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LES ÉOLIENNES Rapport du groupe de travail de l’Académie des Beaux-Arts 2007 Institut de France Académie des Beaux-Arts 23, quai de Conti – 75270 Paris cedex 06

Eoliennes

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  • LES OLIENNES

    Rapport du groupe de travail de

    lAcadmie des Beaux-Arts

    2007

    Institut de France Acadmie des Beaux-Arts

    23, quai de Conti 75270 Paris cedex 06

  • Groupe de travail dirig par M. Michel FOLLIASSON,

    Membre de la section dArchitecture de lAcadmie des Beaux-Arts

    constitu de : MM. Roger TAILLIBERT, Yves BOIRET, Claude PARENT, Guy de ROUGEMONT, Antoine PONCET, Franois-Bernard MICHEL, membres titulaires de lAcadmie des Beaux-Arts ; MM. Robert CHAUVIN et Robert WERNER, correspondants de lAcadmie des Beaux-Arts

    Institut de France Acadmie des Beaux-Arts

    23, quai de Conti 75270 Paris cedex 06 Tl. : 01 44 41 43 20

    www.academie-des-beaux-arts.fr

  • S O M M A I R E 1 Historique et inventaire Jean Franois COLLIGNON Appendice : Principaux textes lgislatifs et rglementaires 2 Les Energies et les ressources renouvelables Michel HUG 3 Les Eoliennes Avantages Andr ANTOLINI 4 Les Eoliennes Inconvnients Alain BRUGUIER 5 Eoliennes et Paysage Claude PARENT 6 Les Eoliennes, belles comme Crsus Marcel BOITEUX 7 LEnergie du vent Yann ARTHUS-BERTRAND 8 Les Eoliennes et la sant publique Pr. Claude-Henri CHOUARD 9 Les Eoliennes et le patrimoine Christian PATTYN Appendice : Liste des associations signataires 10 Les Eoliennes et les Finances Publiques Henri PRVOT 11 Frnsie olienne, le chant des sirnes Didier WIRTH 12 Conclusion de lAcadmie des Beaux-Arts

  • 1 Historique et inventaire

    par

    Jean-Franois COLLIGNON Ingnieur de la Socit Eiffel,

    Correspondant de lInstitut

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    1. HISTORIQUE ET INVENTAIRE FIN 2005 1.1 Les pionniers de lnergie olienne destine la production dlectricit Charles F. Brush (1849-1929) - USA Charles F. Brush est lun des fondateurs de lindustrie lectrique amricaine. Il inventa, entre autres, une dynamo courant continu trs efficace employe dans le rseau lectrique public, la premire lampe arc commerciale, et une mthode efficace de fabrication de batteries plomb-acide. Son entreprise, Brush Electric Company Cleveland, Ohio, fut vendue en 1889 pour fusionner ensuite en 1891 avec Edison Electric Company sous le nom de General Electric Company (GE). Durant lhiver de 1887-88, Brush construisit ce qui est aujourdhui considr comme la premire olienne fonctionnement automatique destine la production dlectricit. Cette olienne dune puissance de 12 kW ossature bois avait un diamtre de rotor de 17 m et 144 pales fabriques en bois de cdre. Poul La Cour (1846-1908) - DK Le Danois Poul La Cour est considr comme le pre de toutes les oliennes modernes destines la production d'lectricit. Il dcouvrit que les oliennes rotation rapide, comprenant un nombre limit de pales, taient bien plus efficaces pour la production d'lectricit que celles rotation lente composes de nombreuses pales. Mtorologue de formation, il construisit en 1891 la premire olienne destine la production d'lectricit. Il fut l'un des pionniers de l'arodynamisme et disposait de son propre tunnel arodynamique. Poul La Cour a longtemps travaill dans le domaine de l'accumulation de l'nergie et utilisait le courant produit par ses oliennes pour produire, par lectrolyse, de l'hydrogne destin l'clairage au gaz de son cole. En 1904, Poul La Cour a fond la toute premire socit des ingnieurs en lectricit olienne du monde, qui a compt jusqu 356 membres. En 1918, pas moins de 120 usines lectriques possdaient au Danemark une olienne dont la puissance moyenne tait alors de 20 35 kW. La puissance globale installe de 3 MW couvrait alors environ 3% de la consommation danoise. Ce fut galement Poul la Cour qui publia la premire revue du monde consacre l'lectricit olienne. Georges Darrieus - F Ingnieur en aronautique, il fut linventeur de lolienne axe vertical et en breveta la conception en 1927. La compagnie amricaine FloWind fabriqua l'olienne jusqu' sa faillite en 1997. L'olienne de Darrieus est caractrise par ses pales de rotor en forme de C qui la font ressembler un peu un fouet ufs. Elle est normalement construite avec deux ou trois pales.

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    Johannes Juul - DK Johannes Juul, ingnieur lectricien et ancien lve de La Cour, fut le premier mettre au point une olienne moderne capable de produire du courant alternatif. En 1956-1957, il conut et construisit la plus grande olienne du monde, la "turbine de Gedser " de 200 kW qui fonctionna pendant onze ans et devint le modle de rfrence pour le dveloppement futur de tous les autres arognrateurs (oliennes quipes d'un gnrateur lectrique). Elle fut remise en marche trois ans durant partir de 1977 la demande de la NASA, dans le cadre de ses projets dans le domaine des grandes turbines lectriques. 1.2 Les principales tapes Annes 1930 Des milliers de petites oliennes sont construites dans les rgions

    rurales des grandes plaines amricaines. Dune capacit dun trois kilowatts, ces turbines sont installes afin dclairer les fermes et de recharger les batteries des radios cristal. Les oliennes sont par la suite utilises pour alimenter des appareils lectromnagers et de lquipement de ferme.

    Les fermes canadiennes utilisent les oliennes pour produire de llectricit et pour pomper leau des puits destine aux auges pour le btail.

    Annes 1940 Avec la chute de prix du carburant fossile aprs la Seconde Guerre mondiale et llectrification des rgions rurales, les petites oliennes soulvent de moins en moins dintrt aux tats-Unis et au Canada.

    Annes 1960 Des inventeurs comme Ulrich Hutter en Allemagne mettent au point des plans labors de turbines axe horizontal. Ces turbines sont dotes de pales en fibre de verre et possdent un angle dattaque ajustable afin den augmenter lefficacit.

    1971 Le premier parc doliennes en mer dbute ses activits au large du Danemark. Ce parc a une capacit de cinq mgawatts.

    1973 La crise ptrolire de 1973 ravive lintrt pour de grandes oliennes et incite les gouvernements de lAllemagne, de la Sude, du Canada, du Royaume-Uni et des tats-Unis financer des projets de recherche sur lnergie renouvelable. Ces programmes sont lorigine de la conception et de la mise en uvre de nouveaux designs doliennes qui rduisent de faon significative le cot de lnergie olienne au cours des deux dcennies suivantes. Des parcs doliennes sont construits durant les annes 1970 aux tats-Unis et en Europe.

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    Annes 1980 Le march des oliennes commerciales se transforme. Les petites machines de un 25 kilowatts utilises principalement pour lagriculture font place des parcs doliennes capables de produire plus de 50 kilowatts et relis au rseau lectrique.

    En Californie, une srie de mesures rglementaires et la prsence de vent dans les montagnes favorisent linstallation de 17000 oliennes entre 1981 et 1990. Ces oliennes peuvent produire entre 20 et 350 kilowatts.

    Laugmentation des cots de llectricit et labondance de vent favorisent la construction doliennes en Europe.

    Annes 1990 Les proccupations croissantes de la population propos denjeux environnementaux comme la pollution de lair et les changements climatiques incitent les gouvernements du Canada et dailleurs sintresser lutilisation dnergie renouvelable pour rduire les gaz effet de serre et les autres missions polluantes.

    1994 Le parc olien Cowley Ridge prs de Pincher Creek en Alberta est complt, devenant ainsi le premier parc olien commercial au Canada.

    2001 La capacit de production dnergie olienne augmente de 37 pour cent pour passer environ 24800 mgawatts.

    LInde augmente sa capacit de production dnergie olienne de 300 mgawatts pour stablir 1500 mgawatts.

    Grce en partie des crdits dimpt, les tats-Unis augmentent de 1700 mgawatts leur capacit de production dnergie olienne. Des oliennes sont construites partout dans le pays et des projets majeurs voient le jour au Texas, au Kansas et en Oregon.

    Lindustrie olienne mondiale reprsente un chiffre daffaires denviron 7 milliards de dollars.

    2002 la fin de 2002, la capacit de production dnergie olienne des tats-Unis plus de 4600 mgawatts est concentre dans deux tats : la Californie et le Texas.

    2003 la fin de 2003, les tats-Unis (avec plus de 6300 mgawatts) et lEurope sont au premier rang en ce qui concerne le dveloppement et lexploitation de lnergie olienne. Avec plus de 28000 mgawatts, lEurope dtient maintenant 70% de la capacit olienne mondiale. Cette performance est due en partie des lois visant encourager sa croissance en Allemagne, au Danemark et en Espagne.

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    LAllemagne occupe le premier rang au chapitre de lnergie olienne avec une capacit de plus de 14000 mgawatts. Lindustrie olienne de ce pays emploie 35000 personnes et fournit 3,5% de llectricit.

    Cest au Danemark que lon retrouve la plus grande proportion dlectricit gnre par le vent (plus de 20%). Les manufacturiers danois dtiennent prs de 40% du march mondial des oliennes.

    Fin 2005 La capacit mondiale dnergie olienne dpasse les 59000 mgawatts : son rythme de dveloppement annuel est suprieur 20% depuis deux ans.

    Les premires oliennes de 5 MW sont installes en Ecosse (2 en off-shore), en Allemagne (1 unit). La construction de deux arognrateurs de 5 MW va commencer en France sur le site du Carnet 44.

    2. SITUATION DANS LE MONDE

    Capacit installe en MW : voir tableau joint (p.10)

    Laugmentation de la production lectrique olienne pour lanne 2005 dans le monde a t de 11769 MW comparer au chiffre 2005 de 8207 MW, ce qui rvle une progression de 43,4%. La puissance totale installe atteint 59322 MW soit une augmentation de 25%. 48 pays ont dores et dj mis en place des lois et des rglements afin de permettre le dveloppement des nergies renouvelables. Les pays possdant les plus fortes capacits de production sont lAllemagne, lEspagne, les USA, lInde et le Danemark. LInde sest empare en 2005 de la 4me place au dtriment du Danemark. En terme daugmentation des installations, les Etats-Unis occupent la premire place au dtriment de lAllemagne, suivie de lEspagne, lInde, le Portugal et la Chine. LEurope elle seule prsente une capacit de 40500 MW soit 70% du total mondial. Elle a dj atteint en 2005 lobjectif de 40000 MW dfini par la Commission Europenne pour 2010. Le Portugal et la France doivent nanmoins continuer de dvelopper leur capacit afin de respecter les limitations de rejet de gaz effet de serre dfinies par le Protocole de Kyoto. En 2010, la seule nergie olienne permettra datteindre 1/3 de lconomie atteindre par lEurope en matire de rejets. Lapport de lnergie olienne ne se limite pas la simple production dnergie lectrique. Il y a lieu de prendre en compte galement le dveloppement conomique quelle permet, la scurit de la production, la cration demplois, la rduction immdiate des rejets de gaz effet de serre.

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    2.1 SITUATION DE LA FRANCE Si la consommation nergtique de la France a pratiquement stagn en 2005, sa facture s'est encore alourdie de 34,7% (aprs 24,1% en 2004) en raison de la forte hausse du prix des nergies fossiles. Les donnes de consommation dnergie en France de lanne dernire confirment que l'conomie franaise est entre dans une re de l'nergie chre. A 38,26 milliards d'euros, la facture dpasse le niveau du premier choc ptrolier de 1973 a not Bercy dans la prsentation des chiffres par le ministre dlgu l'Industrie, Franois Loos, dbut avril 2006. La consommation totale d'nergie primaire s'lve 276,5 Mtep (millions de tonnes quivalent ptrole), en croissance de seulement +0,3% (contre +1,0% en 2004), donc en net retrait par rapport au PIB (+1,4%). Le bouquet nergtique primaire de la France comprend 41% d'lectricit nuclaire, un tiers de ptrole, 15% de gaz, 5% de charbon, 5% d'nergies renouvelables thermiques et de dchets (bois, biocarburants, ordures mnagres...), 2% d'hydraulique et d'olien. La loi dOrientation sur lEnergie du 13 juillet 2005 dfinit un objectif de production intrieure dlectricit dorigine renouvelable de 21% de la consommation intrieure dlectricit en 2010, ce qui correspond une puissance installe de 10000 12000 MW. Le chiffre de la production fin 2005 tant de 757 MW, lobjectif est donc de construire environ 5000 oliennes de capacit moyenne de 2 MW avant 2010 !

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    Appendice : Liste des textes lgislatifs et documents sur lolien Les textes lgislatifs et rglementaires concernant lnergie olienne sont tous accessibles sur le site : www.legifrance.gouv.fr - Loi du 10 fvrier 2000, relative au service public de llectricit. - Dcret du 6 dcembre 2000, obligation de rachat par EDF. - Arrt du 8 juin 2001, conditions dachat. - Loi du 2 juillet 2003, Urbanisme et Habitat (enqute publique et tude dimpact). - Loi du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique nergtique. Et les articles de Code, cits ci-dessus, o sont incorpors les articles de loi : - Code de lurbanisme L421-1-1 relatif au permis de construire. - Code de lenvironnement L553-2 relatif aux enqutes publiques et tudes dimpact. - Code de lenvironnement L553-3 relatif au dmantlement des installations en fin de vie. - Code de la sant publique R1336-8 et 9 relatifs aux bruits de voisinage. Et : - La Convention Europenne des Paysages , signe par la France Florence le 20 octobre 2000, et dont lapprobation par la France a t autorise par la loi du 13 octobre 2005. Le texte de cette convention est sur le site internet du Conseil de lEurope http://conventions.coe.int/treaties/html/176.htm - La Convention dAarhus , Convention sur laccs linformation, la participation du public au processus de dcision et laccs la justice en matire denvironnement, date du 25 juin 1998, adopt par la France dans un dcret du 21/09/2002, paru au JO. - La Charte de lEnvironnement , date du 1er juin 2005, ratifie par le Congrs le 28 fvrier 2005, et paru au JO, accessible sur le site du Ministre www.ecologie.gouv.fr

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    Guides et Rapports officiels : - Rapport du Conseil Gnral des Mines sur la scurit des installations oliennes de Juillet 2004 accessible sur le site du Ministre de lindustrie : www.Industrie.gouv.fr/energie/ renou/cgm-resume-eolien.pdf et ... cgm-rapport-eolien.pdf et ses annexes cgm-eolien-annexes.pdf et sur www.cgm.org - Guide des tudes dimpact par le Ministre de lEcologie et du Dveloppement Durable (MEDD) et lADEME, sur www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/guide eolien.pdf - Les oliennes en Charente maritime , outil daide linstruction des projets doliennes sur www.charente-maritime.equipement.gouv.fr - Rapport de lAcadmie de Mdecine (Doc : Acadmie de Mdecine oliennes).

  • 2 Les Energies et les ressources renouvelables

    par

    Michel HUG

    Membre fondateur de lAcadmie des technologies

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    Energies et ressources renouvelables Loyola de Palacio, Vice-Prsident de la Commission europenne (1999-2004), a propos un livre vert de lnergie en 2001. Malgr laction claire et dtermine quelle a mene, lEurope est toujours bien loin dune politique commune de lnergie. Cette dernire exige volont et consensus. Politique, volont et consensus ncessitent un minimum de langage commun. Le signal du march pour les produits courants constitue une boussole satisfaisante. Pour l'nergie c'est plutt une cacophonie. La recherche dun langage commun en matire dnergie est-elle une utopie? Parmi les caractristiques spcifiques des tudes relatives lnergie se trouve celle, majeure, des dlais ncessaires la ralisation des investissements, ces dlais pouvant se chiffrer en dizaines dannes. De ce fait, la grande difficult, spcifique aux dmocraties dans le domaine de lnergie, rside en ce que les enjeux se situent plusieurs dcennies de distance. La reprsentation dmocratique a un champ de vision limit par la perspective lectorale. Cest donc l quintervient lopinion publique. Le citoyen est sensible au long terme, sa vie familiale lui apprend la hirarchie des dlais, il sait que la ralit nest pas forcment rationnelle. Malheureusement, les lois de la thermodynamique constituent une espce de physiologie rbarbative des transformations de lnergie. Non seulement les units utilises chappent au sens commun mais les ordres de grandeur eux-mmes sont ignors. Le plus drle, cest que lapproche jacobine, qui a tendance censurer le rel en tant que non rationnel, postule que les esprits clairs chappent ces travers alors que Jung ( un mythe moderne 1958) nous apprend que ce sont eux qui les propagent. Cest le paradoxe de la peur qui veut que toute explication soit voue lchec. La rptition du symbole porteur de peur ne fait que renforcer celle-ci. Seul le besoin, le ntre, et/ou celui de tous les dshrits du monde, peut permettre de faire contrepoids la diffusion de la peur. Les dcisions passes, ou leur absence, psent dautant plus lourdement. En Italie, un rfrendum a banni le nuclaire, lAllemagne a organis son retrait . La Grande-Bretagne voit se terminer les beaux jours du gaz de la mer du Nord. La dpendance nergtique de lEurope peut atteindre 70 % en 2030 si lon ne fait rien. Si on ajoute ce tableau les revendications de souverainet, on peut ne plus voir quune juxtaposition dactions incohrentes pour chaque ressource. Limage devient celle dun groupe de touristes qui, surpris par une crue brutale, ne sachant pas dans quelle direction nager et se dbattant de faon dsordonne, finissent par se noyer. Que ce soit au niveau collectif ou au niveau lmentaire, dpasser un seuil de 30 % de dpendance conduit armer soi-mme le mcanisme de laventure . Cest laccs lnergie qui constitue aujourdhui la principale source de tensions internationales, mme si celles-ci se dissimulent souvent derrire des querelles ethniques ou idologiques. A considrer sur une carte le nombre et les tracs des gazoducs et des oloducs qui assurent lapprovisionnement des pays europens, on peut y voir, si on est trs optimiste, la garantie dapprovisionnement pour les dcennies qui viennent. Cest dailleurs dans ce but quils ont

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    t raliss. Si on est simplement raliste, on peut aussi penser Gulliver enchan. Il nest pas ncessaire dtre un spcialiste de lnergie pour pouvoir imaginer la diversit des aventures potentielles dont lactualit nous a dj donn quelques exemples. Ressources fossiles Les hydrocarbures, ptrole et gaz, sont les plus flexibles et demploi commode. Localises des emplacements gologiquement limits, les ressources impliquent des transports de masse sur des milliers de kilomtres. La rarfaction physique de ces ressources conduit la restriction de leur emploi des usages de plus en plus spcifiques. Loffre de ptrole, indfiniment sensible, restera entre les mains dun oligopole. Inversement, la gologie de luranium et du charbon les disperse sur tous les continents et leurs ressources (en incluant la surgnration pour les ressources de combustibles fissiles) peuvent tre estimes quatre sicles. Aujourdhui, les ressources ne peuvent pas tre apprcies uniquement en termes de cots daccs mais galement en termes de cots de restitution (gaz effet de serre, particules, CO2, SO2, NOx,..). Le cot dhydrognation du charbon en hydrocarbures liquides ou gazeux peut tre imput au cot de restitution lenvironnement. Toutes les technologies de transformation sont, comme llectricit, une possibilit de dcloisonnement de secteurs spcifiques comme le sont les transports ou la chimie. Mme avec ces possibilits un scnario limit aux hydrocarbures et aux nergies renouvelables apparat comme une impasse vis--vis de lautarcie quapporte lassociation - ressources combustibles fissiles / charbon labor. La crise de 1973 ntait pas une crise de raret, ctait une crise politique, elle tait cependant annonce ds avril 73 par des prix spot aberrants par rapport aux spculations trs raisonnables des rapports conomiques directeurs de lpoque. La seule faon de limiter les crises futures de rarfaction des hydrocarbures et les importantes fluctuations des prix spot qui les accompagnent est donc dintroduire nuclaire et charbon labor, associs llectricit et aux autres mdiateurs flexibles, dans le mix nergtique des grands blocs. Mme en Europe o le charbon daccs facile a disparu, il peut tre intressant de maintenir, comme au Japon par exemple, un approvisionnement partir du charbon dimportation dans le voisinage des zones portuaires. En termes de dcision stratgique, aucune des nergies alternatives (solaire, olien, gothermie, mares ou vagues, biomasse elle-mme), ne peut peser suffisamment devant un dosage qui sexercera entre deux couples: ptrole/gaz, uranium (et thorium)/charbon, dont la gopolitique est radicalement diffrente. Ressources renouvelables Je suis un fanatique des nergies renouvelables, mais elles ne seront jamais la hauteur de nos besoins. Surtout au moment o des continents entiers, comme la Chine et lInde, rentrent dans lre du dveloppement. Tant quon ne maura pas prouv que lhomme moderne est prt revenir la lampe ptrole et la bicyclette, je continuerai dfendre lnergie nuclaire . Cest la dclaration de Georges Charpak, Prix Nobel de physique, au Nouvel Observateur du 3 novembre 2005.

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    Face la difficult de gestion des contraintes gopolitiques, la connotation potique associe au mot de renouveau les fait apparatre comme un espace de libert, vritable miroir aux alouettes pour amateurs dune nature qui ressemble davantage au jardin de nos grands-parents qu la monstrueuse complexit des modles qui tentent de prvoir le comportement de la plante. Dites douces , peut-tre de faon impropre, elles se caractrisent par leur faible densit et la difficult dasservir leur production aux fluctuations de la demande. La consquence immdiate, cest que leur collecte mobilise des surfaces importantes et beaucoup de matriaux coteux. En termes de dveloppement durable, une question se pose. Ces nergies ne mobilisent-elles pas davantage de moyens que ce quon peut esprer leur voir produire pendant toute leur dure de vie ? Aucune nchappe ce questionnement. Certaines localisations peuvent tre meilleures que dautres selon les cas particuliers en dehors desquels elles constituent un vritable gchis de ressources. Dans la partie argentine de la Cordillre des Andes, le 21 janvier 2003, le pilote allemand Klaus Ohlmann a tabli un record mondial de vol dynamique en circuit ferm, parcourant en planeur 3009 kilomtres, une moyenne suprieure 200 km/h. Cest prcisment le domaine de vol de nos oliennes ! Les atlas, mmes les plus simples, contiennent les cartes des vents alizs et des vents permanents. Cest l o le vent souffle sans arrt et quil ny a pas de rseau lectrique, quil faut localiser les investissements oliens de la plante. Une mention particulire doit tre rserve lhydraulique. En effet, dans ce cas, la collecte, la concentration et le stockage seffectuent naturellement par les bassins versants des cours deau. Toutefois, en zones peuples, la rsistance de lopinion publique peut tre trs vive, plus importante mme que dans le cas du nuclaire. Inversement, en zone dvelopper, cest la consommation qui est crer. Une autre mention particulire consiste voquer des stations satellites solaires qui transmettraient lnergie par transmission micro-ondes. Utopie pour utopie, celle-ci semble tre vraiment la seule qui soit compatible avec un dveloppement durable. Une morale de lnergie En fait, nous ne consommons pas lnergie, nous assistons seulement au dsolant spectacle de sa dissipation. La dissipation de lnergie reste le rsultat ultime de lactivit humaine. Seuls de profonds changements de mode de vie peuvent rduire le rythme de cette dissipation. Lusager, le consommateur, le citoyen, sont les arbitres ultimes et incontournables du mode de vie. On leur doit de placer en temps utile les enjeux leur porte. En regard de la fltrissure de lesclavage, il faut rappeler que moulins vent, moulins eau ont t en comptition avec le travail mcanique de lhomme sans pouvoir sy substituer. Cest le dveloppement de la machine vapeur qui ouvre, au XIXe sicle, une re nouvelle.

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    Lesclavage est aboli par Franois Arago, ministre de la marine et de la guerre, en 1848. Mais aujourdhui la moiti de la population du globe subit un profond dficit nergtique provoquant, sil est associ un dficit chronique en eau, la misre agricole et sanitaire. Lhistoire de lEurope est en train de scrire. Dans le domaine de lnergie comme dans les autres, elle aura une morale. La manifestation de colre don quichottesque des victimes actuelles et venir des moulins vent contre leurs promoteurs permet dapprcier la schizophrnie collective qui rgente des donnes incohrentes et inconsquentes. Ce jeu de massacre coteux ne sert que les intrts des dtenteurs de rentes de situation. Il est grand temps de prparer une politique europenne de lnergie. Une politique est la conjugaison dune vision et dune volont. La vision est celle dun humanisme plantaire digne du pass culturel de lEurope. La manifestation de la volont consiste faire nos propres choix, avant que les circonstances ne nous obligent subir ceux dautrui.

  • 3 Les oliennes. Avantages

    par

    Andr ANTOLINI

    Prsident du Syndicat des Energies Renouvelables Vice-prsident de World Wind Energy Association (W.W.E.A)

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    Contexte du dveloppement de lnergie olienne

    La France sest fix, devant la Commission europenne, lobjectif de produire dici 2010 21% dlectricit dorigine renouvelable dans sa consommation (cette part est actuellement denviron 13%). Elle a raffirm cet engagement dans la loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique nergtique. Cet objectif ne peut tre atteint quavec un parc de 10000 15000 mgawatts oliens (produisant environ 35 trawattheures par an), le reste (10 15 trawattheures) provenant de la biomasse, de lhydraulique, du photovoltaque et de la gothermie. Lolien occupera donc une place importante dans le mix nergtique ds demain. Aujourdhui, le parc olien franais compte un peu plus de 1000 oliennes rparties principalement dans les zones les plus ventes, c'est--dire proximit des ctes et dans la valle du Rhne. A lhorizon 2010, ce sont environ 300 400 nouveaux parcs oliens qui devraient tre installs. Lvolution de la lgislation et des systmes de soutien favorisera une rpartition harmonieuse des parcs sur lensemble du territoire.

    Les diffrents sondages dopinion rcemment raliss montrent que les oliennes installes en milieu rural sont plutt bien acceptes par les Franais qui 84% soutiennent lnergie olienne (Sondage ADEME ralis par Louis Harris en 2004).

    Rappelons, par ailleurs, que nous dnombrons aujourdhui en France prs de 50000 chteaux deau et 150000 pylnes lectriques haute tension.

    Lobjet olienne Les oliennes sont des objets de grande dimension qui constituent, par leur seule chelle (100 mtres de haut et 90 mtres de diamtre) un monument quil ne sagit pas de masquer. Contrairement aux chteaux deau, chemines, pylnes et autres antennes, objets qui ont souvent t tudis, voire pour certains patrimonialiss, les oliennes continuent de reprsenter des objets qui tonnent.

    La recherche dune intgration des parcs oliens dans le paysage est donc un exercice nouveau et spcifique : Implanter un parc olien, c'est amnager un paysage, et non le conserver (Paul Neau, ingnieur, responsable du bureau dtudes de lenvironnement ABIES). La question nest donc pas comment implanter des oliennes sans quelles se voient , mais comment implanter des oliennes en produisant de beaux paysages ?

    Un projet de paysage Dans le cadre de limplantation dun parc olien, une tude paysagre est ralise par un paysagiste charg de dessiner un projet nergtique en fonction des caractristiques du lieu tudi et des attentes des acteurs concerns. Le projet de paysage permet donc de trouver des lments pour aider lacceptation sociale de lamnagement. Ceci est vrai pour nimporte quel projet damnagement du territoire.

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    Ainsi, le volet paysager, partie majeure de ltude dimpact qui sera consulte par le public lors de lenqute publique, est extrmement soign et travaill par les paysagistes et les bureaux dtudes. Les dveloppeurs oliens associent ces spcialistes leurs projets le plus en amont possible.

    Lensemble des exigences fixes dans le code de lurbanisme en termes de protection des monuments historiques et des sites protgs est tudi de manire trs approfondie lors de ces tudes paysagres et scrupuleusement respect. Les demandes de permis de construire sont, bien entendu, soumises, lorsquil est requis, lavis des Architectes des Btiments de France.

    Perception visuelle de lobjet olienne Lobservation dune olienne ou dun groupe doliennes dpend de plusieurs facteurs. En fonction de la mto, de la position par rapport au soleil, d'ventuelles brumes, du relief, cette perception peut tre trs diffrente sur un mme site dans une mme journe.

    Ds lors, lintervention paysagre dans un projet olien porte plus sur lagencement des oliennes que sur lobjet olienne en tant que tel. Les alignements ou les courbes formes par les installations oliennes vont participer l'organisation du paysage. Ils soulignent les crtes, forment des axes ou des points d'appels, participent la lecture d'un nouveau paysage. (Paul Neau) Pour des paysages trs ouverts, de vastes plaines faiblement boises par exemple, on va pouvoir obtenir par des alignements une ponctuation intressante. De faon plus gnrale, le mouvement lent des oliennes limite l'usage leur caractre visuellement intrusif.

    En certaines circonstances, on peut jouer avec la topographie pour dissimuler les installations depuis un lieu prcis. Par exemple dans l'Aude, le parc de Roquetaillade ne se voit pas depuis le centre historique d'Alet-les-Bains. Dans d'autres cas, on va positionner les arognrateurs dans les lignes de fuite du paysage. Les lignes des jardins et des parcs peuvent, par exemple, fournir de prcieuses pistes de lisibilit des parcs oliens.

    Ainsi, cest donc bien le design du parc olien (nombre, positionnement, taille des oliennes) qui est dterminant.

    Mise en valeur des territoires La perception du territoire par les populations est ncessairement varie car elle est dpendante de notre histoire et de notre hritage culturel et esthtique. Mais cette perception nest pas non plus fige dans le temps car les valeurs attaches un paysage voluent comme le systme de reprsentation du monde de nos socits.

    Lvolution de la socit et le dveloppement des activits humaines, conomiques et industrielles, ont toujours conduit la modification de lenvironnement : le rseau routier, ferr, lectrique, lurbanisation ont ainsi modifi et continuent de modifier les territoires qui nous entourent. Le paysage volue.

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    A cet gard, il convient de rappeler que la loi impose aux constructeurs de parcs oliens de dposer une caution bancaire pour garantir le dmontage des installations, caution dont le montant est fix par le prfet dans le cadre de linstruction de la demande de permis de construire.

    Aujourdhui, de trs nombreux exemples montrent que les parcs oliens peuvent sinscrire de faon trs satisfaisante dans les paysages. En tmoigne laffluence des visiteurs enthousiastes, observe aussi bien lors de la construction qu chaque inauguration de ces ouvrages dart.

    Dans certaines collectivits, notamment lchelle intercommunale, on observe un souci de mise en valeur des territoires qui ne ferme pas la porte lolien, et qui cherche au contraire mettre en scne les arognrateurs pour faciliter leur appropriation.

    A ce titre, les Zones de Dveloppement de lEolien (ZDE) introduites par la loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les orientations de politique nergtique, arrtes par le prfet sur proposition des communes ou dintercommunalits, vont permettre de renforcer la concertation et ladhsion au niveau local. Les collectivits locales vont ainsi pouvoir davantage prendre part aux projets de parcs oliens tout en prenant compte les considrations paysagres.

    Des outils dessinent ainsi la possible voie dun amnagement territorial du paysage o les oliennes ont leur place : atlas oliens, chartes dpartementales, protection des vues depuis les monuments historiques, schmas oliens locaux, qui prennent valeur juridique via leur inscription dans les documents durbanisme (PLU, SCOT, etc), et aujourdhui ZDE.

    Enfin, pour les riverains, l'acceptation de l'olienne est d'autant plus grande que son utilit est comprise. Cela suppose une concertation, qui est galement le moment de sentir le paysage peru par ses habitants, au-del donc du paysage rglementaire.

    Paysage versus environnement Le premier message que nous recevons dune olienne est dordre visuel. Pourtant, derrire ces grands moulins modernes anims, il y a plus car ces objets sont des machines qui servent produire de llectricit, et notamment de llectricit propre partir dune source inpuisable, le vent :

    Elles exposent ainsi trs explicitement le motif et le moteur de leur prsence. La lente animation de leurs ailes est le message immdiat, naturel de leur fonction (et de leur fonctionnement). En cela, les oliennes sont des immenses indices exprimant leur utilit dans le seul fait dtre et de tourner. [] Aux fumes noires des chemines dusines (images dun sicle rvolu), elles opposent dsormais la blancheur effile de leurs mats []. A la problmatique paysagre sadjoint ce que lon pourrait appeler la problmatique environnementale. (Cyrille Simonnet, Professeur darchitecture) Nous observons dailleurs que les grands industriels qui veulent illustrer leur engagement dans ce domaine utilisent trs souvent limage dune olienne.

    En dautres termes, les oliennes ne dfigurent pas le paysage, elles figurent le dveloppement durable Voil ce qui les rend acceptables, acceptes et belles.

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    Les qualits esthtiques dune olienne sont aujourdhui presque unanimement reconnues, notamment par les enfants qui expriment leur fascination pour ces nouveaux moulins.

    Quelle image plus emblmatique que celle dune olienne peut-on offrir au paysage pour tmoigner de lengagement dune gnration ne pas compromettre lavenir de celles qui la suivent ?

  • 4 Les oliennes. Inconvnients

    par

    Alain BRUGUIER

    Prsident de la Fdration nationale Vent de Colre

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    olien industriel Vent de colre !, fdration nationale regroupant 312 associations affilies (22000 adhrents) a recueilli dun bout lautre de notre pays dinnombrables tmoignages et une exprience de terrain (discussions, rencontres, runions) qui lui font redouter laggravation dun dsordre social, consquence dun mcontentement grandissant et dune dsesprance de nombreux ruraux, en particulier face leurs lus. Ces apprhensions supplmentaires particulirement anxiognes provoquent une lgitime amertume, menacent lharmonie rurale de la France profonde et les quilibres rpublicains. Cre en Languedoc-Roussillon en novembre 2001, Vent de colre ! apporte une action quotidienne dinformation et de soutien aux habitants des petites communes rurales, mal arms pour rsister aux pressions de toutes sortes des promoteurs oliens et lengouement irraisonn de certains lus. La Fdration a mis en chec de nombreux projets qui auraient affect des sites emblmatiques du patrimoine franais. Parmi les projets particulirement choquants : le Palais des Papes Avignon et la Cit de Carcassonne, tous deux classs au Patrimoine mondial de lUNESCO, les Abbayes de Fontfroide et de Villelongue dans lAude, le chteau de Thoiry en rgion parisienne, le Site historique dAzincourt dans le Nord etc. Impact paysager : Une olienne industrielle, cest une machine de 150 mtres de haut, pesant 300 tonnes, auxquelles sajoute un socle de plus de 1000 tonnes de bton. Plus de 1000 de ces machines sont dj implantes en France (ou en passe de ltre), principalement en Languedoc-Roussillon, mais aussi en Bretagne, Normandie, Nord-Pas de Calais, Corse (Cap Corse), Lorraine, Rhne-Alpes, Poitou-Charentes, Centre, Pays de Loire, Picardie, Bourgogne, Midi-Pyrnes, Auvergne, Champagne-Ardenne etc. Bien que dj catastrophique, la situation actuelle ne donne quun faible avant-got de ce qui nous menace. Le Ministre de lIndustrie offre aux promoteurs privs la perspective de linstallation de plus de 3000 oliennes ds 2007. Un bilan rcent faisait tat de ce que notre pays est redevenu en 2005 la premire destination touristique au monde, principalement du fait de son incomparable richesse patrimoniale : monuments, architecture, sites historiques, paysages remarquables. Pense-t-on pouvoir prserver cet avantage en multipliant les atteintes graves et durables portes aux paysages et lenvironnement de nos belles rgions ? Les riverains voient leur qualit de vie altre par les nuisances, pas seulement cause de lnormit des machines, mais aussi parce quelles sont bruyantes (bruits puissants et irrguliers et infrasons nocifs), parce quelles sont claires jour et nuit et que leurs mouvements lancinants attirent lil et les rend impossibles ignorer.

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    Limpact paysager, contrairement aux affirmations des promoteurs, est une notion objective et quantifiable. Sa quantifiabilit sappuie dune part sur la surface de covisibilit , dautre part sur limpact visuel qui est lintgrale de la surface apparente de lolienne sur la surface de covisibilit . Ainsi en moyenne, limpact visuel double lorsque la hauteur de lolienne augmente de 10 mtres. Limpact visuel dune olienne de 150 m est 300 fois suprieur celui dune olienne de 50 m (cf Rapport du Conseil Gnral des Ponts et Chausses, Daniel Burette, 15 dcembre 2004). Une olienne ne sintgre pas dans le paysage, elle le cre. Cette grave mutilation des paysages fait lobjet dune scandaleuse dsinformation de la part du lobby olien. Impact cologique : Ce nest pas parce quen France un maximum doliennes seraient installes que nous consommerions plus dlectricit dorigine renouvelable. EDF peut revendre les Certificats Verts obtenus par les exploitants dautres pays qui paient mieux llectricit verte . Les exploitants peuvent aussi, directement, exporter leurs Certificats Verts ou droits polluer. Lenjeu majeur pour lolien industriel est dlaborer des prvisions fiables sur des chelles de temps suffisantes. Cest en effet la veille pour le lendemain que se prennent lessentiel des dcisions dans la gestion dun systme lectrique : dmarrage des groupes de production pour couvrir la demande du lendemain, vrification du respect des rgles de scurit du rseau, constitution des rserves pour faire face aux incertitudes de la prvision de consommation et aux alas. La qualit de la prvision de production olienne a donc un impact direct sur le dimensionnement de ces rserves, principalement constitues par des centrales thermiques fonctionnant puissance rduite, et donc sur lintrt cologique et conomique de cette ressource. Aucun moyen de production ntant aussi variable et aussi imprdictible que lolien industriel, son dveloppement dans ces conditions ( partir dune puissance installe significative) va conduire une trs nette augmentation des groupes de production thermique flamme (THF), que lon devra maintenir en rserve pour faire face des variations de production ou de consommation. En France, cela signifiera dans les faits une probable augmentation des missions de gaz effet de serre (GES). Notre parc lectrique tant trs peu carbon , contrairement ceux de pays comme le Danemark, lAllemagne ou lEspagne, lolien industriel naura, en France, aucun impact ( la baisse) sur les missions de GES, car : - au sein dun rseau national ferm, Moyenne Tension (MT), il sajoutera la production de base (hydraulique, nuclaire), - au sein dun rseau europen interconnect, Haute et Trs Haute Tension (HT, THT), il sera alors export en supplment, contribuant dsenfumer la Ruhr ou la Navarre, certainement pas la France.

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    olien industriel et intrt gnral : La France est dj, et de loin, le pays dEurope dont la production dlectricit provoque le moins de rejet de GES. Le dcret Pierret/Cochet du 8 juin 2001 engendre une rmunration excessive (entre trois et dix fois le prix du march), des livraisons dlectricit dorigine olienne par EDF, de lordre de 83,8 le MWh. Cette situation artificielle sans relle justification conomique est lourde deffets pervers. La France produit 95% de son lectricit sans mettre de GES, les 5% restants, dorigine thermique, permettent dajuster en permanence la production aux variations de consommation, observes aux heures de pointe ou en priode de grand froid. Pour ces 5% l, lolien industriel ne peut absolument rien ! Ds lors, est-ce vraiment un mal ncessaire ? La taxe professionnelle attendue par les municipalits ne cre aucune richesse puisquelle napporte aucune valeur ajoute. La commune qui percevra une TP plafonne par ladministration fiscale risque de perdre une partie de sa dotation globale de fonctionnement (DGF) et dquipement (DGE), ainsi quune partie des fonds nationaux et dpartementaux de prquation. Ces perspectives illusoires de recettes sont drisoires par rapport aux pertes pour le tourisme vert et historique, le secteur rsidentiel, limage des produits du terroir et les valeurs foncires et immobilires. Les quelques propritaires privs qui percevront des redevances de location de leurs biens au dtriment de la qualit de vie de lensemble de la population, vont faire natre des sentiments de suspicion et de jalousie leur endroit. La dprciation patrimoniale est garantie : les Notaires de France et certaines agences immobilires reconnaissent que la proximit doliennes rduit considrablement la valeur des maisons et des proprits. Aucune cration demploi permanent nest attendre sur la commune, bien au contraire, les structures de tourisme rural : gtes, chambres dhtes, camping de plein air, verront leur activit dcliner. La France est lie par des engagements internationaux : Selon le Protocole de Kyoto, lUnion Europenne doit rduire entre 2008 et 2012 ses missions de GES de 8% par rapport 1990. Les situations nationales tant trs diffrentes, cette mutualisation leur donne des marges de manuvre importantes. En France, le secteur de lnergie lectrique ne figure quau sixime rang en termes de dgagement de GES et le volume de ces missions sinscrit en trs net recul. Les secteurs responsables de la croissance des missions de GES, sont les transports routiers, le rsidentiel tertiaire, lindustrie, lagriculture, le btiment. Alors que les thurifraires de cette filire (Agence de lEnvironnement et de la Matrise de lEnergie, les Verts, certains mdias) font constamment rfrence, propos de la directive europenne, un objectif qui serait pour la France de produire 21% de son lectricit partir

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    dnergies renouvelables lhorizon 2010, il sagit en ralit dun objectif indicatif national de consommation dlectricit, produite partir de sources dnergie renouvelable. Dans lhypothse o il ny a pas substitution partielle de lolien au nuclaire, mais addition, il faut souligner que, comme notre pays est dj exportateur brut dnergie en Europe, llectricit dorigine olienne que certains souhaitent produire en France serait exporte vers nos voisins qui la paierait un prix infrieur celui auquel EDF laurait rgle aux promoteurs des sites de production. Veut-on ainsi subventionner nos voisins ou leur viter de construire de telles machines ? Exporter notre surplus dlectricit olienne reviendra aider nos voisins respecter leurs propres engagements. Une telle fraternit transfrontalire, finance par les consommateurs franais, mriterait dtre clbre sur les autels bruxellois ! La gratuit du carburant nen fait pas pour autant une filire bon march. Outre la Contribution au Service Public de lElectricit (CSPE), dont on se ddouane sur le dos des consommateurs, principalement domestiques, le rseau supportera des charges non prises en compte, comme par exemple la reconstitution de rserves tertiaires : pour 1 000 kW dolien, il faut 800 kW de puissance dquilibrage ou capacit palliative. Conclusions : Le lgislateur recherche des solutions alternatives ; en particulier, et puisque la campagne ne veut pas se voir dfigure par des forts doliennes, afin de rduire la prolifration des projets et des problmes, la loi du 13 juillet 2005 prvoit de regrouper les oliennes dans des Zones de Dveloppement de lEolien (ZDE) de plusieurs dizaines de machines ! Sil est indispensable de se soucier des paysages, ce nest pas seulement cette raison qui doit nous conduire refuser lolien industriel o que ce soit et quelle que soit lchelle des parcs envisags : la concentration des nuisances induite par le regroupement des oliennes nen rduit pas lintensit, bien au contraire ! Mais surtout, la dispersion ou le regroupement des oliennes ne changent absolument rien leur inutilit nergtique ni leur cot intolrable pour lEtat, le consommateur dlectricit et le contribuable. En France, labrogation du dcret Pierret / Cochet est une mesure de salubrit publique obtenir de toute urgence.

  • 5 Eoliennes et Paysage

    par

    Claude PARENT Membre de la section dArchitecture

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    Eoliennes et paysage

    Lintroduction dans le paysage de ces machines vent le modifie profondment en terme doccupation de lespace. Jusqu nos jours, de mmoire dhomme, les lments architecturaux dominants sur un site taient le chteau fort, ldifice religieux, le palais Plus rcemment le silo, le hangar, lusine nuclaire et le barrage hydraulique se sont ajouts la liste. Ces btiments, de par leur taille et la nature architecturale quils exprimaient, de par leur qualit intrinsque, prtendaient singulariser le lieu, le finaliser en lui confrant une IDENTITE. Structurant le paysage dorigine, ils entraient sans violence dans la mmoire collective du site. La population faisait sien le clocher du village et le chteau de son prince ou le monastre et plus tard la mairie. Et mme souvent, larchitecture dominante servait dnommer lendroit. Mais jamais, malgr lintroduction en milieu rural ou urbain de ces projets qui se diffrenciaient nettement des habitations ou des chaumires environnantes par leur force expressive et leur caractre, jamais cette architecture ne pratiquait le HORS DECHELLE par des dimensions excessives vis--vis du paysage existant, jamais elle nencombrait le site de faon outrancire et scandaleuse. En plaine, le clocher le plus haut nest quune simple flche signalant le village, en montagne le barrage fermant la valle respecte la ligne dhorizon et un chteau fort ne fait que prolonger le mouvement du pic rocheux sur lequel il sassied. Il existe un respect mutuel entre le relief et larchitecture, il se noue une connivence entre la nature et le construit. Certes toutes ces constructions des hommes semparent du sol et loccupent mais jamais elles ne sattaquent au CIEL qui le recouvre. Pour, ne serait-ce que lgratigner, les pylnes des lignes haute tension jouent de la transparence et sefforcent une silhouette arachnenne. Or malgr cela, sous la pression populaire, elles vont peu peu disparatre. Notre tradition dans le monde occidental est de convaincre larchitecture, aussi singulire et insolite soit-elle, de sassocier au paysage en RESPECTANT son chelle et ce, mme si elle sefforce au contraste le plus dur et le plus violent. Ainsi larchitecture parvient-elle par une savante alchimie crer le NOUVEL ETAT DU LIEU si cher larchitecte amricain Frank Llyod Wright. Et pour se faire, elle ne peut en aucun cas, par des dimensions hors du commun comme par une forme rpulsive, sattaquer son ciel, lOCCUPER ABUSIVEMENT, le CONQUERIR en inscrivant sur lui les signes insupportables dun graphisme outrecuidant : un REJET instantan sensuivrait. Dans cet interdit absolu rside la dernire chance dpanouir la SENSIBILITE HUMAINE. Par voie de consquence directe, labsolue ncessit du sensible, la recherche de conditions favorables son dveloppement dans toute lactivit des hommes sur notre plante, sopposent donc de faon vhmente la prsence dominatrice des oliennes dans nos paysages. Les principales raisons de cette exclusion sont : Une forme dexpression essentiellement mcanique trangre au contexte paysager. Une dimension hors dchelle par rapport la vgtation et la construction en place. Une agression de la gomtrie qui morcelle et compartimente le ciel en niant la plnitude du vide de lespace.

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    Une insertion esthtique exaltant lobjet lencontre de la continuit du paysage quil dtruit dans sa rptitivit. Bref une certitude de POLLUTION VISUELLE gnralise, pollution confirme par lextraordinaire dissmination des oliennes. On ne parle plus de quelques exemplaires isols dans des endroits aptes les recevoir, mais sans rire- de bouquets doliennes, de champs doliennes l o on ne peut voir qupandages industriels en quadrillage rgulier sur des milliers dhectares et ce sur les rivages des ocans, les replis dun alignement de collines, les grandes plaines cralires ; tout cela sagite de faon obsdante et vrombissante dans un ronronnement continu. Bientt, assis sur une plage de la Manche, on ne verra se coucher le soleil que dans lintervalle de ces immenses rotors, sans jamais plus distinguer le bruit des vagues et de leur ressac. Bientt, en ouvrant les volets sur le spectacle enchanteur dune colline de Provence sinscrira, dans le rectangle de la fentre, une gigantesque machine de deux cents mtres de hauteur dont le bruit des pales fera taire les cigales. Quand verrons-nous le ciel de la Corse si sauvage et si jalouse de son identit, dcoup par ces mcaniques gantes. Il y a toujours du vent dans cette le. Il y aurait un bon rendement sur ses collines ! Cette beaut que ni les promoteurs, ni le tourisme ne sont arrivs massacrer, cette beaut rare, les bon aptres de lingnierie cologique la dtruiront en dix ans. Et pour quel bnfice ? Les quelques pices de monnaie dun march de dupes. Tout le monde le sait. Mais tout le monde le cache ou sefforce de lignorer ; il sagit l dun jeu bien plus important que celui de quelques modestes kilowatts verts rcolter. Il sagit du pouvoir, il sagit dinscrire dans le ciel les signes les plus visibles possibles de la puissance de lconomie, ce nouveau DIEU du 3me millnaire. Dans les temps les plus anciens, en effet, les divinits inspiraient les constructions hors normes. A leur service, en leur honneur furent bties le Parthnon et les cathdrales qui crasaient les maisons et les masures mais glorifiaient la suprmatie divine. Le symbole tait sacr. Le hors dchelle cependant trs localis portait en lui lesprance et la foi dun peuple entier. Il tait lgitim. Aujourdhui le Dieu dollar, par des tours plus extravagantes les unes que les autres, a dtruit gaillardement le milieu urbain ; les architectes dompts sinclinent en rivalisant desthtique pour inscrire le fric dans le ciel de nos villes. La guerre de lurbain est perdue. Cest la gnration qui vient de refuser que simplante en milieu rural, prserv jusque l, ces machines tournantes gantes qui dfient lhorizon, encombrent le ciel, sattaquent la notion mme du vide pour inscrire de la faon la plus totalitaire qui soit le signe impratif du mariage de la technologie et de lconomie. Mon Dieu, que nos dieux se sont vulgariss tout dun coup. Pourtant nous sommes avertis, on a su lchec de Babel, on connat le culte du Veau dor. Il nous reste ce ciel encore vide au dessus de nos ttes. Les avions ne font que le traverser, les satellites aussitt lancs le quittent, gardons le libre encore, libre de ces oliennes qui nous sont tellement trangres et qui, une fois leur mauvais coup fait, deviendront inutiles. Ne faisons pas confiance lconomie triomphante pour nettoyer les traces de ces dlits. Elle nous abandonnera ces carcasses gantes pour crime dobsolescence et dabsence de profit. Que pourra ton faire sinon den dpolluer le paysage.

  • 6 Les oliennes, belles comme Crsus

    par

    Marcel BOITEUX Membre de lAcadmie des Sciences Morales et Politiques

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    Les oliennes, belles comme crsus

    Lnergie olienne, comme lnergie solaire, taient autrefois qualifies dnergies gratuites : elles sont fournies par la Nature et il suffit de les capter. Mais le charbon aussi est un produit de la Nature, et il suffit daller le chercher dans des sous-sols plus ou moins profonds. En fait, extraire, capter sont des activits coteuses, et lexprience montre malheureusement quil ny a pas plus onreux que les nergies gratuites.

    Dautant quaux cots marchands dextraction ou de captage sajoutent des nuisances, bien connues pour le charbon, mais de plus en plus videntes pour les oliennes : nuisances sonores, nuisances esthtiques. La contribution des oliennes la satisfaction des besoins de nos contemporains justifie-t-elle les nuisances dont elles sont responsables ?

    Le dfaut majeur des oliennes, cest quon ne peut compter sur elles. Pas dlectricit quand le vent est trop faible, rien non plus quand il est trop fort car il faut mettre les pales en drapeau pour viter que le vent les arrache. Ds lors, quand on vient vous expliquer que le prix de revient du Kwh olien nest gure plus lev que ce que vous cote en moyenne le kwh domestique livr par EDF votre domicile, lorsquon vous assure quavec un petit parc dolienne on produira autant de Kwh quen consomme la ville de Bordeaux, la question qui se pose est dune limpide clart : a-t-on affaire un botien ou un imposteur intress ?

    Si les bordelais acceptent de rester dans le noir pendant les trois quarts du temps, quitte consommer quatre fois plus que leurs besoins habituels quand le vent souffle, le propos est certes valable. Sinon, il faut prendre conscience de ce que le raccordement dune olienne au rseau implique la construction parallle dun morceau de centrale EDF de mme dbit pour remplacer lolienne quand le vent nest pas bon. Et comme il ny a pas de vent dans les situations anticycloniques de grand froid, les oliennes se substituent bien moins en France aux centrales fuel ou charbon auxquelles il faut faire appel lors des pointes de froid, qu la production des centrales nuclaires : do suit quon conomise surtout de luranium, beaucoup moins coteux que le fuel ou le charbon, et trs peu dmissions de gaz carbonique.

    Il est clair, cela tant, que si le Kwh olien tait pay au service rendu remplacer des Kwh nuclaires et, de temps autre, des Kwh ptroliers les oliennes appartiendraient encore au secteur des nergies futuristes. Mais le parlement et/ou le gouvernement ont dcid au nom du peuple souverain que le Kwh olien, qui cote son fournisseur environ deux fois plus cher quil ne rapporte EDF, serait pay au dit fournisseur trois fois plus cher (au moins pendant quelques annes). Do lnorme pression des candidats producteurs de plus en plus souvent capitaux trangers qui brlent de profiter de cette manne, et les moyens abondants dont disposent les propagandistes de lolien pour abuser de la confiance du public. Car il faut lavoir vcu pour bien saisir

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    ce quimplique le caractre rigoureusement non stockable du Kwh lectrique : mme parmi ceux qui croient finalement lavoir compris notamment Bruxelles peu nombreux sont les quelques spcialistes capables den tirer toutes les consquences.

    Faut-il pour autant renoncer dfinitivement aux oliennes ? Si, comme ce fut le cas pour le nuclaire avec la fission de latome, une dcouverte fondamentale ouvrait un champ nouveau la captation de lnergie olienne, la question se poserait dy consacrer beaucoup dargent pour exploiter le plus vite possible le domaine encore vierge ainsi offert lhumanit. Mais comme rien de tel na eu lieu jusquici, il faut se contenter, en attendant, de vivre au rythme du progrs gnral des techniques et des matriaux, pas pas, une anne aprs lautre, et considrer quon en est encore au stade de la recherche-dveloppement. Pour concrtiser les progrs enregistrs, et conserver des quipes motives, il est concevable de construire de temps en temps une nouvelle olienne, subventionne. Mais cest pur gaspillage que den construire plusieurs identiques pour profiter dun effet de srie. Car, tant que la production en srie reste conomiquement dficitaire, on ne fait que rduire le dficit unitaire tout en augmentant le dficit total.

    Moralit : le dveloppement actuel des oliennes doit trouver une autre justification quconomique ou cologique. Embellir le paysage ? Ce semble tre un avis non partag. Eviter due proportion une production dnergie nuclaire (qui, elle, vite vraiment leffet de serre) ? Cest peut-tre l lexplication de la sollicitude coteuse dont bnficie lindustrie des oliennes. Mais supposer que ce soit le cas, il y avait quand-mme des solutions moins nfastes aux paysages et aux consommateurs, dussent quelques nouveaux Crsus en souffrir.

  • 7 LEnergie du vent

    par

    Yann ARTHUS-BERTRAND Membre de la section de Photographie

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    Lnergie du vent Certains creusent le sol pour en retirer de lnergie et laissent derrire eux de grands trous, dautres grands frais barrent les fleuves et inondent des terres vivantes et prcieuses; dautres encore hissent vers le ciel des mts et des grandes ailes. Cette nergie-l, cest celle du vent et indirectement celle du soleil. Mais le courant dair inaltrable lui ne sarrte jamais. Mise part la chaleur du centre de la Terre, toute nergie sur notre plante appartient au soleil. Les organismes vivants ( quelques exceptions prs) tirent leur force des rayons du soleil. Cest la seule nergie qui donne la vie la vie. Nous en dpendons mme si nous, les hommes, croyons nous en affranchir quand nous recourons lnergie issue de la fission nuclaire. Aucune forme de vie ne repose sur la radioactivit. Le charbon, le ptrole, le gaz naturel ne sont que de lnergie solaire stocke, en quantit limite, sur des millions et des millions dannes par la vie. Le bois est aussi de lnergie solaire mise en rserve. En brlant du bois, les hommes la librent, la transmettent, ils ne la crent pas. Mais lnergie dilapide de ces millions de tonnes de charbon, de ptrole, de gaz et de bois nest pas sans consquences. Nous commenons nous rendre compte des dsordres que nous avons engendrs. La plante nest plus en mesure damortir limpact de notre consommation dnergie. Contrairement la matire, lnergie ne se recycle pas. Elle schappe et se perd. Cest pour cela que nous ne devrions pas gaspiller comme nous le faisons les nergies fossiles. Nous devrions nous concentrer sur celles quon appelle renouvelables. Cest pour toutes ces raisons que lnergie olienne me fascine. Ses avantages sont nombreux. Elle ne dtruit pas la nature. Elle ne pollue ni leau, ni lair. Elle ne produit pas de dchets. Surtout, une olienne ne rejette pas de gaz effet de serre. Selon les scientifiques, si nous voulons viter une catastrophe climatique, les habitants de la plante devront rduire de moiti leurs missions de gaz carbonique dici 2050. Afin de laisser aux pays les plus pauvres une chance de se dvelopper, les pays riches dont la France devront diviser par quatre leur consommation dnergie fossile et non renouvelable. Alors quon mesure dj les premiers effets du rchauffement du climat de la Terre li laccumulation de gaz effet de serre dans latmosphre, le dveloppement spectaculaire de lnergie du vent est pour moi un signe encourageant. Cest comme cela que je ressens les choses. Mme si les oliennes doivent tre espaces les unes des autres, leur emprise au sol est faible : quelques mtres carrs. On peut les installer au milieu des champs sans renoncer y pratiquer lagriculture. Cest une nergie locale. Contrairement une centrale thermique, il ny a pas de transport de combustibles. Le combustible ncessaire est dj sur place, l mme o est installe la turbine, et il est gratuit. Sil faut de lnergie pour construire une olienne (et parfois un peu dnergie fossile, mettrice de gaz effet de serre), celle-ci est compense au bout de quelques semaines. On lui connat quelques inconvnients. Les arognrateurs ne produisent pas de llectricit de manire continue. Cest fonction de lhumeur du vent. Et celui-ci ne souffle pas en tout temps et en tout lieu. Il y a des endroits sur la plante o les vents ne sont jamais que des brises. Mais ce nest pas rdhibitoire. De la mme manire quelles savent rpondre la demande, les compagnies lectriques savent grer la disponibilit des diffrentes sources dnergie. L o les oliennes sont nombreuses, elle peuvent fournir plus de 30 % de llectricit consomme comme au Danemark, dans le Schleswig-Holstein ou en Navarre.

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    Certains trouvent les oliennes inesthtiques et bruyantes. Je pense que cest un combat vain que de refuser les oliennes. Cest une beaut utile. Cest cette utilit mme qui les rend belles. Dans quelques annes, on voudra les garder comme on prserve et on restaure aujourdhui les moulins vent. Elles ont aussi cette autre qualit : si on nen veut pas ou plus, on peut les dmonter. Il y a quelques semaines, je me trouvais en Californie, parmi 5 000 oliennes, jch 40 mtres au-dessus du sol sur la nacelle de lune delles. Tous ces engins tournaient en ne faisant pas plus de bruit que le vent dans les branches dun arbre ou la rumeur lointaine de locan. Les oiseaux, surtout les migrateurs, qui recherchent aussi les vents favorables, sont parfois victimes de collisions mais les oliennes sont bien moins meurtrires que les lignes haute-tension ou les antennes relais. Lnergie du vent, condition quon demande leur avis ceux qui accueilleront chez eux ces grands moulins, nous offre un avenir que dautres nergies nous refusent. Le dveloppement durable ne peut se faire quavec les gens. Cest mon travail de les convaincre avec mes photos.

  • 8 Les oliennes et la sant publique

    par

    le Professeur Claude-Henri CHOUARD

    Membre de lAcadmie nationale de Mdecine Ancien Chef du Service ORL

    de lHpital Saint-Antoine Professeur Emrite des Universits

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    Le groupe de travail de lAcadmie Nationale de Mdecine - compos par MM. Louis Auquier, Jean-Paul Bonhoure, Jean Cauchoix, Yves Chapuis, Franois Legent, Henri Lo, Pierre Pne, Patrice Tran Bab Huy - prsid par Claude-Henri Chouard, a tudi, parmi les rticences suscites par linstallation des oliennes, celles qui intressent la sant de lhomme. Il estime : que la production dinfrasons par les oliennes est, leur voisinage immdiat, bien analyse et trs modre : elle est sans danger pour lhomme ; quil ny a pas de risques avrs de stimulation visuelle stroboscopique par la rotation des pales des oliennes ; que les risques traumatiques lis linstallation, au fonctionnement et au dmontage de ces engins sont prvus et prvenus par la rglementation en vigueur pour les sites industriels, qui sapplique cette phase de linstallation et de la dmolition des sites oliens devenus obsoltes. Il constate : - que les vrais risques du fonctionnement des oliennes sont lis lventualit dun traumatisme sonore chronique, dont les paramtres physiopathologiques de survenue sont bien connus, et dont limpact dpend directement de la distance sparant lolienne des lieux de vie, ou de travail, des populations riveraines. Il observe : - que la rglementation actuelle, relative limpact sur la sant du bruit induit par ces engins ne tient pas compte : de leur nature industrielle ; de la grande irrgularit des signaux sonores mis par ces machines ; des progrs techniques dans la simulation et lenregistrement au long cours des impacts sonores. - que ni les installateurs doliennes, ni les pouvoirs publics, ni les associations nont tabli de statistique indiquant, pour chaque olienne (ou parc doliennes), prive ou publique, la distance sparant chaque engin de lhabitation la plus proche. Recommandations du groupe de travail Pour faire la preuve de lventuelle nocivit du bruit olien pour lhomme, lAcadmie estime indispensable que soient entreprises deux types dtudes comportant : la mise au point dune procdure ralisant lenregistrement, sur une priode longue de plusieurs semaines, du bruit induit par les oliennes dans les habitations, puis son analyse diffrentes chelles temporelles, afin dappliquer cette expertise aux populations intresses. une enqute pidmiologique sur les consquences sanitaires ventuelles de ce bruit olien sur les populations, qui seront corrles avec la distance dimplantation de ces engins, et les rsultats des mesures proposes ci-dessus.

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    En attendant les rsultats de ces tudes, lAcadmie recommande aux pouvoirs publics que ds maintenant : titre conservatoire soit suspendue la construction des oliennes dune puissance suprieure 2,5 MW situes moins de 1500 mtres des habitations. larticle 98 de la loi du 2 juillet 2003 soit modifi comme il se doit, pour que les oliennes, ds quelles dpassent une certaine puissance, soient considres comme des installations industrielles et que leur implantation soit dsormais soumise une rglementation spcifique tenant compte des nuisances sonores trs particulires quelles induisent.

  • 9 Les oliennes et le patrimoine

    par

    Christian PATTYN

    Ancien Directeur du Patrimoine (Ministre de la Culture)

    Prsident de la Ligue urbaine et rurale

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    Dclaration commune des associations nationales

    de sauvegarde du patrimoine bti et paysager Reconnues dutilit publique

    1er fvrier 2005

    Les associations nationales, reconnues dutilit publique, de dfense du patrimoine bti et paysager, constatant avec inquitude la multiplication anarchique des projets doliennes sur notre territoire, constatant que les lois et rglements existants pour la protection et la mise en valeur de notre patrimoine bti et paysager se rvlent totalement inadapts face aux caractristiques de ces machines, constatant que le dbat public avec les habitants na souvent pas lieu, ou quil lest sans quune information suffisante, impartiale et transparente, soit donne, constatant que, dans ces conditions, les projets font se dchirer les communauts dhabitants, faute davoir fait monter la connaissance et la comptence tant chez les lus que parmi la population, constatant que les promoteurs des projets mettent en exergue le caractre non polluant et conforme au dveloppement durable de leurs installations sans tenir compte de ce quest rellement le dveloppement durable, constatant que de nombreux projets sont monts avec une ampleur volontairement limite de faon pouvoir bnficier davantages financiers, constatant que les montants financiers en jeu perturbent les jugements individuels et aveuglent les esprits des responsables municipaux ou des propritaires de terrains ; fortes de leurs dizaines de milliers dadhrents attachs la protection du patrimoine bti et paysager, affirment que, en matire denvironnement et de dveloppement durable, la prservation des paysages est un objectif majeur et non une contrainte, et que la rduction des missions de gaz effet de serre doit passer avant la production dlectricit partir de sources renouvelables, demandent : En matire de comptence : que le prfet du dpartement reste lautorit comptente pour loctroi du permis de construire des oliennes, sur avis de la commission dpartementale charge des sites et aprs avoir consult les maires des communes intresses, les services dconcentrs de

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    lEtat et stre assur dune concertation pralable suffisante avec les populations concernes ; En matire de dmocratie et de prise en compte des aspirations du citoyen : que les prfets rejettent toutes les demandes de cration de sites oliens qui nauraient pas fait lobjet, avant toute formalit administrative, dun dbat dmocratique suffisant et dune concertation avec les habitants, comprenant linformation et la formation ventuellement ncessaire pour que les vritables enjeux soient compris ; En matire de protection du patrimoine bti et paysager : que, dans lattente dune nouvelle rglementation, soit refus tout projet en vue dun monument historique, ou situ dans une zone naturelle protge en raison de la qualit de son paysage ; que des schmas directeurs prcisant des zones dexclusion et des zones admissibles pour limplantation doliennes soient tablis, dune manire obligatoire, sous lautorit des prfets, aprs une large concertation notamment avec des associations significativement reprsentatives de dfense et de mise en valeur du patrimoine ; quune tude dimpact soit ralise pour tout projet olien, quelle que soit la puissance installe, par des professionnels rellement indpendants et aux frais du promoteur, sous le contrle notamment des associations de sauvegarde, prenant en compte tous les aspects du dveloppement durable ; que les prfets prennent mieux en compte les avis des services dconcentrs de lEtat et quaucun projet ne soit autoris si ceux-ci ont mis des avis dfavorables ; En matire dadaptation de la rglementation : que notre pays se dote de nouvelles rglementations adaptes aux dimensions et limpact visuel des projets darognrateurs ; que les conditions de puissance installe et dachat de llectricit produite soient revues pour ne pas conduire, du fait des montants prvus ou de la rpartition qui en est faite entre les diffrents acteurs, laveuglement et laltration des jugements, ainsi quau mitage des paysages ; que les projets doliennes soient considrs comme des installations industrielles et traites comme telles.

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    Appendice : Liste des associations signataires FNASSEM Fdration Nationale des Associations de Sauvegarde des Sites et des Ensembles Monumentaux reconnue dutilit publique par dcret du 11 janvier 1983 32, rue Victor Hugo, 92800 Puteaux Tl. : 01 41 18 50 70 www.associations-patrimoine.org La Demeure Historique Association des monuments historiques privs reconnue dutilit publique par dcret du 29 janvier 1965 57, quai de la Tournelle, 75005 Paris Tl. : 01 55 42 60 00 www.demeure-historique.org Ligue Urbaine et Rurale reconnue dutilit publique par dcret du 27 aot 1970 8, rue Meissonier, 75017 Paris Tl. : 01 42 67 06 06 Maisons Paysannes de France reconnue dutilit publique par dcret du 20 mars 1985 8, passage des Deux-Surs, 75009 Paris Tl. : 01 44 83 63 63 www.maisons-paysannes.org REMPART Union des associations pour la Rhabilitation et lEntretien des Monuments et du Patrimoine Artistique reconnue dutilit publique par dcret du 13 juillet 1982 1, rue des Guillemites, 75004 Paris Tl. : 01 42 71 96 55 www.rempart.com

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    Sauvegarde de lArt Franais reconnue dutilit publique par dcret du 22 novembre 1925 22, rue de Douai, 75009 Paris Tl. : 01 48 74 49 82 e-mail : [email protected] Socit pour la Protection des Paysages et de lEsthtique de la France reconnue dutilit publique par dcret du 7 novembre 1936 39, avenue de la Motte-Picquet, 75007 Paris Tl. : 01 47 05 37 71 sppef.free.fr Vieilles Maisons Franaises reconnue dutilit publique par dcret du 2 mai 1963 93, rue de lUniversit, 75007 Paris Tl. : 01 40 62 61 71 www.vmf.net

  • 10 Les Eoliennes et les finances publiques

    par

    Henri PRVOT

    Directeur des nergies nouvelles Section des nergies renouvelables

    (Ministre de lEconomie, des Finances et de lIndustrie)

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    Les oliennes dans la politique nationale de lnergie La politique franaise de lnergie sinscrit dans un contexte europen tout en prsentant des traits spcifiques. La part confie la production nuclaire est en France trs suprieure la moyenne europenne, alors que certains pays ont pris le parti de renoncer compltement ce mode de production. En sens inverse, plusieurs pays, notamment ceux du Nord, ont obtenu que lUnion europenne fixe chaque pays un objectif de production dlectricit partir dnergie renouvelable, savoir lhydraulique, le photovoltaque, la biomasse ou lolien. Le chiffre fix pour la France, avec son accord, est de 21% ; il a t inscrit dans la loi et toutes les dcisions relatives la production dlectricit sy rfrent. Comme les possibilits de production dlectricit hydraulique, avec 15% de la production dlectricit, sont pratiquement satures, que llectricit photovoltaque cote vraiment trop cher et que lon saccorde en gnral pour considrer que la biomasse est plus efficacement utilise comme source de chaleur que pour produire de llectricit avec un faible rendement, pour augmenter la part de production dorigine renouvelable il fallait crer dimportantes capacits de production olienne, sur terre ou en mer. La loi avait donn lEtat les moyens dy parvenir : obliger EDF acheter cette lectricit un prix qui soit suffisamment rmunrateur. Il ne pourra certes pas tre reproch lEtat ni son administration de ne pas avoir pris les mesures propres dvelopper le parc des oliennes. La Commission de rgulation de lnergie, qui a parmi ses responsabilits de donner un avis sur les prix de reprise de llectricit fixs par le gouvernement, a calcul que le prix fix pour les oliennes assure aux producteurs une rentabilit sur investissement tellement confortable quelle a donn un avis ngatif puisque les producteurs sont srs de pouvoir vendre leur lectricit quel que soit le niveau de la demande et mme sil faut pour cela ralentir le fonctionnement des centrales nuclaires. Il nest donc pas tonnant que les projets se soient multiplis au point de susciter des ractions parfois assez vives des personnes vivant au voisinage, qui se voient imposer une modification du paysage et parfois dautres gnes. Ce prix fix ainsi en dehors de rgles du march est support par lensemble des consommateurs dlectricit. Il sexplique par la volont de crer un nouveau march, de diversifier les sources de production dlectricit et de diminuer les missions de gaz effet de serre. En effet, tant que la capacit de production nuclaire est fige son niveau actuel, les oliennes remplaceront des centrales au gaz ou au fioul lorsque la production nuclaire ne suffit pas rpondre la demande. Encore faut-il qualors, le vent souffle suffisamment. Les oliennes contribuent ainsi diminuer nos missions de gaz carbonique pendant un sixime du temps environ. Mais sil est dcid de construire de nouvelles centrales nuclaires, les oliennes, dont la production est fluctuante et peu prvisible, ne prsenteront plus de ce point de vue aucun intrt ; au contraire, il sera ncessaire de garder en fonctionnement des centrales au charbon ou au fioul pour compenser instantanment les variations de la production olienne.

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    Les entreprises de ce secteur industriel disposent donc de quelques annes pour relever ce dfi de la comptitivit par rapport lnergie nuclaire, cest dire diviser leurs prix de revient par deux. Alors il appartiendra aux citoyens et leurs reprsentants de dcider de limportance quils entendent donner ce mode de production qui, de toute faon, comme semble le montrer lexprience allemande, ne dpassera sans doute pas quelques pourcents de la production dlectricit. Mais, quel que soit leur avenir, les oliennes construites en ce dbut du XXIme sicle resteront longtemps dans le paysage et marqueront une tape sur la voie un peu ttonnante emprunte par notre pays pour saffranchir encore davantage de lemprise des nergies fossiles en sinspirant, avec modestie, de lexemple de ses voisins et en acceptant une discipline europenne beaucoup moins justifie chez nous que dans dautre pays qui, pour lheure, ont fait un choix nergtique diffrent.

  • 11 Frnsie olienne, le chant des sirnes

    par

    Didier WIRTH

    Comit des Parcs et Jardins de France

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    Frnsie olienne : le chant des sirnes

    En France, les oliennes industrielles ne se multiplient quen raison de lobligation dachat impose EDF par le gouvernement. Auparavant, jamais EDF navait dpass le stade des essais oliens. La justification de cette intervention de lEtat serait de contribuer au dveloppement durable de notre production dlectricit. Le vrai dveloppement durable serait de mettre en oeuvre de nouvelles sources dnergie propre et constante qui aient la capacit de remplacer ou de diminuer le nuclaire. Les promoteurs de lolien entretiennent le mirage de leur capacit y participer. Un saccage hautement subventionn du paysage a titr rcemment Le Spiegel. En Allemagne, les 16 000 oliennes dj construites ne produisent que 4% de llectricit, avec les incidents lis lintermittence, en particulier la coupure automatique ds que le vent dpasse une certaine vitesse. Au moins les oliennes allemandes tournent-elles la place de centrales lectriques charbon !

    Alors quen France, notre lectricit provient seulement pour 4% des centrales thermiques, le reste (89% nuclaire et 7% hydraulique) 1 ne produisant aucun gaz effet de serre. Au contraire, lintermittence des oliennes contribue la mise en chantier de nouvelles centrales gaz pour pouvoir absorber les variations du vent. Dans tous les cas, il nous faut, sans pouvoir y inclure les oliennes, une capacit fiable tout instant permettant de rpondre aux besoins nationaux, indpendamment du vent. Nos centrales actuelles lassurent jusquen 2012, et nous exportons parfois jusqu 15% de notre production. Quand le vent se lve, lnergie olienne supplmentaire est achete par EDF 82 euros le MWh (Mga Watt/heure) alors que le cot variable du MWh nuclaire est de 6 euros 2. Une olienne de puissance 1 MW produit en moyenne annuelle sur la France lquivalent de 2200 heures pleine puissance (contre 1700 heures par an moyenne allemande). Sa production annuelle est donc de 2200 MWh, ce qui engendre un surcot annuel de 2200 x 76 euros (82-6), soit 167 200 euros. Mille oliennes de 1 MW provoquent un surcot annuel de 167 millions deuros pour la collectivit franaise. Fin 2006, nous les avons dj. Le gouvernement en prvoit 10 000 dans quatre ans ! Nous devons agir vite et tous ensemble pour viter la dnaturation massive de nos paysages, les nuisances pour les populations riveraines, et le dvoiement de nos capacits dinvestissement. Il est urgent de convaincre les lus autour de nous. Larrt du ministre dlgu lIndustrie en date du 10 juillet 2006, garantit pour 15 ans des conditions qui offrent aux promoteurs une telle rente que les demandes de permis se multiplient de faon exponentielle. Les zones de dveloppement olien (ZDE) offrent une protection illusoire et de nombreux exemples prouvent dj que des permis sont accords en pleine perspective de monuments historiques et de sites classs ou dans des parcs naturels protgs. (1) EDF bilan 2005 (2) Journal officiel 27 juillet 2006

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    Ni les prfets, ni les associations locales ne peuvent rsister au dferlement de projets bien videmment soutenus par les maires et autres collectivits territoriales, tous sduits par la promesse de taxes professionnelles leves, avec la fausse perspective de diminuer les gaz effet de serre et la fausse ide quil faut rattraper lAllemagne ou le Danemark. Plus de 350 associations locales sefforcent darrter limplantation des oliennes, mais seule la correction de lexcessive rentabilit garantie peut empcher la rue vers lor . Ces associations ont dpos un recours devant le Conseil dEtat contre larrt ci-dessus, fond sur larticle 36 de la loi de programme du 13 juillet 2005 qui prcise que les conditions dachat ne peuvent conduire une rmunration des capitaux immobiliss excdant une rmunration normale, compte tenu des risques inhrents ces activits et de la garantie dont bnficient ces installations dcouler lintgralit de leur production un tarif dtermin . Linvestissement ncessaire 10 000 oliennes sera de 12 milliards deuros plus les frais de raccordement et de rgulation, valus 3 milliards deuros. Ces oliennes engendreront un surcot annuel de 1,67 milliards deuros, en grande partie pay par les consommateurs franais grce la Contribution au Service Public de lElectricit (dernire ligne de nos factures EDF). En outre, elles constitueront un risque dincident majeur sur le rseau lectrique et feront double emploi avec nos centrales dj construites, diminuant leur marche rgulire.

    Avec au mieux 4% de notre consommation lectrique, et sans pouvoir diminuer les autres investissements ncessaires une production fiable de capacit maximale (pointe), cest un gchis financier dont leffet sera de dtruire lharmonie des paysages franais et des hommes qui y vivent. Didier Wirth Comit des Parcs et Jardins de France novembre 2006 www.parcsetjardins.fr www.ventdecolere.org

  • - 53 - 53 Nuisances des oliennes - sant des populations voisines : bruit, infrasons, effet stroboscopique - scurit des riverains : projection de glace ou de morceaux de pales, foudre - perturbation de lconomie locale : tourisme sinistr, immobilier dvalu - dnaturation des paysages, sites classs et monuments historiques - perturbation de la faune, destruction des oiseaux - perturbation des transmissions : radio FM, tlvision, radars - fragilisation du rseau lectrique, black out La Commission de Rgulation de lEnergie (CRE) Cre en 2000, la CRE est dirige par un conseil de 7 membres et emploie 120 personnes. Elle dispose d'un statut garantissant l'indpendance des missions gnralement dvolues aux autorits administratives indpendantes charges de la rgulation d'un secteur conomique en voie d'ouverture la concurrence et marqu par la prsence d'oprateurs publics. Le 7 Juin 2006, le gouvernement saisit pour avis la CRE dun projet darrt rendant encore plus attractives les conditions d'achat de l'lectricit produite par les installations utilisant l'nergie mcanique du vent. Au terme d'une analyse complte et remarquablement argumente, la CRE sous la prsidence de Philippe de Ladoucette, met le 29 Juin un avis dfavorable : La Commission considre que le tarif propos qui sajoute lensemble des dispositifs fiscaux en vigueur, reprsente un soutien disproportionn la filire olienne au regard du bnfice attendu. Ds le 10 juillet 2006, le gouvernement ne tenant pas compte de lavis de la CRE, prend son arrt. La publication au Journal Officiel (JO), intervient le 26 Juillet 2006, alors que l'avis dfavorable de la CRE n'est publi au JO, que le 27 Juillet 2006. Ce scnario reproduit avec une troublante similitude ce qui s'tait pass lorsque la CRE avait t saisie le 14 Mai 2001 par le Gouvernement de Lionel Jospin dun projet darrt fixant les conditions dachat de llectricit produite par les centrales oliennes. La CRE mettait en date du 5 Juin 2001, un avis dfavorable: ...Le tarif propos entrane des rentes indues aux promoteurs olienset reprsente un moyen exagrment coteux pour la collectivit.... Le gouvernement avait l'poque ignor l'avis de la CRE quil venait tout juste de mettre en place et prenait son arrt en date du 22 Juin 2001. Eoliennes en Europe Lnergie olienne a sa valeur dans certains pays : le Danemark dont llectricit est produite par le charbon (90%) et le fuel (10%), lAllemagne, lEspagne ; ces trois pays nayant pas de nuclaire ou y ayant renonc. La France, la Sude, la Norvge, la Belgique, la Suisse ont des parcs nuclaire ou hydraulique importants et nont aucun intrt raisonnable lolien. Le parc olien allemand, le plus grand dEurope a mis en difficult le rseau pendant la priode de froid en dcembre 2001 et nouveau pendant la canicule de lt 2003. Chaque fois, les anticyclones rgnant sur lEurope par grand froid ou grande chaleur vont prsenter des risques critiques. Malheureusement, la puissance de secours ne peut sy faire quavec des centrales thermiques donc avec mission de gaz effet de serre.

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  • 12 Conclusion de lAcadmie des Beaux-Arts

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    Les Eoliennes

    Conclusion de lAcadmie des Beaux-Arts

    * * * * * Lune des missions prpondrantes de l'Acadmie des Beaux-Arts est de veiller la conservation et au dveloppement harmonieux de notre patrimoine. Au vu des considrations exposes ci-dessus, elle affirme : 1) Que les oliennes, machines de 150 mtres de haut, sont en contradiction avec la tradition franaise qui a toujours consist jusqu' prsent harmoniser larchitecture, mme insolite, avec le paysage en respectant son chelle. La confrontation de telles installations, que les promoteurs envisagent dinstaller aujourdhui de manire massive, avec les sites remarquables et les paysages de qualit qui ont valu la France le titre de premire destination touristique mondiale, est difficilement acceptable. 2) Que les oliennes ne participent pas la lutte contre les missions de gaz effet de serre : en effet, aucune production nest aussi variable et aussi imprdictible que lolien industriel et son dveloppement ne peut quinduire une augmentation dmission de gaz effet de serre, par la ncessit dinstaller des groupes de substitution qui fonctionnent partir du gaz. 3) Que les oliennes engendrent dautres nuisances : un bruit variable et difficilement supportable pour le proche environnement, des risques daccidents, ruptures de pales, dtachement de blocs de glace 4) Que les oliennes, depuis le dcret du 8 juin 2001, renforc par larrt du 10 juillet 2006, qui garantit, pour une dure de 15 ans, lobligation faite EDF dacheter le courant olien un tarif trs largement suprieur au prix cotant, sont devenues un produit financier (avant de devenir ventuellement une bulle spculative). Do la forte pression exerce sur les commissions appeles donner leur avis et mme sur les prfets. LAcadmie des Beaux-Arts estime que la seule faon de protger les paysages franais serait dannuler ce dcret de 2001 et larrt de 2006. Dans tous les cas de figure, elle attire lattention de la puissance publique sur sa responsabilit face limplantation doliennes et lui propose de considrer limplantation doliennes comme une installation industrielle, et de la traiter comme telle. En matire de paysage : - de veiller lapplication stricte des lois et rglementations en vigueur. - den interdire limplantation dans les zones les plus sensibles quelle devra dterminer en en publiant la liste.

  • - 57 - En matire de bruit : - de dfinir la mthode dapproche pour crer les indispensables zones de protection des lieux de vie (habitat et travail) in situ et en vraie grandeur, la technologie actuelle le permettant. En matire de permis de construire : - de maintenir la comptence du prfet.

    Enfin, lAcadmie des Beaux-Arts recommande la puissance publique de faire prcder chaque dmarche administrative concernant limplantation doliennes, dune consultation dmocratique des populations concernes, dont lampleur devra tre dfinie, chaque fois, au cas par cas. Ces recommandations ont fait lobjet dune lettre adresse au Prsident de la Rpublique Nicolas Sarkozy le 29 octobre 2007.

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    En guise dappendice Quelques suggestions pour demain, la lumire dhier

    Claude Parent, novembre 2007

    Il semble quen dpit de nombreuses mises en garde manant des autorits les plus comptentes, lEtat soit dfinitivement engag dans le recours lnergie olienne eu gard son argument cologique. Mais, sil est trop tard pour ralentir quelque peu les projets engags ou dcids, il est encore temps de mettre en place une rflexion sur les dangers encourus par nos paysages par ces engins de 150 mtres de haut, quils soient isols ou regroups en bouquets , comme le disent potiquement leurs proslytes. Permettez-moi de rappeler la politique de la France lors de linstallation des centrales nuclaires ds 1974, politique laquelle jai t troitement associ pendant une vingtaine dannes, dirigeant pour EDF en tant quarchitecte extrieur la structure, le Plan Architecture du Nuclaire. Il sagissait de traiter ds lorigine, c'est--dire le plus en amont possible, tous les problmes relatifs limplantation de ces centrales (sur des emprises de 100 200 hectares), en termes darchitecture et denvironnement. Jai cr un Collge du Nuclaire de neuf architectes (dont trois Acadmiciens de la section dArchitecture, Paul Andreu, Roger Taillibert et moi-mme) associs obligatoirement des paysagistes et des coloristes conseil pour traiter de lintgration des centrales (avec des tours de rfrigration de 160 mtres de haut et de 200 m de diamtre) dans les paysages les plus sensibles du pays, en bordure des grands fleuves et sur les ctes des ocans. Les rsultats obtenus ont t considrs comme particulirement intressants de lavis des responsables de lenvironnement et des medias du moment. Lintrt de la mthode de travail du collge venait de lintervention des architectes lorigine dans le choix du site et ds la constitution du dossier de la DUP (dclaration dutilit publique), dossier considrable, donnant toutes les garanties de faisabilit et de russite esthtique. Les architectes intervenaient galement auprs de la population et publiaient pour chaque site un