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Entrepreneur / manager : deux acteurs d’une même pièce Cécile Fonrouge Maître de conférences Université d’Evry Centre Pierre Naville UFR sciences sociales et de gestion bâtiment la poste 2 rue du facteur cheval 91 000 Evry Lorsque l’on traite de l’entrepreneur et du manager deux idées s’opposent : celle qui veut que la remise en cause de la séparation entre propriété et pouvoir (ou savoir) estompe les frontières entre l’entrepreneur et le manager et l’autre idée, qui est la nôtre, qu’entrepreneur et manager, dans le sens de Fayol d’administrateur, sont des idéaux-types à la Weber. Il s’agit de concepts théoriques qui, telle « la ménagère de moins de 50 ans », n’existent qu’à l’état d’archétype et pour les besoins de compréhension de la réalité. En fait, ces constructions de l’esprit permettraient d’opposer deux modes de prise de décision, ou plutôt deux conceptions théoriques distincts du décideur. Ainsi, même si la pratique oblige l’entrepreneur à posséder des qualités managériales et le manager à être innovateur, nous défendons la thèse que ces constructions théoriques distinctes trouvent leur sens car elle permettent de poser des hypothèses sur les variétés des processus décisionnels en organisation. Pour soutenir cette proposition nous proposons de brosser le tableau des différentes écoles de pensée qui structurent les conceptions de l’entrepreneur, afin d’examiner ce qui pourrait différencier les entrepreneurs des non entrepreneurs. Puis, la présentation de quelques opérationnalisations des termes entrepreneurs et managers dans des recherches récentes incitera à se demander si, en fait, entrepreneur et manager n’étaient pas des variétés théoriques du décideur et si l’entrepreneur n’était pas tout simplement celui qui décide autrement - ces deux acteurs constituant deux personnages d’une même pièce : la recherche en gestion. Mots clés : entrepreneuriat, processus de décision, approche cognitive, attitude face au risque 1

Entrepreneur Et Manager

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  • Entrepreneur / manager : deux acteurs dune mme pice

    Ccile Fonrouge

    Matre de confrences Universit dEvry

    Centre Pierre Naville UFR sciences sociales et de gestion

    btiment la poste 2 rue du facteur cheval 91 000 Evry

    Lorsque lon traite de lentrepreneur et du manager deux ides sopposent : celle qui veut que la remise en cause de la sparation entre proprit et pouvoir (ou savoir) estompe les frontires entre lentrepreneur et le manager et lautre ide, qui est la ntre, quentrepreneur et manager, dans le sens de Fayol dadministrateur, sont des idaux-types la Weber. Il sagit de concepts thoriques qui, telle la mnagre de moins de 50 ans , nexistent qu ltat darchtype et pour les besoins de comprhension de la ralit. En fait, ces constructions de lesprit permettraient dopposer deux modes de prise de dcision, ou plutt deux conceptions thoriques distincts du dcideur. Ainsi, mme si la pratique oblige lentrepreneur possder des qualits managriales et le manager tre innovateur, nous dfendons la thse que ces constructions thoriques distinctes trouvent leur sens car elle permettent de poser des hypothses sur les varits des processus dcisionnels en organisation. Pour soutenir cette proposition nous proposons de brosser le tableau des diffrentes coles de pense qui structurent les conceptions de lentrepreneur, afin dexaminer ce qui pourrait diffrencier les entrepreneurs des non entrepreneurs. Puis, la prsentation de quelques oprationnalisations des termes entrepreneurs et managers dans des recherches rcentes incitera se demander si, en fait, entrepreneur et manager ntaient pas des varits thoriques du dcideur et si lentrepreneur ntait pas tout simplement celui qui dcide autrement - ces deux acteurs constituant deux personnages dune mme pice : la recherche en gestion.

    Mots cls : entrepreneuriat, processus de dcision, approche cognitive, attitude face au risque

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  • Diffrents personnages traversent les Sciences de Gestion. Parmi eux, et en

    provenance des Sciences Economiques, lentrepreneur semble retenir nouveau lattention

    des chercheurs - ce renouveau sexpliquant en partie par la littrature managriale sur les

    crations dentreprises et autres jeunes pousses et par la floraison des cycles de formation

    lentrepreneuriat

    Le discours autour de la cration dune entreprise vhicule un ensemble dimages et

    dides reues autour dun entrepreneur visionnaire qui possderait une intuition hors du

    commun, ce flair lui permettant de cibler les marchs opportuns. On exige quil soit

    crateur de valeur, porteur dinnovation, dveloppeur dopportunits daffaires, en bref

    quil participe la croissance du pays par la croissance de son entreprise. On lui prte

    depuis Jean-Baptiste Say des qualits hors du commun : audace, imagination, vigilance

    toujours en alerte en passant par son attitude positive face lchec, son acception

    discutable et discute du risque, et sa tolrance face aux situations ambigus.

    Mais ny a t-il pas un danger cette (re)valorisation excessive de lentrepreneur?

    Danger dans la mesure ou ni le crateur dentreprise ni le cadre ne se retrouve dans ce

    portrait idalis. Michel Marchesnay ne dit pas autrement lorsque pour paraphraser

    Beaumarchais il dnonce quaux qualits quon exige dune entrepreneur, combien de

    dirigeants de grandes entreprises pourraient y prtendre? (Marchesnay 1997, p.2217).

    Danger galement avec un entrepreneur qui devient un super- manager et un cadre

    dentreprise, encourag dans son rle dactionnaire et invit de facto revtir lhabit

    dentrepreneur.

    Ici deux ides sopposent: celle qui veut que la remise en cause de la sparation entre

    proprit et pouvoir ou savoir estompe les frontires entre lentrepreneur et le manager et

    lautre ide, qui est la ntre, quentrepreneur et manager dans le sens fayolien

    dadministrateur, sont des idaux-types la Weber qui permettent dopposer deux modes

    de prise de dcision, ou plutt deux conceptions thoriques distincts du dcideur. Ainsi

    mme si la pratique oblige lentrepreneur possder des qualits managriales et le

    manager tre innovateur, nous dfendons la thse que ces constructions thoriques

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  • distincts ont un sens car elle permettent de poser des hypothses sur les varits des

    processus dcisionnels en organisation.

    Pour soutenir cette proposition nous proposons de brosser le tableau des diffrentes

    coles de pense qui structurent les conceptions de lentrepreneur (1), afin dexaminer ce

    qui pourrait diffrencier les entrepreneurs des non entrepreneurs (2). Puis la prsentation

    de quelques oprationnalisations des termes entrepreneurs et managers dans des recherches

    rcentes (3) incitera se demander si en fait entrepreneur et manager ntaient pas des

    varits thoriques du dcideur et si lentrepreneur ntait pas tout simplement celui qui

    dcide autrement (4).

    1- LES DIFFERENTES ECOLES DE PENSEE EN ENTREPRENEURIAT

    Un dbat ayant oppos en 1988 Gartner Carland et al. redistribue les clivages entre

    chercheurs et annonce une partition souhaitable, dans laquelle les travaux se reconnaissent

    en fonction de la dfinition de lentrepreneur adopte, rendant enfin explicite les critres

    dchantillonnage des recherches. Les travaux actuels se situent dornavant, plus ou moins

    explicitement, par rapport la controverse suivante, dessinant les contours encore flous de

    nouvelles coles de pense.

    Gartner, avec un article ayant pour titre, Qui est lentrepreneur? telle nest pas la

    question i bouscule ceux pour qui lidentification des caractristiques communes au

    personnage de lentrepreneur reprsente la pierre angulaire de toute recherche en

    entrepreneuriat. Il effectue une revue des tudes concernant les traits de personnalit

    communs des entrepreneurs : les entrepreneurs prsentent des besoins daccomplissement

    et dindpendance, un got de risque et un sentiment de matrise de leur destine,

    quelquefois plus levs que les managers. Pourtant, selon lauteur, ces recherches ne

    mnent nulle part : un trs grand nombre de traits de personnalit est attribu aux

    entrepreneurs, si bien quun profil psychologique constitu dun assemblage des

    recherches portraiture quelquun de plus complet que la ralit, plein de contradictions et

    en mme temps, cette personne est si plurielle, quelle ressemble nimporte qui,

    possdant en fait, les traits reprsentatifs du genre humain (Gartner 1988, p.21).

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  • Lattaque est frontale : pour nombreuses quelles soient, les recherches sur la personne

    de lentrepreneur sont vaines et ne contribuent aucunement sa dfinition. Il faut pour

    Gartner, revenir lorigine cest--dire, ltude des mcanismes par lesquels

    lorganisation se met exister. Les individus sont considrs dans leurs activits, qui

    permettent lorganisation dexister... La personnalit des entrepreneurs est au service du

    comportement des entrepreneurs. (p.21). Cette approche bhavioriste considre la

    cration dune entreprise comme un vnement contextuel, le rsultat de nombreuses

    influences, limitant lentrepreneuriat la seule cration dentreprise.

    Carland et al. rpondent que la question de la personne de lentrepreneur vaut la peine

    dtre pose ii. Pourtant leur argumentation, plus dfensive, porte moins. Ainsi, ils sont

    daccord pour ne pas succomber un gotisme entrepreneurial o lon cultiverait en

    serre la personnalit de lentrepreneur, mais, selon eux, rien ne sert de fermer le dbat et

    les points de vue sont plus complmentaires que contradictoires (Carland et al. 1988, p.39).

    Lcole psychologique rpond lcole des faits ou comportementale. Les partisans dune

    dfinition de lentrepreneuriat par ce quest lentrepreneur cohabitent avec celle de

    lentrepreneuriat par ce que fait lentrepreneur .

    Pour nous, cette cohabitation est dautant plus possible que lcole comportementale

    dfendue par Gartner prsente des faiblesses. En effet, si lentrepreneuriat se dfinit par les

    processus par lesquels une organisation se met exister, alors il faut bien tudier les

    facteurs qui participent cette naissance. Or, un des premiers dentre eux est bien

    lentrepreneur puisqu'une organisation fonctionne lorsque son principal promoteur le lui

    permet ou en tout cas une organisation dpend des acteurs qui la constituent. Certes, la

    question de la personnalit de lentrepreneur nest plus au premier plan, mais les individus

    ne peuvent tre rduits leurs seuls comportements, comme le suggre Gartner.

    Lentrepreneur est un tre pensant et ses croyances, reprsentations et attitudes, le

    prdisposent certaines actions qui peuvent aller en faveur ou lencontre de la croissance

    de la firme et doivent tre ce titre tudies.

    Ainsi, forte des critiques des comportementalistes, lcole psychologique dans son

    versant plus cognitif, intgre maintenant tout un courant attach aux reprsentations que

    lindividu se fait de ses comportements. Ce courant ne se limite pas ltude des traits de

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  • personnalit, comme lanalyse du lieu de contrleiii, de laversion au risque ou du besoin

    dindpendance ou daccomplissement. Elle se voit complte par des analyses plus

    contextuelles, lies aux reprsentations portant sur le succs ou lchec, les rsultats

    attendus, la persvrance ou les informations perues comme importantes (Cooper et al.

    1995, Palich et Bagby 1995).

    Lentrepreneur est celui, qui un moment donn, par exemple lors de la cration

    dentreprise, active des schmas mentaux adquats, permettant lorganisation de se

    dvelopper. Ces schmes danalyse sont diffrents de ceux des managers dans leur manire

    de donner un sens au monde complexe environnant. Cette manire de penser

    diffremment iv ne sexplique pas par des diffrences de traits de personnalit, mais plutt

    par les circonstances dans lesquelles se trouvent les entrepreneurs.

    La querelle entre comportementalistes et cognitivistes, renvoyant dos dos leurs

    partisans, a favoris la rsurgence dun ancien courant, proche de lhistoire conomique et

    lapparition dun nouveau, cho des proccupations processuelles des chercheurs en

    stratgie. Lapproche conomique hrite des conceptions de lentrepreneur dans lhistoire

    conomique. Ce personnage est inclus dans la construction de la thorie conomique

    moderne, en particulier dans sa branche micro-conomique. Reposant sur des fondements

    rigoureux, mais simplifis, cette construction reste, malgr les efforts effectus pour lever

    certaines hypothses de base des modles (objectif de maximisation des profits), dun

    secours assez faible sur le plan pratique pour dtecter, aider ou conseiller un entrepreneur

    potentiel ou confirm. Mais son apport reste indniable au plan de la recherche, en raison

    de la rigueur des raisonnements utiliss par les conomistes, la prcision de leur

    vocabulaire, et des pistes fructueuses que peuvent toujours offrir leurs modlisations.

    Louvrage de Cassonv prsente la tentative la plus aboutie pour donner vie au personnage

    de lentrepreneur. Il reste thorique avec nanmoins une proposition de modlisation

    gnrale, autour du concept de coordination.

    Arguant de lvolution des centres dintrt des chercheurs en stratgie et politique

    gnrale, lcole dite des processus vient complter le tableau prcdent. Les processus

    entrepreneuriaux se dfinissent comme toutes les fonctions, activits ou actions associes

    la perception des opportunits et la cration dune organisation pour les dvelopper

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  • (Bygrave et Hofer 1991 p14). Le champ dtude du management stratgique sest peu

    peu dplac de lanalyse des fonctions et responsabilits du management ltude des

    processus stratgiques dans les organisations. Lentrepreneuriat, quelquefois dcrit comme

    une sous discipline de la stratgie, aurait connu les mmes changements, lattention

    longtemps porte sur les caractristiques de lentrepreneur se concentrant galement sur la

    description des processus entrepreneuriaux.

    Cette prsentation en quatre courants intgre les classements prcdents, tout en tenant

    compte de laccent mis rcemment sur les approches cognitives et processuelles. Ainsi,

    Cunningham et Lischeron dcrivent 6 courants: lcole inniste ou great person

    school , celle des caractristiques psychologiques, lcole classique centre sur les

    processus dinnovation, lcole managriale, celle du leadership et celle intrapreneuriale.

    B. Saporta prfre une prsentation en 5 courants: lcole conomique, celles des traits

    psychologiques, lcole classique axe sur la recherche dopportunit, celle managriale

    portant sur lexploitation des opportunits et celle intrapreneuriale. Pour sa part, Bruyat

    met en avant les variables privilgies par chaque cole de pense: lenvironnement,

    lacteur, lentreprise cre ou les processus. Toujours pour Bruyat, chaque chercheur

    sinscrit dans un courant en fonction de sa discipline: les conomistes industriels

    sintressent lentreprise dans son environnement, les psychologues lacteur, les

    statisticiens, gographes et dmographes lentreprise cre et les gestionnaires aux

    processus. Notre classement diffre des prcdents en raison de laccent mis sur les aspects

    stratgiques. Il bnficie donc des contributions rcentes dans le domaine de la stratgie et

    intgre naturellement les courants cognitifs et processuels communs aux volutions

    rcentes dans les champs de la stratgie et de lentrepreneuriat (Laroche et Nioche 1994,

    Aurgan et al. 1997).

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  • Tableau 3 : Les dfinitions de lentrepreneur en fonction des coles de pense

    Appellations des coles

    Dfinitions de lentrepreneur Auteurs de rfrence

    Lcole conomique

    Un entrepreneur est spcialis dans la prise intuitive de dcisions rflchies relatives la coordination de ressources rares.

    Casson (1991)

    Lcole comportementale

    Lentrepreneur se dfinit par lensemble des activits quil met en place pour crer une organisation.

    Gartner (1988)

    Lcole psychologique avec les courants personnalistes et cognitifs

    Lentrepreneur se dfinit par un certain nombre dattributs psychologiques que lon dcrit autant par la personnalit, que par les processus cognitifs activs pour la circonstance.

    Shaver et Scott (1991)

    Lcole des processus

    Lentrepreneur est celui qui dveloppe des opportunits et cre une organisation pour les exploiter.

    Bygrave et Hofer (1991)

    Tableau 4 : Les questions des chercheurs en entrepreneuriat en fonction de langle danalyse privilgi

    Personnaliste Comportemental Cognitif Processuel - Qui devient entrepreneur? - Pourquoi certains le deviennent? - Quelles sont les caractristiques de lentrepreneur succs? - Quelles sont les caractristiques de ceux qui chouent?

    - Que fait lentrepreneur? - Quelles activits le diffrencient des managers? - Quels sont les comportements associs au succs?

    - A quoi pense un entrepreneur? - Quels sont les diffrences entre schmas cognitifs activs? - Quels mcanismes cognitifs sont privilgis par les entrepreneurs succs?

    - Quels sont les processus qui permettent de transformer une ide en une opportunit daffaire? - Quels sont les contributions des autres acteurs et de lenvironnement au changement dtat qui dcrit la transformation dune ide en opportunit?

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  • 2- ENTREPRENEURS VERSUS NON ENTREPRENEURS

    Deux discours semblent cohabiter ds que lon cherche comparer le gestionnaire et

    lentrepreneur.

    Dans lun, lentrepreneur prsente les mmes habilets managriales que le

    gestionnaire (direction, gestion et contrle) et dans le mme temps, il fait preuve dun

    savoir-faire additionnel, difficilement transmissible, dcrit dans la littrature sous les

    termes gnraux dintuition ou de flair. La cohabitation entre les comptences

    managriales et entrepreneuriales serait donc possibles, lentrepreneur se transformant en

    un super-manager dot dun instinct sans faille de dtection des opportunits.

    Dans lautre, les capacits de gestionnaire et dentrepreneur ne sont pas conciliables.

    Lentrepreneur, attir par la croissance et linnovation, devient un mauvais gestionnaire

    des ressources acquises par la firme. Le masque du gestionnaire ne peut se superposer

    celui de lentrepreneur car ces deux personnages ne peuvent apparatre dans la mme

    pice, les rles tant crits soit pour le gestionnaire, soit pour lentrepreneur, jamais pour

    les deux la fois. Ce deuxime discours est particulirement vif chez les formateurs, pour

    lesquels les techniques de gestion semblent inadaptes lentrepreneur. Dans les deux cas,

    loriginalit des pratiques et du personnage reste dfinir et lon ne sait toujours pas

    comment distinguer un entrepreneur dun manager.

    Nous proposons des critres de diffrenciation qui reposent sur le type dobjectifs

    privilgis par les individus (orientation vers la cration de ressources / orientation vers

    loptimisation des ressources existantes) et sur les situations (certaines tant plus

    entrepreneuriales que dautres).

    Concernant les buts professionnels poursuivis, il sagit daccepter que le

    comportement dun entrepreneur consiste poursuivre sans trve les opportunits telles

    quelles se prsentent, alors que le comportement dun administrateur consiste plutt

    contrler et faire meilleur usage des ressources disposition (Stevenson et Jarillo

    1990)Lentrepreneur participe un jeu somme croissante, le manager un jeu somme

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  • nulle. Comme les rsultats ne peuvent sobserver qua posteriori - les gains ne sont

    constats quune fois obtenus - nous proposons la notion dorientation avec un individu

    dirig ou orient par des objectifs sinscrivant dans un continuum (augmentation /

    optimisation des ressources de lentreprise). Lacquisition de nouvelles ressources pour

    lentreprise se traduisant par une augmentation de la valeur de celle-ci et donc du revenu

    de lentrepreneur actionnaire, on comprend les nombreuses nouvelles entreprises qui

    rmunrent leur gestionnaire en actions ou en options, les incitant passer dun

    comportement dadministrateur celui dentrepreneur. En bref, lentrepreneur devient

    celui qui cherche augmenter les ressources de la firme, la diffrence du manager qui

    gre ce pourquoi il est mandat.

    Une autre manire de distinguer lentrepreneur du manager consiste dlaisser

    lindividu pour le contexte. Ainsi ce serait moins lhomme qui fait lentrepreneur que la

    situation, et des situations seraient plus entrepreneuriales que dautres. Les crits de J.

    Schumpeter sur lentrepreneur sont particulirement clairants. A. Desreumaux

    recommande du reste au chercheur en stratgie la frquentation des textes de Schumpeter,

    qui, selon lui, pourrait tre aussi fconde que celle des crits des spcialistes des cots de

    transaction.

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  • Encadr 5 : La dfinition de lentrepreneur pour J. Schumpeter

    (Extraits de la Thorie de lvolution conomique, Librairie Dalloz 1935, deuxime ditionvi) Nous appelons...entrepreneurs, les agents conomiques dont la fonction est dexcuter de nouvelles combinaisons et qui en sont llment actif. Ces concepts sont la fois plus vastes et plus troits que les concepts habituels. Plus vastes, car nous appelons entrepreneurs non seulement les agents conomiques indpendants de lconomie dchange, que lon a lhabitude dappeler ainsi, mais encore tous ceux qui de fait remplissent la fonction constitutive de ce concept, mme si, comme cela arrive toujours plus souvent de nos jours, ils sont les employs dpendants dune socit par actions ou dune firme prive tels les directeurs, les membres du comit directeur, ou mme si leur puissance effective repose sur des bases trangres. ...Sont aussi entrepreneurs nos yeux ceux qui nont aucune relation durable avec une exploitation individuelle et nentrent en action que pour donner de nouvelles formes des exploitations, tels pas mal de financiers, de fondateurs, de spcialistes du droit financier ou de techniciens. ...Les concepts dont nous parlons sont plus troits que les concepts habituels car ils nenglobent pas, comme cest lusage, tous les agents conomiques indpendants, travaillant pour leur propre compte. La proprit dune exploitation - ou en gnral dune fortune quelconque - nest pas pour nous un signe essentiel (Extraits des pages 330 et 331)

    Ce texte de Schumpeter est dune certaine modernit. En dfinissant galement

    comme entrepreneur les employs dpendants dune socit le thoricien annonce la

    notion dintraprise ou dintrapreneuriat . De plus, citant lexemple de divers

    spcialistes, il dissocie lentrepreneuriat de lexistence dune organisation et traduit la

    notion de travail indpendant. Les non salarisvii ont certes fortement chut ces quarante

    dernires annes, passant de 19% de la population active hors agriculture en 1955 8% en

    1996 (Letowski 1998). Toutefois, actuellement 58% des entreprises cres ou reprises le

    10

  • sont sous la forme juridique du nom individuel , attestant de limportance du travail

    indpendant (Agence Pour la Cration dEntreprise, APCE, n JA01, aot 1998).

    Schumpeter estime enfin que la possession de droits de proprit ou dune fortune

    quelconque nest pas suffisante pour tenir le rle dentrepreneur. Lactionnaire ou

    lapporteur de capitaux ferait moins preuve desprit dentreprise que dun sens affirm du

    placement financier.

    Mais surtout ce texte nous apporte une nouvelle dfinition de lentrepreneur la fois

    large et prcise. Lentrepreneur devient celui qui propose et excute de nouvelles

    combinaisons. La dfinition est large puisque tout individu effectuant cette activit est pris

    en compte. Sa prcision tient pourtant la dfinition rigoureuse que Schumpeter donne des

    nouvelles combinaisons, qui annonce, peut-tre, avec un demi-sicle davance la notion de

    marketing mix applique au systme doffre de lentreprise : la manipulation active des

    variables dfinies par Mc Carthy comme les quatre P, renvoyant la richesse possible des

    combinaisons de biens, dbouchs, sources doffre et formes dorganisation dfinies par

    Schumpeter.

    En bref, lentrepreneur possde des comptences de crateur de ressources et de valeur

    en raison de sa capacit excuter et proposer des nouvelles combinaisons doffre. Il est

    fondamentalement un innovateur qui se rvle dans les situations managriales qui exigent

    moins doptimiser lexistant que de crer du nouveau (nouveau produit, nouvelle structure,

    nouveaux processus). Mais le dtour par les anciens ne doit pas nous faire oublier

    comment les modernes sy prennent lorsquils effectuent des recherches compares sur les

    entrepreneurs et les managers.

    3- DE QUELQUES OPERATIONNALISATIONS RECENTES DE CES DEUX

    PERSONNAGES

    Les recherches quantitatives des dernires annes sinscrivent dans lhistoire

    conomique dun entrepreneur aventurier reconnu pour sa capacit prendre des risques.

    Mais lorsque lon tudie lhistoire du mot entrepreneur au XVII et XVIII me, on ralise

    que ce terme prexiste celui de manager ou dadministrateur et inclut dans sa

    11

  • signification, comme chez Say ou Cantillon, le futur dirigeant. Quest ce qui permet de

    dfinir lentrepreneur : lesprit dentreprise qui lanime, sa capacit novatrice, exigence de

    libert daction et en particulier le refus de toute contrainte - entre autre corporatiste? Ou

    bien le fait quil dirige une entreprise au sens de manufacture, o lorganisation du travail

    se rapproche de lindustrie : dcision du travail et nouveaux rapports chef dentreprise/

    ouvriers employs? (Vrin 1982, p.187). En clair, lentrepreneur innove mais aussi

    dirige. Du reste, la terminologie anglaise possde deux mots pour lentrepreneur -

    undertaker - celui prend en charge, sengage et assume ses responsabilits -

    entrepreneur - celui qui cre des entreprises avec un profit incertain, rcompense des

    risques encourus.

    Si tous sont des dirigeants, comment les diffrencier? Dans les recherches rcentesviii

    le manager se dfinit par rapport lentrepreneur, rappelant lantriorit du terme

    entrepreneur. Les cinq recherches auxquelles nous avons eu accs prsentent dabord

    lentrepreneur. Puis le manager est dcrit, par opposition ce premier tel son inverse, son

    ngatif. Chacune des tudes accentue une caractristique de lentrepreneur : dtention du

    capital, motivation pour la croissance, innovation. Certaines mettent en avant des lments

    situationnels : travail dans une nouvelle entreprise / ancienne, dans une petite entreprise/

    grande entreprise, dans une entreprise prive / publique. Il sagit bien dindicateurs qui

    doivent permettre de diffrencier sans ambigut les questionnaires remplis par ces

    dirigeants - les codages ex post effectus par des experts prsentant des forts taux de

    convergence. Seule une recherche considre le propritaire dirigeant comme une demi

    mesure entre lentrepreneur et le manager. Comme lentrepreneur le business owner

    possde et dirige une petite entreprise mais la diffrence de ce dernier, lentrepreneur a

    pour principal objectif la croissance et le profit et ne considre pas son entreprise comme

    une extension du patrimoine de sa famille. Enfin, pour ces auteurs lentrepreneur utiliserait

    la planification stratgique (Stewart et al. 1998). Cette distinction entre lentrepreneur et le

    propritaire dirigeant nest pas sans rappeler les typologies dentrepreneur qui distinguent

    les entrepreneurs artisans des entrepreneurs opportunistes ou bien ceux motivs par une

    logique de flux et de rsultats versus une logique de transmission du patrimoine.

    Tableau : Les recherches rcentes comparant entrepreneur et manager

    12

  • Intitul et objet de la recherche

    Dfinition de lentrepreneur et trait saillant

    Dfinition du manager

    Stewart et Roth 2001 Attitude face au risque

    Un individu qui possde et dirige une petite entreprise (capital)

    Un non entrepreneur

    Tan 2001 Attitude face au risque

    Dirigeant de petites entreprises prives (taille de lentreprise)

    Dirigeant de grandes entreprises publiques

    Stewart et al. 1998ix Attitude face au risque, besoin daccomplissement et prfrence pour linnovation

    Dtention du capital Trois critres le distinguent du propritaire dirigeant - recherche du profit et de la croissance (motivation) - absence de logique patrimoniale - recours la planification stratgique

    Individu employ par des grandes entreprises pour leurs comptences managriales et ayant une position hirarchique dencadrement

    Busenitz et Barney 1997 Excs de confiance, optimisme

    Fondateur dentreprises indpendantes engag dans le processus de cration depuis moins de 2 ans (ge de lentreprise)

    Cadre dans des firmes de plus de 10 000 employs

    Palich et Bagby 1995 Optimisme et attitude face au risque

    Trois critres : - crateur de nouvelles entreprises - dveloppeur dinnovation (innovateur) - aspiration la croissance et au profit

    Non entrepreneur

    Ce tableau des recherches actuelles tmoigne, selon nous, de deux choses :

    1 - de la difficult quont les chercheurs dans la dfinition dindicateurs et donc des flous

    empiriques de personnages qui ont peut-tre tout intrt rester thorique;

    2 - de lattention commune de ces mmes chercheurs au thme de la prise de dcision avec

    ou sans risque.

    En effet, ces chercheurs tmoignent dune certaine impuissance capturer dans leurs

    filets un entrepreneur et un manager. Comme si ces deux personnages ntaient que des

    constructions thoriques, des tableaux de pense que lon ne trouve nulle part

    empiriquement. En bref, un idal-type la Weber, qui guide le chercheur dans

    13

  • llaboration de ces hypothses de travail. Et lhypothse forte consiste accepter toute la

    varit des processus de prise de dcision des dirigeants et, en regard, le petit nombre

    doutils de gestion qui sadapte mal aux diffrences inter individuelles. Les concepts de

    manager et dentrepreneur permettent dtudier, en les comparant, les dcisions

    stratgiques et, si lon prend le manager comme rfrence du modle rationnel,

    lentrepreneur devient celui qui pense diffremment.

    4- ...ET SI LENTREPRENEUR ETAIT CELUI QUI DECIDE AUTREMENT?

    Lorsque lon accepte un manager correspondant ladministrateur fayolien, alors on

    peut penser que celui qui gre dans le modle rationnel, est celui qui agit avec raison dans

    la conduite des actions. Le manager applique des lois, des normes de gestion quil a de

    bonnes raisons dexcuter. A lexercice de la rgle, on peut opposer la hardiesse de laction

    : le fermier gnral contre le chevalier entrepreneur. Plus prosaquement, il sagit de

    considrer le manager comme un dcideur rationnel, un ordinateur parfait, et

    lentrepreneur un dcideur la rationalit limite par laction et par les difficults

    contrler tous les paramtres, en bref un ordinateur fautif.

    On peut ainsi formaliser autrement lintuition dont font preuve les entrepreneurs, et

    dire que leur facult de discernement provient dun recours des schmas cognitifs

    adapts et dune activation de raccourcis de raisonnement aux rsultats heureux

    (heuristiques)? Lentrepreneur prsenterait des modes de prise de dcision originaux et

    lon pourrait tirer bnfice dune formalisation cognitive de lintuition et du flair.

    Lutilisation de raccourcis et autres biais cognitifs trouve une explication dans :

    (1) la situation dans laquelle les entrepreneurs se trouvent (situation stressante et surcharge

    informationnelle conduisent le dcideur faire des carts de raisonnement, peu conformes

    avec la logique rationnelle);

    (2) lexprience du crateur qui, lorsquil connat dj lactivit ou le secteur, dcide

    rapidement en mettant profit des cadres danalyse dj prouvs et qui lui semblent

    adapts.

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  • Notre ide serait donc de dvelopper dans le futur un ensemble de propositions sur les

    diffrences entre entrepreneurs et managers. Ces diffrences ne reposeraient pas sur des

    distinctions conceptuelles qui, on la vu, ne sont pas toujours claires. En fait, ce serait

    plutt la situation qui adoube lentrepreneur, le faisant recourir des modes originaux de

    prise de dcision avec pour objectif de comparer ces dcisions entrepreneuriales celle du

    manager comme idal -type rationnel.

    Lintrt oprationnel de cette dmarche repose dans la comprhension de

    lapplication variable que les entrepreneurs font des prceptes de bonne gestion . Il

    sagit dapprhender pourquoi, selon les cas, les entrepreneurs sont rticents appliquer

    les conseils et avis donns par les consultants. Lapplication managriales est ici

    clairement de fournir aux accompagnateurs du processus de cration des cls de

    comprhension et des outils de gestion adapts la situation singulire de lentrepreneur.

    En conclusion, entrepreneurs et managers seraient deux personnages dune mme

    pice : la recherche en gestion. Il sagit de constructions thoriques dont nous avons tent

    de brosser les caractristiques mais dont lapprhension dans la ralit est difficile - les

    recherches rcentes sur les diffrences dans la prise de risque en tmoignent.

    Lentrepreneur comme la mnagre de moins de 50 ans nexiste pas, ce sont des

    idaux-types qui, sils sont accepts comme tels, nous permettrons de mieux connatre les

    diffrents processus de dcision des acteurs de la vie organisationnelle. Lintrt de nos

    recherches futures se mesurera lacceptation que ce point de vue pourra trouver. Et il y a

    encore beaucoup explorer du cot des amnagements au modle rationnel que prennent

    les dirigeants dans lexercice de leurs actions.

    Bibliographie :

    A.P.C.E, (1998), Le profil des nouveaux chefs dentreprise, Fiche dcideur, APCE, aot 3p.

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    iGARTNER, W.B. Who is an entrepreneur is the wrong question, American journal of small business, spring 1988, p.11-31

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  • ii- CARLAND, J.W., HOY, F., CARLAND, J.A. Who is an entrepreneur? is a question worth asking, American journal of small business, spring 1988, p.33-39 iiiLe lieu de contrle ou Locus of Control, dcrit le sentiment caractristique dune personne, relativement au contrle de sa vie, le contrle pouvant tre attribu des causes internes ou des causes externes. ivBARON, R.A., Cognitive mechanisms in entrepreneurship: why and when entrepreneurs think differently than other people, Journal of business venturing, 13, 1998, p.275-294 v CASSON, M. Lentrepreneur, Economica, 1991, 388p viTraduction de The theory of economic development , 1re dition 1912 viiLes non salaris regroupent habituellement les indpendants non salaris et les conjoints ou associs travaillant effectivement dans lentreprise sans tre salaris ainsi que les chefs dentreprise salaris de leur entreprise. Aprs 1982, les chefs dentreprise stant dclars salaris sont classs dans le groupe des salaris. viiiUne analyse des principales bases de donnes, en rentrant les mots cls entrepreneur et manager, nous a donn accs aux 5 recherches dont il est question. ixW.H. Stewart participe deux des travaux. En fait, le travail de 2001 consiste en une meta- analyse des recherches prcdentes sur la propension au risque et ce titre les auteurs ont adopt une dfinition plus large de lentrepreneur que dans leur propre recherche.

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