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Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28 Doi : 10.1019/200720181
Résumé
Introduction Les allergies respiratoires ont fait l’objet de nom-breux travaux épidémiologiques au cours de la petite enfance,période critique pour le développement du système immunitaire.L’analyse d’une trentaine d’études épidémiologiques s’intéres-sant aux enfants de moins de trois ans en population généralepermet de dégager quelques tendances malgré l’hétérogénéitédes définitions cliniques de l’asthme et de la rhinite allergiqueutilisées.
État des connaissances L’asthme diagnostiqué par un méde-cin concerne 5 % des enfants âgés de deux ans. Si un tiers desenfants sifflent au cours d’une infection respiratoire avant 3 ans,seuls 7 % sifflent en dehors d’un épisode infectieux. La toux,équivalent d’asthme, et les symptômes d’obstruction bronchiquetouchent respectivement 15 % et 9 % des enfants avant deuxans. Quant à la rhinite allergique, sa prévalence à deux ans variede 1 à 30 % selon l’exigence de la définition utilisée.
Perspectives Les définitions des allergies respiratoires chez lenourrisson deviennent plus élaborées, intégrant l’histoire per-sonnelle et familiale d’allergie et les traitements ; la recherchese tourne désormais vers l’évaluation du risque de persistancedes symptômes dans laquelle les marqueurs biologiques d’ato-pie semblent prometteurs.
Conclusion Une meilleure définition des allergies respiratoiresà cet âge devrait aider la recherche épidémiologique.
Mots-clés : Asthme • Rhinite • Hypersensibilité • Nourrisson • Épidémiologie.
Réception version princeps à la Revue : 02.05.2007. Acceptation définitive : 04.07.2007.
Correspondance : L. Nikasinovic Laboratoire Santé Publique et Environnement EA 4064, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, 4 avenue de l’Observatoire, 75270 Paris cedex 06.
1 Laboratoire Santé Publique et Environnement, EA 4064-Université Paris Descartes, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, Paris, France.
2 Centre de l’Asthme et des Allergies, Groupe Hospitalier Trousseau-La Roche Guyon, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Université Pierre et Marie Curie, Paris 6, France.
Revue générale
Épidémiologie des allergies respiratoires chez le nourrisson
M. Herr1, L. Nikasinovic1, B. Clarisse1, I. Momas1, J. Just1, 2
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28
Allergies respiratoires du nourrisson
© 2007 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 1315
Summary
Introduction Allergic disorders of the respiratory tract havebeen the subject of many epidemiological studies, especiallyduring infancy which is known to be a critical period fordevelopment of the immune system. This paper aims to describethe prevalence of allergic respiratory disorders in childrenbelow three years of age in the general population, despite thelack of shared definition of asthma and allergic rhinitis amongstudies.
State of art Doctor-diagnosed asthma occurs in 5% of childrenbelow two years of age. One third of children below three yearsof age experience wheeze during a lower respiratory tract infec-tion, but only 7% of children wheeze apart from a respiratoryinfection. Asthma-like cough and bronchial obstruction symp-toms are reported in respectively 15% and 9% of children belowtwo years of age. Depending on the definition of allergic rhinitisused, its prevalence varies from 1 to 30% among two years oldchildren.
Perspectives Definitions of allergic respiratory tract disordersin infants become more elaborate involving parental and per-sonal history of allergy and medication; epidemiologicalresearch now attempts to identify, using biological evidence ofatopy, infants at risk of persistent allergic disorders.
Conclusions A better definition of allergic respiratory disordersin infants may help epidemiological research and early caremanagement.
Key-words: Asthma • Rhinitis • Hypersensitivity • Infant • Epidemiology.
Epidemiology of allergic respiratory disorders in infantsM. Herr, L. Nikasinovic, B. Clarisse, I. Momas, J. Just
Introduction
Les pathologies respiratoires allergiques telles quel’asthme et la rhinite allergique ont augmenté dans la plupartdes pays industrialisés au cours des vingt dernières années.L’asthme représente la plus fréquente des maladies infantileschroniques avec une prévalence cumulée de 7 % en France en1997 [1, 2]. Des facteurs génétiques et environnementauxsont impliqués dans la survenue de ces pathologies où desphénomènes inflammatoires et allergiques coexistent. Cesaffections constituent un problème de Santé publique et fontl’objet de nombreuses investigations, notamment chezl’enfant. En effet, la petite enfance est une période où l’enfantest particulièrement vulnérable et où le système immunitaires’éduque en fonction de son environnement [3]. De nom-breux travaux épidémiologiques suivent donc les enfantsdepuis leur naissance pour décrire l’histoire naturelle del’asthme et de l’allergie [4-14]. Cependant, faute de défini-tions cliniques et épidémiologiques consensuelles, l’étude deces maladies est rendue complexe et les comparaisons inter-études difficiles.
Chez l’adulte, la manifestation clinique habituelle del’asthme est la crise dyspnéique expiratoire sifflante. Les autressymptômes moins spécifiques sont la toux sèche, la gêne oul’oppression thoracique et la dyspnée d’effort. Mais quelle quesoit la traduction clinique de la maladie, la présomption dediagnostic est renforcée par les explorations fonctionnellesrespiratoires (EFR). Le problème se pose chez les nourrissonspour lesquels les EFR sont rarement réalisées et chez lesquelson préfère généralement parler de sifflements associés à desviroses que d’asthme bronchique. Ces sifflements s’expliquentpar le faible diamètre des voies aériennes à cet âge et disparais-sent en général à l’âge de l’entrée à l’école [7]. L’asthme quipersiste pendant l’enfance et à l’âge adulte est souvent denature allergique et associé à une inflammation chronique desvoies aériennes que l’on ne retrouve pas dans les sifflements aucours d’épisodes infectieux [15].
Dans les études épidémiologiques, la définition del’asthme chez le nourrisson fait intervenir divers arguments,cliniques, thérapeutiques, biologiques et familiaux. D’unpoint de vue clinique, les symptômes évocateurs d’asthmechez l’enfant sont les crises de dyspnée, les sifflements dans lapoitrine et les épisodes de toux répétés [16]. L’utilisation detraitements bronchodilatateurs et anti-inflammatoires est éga-lement un élément intéressant en épidémiologie car l’effica-cité de ces traitements est un argument supplémentaire enfaveur d’un diagnostic d’asthme évoqué à partir de la sympto-matologie [15, 16]. La caractéristique allergique de l’asthmerepose sur plusieurs arguments. Une enquête allergologiquerecherche un lien entre la survenue des symptômes et l’exposi-tion à un allergène particulier. Les antécédents familiauxd’asthme et d’allergie sont également de précieux indices quipermettent d’orienter le diagnostic vers un asthme d’origineallergique. Enfin, bien qu’il n’existe pas de marqueur biologi-que spécifique de l’asthme allergique, la biologie peut égale-
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ment aider au diagnostic de l’asthme allergique via desmarqueurs indirects liés à l’atopie : l’hyperéosinophilie etl’élévation des immunoglobulines E (IgE) totales et surtoutspécifiques [17].
La rhinite allergique est moins fréquemment étudiée quel’asthme dans les études épidémiologiques. Pourtant, il estadmis que la rhinite allergique est la plus fréquente des mani-festations allergiques chez l’enfant et l’adulte jeune [18]. Ellese caractérise par une présentation clinique hétérogène avecun ou plusieurs des symptômes suivants : éternuements,rhinorrhée claire et aqueuse, prurit nasal et congestion nasale[18]. Le diagnostic de rhinite allergique nécessite la mise enévidence de l’allergie grâce aux tests allergologiques cutanésou au dosage des IgE spécifiques. La rhinite allergique sedéclare plus particulièrement pendant l’enfance : 40 % descas apparaissent avant six ans et un enfant sur cinq développeles symptômes entre deux et trois ans [19]. Chez le nourris-son, les symptômes peuvent être plus difficiles à reconnaîtreque chez l’enfant plus âgé ou l’adulte : l’enfant en bas âgerenifle car il ne sait pas se moucher et ne peut pas exprimer lagêne occasionnée par la congestion ou le prurit nasal si cen’est par des modifications du comportement ou du sommeil.De plus, les symptômes sont parfois mis sur le compted’infections de la sphère respiratoire haute qui perdurent et larhinite allergique est, par conséquent, sous-diagnostiquée[19]. De ce fait, la question « Le médecin a-t-il déjà diagnosti-qué une rhinite allergique chez votre enfant ? » à elle seule n’estpas suffisante pour étudier l’épidémiologie de la rhinite aller-gique. C’est pourquoi un nouvel outil épidémiologique, le« Score For Allergic Rhinitis » (SFAR) a été développé pouridentifier la rhinite allergique en l’absence de diagnosticmédical et de preuve d’allergie. Le SFAR est un score comprisentre 0 et 16, reposant sur les symptômes de la rhinite allergi-que, leurs circonstances d’apparition, les résultats d’éventuelstests allergologiques ou encore sur les antécédents familiauxd’allergie. Ce score a d’abord été validé chez l’adulte [20] puisson utilisation a été récemment élargie à l’enfant de plus detrois ans [21] mais pas encore à l’enfant plus jeune.
• L’incidence des pathologies respiratoires allergiques telles que l’asthme et la rhinite allergique a augmenté dans la plupart des pays industrialisés ces vingt dernières années.• L’asthme qui persiste pendant l’enfance et à l’âge adulte est souvent allergique et diffère des sifflements au cours d’épisodes infectieux.• Il existe un nouvel outil épidémiologique, le « Score For Allergic Rhinitis » (SFAR) permettant d’identifier la rhinite allergique.
Dans ce contexte, cet article se propose de rassembler lesrésultats des études épidémiologiques sur la symptomatologierespiratoire allergique et les marqueurs biologiques d’atopie
chez le nourrisson en population générale. L’objectif de cettesynthèse est 1) d’identifier les principaux indicateurs d’asthmeet de rhinite allergique choisis dans les études et 2) de décrirel’épidémiologie de ces affections chez l’enfant de moins detrois ans.
L’interrogation de la base de données PubMed a étéeffectuée en utilisant les combinaisons de mots-clés suivants :asthma, wheezing, cough, bronchitis, atopy, allergy, allergicrhinitis, total IgE, specific IgE, eosinophilia, infant, epidemio-logy. Les études épidémiologiques retenues décrivent la symp-tomatologie respiratoire et allergique et/ou les valeurs desmarqueurs biologiques d’atopie chez des enfants âgés demoins de trois ans issus de la population générale. Seuls lesarticles en langue anglaise ou française parus après 1990 ontété sélectionnés. Les études portant sur des populations à ris-que, par exemple des enfants ayant des antécédents parentauxd’atopie ou des enfants recrutés lors d’une visite à l’hôpitalpour un épisode d’obstruction bronchique, ainsi que lesétudes expérimentales ont été exclues de la synthèse bibliogra-phique.
La recherche bibliographique a permis de retenir 29 arti-cles parmi lesquels on dénombre 5 études transversales,1 étude transversale répétée et 23 études de cohorte dont21 de nouveau-nés. Sur les 29 articles sélectionnés, seuls sixd’entre eux s’intéressent aux marqueurs biologiques de l’ato-pie en relation avec le phénotype respiratoire et allergique desenfants [6, 7, 11, 13, 22, 23].
Dans un premier temps, il convient de décrire la métho-dologie des études sélectionnées qui sera par la suite mise enregard des résultats (tableaux I à VII).
Méthodologie des études
épidémiologiques analysées
Les points développés ci-dessous concernent les caracté-ristiques des populations étudiées, le mode de recrutement,les méthodes de recueil des données, les indicateurs épidémio-logiques et les variables sanitaires choisies dans ces études épi-démiologiques.
Populations étudiées
Les études sélectionnées portent sur des échantillons dela population générale. De nombreuses études se déroulentdans les pays d’Europe du Nord [4-6, 8, 10-12, 22-34] et auxÉtats-Unis [7, 9, 14, 35-37]. Les populations étudiées viventdonc selon un mode de vie dit occidental. Alors que la plu-part des études ont un bassin de recrutement unique, souventautour d’un centre de soin universitaire, d’autres diversifientleurs sites de recrutement. Par exemple, la cohorte Preventionand Incidence of Asthma and Mite Allergy (PIAMA) [28], quis’intéresse aux effets sanitaires de la pollution d’origineurbaine, étudie des populations aussi bien urbaines que rura-les, afin de disposer de niveaux d’exposition contrastés.
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L’âge de la population ciblée dans cette revue bibliogra-phique est la petite enfance, plus précisément les enfantsjusqu’à leur troisième anniversaire. En fonction de leursobjectifs, les études portent spécifiquement sur la petiteenfance ou s’y intéressent dans le cadre d’études traitant égale-ment de l’enfance et de l’adolescence.
Mode de recrutement
Les cohortes de nouveau-nés recrutent leurs sujets soitjuste après la naissance, en suite de couche ou lors du retourau domicile, soit avant même la naissance, souvent au coursdes consultations de suivi de grossesse. Les cohortes de nou-veau-nés partagent des critères d’éligibilité communs ; engénéral, les sujets éligibles doivent être nés sains, à terme etavoir un poids de naissance minimum. En ce qui concerne lesétudes transversales, les méthodes de recrutement sont trèsdifférentes. L’utilisation de bases de données pour constituerun échantillon de personnes auxquelles on propose de partici-per à l’étude est fréquente. Ainsi, l’étude de Luyt et coll. [24]a recours à une base de données recensant tous les enfants néset vivant à Leicestershire. Au Royaume-Uni, les registres demédecins généralistes constituent également une base derecrutement possible pour les études épidémiologiques,comme c’est le cas dans l’étude de Linehan et coll. [30].
Méthodes de recueil des données
Les méthodes employées pour connaître l’état de santédes enfants sont les questionnaires médicaux standardisés etles visites médicales. Quinze études ont recours uniquement àdes questionnaires standardisés pour décrire l’état de santé desenfants [5, 9, 12, 23, 24, 26-28, 30, 32-35, 38, 39]. Uneétude complète son recueil d’informations par un examen desdossiers médicaux [37]. Dans neuf autres études, le suivi com-prend, en plus des questionnaires standardisés, un entretienavec un médecin qui vient confirmer ou infirmer les symptô-mes observés chez les enfants et parfois poser un diagnostic[4, 6, 8, 11, 13, 22, 25, 31, 40]. Quatre études font intervenirdes médecins mais de façon moins systématique, dans lamesure où les familles s’engagent à emmener leur enfant enconsultation si celui-ci développe des symptômes respiratoires[7, 10, 14, 36].
Les études épidémiologiques utilisent, dans la mesure dupossible, des questionnaires validés, c’est-à-dire préalablementtestés sur un échantillon de sujets ou validés par un consensusd’experts, afin de minimiser les erreurs de mesure. La cohorte« Indoor Air and Children’s Health Study » [37] reprend desquestions du questionnaire américain « the American ThoracicSociety Children’s questionnaire ». Cependant, peu de ques-tionnaires sont disponibles pour les enfants en bas âge et leséquipes se voient dans l’obligation de construire des outils demesure, soit en validant elles-mêmes leur questionnaire grâceà des études spécifiques, soit en adaptant des questionnairesconçus pour des enfants plus âgés. Ainsi, le questionnaire de
l’étude de référence « International Study of Asthma and Aller-gies in Childhood » (ISAAC) [1], qui s’adresse aux enfants âgésd’au moins six ans, a été adapté dans la cohorte PIAMA [28],l’étude Dampness in Buildings and Health (DBH) [32] et lesétudes décrites par Linehan et coll. [30] et Mohangoo et coll.[34]. Pour l’étude de Luyt et coll. [24], une étude transversalepilote portant sur un sous-échantillon de 150 enfants a per-mis de valider le questionnaire qui, pour une meilleure com-préhension des parents, intègre des éléments explicatifs : ainsi,la question « Votre enfant a-t-il déjà eu des épisodes desifflements ? » est, par exemple, accompagnée de la descriptiond’un épisode de sifflements, « respiration qui produit un sonaigu et musical venant de la poitrine et non de la gorge ». Lacohorte BAMSE (B = children, A = allergy, M. = environment,S = Stockholm, E = epidemiology) [12] fait appel à des infirmiè-res spécialement formées à la recherche en santé respiratoirechez les enfants pour récupérer les données manquantes ouéclairer les réponses ambiguës lors d’un entretien téléphoni-que avec les parents.
Devant la complexité de la symptomatologie chez lenourrisson, certaines études préfèrent se fier au regard dumédecin et prévoient une visite médicale dans leur protocoled’étude [4, 6-8, 10, 11, 13, 14, 22, 25, 31, 36, 40]. Le méde-cin qui voit l’enfant transmet alors les informations collectéeslors de la visite à l’équipe de l’étude, généralement grâce à unquestionnaire standardisé.
La visite médicale est également l’occasion d’un prélève-ment sanguin pour les études qui s’intéressent aux marqueursbiologiques de l’atopie [6, 7, 11, 13, 22, 23].
• L’âge de la population ciblée dans cette revue bibliographique est la petite enfance, jusqu’à 3 ans.• Les enfants doivent être nés sains, à terme et avoir un poids de naissance minimal et sont recrutés soit juste après la naissance, en suite de couche ou lors du retour au domicile, soit avant même la naissance, souvent au cours des consultations de suivi de grossesse.• L’état de santé est évalué par des questionnaires médicaux standardisés (mais souvent adaptés à des enfants très petits) et au cours de visites médicales.
Indicateurs épidémiologiques
L’expression des résultats se fait soit en terme d’inci-dence, soit en terme de prévalence. Lors des comparaisonsentre études, il est important de tenir compte de l’âge, du sexeauquel se rapporte l’indicateur épidémiologique et de lapériode de temps qu’il couvre. En général, les études decohorte sont plus précises que les études transversales quant àl’âge auquel se rapportent les résultats. En effet, les étudestransversales effectuent une photographie de l’état de la popu-lation à un moment donné, obtenant ainsi des informationsde sujets dont l’âge est variable et classent en général les parti-cipants en groupe d’âge, alors que les cohortes suivent leurs
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sujets dans le temps et peuvent exprimer leurs résultats à unâge donné. Les comparaisons restent cependant difficiles carcertaines études expriment leurs résultats à 1 an, d’autres à18 mois, et d’autres encore à 2 ou 3 ans. De plus, certainesétudes décrivent des prévalences cumulées depuis la naissancealors que d’autres s’intéressent uniquement à l’année écoulée.Enfin, les résultats sont parfois exprimés selon le sexe del’enfant [14, 37] afin de mettre en évidence d’éventuelles dif-férences liées au sexe.
Variables sanitaires d’intérêt
La multiplicité des variables sanitaires pour décrire lespathologies respiratoires allergiques reflète l’hétérogénéité cli-nique de ces pathologies. L’asthme du nourrisson, en particu-lier, est évoqué à travers différents symptômes comme lessifflements, la toux ou l’obstruction bronchique. Les étudesépidémiologiques qui s’y intéressent peuvent être classées endeux groupes selon qu’elles choisissent de décrire les symptô-mes évocateurs d’asthme ou de se fier uniquement à un dia-gnostic médical d’asthme. S’agissant des études rapportant undiagnostic médical d’asthme, il est important de préciser icique le diagnostic médical n’implique pas obligatoirement unevisite médicale dans le cadre de l’étude mais peut reposer surun éventuel diagnostic posé par le médecin qui suit habi-tuellement l’enfant. Concernant les symptômes évocateursd’asthme, les études ont le plus souvent recours aux épisodesde sifflements. L’importance des sifflements dans le diagnosticd’asthme du nourrisson trouve sa justification dans l’article deTabachnik et Levison [41] qui, en 1981, définissent l’asthmedu nourrisson comme la survenue d’au moins trois épisodes desifflements avant deux ans, quels que soient l’âge d’apparitiondes symptômes, les preuves d’atopie et les facteurs déclen-chants. Cette définition, avant tout clinique, a été reprise dansde nombreuses études épidémiologiques, parfois assouplie àdeux épisodes de sifflements, parfois renforcée par la confirma-tion médicale des épisodes de sifflements. Les étudesépidémiologiques tiennent également compte des autres mani-festations de l’asthme comme la toux, la plus évocatriced’asthme étant la toux sèche, chronique, survenant la nuit[42]. Le troisième signe évocateur d’asthme utilisé dans les étu-des épidémiologiques est l’obstruction bronchique objectivéepar différents symptômes : dans le cadre de la cohorte BAMSE[12], un épisode d’obstruction bronchique est défini par aumoins trois des symptômes suivants : sifflements, gêne respira-toire, ronchus à l’auscultation, expiration forcée, respirationrapide. Enfin, certaines études définissent des combinaisons desymptômes évocateurs d’asthme, comme l’association de latoux, de la dyspnée et des sifflements [5, 34] ou associent lessymptômes évocateurs d’asthme à l’efficacité des traitementsbronchodilatateurs ou anti-inflammatoires [12, 13] ou auxantécédents familiaux d’allergie [22].
L’identification de la rhinite allergique dans les étudesépidémiologiques comprend trois aspects : 1) la mise en évi-dence des symptômes, 2) la récurrence des symptômes, 3) les
preuves d’allergie. Outre les symptômes touchant le nez telsque l’écoulement ou l’obstruction nasale et les éternuements,les manifestations oculaires de l’allergie sont souventassociées : on parle alors de rhinoconjonctivite allergique[5, 6, 11, 12, 22, 25, 26]. L’étiologie allergique de la rhiniteest soit renseignée par des indices tels que la survenue dessymptômes en dehors d’un épisode infectieux et la notion defacteur déclenchant comme l’exposition à un allergène parti-culier [6, 11, 12, 22, 25, 38], soit mise en évidence par undiagnostic médical [12, 32].
S’agissant des marqueurs biologiques du terrain atopi-que, trois éléments ont été relevés dans les études épidémiolo-giques : l’éosinophilie sanguine, les IgE totales sériques et lesIgE spécifiques sériques dirigées contre les principaux trophal-lergènes et pneumallergènes.
• Chez le nourrisson, le diagnostic d’asthme est souvent difficile.• La plupart des études fondent leur diagnostic sur des critères cliniques.• D’autres (un quart des études) nécessitent un diagnostic médical de l’asthme.• Quelques-unes ont recours à des variables sanitaires complexes intégrant les symptômes évocateurs d’asthme, les symptômes d’allergie, les antécédents familiaux ou l’effet des traitements.• Les critères biologiques retenus sont l’éosinophilie sanguine, les IgE totales sériques et les IgE spécifiques sériques dirigées contre les principaux trophallergènes et pneumallergènes.• Pour la rhinite allergique, les définitions peuvent être larges (nez qui coule en dehors d’un rhume) ou à l’inverse strictes (rhinorrhée, obstruction nasale, éternuements et/ou symptômes oculaires, exclusion d’un épisode infectieux, notion de facteur déclenchant).
Principaux résultats
des études épidémiologiques analysées
L’asthme et les équivalents asthmatiques
L’asthme diagnostiqué par un médecin
Le tableau I décrit les résultats des études rapportant undiagnostic d’asthme validé par un médecin. La prévalence del’asthme mesurée chez des enfants âgés de 1 à 2 ans varie entre1,7 % et 5 % [4, 14, 28, 32]. Cette prévalence, lorsqu’elle estcumulée depuis la naissance, s’élève à 7,5 % [24]. Une étudese distingue des précédentes et rapporte une incidence cumu-lée sur les deux premières années de vie avoisinant les 20 %[31]. Cependant, cette étude souffre d’un manque de don-
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nées concernant un quart des sujets recrutés, ce qui pourraitexpliquer son résultat, les familles ayant abandonné le proto-cole étant généralement les moins sensibilisées donc les moinssusceptibles de compter un enfant asthmatique.
Les symptômes évocateurs d’asthme
Parmi les études qui choisissent de relever les symptômesévocateurs d’asthme, deux notions se distinguent, la notionde nature des symptômes (sifflements, toux, obstructionbronchique) et la notion de fréquence des symptômes.
Les sifflements
S’agissant des sifflements (tableau II), les études épidé-miologiques intègrent ou non la présence simultanée d’uneinfection respiratoire. Une seule étude s’intéresse à la préva-lence des sifflements en dehors d’un épisode infectieux etl’estime à 6,7 % chez des enfants âgés de 1 à 3 ans [9]. Quatreétudes considèrent uniquement les sifflements qui survien-nent au décours d’une infection respiratoire. Au cours destrois premières années de vie, la cohorte de Tucson montrequ’un tiers des enfants sifflent lors d’un épisode infectieux [7],13,3 % [40] à 21,2 % [36] sifflent au cours de la premièreannée et 26,2 % [9] au cours des deux années suivantes. Lesétudes qui décrivent les sifflements, sans préciser s’ils survien-nent au cours d’une infection respiratoire, rapportent des pré-valences à deux ans comprises entre 11,9 % et 26,6 % selon
les études [14, 28, 30, 32, 33, 39] et atteignant même47 % chez les garçons dans la cohorte de Tucson [14]. Cinqétudes se sont intéressées à la prévalence des sifflements récur-rents (au moins trois épisodes) : ceux-ci concernent 8 % desenfants de moins d’un an [23] et 1,2 à 10 % des enfants demoins de deux ans [11, 25, 26].
La toux
La toux est beaucoup moins décrite dans les études(tableau III). La prévalence de la toux nocturne à deux ansvarie de 8,1 % à 26,6 % [28, 30, 32, 33] selon les travaux.Une seule étude estime la prévalence de la toux chronique à4,6 % chez des enfants âgés de 1 à 3 ans [9].
Les symptômes d’obstruction bronchique
Seules trois équipes se sont intéressées aux symptômesd’obstruction bronchique, les définissant d’emblée selon leurfréquence de survenue (tableau IV). Deux études de cohortede faible effectif examinent la survenue d’au moins trois épiso-des d’obstruction bronchique : l’une rapporte une prévalencecumulée de la naissance à 18 mois de 25 % [6] alors quel’autre conclut à une incidence nulle de la naissance à 1 an [8].Le chiffre le plus élevé est peut-être lié au mode de recrute-ment de l’étude : en effet, même si le recrutement se fait enpopulation générale, les parents ayant des antécédents person-nels d’allergie sont particulièrement encouragés à participer àl’étude, or les antécédents parentaux d’allergie sont connus
Tableau I.
Épidémiologie de l’asthme diagnostiqué par un médecin.
Auteur, année Type d’étude N Définition de la variable sanitaire
Indicateur épidémiologique
Valeur
Croner, 1992 [4] Cohorte de nouveau-nés 1 701 Si asthme suspecté grâce au questionnaire, envoi d’un questionnaire supplémen-
taire et invitation à une visite médicale
Prévalence à 18 mois 1,7 %
Luyt, 1993 [24] Étude transversale 1 422 Asthme diagnostiqué par un médecin
Prévalence cumulée depuis la naissance chez des
enfants âgés de 12 à 24 mois
7,5 %
Gehring, 2002 [33] Cohorte de nouveau-nés TRAPCAa
1 757 Asthme diagnostiqué par un médecin
Prévalence cumulée de 0 à 1 an
0,4 %
Prévalence cumulée de 0 à 2 ans
1,0 %
Brauer, 2002 [28] Cohorte de nouveau-nés PIAMAb
4 135 Asthme diagnostiqué par un médecin
Prévalence à 2 ans 5 %
Taussig, 2003 [14] Cohorte de nouveau-nés de Tucson
1 246 Asthme diagnostiqué par un médecin au cours
de l’année passée
Prévalence cumulée sur l’année passée à 2 ans
Garçons : 3,5 %Filles : 1,5 %
Rothenbacher, 2005 [31] Cohorte de nouveau-nés 803 Asthme diagnostiqué par un médecin
Incidence cumuléede 0 à 2 ans
19,6 %
Bornehag, 2005 [32] Étude transversale DBHc 10 851(1-6 ans)
Asthme diagnostiqué par un médecin
Prévalence chez des enfants âgés de 12 à 24 mois
3,7 %
a : Traffic-Related Air Pollution on Childhood Asthma ;b : Prevention and Incidence of Asthma and Mite Allergy ;c : Dampness in Buildings and Health.
M. Herr et coll.
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Tableau II.
Épidémiologie des sifflements.
Auteur, année Type d’étude N Définition de la variable sanitaire
Indicateur épidémiologique
Valeur
Wright, 1991 [36] Cohorte de nouveau-nés
1 246 Sifflements au cours d’une infection respiratoire
Prévalence cumuléede 0 à 1an
21,2 %
Hattevig, 1993 [25] Cohorte de nouveau-nés
84 ≥ 3 épisodes de sifflements Prévalence cumuléede 0 à 2 ans
1,2 %
Martinez, 1995 [7] Cohorte de nouveau-nés de Tucson
826 Sifflements au cours d’une infection respiratoire
Prévalence cumulée de 0 à 3 ans
33,5 %
Stoddart, 1995 [35] Étude transversale 117 Asthme ou sifflements rapportés par les parents
dans questionnaire
Prévalence pour la tranche d’âge 0-3 ans
12,2 %
Dodge, 1996 [9]
Étude de cohorte prospective
394 Sifflements pendant un rhumeSifflements même en-dehors
d’un rhume
Prévalence chez des enfants âgés de 1 à 3 ans
26,2 %6,7 %
Marbury, 1996 [37] Cohorte de nouveau-nés
1 424 Sifflements au cours d’une infection respiratoire
Incidence entre 0 et 2 ans
Garçons : 14,2 %Filles : 9,5 %
Tariq, 1998 [26]
Cohorte de nouveau-nés de l’Île de Wight
1 174 ≥ 3 épisodes de sifflements séparés et ayant duré
au moins 3 jours
Prévalence chez des enfants âgés de 1 à 2 ans
10 %
Henderson, 1999 [27]
Cohorte de nouveau-nés
9 444 ≥ 2 épisodes de sifflements Prévalence pour la tranche d’âge 7-18 mois
15,2 %
Vasar, 2000 [11]
Cohorte de nouveau-nés
298 ≥ 3 épisodes de sifflements séparés dont au moins
a été confirmé par un médecin
Prévalence à 2 ans 2 %
De Sario, 2006 [39] Étude transversale 1 717 Sifflements Prévalence à 2 ans 11,9 %
Gillespie, 2006 [38] Cohorte de nouveau-nés
881 Sifflements Prévalences à 15 mois 38,9 %
Oddy, 2002 [40]
Cohorte de nouveau-nés Western Australian
Pregnancy Cohort Study
2 602 1 épisode d’infection respiratoire basse sifflante au cours de la 1ère année de vie
≥ 2 épisodes d’infection respiratoire basse sifflante
au cours de la 1ère année de vie
Prévalence pour la 1ère année
de vie
13,3 %11,8 %
Gehring, 2002 [33] Cohorte de nouveau-nés TRAPCAa
1 757 SifflementsBronchite asthmatiforme/
obstructive/spastique diagnostiquée par un médecin
Prévalence de 0 à 2 ans 25,6 %1,0 %
Brauer, 2002 [28] Cohorte de nouveau-nés PIAMAb
4 135 Sifflements Prévalence à 2 ans 19 %
Taussig, 2003 [14] Cohorte de nouveau-nés de Tucson
1 246 Sifflements au cours de l’année passée
Prévalence à 2 ans Garçons : 47 %Filles : 42 %
Linehan, 2005 [30] Étude transversale répétée
1 869 Sifflements au cours des 12 derniers mois
(valeurs issues de la campagne de 2001)
Prévalence à 2 ans 26,6 %
Hagendorens, 2005 [23]
Cohorte de nouveau-nés PIPOd
810 Sifflements≥ 3 épisodes de sifflements
Prévalence cumulée de 0 à 1 an
25 %8 %
Bornehag, 2005 [32]
Étude transversale 10 851(1-6 ans)
Sifflements dans les 12 derniers mois
Prévalence pour la tranche d’âge 1 à 2 ans
25,6 %
a : Traffic-Related Air Pollution on Childhood Asthma ;b : Prevention and Incidence of Asthma and Mite Allergy ;d : Prospective study on the Influence of perinatal factors on the Ocurrence of asthma and allergies.
Allergies respiratoires du nourrisson
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pour être un facteur de risque d’asthme chez l’enfant. Enoutre, la faiblesse du second résultat doit être mise en regard del’effectif de 93 sujets. Une troisième étude de cohorte, d’effec-tif plus conséquent, s’intéresse à la survenue d’au moins deuxépisodes d’obstruction bronchique cette fois, dont au moinsun est confirmé par un médecin, ou à la survenue d’un seulépisode, mais ayant duré au moins un mois, et estime la préva-lence cumulée de la naissance à l’âge de 2 ans de cet indicateurà 8,9 % [10].
Les variables sanitaires complexes
À côté des symptômes isolés, les études qui utilisent desvariables sanitaires complexes combinant les symptômes évo-cateurs d’asthme [5, 9, 34] ou combinant les symptômes avecd’autres variables concernant les traitements [12, 13] ou lesantécédents familiaux [22] trouvent des prévalences très con-trastées selon la combinaison choisie, comprises entre 8,5 [12]et 37,8 % [9] (tableau V).
Tableau III.
Épidémiologie de la toux évocatrice d’asthme.
Auteur, année Type d’étude N Définition de la variable sanitaire
Indicateur épidémiologique
Valeur
Dodge, 1996 [9] Étude de cohorte prospective
394 Toux chronique Prévalence chez des enfants âgés de 1 à 3 ans
4,6 %
Gehring, 2002 [33] Cohorte de nouveau-nés TRAPCAa
1 757 Toux sèche la nuit Prévalence de 0 à 2 ans 14,1 %
Brauer, 2002 [28] Cohorte de nouveau-nés PIAMAb
4 135 Toux sèche nocturne en-dehors d’un épisode
infectieux
Prévalence à 2 ans 16 %
Linehan, 2005 [30] Étude transversale répétée
1 869 Toux sèche nocturne en-dehors d’un épisode
infectieux au cours des 12 derniers mois
(valeurs issues de la campagne de 2001)
Prévalence à 2 ans 26,6 %
Bornehag, 2005 [32] Étude transversale 10 851 (1-6 ans)
Toux nocturne Prévalence pour la tranche d’âge 1 à 2 ans
8,1 %
a : Traffic-Related Air Pollution on Childhood Asthma ;b : Prevention and Incidence of Asthma and Mite Allergy.
Tableau IV.
Épidémiologie des symptômes d’obstruction bronchique.
Auteur, année Type d’étude N Définition de la variable sanitaire
Indicateur épidémiologique
Valeur
Borres, 1995 [6] Cohorte de nouveau-nés
64 ≥ 3 épisodes d’obstruction bronchique vérifiés
par un médecin
Prévalence cumulée de 0 à 18 mois
25 %
Sigurs, 1995 [8] Étude de cohorte prospective
93 ≥ 3 épisodes d’obstruction bronchique vérifiés
par un médecin
Incidence cumuléede 0 à 1 an
0
Nafstad, 2000 [10] Cohorte de nouveau-nés
2 531 ≥ 2 épisodes d’obstruction bronchique
(au moins 3 des symptômes suivants :
sifflements, « chest recession », ronchus
à l’auscultation, expiration forcée, respiration rapide)
dont au moins 1 vérifié par un médecin
ou 1 épisode ayant duré au moins 1 mois
Prévalence cumulée de 0 à 2 ans
8,9 %
M. Herr et coll.
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28 1322
• La prévalence de l’asthme diagnostiqué par un médecin est de l’ordre de 5 % à 2 ans.• Pour les sifflements, un tiers des enfants de moins de 3 ans sifflent au cours d’un épisode infectieux, contre 7 % seulement en dehors d’un épisode infectieux.• Moins de 10 % des enfants sifflent de façon récurrente avant 2 ans.• La toux équivalent d’asthme touche environ 15 % des enfants avant 2 ans.• Les symptômes d’obstruction bronchique touchent environ 9 % des enfants avant 2 ans.
La rhinite allergique
Les résultats des onze études épidémiologiques s’intéres-sant à la rhinite allergique sont présentés dans le tableau VI.Les résultats sont très variables entre études selon la définition
utilisée. Ainsi, la prévalence de la rhinite allergique à deux ansvarie de 1 à 21,6 %. On constate que plus la définition de larhinite allergique est stricte, plus la prévalence est faible. Lesétudes qui utilisent une définition large, comme le « nez quicoule en dehors d’un rhume » [7], rapportent des prévalences de7 à 30 % au cours des deux premières années de vie [7, 12,32, 33, 38]. Lorsque la rhinite allergique est définie par undiagnostic médical [5] ou une combinaison de symptômes(rhinorrhée, obstruction nasale, éternuements, symptômesoculaires) [26], la prévalence à 2 ans descend à 3-4 %. Quatrecohortes de nouveau-nés partagent une définition communede la rhinite allergique, à savoir la survenue d’au moins deuxépisodes de rhinite et/ou de conjonctivite apparaissant aprèsl’exposition à un allergène particulier en dehors d’une infec-tion. Les résultats sont assez homogènes : la prévalence à deuxans est comprise entre 1 et 3 % [11, 22], la prévalence cumu-lée de la naissance à 18 mois est de 3 % [6], et la petitecohorte de Hattevig et coll. [25] se distingue des autres études
Tableau V.
Épidémiologie des variables sanitaires complexes évocatrices d’asthme.
Auteur, année Type d’étude N Définition de la variable sanitaire Indicateur épidémiologique
Valeur
Arshad, 1993 [5] Cohorte de nouveau-nés de l’Île de Wight
1 215 ≥ 3 épisodes séparés de toux et sifflements
Prévalence à 2 ans
10,9 %
Dodge, 1996 [9] Étude de cohorte prospective
394 Toux fréquente, sifflements en-dehors d’un rhume ou gêne respiratoire
avec sifflements
Prévalence chez des enfants âgés
de 1 à 3 ans
37,8 %
Böhme, 2002 [12] Cohorte de nouveau-nés BAMSEe
3 791 ≥ 3 épisodes de sifflements après l’âge de 3 mois + corticoïdes inhalés ou signe d’hyperréactivité* en-dehors d’un épisode infectieux
Incidence cumulée de 0 à 2 ans
8,5 %
Lopez, 2002 [13] Cohorte de nouveau-nés 102 ≥ 2 épisodes de sifflements avec réponse aux traitements par β2+ inhalés en l’absence
d’agent infectieux
Prévalence cumulée de 0 à 1 an
32,6 %
Mohangoo, 2005 [34] Étude transversale 406 Sifflements ou dyspnée au cours des quatre dernières semaines
Prévalence chez les 3 à 12 mois
15 %
Prévalence chez les 13 à 24 mois
21 %
Prévalence chez les 25 à 36 mois
9 %
Sifflements et dyspnée au cours des quatre dernières semaines
Prévalence chez les 3 à 12 mois
15 %
Prévalence chez les 13 à 24 mois
14 %
Prévalence chez les 25 à 36 mois
12 %
Ballardini, 2006 [22] Cohorte de nouveau-nés 239 ≥ 3 épisodes de sifflements ou 1 épisode de sifflement accompagné
de symptômes d’allergie ou d’antécédents familiaux d’allergie
Prévalence à 2 ans 22,2 %
e : B = children, A = allergy, M = environment, S = Stockholm, E = epidemiology ;* : sifflements lors de pleurs, du rire, de jeux ou d’activités à l’extérieur, toux lors du rire, de jeux ou d’activités à l’extérieur ou toux nocturne gênant le sommeil.
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avec une prévalence cumulée de la naissance à l’âge de deuxans nulle.
• La prévalence de la rhinite allergique à 2 ans dépend de la définition retenue.• Aux définitions larges correspondent des prévalences de l’ordre de 7 à 30 %.• Aux définitions plus strictes correspondent des prévalences de l’ordre de 1 à 3 %.
Les biomarqueurs d’atopie
Parmi les études épidémiologiques sur les pathologiesrespiratoires allergiques, seules six d’entre elles, présentéesdans le tableau VII, ont eu recours aux biomarqueurs d’atopie- l’éosinophilie, les IgE totales et les IgE spécifiques de diffé-rents allergènes - pour caractériser le phénotype des enfantssouffrant de troubles respiratoires et prédire quels sont les plusà risque de conserver ces troubles après l’âge de l’entrée àl’école.
Tableau VI.
Épidémiologie de la rhinite allergique.
Auteur, année Type d’étude
N Définition de la rhinite allergique utilisée
Indicateur épidémiologique
Valeur
Arshad, 1993 [5] Cohorte de nouveau-nés de l’Île
de Wight
1 215 Rhinite allergique diagnostiquée par un médecin selon la définition suivante : rhinorrhée ou obstruction nasale récurrente avec des épisodes d’éternuements en salve
et de démangeaisons au niveau des yeux
Prévalence à 2 ans
4,1 %
Hattevig, 1993 [25] Cohorte de nouveau-nés
84 ≥ 2 épisodes de rhinite et conjonctivite apparaissant après l’exposition à un allergène
particulier et en-dehors d’une infection
Prévalence cumulée
de 0 à 2 ans
0
Borres, 1995 [6] Cohorte de nouveau-nés
64 ≥ 2 épisodes de rhinite ou conjonctivite apparaissant après l’exposition à un allergène
particulier et en-dehors d’une infection
Prévalence cumulée de 0
à 18 mois
3 %
Martinez, 1995 [7] Cohorte de nouveau-nés
de Tucson
1 246 Nez qui coule en-dehors d’un rhume Prévalence à 1 an
29,1 %
Tariq, 1998 [26] Cohorte de nouveau-nés de l’Île
de Wight
1 174 Au moins 2 symptômes parmi rhinorrhée, obstruction nasale et éternuements récurrents
accompagnés de symptômes oculaires
Prévalence cumulée à partir de la naissance
chez des enfants âgés de 1 à 2 ans
3 %
Vasar, 2000 [11] Cohorte de nouveau-nés
298 ≥ 2 épisodes de rhinite ou conjonctivite apparaissant après l’exposition à un allergène
particulier et en-dehors d’une infection
Prévalence à 1 an 0
Gehring, 2002 [33] Cohorte de nouveau-nés
TRAPCAa
1 757 Nez qui coule ou bouché et éternuements en-dehors d’une infection
Prévalence cumulée
de la naissance à 1 an
14,6 %
Prévalence cumulée de la
naissance à 2 ans
21,6 %
Böhme, 2002 [12] Cohorte de nouveau-nés
BAMSEe
3 791 Rhinoconjonctivite allergique : notion de rhinorrhée, d’obstruction nasale,
d’éternuements, d’yeux rouges qui démangent et de facteurs déclenchants ou diagnostic médical
de rhinoconjonctivite allergique
Incidence cumulée de 0 à 2 ans
7,0 %
Bornehag, 2005 [32] Étude transversale 10 851(1-6 ans)
Rhinite dans les 12 derniers moisRhinite avec diagnostic médical d’allergie
Prévalence pour la tranche d’âge 1 à 2 ans
12,7 %0,7 %
Gillespie, 2006 [38] Cohorte de nouveau-nés
881 Nez bouché ou qui coule alors que l’enfant n’a ni rhume ni grippe
Prévalences à 15 mois
24,9 %
Ballardini, 2006 [22] Cohorte de nouveau-nés
239 ≥ 2 épisodes de rhinite ou conjonctivite apparaissant après l’exposition à un allergène
particulier et en-dehors d’une infection
Prévalence à 2 ans
2,9 %
a : Traffic-Related Air Pollution on Childhood Asthma ;e : B = children, A = allergy, M = environment, S = Stockholm, E = epidemiology.
M. Herr et coll.
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28 1324
Tableau VII.
Les marqueurs biologiques de l’atopie en relation avec la symptomatologie respiratoire allergique.
Auteur, année
Type d’étude N Marqueur biologique d’atopie
Résultats
Borres, 1995 [6]
Cohorte de nouveau-nés
64 Éosinophilie et IgE totales sériques
à 3, 6, 9 et 18 mois
 Une éosinophilie > 0,7 G/L à 3 mois est associée à des symptômes allergiques modérés ou sévères tels que la dermatite atopique, l’asthme, la rhinoconjonctivite allergique et l’uticaire, pendant les 18 premiers mois de vie. L’hyperéosinophilie à 9 et 18 mois est également associée au développement de symptômes allergiques durant les 18 premiers mois de vie._Hyperéosinophilie pendant les 18 premiers mois de vie = signe précoce de maladie allergique Corrélation entre l’éosinophilie et le taux d’IgE totales sériques à 18 mois (p<0,01)
Martinez, 1995 [7]
Cohorte de nouveau-nés
de Tucson
1 246 IgE totales sériques à 9 mois
IgE totales sériques à 9 mois en fonction du type de sifflements :
Non-siffleursN = 403
Siffleurs précoces
transitoiresN = 147
Siffleurs tardifsN = 112
Siffleurs persistants
N = 100
Moyenne des IgE
totales sériques (UI/mL) + IC95 %
3,4[3,0-3,9]
3,7[3,1-4,4]
3,8[2,9-5,0]
5,2[3,8-7,2]
_Seuls les enfants avec des sifflements persistants ont un niveau d’IgE totales sériques à 9 mois plus élevé que les enfants qui ne sifflent pas (p<0,01).
Vasar, 2000 [11]
Cohorte de nouveau-nés
298 IgE totales sériques à 6, 12 et 24 mois
_À 2 ans, les niveaux moyens d’IgE totales chez les 38 enfants allergiques (dermatite atopique, asthme, rhinoconjonctivite allergique, urticaire, intolérance alimentaire) sont supérieurs à ceux retrouvés chez les 156 enfants non allergiques (respectivement 18,5 U/mL et 16,1U/mL).
Lopez, 2002 [13]
Cohorte de nouveau-nés
102 IgE totales et spécifiques
à 3, 6, 9 et 12 mois
IgE totales sériques en fonction de la présence ou de l’absence de sifflements durant la première année de vie :
SiffleursN = 30
Non siffleursN = 62
Moyenne des IgE totales
sériques (UI/mL)
44,7 17,8
_IgE totales plus élevées chez les siffleurs par rapport aux non siffleurs (p<0,0004).
Hagendorens, 2005 [23]
Cohorte de nouveau-nés
PIPOd
810 IgE spécifiques dirigées contre D. pteronyssinus, chat, chien, blanc d’oeuf
et lait de vache à 1 an
 Sensibilisation à 1 an :
Allergène % d’enfants sensibilisés
Trophallergènes 11 %
pneumallergènes 4 %
 La sensibilisation (présence d’IgE spécifiques contre au moins un allergène) n’est pas associée au risque de siffler pendant la première année de vie.
d : Prospective study on the Influence of perinatal factors on the Ocurrence of asthma and allergy
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Les biomarqueurs d’atopie
et les pathologies allergiques
Trois études montrent une association entre les biomar-queurs d’atopie et les pathologies allergiques comme la derma-tite atopique, l’asthme allergique, la rhinoconjonctiviteallergique ou l’urticaire. Borres et coll. [6] montrent quel’hyperéosinophilie sanguine (éosinophilie > 0,7 G/L) à 3, 9 et18 mois est associée au développement des symptômes allergi-ques au cours des 18 premiers mois de vie et propose doncd’utiliser l’éosinophilie sanguine comme un signe précoce demaladie allergique. S’agissant des IgE totales, une cohorteestonienne [11] rapporte des niveaux d’IgE totales significati-vement supérieurs chez les enfants allergiques âgés de 2 ans(18,5 UI/mL en moyenne) par rapport aux enfants non aller-giques (16,1 UI/mL en moyenne). Enfin, une étude s’intéresseaux IgE spécifiques évaluées par la positivité du PhadiatopInfant® qui détecte les IgE spécifiques dirigées contre unpanel de pneumallergènes et de trophallergènes (œuf de poule,lait de vache, arachide, crevette, Dermatophagoides pteronyssinus,chat, chien, bouleau, graminées, ambroisie et Parietaria judaica)[22]. Les résultats montrent qu’un enfant présentant dessymptômes allergiques a 3 fois plus de risque d’être sensibiliséà l’un des allergènes testé par le Phadiatop Infant®.
Les biomarqueurs d’atopie
et les symptômes respiratoires
Lorsque les études s’intéressent aux symptômes respira-toires, les résultats ne sont plus aussi homogènes. Deux équi-pes étudient le taux d’IgE totales sériques en fonction de lasurvenue de sifflements au cours de la petite enfance. Ainsi,Lopez et coll. [13] montrent que les IgE totales sériques sontsignificativement plus élevées chez les enfants qui sifflent(44,7 UI/mL en moyenne) pendant la première année de viepar rapport à ceux qui ne sifflent pas (17,8 UI/mL enmoyenne). Les résultats de la cohorte de Tucson vont plusloin grâce à leur suivi jusqu’à l’âge de 6 ans : parmi les siffleursprécoces (sifflements avant 3 ans qui disparaissent avant
6 ans), les siffleurs tardifs (sifflements après 3 ans) et les sif-fleurs persistants (sifflements avant 3 ans qui persistent à6 ans), seuls les siffleurs persistants ont des niveaux d’IgEtotales sériques à 9 mois (5,2 UI/mL en moyenne) plus élevésque les enfants qui ne sifflent pas (3,4 UI/mL en moyenne)[7]. Cependant, l’étude de Ballardini et coll. [22], qui trouvaitune association entre un Phadiatop Infant® positif et lessymptômes d’allergie, conclut à une absence d’associationentre un Phadiatop Infant® positif et l’asthme bronchique, etexplique ce résultat par l’étiologie infectieuse de nombreux casd’asthme dans les premières années de vie.
• Les biomarqueurs d’atopie sont l’éosinophilie et les IgE totales et spécifiques.• Les manifestations allergiques s’accompagnent d’une élévation de ces biomarqueurs chez les jeunes enfants de moins de trois ans.• L’élévation des IgE totales à 9 mois est associée à la persistance des sifflements après trois ans.• La présence d’IgE spécifiques (déterminée par Phadiatop Infant®) ne semble pas associée à l’asthme au cours de la petite enfance.
Discussion
Cette synthèse bibliographique révèle que les résultatsdes études épidémiologiques qui s’intéressent à l’asthme et à larhinite allergique chez l’enfant de moins de trois ans sont trèsvariables. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cettevariabilité des résultats épidémiologiques ? Comme danstoute synthèse bibliographique, il faut tenir compte de l’hété-rogénéité méthodologique des études dans la lecture des résul-tats. Outre les différences méthodologiques, l’absence dedéfinition consensuelle des pathologies étudiées semble êtreun facteur de variabilité des résultats très important dans ledomaine des allergies respiratoires chez le nourrisson.
Auteur, année
Type d’étude N Marqueur biologique d’atopie
Résultats
Ballardini, 2006 [22]
Cohorte de nouveau-nés
239 Phadiatop Infant® (IgE spécifiques
contre les allergènes suivants : œuf de poule, lait de vache, arachide,
crevette, D. pteronyssinus, chat, chien,
bouleau, graminées, ambroisie,
Parietaria judaica) à 2 ans
 Il existe une association positive entre les symptômes d’allergie et une réponse positive au Phadiatop Infant® (OR 2,7 IC95 % [1,3-5,5]) ainsi qu’une tendance entre le nombre de symptômes allergiques et les résultats du Phadiatop Infant®.
 Cependant, on ne retrouve pas d’association entre les résultats du Phadiatop Infant® et l’asthme bronchique probable, certainement du fait de l’étiologie infectieuse de nombreux cas d’asthme.
Tableau VII – suite
M. Herr et coll.
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1314-28 1326
Des pathologies mal définies
chez le jeune enfant
En effet, l’absence de définitions épidémiologiques con-sensuelles de l’asthme et de la rhinite allergique chez le nour-risson contribue beaucoup au manque d’homogénéité desrésultats. La difficulté réside dans le fait que ces définitionsrecouvrent des phénomènes de nature différente : commel’ont montré Taussig et coll. [14], les sifflements au cours dela petite enfance peuvent être liés à une infection respiratoireou à un terrain atopique. Ainsi, certains travaux épidémiolo-giques s’attachent à différencier les phénomènes allergiquesdes phénomènes non allergiques, notamment grâce aux testsallergologiques, aux examens biologiques et à la prise encompte des antécédents familiaux. En pratique, cela se traduitpar des définitions plus complexes, recherchant les signesd’un terrain atopique chez un enfant souffrant de symptômesévocateurs d’asthme ou de rhinite allergique. Pour l’heure, lesdéfinitions entre études ne s’accordent pas : certaines préfè-rent utiliser les antécédents familiaux, d’autres les traitementset enfin certaines restent sur un plan uniquement clinique.Toutefois, on remarque une certaine convergence des défini-tions de la rhinite allergique employée par les équipes deVasar [11], Ballardini [22], Hattevig [25] et Borres [6]. En cequi concerne l’asthme, la cohorte de l’Île de Wight et lacohorte BAMSE obtiennent des résultats de l’ordre de 10 %,cohérents avec l’ordre de grandeur habituel de la prévalencede l’asthme chez l’enfant (autour de 7 % à 6-7 ans). La pre-mière utilise la combinaison des épisodes de sifflements et detoux et la seconde complète la notion d’épisodes de siffle-ments par le recours aux corticoïdes inhalés ou la présence designes d’hyperréactivité bronchique. Les variables employéesdans les autres études donnent des résultats supérieurs àl’ordre de grandeur de la prévalence de l’asthme et semblentdonc moins adaptées.
Vers des définitions plus précises
mais aussi plus élaborées
Dans ce contexte, on s’achemine vers des définitionsprécises mais complexes de phénotypes d’asthme et de rhiniteallergique avant l’âge de trois ans qui permettront de distin-guer les troubles transitoires bénins des troubles allergiques,ces derniers risquant de devenir chroniques et pour lesquelsune prise en charge thérapeutique dès le plus jeune âge est pri-mordiale.
La principale difficulté demeure l’absence de marqueursprédictifs de l’asthme et de la rhinite allergique à cet âge. Aprèsavoir étudié les différents phénotypes de sifflements rencontrésau cours de la petite enfance, l’équipe de la cohorte de Tucson[14] propose un indice basé sur la symptomatologie allergiqueet les antécédents familiaux d’allergie pour prédire la persis-tance de l’asthme. L’« Asthma Predictive Index » (API) est posi-tif si l’enfant répond aux critères suivants : 1) épisodes desifflements récurrents dans l’année écoulée et 2) 1 ou 2 critères
majeurs (dermatite atopique diagnostiquée par un médecin,asthme parental diagnostiqué par un médecin) ou 2 critèresmineurs (hyperéosinophilie, sifflements en dehors d’unrhume, rhinite allergique diagnostiquée par un médecin).La moitié des enfants avec un indice positif ont effectivementcontinué à siffler entre leur sixième et leur treizième année, et95 % des jeunes siffleurs avec un index négatif n’ont pas déve-loppé d’asthme pendant l’enfance. L’API a été mis à jour àl’occasion de la mise en place de l’étude Prevention of EarlyAsthma in Kids (PEAK) [43]. L’étude PEAK ajoute aux critèresmajeurs de l’API la sensibilisation à au moins un pneumaller-gène et remplace, parmi les critères mineurs, la rhinite allergi-que par la sensibilisation à un des trois principauxtrophallergènes, le lait, l’œuf et l’arachide, s’affranchissantainsi des difficultés diagnostiques de la rhinite allergique chezles très jeunes enfants. Cette mise à jour reflète l’affirmationdu rôle des biomarqueurs d’atopie dans la caractérisation desphénotypes d’allergie respiratoire. D’autres travaux devrontdonc poursuivre dans la recherche de marqueurs à la fois spé-cifiques et précoces de l’asthme et de la rhinite allergique.
• Les études épidémiologiques ont permis de montrer qu’environ un enfant de moins de trois ans sur dix souffre d’un symptôme évocateur d’asthme ou de rhinite allergique.• Une meilleure définition des pathologies respiratoires allergiques à cet âge de la vie est nécessaire pour une meilleure identification et une meilleure prise en charge des allergies respiratoires.• L’« Asthma Predictive Index » (API) est un indice permettant d’évaluer, au cours de la petite enfance, le risque d’évolution des symptômes respiratoires vers un asthme persistant.• L’API est positif si l’enfant répond aux critères suivants : 1) épisodes de sifflements récurrents dans l’année écoulée et 2) 1 ou 2 critères majeurs (dermatite atopique diagnostiquée par un médecin, asthme parental diagnostiqué par un médecin) ou 2 critères mineurs (hyperéosinophilie, sifflements en dehors d’un rhume, rhinite allergique diagnostiquée par un médecin).• Les biomarqueurs d’atopie devraient jouer un rôle impor-tant dans la démarche diagnostique des allergies respira-toires.
Conclusion
L’augmentation des allergies respiratoires au cours de cesvingt dernières années a été à l’origine de nombreux travauxpour comprendre l’ampleur et les mécanismes de ce phéno-mène. Les études épidémiologiques contribuent à évaluerl’étendue de ces pathologies et à expliquer les facteurs à l’ori-gine de cette augmentation, que ce soit en décrivant l’histoirenaturelle de ces pathologies ou en menant des enquêtes
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étiologiques. L’analyse d’une trentaine d’études épidémiologi-ques sur les allergies respiratoires du nourrisson montrequ’environ un enfant sur dix souffre d’un symptôme évoca-teur d’asthme ou de rhinite allergique. Ce qui ressort de l’ana-lyse de ces études est également la difficulté à identifierl’asthme et la rhinite allergique chez les plus jeunes. Les varia-bles sanitaires se complexifient pour approcher au mieux laréalité clinique de la pathologie. Les biomarqueurs d’atopiesont des éléments prometteurs dans ce domaine, ils devraientaider au diagnostic de ces pathologies allergiques et permettreune prise en charge précoce de la maladie.
À R E T E N I R
• Les études épidémiologiques ont permis de montrer qu’environ un enfant de moins de trois ans sur dix souffre d’un symptôme évocateur d’asthme ou de rhinite allergique.
• Une meilleure définition des pathologies respiratoires allergiques à cet âge de la vie est nécessaire pour une meilleure identification et une meilleure prise en charge des allergies respiratoires.
• La tendance est à des définitions des allergies respiratoires précises mais complexes et variables selon les études.
• Les biomarqueurs d’atopie devraient jouer un rôle important dans la démarche diagnostique des allergies respiratoires.
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