employé tant à l’export qu’à l’import grâce à des surfacturations et des sous-facturations. Ce système, à lui seul, a fait perdre au Maroc 3,8 milliards de dollars (Le360, Le Temps, TelQuel, Akhbar Al Yaoum, 11/12/2015).

2 . Les rapports nationaux a. Le rapport d'activité 2013 de l’Agence judiciaire du Royaume : En janvier 2015, l’Agence judiciaire du Royaume a publié son rapport d’activité de 2013 où elle a présenté des indicateurs chiffrés relatifs au bilan de ses activités tout au long de l’année 2013 ainsi que des actions de prévention pour une optimisation de la gestion du contentieux. A en croire l’Agence, 12 818 dossiers ont été introduits en justice en 2013 soit une hausse de 7% par rapport à l’exercice précédent. Les dossiers impliquant les juridictions administratives se taillent la part du lion ; ils ont poursuivi leur hausse pour représenter 63,7% du total du contentieux contre 55,7% en 2012. Par ailleurs, le rapport souligne une évolution significative quant aux contentieux réglés à l’amiable, qui ont augmenté de 52,1% en 2013 par rapport à 2012. L’Agence se félicite également des efforts fournis en matière de jugements prononcés en faveur de l’Etat, qui s’élèvent à 2 049 jugements sur un total de 3 433 plaintes affaires, ce qui équivaut à un taux de jugements favorables de 60%. Sur un plan stratégique, l’Agence a dressé une cartographie des risques juridiques qu’elle présente comme outil de prévention à même de faire diminuer les contentieux et leurs éventuelles répercussions financières. Parmi les deux risques majeurs répertoriés figure la voie de fait et l’exécution des jugements contre l’Etat (Les Eco, Le 20heures, L’Economiste, 21/01/2015). b. Rapports de l’Institution du Médiateur : Bilan de l’Institution du Médiateur concernant la période 2004-2013 : L’Institution du médiateur a dressé le bilan de ses actions visant à fluidifier les rapports entre l’administration et les usagers des services de l’Etat. A l’occasion d’une journée d’étude sur le thème « Du Diwan Al Madhalim à l’Institution du Médiateur, bilan et perspectives de la médiation institutionnelle au Maroc », Abdelaziz Benzakour, président de l’institution, a indiqué que le Médiateur à reçu, au cours de la période 2004-2013, un total de 104 354 plaintes, dont 75% ne relèvent pas de ses prérogatives et ont été, par conséquent, déclarées irrecevables. Plus du tiers du nombre total des plaintes ont été prises en compte à la suite de l’intervention de l’institution. La typologie des doléances concerne les problèmes administratifs et ceux de l’immobilier qui représentent 2/3 des plaintes relevant de la compétence de l’institution. Les questions à caractère financier arrivent en troisième position, suivies de celles qui ont trait à la non-application des décisions définitives de la justice à l’encontre de certaines administrations, et les questions liées aux droits de l’Homme et à la fiscalité. Le bilan

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montre également une baisse significative de la moyenne des plaintes durant les dernières années, compte tenu de la mise en place d’autres instances qui sont chargées du traitement des plaintes émanant des usagers des administrations (Les Eco, Le Matin, Al Bayane, 25/03/2015). Un rapport accablant de l’Institution du Médiateur contre les administrations : un rapport inédit de l'Institution du Médiateur relayé par la presse en octobre 2015 confirme que la quasi-totalité des ministères ont la fâcheuse manie de ne pas accorder d’intérêt aux doléances des citoyens, dont les plaintes restent souvent lettres mortes. Ce document inédit accorde une mauvaise note à l'ensemble des ministères, ces derniers ne traitant que 20% des correspondances qui leur sont adressées. L'exécution des décisions de justice reste la plus grave lacune du gouvernement. « Le ministère de l'intérieur visé par les plaintes de citoyens », a titré Akhbar Al Youm daté du lundi 12 octobre 2015, soulignant que ce ministère arrive en tête de la liste des administrations marocaines dont les citoyens se plaignent le plus. Sur un total de 2 078 requêtes, quelque 785 seulement ont intéressé le ministère de l'intérieur en 2014. Les plaintes au ministère de l'intérieur concernent généralement des mesures administratives jugées injustes, comme le refus de délivrer des documents, le recasement inadapté des habitants de bidonvilles ou encore les dédommagements en cas d’expropriation. Selon le Médiateur, le document le « plus stupide et le plus inconvenant que réclament les administrations publiques est le certificat de vie ». Le ministère des finances bat de même des records en matière de mécontentement des citoyens. Il est suivi des ministères de la jeunesse et des sports, de l'agriculture et de l'éducation nationale (Le360, Akhbar Al Youm, 11/10/2015). c. Le rapport spécial sur la corruption rédigé par le chef du gouvernement : C’est un article paru en une du quotidien Al Massae daté du jeudi 14 mai 2015 qui a révélé que le chef du gouvernement a supervisé l’élaboration d’un rapport spécial et détaillé sur la corruption dans l’administration et les établissements publics. Les sources du journal expliquent que M. Benkirane a pris cette initiative après avoir eu le feu vert en « haut lieu ». Pour les besoins de son rapport, le chef du gouvernement s’est basé sur les multiples rapports de la Cour des comptes et des cours régionales des comptes. Ces documents pointent de graves dysfonctionnements et dépassements qui sont l’œuvre de responsables d’établissements publics et d’élus locaux. Sans parler d’une véritable armée d’ordonnateurs des dépenses au niveau des wilayas, des provinces et des préfectures. Sauf que, dans la plupart des cas, les responsables ne sont jamais cités nommément, et rares sont les dossiers qui donnent suite à des poursuites judiciaires (Le360, Al Massae, 13/05/2015). d. Les rapports de la Cour des comptes : Rapport de la Cour des comptes sur la Stratégie Maroc Numeric 2013 : Le plan Maroc Numeric 2013 n’a pas atteint ses objectifs selon le propos de Driss Jettou, président de la Cour des comptes. Cette déclaration fracassante a été faite le 22 janvier 2015 devant les députés au Parlement. Driss Jettou présentait les résultats détaillés du rapport sur la stratégie Numeric 2013 qui avait bénéficié d’un budget de 5,2 milliards de dirhams ! Le président de la Cour des comptes n’a pas mâché ses mots. Il a noté que 36% seulement des 69 projets prévus ont été effectivement réalisés. Seuls 4 projets dans la liste des 15 relatifs au développement des technologies de l’information ont été achevés, ce qui ne représente que 27 % des projets programmés. Pour tempérer un peu son propos, Driss Jettou a néanmoins salué l’évolution positive de l’accès à internet au Maroc. En effet, d’après les chiffres publiés en 2012, 39% des foyers marocains étaient équipés d’internet, et 46% en 2013, soit près d’un ménage sur deux. Or, malgré ce taux de pénétration positif, l’écart reste important entre les 51% de l’urbain les 16% du rural. Le rapport regrette également l’absence de la dimension régionale dans la stratégie Maroc Numeric. De même, la réalisation des centres d’accès dans les quartiers, programmés au volet social accuse également du

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retard. Sur les 400 centres qui devaient voir le jour, seuls 74 ont été construits, soit à peine 18% et, encore plus grave, la plupart de ces centres construits sont fermés (PanoraPost, Les Eco, 26/01/2015). Les quatre rapports d’audit de la Cour des comptes concernant respectivement l'AMDI, l'ONMT, l'ANPME et la Maison de l’artisan : La Cour des comptes a publié en 2015 sur son site quatre rapports d’audit concernant les institutions suivantes : l’Agence nationale de promotion de la petite et moyenne entreprise (ANPME), l’Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI), l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et la Maison de l’artisan. Le rapport sur l’ANPME révèle plusieurs défaillances dans le processus de soutien aux PME. Selon les magistrats de la Cour des comptes, l’agence ne joue pas pleinement son rôle dans le soutien à ces structures… Pour l’AMDI, les magistrats de la Cour des comptes constatent une amélioration dans la gestion de l’institution, mais aussi la persistance des lacunes dans la gestion financière, la comptabilité, la fiscalité et la gestion de la trésorerie... L’audit des plans d’action de l’ONMT montre des incohérences dans les opérations de marketing et de communication autour de la destination Maroc à l’étranger… La gestion de la Maison de l’artisan n’est pas exempte de défaillances non plus. Concrètement, la Cour des comptes révèle que les comités de pilotage et de mise en œuvre de la Vision 2015 de l’artisanat, qui devaient normalement se réunir au moins deux fois par an et chaque fois que cela s’avère nécessaire, n’ont tenu aucune réunion depuis pratiquement la fin de 2012. Autre dérapage : les actions de promotion menées au Maroc ont été réalisées sans appels à manifestation d’intérêt et dans l’absence totale d’une procédure de sélection (Le Matin, 05/03/2015). A titre de recommandations, la Cour des comptes relève une nécessaire révision de l’organisation de ces structures mais également de la politique managériale suivie. Une fois révisée, cette dernière devrait définir de nouveaux plans d’actions qui selon les principales recommandations des magistrats, devraient permettre d’intensifier et diversifier les interventions de promotion et d’accompagnement qui constituent les principales missions de ces structures. La Cour des comptes souligne également la nécessité d’élaborer régulièrement au niveau de chacune des structures, des évaluations de l’impact des actions menées pour alimenter des tableaux de bord à même d’orienter efficacement la réalisation des objectifs (Les Eco, Le Matin, L’Opinion, Al Bayane, TelQuel, Le Temps, Finances News, Al Ahdath Al Maghribia, Bayane Al Yaoum, Hespress, 09/03/2015). Le rapport de la Cour des comptes sur la fiscalité locale : La Cour des comptes a rendu public en mai 2015 son rapport sur la fiscalité locale. Le rapport relève plusieurs incohérences dans le système de la fiscalité locale. Concrètement, le diagnostic établi par la Cour affirme que les limites qui se dégagent de l’évolution du cadre juridique de la fiscalité locale concernent l’absence de convergence entre la politique fiscale menée en termes d’impôts d’Etat et celle relative aux taxes locales. A cela, s’ajoute le manque d’une vision intégrée portant sur l’ensemble des prélèvements obligatoires et permettant l’harmonisation des systèmes fiscaux national et local et l’appréhension de la pression fiscale dans sa globalité. Le rapport souligne, par ailleurs, le manque d’identification du potentiel fiscal en vue d’adopter un système de prélèvement pouvant satisfaire les besoins de financement des collectivités territoriales. La juridiction financière du Royaume relève également l’ambiguïté des objectifs et la quasi-absence de feuille de route dans le processus de réforme du système. L’évolution de la fiscalité locale ne semble pas traduire, selon la Cour, d’une façon claire, la réalisation des objectifs en ce qui concerne la migration d’un système complexe vers un système simple, l’unification des procédures, l’harmonisation entre les différents types de prélèvements, la cohérence de la politique publique des prélèvements obligatoires et le rendement fiscal (Le Matin, L’Economiste, Infomédiaire, 22/05/2015). Rapport de la Cour des comptes sur la gestion déléguée : Le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a présenté, mercredi 25 novembre 2015, devant la commission de contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants, son

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rapport sur la gestion déléguée des services publics locaux, élaboré sur demande des députés. Les différentes observations et conclusions contenues dans ce rapport de 200 pages concernent notamment le fait que la gestion déléguée n'a pas exploité toutes les potentialités disponibles à cause de dysfonctionnements au niveau de la planification et de la définition des besoins de la part de l'autorité délégante et de l'absence d'une instance indépendante chargée du suivi et de la coordination. Dans ce rapport, la Cour a souligné que les bénéfices des sociétés de gestion déléguée dépassent 1 200 milliards de centimes, dont à peine 104 milliards bénéficient à l'État, précisant que la révision du contrat de la société Amendis devait se faire il y a 13 ans. Le président de la Cour des comptes a également affirmé que l'État et les collectivités ne doivent pas faire fi du contrôle de la gestion déléguée après l'établissement du contrat (Le Matin, L’Economiste, 27/11/2015). Rapport de la Cour des comptes sur le contentieux de l’Etat : Il n’existe pas de texte qui encadre les consultations juridiques de l’Agence judiciaire du Royaume. C’est l’une des conclusions phares du rapport de la Cour des comptes sur l’évaluation de la gestion du contentieux de l’État publié le 18 décembre 2015. Pour la Cour des comptes, l’avis de l’Agence reste consultatif et non contraignant pour l’administration. Ce rôle consultatif est assuré par l’Agence judiciaire en l’absence de tout texte juridique lui conférant expressément la possibilité d’exercer cette mission... La juridiction financière pointe également le faible rôle de sensibilisation à la prévention contre les risques juridiques... Par ailleurs, le suivi des dossiers de contentieux judiciaire au niveau de l’Agence a permis à la Cour des comptes de constater que la liberté laissée à chaque administration pour le choix des moyens de la défense de ses intérêts a montré certaines limites dans l’encadrement, l’orientation et la détermination de ces moyens, à même d’assurer un taux élevé d’affaires gagnées. Comme recommandations, la Cour des comptes souligne qu’une révision du cadre juridique régissant l’organisation des fonctions et structures de l’Agence judiciaire du Royaume s'impose. Le cadre juridique doit, selon la Cour, être mis en conformité avec la diversité qui caractérise le contentieux judiciaire et les risques qui peuvent être générés en conséquence. Selon les magistrats de la Cour, l’évolution du rôle de l’État, de ses domaines d’intervention et de la diversité des moyens juridiques utilisés rend nécessaire l’élargissement des compétences de l’Agence pour couvrir, en plus de la gestion du contentieux en cours, d’autres missions de prévention et de conseil à même d’éviter le déclenchement du contentieux notamment lorsque la position juridique de l’État est faible. De ce fait, l’élargissement souhaité des compétences de l’institution impose de redéfinir son statut institutionnel et de revoir son positionnement en vue de lui garantir l’indépendance nécessaire dans l’exercice de ses attributions, et ce, en coordination étroite avec le ministère des Finances et le secrétariat général du gouvernement (Le Matin, 22/12/2015). e. Avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur la gestion déléguée : Le CESE a présenté un avis sur la gestion déléguée en novembre 2015. Le CESE s’est penché sur ce dossier qui suscite la polémique depuis quelques années, à la suite d’une saisine du président de la Chambre des représentants datée du 15 avril 2015. Le rapport du CESE pointe notamment une série de dysfonctionnements, qui nécessitent une refonte du modèle adopté. En effet, le CESE dénonce« l’existence de manquements et d’insuffisances de la part des délégataires en termes d’exécution des contrats, à cause du non respect des cahiers des charges… » Les dysfonctionnements s’étendent à d’autres domaines comme « la gestion du fonds des travaux qui est souvent utilisé à des fins non-conformes à son objet… » Le CESE met également l’accent sur l’existence de conflits d’intérêts, dus notamment au « développement du phénomène de filialisation et d’intégration verticale de certaines activités… » (L’Economiste, Le360, 30/11/2015). f. Rapport de l’Observatoire national des droits de l’électeur sur le déroulement des élections communales et régionales du 4 septembre 2015 :

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L’Observatoire national des droits de l’électeur a publié au lendemain du scrutin son rapport relatif à l’observation des élections communales et régionales du 4 septembre 2015. Les conclusions contenues dans ce rapport avancent que l’opération électorale s’est déroulée généralement, dans un bon climat et conformément aux dispositions des lois et des textes réglementaires relatifs aux élections au Maroc. Toutefois, l’Observatoire a constaté certaines irrégularités lors du déroulement de ce scrutin. Il dénonce, ainsi, l’utilisation de l’argent dans certaines localités pour influencer le vote des électeurs. L’Observatoire avance que certains candidats aux élections ont usé de leurs pouvoirs en termes financier et moral. Parmi les dysfonctionnements figurent aussi la défaillance dans le traitement informatique des données afférentes à l’inscription sur les listes électorales, l’utilisation des enfants lors des campagnes électorales et l’usage de l’action sociale pour attirer les électeurs. Sur ce point, l’Observatoire affirme que certaines associations ont vu le jour peu de temps avant le démarrage de la campagne électorale. Le rapport avance que ces associations ont procédé à la distribution de dons en numéraires et en nature qui visaient à influencer des électeurs (Le Matin, 30/09/2015). g. Les chiffres du ministère de la justice sur la criminalité économique : Selon les derniers chiffres du ministère de la justice et des libertés sur la criminalité économique publiés en septembre 2015, plus de 107 000 procès ont eu lieu en 2014. Ces chiffres englobent uniquement les crimes et délits contre les biens : émission de chèque sans provision, escroquerie, abus de confiance, dissipation de deniers publics, blanchiment de capitaux, atteinte à la propriété immobilière. La liste non exhaustive de ce type de délinquance est assimilable aux infractions économiques. Après la corruption (plus de 13 700 affaires), l’exemple le plus emblématique est certainement celui des détournements de deniers publics commis par des fonctionnaires (l’an dernier, 4 621 affaires de détournement impliquaient des fonctionnaires). On relève ensuite les infractions régies par des lois spéciales : fraude dans les produits alimentaires, contrebande, infractions au change et douanières ou encore intrusion dans les systèmes informatiques (L’Economiste, 30/09/2015). h. Missions d’inspection du ministère de la santé sur les cliniques privées Un rapport rédigé à la suite de quelque 260 missions d’inspection diligentées par le ministre de la santé comporterait des données graves sur la gestion de 200 cliniques privées dans le pays. C’est Al Massae daté du samedi 24 octobre 2015 qui a rapporté cette information, affirmant que des cliniques concernées auraient présenté des factures fictives à la Caisse nationale de la sécurité sociale comportant des données sur des interventions chirurgicales aux prix exorbitants. D’autres cliniques auraient falsifié des identités de patients et des ordonnances afin de se procurer des médicaments coûteux pour pouvoir les revendre en toute impunité. Comme le rapporte le quotidien, les missions d’inspection ont ciblé pas moins de 260 cliniques privées et 115 établissements hospitaliers publics. Le rapport contient également des données sur plus de 2 200 plaintes traitées qui accuseraient directement des médecins de négligence et rapporte des cas avérés de corruption ou de clientélisme (Le360, Al Massae, 23/10/2015). i. Rapport 2014 de l’Unité de traitement du renseignement financier : L’Unité de traitement du renseignement financier (UTRF) a publié son rapport concernant l’année 2014. Son président, Hassan Alaoui Abdellaoui, a présenté, en décembre 2015, le document au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Il en ressort que les indicateurs de l’activité de cette Unité sont en hausse en 2014. Ainsi, « le nombre des déclarations de soupçon et des transmissions au ministère public a enregistré une augmentation significative par rapport à l’année dernière ». Cette entité a reçu 305 déclarations de soupçon contre 169 en 2012. L’Unité a souligné l’évolution de l’activité déclarative des personnes assujetties, portant le nombre total des déclarations à 870 depuis

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octobre 2009. Dans les détails, l’UTRF a reçu 301 déclarations de soupçon liées au blanchiment des capitaux en 2014 et 4 portant sur des financements du terrorisme. Ces dernières ont atteint 10 déclarations depuis octobre 2009. Globalement, les 305 déclarations de soupçon reçues par l’UTRF ont été formulées par 19 personnes assujetties. Il s’agit de 12 établissements bancaires, 4 sociétés de transfert de fonds, une compagnie d’assurances, une société de financement et une fiduciaire. Par ailleurs, l’UTRF a révélé avoir transmis au procureur du roi du tribunal de première instance de Rabat 16 dossiers relatifs au blanchiment d’argent (L’Economiste, Le360, Infomédiaire, Assabah, 11/12/2015).

IV. Activités de Transparency Maroc relayées par la presse en 2015

1. Les activités de l’Observatoire de la corruption

Le projet « Observatoire de la corruption» poursuit ses activités jusqu’à fin mars 2016 grâce à l’appui financier de l’ambassade de Grande Bretagne à Rabat dans le cadre du projet ARAB PARTNERSHIP. Continuant ses activités de suivi, d’analyse du phénomène de la corruption et de diffusion des informations, l’Observatoire a organisé des sessions régionales de formation et des tables rondes et ateliers thématiques.

a. La production documentaire :

• 12 revues de presse électroniques mensuelles en langues arabe et française, • une revue de presse annuelle en arabe et en français éditée sur papier, • le numéro 16 de Transparency News en arabe et en français consacré à l’avant projet de code pénal.

b. Les sessions de formation sur la gouvernance locale :

4 sessions de formation de 3 jours destinées aux acteurs de la société civile ont eu lieu à Nador, Tanger, Agadir et Marrakech durant la période de septembre à décembre.

c. Les séminaires nationaux :

Parmi les 3 séminaires nationaux programmés dans le projet Observatoire, un premier à été tenu le 12 juin 2015 sur « Les infractions de corruption dans l’avant projet de code pénal ». 2 séminaires ou tables rondes seront réalisés en janvier et février 2016. La diffusion des informations produites, les sessions de formation et les séminaires ont permis de promouvoir les activités de l’Observatoire, de consolider les relations avec les acteurs sociaux et d’alimenter le plaidoyer avec les institutions publiques. 2. Les campagnes de sensibilisation organisées par le CAJAC

- La caravane du CAJAC consacrée à la lutte contre la corruption organisée à Nador : Le Centre d’assistance juridique anti-corruption (CAJAC) de TM a organisé, dimanche 11 janvier 2015, une caravane mobile à Nador pour sensibiliser les citoyens de la région de l’Est sur la gravité du phénomène de la corruption et la nécessité lutter contre ce fléau qui ronge la société. Cette caravane, qui connu la participation d’acteurs associatifs, a parcouru plusieurs quartiers de la ville notamment Tarqaâ, Chaâla, Arid, Souq Oulad Mimoun, et un centre commercial. 1 600 flyers ont été distribués à cette occasion. Les organisateurs de cette caravane ont fourni aux citoyens des explications sur les mécanismes de la dénonciation de la corruption, sur la loi sur la protection des témoins et sur le rôle du CAJAC (Hespress, 15/01/2015). - La caravane du CAJAC organisée à Fès : Le CAJAC de TM à Fès a organisé une caravane mobile du 18 au 20 janvier 2015, en partenariat avec le Carrefour d’initiatives de communication, d’information et de documentation. Cette caravane qui a ciblé les souks hebdomadaires des

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communes rurales d’Aïn Al Bayda et d’Oulad Taïb avait pour but de sensibiliser les citoyens à la gravité du phénomène de la corruption. Le CAJAC a présenté lors de cette caravane des explications concernant les procédures juridiques et administratives pour dénoncer la corruption. Le centre a également mis à la disposition des citoyens un bureau mobile pour recevoir leurs plaintes contre les actes de corruption. Plusieurs flyers, T-shirt et casquettes portant le numéro économique du CAJAC ont été distribués à cette occasion (Alobor, 21/01/2015). - La campagne de sensibilisation organisée par le CAJAC à Nador : Le Centre d’assistance juridique anti-corruption (CAJAC) de Transparency Maroc a organisé en partenariat avec l’association Lamgarda du développement rural, samedi 14 février 2015, une campagne de sensibilisation à l’intention des citoyens de la région de l’Oriental. Lors de cette campagne, le CAJAC a sensibilisé les citoyens sur leur rôle en matière de lutte contre la corruption. Il a également donné des explications juridiques aux citoyens pour les encourager et les inciter à dénoncer la corruption et les corrompus (Nador city, 18/02/2015). - La campagne de sensibilisation organisée à Bni Ansar-Mellilia par le CAJAC : le Centre d’assistance juridique anti corruption a organisé, les 23 et 24 juillet 2015, une campagne de sensibilisation pour lutter contre la corruption aux frontières de Bni Ansar-Mellilia. Le CAJAC a organisé une autre campagne dans cette même ville les 16 et 17 novembre 2015. L’objectif de cet événement était de rapprocher les services du CAJAC des citoyens. Un stand a été installé lors de cette activité pour recevoir les plaintes des citoyens et pour les sensibiliser sur l’importance de la dénonciation de la corruption et le rôle que joue le CAJAC en matière de lutte contre la corruption. Par ailleurs, 1000 flyers et affiches du CAJAC ont été distribués aux citoyens à cette occasion. (Hespress, 26 /07/2015).

3. L’assemblée générale de Transparency Maroc tenue le 8 février 2015 TM a tenu, samedi 8 février 2015 à Rabat, sa 19ème assemblée générale ordinaire. A cette occasion, l’association a dressé un bilan de ses activités concernant l’année 2014, établissant également une « évaluation synthétique de l’état de la corruption au Maroc. » Transparency a rappelé, lors de cette assemblée, le « contexte marqué par le manque de volonté des pouvoirs publics d’engager une véritable politique anti-corruption », et une attitude des pouvoirs publics « restrictive voire hostile vis-à-vis de l’action de la société civile ». Les bilans moral et financier concernant l’exercice 2014 présentés à l’assemblée ont été approuvés à la majorité. Les rapports de l’Observatoire et du CAJAC ont également été présentés lors de cette assemblée (Le Matin, Ittihad Al Ichtiraki, Al Nahar Al Maghribia, 08/02/2015) ; (TelQuel, Ittihad Al Ichtiraki, Al Nahar Al Maghribia, 09/02/2015) ; (Aujourd’hui Le Maroc, Maghress, Assabah, 10/02/2015) ; (Aujourd’hui Le Maroc, Les Eco, Al Massae, Hespress, 11/02/2015). 4. L’atelier organisé le 7 mars à Rabat sur l’accès à l’information fiscale Lors d’un atelier organisé samedi 7 mars 2015 à Rabat sur « L’accès à l’information budgétaire et fiscale, Transparency Maroc, connue pour son combat contre la corruption, a révélé qu’elle est en phase d’élaborer un guide citoyen de la fiscalité. « Il s’agira de vulgariser l’information fiscale et de répondre à des questions simples que peuvent se poser les Marocains en ce qui concerne la fiscalité », ont expliqué les experts de TM lors de cette rencontre. De l’avis de ces experts, les textes relatifs à la fiscalité souffrent d’un mal commun : leur extrême complexité. « Il est aujourd’hui nécessaire de vulgariser le texte fiscal », déclarent les experts, expliquant que ce défi de simplification des textes concerne beaucoup de pays dans le monde. « Les textes sont rédigés de manière de plus en plus complexe, si bien que même les professionnels ont parfois du mal à les comprendre. Ceci pose un problème de taille pour les parlementaires qui, parfois, votent des textes sans en saisir la portée », ont-ils ajouté. Outre la complexité des textes, les intervenants ont également évoqué des dysfonctionnements au niveau des mécanismes de communication de la Direction générale des impôts (DGI). « Le plan d’informatisation de la DGI a été mis en place depuis

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plus de 12 ans mais avec de maigres résultats », a noté un des experts qui déplore une gestion archaïque des différentes procédures. Ces mêmes procédures souffriraient, selon les experts de Transparency, d’un manque de clarté. « Si l’on prend l’exemple des contrôles fiscaux, il n’existe pas de critères clairement définis des personnes et institutions qui doivent faire l’objet de contrôle ». Souvent le contrôle fiscal est « utilisé comme une sorte de punition pour certaines personnes » (Aujourd’hui Le Maroc, Le 20heures, Anass, 09/03/2015) ; (Finances News, 13/03/2015). 5. La table ronde organisée à Rabat sur « Le droit d’accès à l’information et la nouvelle instance de lutte contre la corruption : piliers essentiels pour la lutte contre la corruption » Jeudi 12 mars 2015 à Rabat, TM a organisé une table ronde sur le thème : « Le droit d’accès à l’information et la nouvelle instance de lutte contre la corruption : piliers essentiels pour la lutte contre la corruption. » Mohamed El Ouafa, ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance, qui s’exprimait lors de cette rencontre, a affirmé que la corruption est un fléau largement et profondément enraciné dans nos pratiques quotidiennes. Même au sein des entreprises, « le recours à la corruption est monnaie courante et certains l’utilisent même pour décrocher des appels d’offres », selon Mohamed El Ouafa qui a appelé les entreprises à éradiquer ce genre de pratique et à « éviter de souscrire à des appels d’offres via des intermédiaires et des moyens illégaux pour les décrocher. » Pour M. EL Ouafa, la société marocaine doit faire face à deux types de corruption. D’abord, « la corruption dans le cadre des appels d’offres et les services entre hommes d’affaires et hommes d’autorités. » Pour le deuxième type de corruption, M. El Ouafa a cité celle qui est très répandue dans les services publics, les hôpitaux, les administrations…, et que seule « la participation des citoyens », couplée aux efforts du gouvernement, peut éradiquer (Aufait, Hespress, Anass, 13/02/2015). Par ailleurs, lors de cette rencontre, Rachid Filali Meknassi, ex-secrétaire général de TM a critiqué l’intervention du ministre, en la qualifiant d’irréaliste, ajoutant qu’il y a une crise entre l’administration et le citoyen… Dans une déclaration au journal El Assima, l’actuel secrétaire général de Transparency Maroc, Abdessamad Saddouq a affirmé que l’association a été la première à demander la création d’une instance de lutte contre la corruption. M. Saddouq a relevé également que l’association a émis des réserves sur la loi relative à la nouvelle instance car elle ne répond pas aux critères exigés pour une instance de ce genre. M. Saddouq a également déclaré que c’est à l’Etat de «combattre la corruption ; le rôle de l’association consiste à faire du plaidoyer et à inciter l’Etat à prendre des mesures préventives pour limiter la propagation de la corruption (El Assima, Assabah, Al Massae, Al Akhbar, Akhbar Al Yaoum, 14-15/03/2015). 6. La rencontre organisée à Rabat sur le thème du conflit d’intérêts Lors de la rencontre organisée, samedi 21 mars 2015 à Rabat, par TM sur le thème du conflit d’intérêts, Michèle Zirari, secrétaire générale adjointe de l’association, a affirmé que le législateur marocain n’a pas défini de manière claire et complète le concept de conflit d’intérêts. Mme Zirari a ajouté que les cas de conflits d’intérêts sont une des manifestations de la corruption dans son sens le plus large. Selon Mme Zirari, les investigations dans les affaires de conflits d’intérêts demeurent très restreintes, se limitant simplement aux audits de la Cour des comptes concernant quelques responsables publics, et celles des cours régionales des comptes pour quelques élus communaux… Mme Zirari a ajouté qu’il est temps qu’une loi visant la prévention et la limitation des conflits d’intérêts soit adoptée… La représentante de l’Instance centrale de prévention de la corruption, Nezha Amellah, a quant à elle affirmé qu’il faut adopter une nouvelle approche législative visant à lutter contre le phénomène en définissant et en unifiant le concept, et en réglementant la prévention, l’interdiction, et la répression. Selon Mme Amellah, il faut faire en sorte que ces mesures soient applicables à tout le monde. Mme Amellah a également appelé à actualiser et à réviser les dispositions juridiques relatives aux spécificités professionnelles, et à ce que le travail législatif soit accompagné d’une approche déontologique… (El Assima, 23/03/2015).

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7. Présentation de l’étude sur le Système national d’intégrité Transparency Maroc a présenté, jeudi 26 mars 2015 à Rabat, sa deuxième étude sur le Système national d’intégrité. L’étude à révélé que ce système ne permet pas de lutter contre la corruption. L’étude a montré également que l l’impunité et la non-responsabilité restent un obstacle à la mise en œuvre de l’intégrité, ce qui empêche les autorités de lutte contre la corruption de faire efficacement leur travail. Le Système national d’intégrité est constitué des secteurs et des institutions clés qui contribuent à la diffusion de l’intégrité, de la transparence, de la reddition des comptes... Cette étude a recommandé de mettre en œuvre les principes prévus dans la constitution de 2011 relatifs à la gouvernance, de s’assurer de la séparation des pouvoirs, de donner plus d’indépendance aux autorités de contrôle et de renforcer le droit d’accès à l’information… (Anass, 27/03/2015) ; (Le 360, Akhbar Al Yaoum, Assabah, 28/03/2015) ; (Le 360, Akhbar Al Yaoum, Assabah, 28/03/2015). L’étude publiée par TM est très accablante sur le Système national d’intégrité. En effet, TM dresse un tableau noir du Système national d’intégrité. L’ONG précise dans son rapport que « l’impunité et le manque d’indépendance » qui caractérisent, entre autres, les pouvoirs exécutif et législatif, sapent le principe de redevabilité qui figure parmi les critères d’intégrité. Or, « ces défaillances altèrent la marche vers la transparence et bloquent la lutte contre la corruption, créant ainsi un cercle vicieux ». TM estime que les prérogatives du Parlement sont limitées dans la pratique. L’ONG considère que le pouvoir législatif « occupe toujours une place subordonnée dans le régime politique et reste contrôlé par le gouvernement dans l’exercice de ses compétences. » Elle critique l’implication du gouvernement dans l’élaboration de l’ordre du jour des deux Chambres. Certes, le planning de chaque Chambre est établi par son bureau. Mais il comporte « les projets et propositions de loi, par priorité et dans l’ordre que le gouvernement a fixé », selon l’article 82 de la Constitution. Les parlementaires jouissent donc d’un rôle « restreint ». TM fustige notamment la marginalisation des propositions de loi. L’association rappelle que sur un total de 43 textes adoptés lors de la session d’octobre 2013, à peine une seule proposition de loi a réussi à passer le cap du Parlement. Transparency estime aussi que la compétence du pouvoir législatif ne peut s’exercer sans l’accord du gouvernement. Parallèlement, l’ONG accuse le gouvernement de vouloir s’accaparer le processus d’élaboration des lois organiques. La Constitution est pourtant on ne peut plus claire, comme l’indiquent les membres de Transparency Maroc. « Elle attribue aussi bien au gouvernement qu’au Parlement l’initiative de la loi », lit-on dans le rapport… Autre grief, le faible suivi des rapports des commissions d’enquête parlementaire. Pour l’ONG, les conclusions des parlementaires restent bien souvent lettre morte puisque le gouvernement ne les transmet pas à la justice. Au-delà de l’étroitesse de sa relation avec le Parlement, le gouvernement est également critiqué pour la faiblesse des mesures destinées à garantir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption… Le gouvernement est appelé à « réviser la règlementation en matière de corruption afin de préciser les phénomènes non traités comme le conflit d’intérêts et le clientélisme ». Il devrait également réformer rapidement le système judiciaire pour « crédibiliser ses discours et regagner la confiance des citoyens », recommande TM (L’Economiste, 30/03/2015). 8. La conférence organisée à Fès sur la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance dans le secteur public TM a organisée en partenariat avec l’Observatoire de la gouvernance et la gestion de la chose publique, mercredi 22 avril 2015 à Fès, une conférence sur le thème : « La lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance dans le secteur public. » Lors de cette rencontre, qui a connu une large participation d’acteurs de la société civile, de représentants des administrations publiques et de chercheurs, TM a présenté son étude sur le Système national d’intégrité, en mettant l’accent sur certains piliers de ce système, notamment l’administration et la justice. Les intervenants ont signalé à l'unanimité que la corruption trouve un terrain fertile dans nombre de secteurs et que la voie de la démocratie ne se fait pas par des discours fleuris anti-corruption mais par le

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renforcement des liens et des relations entre l’ensemble des piliers du Système national d’intégrité (Assabah, 25-26/04/2015).

9. L’appel à la générosité publique lancé par Transparency Maroc La société civile a été citée en exemple dans beaucoup de questions publiques de nature politique et économique. Certaines associations ont mal reçu le message des autorités concernant la transparence de leurs comptes et la Cour des comptes est entrée dans le terrain de la gestion financière du tissu associatif. Certaines associations se sont transformées en lieu de gestion de revenus et parfois de rente, mais d’autres ont choisi la clarté et la nécessaire ouverture de leurs comptes devant les autorités publiques. Une de ces associations est Transparency Maroc qui a reçu le 29 avril 2015 l’autorisation du Secrétariat général du gouvernement pour un « appel à soutien financier » (Challenge, Aujourd’hui Le Maroc, Les Echos, 08/05/2015).

10. L’atelier organisé à Fès sur la transparence fiscale au Maroc Transparency Maroc a organisé, samedi 06 juin 2015 à Fès, en partenariat avec Oxfam et l’Observatoire de la gouvernance et de la gestion de la chose publique, une conférence sur « L’accès à l’information et la transparence de la gestion fiscale au Maroc ». Lors de cette rencontre, M. Driss Al-Andaloussi, expert en finances publiques, a présenté les résultats de l’étude sur « La transparence de la gestion fiscale au Maroc ». M. Al-Andaloussi a souligné que « la chose publique est associée à l’accès à l’information et que l’étude est le fruit de la réflexion et d’un travail qui a nécessité du temps. Selon M. Al-Andaloussi, les anciennes études concernant le système fiscal voulaient renforcer le côté technique au détriment de l’aspect économico-social, ajoutant que l’étude sur « La transparence de la gestion fiscale au Maroc » a déterminé les failles et les risques de la gestion financière, notamment l’absence de garanties accordées aux citoyens pour suivre leurs réclamations ou plaintes, ce qui les pousse à passer par d’autres moyens illégaux comme la corruption (Manarplus.com, 08/06/2015). 11. La table ronde organisée à Rabat sur le projet de réforme du code pénal Transparency Maroc a organisé une rencontre, mercredi 24 juin à Rabat, pour passer au scalpel le projet de réforme du code pénal qui a fait l’objet d’examens critiques de la part de différentes parties après sa présentation par le ministre de la justice Mostafa Ramid. Globalement, les avis ont convergé pour minimiser la portée du changement au niveau de l’avant-projet. Les différents intervenants lors de la rencontre se sont accordés à dire « qu’il n’y a pas eu de changement d’esprit… Au niveau des dispositions relatives à la lutte contre la corruption, Transparency Maroc n’enregistre aucune modification notable. Sur ce point, Michèle Zirari a estimé que “les réactions suite à la mise en consultation de l’avant-projet ont été excessives”. Mme Zirari a noté “la mise en place de beaucoup d’amendes contre les infractions de corruption depuis 2004. Or, en matière pénale, l’amende ne peut pas être une sanction criminelle principale. Ce qui pousse à s’interroger sur la rigueur législative en matière de lutte contre ce phénomène”. Néanmoins, parmi les nouveautés, Mme Zirari note l’introduction de nouvelles infractions comme celle relative à la corruption d’agent public étranger... Mme Zirari a aussi mis en avant l’introduction d’une nouvelle infraction relative à l’enrichissement illicite. Mais elle a insisté sur la difficulté à appliquer les dispositions qui s’y rapportent. Car, “comment va-t-on le prouver ?”, s’est-elle interrogée. Pour sortir de cette impasse, Me Abdelaziz Nouaydi a proposé de poursuivre pour enrichissement illicite les personnes qui ne se conforment pas à l’obligation de déclaration du patrimoine. Une initiative qui devrait être prise suite à une enquête lancée après le refus de la personne de déposer sa déclaration, a expliqué M. Nouaydi (L’Economiste, Le Matin, 26/06/2015). 12. Le rapport semestriel du CAJAC

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Le Centre d’assistance juridique anti-corruption n’a reçu que 267 plaintes durant le premier semestre 2015. Le Centre de Rabat a enregistré 163 réclamations contre 50 à Fès et 54 à Nador. Il faut noter que depuis 2013, les réclamations ont considérablement diminué passant de 972 à 736 en 2014. Cette baisse peut s’expliquer par un sentiment de manque de sécurité chez les dénonciateurs. En effet, les Marocains ne se sentent pas protégés. Et par conséquent, ils ne voient pas d’intérêt à dénoncer les cas de corruption. Dans son rapport, le CAJAC liste les courriers envoyés en 2015 aux différentes administrations mises en cause afin de s’informer sur les irrégularités dénoncées et de leur demander de prendre les mesures nécessaires à leur égard. Au total, 39 correspondances ont été envoyées aux autorités administratives. La plupart ont jugé inutile d’y répondre. Sur 39 courriers, il n’y a eu que 7 réponses… Pour ce qui est des secteurs les plus touchés par la corruption, le document indique que la gendarmerie arrive en tête (12%). Viennent ensuite la police et la justice (10% pour chacun), l’habitat, l’urbanisme et l’immobilier (8%), la santé (6%), le service public (4%), les transports (3%) et l’agriculture (2%). En queue de peloton, on retrouve les forces auxiliaires, l’éducation nationale, la douane, les marchés publics, les établissements pénitentiaires, l’artisanat et le secteur privé avec respectivement 1% pour chacun de ces secteurs (Aujourd’hui Le Maroc, 14/08/2015). 13. Le prix 2015 de l’intégrité Transparency Maroc a lancé l’édition 2015 du prix de l’intégrité. Cette distinction est décernée aux personnes ou organisations qui ont lancé une initiative ayant constitué "une contribution crédible" à la lutte contre la corruption et la promotion de la culture de la transparence. Les personnes et organisations avaient jusqu’au 15 octobre 2015 pour postuler. En 2014, le prix n’avait pas été décerné, car le jury n’avait retenu aucune candidature (L’Economiste, Le Matin, 12/08/2015). 14. Les observations de Transparency Maroc sur le projet de décret sur la commission nationale de la commande publique TM a répondu à l’appel à commentaires du Secrétariat général du gouvernement (SGG) pour le projet de décret relatif à la commission nationale de la commande publique. Pour l’ONG, la commission telle qu’elle est prévue par le décret, ne répond pas aux critères d’indépendance et d’efficacité, dont doit se doter cette instance de bonne gouvernance. TM regrette en premier lieu que l’organe soit placé sous l’autorité du SGG, ce qui ne permet pas d’assurer toutes les garanties d’indépendance et d’impartialité. TM constate également que le principe de parité n’a pas présidé à la composition de la commission : composée de 10 représentants de l’administration en plus du président contre 3 représentants des organismes professionnels…, TM souligne le risque que la commission soit dominée par la volonté du gouvernement. Le fait que les noms des représentants du secteur privé ne soient pas choisis par des instances qui le représentent met également à mal le principe de représentativité. TM recommande que les fonctions de consultation, d’étude et d’examen des réclamations ne soient pas confondues en un seul organe. Associé en amont à la passation d’appels d’offres, l’organe ne saurait être en position de statuer sur les réclamations qui en émanent. TM déplore que la société civile ne puisse présenter de réclamations à la commission. Enfin, l’ONG juge le texte en décalage avec le principe constitutionnel d’accès à l’information puisque les avis de la commission ne seront pas rendus nécessairement publics (Médias24, Le Matin, 26/08/2015). 15. L’atelier organisé à Nador sur « Le rôle de la société civile dans le renforcement du Système national d’intégrité » TM a organisé, jeudi 17 septembre 2015 à Nador, un atelier de travail sur « Le rôle de la société civile dans le renforcement du Système national d’intégrité ». Cet atelier a connu la participation d’acteurs

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associatifs, de représentants d’associations et d’ONG de la région du Rif. Lors de cet événement M. Abdallah Harsi, membre du bureau exécutif de TM a présenté une évaluation globale du Système national d’intégrité en se basant sur l’étude 2014. TM a également attiré l’attention des participants sur le fait que la société civile constitue un pilier fondamental du Système national d’intégrité. En effet, la société civile joue un rôle essentiel dans la promotion de la transparence, l’intégrité et la bonne gouvernance. Si les participants ont été d’accord à l’unanimité pour dire que la société civile peut jouer un rôle important dans le renforcement du Système national d’intégrité, ils ont toutefois souligné la nécessité d’impliquer et d'engager la société civile dans toute réforme qui touche directement le public par l’ouverture de débats au niveau national. Les participants ont également réclamé davantage de coordination entre la société civile et les autres parties qui constituent les piliers du Système national d’intégrité (Badilpresse, Nadorcity, todaynador, 18/09/2015).

16. La table ronde organisée à Nador sur l’avant-projet de code pénal Transparency Maroc a organisé, lundi 21 septembre 2015 à Nador, une table ronde sur « L’avant-projet de code pénal et les infractions de corruption ». Au cours de cette table ronde, Rachid Filali Meknassi, membre du Conseil national de Transparency Maroc, Michèle Zirari, membre du bureau exécutif de Transparency Maroc et Amina Ahkim, représentante du tissu associatif de lutte contre la corruption à Nador, ont fait des interventions sur le thème de la rencontre. Les intervenants ont notamment présenté les sanctions (pécuniaires et les peines d’emprisonnement) prévues par l’avant projet de code pénal (Nadorcity, 22/09/2015). 17. Les résultats des travaux de Transparency sur la transparence du système fiscal

- TM a organisé, samedi 10 octobre 2015 à Mohammedia, une rencontre pour présenter les résultats finaux de ses travaux sur l’accès à l’information et la transparence du système fiscal. Les participants à cette rencontre consacrée à la présentation des résultats du rapport sur la transparence et la gestion fiscale au Maroc, et du guide du citoyen en matière d'impôt, ont estimé que l'obligation de payer les impôts constitue une condition pour revendiquer ses droits en tant que citoyen. Cette rencontre a été organisée par Transparency Maroc (TM) avec l’appui d’Oxfam et en coordination avec le Réseau espace libre de citoyenneté, de formation et de développement à Mohammedia. Présentant le rapport de diagnostic « Transparence et gestion fiscale au Maroc », élaboré en collaboration avec TM, la Direction générale des impôts, Oxfam, plusieurs ONG et le comité de suivi. Driss Al Andaloussi, expert en finances publiques, a évoqué la question de l'accès à l'information… conformément aux dispositions de la Constitution... Pour sa part, Abdelaziz Messaoudi, membre de TM a fait un exposé sur le Guide fiscal du citoyen... Ce guide comprend plusieurs chapitres consacrés aux plus importantes questions relatives à l'impôt, expliquant les cas où le citoyen doit payer l'impôt, comment il doit faire sa déclaration, précisant le lieu où il doit s'acquitter de l'impôt et les démarches à suivre pour contester le montant de l'impôt (Le Matin, Challenge, MAP, 12/10/2015). - Dans un rapport publié le 12 octobre et intitulé « Transparence et gestion fiscale au Maroc », TM regarde de près la relation entre l’administration fiscale et les contribuables. Le document énumère ce que TM qualifie de “zones noires”, c’est-à-dire les situations où les actes de corruption des fonctionnaires sont possibles étant donné le pouvoir discrétionnaire dont ils jouissent. Parmi eux : le recouvrement forcé, la délivrance d’attestations…, la taxe d’habitation calculée sur des valeurs locatives qui ne sont pas établies selon des procédures administratives prédéfinies, le régime de forfait ou encore le contrôle fiscal... De manière plus générale, TM recommande de dématérialiser le plus possible les procédures pour, ainsi, laisser peu de possibilité d’interventions physiques. TM lance aussi l’idée d’un compte fiscal que tout contribuable pourrait consulter pour connaître sa situation. L’ONG insiste sur l’importance de l’accès à l’information et regrette le peu de communication de la part de l’administration fiscale, le manque de vulgarisation des textes fiscaux,

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la plupart du temps seulement disponibles en français... Ce rapport de TM est accompagné d’un autre document : un guide à l’intention des contribuables. Il liste les démarches que le citoyen peut suivre pour profiter de ses droits et s’informer au mieux (TelQuel, Akhbar Al Yaoum, 13/10/2015). - Fiscalité : Transparency Maroc relève des points noirs et propose des solutions : La fiscalité marocaine est entachée de nombreux points noirs. Transparency Maroc a livré ses recommandations pour améliorer la gestion fiscale et réduire son impact sur le contribuable. « Le statut du citoyen est précaire devant une certaine pratique et devant le processus législatif fiscal. » Tel est le premier constat de l'étude, fraîchement publiée, par Transparency Maroc. Problème : « Le chemin à parcourir dans l'instauration d'une relation normale entre l'administration fiscale et le contribuable ou redevable (ou l'usager) est encore long », estime l'ONG marocaine. Son rapport de diagnostic vise à apporter des réponses aux maux qui rongent la fiscalité. Premier point noir soulevé par Transparency Maroc : le contrôle fiscal, la “boîte noire” souvent instrumentalisée politiquement. Pour en finir avec ce risque, le rapport estime que “la procédure de programmation au contrôle fiscal doit être dématérialisée le plus possible, pour laisser peu de place à l'intervention physique et offrir une traçabilité du processus de décision en matière de programmation”. Deuxième problématique : le recours fiscal. Là encore, le rapport plaide pour plus de transparence et recommande, par exemple, que la nomination des membres de la commission locale de taxation et de la Commission nationale du recours fiscal soit exceptée de tout rapport de subordination par rapport à l'administration fiscale ou au gouvernement (Le360, Les Eco, 24/11/2015).

18. La table ronde sur les « Progrès et limites de la réglementation des marchés publics au Maroc » La réglementation actuelle ne parvient toujours pas à assurer plus de transparence et davantage d’égalité de chances d’accès au niveau des marchés publics. Tel est le constat global qui ressort d’une table ronde sur les « Progrès et limites de la réglementation des marchés publics au Maroc » organisée par TM le 25 novembre à Casablanca. Abdessamad Saddouq, secrétaire général de TM, estime qu’il faut une « trêve » des textes juridiques. « Au lieu de se focaliser uniquement sur les textes, il faudrait plutôt examiner ce qui se passe sur le terrain. Dans la pratique, les avancées sont très lentes », a t-il déploré tout en soulignant la non-ratification par le Maroc de l’Accord sur les marchés publics. Celui-ci permet aux fournisseurs de biens et de services d’avoir accès, dans les mêmes conditions que les fournisseurs nationaux, aux marchés publics passés par les pouvoirs adjudicateurs des Etats membres. Selon TM, les deux problématiques essentielles reposent sur le contrôle et le recours. Au niveau du contrôle, il a été constaté que le nombre de marchés audités ne représente que 10 voire 15% du nombre des marchés devant être audités selon la réglementation. Et pourtant, les audits et contrôles sont obligatoires lorsque le montant du marché dépasse 5 000 000 de dirhams. À ceci s’ajoute l’absence de structure de contrôle interne au niveau des audits. Les intervenants ont également déploré la non-publication des rapports d’audit sur le portail des marchés publics. Quant au recours, malgré quelques améliorations, plusieurs obstacles persistent (Aujourd’hui Le Maroc, 27/11/2015). Présent à l'occasion de la rencontre du 25 novembre organisée par TM conjointement avec la Fondation Heinrich Böll, le directeur du pôle « Support » de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), Abdellatif Mouatadid, a énuméré une série de risques procéduriers liés aux marchés publics. En tout, ce sont 214 points liés aux différentes étapes par lesquelles passent les marchés publics, présentant un risque plus ou moins élevé de corruption. « L'ICPC a réalisé une cartographie des risques, représentés sous forme de matrice qui englobe les différents processus et sous-processus. Nous avons identifié plusieurs sources de vulnérabilité au niveau de la préparation de la procédure du marché public et également lors de son exécution », a déclaré M. Mouatadid… De son côté, Bachir Rachdi, président de la commission Ethique et bonne gouvernance au sein de la CGEM, estime que le mode de passation des marchés publics ne prend pas en compte l'efficacité de la dépense. Et pour cause, « le Dahir sur le règlement de la comptabilité publique date de 1917. Il est

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toujours en vigueur malgré sa désuétude, car il ne prend pas en considération l'aspect efficacité dans la dépense publique », a-t-il déclaré (Médias24, 30/11/2015). 19. Le séminaire organisé à Agadir le 26 novembre sur le Système National d’Intégrité Le séminaire organisé à Agadir le 26 novembre par Transparency Maroc fait ressortir que le Système National d’Intégrité(SNI) au Maroc n’est pas efficace pour lutter contre la corruption. Le rapport évoque des insuffisances dans les secteurs de la justice, la faiblesse et le manque d’indépendance des instances en charge de la gouvernance ainsi que l’impunité (Al Massae, 28-29/11/2015). 20. Les résultats de l’Indice du Budget Ouvert L’accès à l’information n’est pas une fin en soi, mais plutôt un pilier de la transparence qui favorise le développement d’une activité économique saine. Le constat de Transparency Maroc est sans appel. « Il ne s’agit pas d’un accès à l’information par les initiés, mais vis-à-vis du grand public », selon les interventions de ses membres lors de la conférence autour des résultats de l’étude sur le Budget ouvert pour l’année 2015. Ce rapport, établi par Transparency international et l’International Budget Partnership, évalue le degré de participation des citoyens à l’élaboration et au contrôle des finances publiques. Pour le Maroc, les résultats, présentés par Azeddine Akesbi, ne sont pas reluisants. En effet, le Maroc occupe la 74e place sur 102 pays, avec un score de 38 sur 100. Il fait partie des pays fournissant une information minimale. Au niveau régional, il est devancé par la Jordanie et la Tunisie, qui ont obtenu respectivement 55 et 42 points sur 100, mais a fait mieux que l’Algérie (19), l’Egypte (16) ou encore le Qatar et l’Arabie saoudite (0). Dans les détails, Rabat a eu un score de 2 sur 100 dans l’indice de la participation du public au processus budgétaire. “Le gouvernement n’offre pas d’opportunité aux citoyens d’être impliqués dans ce processus”, a souligné Akesbi (L’Economiste, Al Bayane, 17/12/2015). 21. La table ronde organisée à Marrakech sur « La justice face aux affaires de corruption » Transparency Maroc a organisé en partenariat avec l’Association marocaine de protection des biens publics, samedi 19 décembre 2015 à Marrakech, une table ronde sur « La justice face aux affaires de corruption.» Lors de cette rencontre M. Mohamed El Ghaloussi, président de l’Association marocaine de protection des biens publics a déclaré que 483 affaires de corruption ont été soumises aux tribunaux de Marrakech durant les quatre dernières années, et que 200 responsables des collectivités locales et de l’administration publique sont poursuivis pour des crimes de corruption. Pour sa part, M. Abdelaziz Nouaydi, avocat et professeur universitaire, a insisté sur le rôle de la société civile dans la sensibilisation sur la gravité de la corruption et le détournement des biens publics. Selon M. Nouaydi, il n’est pas logique que des affaires de corruption restent devant la justice des années avant de connaître un jugement final, ce qui n’est pas acceptable juridiquement. De son côté, M. Hassan Ouahbi, ancien président de l’Association des barreaux d’avocats au Maroc, a déclaré que la justice au Maroc a été longtemps au service de la corruption et que les institutions créées pour contrôler et lutter contre la corruption ne jouaient pas leur véritable rôle. Ce dernier a insisté sur la nécessité d’une réforme politique qui mène à l’instauration d’un Etat de droit (Al Massae, 23/12/2015). 22. La table ronde organisée à Rabat sur le thème « Femme et corruption » Transparency Maroc a organisé en partenariat avec l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), mercredi 23 décembre 2015 à Rabat, une conférence sur « Femme et corruption ». Les deux associations ont souligné lors de cet événement que les secteurs de la santé et de la justice occupent les premières places des secteurs les plus corrompus au Maroc, et que les femmes sont plus affectées par les actes de corruptions dans ces deux secteurs. Michèle Zirari, secrétaire générale

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adjointe de Transparency Maroc, a abordé lors de cette rencontre, la question genre et corruption, en précisant notamment qu’en matière de corruption, la femme est à la fois corrompue et victime de corruption (Assabah, 25/12/2015). 23. La rencontre organisée à Errachidia sur « Le rôle de la société civile dans la moralisation de la vie publique » Transparency Maroc a organisé, samedi 26 décembre 2015 à Errachidia, en partenariat avec l’Association pour le contrat mondial de l’eau, une rencontre avec le tissu associatif local sur « Le rôle de la société civile dans la moralisation de la vie publique ». Lors de cette rencontre, les responsables du Centre d’assistance juridique anti-corruption de Transparency Maroc ont présenté le rôle du Centre, son soutien auprès des dénonciateurs des actes de corruption, et ses missions en matière de lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance au Maroc (Jadid info, 27/12/2015).

V. Actes de corruption et infractions assimilées rapportés par la presse

La presse nationale a rapporté de nombreuses affaires de corruption et délits apparentés examinés par la justice durant le premier trimestre de l’année 2015. Regroupées dans cette publication, ces différentes affaires sont classées en deux catégories : celles ayant fait l’objet d’une décision de justice et celles qui sont encore au stade de l’instruction ou de l’enquête préliminaire.

1. Affaires jugées

Secteur de l’éducation : El Jadida : un fonctionnaire d'un lycée condamné à trois mois de prison pour corruption : Début janvier 2015, le tribunal de première instance d’El Jadida a condamné un fonctionnaire à trois mois de prison ferme pour chantage, abus de pouvoir et corruption. Le fonctionnaire avait été arrêté par la police judiciaire à la suite d’une plainte déposée par un fournisseur victime de chantage et de corruption de la part du fonctionnaire pour bénéficier d’un marché lancé par le ministère de l’éducation (Attajdid, Al Massae, 02-06/01/2015).

Collectivités territoriales :

- Un président de commune condamné pour corruption par la cour d'appel de Rabat : En janvier 2015, la chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d’appel de Rabat a condamné le président d’une commune rurale de la province de Khémisset à trois ans de prison dans une affaire de corruption. Le président aurait été arrêté grâce à un piège qui lui a été tendu à la suite d’une plainte déposée par un promoteur immobilier de Casablanca. Le président aurait réclamé 30 millions de centimes au promoteur en contrepartie d’un certificat provisoire pour un lotissement dans la commune d’Aït Malek (Al Massae, Attajdid, Al Akhbar, Bladi, 14/01/2015). - Affaire "Casino Es Saâdi" : les accusés condamnés à des peines allant de 2 à 5 ans de prison ferme : La cour d’appel de Marrakech a prononcé, jeudi 19 février 2015, des peines de 2 à 5 ans de prison ferme à l’encontre de l’ancien président de la municipalité Ménara-Guéliz, de sept conseillers municipaux et d'un entrepreneur poursuivis dans le cadre de l’affaire du "Casino Es Saâdi". L’ancien président de la municipalité de Ménara-Guéliz, principal accusé dans cette affaire, a été condamné à 5 ans de prison ferme, une amende de 50 000 DH, en plus de la saisie de biens immobiliers en sa possession, a annoncé une source judiciaire. Chacun des 7 conseillers a été condamné à un emprisonnement ferme de 3 ans assorti d'une amende de 40 000 DH. Un entrepreneur poursuivi dans le cadre de cette même affaire a été condamné à 2 ans de prison

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ferme et une amende de 30 000 DH, alors que 2 autres personnes ont été acquittées. Les personnes condamnées dans cette affaire, dont les faits remontent à la période 1997-2003 lorsque le principal accusé assurait la présidence de la municipalité de Ménara Guéliz, étaient poursuivies pour "dissipation de deniers publics, corruption, falsification de documents officiels et usage de faux". Par ailleurs, TM, qui s’était constituée partie civile dans cette affaire, a réagi à la décision rendue par la justice, en rendant hommage à l’action de la société civile locale qui a été à l’origine de la reprise de ce dossier. Toutefois, TM s’est interrogée sur la position des pouvoirs publics quant à la récupération des biens détournés. Elle a également regretté que le Conseil de la ville ne se soit pas constitué partie civile dans cette affaire de dilapidation du patrimoine de la ville (Infomédiaire, Al Akhbar, Al Ahdath Al Maghribia, 20/02/2015) ; (Aujourd’hui Le Maroc, Assabah, Al Massae, Al Akhbar, 23/02/2015). - Taounate : le président d’une commune condamné à 2 ans de prison pour corruption : « Le président d’une commune rurale de la région de Taounate, membre du Parti Authenticité et Modernité, a été condamné à deux ans de prison ferme et une amende de 60 000 DH, par le tribunal de première instance de Meknès. L’élu a été dénoncé fin juillet 2015 par un entrepreneur marocain résidant à l’étranger, à travers le numéro vert anti-corruption, mis en place par le ministère de la justice. L’élu a été arrêté en flagrant délit de corruption. Le mis en cause exigeait de l’entrepreneur une importante somme d’argent pour débloquer le paiement de travaux réalisés pour le compte de la commune. L’accusé qui est également interdit de se présenter aux élections pendant deux mandats, a été arrêté en possession du chèque de 60 000 DH délivré par l’entrepreneur (Bladi, 13/08/2015).

- Un élu istiqlalien condamné à une peine de prison ferme pour corruption : Le président istiqlalien de la commune de Toulal, près de Meknès, a été arrêté en août 2015 en flagrant délit de corruption. Il avait fait l’objet d’une plainte reçue via le numéro vert mis en place par le ministère de la justice. Le président de la municipalité de Toulal, Mohamed Saif membre de l'Istiqlal, a été surpris en flagrant délit de corruption, selon les précisions d’un magistrat à Le360. "L'élu corrompu été arrêté en flagrant délit au moment où, attablé à une terrasse de café, il récupérait une somme de 5 000 dirhams", selon cette source. C'est à la suite d’une plainte enregistrée via le téléphone vert anti-corruption du ministère de la justice que le piège s'est refermé sur ce président de commune indélicat. Il avait promis de remettre un document administratif à la victime en contrepartie de cette somme d'argent" (Le360, 24/08/2015). - Un ancien conseiller communal condamné à deux ans de prison pour dissipation de deniers publics : La chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d'appel de Rabat a prononcé lundi 16 novembre une peine de deux ans de prison, dont une année avec sursis, à l’encontre d’un entrepreneur, ancien conseiller communal, poursuivi pour complicité de dissipation de deniers publics. La chambre a également condamné le prévenu, à payer une amende de 5 000 dirhams et à verser 520 000 dirhams de dommages et intérêts au Crédit Agricole... La cour avait disjoint cette affaire de celle dans laquelle ont été poursuivis 17 individus pour détournement et dissipation de deniers publics qui ont été condamnés à des peines de 8 ans, 5 ans et 2 ans de prison ferme. Ces derniers ont été également condamnés à verser un montant total de plus de 2 milliards de dirhams de dommages et intérêts au Crédit Agricole. En mai 2013, la chambre criminelle chargée des crimes financiers de la Cour d'appel de Rabat avait condamné l'ancien conseiller communal à une année et demie de prison ferme dans le cadre d'une affaire de corruption (Le Matin, Menara, 19/11/2015).

Police – Gendarmerie – Forces auxiliaires :

- Corruption à Tan-Tan : deux policiers condamnés à un mois de prison : Deux policiers qui avaient été filmés début 2015 en train de « racketter » un motocycliste espagnol à Tan-Tan ont été

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condamnés, jeudi 22 janvier 2015, à un mois de prison et une amende de 2 000 dirhams par le tribunal de première instance de la ville. La brigade de la police judiciaire du district provincial de la sûreté nationale de Tan-Tan avait lancé une enquête judiciaire sur les deux agents, qui ont été dans un premier temps suspendus par la Direction générale de la sûreté nationale. Installés dans un chekpoint, les deux policiers avaient entamé une discussion sur le football avec un touriste en espagnol avant de lui demander un cadeau (regalo) ou des euros (oro). Ils avaient reçu 100 dirhams et avaient rendu à leur « bienfaiteur » 50 dirhams (Yabiladi, 22/01/2015). - Kenitra : condamnation de six gendarmes pour corruption : Le tribunal de première instance de Sidi Slimane a condamné six gendarmes, accusés dans une affaire de corruption, à deux mois de prison ferme et une amende de 1 000 dirhams et en a acquitté deux autres. La direction régionale de la gendarmerie royale de Kenitra avait traduit, vendredi 9 janvier 2015, les huit gendarmes devant le procureur général du roi, qui avait ordonné leur mise en détention préventive. Les accusés sont apparus dans une vidéo diffusée sur Youtube. Ils avaient été filmés par un conducteur d’autocar alors qu’ils recevaient des pots-de-vin (Al Ahdath Al Maghribia, Al Massae, 01/03/2015).

- Kenitra : condamnation de six gendarmes impliqués dans une affaire de corruption : En juin 2015, la cour d'appel de Kenitra a condamné six gendarmes à deux mois de prison ferme. L'arrêt rendu par la cour d'appel de Kénitra à l’encontre des gendarmes inculpés s'est appuyé sur les investigations menées par la police judiciaire et sur le dossier de l'instruction. Des séquences vidéo montrant les accusés en flagrant délit de corruption n'ont laissé aucun doute sur leur culpabilité. Deux autres gendarmes ont été acquittés pour manque de preuves, précise la publication arabophone... L'affaire a été déclenchée par le propriétaire d’un autocar qui avait élaboré un plan pour détourner l'attention de la police qui surveillait de près ses activités de contrebande. Il s'est ainsi procuré une caméra sophistiquée que le chauffeur de l'autocar a cachée sous ses vêtements, avec l'idée de prendre les gendarmes en flagrant délit de corruption. Une manière de retourner la situation et d'échapper aux contrôles. Des éléments de la gendarmerie en poste à Dar Chaoui sur l'axe routier reliant Tétouan et Larache ont ainsi été piégés alors qu'ils percevaient des pots-de-vin, relève Al Ahdath Al Maghribia. Les deux complices sont allés jusqu’à extorquer d’importantes sommes d’argent aux gendarmes (Le360, Al Ahdath Al Maghribia, 19/06/2015). - Rabat : condamnation de 21 personnes, dont quatre agents des services de sécurités, accusés de corruption : La chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d'appel de Rabat a prononcé, mercredi 11 novembre 2015, des peines allant de 2 à 10 ans de prison ferme à l'encontre de 21 personnes, dont 4 agents des services de sécurité, poursuivis pour "séquestration, corruption et abus de pouvoir". 2 des 4 agents ont été condamnés à 10 ans de prison ferme et 2 autres l’ont été respectivement à 8 et 6 ans de prison ferme, après avoir été reconnus coupables de "corruption, trafic d'influence, abus de pouvoir, escroquerie et divulgation de secret professionnel". Le tribunal a également prononcé des peines de 6 ans de prison ferme à l'encontre de 4 personnes, 5 ans de prison ferme pour 2 personnes, 4 ans de prison ferme pour 2 autres, 3 ans de prison ferme pour 4 personnes et 2 ans de prison ferme pour 5 personnes. Pour rappel, les mis en cause étaient poursuivis pour " complicité de corruption, abus de pouvoir, trafic international de drogue, falsification de documents administratifs et non dénonciation d'un crime" (Infomédiaire, Yabiladi, H24infos, 11/11/2015).

Secteur public : El Jadida : condamnation de deux agents d’autorité accusés de corruption : Le tribunal de première instance d’El Jadida a condamné deux agents d’autorité en poste au caïdat de Chtouka (cercle d’Azemmour) à un mois de prison ferme et une amende de 5 000 dirhams pour des affaires de corruption et de chantage. Selon des sources du quotidien Al Mounâtaf, les deux agents ont

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demandé de l’argent à un citoyen en contrepartie d’un permis de construire. Le citoyen a déposé plainte, ce qui a permis l’arrestation des deux agents en flagrant délit (Al Mounataf, 06/02/2015).

Entreprises et établissements publics :

- Affaire de l’ancien DG de l’ONDA : la cour d’appel de Casablanca confirme les peines rendues en première instance : La cour d’appel de Casablanca a confirmé, mercredi 11 mars 2015, les peines rendues en première instance, allant de cinq ans de prison ferme à l’acquittement, dans l’affaire de l’Office national des aéroports (ONDA). La cour d’appel a également condamné les accusés au versement de dommages intérêts au profit de l’Etat marocain. A titre de rappel, en juillet 2013, la cour avait condamné, en première instance, l’ex-directeur général de l’Office, Abdelhanine Benallou, et son directeur de cabinet, Ahmed Amine Barqallil, à 5 ans de prison ferme. Le directeur financier en charge des marchés, Ouadii Mouline, avait été condamné à 2 ans de prison. La cour avait également condamné le chef du département des ressources humaines Abderrahim Boutaleb à un an de prison ferme, le chef de la section recrutement Salaheddine Jeddou à un an dont 6 mois avec sursis et Rachid Moussaidi (retraité) à 3 ans avec sursis. Elle avait aussi condamné à 2 ans avec sursis Jilali El Hamdani (retraité), Hassan Farhat, responsable de la stratégie et du suivi des grands projets à l’Office et Abdelkrim El Idrissi, ingénieur d’Etat à la délégation de Mohammedia du ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies. La même cour avait acquitté Mohamed Bachir Laraki, directeur des travaux et des chantiers à la Société générale marocaine des travaux. Toutes ces personnes étaient poursuivies, pour dissipation de deniers publics, faux et usage de faux à la suite d’un rapport de la Cour des comptes qui a révélé des malversations au sein de l’Office à l’époque où M. Benallou assurait sa direction générale (Aujourd’hui Le Maroc, Les Eco, Le Matin, L’Economiste, Infomédiaire, 13/03/2015). - Fès : un responsable de l’Office national des céréales et légumineuses condamné à 3 mois de prison ferme pour corruption : Un responsable de l'Office national des céréales et des légumineuses (ONICL) à Fès a été condamné vendredi 4 décembre 2015 par le tribunal de première instance à trois mois de prison ferme pour corruption. Le mis en cause, qui a également été condamné à verser une amende de 5 000 dirhams, a été arrêté en flagrant délit de corruption grâce au numéro vert anti-corruption mis en place par le ministère de la justice. Les faits remontent au mois de novembre 2015 lorsque le propriétaire d’une minoterie à Fès a constaté que la quantité de céréales reçue ne correspondait pas à celle notifiée par l’ONICL, expliquent des sources dignes de foi, relevant que le responsable de l’Office a tenté de profiter de cette situation pour extorquer une somme d'argent au propriétaire de la minoterie (Menara, MAP, Le Temps, Les Eco, 07/12/2015).

Secteur de la santé : Une femme médecin condamnée pour corruption à Fès : Le tribunal de première instance de Fès a condamné une femme médecin interpellée en flagrant délit de corruption à deux mois de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 DH. La praticienne exerçant dans le privé avait délivré un certificat médical à un homme fixant sa période d’invalidité à 21 jours dans le cadre d’une affaire qui l’opposait à un agriculteur de la région de Fès. L’agriculteur a déposé une plainte contre le médecin auprès du parquet général de Fès après qu’il eut réussi à obtenir un certificat similaire en contrepartie de 300 DH. Par la suite, une enquête a été ouverte et une policière en civil a piégé la praticienne en prétextant une bagarre avec une voisine et réussi à obtenir un certificat médical avec une période d’invalidité de plus de 21 jours. Prise en flagrant délit, la femme médecin a été condamnée à 2 mois de prison ferme et une amende de 50 000 dirhams, avec l’interdiction d’exercer pendant une période de 5 ans (Bladi, Akhbar Al Yaoum, Le360, 21/09/2015).

Fraude électorale :

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Trois conseillers communaux condamnés à 4 ans de prison pour fraude électorale : Le tribunal de première instance de Ben Ahmed a condamné, en novembre 2015, trois conseillers communaux à quatre ans de prison ferme pour fraude électorale. Les mis en cause avaient perçu des pots-de-vin pour voter en faveur du président de la commune de Oulad Chbana, relevant du cercle de Ben Ahmed, province de Settat. Les trois élus avaient été arrêtés en octobre 2015 par les agents de la brigade de la gendarmerie royale de Ras El Ain-Chaouia et présentés devant le parquet du tribunal de première instance de Ben Ahmed. L’enquête a été menée par les agents de la gendarmerie royale, sur instruction du parquet général, à la suite d’une plainte déposée par l’épouse du président de la Commune de Oulad Chbana, décédé quelques jours après son élection à la tête de cette commune. Dans sa déposition, la plaignante avance que des conseillers communaux ont perçu des sommes d’argent de son époux pour voter en sa faveur. Lors de leur audition, les personnes impliquées ont avoué avoir touché des sommes allant de 60 000 à 120 000 DH pour accorder leur voix au président disparu (Le360, Al Massae, 18/11/2015).

2. Affaires en cours

Collectivités territoriales :

- Tétouan : un caïd accusé de corruption : En mars 2015, le juge d’instruction de la cour d’appel de Tétouan a décidé, après un deuxième interrogatoire, de placer en détention le caïd du 3ème arrondissement de la commune de Haïdra, province de Fnideq, pour des inculpations de corruption, chantage et abus de pouvoir. Le caïd a été arrêté, en février 2015, en flagrant délit de corruption, alors qu’il recevait une somme de 10 000 DH d’un investisseur local (Al Massae, 06/03/2015). - El Jadida : un moqadem et un cheikh arrêtés pour corruption à Tnine Chtouka : Un Moqadem et un Cheikh de Tnine Chtouka ont été arrêtés le 19 janvier 2015 pour avoir reçu des pots-de-vin. Les deux agents d’autorité corrompus ont été pris en flagrant délit après un piège tendu par leur victime, un père de famille qui disposait d’une autorisation de construction dans la ville. Ce dernier qui voulait construire, a été obligé de verser des pots-de-vin avant le démarrage des travaux. Il a finalement décidé d’alerter la gendarmerie après avoir enregistré une conversation téléphonique avec les deux agents d’autorités. Après leur avoir fixé un rendez-vous, il a photocopié 2 000 DH en faux billets pour les leur remettre. Arrivé sur les lieux pour récupérer les pots-de-vin, le Cheikh a été interpellé par la gendarmerie pour corruption (Yabiladi, Hibapress, Assabah, 21/01/2015).

- Mairie de Casablanca : plusieurs dossiers de dissipation de deniers publics confiés à la Brigade nationale de police judiciaire : Sur instructions du ministère de la justice qui s’est basé sur le rapport de la Cour des comptes qui a pointé du doigt plusieurs dysfonctionnements et dissipation de deniers publics, plusieurs dossiers ont été confiés à la Brigade nationale de la police judiciaire concernant certains marchés passés par le conseil de la ville de Casablanca (Le Reporter, 22/01/2015).

- Affaire Jazouli à Marrakech : le dossier est toujours au stade de l’instruction : Le substitut du procureur a transmis au juge d’instruction, mardi 25 mai 2015, les dossiers d’Omar Jazouli, ex-maire de Marrakech, de deux de ses adjoints et de trois fonctionnaires communaux. Le juge d’instruction avait déjà entendu les prévenus lors de l'interrogatoire de première comparution. Il s’agit d’Omar Jazouli, son premier remplaçant Abdallah Ould Laaroussi, Mohamed Nakil, sixième vice-président du maire, Zineddine Zarhouni, ex-chef du service économique, Diaâ Benjelloun, directrice de la coopération et de la décentralisation et Larbi Belkziz, ancien chef du cabinet du maire. Ils sont accusés notamment de dissipation de deniers publics et de faux et usage de faux. Cette affaire a éclaté à la suite du dépôt d’une plainte de l’Instance nationale de protection des deniers publics,

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alertée par les conclusions d’un rapport de la Cour des comptes. Les juges de la juridiction financière avaient ainsi découvert que des membres du conseil de la ville gâtaient, aux frais de la ville, des amis et des membres de leurs familles (Le360, Al Akhbar, 26/05/2015). - Meknès : un président de commune pris en flagrant délit de corruption : La police judiciaire de Meknès a arrêté le 6 juillet 2015, le président d'une commune rurale accusé de corruption. C’est une plainte pour extorsion, déposée par un promoteur marocain résidant à l'étranger, qui a conduit à l’arrestation de ce président de commune rurale. Ce dernier exerçait un chantage sur le promoteur, lié avec la commune par un contrat public, afin de lui faciliter les procédures d'exécution du marché. Prévenus, les agents de police, sur ordre du Parquet, ont tendu un piège à l’élu corrompu et ont pu l'arrêter en flagrant délit en possession de la somme réclamée (Le360, Infomédiaire, 07/07/2015).

- Corruption : un président de commune du PAM arrêté juste après son élection : La police judiciaire de Tiznit, a arrêté le président d’une commune rurale de la province de Sidi Ifni suspecté de corruption quelques heures à peine après son élection. D’après le quotidien Al Akhbar, l’élu du PAM qui en est à son deuxième mandat à la tête de cette commune, a été interpellé en flagrant délit de corruption alors qu’il recevait la somme de 80 000 DH d’un administré pour qu’il intervienne en sa faveur pour régler un dossier. C’est le parquet général de Tiznit qui a ordonné l’arrestation du suspect, à la suite d'une plainte déposée par un citoyen qui accusait le président de commune fraîchement réélu de chantage. L’élu a été par la suite piégé avec l’aide des autorités. D’autres sources citées par le journal affirment qu’il s’agit là de règlements de comptes électoraux (Bladi, Akhbar Al Yaoum, Assabah, 17/09/2015).

- Marrakech : un président de commune arrêté pour corruption : Grâce au numéro vert anti-corruption mis en place en juin dernier par le ministère de la justice, le président d’une commune de la région de Marrakech a été arrêté en octobre 2015 pour corruption et chantage. Ce président de commune aurait demandé une importante somme d’argent à un entrepreneur, en échange de l’autorisation qui devait lui permettre de démarrer l’activité de son usine spécialisée dans la production de plastique. En accord avec le procureur du roi du tribunal de grande instance de Marrakech, l’homme d’affaires a élaboré un piège pour prendre le président en flagrant délit. L’homme d’affaires l’accuse de corruption, de chantage et d'extorsion de fonds. Le parquet a décidé de placer le président de commune en détention provisoire, jusqu’à la fin de l’enquête. Le parquet devra également se pencher sur les cas d’autres responsables de la commune impliqués dans cette affaire (Le360, Al Massae, 13/10/2015).

Police-Gendarmerie-Forces auxiliaires-Douane :

- Marrakech : un policier et un fonctionnaire accusés de corruption : La police judiciaire de Marrakech a diligenté une enquête, mercredi 11 février 2015, sur un policier à la retraite et un fonctionnaire à la cour d’appel de Marrakech accusés d’avoir perçu une somme de 290 millions de centimes de la part d’un baron de la drogue pour l’aider à obtenir des documents de manière frauduleuse (Al Massae, Hespress, 13/02/2015). - Marrakech : enquête sur deux gendarmes filmés en flagrant délit de corruption : La gendarmerie royale de Marrakech aurait ouvert une enquête sur deux gendarmes qui sont apparus dans une vidéo, demandant des pots-de-vin à des conducteurs sur la route reliant Marrakech à Chichaoua. Un citoyen qui a filmé les gendarmes aurait essayé de les faire chanter, en leur demandant une somme de 60 000 dirhams avant de décider finalement d’envoyer la vidéo à la direction générale de la gendarmerie (Al Akhbar, Al Alam, 26/02/2015).

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- Chantage et corruption : arrestation en flagrant délit d’un gendarme : La Gendarmerie Royale de Rabat a arrêté en juin 2015 un gendarme en activité à Témara en flagrant délit pour son implication dans une affaire de chantage et de corruption. Cette affaire porte sur la somme de 4 000 dirhams. Le mis en cause a été traduit en justice (Al Bayane, Menara, H24info, 12/06/2015).

- Corruption : des policiers arrêtés à Fès : L’enquête menée par le bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), relevant de la direction générale de surveillance du territoire national, à la suite de l’arrestation d’un groupe de trafiquants de drogue et de psychotropes en juillet 2015 à Fès, a abouti à des preuves solides confirmant des connexions suspectes entre les prévenus et certains agents de la préfecture de police de Fès. Ces derniers sont suspectés d’avoir acceptés des pots-de vin pour couvrir les activités criminelles, indique un communiqué du BCIJ. Les fonctionnaires de la police suspectés d’être impliqués dans ces actes criminels ont été déférés devant le procureur général du roi de la Cour d’appel de Fès (Infomédiaire, 10/09/2015).

- Rabat : enquête judiciaire concernant deux policiers accusés de corruption : Le service préfectoral de la police judiciaire de Rabat, a procédé, sur ordre du parquet général, à une enquête judiciaire à la suite d’une plainte présentée par un citoyen accusant deux policiers affectés à la brigade de la police judiciaire de Salé, de chantage et de corruption. Selon u n communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale daté du vendredi 25 décembre 2015, les premiers éléments de l'enquête révèlent que la prétendue victime affirme avoir remis aux deux policiers une somme d'argent. La prétendue victime et les deux policiers en question ont été entendus, ajoute le communiqué. Les résultats des investigations dans cette affaire devraient aboutir à la traduction en justice des mis en cause (Le360, Bladi, Les Eco, H24infos, TelQuel, 25/12/2015).

- Corruption : un pot-de-vin de 10 000 DH fait tomber trois gendarmes : Trois gendarmes exerçant dans la région de Meknès ont été inculpés fin décembre 2015 pour corruption, chantage et falsification dans une affaire de trafic de drogue. C’est la conclusion de l’enquête diligentée par la Brigade nationale de la police judiciaire à la suite d’une plainte déposée par un trafiquant de drogue. Ce dernier a été arrêté par les trois gendarmes alors qu'il était en possession de drogue. Mais au lieu d’appliquer la loi, « les trois gendarmes ont entrepris de négocier avec le trafiquant de drogue pour transformer l’affaire en simple délit ». Ainsi, « les trois gendarmes lui auraient proposé de ne mentionner qu’une petite quantité de drogue dans les procès-verbaux dressés en la circonstance pour qu’il ne soit poursuivi que pour le délit de consommation et non de trafic de drogue ». En contrepartie, le trafiquant devait céder sa voiture à l’un d’entre eux à moitié prix. La valeur de la voiture était estimée à 100 000 dirhams. Les deux parties entamèrent alors les procédures de vente. Le gendarme n’aurait pas honoré ses engagements et le trafiquant de drogue a fini par saisir la justice. Les investigations ont abouti à l’arrestation de six autres membres du réseau de trafic de drogue. Les sept trafiquants ont été déférés devant le parquet de Meknès qui les a poursuivis pour trafic de drogue. En parallèle, la police judiciaire devrait rendre son rapport au commandant de la gendarmerie royale avant de déférer les trois gendarmes devant le parquet général (Le360, Assabah, 31/12/2015).

- Arrestation d’un fonctionnaire au 7ème arrondissement de la police de Fès en flagrant délit de corruption : La police de Fès a arrêté le 14 décembre 2015 un assistant administratif travaillant au 7ème arrondissement de police à Fès en flagrant délit de corruption, alors qu’il recevait une somme de 2 000 dirhams de la part d’une femme. Selon les premiers éléments de l’enquête, le mis en cause exerçait un chantage à l’encontre de cette femme en lui réclamant un montant de 7 000 dirhams en contrepartie d’une intermédiation en sa faveur dans une procédure en cours devant les services dudit arrondissement de police, indique un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (H24infos, L’Opinion, Le Matin, Aujourd’hui Le Maroc, 15/12/2015).

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Entreprises et établissements publics :

- L’affaire CGI au stade de l’interrogatoire préliminaire : Un an après l’éclatement de l’affaire du projet Madinat Bades à Al Hoceima, la procédure avance à pas de tortue. Les 26 prévenus devaient se présenter une nouvelle fois devant le juge d’instruction le 29 octobre 2015 devant la cour d’appel de Fès, pour une troisième séance de confrontation avec les plaignants. L’ex-directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Anas Houir Alami, et l’ex-directeur général de la Compagnie générale immobilière (CGI), Mohamed Ali Ghannam, sont poursuivis avec 21 autres suspects, dans cette affaire pour, notamment, dissipation de deniers publics, faux et usage de faux, et constitution de bande criminelle. Par ailleurs, l’interdiction de quitter le territoire national pour Anas Houir Alami a été levée par le juge d’instruction. Le magistrat en charge de l’enquête a pris cette décision sur la base des garanties présentées par la défense. L'information a été confirmée par Me Abdelatif Ouahbi, un des avocats de l’ancien directeur général de la CDG. Le juge d’instruction de la cour d’appel de Fès a ainsi répondu favorablement à la demande formulée le 27 juin 2015 par la défense. Pour rappel, le retrait de son passeport avait été ordonné le 30 septembre 2014 (L’Economiste, Les Eco, 05/02/2015) ; (Infomédiaire, 10/07/2015) ; (L’Economiste, 12/06/2015) ; (L’Economiste, 07/08/2015).

Secteur de la justice :

- Marrakech : un juge mis en cause dans une affaire de corruption : Un juge de Marrakech a été mis en cause dans une affaire de corruption en janvier 2015. Tout aurait commencé lors d’un procès. L’une des parties aurait donné un pot-de-vin estimé à 80 000 dirhams au juge afin que ce dernier statue en sa faveur. Mais l’autre partie aurait également donné une somme d’argent, dont le montant n’a pas été révélé, au même juge pour faire basculer le procès en sa faveur. Seulement, après les délibérations, la partie vaincue a demandé à récupérer son pot-de-vin. Le juge a invité le perdant à récupérer l’argent à son domicile. Mais c’était sans savoir qu'un plan était déjà préparé pour le faire tomber. Le perdant s'est présenté chez le juge en compagnie de la police. Finalement, l’affaire a été portée au niveau du ministère de la justice par un député. Le juge a été arrêté en attendant l’ouverture de son procès (Yabiladi, Al Yaoum24, Assabah, Akhbar Al Yaoum, 22/01/2015). - Corruption et chantage : un magistrat soumis à une enquête : Le président d’une chambre correctionnelle au tribunal de première instance d’Oued Zem a été auditionné en octobre 2015 par le procureur général du roi et le président de la cour d’appel de Khouribga. Ces deux responsables avaient reçu un courrier « top secret » de l’Inspection générale du ministère de la justice et des libertés, leur demandant d’ouvrir une enquête autour d’un scandale provoqué par un enregistrement sonore. Cet enregistrement laisse penser que le président d’une chambre correctionnelle, à Oued Zem, avait fait chanter un Marocain résidant en Italie (Le360, Assabah, 13/10/2015).

- Tanger : enquête judiciaire ouverte contre deux magistrats accusés de corruption : En décembre 2015, le ministre de la justice, Mustafa Ramid, a ordonné l’ouverture d’une enquête au sujet des accusations de corruption portées contre deux magistrats de la ville de Tanger. L’avocat au barreau de Tanger, Abdeslam Bekkioui avait porté ces accusations sur les réseaux sociaux (La Dépêche, 24/12/2015).

Secteur de la santé :

- Séfrou : un ancien directeur et quatre employés de l’hôpital régional Mohamed V poursuivis pour dissipation de deniers publics : L’ancien directeur de l’hôpital régional Mohamed V de Séfrou

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et quatre employés ont comparu mardi 27 janvier 2015 devant la chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d’appel de Fès, pour dissipation de deniers publics provenant des revenus de l’hôpital et estimée à des centaines de millions de centimes. La cour a décidé de reporter l’examen de ce dossier au 10 février 2015 pour convoquer tous les témoins et pour étudier davantage le dossier. Dans cette affaire, les accusés sont poursuivis à la suite d’une plainte anonyme (Al Khabar, 28/01/2015). - Affaire de la Mutuelle générale : Mohamed El Ferraâ à nouveau devant la justice : Nouveaux rebondissements dans l'affaire de l'ancien président de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP), Mohamed El Ferraâ. Ce dernier a été contraint d'assister à son procès, trois ans après la décision rendue à son encontre. M. El Ferraâ, président du conseil municipal d'Essaouira et ex-président de la MGPAP, a comparu mercredi 4 mars 2015 devant la chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d’appel de Rabat après son absence lors de la précédente séance. M. El Ferraâ, qui a été assisté par ses avocats, a remis au tribunal plusieurs documents pour justifier son absence, arguant qu'il avait été retenu par des activités officielles liées à la nature de son poste de maire. Le tribunal avait prévenu la défense que la procédure de contumace allait être engagée à l'encontre de M. El Ferraâ au cas où il s'absenterait lors des audiences du procès où il est poursuivi pour dissipation de deniers publics. La chambre criminelle a décidé, lors de cette audience, de reporter le procès à la suite de l’absence de membres de la défense et de 10 autres accusés qui n’ont pas assisté à l'audience parce qu'ils n'avaient pas reçu de convocation (Le 360, Al Massae, Al Akhbar, 06/03/2015). - Poursuite des audiences dans l’affaire CNSS : Le procès CNSS (Caisse nationale de la sécurité sociale) s’est poursuivi le 21 mai 2015 à la Cour d’appel de Casablanca. Une trentaine d’ex-salariés sont poursuivis en tant que « coauteurs de dissipation de deniers publics ». L’ex-comptable Hassan Alami a été auditionné comme témoin le jeudi 21 mai 2015. En 2000, le fondateur de Manay Maroc avait pour mission d’évaluer les nouveaux systèmes d’information de la CNSS et l’assistance de son conseil d’administration. Une prestation exécutée conjointement avec le cabinet d’avocats Ernest Young. Docteur en droit, Hassan Alami est également président du Centre euro-méditerranéen en de médiation et d’arbitrage lancé en juin 2009 (L’Economiste, 20/05/2015).

- Un célèbre chirurgien de Rabat arrêté pour avoir délivré de faux certificats médicaux : Un célèbre chirurgien de l’hôpital Ibn Sina de Rabat et un intermédiaire ont été déférés le 02 octobre 2015 devant le parquet de Rabat, pour avoir délivré un certificat médical de complaisance. Le praticien qui est aussi professeur de médecine et a été présenté au procureur général du roi après 72 heures de garde à vue. Le chirurgien délivrait des certificats médicaux qui étaient utilisés dans des affaires d’accidents du travail et de la circulation produits devant les tribunaux, mais également dans le cadre d’affaires pénales et criminelles. Le médecin a été dénoncé par un responsable du centre hospitalier Ibn Sina, qui avait informé la police de la présence du chirurgien et d’un intermédiaire aux alentours de l’hôpital, où le praticien et son complice ont été interpellés en possession de 39 certificats qu’ils proposaient aux intéressés moyennant des sommes d’argent (Bladi, Assabah, 06/10/2015).

- Corruption : un hôpital marocain au cœur d’un scandale en Angleterre : Le bureau d’étude britannique Sweett Group est poursuivi pour une affaire de corruption qui concerne un hôpital au Maroc financé par les Emirats. Ce bureau d’étude, spécialisé dans les projets internationaux de construction, a admis début décembre 2015 être impliqué dans une affaire de corruption. « Le délit concernait l’attribution d’un contrat pour la conception d’un hôpital de 100 millions de dollars au Maroc », ont rapporté plusieurs médias, dont Reuters, The Times et Supply Mangement. Pour cela, le Serious Fraud Office, l’agence gouvernementale britannique chargée des enquêtes et des poursuites des cas graves de fraude et de corruption, a inculpé le bureau d’étude. Sweett Group a admis n’avoir pas empêché un de ses employés de corrompre un architecte. Un acte qui constitue

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une violation de l’UK Bribery Act 2010 relative à la répression et la prévention de la corruption. L’affaire a éclaté en 2013, lorsque le Wall Street Journal a rapporté qu’un haut cadre de Sweett Group a proposé un “deal” à un représentant de HLW International. Les deux hommes se sont rencontrés dans un café à Abu Dhabi en 2010. Sweett Group promettait d’attribuer le contrat pour « la conception d’un hôpital de 100 millions de dollars (985 millions de dirhams) au Maroc » à HLW, « si le cabinet d’architectes acceptait de verser 3,5% de la valeur du contrat à un responsable émirati» (H24infos, 15/12/2015).

Secteur public :

- Un Caïd de Fnideq arrêté en flagrant délit de corruption : Un caïd de la ville de Fnideq, au nord du Maroc, a été arrêté mardi 17 février 2015 en flagrant délit de corruption, alors qu’il recevait une somme de 10 000 DH d’un investisseur local. Le plaignant, un promoteur immobilier de la région de Fnideq, avait déposé une plainte auprès du procureur du roi du tribunal de première instance de la ville de Tétouan dans laquelle il accusait le caïd d’avoir entravé la bonne marche d’un projet de développement local, pour recevoir de l’argent. En accord avec le procureur, l’homme d’affaires a piégé le caïd en lui donnant rendez-vous pour lui remettre l’argent dans un café de la corniche de la station balnéaire Martil, où le responsable a été interpellé en flagrant délit de corruption par la police. Le caïd a été déféré devant un juge d’instruction du tribunal de première instance de Tétouan et devait être jugé à la fin de l’enquête (Bladi, Assabah, Al Massae, Ittihad Al Ichtiraki, Al Akhbar, 18/02/2015). - Affaire de détournement de 25 millions de dirhams à la perception de Laâyoune : Une enquête a été ouverte à Laâyoune sur une affaire de détournement concernant 10 personnes, dont 3 fonctionnaires placés en détention. D’après les données collectées par la police judiciaire découvertes dans l’ordinateur mis à disposition à la perception de la ville de Laâyoune, plusieurs infractions et délits ont été relevés : fausse comptabilité, falsifications et transferts illicites de sommes importantes vers les comptes de sociétés privées. Le montage réalisé par les fonctionnaires mis en cause repose sur la création de deux collectivités territoriales fictives bénéficiant de transferts de fonds provenant de la perception. Ces sommes étaient ensuite transférées dans les comptes de cinq entreprises privées enregistrées au tribunal de commerce de Marrakech. Les ordres de virement étaient émis par le percepteur Abdelghani Chemaou et son adjoint Sbai Sid Elbachir. Parmi les personnes citées dans l’enquête préliminaire figure l’ancien trésorier régional de Laâyoune Taieb Sayad et Saad Bouh Ould Mohamed, conseiller municipal du parti de l’USFP à Laâyoune. Un député ittihadi qui fait partie des suspects aurait pris la fuite vers l’étranger. Au cours de l’enquête, le député en question aurait promis le remboursement immédiat de 3 millions de DH et le versement mensuel du reste de la somme à restituer. L’argent détourné aurait servi, entre autres, à acquérir deux villas en Mauritanie, une troisième à Las Palmas et un immeuble à Laâyoune. Des complices, dont certains hauts responsables, seraient tous aujourd’hui en fuite et auraient transféré illégalement leur butin à l’étranger (Media24, Yabiladi, 25/05/2015) ; (Le360, 01/07/2015). - Des cadres du ministère de l’économie et des finances interdits de quitter le territoire : A la suite d’une plainte déposée auprès du procureur du roi du tribunal de première instance de Rabat, plusieurs fonctionnaires du ministère de l’économie et des finances ont été convoqués pour être entendus par le parquet général. Ces hauts cadres sont soupçonnés notamment de dissipation de deniers publics et de malversations dans une affaire liée à une « amicale » dont les membres sont des employés du ministère. L’affaire commence avec la création d’une « amicale d’inspecteurs adjoints » du ministère de l’économie et des finances, amicale destinée à fournir à ses membres des logements dans la région de Harhoura. En contrepartie, les fonctionnaires devaient s’acquitter progressivement du prix de vente en effectuant leurs versements sur le compte que l’amicale avait

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ouvert auprès de la Trésorerie générale du Royaume. Mais les choses s’enveniment lorsque des cadres de l’amicale en question constatent des manquements dans la gestion financière du dossier. Des membres du bureau exécutif de l’amicale sont également soupçonnés d’avoir directement réclamé à des adhérents des sommes d’argent qu’ils ont ensuite déposées sur leurs propres comptes, au lieu de les verser sur le compte de l’association. Le parquet général a interdit aux mis en cause dans ce dossier de quitter le territoire marocain, en attendant les conclusions de l’enquête (Le360, Al Massae, 26/05/2015). - Scandale de corruption à l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) : C’est en flagrant délit de corruption que la directrice de l’agence locale de Khénifra de l’ANAPEC a été appréhendée par la police, lundi 10 août 2015. Dans un communiqué rendu public le lendemain, la direction générale de l’ANAPEC a annoncé que la personne en question a immédiatement été démise de toutes ses fonctions en attendant la décision de la justice, conformément à la réglementation en vigueur. Tout en saluant « l’initiative de la personne ayant dénoncé ce méfait », l’Agence a par ailleurs saisi l’occasion pour rappeler qu’une ligne téléphonique ainsi que le site web de l’Agence, sont prêts à recevoir les réclamations de toute sorte du grand public (Aujourd’hui Le Maroc, L’Economiste, 13/08/2015).

- Ministère de l’équipement : deux fonctionnaires arrêtés pour corruption : Deux fonctionnaires exerçant à la délégation du ministère de l’équipement et du transport à Fès, ont comparu le 25 septembre 2015 devant le tribunal pour corruption. Les deux mis en cause, un responsable et un technicien, ont été arrêtés le 22 septembre 2015, dans un café, au moment où ils s’apprêtaient à toucher la somme de 200 000 DH des mains du propriétaire d’une station-service. Le pot-de-vin a été versé aux fonctionnaires pour qu’ils introduisent des modifications dans le plan de dédoublement de la route nationale n°8, en vue de permettre au propriétaire de la station en question de bénéficier d’une entrée et d’une sortie pour sa station. Après de longues négociations pour trouver une parade à même de changer le tracé initial de la route, les deux parties n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Pour trouver une solution, le responsable du ministère de l’équipement a exigé la somme de 200 000 DH. Une fois le marché conclu, les deux parties ont fixé la date, l’heure et le lieu de leur transaction. Sauf que le propriétaire de la station-service avait pris soin de garder des preuves. Il avait en effet photocopié les billets de banque à remettre au responsable et procédé à l’enregistrement des conversations téléphoniques, avant de fixer un rendez-vous dans un café de la ville. Alertés par la victime, la police judiciaire a tendu un piège au corrompu pour l’arrêter en flagrant délit (Le360, 27/09/2015). - Des cadres des Eaux et forêts accusés de malversations : Plusieurs fonctionnaires du Haut-commissariat aux eaux et forêts ont protesté contre ce qu’ils qualifient de “rente” dont profiteraient certains cadres de l’institution publique. Une proche d’un haut cadre du Haut-commissariat aurait bénéficié d’une parcelle de terrain au beau milieu d’une forêt de cèdres dans le Moyen Atlas près d’Azrou. Un terrain sur lequel, quelque temps après, a été construit un hôtel. La même source rapporte qu’un proche d’un autre responsable au sein de la même administration a bénéficié d’une parcelle dans la forêt de Maâmoura près de Rabat, où il décide de construire une clinique privée. Des proches de dirigeants du Haut-commissariat auraient profité de biens immobiliers dans les forêts du Rif, dans la région d’Arcane dans le sud, et des chanceux ont pu inaugurer des centres de villégiatures près d’Essaouira. Selon des informations du Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, le nombre de terrains cédés dans le cadre de ces affaires de népotisme s'est multiplié lors des dernières années (Le360, Assabah, 23/11/2015). - Corruption : le numéro vert du ministère de la justice fait des victimes : Le numéro vert mis en place le 18 juin 2015 par le ministère de la justice pour la dénonciation de la corruption, a fait des

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« victimes » en 2015. En juillet 2015, on recensait trois « victimes » de ce numéro vert, prises en flagrant délit alors qu'elles percevaient des pots-de-vin. A Casablanca, la police judiciaire a arrêté le 13 juillet 2015 un fonctionnaire de l’administration des douanes au moment où il percevait une enveloppe de la part de la patronne d’une société. Le fonctionnaire a réclamé un pot-de-vin à cette dernière en échange de documents administratifs. Avant de remettre l’argent au fonctionnaire, elle a appelé le numéro vert. Le Parquet en coordination avec la police judiciaire a pu passer à l’action. Le 6 juillet 2015, un scénario identique avait eu lieu à Meknès : le président de la commune de Dkhissa (élu du Mouvement populaire) avait été pris en flagrant délit, alors qu’il voulait soutirer 10 000 DH à un Marocain résidant à l’étranger, pour sceller le contrat de réfection d’une chaussée. La troisième affaire a encore eu lieu à Casablanca et implique un moqaddem arrêté par la police judiciaire pour avoir demandé 10 000 DH à un citoyen en contrepartie de documents officiels (Le360, Yabiladi, 15/07/2015). Par ailleurs, un autre fonctionnaire à la préfecture de Sidi Bernoussi à Casablanca a accepté de collaborer avec les enquêteurs après son arrestation grâce au même numéro vert. L’employé de la préfecture qui a déclaré ne pas vouloir être le seul à "tomber dans cette affaire", a présenté un cahier dans lequel sont reportés tous les détails de ses "opérations" et de ses douteuses transactions. Selon les premiers éléments de l’enquête, le fonctionnaire arrêté serait responsable de l’apparition de plusieurs baraques en tôle dans la préfecture de Sidi Bernoussi. Une commission d’enquête avait alors été dépêchée par les autorités au bidonville de Douar Jdid. Les enquêteurs ont alors découvert un système bien rodé de corruption dans lequel sont impliqués le fonctionnaire et le khalifa du Caïd. Les enquêteurs évaluent à plusieurs dizaines les nouvelles baraques construites depuis mars 2015. Le fonctionnaire arrêté a avoué avoir perçu 20 000 dirhams pour chaque baraque construite (Le360, Akhbar Al Yaoum, 22/07/2015).

- Bejaâd : la conseillère d’un ministre arrêtée pour corruption : Le Procureur du roi du tribunal de première instance de Bejaâd a ordonné le 22 octobre 2015 le placement en garde à vue de la conseillère d’un ministre appartenant au parti Mouvement populaire. Le placement en garde à vue intervient à la suite de la plainte déposée par un entrepreneur accusant la conseillère d’avoir réclamé un pot-de-vin contre la délivrance d’une autorisation administrative. La conseillère en question est accusée d’avoir demandé 100 000 DH à l’entrepreneur qui essaye de monter un centre de contrôle technique des véhicules (Le360, Le Temps, Assabah, 24/10/2015).

Habitat – immobilier :

- Kenitra : Aziz Rabbah traîne en justice son prédécesseur à la mairie dans une affaire de cession illégale de lots de terrains : En juin 2015, le service préfectoral de la police judiciaire de Kénitra a convoqué Mohamed Talmoust, ex-maire de la ville, pour l’interroger sur une affaire de cession illégale de lots de terrain à des personnalités influentes de son entourage. Cette convocation fait suite à une plainte déposée par l’actuel maire PJD, Aziz Rabbah (qui est également ministre du transport), et portant sur les graves dysfonctionnements qui ont émaillé la distribution de lots de terrain du lotissement “Lahdada”. Mohamed Talmoust aurait cédé des lots de terrain en toute illégalité à des personnalités de la ville, soit des magistrats, des gradés de la police, des agents d’autorité, des élus, ainsi que des notables et des journalistes. Ces derniers avaient pour la plupart érigé des villas sur ces lots de terrain, tandis que d’autres en ont carrément profité pour construire des immeubles. Mohamed Talmoust ne serait pas la seule personnalité politique à être citée dans cette affaire. L’enquête de la police judiciaire concernerait également Omar Boumkess de l’USFP, qui avait assuré l’intérim à la mairie pendant un certain temps, et un élu du PJD toujours en exercice (Le360, Al Massae, 19/06/2015). - Un scandale de corruption éclabousse les domaines de l’Etat : La justice a ouvert en octobre 2015 à Rabat, une information judiciaire relative à des malversations touchant le domaine

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immobilier de l'Etat après le démantèlement d'une bande spécialisée dénommée "Achbani". L'enquête a été ordonnée par la Direction générale de la sûreté nationale. Quatre personnes impliquées dans cette affaire, dont un ancien directeur régional des domaines, ont été déférées le 28 octobre devant le tribunal de première instance de Rabat. Ces personnes sont accusées de tentative de cession illégale de biens fonciers appartenant à l'Etat en contrepartie de pots-de-vin se chiffrant à des dizaines de millions de dirhams. Une femme aurait été arrêtée après avoir perçu plus de 3,64 millions de dirhams pour faciliter les transferts de propriété de biens de l'Etat à des personnes physiques. Ces biens sont situés notamment à Kénitra, Salé, Beni-Mellal et Casablanca. L'accusée a avoué avoir participé à une vaste opération d'escroquerie (Le360, Assabah, 30/10/2015).

- Détournements de 140 milliards de DH : de hautes instances ordonnent l’ouverture d’une enquête : Des personnalités politiques et des responsables publics ont tiré profit de centaines d’hectares appartenant au domaine de l’Etat par des procédés illégaux. C’est ce que révèle un rapport établi par des commissions d’enquête officielles et des organisations de droits de l’Homme, rapporté par la presse en décembre 2015. S’appuyant sur les données de ce rapport, la presse précise que « des entreprises publiques sont également accusées de détourner des fonds depuis plusieurs années ». Ainsi, « plus de 110 milliards DH ont été détournés à la Caisse nationale de sécurité sociale, plus de 10 milliards DH à l’Office chérifien des phosphates, 400 millions DH à la Comanav, 20 millions DH à l’Office national du transport et pas moins de 700 millions DH à l’Office de la formation professionnelle et de la promotion de l’emploi ». Par ailleurs, des organisations de droits de l’Homme auraient demandé l’ouverture d’une enquête sur les détournements de fonds dans certains établissements souffrant de précédents. Il s’agit, en l’occurrence, de « la Banque nationale de développement économique où des personnalités et parlementaires avaient été impliqués dans une affaire similaire, ainsi que de l’Office national des pêches où la moitié de la production nationale se vendait illégalement » (Le360, Yabiladi, Al Massae, 03/12/2015). - SONADAC : l’ancien PDG de nouveau devant la justice : L’affaire de la Société nationale d’aménagement communal (SONADAC) est revenue sur le devant de la scène. Le 8 décembre 2015, son ancien PDG, Mohamed Naimi, devait être sur le banc des accusés, à la Cour d’appel de Casablanca. Les accusations portées contre lui se basent sur les investigations de la Brigade nationale de la police judiciaire et de la Cour des comptes. Il est ainsi, notamment, accusé de clientélisme, népotisme, trafic d’influence et détournement de fonds. L’ancien PDG de la SONADAC se serait attribué, à des prix préférentiels, des lots de terrain et des locaux commerciaux dont il avait fait profiter des membres de sa famille et des proches. Il lui est également reproché d’avoir déboursé des indemnités pour des tâches fictives, et mystérieusement annulé certains marchés. Ce qui a occasionné des pertes qui se chiffrent à des millions de dirhams pour la SONADAC. L’ancien PDG est en détention provisoire depuis une année (Le360, 07/12/2015).

Fraude électorale :

- Elections : les voix achetées à 100 DH (vidéo) : Trois femmes du parti de l’Union Constitutionnelle ont été interpellées lundi 31 août 2015 par la police à Taourirt, dans l’est du Maroc, pour avoir donné de l’argent à des électeurs pour qu’ils votent en faveur du candidat de leur parti lors des élections communales et régionales du 4 septembre 2015. Les trois femmes ont été arrêtées par les forces de l’ordre après avoir été encerclées par des jeunes chargés de la campagne électorale d’autres partis politiques, qui ont dénoncé ces agissements. Les femmes ont été conduites au commissariat, elles ont été relâchées après avoir été entendues par la police. Le 1er septembre 2015, plusieurs militants de partis politiques ont manifesté devant le siège du parquet général de Taourirt pour protester contre l’utilisation de l’argent en vue des élections du 4 septembre. A Lâattaouia, El Ouarzazi, candidat du Parti Authenticité et Modernité et président du conseil

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communal de la ville a été filmé alors qu’il proposait de l’argent à des femmes, afin qu’elles votent pour sa liste, en leur disant que "si les 100 DH que l’on vous a donné ne vous suffisent pas, je vous en donne encore 100 autres" (Bladi, Akhbar Al Yaoum24, 02/09/2015). - Fraude électorale : 258 personnes poursuivies : Un total de 1 244 plaintes relatives aux élections communales et régionales du vendredi 4 septembre 2015 ont été déposées auprès des parquets généraux, donnant lieu à la poursuite de 258 personnes dont 46 placés en détention préventive, selon un communiqué de la commission gouvernementale de suivi des élections. 26 plaintes ont été enregistrées lors de l’inscription sur les listes électorales, 48 lors de la présentation des candidatures, 831 durant la campagne électorale et 339 au cours et après le scrutin, précise le communiqué. Il a été procédé à l’instruction de 1 219 plaintes (98%), dont 1 095 qui ont été classées (88%), 124 plaintes (10%) ayant donné lieu à des poursuites devant la justice avec la mise en examen de 258 personnes dont 46 placées en détention (Infomédiaire, Le Matin, Al Yaoum24, 09/09/2015). - Chambre des Conseillers : 10 élus poursuivis en justice : Des poursuites judiciaires ont été engagées auprès des différents tribunaux du Royaume contre 26 personnes, dont 14 ont été candidates à la chambre des conseillers parmi lesquels 10 ont remporté un siège, a annoncé mercredi 7 octobre la commission gouvernementale de suivi des élections dans un communiqué. Cette annonce fait suite à un précédent communiqué de la commission daté du 4 octobre relatif à l'utilisation présumée de l'argent pour l'achat de votes lors de l'élection des membres de la chambre des conseillers (Infomédiaire, Bladi, Le Matin, 08/10/2015).

- Safi : 700 000 dirhams pour acheter la voix d'un élu : Selon des enregistrements téléphoniques rapportés par le quotidien Al Akhbar en septembre 2015 et diffusés sur le site de Hespress, un élu PJD, secrétaire de la section provinciale du parti, est soupçonné d’avoir tenté de verser 700 000 dirhams à Issam Jraid, conseiller communal PAM, à la veille de l’élection du président du conseil provincial de Safi, samedi 26 septembre 2015. Mais, l’élu PAM a surpris tout le monde à la fin de l’enregistrement où on l’entend s’offusquer : “Vous n’avez pas honte! Le roi combat le corruption et vous, vous la pratiquez ?”. Une source officielle au sein du parti du tracteur a déclaré au journal que des copies des enregistrements avaient été mises à la disposition du procureur général (Le360, Akhbar Al Yaoum, 27/09/2015).

- Chambre des conseillers : les fils de Chabat interdits de quitter le territoire national : Tous les conseillers suspectés d’avoir utilisé de l’argent pour faire élire un candidat à la présidence de la Chambre des conseillers seront convoqués par le parquet pour instruction. Ainsi, les fils de Chabat (Nabil et Naoufel), Abed Chkail, parlementaire du PAM à la 2e Chambre et l’inspection du parti de l’Istiqlal, l’ont été en octobre 2015. En novembre 2015, la cour d’appel de Fès a même décidé de donner raison au procureur général du roi qui avait contesté la décision du juge d’instruction qui les autorisait à franchir les frontières. La décision de la cour d’appel écarte ainsi la possibilité d’abandonner les poursuites judiciaires contre les fils de Chabat et les 5 autres istiqlaliens accusés de fraudes électorales. Sept mis en cause avaient fait partie d’une liste de personnes, diffusée par les départements de l’intérieur et de la justice, présumés impliqués dans des fraudes électorales, et ce sur la base d’écoutes téléphoniques sous la supervision des parquets compétents. Cette procédure aurait permis de capter des conversations portant sur des transactions commerciales, notamment immobilières, qui mettent en cause les fils Chabat et leurs complices présumés (Le360, Akhbar Al Yaoum, 07/10/2015) ; (Le360, 26/11/2015).

3. Indicateurs statistiques du niveau de corruption par secteur L’Observatoire de la corruption de Transparency Maroc dispose d’un système d’information qui permet l’archivage et la conservation de tous les articles de presse repris dans les revues de presse

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produits tout au long de l’année, notamment les informations relatives aux actes de corruption et infractions assimilées. L’analyse et le traitement des informations enregistrées dans la base de données de l’Observatoire, permet d’obtenir les indicateurs statistiques du niveau de corruption par secteur. Le traitement des données 2015 donne les résultats suivants : 19% des informations concernent les collectivités territoriales ; 14% la police – gendarmerie ; 14% le secteur public ; 11% la santé ; Viennent ensuite la justice avec 7%, les entreprises et établissements publics et les élections avec 6%. Enfin, le secteur du commerce – industrie complète les 8 secteurs les plus touchés avec respectivement 5%. Ces résultats obtenus sur la base des révélations de la presse nationale confirment le diagnostic des rapports internationaux et nationaux qui accablent le Maroc en matière de lutte contre la corruption. Ci-dessous le tableau récapitulatif des secteurs les plus touchés par la corruption en 2015, selon les révélations de la presse nationale :

Secteurs Nombre %

Collectivités territoriales 40 19%

Police-gendarmerie 30 14%

Secteur public 29 14%

Santé 23 11%

Justice 14 7%

Etablissements publics 13 6%

Elections 12 6%

Commerce-industrie 10 5%

Habitat – immobilier 7 3%

Sport 7 3%

Parlement 4 2%

Associations 3 1%

Impôts - finances 2 1%

Autres 17 8%

Total 211 100%