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« Muhammad avait recommandé de s’engager à lutter contre les injustices de tout son être, par une dénonciation déterminée : dans le même temps, il appelait à être sur cette terre « comme un étranger ou un passant ». Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 25. « Être de ce monde, ne jamais accepter l’inacceptable mais, dans le même temps, ne pas oublier le sens et la finalité. » Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 25. « Qu’est-ce que ce monde ? Que sommes-nous donc en train de faire ? Qu’allons-nous devenir ? La réalité est insensée, les chiffres sont paralysants : 40 000 personnes meurent de faim chaque jour et ce sida qui tue 2 millions d’Africains chaque année ; les dictatures et les guerres qui broient des centaines de milliers d’êtres humains sous la répression, la torture et les bombes. Des peuples, comme celui d’Irak, affamés au vu et au su de tous pour « la très juste cause »… et les intérêts…des grandes puissances. Des peuples entiers filmés et livrés à eux-mêmes : Bosnie, Rwanda, Tchétchénie, Kosovo, Tchétchénie encore… Une folie. Là-bas comme ici d’ailleurs… avec ces millions de chômeurs jetés puis écrasés sur le bord de la route malgré la croissance autrement chiffrée des économies ; la violence de ceux qui, dans les banlieues et les cités, n’ont plus rien à espérer puisqu’on ne leur a jamais rien donné… ; l’alcool et la drogue et tous ces « nouveaux paradis »pour les emprisonnés en liberté ; la prostitution tolérée, banalisée, acceptée. Qu’est-ce que ce monde ? Une promesse de vie ? Un enfer, déjà, qui ne dit pas son nom ? Nous pouvons, c’est vrai, jouer aux victimes… Nous n’avons pas décidé d’être là, nous subissons, mal, très mal, cette réalité ; nous ne sommes pas responsables ; il y a « quelque part » des gens qui manipulent et qui, de surcroît, ne nous aiment pas… ils passent leu temps à essayer de nous briser. Ils sont « puissants », « intelligents », « très intelligents »…le monde va à sa perte sous leur contrôle : nous sommes démunis. Croyants certes, mais démunis. Les « forces du mal » ont transformé ce monde en une immense tombe : vivants, nous sommes morts. Morts vivants…spectateurs du monde, administrateurs quotidiens de ce qui nous reste de foi. Les gens meurent comme nous sommes morts, le temps passe…un jour viendra, peut- être, in shâ Allah, où la foi qui nous fait « fonctionner » fera de nous autre chose que des fonctionnaires de la foi… « Victimes et fonctionnaires », le défi consiste désormais à savoir entretenir nos malaises. Nous sommes bien dans « l’air du temps », nous sommes de notre époque. » Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 27-28.

Entre l'homme et son coeur tariq ramadan tawhid

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Maamar Metmati

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Page 1: Entre l'homme et son coeur tariq ramadan tawhid

« Muhammad avait recommandé de s’engager à lutter contre les injustices de tout son être, par une dénonciation déterminée : dans le même temps, il appelait à être sur cette terre « comme un étranger ou un passant ». Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 25.

« Être de ce monde, ne jamais accepter l’inacceptable mais, dans le même temps, ne pas oublier le sens et la finalité. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 25.

« Qu’est-ce que ce monde ? Que sommes-nous donc en train de faire ? Qu’allons-nous devenir ? La réalité est insensée, les chiffres sont paralysants : 40 000 personnes meurent de faim chaque jour et ce sida qui tue 2 millions d’Africains chaque année ; les dictatures et les guerres qui broient des centaines de milliers d’êtres humains sous la répression, la torture et les bombes. Des peuples, comme celui d’Irak, affamés au vu et au su de tous pour « la très juste cause »… et les intérêts…des grandes puissances. Des peuples entiers filmés et livrés à eux-mêmes : Bosnie, Rwanda, Tchétchénie, Kosovo, Tchétchénie encore… Une folie. Là-bas comme ici d’ailleurs… avec ces millions de chômeurs jetés puis écrasés sur le bord de la route malgré la croissance autrement chiffrée des économies ; la violence de ceux qui, dans les banlieues et les cités, n’ont plus rien à espérer puisqu’on ne leur a jamais rien donné… ; l’alcool et la drogue et tous ces « nouveaux paradis »pour les emprisonnés en liberté ; la prostitution tolérée, banalisée, acceptée. Qu’est-ce que ce monde ? Une promesse de vie ?Un enfer, déjà, qui ne dit pas son nom ?Nous pouvons, c’est vrai, jouer aux victimes… Nous n’avons pas décidé d’être là, nous subissons, mal, très mal, cette réalité ; nous ne sommes pas responsables ; il y a « quelque part » des gens qui manipulent et qui, de surcroît, ne nous aiment pas… ils passent leu temps à essayer de nous briser. Ils sont « puissants », « intelligents », « très intelligents »…le monde va à sa perte sous leur contrôle : nous sommes démunis. Croyants certes, mais démunis. Les « forces du mal » ont transformé ce monde en une immense tombe : vivants, nous sommes morts. Morts vivants…spectateurs du monde, administrateurs quotidiens de ce qui nous reste de foi. Les gens meurent comme nous sommes morts, le temps passe…un jour viendra, peut-être, in shâ Allah, où la foi qui nous fait « fonctionner » fera de nous autre chose que des fonctionnaires de la foi… « Victimes et fonctionnaires », le défi consiste désormais à savoir entretenir nos malaises. Nous sommes bien dans « l’air du temps », nous sommes de notre époque. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 27-28.

« Il ne s’agit pas seulement de « croire » en Lui : âmana ne veut pas dire « croire » mais bien plutôt « accéder à la confiance et à la sécurité ». Tu te trompes de route si tu te trompes de traductions. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 30.

« Cela veut dire enfin chercher la sagesse : connaître le silence avec Dieu sans refuser le débat avec les hommes, aimer la franchise sans jamais confondre avec l’agressivité, apprendre à distinguer entre la maladresse du frère et la trahison du traître…ce n’est pas rien. Lutter de toute la force de son âme contre le mensonge et les hypocrisies et trouver affectueusement soixante-dix excuses à sa sœur et à son frère… Une épreuve. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 33-34.

« Tu as peur ? Le malaise est profond ? Il faut regarder la réalité en face et s’avouer ses sentiments les plus délicats. Il n’est jamais facile de supporter le regard et les jugements des autres. Dans la rue, tu perçois très souvent des signes d’agressivité et de rejet et tu fais face aux célèbres délits de faciès, de tenues vestimentaires ou d’origine. Tu n’es pas comme les autres et les autres s’arrangent bien pour te le faire sentir…et tu le sens effectivement, profondément. Tu peux faire comme si tu ne voyais pas, tu peux jouer la force et l’indifférence, tu peux être « au-dessus de cela », mais le poison t’atteint à l’intérieur, au fond de ton cœur, et te blesse. Par quel curieux bouleversement tes qualités se transforment désormais en défauts : ta sensibilité qui te permet de comprendre les êtres humains et de les écouter se retourne contre toi, quand ils ne te comprennent pas. Hier, ton cœur était ta force, face à leurs regards, il est devenu ta faiblesse…difficile.

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Tu veux pourtant vivre normalement, dans la discrétion, la douceur et la fraternité. Ta foi t’enseigne à respecter et à servir l’humanité, à entretenir la création, à sourire aux êtres…on te transforme, jour après jour, en citadelle assiégée, crispée, retranchée. Le malaise est là, et la crainte. C’est une véritable épreuve, il faut le reconnaître sans détour. Certains ne la supportent pas et choisissent la ressemblance qui innocente plutôt que de risquer la différence qui culpabilise. Elles ou ils cherchent à faire disparaître toutes marques distinctives : des vêtements à la pensée tout doit paraître « intégré », comme les autres…mieux vaut disparaître dans la foule que de vivre l’enfer du malaise quotidien, de leurs jugements, de leur arrogance. Ne pas être vu, pour ne pas trop pleurer. « Être comme les autres, c’est trouver la paix. »…une illusion. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 35-36.

« Être de tout son être dans cette vie et porter le témoignage de sa foi par l’action de justice et de bonté. Ne rien refuser de ce que l’on est pour être de tout son être. Devant Dieu, pour les hommes :« Le meilleur des hommes est celui qui est le plus utile aux hommes. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 39.

«Malgré les traditions ajoutées, malgré parfois les trop nombreux festins, malgré les excès, la foi se manifestait avec quelque intensité. Tes parents savaient te faire sentir la présence de Dieu. Voilà que l’on cherche désormais à faire de ce mois un simple moment de la convivialité, où l’on festoie, mange du couscous la nuit, avec cette petite « touche » d’atmosphère exotique et orientale qui fait son originalité. Le Ramadan devrait devenir l’expression positive et enjouée de la présence des Orientaux en Europe. Ainsi, ces derniers ajouteraient un divertissement à tous les autres divertissements connus sous nos latitudes… Le pouvoir colonisateur de la culture dominante aurait cette force d’intégrer le mois de jeûne et ses nuits non au creuset de l’effort spirituel de la privation (qui ne serait plus qu’un prétexte) mais plutôt dans la liberté offerte à ces nuits de veilles… Durant Ramadan, on se retrouve en famille et entre amis pour se laisser aller… vivre la nuit, sortir, discuter autour des cafés, organiser des soirées embuées. Et tant mieux si les « non-musulmans » participent à la fête : le sommet de l’intégration, c’est aussi cette contribution d’orientaliser les Européens, même si, à la vérité, on a quelque peu européaniser « quelque chose » qui nous vient d’Orient. Un mois de Ramadan très « culturel »…une preuve, s’il en est, que la culture dominante ne fait pas de quartier. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 58-59.

« La société de consommation propose une intégration « new look », une « intégration par le divertissement » : tu vaux par ta capacité à te distraire, à t’oublier… à faire oublier. Est-ce donc cela ? À l’heure où tu te prives de manger et de boire, à l’heure où ta quête est intérieure, à l’heure où tu te souviens de Dieu, du sens de ta vie, de la réalité de toutes les misères et de toutes les pauvretés…à cette heure donc, tu n’aurais rien d’autre à donner, à partager, que l’oubli de soi. Le mois du Ramadan est une école de la vie où pourtant tu apprends exactement le contraire : ici, tu retrouves le sens de l’effort, tu renoues avec le questionnement des profondeurs de la conscience, tu es, enfin, au-delà de ce que tu as et tu cherches à illuminer ton cœur, près de Dieu, au service de l’humanité.Quelle responsabilité est la tienne ! Si tu savais ! Au cœur de cet Occident, tu es un témoin et un rappel. Pendant le mois du Ramadan, pendant la fête et tout au long de l’année, tu portes une lumière. Quand, autour de soi, tant et tant d’êtres cherchent à oublier pour supporter la vie, se noient dans le bruit, les lumières, les psychédéliques et la nuit, quand être se confond avec consommer, quand le mal-être se cache derrière l’agitation, quand la pauvreté s’est banalisée avec son lot « normal » de sacrifiés…alors ta présence doit exprimer le sens, la spiritualité, la solidarité. Offrir le silence, vivre la prière et la méditation, chercher la paix illuminée de la nuit et, profondément, la transparence du jour. Aux jours des servitudes, devenir le témoin de l’effort, ami de la vraie liberté. Le mois du Ramadan est la quête d’un mois, à vivre toute l’année. Sur la route, tu rencontreras sûrement une femme ou un homme désireux de comprendre et de te questionner : heureux, si tu sais lui montrer que tu es son miroir, rappel de la foi, ami de la dignité. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 59-60.

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« Ma sœur, mon frère, il faut te préparer à vivre l’une des plus belles épreuves de la vie. Elle exige tout de toi, de ton cœur, de ta conscience, de tes efforts. La route est longue, il faut apprendre à exiger, apprendre à partager, savoir pardonner. À l’infini. Des choses permises par Dieu, le divorce est la plus détestée. Vivre à deux est difficile : rappelle-toi que ta femme est une femme avant d’être la mère de tes enfants ; rappelle-toi que ton mari est un homme avant d’être le père de tes enfants… Savoir vivre à deux, être deux, au sein même de sa famille… devant Dieu comme devant ses enfants. Au cœur de cette rencontre, à la source de ces efforts, naît et fleurit le sens de la protection : Elles sont un vêtement pour vous, vous êtes un vêtement pour elles. Savoir la patience, apprendre l’affection, offrir le pardon, c’est accéder à la spiritualité des protégés, à la proximité des rapprochés. Alors la foi devient ta lumière et « sa » présence, ta protection. « Sa » présence ? Celle de ta femme, celle de ton mari ; l’épreuve de ton cœur, l’énergie de ton amour, la moitié de ta foi. Je prie Dieu pour que cet amour soit l’école de tes efforts et la lumière de ta patience. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 64-65.

« On s’est très vite arrêté en Occident sur l’expression « visible » de la soumission de la femme dans l’univers musulman : le voile, finalement, ne faisait que confirmer ce que déjà l’on savait. Or, la signification du voile, qui est- rappelons-le – une obligation de l’islam mais qui ne peut faire l’objet d’une contrainte, n’est pas « un signe » d’appartenance religieuse. Cette lecture très réductrice agit comme un écran sur la compréhension de l’univers culturel musulman. Il s’agit pourtant de l’expression concrète d’une dimension bien plus fondamentale dans la relation homme-femme : le voile, sur le plan social, c’est la manifestation de la dimension spirituelle et sacrée de l’être. Le regard que l’homme doit baisser, la chevelure que la femme voile, le corps que tous deux doivent protéger et préserver, relèvent d’une foi qui prend sa source dans la pudeur. Exprimer dans notre vie sociale, que nous ne sommes pas un corps, que notre valeur n’est pas dans nos attraits et de nos séductions ; telles sont les règles que la culture musulmane enseigne dans la proximité du sacré. Le Prophète n’a rien fait d’autre que de le rappeler :« Il n’y a certes, parmi ce que les gens ont compris des premières prophéties, (ce message) : Si tu n’as pas de pudeur, alors fait ce qu’il te plaît. » Hadîth rapporté par Bukhârî.L’homme et la femme, dans leur lien avec le Créateur, sont faits pour aimer, pour s’aimer et pour vivre leur sexualité. Cette vie du cœur et du corps les insère dans l’harmonie globale de la création : l’amour, la sexualité et le plaisir ne sont jamais séparés du sens de la vie. Un amour sans respect de l’être ; une sexualité sans amour ; un plaisir alimenté par le seul attrait du désir ou du plaisir sont autant d’expressions de la vie éloignées de la culture islamique et qui témoignent de la rupture avec la spiritualité et la Transcendance.La vie amoureuse et sexuelle est donc nourrie, orientée et réalisée au sein d’une conception plus globale qui lui donne sens et harmonie. Devant Dieu, en respectant les limites et les équilibres, il est possible et même recommandé de vivre pleinement : le sacré permet la vie, la vie enfante le sacré.Porter la foi, vivre l’amour, c’est respecter les équilibres et, dans la pudeur, tout accepter de notre constitution. La relation homme-femme participe de cette compréhension profonde. Ils sont égaux, absolument égaux devant Dieu et portent, chacun de la même façon, la responsabilité de leur être devant le Créateur. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 67 à 69.

« À 14 ou 15 ans, les jeunes ont souvent tout vu, tout connu, tout vécu. Tout va trop vite, comme leurs amours, et ils se lassent. L’univers paraît souvent sans limites tout leur paraît permis parce que trop peu d’adultes ont pris la responsabilité de fixer les règles le fait est tellement répandu qu’il en devient normal : comme il paraît normal de « siffler », de façon peu digne, l’abbé Pierre quand il affirme, lors d’une campagne contre le sida, que « le meilleur préservatif est la fidélité » L’Occident ne se résume pas à ce tableau, mais il serait pourtant bien hypocrite de ne pas reconnaître que nous vivons sous le règne des nouveaux cultes de l’argent, du sexe et du plaisir en généralToutes les femmes qui, dans le courant du siècle avaient lutté d’une juste lutte pour une libération de la femme et qui voulaient dire reconnaissance des droits sociaux et privés, égalité de salaire, droit au divorce, etc. Un grand nombre se bat pour que l’on ne confonde pas les droits de la femme avec l’image de la femme qui s’affiche et dont le corps est devenu un produit de commerce et de marché.

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Cette libération est une tromperie et le modèle occidental est, de façon certaine, porteur d’aliénations qui n’ont rien à envier, malgré de réels progrès en matière de droit, à d’autres sociétés contemporaines.Aujourd’hui, les grandes puissances et les grandes sociétés occidentales, au nom du libéralisme, inondent la planète des images et des modes à l’occidentale. Les stars du show business, les mannequins et leurs histoires privées sont rapportées au Koweit comme à Delhi, à Rio comme à Dakar. Certes, la séduction est présente, mais elle fait naître, en concomitance, une perception très négative, une volonté de démarcation qui prend parfois des allures violentes. Ce type de (re)présentation de l’Occident ne peut que créer des ruptures entre les civilisations : et même s’il est une part de caricature, il n’en demeure pas moins vrai qu’aux yeux d’innombrables cultures traditionnelles, et en particulier de l’islam, l’horizon occidental ne semble plus proposer – dans les faits – de grands projets de sens, de valeurs et d’espoir. On parle tellement d’amour, d’affection, d’épanouissement – au point même qu’on en arrive à devoir payer des spécialistes pour être entendu –qu’ « on sent dans tout cela », comme le dit Rimbaud, « qu’il manque quelque chose ». La conception islamique de l’homme, de l’amour et de la sexualité empêche que le monde musulman suive les traces de ce modèle d’occidentalisation. La résistance est presque naturelle : le chemin d’une modernité différente est en train de voir le jour. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 71 à73.

« À l’Orient comme à l’Occident, notre époque donne naissance à la plus grande famine jamais constatée sur la terre. La torture des corps fait écho à la souffrance des âmes : les corps et les cœurs ont faim d’humanité. La pauvreté, l’errance, les dictatures, les guerres bafouent chaque jour plusieurs milliards de femmes et d’hommes. La solitude, l’individualisme, la misère morale, le manque d’amour rongent l’être de tous ceux que le confort devrait contenter. Où est la voie ? Où allons-nous ? Comment être une femme, comment être un homme aujourd’hui ? »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 77.

« On finit par s’habiller comme les autres, par vivre à leur rythme, par s’oublier pour les gagner. Au fond du cœur pourtant, quelque chose étouffe, s’agite, crie, se raidit et agit comme une torture : une tension, un malaise, une étincelle d’un lointain souvenir. Dieu ? La foi ? On leur ressemble en apparence, mais l’on sent que l’on se perd en vérité. Comment trouver la paix ? »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 84.

« Il es possible d’être musulman en Occident ; il est possible de l’être partout sur la terre dès lors que notre cœur donne force à nos intelligences. Devant Dieu, dans la dignité de toutes les fraternités. Parce que chacun d’entre nous doit faire face à des échecs et à des peines, parce que la mort et la vie sont des épreuves. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 91.

« Celui qui ne sait pardonner, ne sera pas pardonné. » Saurons-nous faire naître cette force en nous ? Être frères et non juges, accompagner sans exclure. Combien d’hommes, de frères et de sœurs, voient au fond de nos yeux la rigueur d’un jugement définitif, la sentence d’une condamnation absolue comme si nous étions dans le secret du Jour du Jugement ? »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 91.

« Chaque « communauté » humaine de religion, de spiritualité ou de conscience, doit trouver les moyens de vivifier l’énergie de ses références pour donner force et vigueur à l’impératif de l’action de bien et de justice. Dans la diversité des croyances, le témoignage de sincérité est dans l’acte :« ( …) Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Dieu ; il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. »Avant que ne vienne le jour où nous serons tous éclairés sur nos différends, il n’est qu’une seule action possible : faire le bien et lutter contre ce qui s’y oppose. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 94.

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« La tradition rapporte que le paradis fut promis à une prostituée qui avait donné à boire à un chien assoiffé : un geste simple porteur de l’essentiel de la morale qu’on enseigne aujourd’hui, en référence au message de l’islam, du Maroc à l’Indonésie… «  réformer son caractère et faire le bien. »Être musulman, c’est d’abord vivre l’expérience de piété :« Le meilleur d’entre vous (entre les gens) auprès de Dieu est le plus pieux (…) »Le témoignage de cette piété est essentiellement, sur les plans social, politique et économique, de nature morale :« Ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre appartient à Dieu. Toute chose revient à Lui ! Vous formez la meilleure communauté suscitée pour les hommes : vous ordonnez ce qui est convenable, et vous interdisez ce qui est blâmable et vous croyez en Dieu. »Dans le miroir de la nature et de son ordre, et dont tous les éléments appartiennent à Dieu et retourneront à Lui, la meilleure des communautés est celle qui respecte l’harmonie par son engagement pour le bien et sa lutte contre le mal. Le passage commence et finit par la référence divine : l’acte moral est témoignage de la foi, il est à l’homme ce que voler est à l’oiseau. Aussi, une communauté, quelque majoritairement musulmane qu’elle puisse être, qui alimente l’injustice, la laisse se propager et détruire ainsi le tissu social, n’est en rien « élue » : au contraire, elle prouve chaque jour son manquement à l’exigence du message auquel elle dit se référer. Le Prophète avait pourtant recommandé la vigilance :« Soutiens ton frère qu’il soit juste ou injuste ! » Des compagnons s’étonnèrent : « Lorsqu’il est juste, cela est compréhensible, mais comment cela peut-il être quand il est injuste ? » Le Prophète répondit : « En mettant un terme à son injustice ! ».Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 95-96.

« Vous connaissez la formule de Pascal qui dit : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Un musulman dirait : Le cœur a ses raisons que la raison reconnaît. »Entre l’homme et son cœur. Tariq Ramadan. Tawhid. Page 97-98.